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Court message de Hambourg, où nous avons pu descendre à terre, on va faire court pour les photos

Vendredi 20 – samedi 21 octobre

Nuit pluvieuse à Baisieux, la première depuis que nous sommes rentrés d’Islande. Nous avons laissé la maison la semaine dernière dans un paysage grillé par 6 mois de sécheresse, et autour, des vendanges de misère. Les cuvées 2017 seront étiques.

Ici, temps de Flandres. Sur la route d’Anvers, parking d’une station service, la voiture qui nous suit se colle à notre droite. La  portière, arrachée des mains d’Agnès par un vent de furie vient chatouiller la tôle et marquer la peinture. La conductrice n’a rien senti, mais dans sa grande honnêteté, Agnès l’en informe. Dialogue difficile avec le couple Néerlandais. Monsieur est bougon : « c’est dramatique !! », Madame est plus aimable et Agnès négocie à 100€. Belle performance et beau début de voyage….

Immensité du port d’Anvers où sans GPS, jamais nous ne trouverions le poste de police pour le contrôle de sortie « Schengen ». Le fonctionnaire, aimable, s’excuse pour l’attente et nous remet le document ad hoc. Nous voilà transformés en matelots !!

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Il nous expliquera ensuite, très sympa et en me tutoyant à la flamande, comment gagner le quai 1333 où nous embarquerons. C’est à 7km….

Grilles franchies, le « Grande America » est bien là, face aux piles de containers.  Cargo mixte containers et Ro/Ro (Roll in / Roll out) de 230m et 56 000 tonnes, les traces de rouille accusent bien ses 20 ans.

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 A la rampe, le responsable du chargement (nous apprendrons plus tard qu’il s’agit du second, mais en casque et salopette, difficile de savoir) nous confie à un jeune « cameriere » pour nous guider et monter nos bagages à bord. Le véhicule devra rester à quai jusqu’à demain.

Découverte de notre cabine. Pas de grosse surprise : Un peu plus grande qu’imaginé, mais sans frigo ni bureau. Pour la propreté nous dirons : « gros potentiel de progrès ».

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Un matelot philippin nous fait visiter la zone de vie du navire,  commente et fait signer les consignes de sécurité. Les repas seront pris dans le mess des officiers, l’équipage ayant son propre réfectoire.

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 Le soir, dans le salon des passagers, le commandant vient nous souhaiter la bienvenue. Nous apprécions.

Nous apprendrons, sans en connaitre la raison, que le départ n’aura pas lieu samedi mais dimanche midi et que nous embarquerons le véhicule le matin du départ. Un long weekend, donc, pour prendre nos marques. Pourquoi nous avoir fait venir si tôt ? Peut être aurions dû nous faire confirmer, une fois de plus, juste avant le départ.

Dimanche 22- mercredi 25

Equipage de 27 hommes : Commandant italien, second roumain, encadrement italien, matelots philippins et italiens, la langue officielle est l’anglais. Au mess, le protocole est rigide : officiers à une table, aspirants à une autre, peu de conversations et repas vite avalés, le serveur philippin est sur le qui vive. Quand le commandant a terminé, tout les officiers quittent la table…. Repas à 7h30, 12h et 18h, pour nous, c’est le régime « maison de retraite »…

Les passagers sont à des tables spécifiques, un jeune « cameriere » italien, Alfredo, qui vient de prendre ses fonctions à bord, assure notre service, rapidement cadré par le commandant qui veille à ce que nous ayons une bonne prestation. Quand il  lui ordonnera de nous servir un quart de vin à chaque repas, Alfredo insistera pour que nous emmenions en cabine les bouteilles non consommées : « Il commandante a detto che dovete avere una bottiglia per pranzo… ».

Alfreddo est « bien brave… », mais plein de bonne volonté. Chargé aussi de l’entretien de nos cabines, il nous occasionnera de joyeux moments avec notre compagnon de table, Davide, un motard italien qui part en ballade avant un stage d’œnologie dans une exploitation argentine.

Moins gai : les conditions d’emploi à bord sont sévères : Le serveur est en CDD, renouvelé à chaque rotation. Si, au retour, il n’y a pas de passagers, il ne sera pas payé pour cette traversée.  L’équipage n’est pas dédié à une ligne (Amérique du sud, Afrique ou autre), un changement de navire après un tour d’opération signifie un changement de ligne. Quand je demanderai au second quelle ligne il préfère, sa réponse sera immédiate : celle par avion pour Bucarest et rentrer à la maison…

Le cuistot est italien, ça se ressent. Menu type : pasta, poisson et viande, salade, fruits. Grosses portions et pas vraiment gastronomique, nous allons faire du lard… On utilisera la salle de gym, rustique, pour tenter de compenser. Nous attaquons nos exercices d’espagnol, puis varions les plaisirs en admirant la dextérité des grutiers qui chargent les containers, ou des chauffeurs qui embarquent toutes sortes de véhicules, de la voiture neuve aux camions d’occasion, en passant par les engins de chantier. Le Ford est toujours sur le quai.

