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Dimanche 07 0ctobre. Jour 27 :   Corumba / Agua calientes

8h30, on est à la frontière, tout juste à 4km de la Pousada. Nous remplissons les formalités de sortie auprès de la Police Fédérale, mais, côté Douanes, le fonctionnaire chargé de récupérer notre autorisation temporaire d’importation n’est pas là. Le douanier de permanence nous indique qu’il faudra revenir à 12h. Retour donc à Pousada di Peralta, et, pour passer le temps, on blogue..

A    12h, le fonctionnaire n’est toujours pas là. Le douanier se décide à lui téléphoner, et reçoit (on imagine..) instruction de récupérer le document. Il aurait pu le faire le matin !!

Au service d’immigration bolivienne, la charmante fonctionnaire tamponne rapidement nos passeports, mais pour 30 jours seulement ! Si l’on veut plus, il faudra le solliciter auprès des services de l’Immigration, à Santa Cruz. On n’est pas chaud pour se taper une queue dans des bureaux, on verra si nécessaire.  A la douane, c’est un peu plus long, c’est la pause casse- croûte, mais on obtient l’autorisation temporaire, 30 jours itou.

On file, et au bout de 5km, contrôle de police. On nous demande une autorisation de circuler que nous n’avons pas. Il est vrai que, au sortir de la douane, un voyageur nous avait informé qu’il y avait encore un bureau de police où accomplir une formalité, mais je n’avais pas voulu en tenir compte : lors de nos deux précédents passages en Bolivie, jamais ce document n’avait été établi.

Les policiers essayent de nous faire comprendre qu’il faudrait rebrousser chemin pour faire établir cette autorisation, mais je prends mon air benêt (j’y arrive assez bien) No entiendo….

Ils se lassent et nous laissent partir. Cela ne doit pas être si important..

On poursuit jusqu’au camping Toucan, à Agua Calientes, et court se plonger dans la rivière. Elle est chaude, très chaude ! Ce n’est pas ce que nous recherchions par 35°, mais on n’aurait pas dû être surpris, vu le nom du lieu.

Nous avions déjà vu des sources chaudes, des saunas naturels, mais une rivière chaude de 150 m de large, jamais !

S 18° 27’ 11.4’’   W 059° 30’ 41 .0’’

Km 231   Total 5372

Lundi 08 octobre. Jour 28. Agua Calientes – Pozzo del Tigre

Baignade dès le petit matin, on cherche les toucans. Agnès en voit un, de loin…

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Puis on se rend au camping Hervores voisin , pour rechercher la source de cette rivière. Ce camping, moins cher, est bien plus fréquenté que le camping Toucan où nous étions seuls, mais beaucoup moins bien aménagé, moins bien entretenu, et avec un accueil moins chaleureux : il faut payer pour aller aux toilettes ou prendre une douche. On ne regrette pas notre choix, la camping Toucan valait vraiment le détour.

En bordure du camping, les bouillonnements des résurgences agitent le fond sableux, elles se trouvent là, à une trentaine de cm de la surface.

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Quelques personnes font trempette, dont de jeunes couples campant sur place; les femmes se baignent habillées : la région est un important foyer de mennonites.

Curieux de tester la température des résurgences, nous nous en approchons, quand le sol soudain devient fluide. Agnès, plus proche, s’enfonce jusqu’à la taille, et moi jusqu’au genou, mais un coup de rein nous permet d’échapper au piège de ce qui ressemble à des sables mouvants. Pas très malins, une minute de réflexion nous aurait permis d’éviter cette petite frayeur : l’eau bouillonnante remontant de cheminées souterraines fluidise le sable, qui n’est plus porteur localement.

Quittant le village, nous prenons la belle route de l’ouest, rectiligne et déserte, qui longe la voie ferrée. Elles séparent la région du Chacos, qui s’étend jusqu’en Uruguay et au nord de l’Argentine, du Pantanal bolivien. Petit détour vers le nord, pour atteindre Santiago de Chiquitos, calme village à l’église jésuite, fermée hélas le lundi. Les traces de l’enseignement jésuite, intégrant une formation musicale subsistent : la statue du centre de la place n’est pas celle d’un grand homme, mais un violoncelle !

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Ballade ensuite jusqu’au mirador, éperon rocheux qui domine les vallées de part et d’autre.

On pousse jusqu’à San José de Chiquito. Chez YPF la responsable de la station-service nous confirme que, dans toute la Bolivie, les stations ne prennent pas les cartes bancaires, et que le prix pour les étrangers est plus du double que pour les locaux (8,88 bolivianos le litre de gazole contre 3,72). Tarif justifié par un reçu, dûment identifié.

Il faut donc trouver du cash, et le premier DAB ne fonctionne pas. Le second a l’air si vieux qu’on se refuse à lui confier nos cartes. Heureusement, un local qui nous a vu en difficulté nous en indique un qui fonctionne. Celui-ci ne délivre que 500 bol à chaque retrait, soit environ 65€, mais il accepte plusieurs retraits successifs (bonjour les coms..)

On se consolera dans un resto indiqué par notre guide, sur la place principale : « Sabor chiquitano », spécialisé dans la cuisine régionale. A propos, pourquoi la population, et par suite la région, s’appelle t’elle « chiquitano » ? Parce que les conquistadores, pour rentrer dans les maisons devaient se baisser, les portes ayant un linteau très bas. Ils en conclurent que les habitants étaient petits, et les dénommèrent ainsi, alors que la raison principale en était une défense plus facile…

Le repas, excellent, nous ayant coûté 9€ à deux, on se dit que l’on ira souvent au resto, ce qui par ailleurs nous évitera de cuisiner par cette chaleur !

Visite de l’église jésuite, d’une grande simplicité, mais la Mission n’a pas l’ampleur de ce que nous avions vu au Paraguay ou en Argentine : ici, toutes les habitations indigènes et la partie vivrière ont disparu, remplacées par des habitations de style colonial aux galeries ombragées qui bordent trois des côtés de la vaste place d’armes. Ne subsistent que l’église, avec son cloitre et son monastère, ornées des fresques caractéristiques du style jésuite chiquitano. Elles abritent encore des activités pastorales.

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Partout sur les murs du village, et même sur les poubelles devant la mission, le masque de San Jose, arboré lors du carnaval, blanc aux pommettes rouges.

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Nous reprenons la route, toujours aussi rectiligne mais de plus en plus dégradée, sur une centaine de km. Dans les villages ou les exploitations agricoles, nous constatons la présence de nombreux mennonites, reconnaissables à leur type slave, à leur dialecte germanique et à leurs vêtements : casquette de base ball, chemise manches roulées et salopette pour les hommes, robe longue, foulard et chapeau de paille pour les femmes.

