Archives mensuelles: novembre 2018

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Mardi 23 octobre à Samedi 27.  Jour 43 à 47.  La Paz

L’arrivée sur La Paz par l’autoroute confirme nos craintes. Celle-ci se transforme vite en boulevard urbain où les bas- côtés sont envahis par les stands des marchands ambulants, débordant sur la chaussée, où les deux voies de droite sont le royaume des « collectivos », ces minibus qui assurent l’essentiel de la « mobilité urbaine », pour parler nov’langue, et où le seul passage, disputé, est la voie de gauche. On roule au pas, et, pour l’instant, c’est plat, ça ne durera pas.

Agnès nous trouve vite la dérivation qui nous permettra d’éviter le centre- ville et de gagner, à une quinzaine de km au sud-est et par une route serpentant dans la « Valle de la Luna », le village de Mallasa, pour nous installer sur le parking de l’hôtel Oberland.

Beau complexe, à taille humaine, qui reçoit aussi des campeurs et où nous laisserons notre véhicule quelques jours, le temps de visiter la ville sous la houlette de Martine, qui vit ici avec Suyana, sa fille, et qui vient nous récupérer sur place afin de nous éviter des errances désespérées dans le labyrinthe de rues du centre-ville.

La Paz est en effet une ville à trois niveaux, bâtie dans une cuvette et qui a progressivement colonisé le plateau qui la domine à 4000m, « El Alto », où se trouvent l’aéroport et les routes d’accès vers le Nord-Ouest, et, vers le sud, à 3200m, les vallées encaissées qui assurent la liaison avec le reste du pays. Le centre-ville est devenu un nœud routier que les chauffeurs boliviens affrontent avec sérénité, mais, pour les autres, inconscience ou témérité peuvent seules justifier d’y engager un camping- car.

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On ne détaillera pas par le menu ces journées à La Paz, où nous abuserons de l’hospitalité de Martine pour récupérer, pour visiter la ville et nous imprégner de son atmosphère. Une fois la voiture oubliée, se déplacer est très facile ; on constatera que les bus, de vieux Dodge ou Chevrolet des années 70, les taxis et les collectivos, représentent, à la grosse, les deux tiers du trafic et qu’on peut aller partout pour des montants dérisoires (le trajet en bus est à 0,15€).

Mais, par surcroit, la ville est dotée de 8 lignes de télécabines qui irriguent tout l’hypercentre, permettent de grimper à l’Alto, où se concentrent les nouveaux arrivants, et offrent une vue exceptionnelle sur l’agglomération. De construction autrichienne, ces lignes comportent des stations intermédiaires et des interconnexions qui en font un vrai réseau urbain.

Il fallait être un peu visionnaire pour lancer un tel chantier,  la seule prolongation d’une des lignes, dont le chantier a débuté, représente en effet un budget de 450 millions de $…

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Visionnaire, il semble que le président Morales, Evo pour ses fans, le soit.

Premier président d’origine indigène du continent, il a su transformer l’image que le pays avait de lui-même en imposant la notion d ’«Etat plurinational de Bolivie », pour intégrer l’ensemble des ethnies qui le composent, mis en œuvre des réformes sociales, soutenu l’éducation et lancé un lourd programme d’investissements structurants dont les routes que nous avons parcourues et le réseau urbain portent témoignage.

Soutenu par les campagnes et toutes les ethnies jusque là reléguées au second plan, sa popularité s’est effritée lors de son second mandat, en particulier lors de la construction du nouveau palais présidentiel, tour de verre coiffant l’ancien palais dont l’ostentation a pu « interpeller » les électeurs et de celle, en cours du nouveau Parlement.

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Pourra-t-il se représenter en 2020 ? Le débat a toujours lieu, la constitution n’autorisant que deux mandats successifs, mais un recours a été déposé. Les classes populaires en général, les indigènes en particulier, en tout cas, le souhaitent.

Quelques images, donc, de cette ville qui dort peu. Une fanfare militaire passe régulièrement sous les fenêtres de Martine, entre 20h et 22H, les marteaux piqueurs résonnent tard dans la nuit, et la circulation ne se calme que le dimanche. Il est consacré au repos, et aux activités culturelles, tel ce festival auquel participaient de bien jolies équatoriennes.

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Fêtes familiales également, et « fiestas » de quartier où, lors des pauses, les groupes folkloriques font honneur à la bière locale.

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A El Alto, ou dans le quartier du marché, on ne circule pas plus le dimanche, mais là c’est parce que les vendeurs ont envahi les rues.

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Et, comme toujours en Amérique latine, la mort tient sa place et les cimetières sont très fréquentés, avec leurs niches curieusement ornées d’objets représentatifs des activités favorites des défunts et leurs fresques ironico macabres ornant les murs.

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Et, même si la ville est congestionnée, on a gardé la place pour un cimetière pour chiens.

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Ville de culture également, aux nombreux musées, généralement logés dans de superbes palais coloniaux.