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Nous le conduirons à bord, en dernier semble-t-il, samedi après midi. Aucun contrôle, ni dimensionnel, ni contenu. Si j’aurais su, comme disait p’tit Gibus, j’aurais fait le plein de GPL, pour nous épargner les futures recherches de station en Uruguay. Je n’aurais pas, non plus et pour 20 cm de trop, démonté le coffre extérieur afin de rester dans le tarif….

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Le hangar est loin d’être plein, l’équipage aura le temps d’arrimer le pick up avant le départ.

Midi, deux remorqueurs nous décollent du quai. L’un deux nous accompagnera dans le sas de sortie, maintenant l’arrière pour résister au vent latéral…

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Ce port est vraiment gigantesque et semble encore en croissance : le sas est récent. Il permet, par un dispositif de deux ponts basculants fonctionnant en opposition, de maintenir en permanence la circulation automobile entre les diverses parties du port.

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Sas franchi, nous passons en revue des enfilades de grues qui chargent et déchargent les portes conteneurs venus du monde entier, avant de pivoter vers la Schelde dont nous remonterons, déjà en Hollande, l’estuaire sur 75 km.

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A la tombée de la nuit, nous serons en Manche et longerons les alignements d’éoliennes marines signalées par leurs feux rouges clignotants.

Mer calme, malgré le vent, nous nous réveillerons amarrés en bord de Tamise pour charger des véhicules à destination de Dakar. Grimaldi est en effet la 1° compagnie mondiale pour les navires Ro-Ro. La zone d’embarquement à Tilbury est vieillote. A 40 mn de Londres, le « Terminal international pour les croisières » a dû voir Kipling s’embarquer pour les Indes…

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 Il n’en reste pas moins qu’on voit ici, comme à Anvers, des dizaines d’éoliennes. Dans le lointain, Dartford bridge, où l’on a pu, lors de voyages vers Northampton, profiter de bouchons très réussis…

Déchargement de bois africain et chargement de véhicules. Quand nous nous étonnerons de l’embarquement de véhicules avec conduite à droite, le second, décidément blasé, nous expliquera : à Dakar ils prennent tout; conduite à droite, à gauche, au milieu….

A deux heures du matin, mardi, le navire a changé d’amarrage pour accoster aux quais de transit de containers. Plus moderne mais rien à voir avec la sophistication d’Anvers. Le déchargement se termine dans la matinée

A 14h, le pilote embarque, puis deux remorqueurs nous écartent du quai avant de nous faire effectuer, dans une belle synchronisation, un demi tour au milieu du fleuve. On passe devant le terminal croisières, de toute évidence encore en service, et redescendons l’estuaire de la Tamise.

Arrivés en mer nous dépassons un parc d éoliennes, puis cap sur Hambourg.

Toute la journée de mercredi, nous remontons la côte hollandaise dont nous distinguons par moment le chapelet d’iles qui la bordent. Avec l’arrivée du soleil, le pont supérieur sèchera vite, permettant une séance de marche rapide.

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Sur le bord opposé, des centaines d’éoliennes…. Il est clair que ni la Hollande, ni l’Angleterre, ni l’Allemagne, n’ont  subi la pression du lobby électro nucléaire qui fait la loi en France, et a freiné le développement des énergies alternatives.

Arrivée prévue cette nuit, à Hambourg, où l’escale sera de deux jours, nous espérons pouvoir aller à terre. Au passage, lancinante question : pourquoi avons-nous dû embarquer à Anvers et passer une semaine de plus à bord, nous éloignant du but, alors qu’un groupe d’allemands doit embarquer à Hambourg ?

Jeudi 26 – lundi 30 octobre

Réveil le matin amarrés à un des nombreux quais qui bordent l’Elbe. D’après Davide, qui a veillé tard, la manœuvre, demi-tour puis marche arrière, a été  laborieuse. Nous, en confiance, nous dormions….

Autorisation accordée, nous pouvons aller à terre ! Déjà un sentiment de libération, cela ne fait pourtant pas encore une semaine à bord … Mais avant, il faut déplacer le Ford pour faire de la place aux véhicules qui vont être embarqués.

Davide, bilingue, est précieux. Navette pour sortir du port, taxi, tout est réglé en quelques minutes. Centre ville magnifique, mais les bistrots ouvrent tard et il faut chercher le café ouvert, pas tant pour l’  « esspresso », à bord nous n’étions pas en manque, mais pour la connexion internet.

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Pour déjeuner, l’ « Europa center », belle galerie commerciale, fera l’affaire. Largement pourvue en restaurants, nous y choisirons, natürlich, un vietnamien… Pour un allemand typique, il aurait fallu marcher, et, pour le moment,  on n’est pas suffisamment motivés.