Secte pacifiste et ennemie du progrès née en Allemagne au XVII°, ses membres émigrèrent en Russie, puis de nouveau persécutés, émigrèrent en masse au Canada au début du XX° siècle, jusqu’à ce que le gouvernements veuille leur imposer le service militaire et l’enseignement de l’anglais dans les écoles publiques. Ils vinrent donc, à partir de 1960, s’établir en Amérique du sud, surtout dans la région de Santa Cruz, où ils seraient près de 70 000. Ennemis du progrès, ils ne rejettent cependant pas, comme le font les Amish de Pennsylvanie, l’électricité et la mécanisation, puisque nous les verrons piloter tracteurs et pick ups. Mais les convictions restent fortes et l’endogamie absolue.

Nous nous arrêtons pour la nuit sur la place de Pozo del Tigre, près de l’école.

S 17° 36’ 09.4’’   W 061° 59’ 23.8’’   Altitude 290m

Km 361       Total 5733                 34° à 17h45

Mardi 9 octobre. Jour 29  Pozo del Tigre / Puente San Ramon

Départ matinal, à 6h30 nous sommes en route sur le circuit des missions, dont nous ne bouclerons pas le tour complet, peu attirés par le ripio de sa partie nord. L’étape suivante est à San Javier.

Bonne surprise : l’employé d’une station-service nous confirme le prix pour les étrangers, puis, bon prince, nous fait payer au tarif bolivien. Nous y repasserons au retour!                                                                                                                                                                      La  mission du village de San Javier présente un plan classique, jolie place d’armes et édifices religieux superbement rénovés.

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Joli petit musée, sur la place, avec une petite collection de masques mais ici, les fresques carnavalesques montrent surtout le masque de San Javier, au nez, bouche et yeux jaunes.

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La route, qui après Puente San Ramon s’engage dans de belles collines, a un revêtement tout neuf, c’est un plaisir d’enchainer les courbes jusqu’à Conception.

C’est ici qu’on peut visiter la plus belle des trois missions construites par Martin Schmidt, jésuite suisse, entre 1752 et 1755, peu de temps avant l’expulsion des jésuites d’Amérique du Sud. La rénovation de l’ensemble des missions chiquitanos, décidée par les autorités religieuses locales dans les années 80 et financée par les jésuites helvétiques, a été dirigée par l’architecte suisse Hans Roth, qui a consacré 27 ans de sa vie à les faire revivre.

Travail et résultats exceptionnels.

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Nous visiterons dans la foulée un centre de formation à l’ébénisterie. Institution religieuse abritant aujourd’hui une vingtaine d’apprentis, ce centre a fortement contribué à la rénovation des missions, au niveau de la sculpture des colonnes, de la rénovation des statues et de la réfection des charpentes.

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Demi -tour vers le sud et tentative de bivouac en bord de rivière à la sortie de village  de Puente San Ramon. Il fait toujours 35° et on espère la fraicheur de la nuit (naifs..) quand une voiture vient se garer tout près de nous. Trois types en descendent, s’étirent avec un naturel de faux témoin et commencent à tournicoter dans les environs. On remballe vite fait, gagne la cabine en douceur et on se casse..

On revient vers le village et nous garons sur le parking d’une station-service. La nuit sera difficile, chaleur et raffut des camions étant peu favorables au sommeil.

S 16° 38’ 47.1’’   W 62° 30’ 28.3’’

KM 520  Total 6253

Mercredi 10 octobre. Jour 30. Puente San Ramon / Santa Cruz

Direction ouest, la route est beaucoup plus encombrée. Traversée du Rio Grande, quasi à sec, par un pont suspendu et, aussitôt, un 1° contrôle. Le jeune militaire sera très courtois et nous remerciera même pour notre coopération. 100m plus loin, nouveau poste de contrôle. Un policier nous stoppe, moins sympa, prends mes papiers et me demande si nous avons du combustible. Confirmation, notre jerrycan de gazole est bien visible à l’arrière. Il garde mes papiers et me demande de la suivre dans la guitoune. Là, il m’explique que c’est interdit (risque d’explosion !!) et que je dois payer une amende. Pour cela je dois laisser le véhicule sur place, trouver un bus pour Santa Cruz à 40km, trouver une banque, faire un dépôt bancaire et revenir avec un certificat de paiement, ce que, naturellement, je déclare impossible.

Mon air benêt sera totalement inefficace. Dans sa grande compréhension, il accepterait un paiement immédiat, même en monnaie brésilienne. Tarif ? : 500 bolivars, soit environ 65€.

Ils sont trois policiers, des civils autour qui savent très bien ce qui se passe. Nous sommes coincés.

Je parviens à faire baisser le droit de passage à 300 bolivars, qu’il se met illico dans la poche, au vu et au su de tous, m’explique qu’il fait ça pour m’aider, et me laisse reprendre mes papiers qu’il avait jeté sur un coin de table

On repart, je suis vert de rage et humilié d’impuissance. Mais, au fond, depuis qu’on nous parle de racket dans les voyages au long cours, en plus de 100 000 km, c’est la 1° fois. Espérons que cela ne deviendra pas la règle.

Bel orage qui fait, pas suffisamment, baisser la température. Nous arrivons à Santa Cruz et trouvons facilement l’auberge de jeunesse « La Jara » que Agnès a dénichée sur Ioverlander. Les renseignements étaient précis, elle constatera qu’ils avaient été fournis par Okan, lors de leur précédent passage. Ils indiquaient un passage étroit, on confirme, néanmoins on sera très bien : l’accueil est chaleureux, électricité, laverie et wifi comblent les besoins et , comme de juste, ici on est en mode jeune routard. C’est sympa et rassérénant.

La ballade dans le centre historique sera décevante. La place du 2 septembre est vide, de nombreux immeubles dans un état de décrépitude avancée, les terrasses vantées par notre guide  introuvables. De plus, la cathédrale est sans intérêt et l’ambiance, sous le crachin, celle d’un jour de Toussaint.. On doit être de mauvaise humeur!  Il faut dire que j’ai aussi paumé ma carte bancaire, mais ça, ça se règle facilement grâce à la « Conciergerie BNP » qui nous expédiera en urgence une nouvelle carte chez Martine, à La Paz

S 17.77812°   W 63.17088’   Km 188 Total 6441

 Jeudi 11 octobre. Jour 31. Santa Cruz / Samaipata

10 mn de marche pour atteindre le marché, fort vivant, où l’on fait quelques emplettes. On se limitera aux fruits et légumes, les étals de boucherie, triperie et volailles nous paraissant moins enthousiasmants.

Recherche du Musée Guarani, on le trouvera fermé sans motif, et on quitte Santa Cruz, avec une image un peu différente : la ville s’est développée le long de son boulevard circulaire, au détriment du centre, boulevard bordé par les hôtels des chaines internationales et les tours du quartier d’affaires, pétrole oblige.