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Nous visiterons avec plaisir le MUSEF, musée ethnographique où est présentée la superbe collection de masques, que revêtaient les danseurs lors de célébrations rituelles, et qui nous avait échappé au MUSEF de Sucre.

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Nombre de ces musées se trouvent dans la jolie « Calle Jaen », à deux pas de chez Martine.

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Et, pour terminer ce premier séjour à La Paz, visite de la Cathédrale, d’où démarre le « Prado », principale artère de La Paz.

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Km 385  Total 8529

Dimanche 28 et lundi 29 octobre. Jours 48/49 . La Paz / Copacabana / La Paz

Nous récupérons le véhicule à « Oberland » et reprenons la contournante permettant d’atteindre El Alto puis l’autoroute conduisant au lac Titicaca.

Route en travaux ensuite, première vue sur le lac, puis traversée en bac pour rejoindre la presqu’ile où se niche Copacabana.

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En route, les témoins signalant une saturation du pot catalytique s’allument et la puissance en côte faiblit. Même scénario que celui vécu à Laguna Colorada. Nous tenterons, sur les 170 km qui nous séparent de Copacabana, trois régénérations « manuelles » ( 40 mn en 3° à 3500 tours, pour faire chauffer le pot et déclencher une pyrolise ), en vain.

Arrivés à Copacabana, haut lieu touristique du Titicaca bolivien , nous hésiterons entre y séjourner quelques jours ou retourner à La Paz. La raison l’emportera et nous repartirons le lendemain, non sans avoir pris le temps de visiter le centre-ville et sa belle cathédrale hispano mauresque.

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Retour à La Paz dès le lendemain, un peu abattus, après une nuit à l’ »Eco Lodge » de Copacabana. Martine a gentiment accepté de nous héberger à nouveau. 1° nuit à Oberland puis nous nous rendrons au garage Ford dès mardi matin.

Km 346 Total 8875.

Mardi 30 octobre à samedi 10 novembre.  Jour 50 à 61.  La Paz

Dès 9h, nous sommes chez le concessionnaire Ford, avenue Ballivian. Bien plus étriqué que ce que « promettait » la photo de leur site internet : il ne s’agit que de l’espace de vente, les ateliers sont à environ 2km. On y est vite et là, on nous annonce que cet atelier ne prend en charge que les véhicules importés par la concession. En insistant un peu, ils acceptent de nous donner un rendez- vous pour le lendemain matin.  On se réinstalle donc à l’Oberland, puis le RV est décalé au jeudi matin, le 1° novembre n’étant pas férié en Bolivie. Mauvaise nouvelle, il faudra 4 jours pour démonter le pot catalytique, l’ouvrir, nettoyer le catalyseur, ressouder le pot et le remonter, cela nous mènera jusqu’ à jeudi prochain, le vendredi 2 étant férié.

Nous convenons de laisser le véhicule sur place afin d’éviter de circuler en ville, et regagnons l’appartement de Martine, dont la patience et l’hospitalité sont à toute épreuve.

Avec son aide, nous entamons le parcours pour faire prolonger nos autorisations de séjour, l’initiale se terminant lundi 5 : Direction de l’immigration, en ville, très rapide une fois que le fonctionnaire est à son bureau, puis Direction des Douanes, en ville, mais c’est pas là, il faut monter à l’Alto. Sur place, un jeune fonctionnaire examine notre dossier, vérifie le certificat établi par le garage que nous avions eu la bonne idée de demander, et souhaite une preuve tangible que le véhicule est toujours en Bolivie. Bon prince, il nous prolongera l’autorisation temporaire d’importation sur la promesse de lui faire parvenir dès lundi des photos du véhicule et des plaques moteur et châssis.

Repos, à nouveau, pendant ce weekend prolongé puis excursion le mardi à Tiwanaku, à 1h30 en bus de La Paz et à une vingtaine de km du lac Titicaca.

Cette cité, fondée à 3870 m d’altitude aux alentours de l’an 700 de notre ère et qui atteint jusqu’à 20 000 habitants fut un grand centre cérémoniel pour la civilisation qui la bâtit, et disparut vers l’an 1200 pour des raisons inconnues, peut être un changement climatique, qui remit en cause le mode de culture original.

On y cultivait en effet les plantes vivrières, sur des banquettes séparées par des canaux, l’évaporation de ceux-ci protégeant les cultures des gelées nocturnes ; il en subsiste quelques traces.

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Cette civilisation Tiwanaku, malgré sa disparition, influença cependant fortement la civilisation Inca qui lui succéda.

 

N’ont résisté aux ans que les vestiges d’une pyramide, d’une plate forme rituelle et d’un temple.

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Leurs éléments étaient disposés de façon à renseigner les prêtres sur les dates des sosltices et équinoxes à partir des positions des constellations, afin de déterminer les périodes optimales pour les semailles, et leurs murs ornés de sculptures à l’image des gouverneurs successifs. Par contre, métaux précieux et pierreries qui les ornaient furent pillés par la population en révolte, puis par les conquistadores.

