Lundi 27 juillet Jour 128 Pékin – Tombeaux qing – Chengde
Nous quittons Pékin assez tôt pour éviter les bouchons sur le 5° périphérique et ça se passe plutôt bien. Traversée de la plaine où s’étalent serres et cultures maraichères puis retour dans les reliefs, le maïs redevient dominant dans les vallées. Halte près de Zunhua la visite du mausolée de l’est de la dynastie Qing, vaste ensemble qui abrite dans des cryptes les tombes de 5 empereurs et d’une vingtaine d’impératrices et concubines, chacun « bénéficiant » de son propre mausolée, bâtit par son successeur pour honorer sa mémoire, ou préparé de son vivant, on n’est jamais trop prudent…
On y accède par la monumentale « voie des esprits », longue de 5km qui mène au tombeau de l’empereur Shunzi, mort en 1661. On y trouvera, un pavillon où une tortue aux marques impériales supporte des stèles gravées en plusieurs langues ( mandchou, mandarin, tibétain, sanskrit..)
L’un des plus vastes mausolées est celui de la dernière impératrice régente, Cixi, qui veilla personnellement à son aménagement. Pour l’anecdote, les toits sont de couleur jaune pour les empereurs et les impératrices, de couleur verte pour les concubines…
Nous reprenons la route vers Chengde où nous arrivons sous un ciel très noir et un vent violent. Gros embouteillages et, en longeant la rivière nous devrons traverser les mares d’eau qui ont noyé la route et zigzaguer entre les troncs d’arbres et les branches cassées qui jonchent la chaussée. Un orage a manifestement dévasté la ville peu de temps auparavant. Bis repetita, au moment où nous manœuvrons pour nous garer sur un parking proche du palais d’été, une trombe d’eau s’abat sur nous. Agnès qui me guide est trempée en un instant. Aveuglé par ce déluge qui noie pare brise, caméra de recul et rétros, je descends pour prendre des repères et subis le même sort. Enfin garés, nous passerons un moment dans la cellule à nous sécher et essorer nos vêtements.
N 41° 00’ 02.7’’ E 117° 56’ 24.3’’
Altitude 352m
305 km Total 24362 km
Mardi 28 juillet Jour 129 Chengde
Nichée au creux d’une vallée fluviale entourée de monts, cette ville fut choisie en 1703 par l’empereur Kangxi, l’un des monarques chinois les plus respectés pour avoir au cours de son règne de 61 ans protégé la paysannerie, défendu les arts et les sciences (il invita les jésuites à sa cour) et agrandi l’empire; pour y passer l’été loin de la chaleur étouffante de la cité interdite.
Nous ne visiterons pas le palais d’été mais nous rendrons au Xumifushou zhi miao, ou « Petit Potala », temple qui fut édifié sur le modèle du temple tibétain pour impressionner le Panchen-Lama (second dignitaire de la secte des bonnets jaunes après le Dalaï Lama), en visite à Chengde à l’occasion de l’anniversaire de l’empereur Quianlong en 1780.
Nous remarquerons que les chiwen, ces statuettes placées à l’extrémité des arrêtes de toit, sur le temple principal, sont d’inspiration beaucoup moins figurative.
Et, dans le lointain, nous pouvons observer le pic du Marteau, étonnante formation géologique.
Mercredi 29 juillet Jour 130 Chengde – Sima tai
Plutôt que Badaling, proche de Pékin, où l’affluence à la Grande Muraille est considérable, nous avons choisi de nous éloigner et de visiter celle-ci dans un site moins couru, à Sima tai.
Bonne surprise, une autoroute nous y conduit, mais à l’approche du site, les panneaux qui mentionnaient « Great wall » sont maintenant libellés « Scenic spot : Water town ». Nous comprendrons bientôt pourquoi, après avoir traversé une zone de parkings dignes d’un centre commercial français : Une « fausse » vieille ville époque Ming a été reconstituée ici, avec ses canaux, ses échoppes, ses ruelles. Un hôtel gigantesque la domine. Il faut simplement acquitter 150 yuans ( 23€) pour y pénétrer.