Nous attaquons les premiers contreforts de la cordillère orientale, pour nous rendre au fort de  Samaipata. A 1900 m d’altitude, il s’agit d’un site où les incas établirent à la fin du XV° siècle, sur des vestiges de civilisations plus anciennes, Chane puis Guarani à partir des années 1200 de notre ère, un temple, et y sculptèrent, dans un épaulement de tuf, le plus grand  pétroglyphe connu.

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Autour du temple se déployait un ensemble d’habitations et de magasins de stockage, caractéristiques de l’économie inca. De ces constructions, ne subsistent que les soubassements en pierre des murs, dont la partie haute était construite en adobe, mais les reconstitutions faites par des archéologues permettent d’imaginer ce qu’était ce village, que les espagnols occupèrent ensuite pour en faire un fort et se protéger des attaques indigènes.

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La faible qualité de la lumière en ce jour humide ne nous permettra pas de distinguer l’ensemble de sculptures zoomorphes, jaguar, puma, serpent, dont est orné le temple, mais le mur en L, à usage astronomique, et les niches abritant les momies restent bien visibles.

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On s’interrogera aussi sur la destination de la chincana, puit artificiel de 16 m de profondeur et 1,4 m de diamètre : tunnel de fuite ? puit ? cachot ?

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Nous redescendons vers la petite ville de Samaipata, à la place centrale très agréable, trouvons un guide pour la ballade du lendemain et nous garons pour le bivouac sur cette place, bien calme hors saison. Notre véhicule attire une famille française dont les trois enfants meurent d’envie de le visiter. Agnès fait le guide, et apprendra que le père, hydrologue, est basé à Lima et couvre des projets au Pérou et en Bolivie pour le ministère de la coopération. Ils nous invitent chez eux, à Lima. Pourquoi pas ?

S 18° 10’ 47.1’’   W 63° 52’ 34.0’’   Altitude 1676m, on sort la couette.

Km 142 Total 6583

 

 

Vendredi 12 0ctobre. Jour 32 :   Samaipata

Quand j’avais demandé, hier, au guide que nous avions déniché, si pour accéder au parc Amboro, il y avait une route, il me répondit : oui. En fait de route, ce furent 14km de piste, sérieuse et raide, et un modeste droit de passage perçu par une mémé appartenant à la communauté dont dépendent les terres du parc.

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Notre guide Nicolas, est un quechua féru de botanique qui nous précisera que le parc, situé à 2600m d’altitude, à la jonction de trois régions bien distinctes, l’Amazonie, les Andes et le Chacos, présente un écosystème bien particulier et des plantes caractéristiques de chacune de ces trois régions. Il nous montrera, et fera goûter, nombre de plantes médicinales, dont l’une est recommandée pour soigner les problèmes hépatiques : le boldo. Pour les plus anciens, ça ne vous dit rien ?  « La Boldoflorine, la bonne tisane pour le foie »

Il nous montrera les lichen roses et blancs, marqueurs de la pureté de l’air, les régions polluées n’abritant plus que des lichens verts ou gris.

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Il nous conduira au cœur du parc, dans la forêt de fougères géantes, les » Ellechos », ou Dicksonia, apparues sur terre avant les dinosaures, dont le bouquet de feuilles peut être perché jusqu’à 20m, au sommet du tronc. Tronc qui n’est pas constitué de bois, mais des fines racines de fougère entremêlées.

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Et sachant que les feuilles périssent chaque année, et repoussent à raison de 1cm de hauteur de « tronc » chaque année, calculez l’âge des plus vieilles plantes (un peu d’interactivité, que diable..)

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Par contre, côté faune, c’est pauvret, ou plus discret qu’au Pantanal, ou les deux. Point positif, il n’y a pas de moustiques..

Pas d’oiseau, sauf un colibri furtif, à se mettre sous l’objectif, quand, soudain, Nicolas marque l’arrêt, puis scrute les cimes des arbres : nous avons entendu un pépiement, sur deux tons. Il s’agit d’un quetzal, pas de ceux à ventre rouge, dos vert et longue queue, comme ceux du Guatemala, mais un d’ici, à ventre rouge, dos vert et queue courte. Il nous a bien fallu croire Nicolas, l’oiseau est resté planqué !

Quand même, sur le sentier, une trace de vie, sympa..

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La marche de 4 heures nous ayant vidés, on profitera gentiment l’après-midi des attraits de Samaipata et de son marché. Au passage, petite info : nous sommes à quelques kms de l’endroit où Che Gevara a été capturé et éxécuté, mais nous n’irons pas y faire un pèlerinage, la piste est trop mauvaise.

Bivouac inchangé, sur la place.

Samedi 13 octobre. Jour 33 : Samaipata /Sucre

Journée de route. Des travaux titanesques ont été entrepris pour transformer le ripio en belle route macadamisée. Il ne reste plus qu’une 50 de km à terminer, ce qui nous permet de faire le trajet en une seule étape contre deux prévues.

Arrivée sur Sucre en fin d’après-midi. Après une très longue montée, on débouche sur un chapelet de collines dont le fond de vallées et les lignes de crêtes constituent le site où s’est développée la ville. Dès les abords, où les mécaniciens réparent les camions en bord de route, on comprend que la circulation ne sera pas triste et qu’il vaut mieux avoir un embrayage en bon état !

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Nous atteignons facilement le camping « Alberto et Felicidad ». Il s’agit en fait d’un terrain clos qui ne dépasse pas 250m², où viennent s’imbriquer les véhicules de passage. Il est tout proche du centre, et quasiment le seul sur Sucre.

A notre arrivée nous aurons le plaisir d’y retrouver Okan et Donna, la surprise d’y rencontrer les Krutaszewski, du CCRSM, avec qui nous avions échangé par messagerie avant le départ et de faire la connaissance de 2 couples de français, d’un suisse d’un canadien et d’un anglais qui y ont posé leurs valises. Ambiance camping routards.

L’accueil de Felicidad et Alberto, couple de seniors, est chaleureux, et ils sont pleins de bons conseils : nous souhaitions monter le lendemain à Tacabuco, village dont le marché dominical est réputé. Ils nous recommanderont de laisser notre véhicule à Sucre et de monter en « collectivo ». Ils nous commanderont même un taxi pour nous rendre au point de départ de ces taxis collectifs.

S 19° 02’ 35.1’’   W 065° 15’ 18.4’’   Altitude 2800m        Km 368       Total 6951

Dimanche 14 octobre. Jour 34 : Sucre / Tacabuco / Sucre

Taxi, donc, puis « collectivo », minibus qui ne part que quand il est plein, avec ses 14 passagers. Et, s’ils pouvaient en mettre plus, ils le feraient.

Nous nous félicitons d’avoir écouté Felicidad (eh oui, j’ai osé !). Le trajet de 65km, qui nous mènera au cœur de Tacabuco, à 3300m d’altitude et sans problème de stationnement, nous coûtera 10 bolivianos (1€ !) par personne.

Arrivés à la sortie de la messe, les groupes « folkloriques sont prêts pour le défilé.