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Nous resterons impressionnés par la taille des dalles et mégalithes de grès et de basalte, dont certains dépassent 50 tonnes. On ignore toujours comment ils ont été transportés ici. Par voie d’eau ? A l’époque, les rives du lac étaient à moins d’un km.

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Statuaire très rustique pour l’époque, plus signifiante sans doute par leurs fonctionnalités astronomiques et par les gravures qui les recouvrent  que par leur esthétique..

Retour à La Paz. Les photos du véhicule seront what’sappées par le garage lundi matin, et retransmises illico à la Douane. Ils sont satisfaits, une bonne chose de faite, nos autorisations sont prolongées d’un mois.

Par contre un message du garage le mardi soir assombrira l’horizon : le nettoyage du pot a été fait, mais le défaut persiste et ils ne sont pas en mesure de régler le problème. Nous comprendrons alors que, vu la haute teneur en soufre du gazole bolivien et son impact sur le fonctionnement des moteurs diesel de dernières générations, le concessionnaire local n’importe que des véhicules essence et que l’atelier n’a pas les compétences nécessaires dans ce domaine.

Sur place le mercredi matin, on nous indique que, après vérification auprès du service technique Ford, ils pensent que le problème se situe au niveau de la pompe d’injection et nous recommandent de transférer le véhicule dans un atelier spécialisé à El Alto. Ils ont décidé de ne pas nous facturer l’intervention sur le pot.

Nous remercions et acceptons le changement d’atelier, que faire d’autre ? mais demandons que le véhicule soit conduit par un de leurs mécaniciens jusqu’à El Alto, on n’est vraiment pas sûrs qu’il ne nous lâche pas en route.

Montée poussive sur 17 km pour gagner le plateau, et vu la perte de puissance, le mécano pense que le problème se situe au niveau des injecteurs. A 300m du garage, sur l’axe principal d’El Alto et au milieu du dernier carrefour, le moteur tousse et s’arrête. Et là, on est bien contents de ne pas être montés seuls…

Beau souk avec cette circulation infernale, les bus et collectivos nous contournent en klaxonnant puis un policier s’approche. Bonne surprise, sans aucune agressivité, il s’efforce de fluidifier le trafic en jouant du sifflet. Et il se met à pleuvoir…

Il faudra près de 20 mn pour qu’un mécanicien du nouvel atelier nous rejoigne, porte le même jugement sur la cause probable et prenne en charge le véhicule que nous avons fini par pousser sur le bas- côté. Et pousser 3,5 tonnes à 4000 m d’altitude, c’est un bel exercice respiratoire…

On lui confie les clés, l’attente de la dépanneuse sous la pluie est inutile, et on prend le télécabine pour retourner chez Martine, en fin de matinée…

Le mécanicien nous appelle le lendemain, nous confirme que les injecteurs sont colmatés par des résidus de gazole, nous indique qu’il peut se procurer les pièces nécessaires en les faisant venir de Santa Cruz, à 900 km, nous annonce le prix de l’opération et nous promet le véhicule pour samedi en début d’après-midi.

Samedi 14h, l’intervention n’est pas terminée, report à lundi… En attendant, on va aller se goinfrer de pâtisseries sur le Prado, ça nous remontera le moral.

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Lundi 12 novembre.  Jour 63.  La Paz

Nous montons à El Alto pour récupérer le véhicule, le responsable d’atelier nous ayant confirmé que le remontage des injecteurs était terminé et que le véhicule fonctionnait. Par contre, à notre arrivée, il nous informe que le pot catalytique n’a pas dû être nettoyé correctement et nous invite à décider : continuer dans ces conditions, avec le risque de nouveaux colmatages (les véhicules en Euro 5 ne sont décidément pas faits pour la Bolivie), ou supprimer la colonne de catalyse. La décision est vite prise : on supprime et nous remettrons en configuration d’origine à notre retour. Le pot qui avait été démonté pendant le week-end est dans un autre atelier et il n’y a plus qu’à lancer l’opération : tronçonnage, démontage de la charge, soudure du pot et remontage sur le véhicule sans rebrancher les sondes. Mais cela prendra l’après- midi, trop tard pour repartir.

Nous sommes un peu dépités mais pas vraiment surpris. Bonne nouvelle cependant, après un essai de conduite par le responsable d’atelier, le véhicule nous est rendu, bon pour le service.

Nous dormirons donc dans la cour de l’atelier, pas seuls : deux vieux combi VW sont également là, l’un ayant le moteur démonté. Ce sont les montures de deux jeunes couples argentins qui visitent le continent. Ils sont là depuis un mois, le temps d’achever la réparation et, en attendant, ils vendent des pizzas et des gâteaux sur le trottoir. Pas vraiment notre projet…

Mardi 13 novembre.  Jour 64.  La Paz / Puno

Nous sommes ravis de repartir, après trois semaines à La Paz, où nous ne pensions rester que quelques jours. Cela ampute sensiblement le programme à venir..