Priska, une amie de Davide, qui semble en avoir dans chaque port, nous rejoint alors et nous fait visiter le quartier des anciens entrepôts maritimes, où la salle du philarmonique, phare de cette belle rénovation, domine les quais. Du dernier étage, très belle vue sur les docks, on y distingue même le Grande America, à travers la forêt de grues.

 

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Contrairement au déjeuner, nous serons alors très motivés pour parcourir près de 3 km sur les quais et atterrir dans la brasserie qui marque l’entrée de l’ancien tunnel sous l’Elbe. Dans les arômes de chou et de viandes fumées, nous  y apprécierons la bière locale. Trop tôt hélas pour la choucroute…

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Retour à bord avant 19h, le second a été clair ! Nous y serons pour le repas et l’occasion de  faire connaissance avec nos nouveaux voisins de cabine.

Ils seront 7, deux couples allemands, de plus de 75 ans, qui ont chacun 4 ou 5 traversées au compteur, l’un avec un Iveco 4×4, l’autre un camion Mercédes 4×4, un couple de suisses allemands avec une cellule Azalai sur un Defender, et enfin Manfred, du Lienchenstein, qui fait la traversée seul, avec son camping car. Davide aura un très gros boulot pour assurer les traductions, leur anglais est assez laborieux et, à table, l’allemand dominera.

Nous quittons tard Hambourg et ses lumières, la descente de l’estuaire de l’Elbe prendra une partie de la nuit, puis nous longerons les côtes hollandaises, et toujours des éoliennes.

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Puis les côtes belges, le Pas de Calais, la Normandie avant de contourner le  Finistère, trop loin pour apercevoir la côte. Un petit salut au passage à Corinne et Jean François, à Camaret. Faute d’escale à Bilbao, nous ne nous engagerons pas dans le golfe de Gascogne et contournerons la pointe espagnole au niveau de La Corogne.

Après le diner, soirées diapo, nos grands voyageurs ont chacun des DVD sur leurs voyages en Amérique du sud. Le texte est en Allemand, non sous titré, mais les images, superbes, suffisent à nous convaincre de ce qu’il ne faut pas rater. Nous apprendrons que le couple voyageant avec le camion, les Süss, dirigeait, avant de la vendre, une entreprise familiale spécialisée dans la production des « Mobile Süss », des camping car PL 4×4, sur porteurs MAN ou Mercédès naturellement. Plus de 75 sont sur les routes aujourd’hui. De nos conversations cependant, nous sortirons confortés dans notre décision de revenir à un véhicule plus léger : Avec leur camion, ils ne vont quasiment jamais dans les villes et, pour voyager en Europe, ils utilisent un fourgon de moins de 3t5…

 

Les journées se succèdent dans la routine , repas, salle de sport, séance de marche, scrabble, espagnol, lecture. Pour la marche sur le pont, pas aussi simple qu’il n’y parait : Il faut choisir le côté ensoleillé, sinon les tôles encore humides, sont traitresses. De plus la zone à l’arrière de la cheminée est toujours grasse, malgré les nettoyages au karcher. Il faut enfin tenir compte du vent, pour éviter, autant que possible, l’alternance des odeurs de poisson en passant devant les évents de la cuisine, ou celle, écœurante, de l’huile chaude de la salle des machines. Belle gestion des contraintes…

La monotonie est rompue, dimanche par un exercice d’évacuation. Tout l’équipage, sous les ordres du second, effectue une manœuvre d’incendie, quant à nous, sous la férule d’Alfredo qui a quitté sa veste de serveur, nous nous équipons avant d’être guidés vers un des canots de sauvetage.

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Engoncés dans les gilets, bien difficile de se brêler sur les sièges. Qu’est ce que ça serait si en plus nous avions dû revêtir les combinaisons de survie dont chacun est pourvu, secoués comme dans un shaker par une mer démontée ? Mission impossible…

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Le canot est équipé de rations pour 40 personnes et 30 jours de mer, le moteur a démarré au quart de tour, on est donc rassurés et quittons l’engin avec plaisir.

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Lundi, vers 15h, nous embarquerons le pilote pour entrer dans le port de Setubal, au sud de Lisbonne. Le temps est doux, on est en liquette sur  Nous mettons la pression sur Alfredo, notre « go between » avec le second, pour pouvoir descendre, l’escale sera courte car nous repartirons en soirée.

Lundi 30 octobre – vendredi 3 novembre

17h, en vue du port de Setubal, la vedette arrive à grande vitesse, contourne par l’arrière et vient se coller au flanc du bateau. Echelle déroulée, le pilote grimpe à bord.

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Quand nous pénétrons dans l’avant port, un remorqueur se place à l’arrière, son équipage récupère le filin qui permettra de tracter l’aussière jusqu’au bateau.

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Le remorqueur nous accompagnera jusqu’au quai et nous fera pivoter pour accoster sur l’autre bord. Sur le quai, les files de voitures sont prêtes pour l’embarquement, qui débute dès la rampe abaissée.