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Nous aurons la chance d’assister à une procession, au curieux cérémonial : précédant, à reculons, le curé et la statue de la vierge, un groupe de jeunes gens vêtus de fourrures (des ours ? pas très local..), puis , toujours à reculons, dans des costumes éblouissants dont certains ailés (des anges, c’est déjà plus lisible), un second groupe de jeunes gens et jeunes filles.

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Et derrière la vierge, les mariachis.

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Nous nous enfonçons ensuite dans les ruelles, le marché couvre toute la ville.

S’y pressent quelques touristes, bien sûr, mais surtout l’ensemble des habitants des pueblos environnants, qui viennent y vendre leurs productions de fruits et légumes, et y acheter tout ce qui est nécessaire à leur quotidien.

La région rassemble diverses ethnies qui appartiennent à cette famille Quechua, mais aussi d’autres ethnies exogènes. Ce territoire était en effet aux limites de l’empire inca qui firent s’y implanter des ethnies guerrières, pour défendre les marches de leur empire, ethnies qui se fondirent peu à peu dans l’ensemble quechua dont ils partagent aujourd’hui la langue, l’économie agricole et le fond culturel tout en conservant des spécificités, notamment au niveau des rituels et des costumes.

Ce qui est considéré, de l’extérieur, comme le costume national bolivien, large jupe , la « pollera » , portée au-dessus de plusieurs jupons, bas, chapeau melon et longues nattes pour les femmes, fut en fait imposé par les autorités espagnoles au XVIII° siècle, suite à une révolte inca, pour réprimer toute expression de particularisme indigène.

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On constatera, à Tarabuco, que ce costume n’a pas complètement remplacé les vêtements traditionnels, de nombreux paysans, hommes et femmes, portent encore la « montera » en feutre, façonnée sur le modèle des « morions », le casque des conquistadores.

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Nous déjeunerons, fascinés par le spectacle, dans l’une des innombrables gargottes installées pour l’occasion en haut du marché.

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Retour en « collectivo » Le jeune chauffeur s’adresse aux passagers dans une langue aux sonorités inconnues. Il me conformera qu’il s’agit du quechua, la langue des descendants des incas.

Bivouac inchangé

Lundi 15 octobre. Jour 35. Sucre

Journée visites ; Nous nous rendons au centre- ville, à deux pas. Sucre, dont les faubourgs, comme pour toutes les villes boliviennes, ne sont pas reluisants, présente un très beau centre historique, aux rues bordées de maisons d’architecture coloniale. Elle est classée au Patrimoine Mondial de l’UNESCO, et le mérite.

Comportant de nombreuses institutions éducatives, des magasins modernes, des services publics manifestement efficaces, c’est une ville dans son temps. Elle est caractérisée par une curieuse situation institutionnelle : déclarée capitale du pays lors de l’indépendance en 1826, elle perdit une partie de ses attributions à la suite d’une guerre civile de 6 mois au début du XX° siècle. La Paz abrite aujourd’hui le gouvernement et les finances et Sucre la Cour Suprême, mais demeure la capitale constitutionnelle du pays

 Imprévu, un défilé des institutions consacrées aux personnes handicapées, musique en tête. Spectacle étonnant qu’on n’imaginerait sans doute pas en France, chaque délégation comportant en tête P.M.R., malvoyants ou malentendants, puis soignants et encadrants, chaudement applaudie au passage de la tribune officielle voisinant le superbe bâtiment du Gouvernement.

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 Visite de la Cathédrale, dont le principal intérêt, outre son beau chapitre et le monumental livre de chants permettant d’être lu à distance, est la « Capilla de la Virgen de Guadalupe », chapelle achevée en 1625. Enchâssé dans l’autel, le portrait d’une femme fortunée, peint en 1601, qui symbolise la sainte patronne de la ville. L’œuvre a ensuite été recouverte d’une robe d’or et d’argent incrustée de diamants, d’émeraudes, de perles et de rubis offerts par de riches paroissiens. A elles seules, les pierres sont estimées à plusieurs millions de dollars…

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 Visite du Musef, le « Museo Nacional de Etnografia y Folklore », bien décevant, les collections de masque annoncées ont disparu. Nous déjeunerons ensuite à « La Taverne », restaurant situé dans les locaux de l’Alliance Française. Décor et ambiance sympa, mais les tablées de touristes sont bien bruyantes.

L’après- midi nous verra grimper, ( lentement, on est à 2750m), vers le très beau « Museo de Arte Indigena » qui présente la cosmogonie des peuples indigènes via leurs musiques, leurs danses, leurs cuisines rituelles et leurs tissages. Séquence culture, ceux que cela fatigue sont dispensés de lecture, mais la maison ne fait pas de ristourne.

Les thèmes de ces tissages traditionnels reflètent les croyances des peuples andins. Animistes leurs religions vénèrent des dieux et des esprits de la nature et notamment Pachamama, la Terre Mère, celle qui reçoit le plus d’offrandes sacrificielles, destinées à garantir fertilité et récoltes abondantes.

Dans la culture Quechua et Amaraya, le monde est divisé en trois niveaux ; L’Alajpacha, monde supérieur ou ciel éternel, qui représente la lumière et la vie, l’ Akapacha, ou monde des vivants, et le Mankapacha, monde d’en bas, symbole des ténèbres et de la mort.

Chaque ethnie a privilégié, dans ses tissages, des thèmes relevant de l’un des trois mondes, qui les distinguent par leurs couleurs, leurs motifs géométriques ou zoomorphes. Ainsi, les habitants de Potolo, au nord-ouest de Sucre, ne produisent que des pièces de couleurs rouge et noir, ou rouge et bleu, ornées d’animaux monstrueux, caractéristiques du Mankapacha, alors que d’autres confectionnent des pièces lumineuses, inspirées de l’Alajpacha.

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Retour par le mercado, où nous faisons le plein de fruits et légumes, certains locaux, au goût disons, curieux. Les vendeuses sont souriantes, et nous donnent du « Mamita » et « Papito »..

Bivouac inchangé

Mardi 16 Octobre. Jour 36. Sucre / Potosi

Dernière matinée, à Sucre, pour visiter la Casa de la Libertad, berceau de l’indépendance bolivienne. C’est à Sucre, alors Chuquisaca, qu’éclata, en mai 1809, la première insurrection, inspirée des révolutions américaines et françaises. Elle fut rapidement réprimée, et paradoxalement, la Bolivie fut le dernier pays d’Amérique latine à conquérir son indépendance.

On peine aujourd’hui à imaginer les évènements qui bouleversèrent ce continent, guérilla menée par des criollos et leurs alliés indigènes, batailles classiques engagées par Bolivar et son compagnon, Sucre, tous deux nés au Venezuela, intervention de l’Argentin San Martin sur les territoires chiliens et boliviens, chaque bataille gagnée par les insurgés créant l’occasion d’une déclaration d’indépendance : Colombie (1819), Vénézuela (1821), Equateur (1822), Pérou (1824),  La Bolivie déclara son indépendance à l’égard du Pérou en 1825.