On se jette dans la circulation de l’avenue du 6 de Marzo, avec ses deux files de collectivos qui monopolisent les deux voies de droite, quand, à un feu rouge, un type nous fait signe que notre roue avant droite est desserrée, puis quelques mètres plus loin, un autre, puis un troisième, nous font le même signe pour la gauche !

On se dit, furieux, que le garage Ford, à qui nous avions confié la tâche d’inverser roues avant et roues arrière pour rééquilibrer l’usure, ont bâclé le travail. On essaye, difficilement, de gagner le bas-côté, et on reçoit l’aide de l’un de ceux qui nous ont signalé le problème, qui fait dégager la place.

Un meccano est sur le trottoir, et on n’y voit pas malice, car nous sommes dans le quartier des garages, et on est même soulagés en se disant qu’on a évité un accident. Un de ses collègues le rejoint, et nous propose de nous guider dans leur atelier, quelques rues plus loin.

On s’engage donc dans les petites rues transversales puis nous garons en bord de trottoir, pas d’atelier en vue, mais ils inspectent la direction et rapidement, ressortent de sous le véhicule et nous montrent une pièce, la rotule ? dont le coussinet est endommagé. Proprement assommés par cette succession de pannes, on n’a pas pris soin de vérifier si les roues se désaxaient, ni de s’interroger sur un diagnostic aussi rapide.

Ils nous indiquent qu’ils peuvent faire la remise en état,  les pièces étant disponibles. Et un type se pointe peu après, cotte de chef d’atelier avec les écussons ad hoc et une trousse contenant un jeu de pièces, qu’il nous détaille, nous garantit, et nous propose de monter sur le véhicule pour remplacer l’ensemble endommagé.

Mais pour cela, je devrais maintenir fermement le volant en bout de course pendant toute l’opération, moteur en marche afin de bénéficier de l’assistance à la direction, pour que les meccanos ne risquent pas de subir de graves blessures aux mains en cas de retour de volant. Résultat : je ne vois pas ce qu’ils font et ne peux vérifier s’ils changent tout le kit. A ce stade d’ailleurs, je ne me pose même pas la question, il faut croire qu’à 4000m, le cerveau manque d’oxygène.

En moins de 30 mn les pièces sont remplacées, je peux constater que la partie visible est neuve et on nous en montre des anciennes (?), effectivement en triste état. Le chef d’atelier, qui n’a pas quitté le véhicule pendant le travail et avec qui nous avons entretenu une très courtoise conversation présente sa facture.

Et là, on réalise le piège ; il nous demande 2600 $ !

Longue discussion pour parvenir à la ramener à 1000 $, ça fait encore très mal.

Pendant que je reste au véhicule, Agnès devra faire la tournée des DAB, en compagnie d’un des meccanos, pour rassembler le montant en bolivianos qui viendra compléter notre solde de dollars et d’Euros que nous réservions à des usages bien plus justifiés. Elle en reviendra très essoufflée.

Nous repartons et ce n’est qu’après quelques kilomètres que nous finirons par nous convaincre qu’il s’agit d’une arnaque très bien montée : le nombre d’acteurs qui nous a convaincu que nous avions un problème, nos soucis précédents qui ont entamé la confiance dans notre véhicule, le stress de la circulation sur une avenue au trafic infernal, la fatigue de trois semaines à une altitude de 4000m, nous ont empêché de raisonner et de simplement vérifier, de visu, la matérialité de l’avarie.

J’ai hésité à raconter cet épisode, peu glorieux, mais il pourra être utile aux éventuels lecteurs qui viendraient à circuler dans ces contrées…

Nous prenons la route vers le Nord- Ouest, repassons devant Tiwanaku puis atteignons le poste frontière de Desguadero. Complexe frontalier intégré flambant neuf, qui pourrait traiter des dizaines de véhicules, mais nous sommes seuls et les fonctionnaires des deux pays sont plongés dans leur smartphone.

Passage rapide et nous entrons au Pérou. Dans la petite ville frontière, pas moyen de retirer du cash, nous avons atteint les plafonds avec nos misères matutinales. Pas non plus d’agence d’assurances. Il nous faudra en trouver une à la prochaine ville, Puno, la police Generali établie pour l’Argentine et le Mercosur ne couvrant pas le Pérou. Par contre la station -service en sortie de ville, qui ne prend pas les cartes, accepte le paiement en Bolivianos, c’est déjà ça, et se sucre naturellement au passage.

On longe le lac Titicaca, pas vraiment envie de s’arrêter, le Nikon reste dans son étui, et nous arrivons à Puno en fin de journée, pour nous garer dans la cour du bel hôtel « Pousada del Inca » qui accepte les camping-cars au fond de son parking.