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De notre côté, nous sommes tous partants pour une bordée à terre. Une vingtaine de minutes de marche et nous sommes au cœur de cette jolie ville, aux rues étroites pavées de blanc. Première gorgée de bière fraiche et connexion internet, le temps s’écoule vite. Matthias a réservé un restau, smartphone aidant, où nous apprécierons un plat de « baccalhau a tasca » (sauce oignons et poivrons à l’huile, d’olive naturellement). On aurait aimé un peu plus de baccalhau et moins de « tasca », mais le vinho verde nous rend bienveillants…

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Retour à bord à 22h30,  le déchargement des voitures, essentiellement des Renault neuves destinées, on l’imagine, au Portugal est terminé. Le chargement des deux cent Fiat neuves à destination de  Zarate est encore en cours, elles ont été déposées à Setubal par un autre navire de la Grimaldi en provenance d’Italie.  Départ dans la nuit.

Nous dépassons le détroit de Gibraltar, longeons les côtes du Maroc et passons dans la soirée de mercredi entre les iles de Teneriffe et de Las Palmas, de vrais arbres de Noël dont les lumières resteront visibles plusieurs heures. Beaucoup moins de trafic que dans la Manche, où une dizaine de navires étaient visibles en permanence, mais l’océan n’est pas vide.

Faute de bateaux, on observe la formation de l’écume sur la crête des vagues, on s’étonne de l’envol de dizaine de poissons minuscules qui planent sur quelques mètres avant de replonger dans un léger jaillissement, on s’interroge sur le couple de passereaux qui se promène sur le pont. Sont-ils hôtes permanents, passagers clandestins pour un seul voyage, ou font-ils une petite halte ?  Questions existentielles qui occupent le passager oisif.

Question plus importante qui préoccupe notre microcosme : comment sera le jeune passager qui doit embarquer à Dakar ? Nous ne savons de lui que son prénom : Antoine. Davide qui a des idées simples prononcera un jugement définitif : « Con questo nome, è gay, o francese… » Et oui, faute d’ouverture sur le monde, sans infos de l’extérieur, et limités par les contraintes linguistiques, nos débats sont pauvrets.

Le temps est maintenant au beau fixe, il fait chaud dans les coursives. On a sorti les fauteuils et la bronzette a des amateurs

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Les repas jalonnent les journées, nous les faisons durer en retrouvant, pour ceux qui l’ont été, des âmes de pensionnaires. Le vin, pas fameux mais en abondance grâce aux consignes du capitaine, est mis de côté. Il nous permet de préparer une sangria que nous partagerons à l’apéro, pour fêter l’arrivée à Dakar. Pour l’ordinaire, notre  Ventaillac « Cuvée des amis »  permettra d’assurer. A noter, au passage, que tout l’équipage est au régime sec, pas une bouteille de vin à la table des officiers.

Agnès a initié Alfredo aux joies du Rummi cub, on sent qu’il veut devenir un maitre et prendrait bien le rythme d’une partie quotidienne.

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On s’approche de Dakar ; le second informe Davide que, n’étant pas en mesure de contrôler les flux des dockers dans les garages, il est préférable qu’il mette à l’abri tout ce qui n’est pas fixé sur sa moto. Afin  de lui éviter des va et vient entre les ponts, nos véhicules étant au pont 6 et nos cabines six ponts plus haut, nous stockons ses sacoches et son matériel dans notre cellule.

Sous pilote automatique, la présence humaine dans la passerelle ne semble que de principe et nous en profitons pour une petite visite. Et pour répondre à Jean François, si il y a un sextant à bord, il doit être bien planqué…

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La passerelle se remplira ce soir, pour la manœuvre d’entrée à Dakar, arrivée prévue à 23h.

 

Samedi 04 novembre

Réveil à Dakar. Le quai est juste à l’entrée du port et le soleil se lève sur l’île de Gorée.

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Quelques minutes d’incompréhension, nous la pensions en pleine mer, à l’ouest donc. OSM aidant, nous réaliserons que Gorée est située à l’intérieur de l’anse formée par la presqu’ile en forme de bec de rapace, à l’extrémité du quel se trouve le port de Dakar. Plein est donc, par rapport à notre amarrage.

Du pont, vue sur les quais où s’entassent des engins de tous types et de tous âges, certains ne rouleront vraisemblablement plus, et sur le centre ville tout proche.

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Déjà de l’agitation dans les coursives. Nous pouvons descendre en ville, mais devons auparavant déplacer nos véhicules pour libérer le passage. Un peu laborieux car, fait inhabituel, les accès à tous les ponts sont cadenassés et nous nous tapons quelques volées de marches bien raides, l’ascenseur ne s’arrêtant pas à tous les ponts, pour trouver le matelot qui trouvera le bon jeu de clés (et pas du 1° coup…)

Nous pensions pouvoir enfin sortir, une fois enregistrés à la rampe et munis des autorisations mais, là, on nous informe qu’il faut un gilet fluo et un casque pour circuler dans le port. Re-escalier, re-ascenseur surchauffé et re-cadenas. Au passage on note que le second a placé un vigile local à côté de nos véhicules, avec consignes de fermeté : si quelqu’un s’approche…. et un signe du pouce en travers de la gorge. La confiance règne….