Bolivar et Sucre ne combattirent jamais en Bolivie, mais, lors de à la déclaration d’indépendance, signée à la Casa de La Liberdad à l’issue du premier congrès « constituant », Bolivar fut nommé président de l’« Alto Peru » renommé Bolivia en son honneur. Ses rêves de créer un état fédéral, la « Gran Colombia », rassemblant Colombie, Venezuela, Panama et Equateur suscitèrent tant d’opposition qu’il perdit son leadership et fut contraint de démissionner suite à la sécession du Venezuela en 1830. Victime d’une tentative d’assassinat il se résigna à l’exil en Colombie, alors que son ami le plus proche, le général José Antonio de Sucre, qui lui avait succédé comme deuxième président bolivien, et dont la ville porte le nom, fut assassiné en Colombie, peu de temps avant le décès de Bolivar.

Le magnifique musée de la Casa de la Libertad retrace ces évènements. On y notera, pour l’anecdote, de beaux portraits de Donà Juana Azurduy, « Commandante de Guerrilla » qui termina sa carrière avec les grades de Maréchal de l’armée bolivienne et de Général de l’armée argentine. Parmi ses faits d’armes, la destruction, à la tête de son escadron « Leales », d’un bataillon espagnol lors d’une embuscade à Tarabuco. De retour dans ses foyers, bien seule, ayant perdu son mari et ses fils dans les combats, elle s’éteignit gentiment à 82 ans.

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Bivouac inchangé

Mardi 16 Octobre. Jour 36. Sucre / Potosi

Route de Sucre à Potosi, en relativement bon état au début, puis qui s’améliore encore. Cela grimpe très vite, dans un paysage sec et vide, qui verdit au passage des rivières, le plus souvent à sec, avec parfois des découvertes surprenantes.

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Les faubourgs de Potosi sont loin d’être emballants, route comme toujours bordée de camions en réparation ou en attente de chargement, immeubles en brique non revêtue, sans le dernier étage qui, un jour, peut-être, viendra achever la construction. Agnès a repéré sur Ioverlander le parking, très proche de la place centrale, qui pourra nous accueillir pour la nuit.  C’est dans une petite rue, et c’est si discret qu’on passera devant sans le voir. Et comme cette rue est en sens unique, il nous faudra boucler un tour complet dans les ruelles de la vieille ville. Encore pire, on passe juste.

Du parking, minuscule, on voit le « Cerro Ricco », cône qui surplombe la ville et dont on peut derrière, les fils électriques, deviner l’entrée du tunnel qui permit, à partir de 1545 d’extraire les premiers chargements de minerai.

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C’est en effet ici qu’en 1544 qu’un inca, Diego Huallpa, parti à la recherche d’un lama égaré se serait arrêté sur les pentes de la montagne Potosi pour faire un feu, dont la chaleur fit fondre le sol et apparaitre un liquide brillant, de l’argent natif.

S’ensuivirent quatre siècles d’exploitation, et, pendant les trois siècles de la période coloniale, l’esclavage d’indigènes et d’africains, travaillant 12 heures par jour dans des conditions épouvantables, ne remontant à l’air libre que tous les 4 mois et mourant en masse. Les historiens estiment que de 1545 à 1825, 8 millions d’entre eux périrent à la tâche en assurant la grandeur de l’Espagne.

S 19° 35’ 29.1’’   W 65° 45’ 13.7’’

Altitude 4012 m   20° C à 17h

Km 163 Total   7114

Mercredi 17 octobre. Jour 37. Potosi / Uyuni  

Sur la place d’armes, bien pentue, près du Cabildo,  bel édifice jaune,  visite guidée de la « Casa de la Monedad » dès 9h.

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Coup de chance, une guide francophone pour nous seuls.  Dès l’entrée, on ne peut manquer la face souriante qui surplombe la 1° cour. S’agit-il de Bacchus ou de Diego Huallpa ? A chacun sa version, mais c’est devenu le symbole de Potosi, et ce sourire ne manquera pas de provoquer un léger malaise, en songeant à ce qui fut vécu ici.

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L’édifice est très impressionnant par ses dimensions et son architecture : 15 000 m² de bâti, 5 cours et 200 salles, il fut construit en deux phases, la 1° de 1572 à 1575, la seconde de 1759 à 1773, et son coût a été estimé à l’équivalent d’une dizaine de millions de dollars. L’ensemble des machines, tels les laminoirs à lingots furent importés d’Espagne.

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Au cours de la visite, nous admirerons un coffre fort à l’extraordinaire système de verrouillage, logé dans le couvercle.

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Ici, jusqu’à l’indépendance, furent façonnées, à partir de lingots d’argent, puis frappées, l’ensemble des pièces de monnaie mises en circulation par la couronne d’Espagne. Nous y apprendrons que 25% étaient destinées à l’Amérique du Sud, et 75% à l’Espagne, ce flux continu irriguant l’économie espagnole et lui permettant de financer un train de vie somptuaire, une cour dispendieuse, une armée et une marine supports d’ambitions politiques conquérantes, et surtout de combler ses dettes auprès de banquiers étrangers

Nous serons par contre surpris d’apprendre que ces trésors, or et pierres précieuses, outre l’argent en monnaie ou en lingots, n’étaient expédiés vers la mère patrie que deux fois l’an, au prix d’un voyage de 14 mois, débutant par un transport à travers les Andes à dos de lama, 15 à 25kg par bête, une remontée maritime depuis Arica ou Callao le long de la côte pacifique, une traversée de l’isthme de Panama de nouveau à l’aide de bêtes de somme, puis la périlleuse traversée de l’Atlantique. A deux voyages par an, on imagine l’attente à Madrid, les navires de sa Gracieuse Majesté en embuscade et les flibustiers se frisant les moustaches en guettant le passage des galions…

Direction Uyuni par une belle route. L’arrivée par le nord est bien plus belle, car offrant une vue dominante, que celle qui nous y avait conduit en février en provenance d’Argentine, par le sud-est et Tupiza. Malheureusement, soleil dans l’œil.

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Uyuni est toujours aussi désespérément sale et misérable, malgré le flux constant de touristes. Qu’est ce qui empêche de diriger une partie de la manne vers l’entretien des routes et les services publics, comme on le constate ailleurs en Bolivie ? Mystère.

Nous trouvons le « lavadero » spécialisé, idéalement situé en sortie de ville, pour y effectuer un lavage haute pression cabine, cellule et châssis, puis, une fois égoutté, une« fumigacion », c’est-à-dire une pulvérisation de gazole sur le châssis et les trains de roues, afin d’éviter l’adhérence du sel. Cette fois ci, en effet, le salar n’est pas sous l’eau.

