Dimanche 2 août Jour 134 Erenhot – Saynshand
Nous quittons donc la Chine, sans regrets, 3 mois c’est un peu long avec un programme trop chargé, d’autant que l’atmosphère du groupe est devenue irrespirable. Nous nous séparerons une fois la frontière franchie et continuerons avec Micheline et Guy, avec, enfin, la possibilité de vivre à notre rythme et d’aller où bon nous semble.
Sans regrets mais avec une vision de la Chine profondément modifiée : Celle d’un pays bourré d’énergie, en pleine accélération économique et culturelle, avec une formidable capacité d’assimilation (les envahisseurs mongols et mandchous furent rapidement sinisés et fondèrent des dynasties qui contribuèrent au développement de l’empire), une grande capacité d’oubli ( la révolution culturelle, dans les expositions du musée du Thé, était qualifiée de « Catastrophe culturelle » et Yang , parfois transmetteur de la pensée officielle, nous indiquera que la Chine avait perdu 10 ans), une extrême curiosité de l’occident, une sociabilité permanente et un curieuse légèreté vis a vis des problèmes d’environnement et d’hygiène public. Jamais, sauf au Xinjiang, nous n’aurons senti d’emprise policière, même si, évidemment, la police est en éveil. Nous en revenons convaincus que la Chine sera bientôt la première puissance mondiale, quant à la transition démocratique, ça n’est qu’une question de temps…
Adieux à Yang qui nous laisse au portillon de la douane, après avoir accompli toutes les formalités. Le passage des frontières sera raisonnablement rapide, 2h côté chinois, 1h30 côté Mongolie. Un policier de l’immigration, angliciste nous aide à trouver notre chemin entre les divers guichets, où chaque document doit être tamponné par un chef , il nous communiquera son N° de téléphone, au cas où nous aurions des problèmes.
Il saute aux yeux que le niveau de développement mongol est loin de celui de la Chine. Nous constaterons très vite également que les mongols sont moins policés que les chinois, et n’aiment pas faire la queue puisqu’ils bousculent, jouent des coudes ,passent devant et se fraient un chemin pour arriver plus vite au guichet.
Change sans problème dans une agence bancaire de Zamyn Ûüd, mais le bureau d’assurances que l’on nous avait indiqué est fermé en ce dimanche, nous règlerons le problème à Oulan Bator.
Direction nord pour sortir de la ville par une piste de quelques km en cherchant la route, qui doit maintenant être terminée. Nous la trouverons après quelques tâtonnements, elle démarre d’un rond point, au milieu de nulle part. Immédiatement, un péage (1 € !) par une préposée qui s’ennuie, et on prend la route, une excellente 2 voies.
Paysage de steppes à l’infini, nous franchissons des cordons de collines. Le Gobi n’est pas, dans cette région, le désert que nous avions imaginé mais plutôt une steppe encore verte en cette saison. Il a parfois l’aspect d’un immense terrain de golf ! On y croise des troupeaux de chevaux, de chèvres et moutons, et tous les bergers ne sont plus à cheval. Parfois des chameaux, les vrais, les à deux bosses, souvent des yourtes, ici appelées gher, et de temps en temps, des ovoo, ces amas de pierre où on a fixé des khadag, rubans bleus, où on dépose des offrandes. Ils sont la maison des esprits des lieux et représentent un lien entre la terre et le ciel.
Bivouac à la sortie du village de Saynshand, près d’un point d’eau. Le matin, nous aurons de la visite !
N 44° 55’ 40.6’’ E 110° 07’ 16.4’’
Altitude 968m
120482 km 243 Total 25537
Lundi 3 août Jour 135 Saynshand – Oulan Bator
Toujours belle route, jusqu’à Choir, où nous retrouvons l’ancienne route. Elle est désastreuse, sur 50 km, le revêtement a tout de la peau d’éléphant acnéique.
On rentre dans des reliefs, magnifique paysage si on ne regarde pas le bas côté, parsemé de carcasses de pneus et de cadavres de chevaux ou de bétail, happés par les camions.
Col à 1800m avant Oulan Bator, UB pour les intimes, puis descente sur la ville, allongée entre deux lignes de reliefs. Faubourgs assez laids, avec l’ habitat typique mongol : Une palissade, une ou des gher et une ou des cabanes.
Les derniers km sont pénibles, la circulation s’intensifie et le revêtement est en plaques de béton, avec d’énormes fissures entre les plaques.