On quitte enfin le bateau par la rampe, les dockers sont nombreux, très nombreux, et traversons les 100m qui nous mènent au poste de garde de la 1° enceinte. Les rôles sont inversés, ce n’est plus Davide qui fait l’interprète : en Afrique francophone, nous reprenons notre rang… Sympas, les vigiles acceptent de garder nos casques jusqu’à notre retour.

Un peu de temps perdu à se décider sur le programme, à dix de 4 nationalités ça n’est pas évident, puis à faire quelques détours pour trouver un bureau de change. Beaucoup de circulation, des conducteurs pleins d’initiatives hardies, de trottoirs fatigués, et déjà, la chaleur, nous font renoncer à aller plus avant en ville et à privilégier l’excursion à Gorée. On trouve facilement le point d’entrée de la gare maritime, en nous fiant  aux indications qui nous sont, toujours courtoisement, fournies par les divers vigiles, militaires ou policiers qui veillent aux entrées du port. A la sortie de la 2° enceinte par contre, la vigilance semble relâchée..

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A la gare maritime, un guide « officiel » nous aborde et nous propose ses services. Contrairement à ce qu’on nous avait indiqué, la courtoisie n’étant pas une garantie d’exactitude, les navettes partent toutes les heures et pas toutes les 15mn. On attendra donc dans la salle d’attente en cherchant la connexion internet. Poussive, elle ne nous permettra que de recevoir des messages sans pouvoir faire mieux. Il faudra attendre, au mieux, Vittoria, et plus probablement, Rio, pour émettre.

Sur la vedette, Davide se fait une amie.

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Traversée rapide, l’île n’est qu’à 2500m du port et ses dimensions surprennent. Le guide sera précis : 900m sur 300m.

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Difficile de se représenter les lieux où, en 350 ans, des millions de personnes ont été regroupées ici avant d’être déportées aux Antilles, au Brésil, en Uruguay et aux Etats-Unis. De 20 à 25 millions d’individus, choisis jeunes et vigoureux furent raflés par les négriers, entassés  sur les navires de « traite » et expédiés au nouveau monde depuis les divers comptoirs africains. Les conditions effroyables au cours de ces transports auraient causé la mort de 5 à 6 millions de personnes alors que ce commerce triangulaire entre l’Europe, l’Afrique et les Amériques aura enrichi les armateurs et les ports européens, en asséchant les forces vives de l’ouest africain.

Les efforts des autorités locales et de l’Unesco pour faire de Gorée, via un mémorial et  la « Maison des esclaves », un symbole de ces drames sont méritoires, mais insuffisants pour endiguer les désirs insouciants des touristes ou habitants de Dakar qui viennent y rechercher l’ombre des ruelles, la couleur locale, le plaisir de la plage ou la relative fraicheur des terrasses de restaurant. Et bien sûr négocier âprement les babioles proposées par les nombreuses vendeuses.

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Au sommet de l’île, un canon jumelé de 240 mm fabriqué au début du siècle dernier, fortifié sous Vichy. Il n’aura servi qu’une fois, lors de la prise de Dakar par les anglais en 1940, et est surtout connu pour avoir été utilisé pour le tournage des « Canons de Navarone », notre guide dixit. (J’ai un gros doute, vu son état, et mes souvenirs du film)

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Retour rapide au navire, un message du second nous signale que le départ a été avancé. En fait nous ne partirons que 3heures plus tard : il n’y aurait qu’un seul pilote pour tous les mouvements de navire ! Dans notre cas, on se demande à quoi il aura servi. La manœuvre semble si simple, après le décollement du quai par les propulseurs latéraux. Avec, à 5 pas, le second prêt à prendre le commandement en cas de malaise du patron, celui-ci, manifestement excédé, lancera peu d’ordres : Barre à gauche, puis 90° à droite et nous voilà sortis du  port. Dès les balises franchies, avant d’enquiller le chenal, le pilote est débarqué

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 Dimanche 5 novembre – Dimanche 12 novembre

Nous faisons la connaissance d’Antoine : 19 ans, de suisse romande, il voyage jusqu’à épuisement de son budget avant d’entreprendre des études de philosophie et d’astrophysique. Beau projet, et cadeau du ciel pour Agnès, enfin une nouvelle tête avec qui parler français ! Intéressant d’ailleurs de noter que sur les 4 suisses qui partagent notre table, 2 sont de langue allemande, l’un de culture germano/ italienne et le dernier francophone. Leur seule langue commune est l’anglais (et encore…), mais ils ont un point commun, ils apprécient peu les allemands. Allez savoir pourquoi….