Une quinzaine de km vers Colchani au Nord en bord de salar, 5km de piste à gauche puis on roule sur le sel.

Un peu difficile au début de trouver la bonne direction, les traces s’entrecroisent et le sol est fort dégradé. mais nos deux GPS ne se contredisant pas, ce qui arrive parfois, nous couvrons rapidement les 20 km qui nous séparent du monument du Dakar et de l’hôtel de sel.

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Nous bivouaquerons à proximité de l’hôtel dans un silence absolu.

S 20° 19’ 48.1’’   W  67° 2’ 49.7’’   Alt 3696m  15° à 17h et nuit fraiche

242 km Total 7356

Jeudi 18 octobre. Jour 38. Sur le salar

Magnifique aurore ( « Burning daylight  » écrivait Jack London !) sur la surface salée.

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La lumière rasante permet de découvrir les motifs en pentagone crées par l’évaporation de l’eau, qui nous rappellent, par leur régularité géométrique et toutes proportions gardées, les colonnes de basalte chilien.

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60 km tout droit pour atteindre Isla Huaqui , île centrale du salar, puis direction plein nord sur 40km pour nous rendre à la lisière du salar, au pied  du volcan Tunupa, (5432m), que nous n’escaladerons pas .

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Déjeuner sur place avec un motard français, policier en Guyane qui trace la route, très léger, sur une petite moto de 25 CV, puis retour pour dormir au pied de Isla Huaqui. On y retrouve quelques bus et une cinquantaine de 4×4, certains assurant une excursion d’une journée, les autres bouclant le circuit de 3 jours vers San Pedro de Atacama par Laguna Colorada et Laguna Verde.

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A 18h, il ne reste plus que nous, guettant le coucher de soleil.

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Nouvelle nuit cristalline.

S   20° 14 ‘ 27.3’’   W67° 37’ 39.7’’    Alt 3698m

140 km Total 7496

Vendredi 19 Octobre. Jour 39. Uyuni / Route d’Oruro

Rapide promenade sur Isla Huaqui et ses cactus. Les roches qui en constituent la structure sont couvertes d’une couche d’une dizaine de cm de squelettes coraliens, rappelant son passé (très) lointain. Peu de vie, quand même, un lapin et deux oiseaux. Pour les oiseaux, qui sait ? Mais pour le lapin, c’est Alcatraz…

Retour à fond vers Uyuni, il faut se méfier des trous qui parsèment, par endroits, la piste. Ils semblent sans fond et on s’interroge sur l’épaisseur de la couche de sel. Mais peut-être ne s’agit- il que de poches localisées d’eau salée ? Nous ne connaitrons pas la réponse.

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Repassage au Lavadero pour éliminer le sel, refumigacion et on en profite pour déposer le linge. Déjeuner dans un resto recommandé par notre guide, ribs de lama trop cuites et addition salée, comme les ribs d’ailleurs. Au dépôt de gaz on nous ferme la porte au nez,  Uyuni n’est vraiment pas le paradis des touristes. Peut- être que j’aurais dû mettre un chèche, ils ont l’air d’aimer le Dakar,  le logo s’affiche partout.

On prend la route d’Oruro, longue montée vers l’altiplano, immense, vide.

Arrêt en bord de route

S 19° 35’ 15.0’’   W 66° 49’ 23.8’’    Alt 3830m

Km 222 Total 7718

Samedi 20. Jour 40.  Route d’Oruro / Cochabamba

Nous avons décidé, avant de nous rendre à La Paz, de récupérer à des altitudes moins éprouvantes. Cochabamba, ville logée dans une vallée à 2500 m sera idéale pour cela.

Nous traversons rapidement Oruro, rien à voir, et attaquons le franchissement des crêtes qui  séparent le plateau de la vallée de Cochabamba. Il nous faudra quand même nous cogner un col à 4528m d’altitude, la quille ça n’est pas encore pour tout de suite. Fort heureusement la route est très belle car les travaux, entrepris pour doubler la voie actuelle, sont quasiment achevés, il ne reste qu’une dizaine de kms à macadamiser.

Arrivée à Cochabamba, à l’Hostel « Las Lillas », à la fois camping, auberge de jeunesse et hôtel, l’un des plus charmants lieux de séjour que nous ayons connu jusqu’ici. L’arrivée a été un peu « rock and roll », la route étant barrée en raison d’une « ducasse » (les nordistes comprendront). Les trajets alternatifs en ont été rendus coquins par un plan d’urbanisme conçu par un amateur d’absinthe : Les parcelles de ce quartier excentré abritent des résidences de luxe, surveillées comme celles des électeurs de Trump en Floride, mais il n’y a pas de routes pour les relier.

Seuls de mauvais chemins de terre, coincés entre des souches d’eucalyptus et les talus du rio qui serpente dans la zone et assure, par temps de pluie, le balayage des ordures qui s’y sont accumulées, permettent de s’y déplacer et avec beaucoup de patience à chaque croisement, d’arriver au but.

S 17.35462°   W 66.20304° Altitude 2639m

Km 426   Total 8144

Dimanche 21.  Jour 41 Cochabamba

Repos, les activités culturelles font relâche le dimanche, juste une petite descente en ville en ‘taxi truffi », les taxis collectifs, pour s’approvisionner au marché aux légumes.

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Lundi 22. Jour 42 Cochabamba

Située dans une cuvette fertile de 25km sur 10, cette ville est réputée pour être la plus commerçante de Bolivie. Réputation méritée, le marché de la Cancha est gigantesque, mais des passants nous recommanderont de bien veiller sur nos sacs et d’y planquer les appareils photos. On se repliera sur la ville moderne, très agréable, pour un déjeuner « completo », à savoir buffet de crudités, potage, plat, dessert, boisson, pour 2.5€… Et avec le sourire.

On trainera sur la place, devant la cathédrale dont, curieusement, le fronton est resté brut alors que la façade latérale, configuration rare, borde la place. Ceci explique peut- être cela.

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Sur la place, les lycéens, jeunesse dorée vu les uniformes, refont le monde après les cours, ou prennent la pose.

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Visite ensuite, beau contraste, du couvent de Santa Terasa, qui abritait des carmélites de l’ordre de Ste Thérèse d’Avila. Règle rigoureuse, où toute communication interne ou vers l’extérieur était bannie, où les vœux de pauvreté, de silence, et de chasteté, (j’en cause même pas) s’imposaient à toutes.

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Pauvreté, dans certaines limites, dans la mesure où le couvent n’abritait que 21 nonnes « au voile noir », l’élite, filles d’espagnols, dont la famille avait dû régler l’équivalent de 130 000 dollars de dot, puis des nonnes au voile blanc, dont la dot était plus modeste et qui servaient les ci devant « voiles noirs », et enfin, la plèbe, les « sans voile », car sans dot, qui assuraient les tâches ménagères et servaient les « voiles blancs ».