Nous trouvons assez rapidement la Guest house, recommandée par Josette et Joël, où nous trouvons effectivement un excellent accueil de la part d’Urna, la responsable. Cet établissement porte bien son nom, il accueille les voyageurs de tous pays, dont de nombreux motards, qui peuvent y échanger, autour d’une bière, d’un café ou de pâtisseries (fondé par des autrichiens, la cuisine y est viennoise !) leurs expériences et partager tuyaux et galères.
Nous y rencontrerons notamment Sylvain et Gaella , membres également de l’association B90 (salut à Bernard !) qui, à bord de leur Saviem TRM 4000 et en compagnie de trois autres équipages dont Renaud et Maryline (originaire de Sérignan, elle a fait ses études comme moi, au lycée de l’arc !), s’apprêtent, en famille, à traverser la Chine en 1 mois pour gagner Laos et Vietnam. Ils ont traversé la Mongolie Ouest- Est, avec beaucoup de misères pour certains, les camping car classiques supportant mal les pistes et se sont retrouvés ici. Groupe cosmopolite, il inclue également un couple de brésiliens et des néerlandais.
Le soir, hamburger (j’ai honte..) frites, les premières depuis 4 mois. elles seront excellentes, dorées à point.
Bivouac Guest House l’Oasis
N 47° 54’ 41.5’’ E 106° 58’ 53.0’’
Altitude 1309m
458 km Total 25995
Mardi 4 aout au jeudi 6 août Jours 136 à 138 Oulan Bator
Nous nous déplacerons en bus dans cette ville très laide. UB, ville de 1 million d’habitant, le tiers de la population mongole, c’est en gros une artère principale, Peace avenue, et deux parallèles, toujours encombrées, notamment celle qui longe un gigantesque marché et un souk aux pièces détachées où on peut reconstituer tout ce qui roule.
Au centre, d’abord de hideuses barres d’HLM de l’époque soviétique, puis quelques tours modernes, hôtels ou immeubles de bureau, au voisinage du parlement, place Sukhbaatar, héros de la révolution de 1921, devant lequel on peut aussi voir une statue, équestre naturellement, de Gengis Khan.
Sur les indications du road book de Josette, nous trouvons rapidement la compagnie d’assurance Practical, dans l’immeuble voisin de l’ambassade de France, qui nous couvrira un mois pour 23€.
Ballade au marché, un peu tôt, toutes les échoppes ne sont pas ouvertes, mais on comprend, à voir la diversité des produits et marchandises, pourquoi les nombreux supermarchés d’UB sont vides.
Retour en bus à l’issue duquel je constate qu’on ma volé mon portefeuille dans la poche interieure de mon sac à dos.
Urna nous avait pourtant mis en garde, mais j’ai été trop confiant ; j’ai bien senti un type se frotter contre mon dos, mais j’ai mis ça sur le compte de l’affluence ou du manque d’affection. Coup de chance, mon pickpoket a négligé la pochette contenant l’argent, a laissé les passeports et s’est contenté du portefeuille, attiré sans doute par le contact du cuir annonciateur de bonne prise. Il contenait néanmoins une carte bancaire, l’équivalent d’une quinzaine d’euros et des souvenirs.
Rentrés à la guest house et incapables de joindre le N° de la conciergerie Visa Infinite nous appelons Clem et Paul, au saut du lit, pour le faire en notre nom. Avec quelques difficultés ( où est ce p… de code personnel ?), et quelques échanges de messages, ils parviendront à convaincre leur correspondant de bloquer la carte et de déclencher la fabrication d’une nouvelle. Volés vers 14h à UB, la nouvelle carte sera expédiée par DHL dans l’après midi, heure française !
Heureusement que nous avons, au camp de base de St Egrève, une équipe support solide et réactive, merci à eux !
Le lendemain, diverses activités logistiques et d’entretien et, à 18h, spectacle de danses, chants et musique mongols par les ensemble nationaux de danse et de musique au théatre national. Destinés manifestement aux touristes, il a lieu tous les jours, mais il attire également les locaux. Costumes superbes, mais nous serons surtout fascinés par un chanteur « de gorge », qui passe sans transition d’un registre extrêmement grave à une voix suraigüe, performance stupéfiante.

















































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