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Dimanche 5/11, l’exercice d’évacuation est l’occasion de nous projeter un documentaire sur le virus du SIKA. En très gros plan les moustiques transmetteurs (il faudrait les mettre au féminin, seules les femelles piquent), n’ont pas une gueule très sympathique… Mais ça’occupe.

Le temps se gâte lundi avec un bel orage en fin de journée. En réalité nous apprécions la pluie qui vient rafraichir l’atmosphère, même si elle nous consigne à l’intérieur ; autre avantage, elle aide l’équipage à nettoyer le pont, enduit de suies grasses après un passage au karcher des cheminées et des évents des extracteurs d’air. Sûrement utile, mais le pont a été impraticable pendant 3 jours.

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Grosse journée mardi, qui débute par la visite du bâtiment le matin : Sans faire une revue technique, on notera seulement que le moteur, alimenté en fuel lourd à 125° et 8 bars, comporte 7 cylindres de 90 litres chacun, tourne à 100 tours /minute et développe 13000 CV. L’arbre d’hélice fait un bon 40 cm de diamètre..

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A 14h30, passage de l’Equateur.

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Pour nombre d’entre nous, c’est la 1° fois. L’évènement sera célébré en fin de journée, le second, en Neptune débonnaire baptisant chacun de nous à l’eau de mer, (coupe présentée par le Commandant s’il vous plait…) et à l’huile de vidange (chocolatée…) J’hérite du pseudonyme de « Pesce spada », Agnès de « Spigola ». Traduction et attestations de passage de la Ligne sur demande…

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Et pour terminer la journée, tout l’équipage nous rejoindra pour partager  le barbecue  en l’honneur de Neptune.

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La 3° semaine à bord est un peu longuette, et nous peinons à meubler les journées.

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Nous sommes, le mercredi matin, à 1500km de Vittoria. A 30km/h de moyenne, en principe 2 jours avant de mettre pied à terre. Un tournoi de babyfoot ne nous permettra pas de consommer notre trop plein d’énergie, ce sont surtout les poignets qui travaillent…Nous commençons à être impatients d’arriver au Brésil, d’ autant que le bateau s’est quasi arrêté en pleine mer vendredi, sans doute pour attendre que le quai prévu soit libre.

Pavillon brésilien en due position, entrée dans l’estuaire, en fin de journée. Belle arrivée avec passage sous un pont très aérien, et lente remontée jusqu’au môle entre les collines qui bordent les rives. Les principes d’aménagement de l’espace à Vittoria semblent simplistes : Quand c’est plat, quartier d’affaires et immeubles modernes, quand ça grimpe, favellas…

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Les opérations de déchargement des containers débutent dès les dockers à bord, les voitures, aussitôt débarquées et soigneusement visitées par des douaniers, sont chargées sur des convois routiers.

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Côté passagers, le long trajet pour sortir du port et arriver en ville, alors que la soirée est très entamée, nous  a fait reculer et nous passerons la soirée à bord, seuls la jeune garde descendra à terre. Ils auront du mal à se lever le lendemain, un peu mal aux cheveux…

Dimanche, journée vaine à Vittoria. Nous aurions dû repartir le matin, et ne sommes donc pas descendus à terre mais le départ n’aura pourtant lieu que le soir, sans que nous ayons été informés de ce retard. Heures passées à regarder charger des containers vides, on en a vite compris le principe. Un peu frustrant. Cela nous permettra cependant de nous réjouir que nos véhicules soient en cale et pas sur le pont…

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La sortie de l’estuaire sera l’occasion d’admirer, grâce à une belle lumière, le monastère qui surplombe la ville, et le pont qui marque l’accès à la mer.

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 Rio de Janeiro-Zárate

Lundi 13 novembre

Tout le monde sur le pont, naturellement, pour l’entrée, un peu avant midi, dans la baie de Rio. Un large goulet marqué par un fortin à main droite (je n’ose écrire à tribord, bien qu’ayant été baptisé « Marinero » par Neptune, pour ne pas frimer) et, très vite, sur la gauche, le « pain de sucre ». Le vent, jusque là violent, se transforme en brise bien agréable et le bateau cesse de rouler. Nous sommes à l’abri dans la rade, vaste plan d’eau  autour duquel s’est développée la ville. A l’arrière plan le viaduc « Presidente Costa Silva », que nous ne franchirons pas, en relie les deux rives, par l’est.

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Le môle Ro-Ro se trouve en effet à l’ouest de la baie, sitôt passés l’aéroport Santos Dumont, dont les pistes si courtes semblent condamner les avions à rincer leur train d’atterrissage, admiré le  splendide « Museu do Amanhà » , nef translucide qui pointe vers la mer, oubliées les constructions curieuses dont le géniteur, lui, devait être un ancien de Disneyland  et glissé devant le port militaire où le gris des coques masque les couleurs des entrepôts rénovés.

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A quai, enfin et, dans le fond, si, si, regardez bien, tout en haut, le « Corcovado », bénissant le tout.