Mais, foin de sarcasmes ! La règle était si rigoureuse dans ses exigences que, dans les années 1960, le Vatican décida d’offrir aux carmélites la possibilité de renoncer à cet isolement. Conditionnées par toute une vie et ignorantes du monde extérieur, la plupart refusèrent. Il n’en reste plus aujourd’hui que quelques-unes, très âgées, dans un couvent mitoyen.

Petite déception en fin de journée, le Palacio Portales, palais à l’Européenne du baron de l’étain Simon Patino, décrit comme une merveille, est exceptionnellement fermé pour maintenance. Cela sera pour une autre vie, demain nous partons pour La Paz.

Bivouac inchangé

 

Mardi 23 octobre à Samedi 27.  Jour 43 à 47.  La Paz

L’arrivée sur La Paz par l’autoroute confirme nos craintes. Celle-ci se transforme vite en boulevard urbain où les bas- côtés sont envahis par les stands des marchands ambulants, débordant sur la chaussée, où les deux voies de droite sont le royaume des « collectivos », ces minibus qui assurent l’essentiel de la « mobilité urbaine », pour parler nov’langue, et où le seul passage, disputé, est la voie de gauche. On roule au pas, et, pour l’instant, c’est plat, ça ne durera pas.

Agnès nous trouve vite la dérivation qui nous permettra d’éviter le centre- ville et de gagner, à une quinzaine de km au sud-est et par une route serpentant dans la « Valle de la Luna », le village de Mallasa, pour nous installer sur le parking de l’hôtel Oberland.

Beau complexe, à taille humaine, qui reçoit aussi des campeurs et où nous laisserons notre véhicule quelques jours, le temps de visiter la ville sous la houlette de Martine, qui vit ici avec Suyana, sa fille, et qui vient nous récupérer sur place afin de nous éviter des errances désespérées dans le labyrinthe de rues du centre-ville.

La Paz est en effet une ville à trois niveaux, bâtie dans une cuvette et qui a progressivement colonisé le plateau qui la domine à 4000m, « El Alto », où se trouvent l’aéroport et les routes d’accès vers le Nord-Ouest, et, vers le sud, à 3200m, les vallées encaissées qui assurent la liaison avec le reste du pays. Le centre-ville est devenu un nœud routier que les chauffeurs boliviens affrontent avec sérénité, mais, pour les autres, inconscience ou témérité peuvent seules justifier d’y engager un camping- car.

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On ne détaillera pas par le menu ces journées à La Paz, où nous abuserons de l’hospitalité de Martine pour récupérer, pour visiter la ville et nous imprégner de son atmosphère. Une fois la voiture oubliée, se déplacer est très facile ; on constatera que les bus, de vieux Dodge ou Chevrolet des années 70, les taxis et les collectivos, représentent, à la grosse, les deux tiers du trafic et qu’on peut aller partout pour des montants dérisoires (le trajet en bus est à 0,15€).

Mais, par surcroit, la ville est dotée de 8 lignes de télécabines qui irriguent tout l’hypercentre, permettent de grimper à l’Alto, où se concentrent les nouveaux arrivants, et offrent une vue exceptionnelle sur l’agglomération. De construction autrichienne, ces lignes comportent des stations intermédiaires et des interconnexions qui en font un vrai réseau urbain.

Il fallait être un peu visionnaire pour lancer un tel chantier,  la seule prolongation d’une des lignes, dont le chantier a débuté, représente en effet un budget de 450 millions de $…

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Visionnaire, il semble que le président Morales, Evo pour ses fans, le soit.

Premier président d’origine indigène du continent, il a su transformer l’image que le pays avait de lui-même en imposant la notion d ’«Etat plurinational de Bolivie », pour intégrer l’ensemble des ethnies qui le composent, mis en œuvre des réformes sociales, soutenu l’éducation et lancé un lourd programme d’investissements structurants dont les routes que nous avons parcourues et le réseau urbain portent témoignage.

Soutenu par les campagnes et toutes les ethnies jusque là reléguées au second plan, sa popularité s’est effritée lors de son second mandat, en particulier lors de la construction du nouveau palais présidentiel, tour de verre coiffant l’ancien palais dont l’ostentation a pu « interpeller » les électeurs et de celle, en cours du nouveau Parlement.

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Pourra-t-il se représenter en 2020 ? Le débat a toujours lieu, la constitution n’autorisant que deux mandats successifs, mais un recours a été déposé. Les classes populaires en général, les indigènes en particulier, en tout cas, le souhaitent.

Quelques images, donc, de cette ville qui dort peu. Une fanfare militaire passe régulièrement sous les fenêtres de Martine, entre 20h et 22H, les marteaux piqueurs résonnent tard dans la nuit, et la circulation ne se calme que le dimanche. Il est consacré au repos, et aux activités culturelles, tel ce festival auquel participaient de bien jolies équatoriennes.

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Fêtes familiales également, et « fiestas » de quartier où, lors des pauses, les groupes folkloriques font honneur à la bière locale.

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A El Alto, ou dans le quartier du marché, on ne circule pas plus le dimanche, mais là c’est parce que les vendeurs ont envahi les rues.

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Et, comme toujours en Amérique latine, la mort tient sa place et les cimetières sont très fréquentés, avec leurs niches curieusement ornées d’objets représentatifs des activités favorites des défunts et leurs fresques ironico macabres ornant les murs.

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Et, même si la ville est congestionnée, on a gardé la place pour un cimetière pour chiens.

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Ville de culture également, aux nombreux musées, généralement logés dans de superbes palais coloniaux.

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Nous visiterons avec plaisir le MUSEF, musée ethnographique où est présentée la superbe collection de masques, que revêtaient les danseurs lors de célébrations rituelles, et qui nous avait échappé au MUSEF de Sucre.

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Nombre de ces musées se trouvent dans la jolie « Calle Jaen », à deux pas de chez Martine.

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Et, pour terminer ce premier séjour à La Paz, visite de la Cathédrale, d’où démarre le « Prado », principale artère de La Paz.

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Km 385  Total 8529

Dimanche 28 et lundi 29 octobre. Jours 48/49 . La Paz / Copacabana / La Paz

Nous récupérons le véhicule à « Oberland » et reprenons la contournante permettant d’atteindre El Alto puis l’autoroute conduisant au lac Titicaca.

Route en travaux ensuite, première vue sur le lac, puis traversée en bac pour rejoindre la presqu’ile où se niche Copacabana.

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En route, les témoins signalant une saturation du pot catalytique s’allument et la puissance en côte faiblit. Même scénario que celui vécu à Laguna Colorada. Nous tenterons, sur les 170 km qui nous séparent de Copacabana, trois régénérations « manuelles » ( 40 mn en 3° à 3500 tours, pour faire chauffer le pot et déclencher une pyrolise ), en vain.