S 16° 31’ 10.9’’   W 68° 10’ 0.02’’ Altitude 3830m

Km 266 Total 9153

Mercredi 14 novembre, jour 65. Puno / Sicuani

Nous trouvons assez vite, merci Ioverlander, la minuscule agence de « La positiva ». Une assurance au tiers pour un mois nous coutera la modique somme de 26 sols, soit 7€. Il vaut mieux ne pas s’en priver, même si cela n’est pas obligatoire pour les séjours inférieurs à un mois. Les DAB sont nombreux, mais ne dispensent que de faibles sommes et il nous faut multiplier les retraits, heureusement que les frais sur la master-card d’Agnès sont proportionnels et sans forfait, ça n’est pas le cas des cartes Visa !

Direction Cusco, à travers l’altiplano. Longue route, plutôt monotone, une fois quittées les rives du lac Titica et ses élevages de truites, dans un paysage assez désolé, parsemé, de temps en temps, de groupes de maisons en adobe et où la seule activité semble être l’élevage bovin.

Première halte à Juliaca pour y faire le plein de provisions. Sur le parking du supermarché, je remarque des traces grasses sous le véhicule. J’en recherche l’origine : il s’agit de gazole, qui fuit au niveau des têtes d’injecteurs, sans doute mal serrées au remontage. Nous sommes maudits..

Heureusement nous étions passés, à l’entrée de la ville, devant un garage Ford. On y fonce et là, ils seront au top : prise en charge immédiate, problème identifié dans la seconde et resserrage effectué en 20 mn, ils n’accepteront qu’un pourboire !

On reprend la route jusqu’à Sicuani, pour faire halte dans le parking de l’hôtel Wilkamayu, très mignon, et où on appréciera une bonne bière vespérale.

S 14,26109°   W 71,22407°

Km 273 Total 9426

Jeudi 15. Jour 66   Sicuani / Cusco

Une fois franchi les cols, le versant pacifique des Andes est bien plus vert et riant que le versant est. Les vallées, peuplées de nombreux villages, sont consacrées au maraichage et à de petites cultures de maïs, les arbres se multiplient, essentiellement des eucalyptus.

Nous choisirons, pour atteindre le camping « Quinta la la », sur la recommandation d’overlanders, de ne pas traverser Cusco et de contourner par le Nord, par Saysaywaman, en évitant le dédale de petites rues qui en fait son charme et le cauchemar des conducteurs. Cela rajoute une vingtaine de km par une route dont la première portion sera extrêmement raide, mais peu fréquentée, qui permet par contre de surplomber la ville et d’être impressionnés par le site, cuvette où s’est développée la cité, ensuite longe des vestiges incas, puis nous mène à 200m du camping.

Un chemin pavé, un portail, et derrière : le refuge. C’est ici que nous espérons pouvoir laisser notre véhicule lors de notre prochain retour en France.

Accueil efficace par Milagros, la propriétaire, avec qui nous avions échangé plusieurs messages parfois contradictoires au cours de la préparation du voyage et qui, dans un anglais convenable, nous communique les informations nécessaires pour les séjours dans le camping. Elle nous rassure très vite sur les possibilités d’hivernage, les documents obligatoires et le fait qu’elle nous guidera pour les formalités visant à prolonger notre autorisation temporaire d’importation. Nous constatons par ailleurs que 4 véhicules, 3 français et 1 américain sont en dépôt. Cela ne vaut pas « UY storage » car c’est un parking extérieur, dans l’herbe, mais c’est clos avec une présence permanente et Milli maitrise la question. Un gros souci de réglé.

Dans le camping, quelques autres véhicules de passage, en majorité allemands, aux équipages pas très liants. Ou bien nous ne sommes pas dans le bon état d’esprit..

Les formalités dureront plusieurs jours et nous devrons donc être à Cusco au moins une semaine avant notre départ. Nous décidons alors de reporter la visite de la ville à la fin de notre séjour et de gagner, au plus vite, des altitudes plus propices à nous faire récupérer une forme moins essoufflée, car nous sommes toujours à 3600m. Nous partirons demain pour Nazca, et ses géoglyphes.

S 13° 30’ 58.65’’   W 71°57’’ 25.01’’

Km 155  Total 9308

Vendredi 16 novembre. Jour 67    Cusco / Cuycuhua

Redescente sur Cusco, contournement par le nord, puis on gagne la route de Lima. Elle se révèlera superbe tout le long du trajet, excellent revêtement, et étonnamment peu fréquentée pour une route qui relie les deux principales villes du pays.

Après un parcours d’altiplano, la route enquille une vallée puis franchit une ligne de crêtes par une série de cols : abra Willque (3730m), abra Sorllaco (4006m), abra huashuccash (4300m), abra Condorcensa (4390m), avant de redescendre vers Abancay, à 2400m.