Amarrage donc, au môle Ro-Ro pour y charger des véhicules Fiat, avec la vision habituelle de parcs gigantesques. Par ces flux croisés à l’échelle du globe, on touche là vraiment, physiquement, le poids de l’industrie automobile dans l’économie mondiale.. .

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N’ayant qu’une demi journée pour la découverte de cette ville de 15 millions d’habitants, nous avons limité nos ambitions et serons pris en charge par un guide, procuré par l’agent Grimaldi local (à nos frais, bien sûr, 50€ par personne, il accepte toutes les monnaies), qui nous amènera, minibus aidant, jusqu’aux « incontournables »

- L’ « Escadaria Selaron », du nom de l’artiste chilien qui l’a décoré, est un escalier de 215 marches qui monte de la rue Joaquim Silva, dans le quartier populaire de Lapa. Les marches, ainsi que les murs des maisons qui le bordent, sont recouvertes de mosaïques très colorées, où les curieux pourront retrouver des échantillons de leurs productions nationales.

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Antoine nous quittera au pied de l’escalier, pour continuer son chemin, deux bises et une recommandation qui s’imposait « Téléphone à tes parents… ». Nous aurons eu beaucoup de plaisir à faire sa connaissance.

- La  « Catedral Metropolitana », qui peut accueillir 25 000 fidèles, dont 5000 assis, doit être visitée pour la beauté de ses vitraux et l’audace de son architecture interne. De l’extérieur, hideux et monumental pain de sucre, elle ne mérite cependant pas nos clowneries. On a des excuses, on est resté trop longtemps cloitrés, et le guide montre le mauvais exemple, après avoir fait poser sa petite camarade devant ladite cathédrale…

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- Inattendu, ensuite, deux rangées de gradins de près de 500m de long, face à face, à moins de 50m qui, eux, ne méritent pas la photo : Il s’agit du « Sambodromo » enceinte de 30 000 places où se déroule la compétition entre les écoles de samba, lors du carnaval. 12 « écoles » de 4 à 5000  membres chacune, vont y défiler en deux jours dans un spectacle où les places sont chères : Les premiers rangs sont à  1000$, les loges « business » à 42 000$ !  A moins de 100$, on est tout en haut. Actuellement vide, seules 2 à 3 stands présentent des pauvres échantillons de costumes qui ne nous retiendront que quelques minutes.

Nous sommes pressés d’entamer la longue montée vers le « Corcovado », par un raccourci de ruelles pavées surplombant les favellas, où l’on a peine à se croiser,  puis par une route traversant une zone plus résidentielle, avant d’abandonner le minibus pour des navettes desservant le piton que surplombe ce crucifix gigantesque.

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De là, vue sublime…

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Sublime ,si on arrive à oublier les couillons indestructibles qui prennent des poses bizarres ( Je ne devrai pas donner de leçons, cf plus haut), ou recherchent des angles inédits devant le Jésus, qui en a vu d’autres..

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On négligera le téléphérique vers le « pain de sucre », de là haut la vue doit faire pâle figure par rapport à ce qu’on vient d’encaisser, et on commence à avoir soif. Restau sur Copacabana, il fait frisquet et il est un peu tard pour profiter du spectacle des cariocas aux corps de rêve.

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Et comme on n’est pas du genre à photographier nos assiettes (de plus, mon appareil est HS, le boitier ne détecte plus les objectifs et les photos, depuis Vittoria, sont dues à la gentillesse de Mattias), on dira seulement que les « Caipirinhas » sont à la hauteur de leur réputation et que le principe de ce restaurant est limpide :  Après un buffet d’entrées, chacun dispose d’un jeton : face verte visible, les serveurs alimentent en continu en viandes diverses, saucisses et abats, grillés sur de longues piques et débités directement dans l’assiette ; face orange, on déclare forfait. Cela nous change des steaks extra minces et super cuits du bateau.

Retour à la nuit au bateau, lente traversée de la baie illuminée, la mer à 2h du matin , cap sur Santos, et une petite, pour la route…

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Mardi 14 novembre – vendredi 17

En vue de Santos vers 15h. Face à la ville, qui se déploie le long de ses plages, près de 30 navires à l’ancre. Mauvaise nouvelle, il faut attendre, et jeter l’ancre.

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Le lendemain, toujours pas de place et on restera sur place, toute la journée, par 39° à l’ombre. A l’arrêt, la clim fonctionne mal et il fait chaud partout. Les heures s’étirent mais nous sommes excités par la perspective de descendre à terre, accostage prévu dans la nuit de mercredi.