Arrivés à Copacabana, haut lieu touristique du Titicaca bolivien , nous hésiterons entre y séjourner quelques jours ou retourner à La Paz. La raison l’emportera et nous repartirons le lendemain, non sans avoir pris le temps de visiter le centre-ville et sa belle cathédrale hispano mauresque.

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Retour à La Paz dès le lendemain, un peu abattus, après une nuit à l’ »Eco Lodge » de Copacabana. Martine a gentiment accepté de nous héberger à nouveau. 1° nuit à Oberland puis nous nous rendrons au garage Ford dès mardi matin.

Km 346 Total 8875.

Mardi 30 octobre à samedi 10 novembre.  Jour 50 à 61.  La Paz

Dès 9h, nous sommes chez le concessionnaire Ford, avenue Ballivian. Bien plus étriqué que ce que « promettait » la photo de leur site internet : il ne s’agit que de l’espace de vente, les ateliers sont à environ 2km. On y est vite et là, on nous annonce que cet atelier ne prend en charge que les véhicules importés par la concession. En insistant un peu, ils acceptent de nous donner un rendez- vous pour le lendemain matin.  On se réinstalle donc à l’Oberland, puis le RV est décalé au jeudi matin, le 1° novembre n’étant pas férié en Bolivie. Mauvaise nouvelle, il faudra 4 jours pour démonter le pot catalytique, l’ouvrir, nettoyer le catalyseur, ressouder le pot et le remonter, cela nous mènera jusqu’ à jeudi prochain, le vendredi 2 étant férié.

Nous convenons de laisser le véhicule sur place afin d’éviter de circuler en ville, et regagnons l’appartement de Martine, dont la patience et l’hospitalité sont à toute épreuve.

Avec son aide, nous entamons le parcours pour faire prolonger nos autorisations de séjour, l’initiale se terminant lundi 5 : Direction de l’immigration, en ville, très rapide une fois que le fonctionnaire est à son bureau, puis Direction des Douanes, en ville, mais c’est pas là, il faut monter à l’Alto. Sur place, un jeune fonctionnaire examine notre dossier, vérifie le certificat établi par le garage que nous avions eu la bonne idée de demander, et souhaite une preuve tangible que le véhicule est toujours en Bolivie. Bon prince, il nous prolongera l’autorisation temporaire d’importation sur la promesse de lui faire parvenir dès lundi des photos du véhicule et des plaques moteur et châssis.

Repos, à nouveau, pendant ce weekend prolongé puis excursion le mardi à Tiwanaku, à 1h30 en bus de La Paz et à une vingtaine de km du lac Titicaca.

Cette cité, fondée à 3870 m d’altitude aux alentours de l’an 700 de notre ère et qui atteint jusqu’à 20 000 habitants fut un grand centre cérémoniel pour la civilisation qui la bâtit, et disparut vers l’an 1200 pour des raisons inconnues, peut être un changement climatique, qui remit en cause le mode de culture original.

On y cultivait en effet les plantes vivrières, sur des banquettes séparées par des canaux, l’évaporation de ceux-ci protégeant les cultures des gelées nocturnes ; il en subsiste quelques traces.

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Cette civilisation Tiwanaku, malgré sa disparition, influença cependant fortement la civilisation Inca qui lui succéda.

 

N’ont résisté aux ans que les vestiges d’une pyramide, d’une plate forme rituelle et d’un temple.

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Leurs éléments étaient disposés de façon à renseigner les prêtres sur les dates des sosltices et équinoxes à partir des positions des constellations, afin de déterminer les périodes optimales pour les semailles, et leurs murs ornés de sculptures à l’image des gouverneurs successifs. Par contre, métaux précieux et pierreries qui les ornaient furent pillés par la population en révolte, puis par les conquistadores.

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Nous resterons impressionnés par la taille des dalles et mégalithes de grès et de basalte, dont certains dépassent 50 tonnes. On ignore toujours comment ils ont été transportés ici. Par voie d’eau ? A l’époque, les rives du lac étaient à moins d’un km.

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Statuaire très rustique pour l’époque, plus signifiante sans doute par leurs fonctionnalités astronomiques et par les gravures qui les recouvrent  que par leur esthétique..

Retour à La Paz. Les photos du véhicule seront what’sappées par le garage lundi matin, et retransmises illico à la Douane. Ils sont satisfaits, une bonne chose de faite, nos autorisations sont prolongées d’un mois.

Par contre un message du garage le mardi soir assombrira l’horizon : le nettoyage du pot a été fait, mais le défaut persiste et ils ne sont pas en mesure de régler le problème. Nous comprendrons alors que, vu la haute teneur en soufre du gazole bolivien et son impact sur le fonctionnement des moteurs diesel de dernières générations, le concessionnaire local n’importe que des véhicules essence et que l’atelier n’a pas les compétences nécessaires dans ce domaine.

Sur place le mercredi matin, on nous indique que, après vérification auprès du service technique Ford, ils pensent que le problème se situe au niveau de la pompe d’injection et nous recommandent de transférer le véhicule dans un atelier spécialisé à El Alto. Ils ont décidé de ne pas nous facturer l’intervention sur le pot.

Nous remercions et acceptons le changement d’atelier, que faire d’autre ? mais demandons que le véhicule soit conduit par un de leurs mécaniciens jusqu’à El Alto, on n’est vraiment pas sûrs qu’il ne nous lâche pas en route.

Montée poussive sur 17 km pour gagner le plateau, et vu la perte de puissance, le mécano pense que le problème se situe au niveau des injecteurs. A 300m du garage, sur l’axe principal d’El Alto et au milieu du dernier carrefour, le moteur tousse et s’arrête. Et là, on est bien contents de ne pas être montés seuls…

Beau souk avec cette circulation infernale, les bus et collectivos nous contournent en klaxonnant puis un policier s’approche. Bonne surprise, sans aucune agressivité, il s’efforce de fluidifier le trafic en jouant du sifflet. Et il se met à pleuvoir…

Il faudra près de 20 mn pour qu’un mécanicien du nouvel atelier nous rejoigne, porte le même jugement sur la cause probable et prenne en charge le véhicule que nous avons fini par pousser sur le bas- côté. Et pousser 3,5 tonnes à 4000 m d’altitude, c’est un bel exercice respiratoire…

On lui confie les clés, l’attente de la dépanneuse sous la pluie est inutile, et on prend le télécabine pour retourner chez Martine, en fin de matinée…

Le mécanicien nous appelle le lendemain, nous confirme que les injecteurs sont colmatés par des résidus de gazole, nous indique qu’il peut se procurer les pièces nécessaires en les faisant venir de Santa Cruz, à 900 km, nous annonce le prix de l’opération et nous promet le véhicule pour samedi en début d’après-midi.

Samedi 14h, l’intervention n’est pas terminée, report à lundi… En attendant, on va aller se goinfrer de pâtisseries sur le Prado, ça nous remontera le moral.

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