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Traversée de la ville intéressante : des travaux sur l’avenue traversante ont justifié d’une déviation poids lourds, en fait une mauvaise piste à la signalisation peu visible. Devant nous, un semi -remorque qui l’a loupée est arrêté en plein centre-ville, nez face à la barrière de chantier. Il ne peut tourner ni à gauche, ni à droite, et sans doute pas reculer. Heureusement, nous avons la place de passer, compatissons et, sans grands remords, l’abandonnons à son sort.  Il y est peut-être encore.

Sortis de là, défilé des écoles dans la zone de travaux ! ça ne fluidifie pas, mais ils sont bien mimi.

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Nous nous engageons dans une seconde vallée, bien plus encaissée et remontons les gorges, sans forcer, la pente est douce. Nous bivouaquerons sur le parking d’un hôtel, fort isolé en plein milieu des gorges et vide en cette saison, avant d’attaquer la deuxième série de crêtes : nous voulons dormir à basse altitude.

S 14° 12’ 35.2’’   W 73° 19’ 08,6’’     Altitude 2800m

Km 303 Total 9611

Samedi 17 novembre. Jour 68  Cuycuhua / Nazca

Longue journée de route. Sortis des gorges, en 50 km et par une série de lacets spectaculaires, nous gagnerons 1400m d’altitude, pour atteindre une région de hauts plateaux parallèles, séparés par  plusieurs cols. Sur 120km, nous évoluerons en permanence entre 4200 et 4600m. Plateaux quasi déserts, quelques pauvres villages, des enfants aux joues rouges, dans la steppe des alpagas et, au plus haut, des lacs glaciaires puis une réserve de centaines de vigognes.

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Puis, en 75 km, dégringolade de 3600m. La route est toujours aussi belle, le paysage aussi désert, et les poids lourds plus nombreux.

Arrivée, à Nazca, ville à la civilisation pré inca, haut lieu de de tourisme au milieu de nulle part et qui n’existe que grâce aux géoglyphes.

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Bivouac à l’hôtel San Marcello.

Demain, nous survolerons les fameuses lignes de Nazca.

S 14.83247°   W 74,95779°

Km 363   Total 9974   Altitude 600m (enfin !) Pour l’instant, la voiture tourne bien et nous avons retrouvé notre souffle..

Dimanche 18 novembre et lundi 19. Jour 69 et 70. Nazca / Huacachina

Pas de problème pour trouver un avion pour survoler les « lignes de Nazca ». Dans la rue principale, les vendeurs des agences vous assaillent pour vous proposer toutes les excursions possibles dans la région, quelqu’en soit le moyen de transport. Le survol est indispensable pour admirer les géoglyphes, peu visibles du sol, à un coût raisonnable, 80 à 90$ par personne suivant la taille de l’avion, et on vous amène à l’aéroport. Sur place, 6 compagnies se disputent les amateurs, la concurrence permet de maintenir les prix. Nous embarquerons donc dans un Cessna de la compagnie Aeroparacas, réputée la plus sûre.

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Et c’est parti pour découvrir ce qui reste un mystère archéologique : dans une plaine aride de 500 km², à une vingtaine de km au nord de Nazca, ville nichée en plein désert, plus de 800 lignes droites, 300 figures géométriques telles que triangles et trapèzes, 70 dessins gigantesques d’animaux et un humanoïde ont été tracés par des civilisation pré inca qui s’étaient établie dans la région entre 900 AV JC et l’an 600 de notre ère.

J’aurais les plus grandes difficultés à réaliser des photos à peine acceptables : l’absence totale de contraste, la présence des vitres de l’appareil, les trous d’air rendront les mises au point complètement aléatoires. J’ai donc dû les retravailler, en sacrifiant le rendu des couleurs et la luminosité pour obtenir des figures visibles. Mille excuses pour cela. Et, pour essayer de me faire pardonner et faciliter l’interprétation, une vue d’ensemble des principales figures :

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Tout d’abord des exemples des figures géométriques :

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Un singe très expressif avec sa queue en spirale :

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Un colibri au bec disproportionné

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Coupé par la route Panamericana tracée en 1937, un lézard de 130m de long et un arbre :

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Et l’« astronaute», un humain à la tête en forme de bocal qui serait un prêtre à tête de chouette. Contrairement aux autres figures, tracées sur le plateau, il a été figuré sur un affleurement rocheux, dans un style beaucoup moins pur. Epoque différente ?

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Pour ceux qui le souhaitent, nous ramenons un beau livre, avec des photos prises par un pro, sinon, cherchez sur internet, vous trouverez tout, en mieux…

Aucune unanimité sur les auteurs de ces dessins, Paracas et Nazcas, puis Huaris, descendus des plateaux et qui leur succédèrent, ni sur les techniques qui leur permirent de tracer des figures aussi rectilignes et des dessins aux lignes aussi pures, alors que le résultat ne se distingue que du ciel, encore moins sur les motivations de ce travail titanesque.  Selon Maria Reiche, mathématicienne allemande qui consacra sa vie à l’analyse de ces géoglyphes, il s’agissait d’un calendrier astronomique destiné à l’agriculture et bâti à partir de formules mathématiques, mais cette thèse reste controversée. Pour d’autres, plus nombreux, elles seraient liées au culte de l’eau et de la fertilité, ce que je trouve personnellement plus convaincant, eu égard à l’aridité de la région.