Nous apprendrons plus tard qu’un richissime homme d’affaire a réalisé ce projet en rachetant les terrains occupés par 3 villages. Nous n’y rentrerons pas, car on peut accéder au téléphérique qui mène à la muraille par un bus qui en longe une partie, mais cela suffira pour nous redonner la même impression que lors d’une ballade dans les décors de « Germinal », à la fosse d’Aremberg !
Quelques centaines de marche après la sortie du téléphérique (Poma s’il vous plait !), nous sommes sur la muraille. Elle est comme nous l’imaginions, en un peu plus étroit, en bien plus raide et avec beaucoup plus de tours. Il y en a, en fait, une tous les 200m, pour couvrir tout les intervalles d’une portée de flèche.
Entamée après l’unification de la Chine sous Qin Shi Huang, au II° siècle avant JC, elle fut achevée sous les Ming (1368-1644)
Sensation d’être hors du temps, ou dans un film de Kurosawa (Ran ? Je sais, ça n’est pas un chinois). Là encore, après l’armée enterrée, difficile d’appréhender à la fois les moyens qu’il a fallu mobiliser pour la construire et la garnir de troupes sur des milliers de km et même son intérêt stratégique : Faite pour stopper des hordes barbares dont la puissance reposait sur la seule cavalerie, on voit mal comment celle-ci aurait pu se déployer sur les crêtes où ont été construits ces remparts. Peut être avait elle avant tout un intérêt psychologique ? Décourager l’ennemi par cette seule démonstration de puissance ? Protéger puissamment les cols et les passages aurait dû suffire, ce qui fut sans doute mal accompli car les Mongols au XIII° et les Mandchous au XVII° la franchirent. (Mille excuses pour ces réflexions de stratège en camping car…)
Retour au parking et retour à la réalité : Nous constatons qu’un boulon s’est planté dans le pneu arrière gauche, entre deux crampons. La tête dépasse de quelques mm. Nous décidons de changer la roue et, mauvaise surprise, impossible de descendre les roues de secours, la pompe hydraulique a rendu l’âme…
Nous aviserons demain matin, le pneu n’est pas dégonflé. En attendant, petite visite au luxueux hôtel du lieu, quasi désert.
N 40° 38’ 44.0’’ E 117° 15’ 18.5’’
Altitude 280m
100km 24462
Jeudi 30 juillet jour 131 Simatai – Huai Lai
Le pneu s’est peu dégonflé pendant la nuit. Un coup d’air comprimé et nous partons, nous vérifierons la pression tous les 50km. Désagréable quand même de se dire que chaque tour de roue enfonce un peu plus l’intrus. Nous quittons l’autoroute pour la première ville, mais impossible d’y trouver un garage poids lourds, et décidons de continuer .
A la pause déjeuner sur une aire de services, Yang remarque une camionnette de garagiste. Il appelle le N° inscrit sur le flanc et, 10mn plus tard, deux meccano sont sur place. Ils refusent de réparer la roue, ne connaissant pas ce type de pneus, mais acceptent de la changer. Ils connectent les flexibles de la pompe de cabine sur celle de la potence porte roues et nous pouvons changer la roue et repartir plus sereins. Par contre ils sont aussi chers que les dépanneurs d’autoroute français : 300 yuan pour une demi heure d’intervention !
L’autoroute contournant Pékin passe à Badaling. Agnès peut effectivement constater que le site est bondé et la foule considérable sur les remparts, moi je n’aurai pas le temps d’y jeter un coup d’œil, absorbé par la conduite dans une montée 2 voies infernale, avec véhicules sur la 3°.. Et oui, en Chine, sur les autoroutes à deux voies, les bus et les voitures doublent à droite, à fond la caisse, sur la bande d’arrêt d’urgence, quand la voie de gauche est occupée par des semi en surcharge qui montent à 30 à l’heure et ne veulent pas se rabattre !