8h, jeudi, nous sommes à quai. Il s’agit d’un port « fluvial », situé à 10km de la côte, encaissé comme celui de Vittoria, avec une rive urbanisée et industrielle et l’autre marécageuse. Tout le monde est prêt pour aller à terre, mais… il ne se passe rien. Nous comprendrons, dans la matinée, qu’il y a eu un problème de communication avec un des jeunes officiers et que, non informé de notre souhait, le second n’a pas fait préparer les documents nécessaires. Il est alors trop tard pour le faire, le bateau repartant à 13h. On fulmine ! On  se consolera (vite dit ! ) dans l’observation des prouesses des grutiers. On s’inquiète aussi pour les dockers chargés, à l’avant, de manipuler les clavettes solidarisant les containers, et à terre de les élinguer, avec leurs  acrobaties osées, ils exercent un métier  bien périlleux et sont à la merci d’une mauvaise communication entre le grutier, qui travaille en fin de course sans voir sa charge, et celui qui le guide, par radio ou par gestes. A la poupe, déchargement de Mercédès, chargement de Fiat, puis de pelles mécaniques et de bulldozers.

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Petite distraction au déjeuner : Le commandant, en civil pour une fois, nous présente sa femme, une pulpeuse brésilienne, au dos nu vertigineux, et sa fille d’environ 6 ans, montées à bord pour la journée et qui, naturellement, déjeuneront à sa table. Côté maisons de retraite (nous, les passagers…), on imagine les calculs : Il a 49 ans, elle en a moins de 35, leur fille a 6 ans, bla bla bla, bla bla bla.. Pas de photos, on n’est pas dans Gala.

A la table du commandant, les officiers, eux,  ont le nez dans leurs tortellini. Un regard concupiscent et c’est une carrière brisée…

La petite famille ne descendra que vers 17h, départ une fois encore bien plus tardif que prévu (est ce un coup du commandant ?), une deuxième journée perdue, et toujours pas de liaisons vers l’extérieur. Nous reportons nos espoirs sur Paranagua, 180km à 25km/h, nous y serons vite.

En descendant le fleuve, invalidation de mon jugement  de Vittoria sur l’urbanisme : les favellas, en bord d’estuaire, sont aussi horizontales, et lacustres…Pas de photos, hélas, mon fournisseur est en rupture…

Paranagua vendredi, même profil de port d’estuaire, à l’embouchure celui là. Quais minéraliers, céréaliers, terminal containers…Peu à en dire, sinon que, prêts à 9h, nous descendrons à terre à 13h..En attendant, sempiternel mouvements de containers, débarquement de véhicules VW et Audi, embarquement de …on ne sait pas, on était partis. Embarqués par deux représentants de Grimaldi, près d’une heure d’attente à nouveau pour des formalités policières d’enregistrement (même les passagers qui ne vont pas en ville ont dû descendre pour cela !), et nous nous lançons en chasse d’un cyber café, dans cette ville dont la pauvreté saute aux yeux et où toutes les maisons sont barricadées (grilles aux fenêtres et fils électriques sur le faîte des murs)

Joies simples, devant un énorme café glacé bourré de crème fouettée, de renouer contact avec le monde, d’échanger avec les enfants via What’s ap , de mettre à jour le blog et satisfaction de pouvoir régler, à distance, quelques problèmes pratiques : La BNP a mis plus de trois semaines, pour une sombre histoire de commissions,  pour effectuer le virement au bénéfice de Allianz Argentina visant à assurer le véhicule. L’assureur, qui avait délivré par avance l’attestation indispensable pour débarquer, s’inquiétait….

Retour à bord à 18h, départ dans la nuit.

Après 3 jours de mer, et passé Montevideo dans la nuit, notre destination finale (!!), le navire s’engage dans le Rio de la Plata. Finies les eaux bleues de la haute mer, les affluents charrient des limons qui donnent au fleuve une teinte brune peu engageante.  A bâbord (j’y suis venu..) à une dizaine de kilomètres du chenal, la côte argentine et Buenos Aires qui déploie ses tours sur des kilomètres. Sur l’autre bord, la côte uruguayenne est si éloignée qu’on la distingue à peine. Nous nous enfonçons, droit au nord, à l’extrémité de l’estuaire, dans le rio parana, un des nombreux  affluents qui drainent cette immense Camargue, que nous remonterons sur près de 40 km.  A 30 m de haut, nous en surplombons les rives et les mangroves nous paraissent bien proches.

Progressivement la rive gauche s’urbanise, s’industrialise, et, après un dernier méandre négocié avec maestria par ce navire de plus de 200m, nous passons sous le viaduc qui marque l’entrée de Zarate. Demi-tour traditionnel et amarrage au terminal, ce mardi , vers 14h. Plus de 20 000 véhicules, à la grosse, sont déjà parqués dans la zone sous douane, dont une trentaine de camions de pompiers fatigués importés d’Europe (  il doit y avoir un filon, autant de véhicules de collection dont de nombreuses Jaguar E, et , parmi ces bijoux qui l’aurait imaginé, une 2CV Dyane rutilante, puis des de milliers de véhicules neufs, en rangées impressionnantes. Le « Grande America » en débarquera 3300 en 36 heures.

Départ prévu jeudi matin, arrivée à Montevideo, terme de notre traversée de 34 jours, le vendredi 24.