Belle transition d’ailleurs vers le deuxième centre d’intérêt de Nazca : les aqueducs qui permettaient de contrôler l’écoulement des nappes phréatiques et de les diriger vers les cultures, grâce à un extraordinaire système de puits, qui nous rappellera ce que nous avions vu en Chine. Une différence majeure cependant : vu la nature des sols, les puits permettant d’accéder au niveau de la nappe ont été construits en spirales, étayés de galets, afin de pouvoir accéder aisément, pour le contrôle et l’entretien, au niveau du flux.

Ces puits, creusés par les femmes, sont distants d’une vingtaine de mètres et disparaissent lorsque la profondeur de la nappe permet un écoulement à l’air libre. Dans le lointain, le Cerro Blanco, la dune la plus élevée d’Amérique du Sud avec ses 2700m d’altitude.

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Avant de quitter Nazca, une visite au Musée ethnographique nous permettra de remarquer quelques belles pièces aux motifs pleins de dérision.

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En quittant la ville, un mirador offre une vue en plongée rapprochée des figures de l’arbre, des mains et du lézard, et met en évidence la technique utilisée : un très léger décapage de la couche superficielle des cailloux noircis, presque vernis par le soleil, faisant apparaitre le substrat de gypse blanchâtre, surligné, telle la « ligne claire » de Hergé, par le feston de cailloux noirs écartés par l’opération.

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Route au nord, nous ferons un bref arrêt sur le site des géoglyphes de Palpa, tout proche, où, sur le flanc d’une colline, a été immortalisée une famille royale.

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Nous rejoindrons Huacachina, après une longue traversée dans le désert jusqu’à l’oasis de Ica, pour un bivouac dans l’Eco camp.

S 14° 05’ 19.8’’   W  75° 45’ 48.8’’   Altitude 429m

Km 164 Total 10038

 

Mardi 20 . Jour 71. Huacachina/ El Chaco– Presqu’île de Paracas

Huacachina est située dans une zone de dunes, entre l’oasis d’Ica et la mer. La présence d’une lagune a permis d’y développer une micro zone touristique.

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Elle attire les amateurs de surf sur les dunes ou de ballades en buggy. Une soixantaine de ces engins, croisement du buggy de Steve Mac Queen dans « L’affaire Thomas Crown » (Ah ! la partie d’échecs avec Faye Dunaway …) avec les monstres de « Mad Max », attendent le chaland.

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En bord de dune, se niche, très intelligemment aménagé, l’ « Eco Camp ». Une douzaine de paillotes, quelques emplacements de parking, une piscine, et c’est un endroit de rêve pour une halte cocooning.

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Nous reprenons la route vers le nord, la « Panamericana Sur » le long de l’active oasis d’Ica ,pour gagner après une longue portion dans le désert, où sont curieusement implantés de nombreux élevages industriels de poulets, la presqu’ile de Paracas, triangle de terre faisant saillant dans le Pacifique qui abrite une réserve naturelle, et une petite, mais cossue, station balnéaire à l’abri de sa rade : El Chaco, où débarqua San Martin en 1820.

Dès notre arrivée, nous réservons des places pour la ballade vers les Iles Balestas, puis partons faire le tour de la presqu’île. Notre première halte sera, qui s’en étonnera, pour un resto de poissons, dans la baie de Lagunillas. Ici, c’est le bout du monde : des barques de pêche, 4 restaurants, et rien d’autre. Notre véhicule se retrouve en terrain connu: le désert péruvien est le plus aride du monde, et les plages ne sont pas très fréquentées…

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Retour à El Chaco, sans avoir vu la queue d’un animal. Ce sera pour demain ?

Bivouac sur la place voisine de l’embarcadère pour les iles.

S 13° 49’ 53.1’’   W 76° 14’ 50.1’’

Km 126   Total 10584 (recalé)

Mercredi 21. Jour 72. El Chaco – Islas Balestas

Dès 7h45 nous sommes parés pour embarquer, par fournées de 40, dans les vedettes rapides qui nous conduiront aux « Islas Balestas », haut lieu de la biodiversité et autrefois exploitations de guano (savez vous qu’il y eu une guerre à la fin du XIX° siècle entre le Chili et le Pérou, d’une part, et l’Espagne, pour la possession d’iles inhabitées mais dont les gisements de guano produisaient 200 000 tonnes exportées chaque année vers l’Europe ?)

Mais auparavant, halte sur la dune qui fait face au port de El Chaco, pour y découvrir ce qui reste un autre mystère de la région : un gigantesque candélabre de 130 m de haut, tracé dans le sable, dont la présence a été relatée pour la 1° fois par un voyageur en 1863. L’aridité du climat, moins de 20mm de précipitations par an, et l’absence de vent sur ce versant protégé, en assure la conservation.