Arrivés à Huai Lai, nous trouvons rapidement un réparateur poids lourds qui, bien que ne connaissant pas ces pneus veut bien s’y attaquer. Il extraira le boulon, belle bête de diamètre 8mm et 4 cm de longueur, qui a bien perforé l’enveloppe mais obstruait le trou, et effectuera la réparation avec une cheville de caoutchouc, pour 130 yuan.
En même temps, son voisin, tout jeune mécano, se procurera en moins d’une 1/2 h une pompe neuve exactement identique à la pompe hydraulique Renault et la changera dans la foulée. Ces chinois sont formidables…
Au passage nous apprendrons que la Chine a été retenue pour organiser les JO d’hiver de 2022. Huai lai est au cœur des stations de sport d’hiver et sera passage obligé. Les organisateurs ont intérêt à trouver une solution au problème (problème qui n’en est peut être pas un pour eux !) des centaines de semi remorques chargées de charbon qui traversent la ville. Pas étonnant d’ailleurs qu’on y trouve facilement des garages PL.
On se demande si la délégation du Comité Olympique qui a visité ce secteur pour le valider était bien réveillée…
Bivouac sur le parking de l’hôtel Huai Lai International
N 40° 25’ 06.8’’ E 115° 30’ 42.8’’
231km Total 24693
Altitude 712m
Vendredi 31 juillet jour 132 Huai Lai – Jining
Le matin ,visite du relais de poste de Jimingyi, en réalité un village fortifié, enceint de remparts de 500m de côté. La ville, qui abritait les services du courrier à cheval, comme ses équivalents implantés tous les 30km, est aujourd’hui complètement endormie et nous pourrons visiter de nombreux locaux, attribués comme logements à des familles après la révolution, qui semblent aujourd’hui figés à l’époque Mao, voire avant guerre.
Nous noterons avec intérêt les lits en maçonnerie munis d’ouvertures pour y entretenir un feu de bois en hiver, rigoureux dans cette région.
Nous y rencontrerons, dans ce qui fut l’école, un vétéran de la guerre de Corée, (il nous montrera ses photos de jeune soldat), aujourd’hui gardien de l’édifice.
Nous reprenons la route et de l’altitude et traversons des zones de pâturage, maïs et maraichage
Bivouac sur un parking public près des stades et salles de spectacle de la ville de Jining ,sans intérêt particulier, mais avec des avenues et des équipements collectifs toujours aussi pharaoniques.
N40° 59’ 30.4’’ E 113° 07’ 41.0’’
251 km Total 24944
Altitude 1381m
Samedi 1° août Jour 133 Jining – Erenhot
Route plein nord, nous traversons des zones de paturages en moyenne montagne et laissons de côté plusieurs villes avec toujours des zones d’industries (très) lourdes.
Après un col à 1400m, le paysage change fortement, plateau très plat, steppe herbeuse, quelques chevaux et moutons. Les prémisses de la Mongolie ?
A l’entrée d’Erenhot, c’est Jurassic park et grand guignolesque, l’arc de triomphe est constitué de 2 dinosaures qui se roulent une pelle ! On aimerait bien rencontrer le fonctionnaire qui, pour célébrer la découverte de restes de dinosaures dans la région, décida d’ériger ce monument.
Erenhot, ville frontière sans âme avec marchands de souvenirs, de caviar et pelleteries, où viennent se ravitailler les mongols et où les entête de magasins sont rédigées en chinois et , déjà, en cyrillique .
Les derniers taxis chinois, les premières jeeps russes…
Repas hallal avec Yang chez les Hui, sur le trottoir.Un peu de nostalgie puisque nous nous quitterons demain, mais le méchoui, premier mouton depuis 3 mois, un vrai régal, effacera tout ça.
Demain donc, passage en Mongolie.
Hôtel Haifeng
N 43° 39’ 13.9’’ E 111° 50’ 44.2’’
Altitude 960m
350km Total 25294






























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