Qui et quand l’a t­-on tracé : des conquistadores ? des marins ? des prêtres ? et quelle en est la signification ? A chacun sa vérité.

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On ne débarque pas sur les îles, aujourd’hui protégées en tant que réserve naturelle, et depuis que l’exploitation du guano a cessé, les oiseaux sont les maitres des lieux. Près de 250 000 y nicheraient, les espèces les plus spectaculaires en étant les pélicans et les pingouins.

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Quant aux pingouins, ils constituaient un mystère pour les naturalistes, peu accoutumés à la présence de ces oiseaux marins dans des zones tropicales. C’est de Humboldt que vint la lumière : il mit en évidence la présence d’un courant marin froid remontant les côtes péruviennes extrêmement favorable au développement des anchois et donc de leurs prédateurs. Il en fait, au passage, toujours du Pérou le premier exportateur de farines de poisson. (By the way, c’est pour ça qu’il y a des élevages de poulets ?)

Ce courant froid, et ces pingouins, y gagnèrent leur identité : le courant de Humboldt, et les pingouins itou, bien différents des pingouins de Magellan et des pingouins « rois » que nous avions admiré en Patagonie.

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Grégaires, ils ne semblent pas faire un pas l’un sans l’autre.

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C’est l’heure du bain, ils s’engagent dans la pente. Pas envie de se casser la gueule, ils regardent où ils mettent les palmes..

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Les deux plus hardis sont déjà en bas, et surveillent les trainards.

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Ça ne suit pas, mais, marre d’attendre, ils plongent…

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Sur les rochers, les lions de mer n’ont pas, eux, d’angoisses existentielles : les femelles et les petits se prélassent.

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Et les mâles font ce que savent faire les mâles ; ils font les beaux !

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L’après- midi, nous pousserons vers ce qui sera,  à 70km, le point le plus au nord de ce voyage, l’hacienda San José . Nous n’irons pas en effet, jusqu’à Lima, ce sera pour le prochain séjour.

Les premiers bâtiments de cette hacienda, dont son église, furent bâtis en 1688, et dédiés à l’exploitation de canne à sucre et la production de miel. A son apogée, couplée à l’hacienda proche de San Regis, elle exploitait, le mot n’est pas trop fort, 4000 esclaves d’origine africaine.

Somptueuse, son ambiance, bien qu’elle soit aujourd’hui transformée en hôtel, renvoie à la propriété de Di Caprio, dans « Django unchained »

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On ne pourra s’empêcher de penser, en visitant les sous- sols qui abritaient les cellules où étaient enchainés, maltraités et punis les esclaves désobéissants ou fuyards, où ils étaient parqués pendant les visites des inspecteurs des impôts afin d’échapper à la taxation, où les plus beaux spécimen assuraient un devoir de reproduction, de penser donc au cynisme et à la bonne conscience des hidalgos résidant un étage au- dessus, et se préparant à la messe dans leur somptueuse église au retable en ébène importé d’Espagne.

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Comble du cynisme : les esclaves devaient parcourir depuis la côte 25 km dans un tunnel de moins de 80 cm de large et de 1m60 de haut, non éclairé naturellement, pour atteindre, sans être vus, la plantation et éviter ainsi aux planteurs la taxation « per capita ».

Retour à El Chaco. Bivouac inchangé

Km 128  Total 10712

Jeudi 22. Jour 73. El Chaco / Nazca

Nous retraverserons l’oasis d’Ica, aux cultures d’asperges mais surtout aux splendides vignobles, et visiterons le domaine de Tacama, premier domaine viticole du Pérou

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Premier par son ancienneté d’abord, il fut fondé en 1540 par un compagnon de Pizzaro pour éviter l’importation de vin de messe, par sa qualité ensuite : bénéficiant d’un climat exceptionnel, il a par ailleurs profité de l’expérience de nombreux œnologues français dans les années 70. La notion d’appellation contrôlée n’existant pas au Chili, ils eurent la possibilité d’y tester plus d’une centaine de cépages pour y sélectionner les plus adaptés, cultivés très haut, comme toujours en Amérique du Sud : on y vendange les bras en l’air !

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Aujourd’hui le domaine produit, sur 300 ha, 5 cépages de blanc et une quinzaine de rouges. Le Pisco, gloire locale, résulte lui de la distillation, simple ou double, de 5 cépages spécifiques. J’en sirote en écrivant, pas un Pisco sour, il faudrait shaker et blanc d’œuf, mais façon capirihnia, c’est plus simple et ça fait autant d’effet…A la vôtre ! ( cependant, je ne trinque pas avec Michel, qui vérifie mes calculs de kilométrage. Tu n’es rien d’autre qu’un « flies fucker » !)

Retour pour le bivouac à l’Hôtel San Marcello, à Nazca

S 14.83247°   W 74,95779°

242km  Total 10964