Archives mensuelles: décembre 2017

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Jeudi 30 novembre 2017.  J7

Départ vers Punta del Este, le St Trop de l’atlantique sud. En fait on ne pourra comparer, la dernière fois que nous sommes allés à St Trop, j’étais en culottes courtes…

Le site est exceptionnel quand à la ville, bof ! Le cœur historique, à la pointe, est désert et pas mis en valeur, le reste est une ville balnéaire plutôt chic, en avant saison.

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Petite ambition culturelle avec une œuvre gigantesque, qui sert avant tout d’aire de jeux aux gamins du coin.

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On profitera quand même des avantages du bord de mer en dégustant une livre de gambas arrosées de citron sur le port de plaisance.

 

Une halte à Piriapolis, nous avions loupé à l’aller le château délirant de Piria, ce magnat argentin ayant construit le casino hôtel de ce qui est devenu Piriapolis. En fait ce château est une coquille vide et n’offre que peu de surface habitable

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Passage à Montevideo pour saluer et remercier Daisy et Nestor. Toujours aussi adorables, ils nous ont préparé une petite collation.

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Nous repartirons en fin de journée pour nous avancer sur la route de Colonia di Sacramento, et trouvons un bivouac sur une plage à Kyu Ordeig.

S 34°42’ 2.24853’’    W 56°43’ 52.58686’’

Km : 250 Total 1060

Vendredi 1° décembre . J8

Destination Colonia , ville fondée par les portugais au XVII°, conquise par les espagnols et dont le centre historique, à la pointe de la presqu’île comme toujours, à gardé le calme et la nonchalance de l’époque .

Dès qu’on s’éloigne de la place d’armes, qui attire la foule, les rues sont vides et les immeubles délabrés. Là encore, le potentiel de rénovation est énorme !

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La gare n’a cessé son activité qu’en 1984. La réserve d’eau pour les locos à vapeur, qui semble encore opérationnelle, nous fait faire un bond dans le passé.

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Plutôt que de remonter jusqu’au pont sur le rio Uruguay qui permet le passage en Argentine, un détour de près de 500km qui permet trait cependant d’observer la végétation du delta, mais dont nous avons (longuement) bénéficié sur le bateau, nous avons choisi de traverser en ferry. Vu la hauteur de notre véhicule, les catamarans ne sont pas une option. Une seule solution, le « Buquebus » de 18h40.

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Avant d’embarquer sur le ferry, petite glace à l’ombre

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Les formalités d’immigration sont remplies dans la gare maritime flambant neuve.  Trois heures de traversée et nous sommes, à la nuit, à Buenos Aires. Surprise, il faut réclamer le document d’importation temporaire pour le véhicule.

Nous nous rendons directement dans les allées de  Puerto Madero, où on nous a recommandé un lieu de bivouac tranquille. Il sera  bruyant…

Km 136  Total 1196

 

 

 

 

 

 

 

 

Samedi 2 décembre. J9

Notre première journée en  Argentine débutera par un tâche bassement matérielle : Trouver du gaz. Grâce à Ioverlander, Agnès dégottera un magasin dans le quartier de Sarmiento. Devant la boutique, un camping car, ça doit donc être là !

On s’approche,  le véhicule a un petit air familier et  on comprend vite pourquoi : nous avons eu son arrière sous les yeux pendant près de 35 000 km, lors de notre voyage jusqu’en Chine ! Notre route recroise donc celle des Zimberlin,  Antoine et Brigitte, qui ont entamé un voyage de longue durée un mois avant nous et reviennent du Brésil. Le monde est il si petit ? Nous les reverrons sans doute à Ushuaia . Quant au GPL, il est introuvable en Argentine, nous achetons donc une  bonbonne de propane avec son détendeur, qui sera montée dans la soute, en court circuitant celle de GPL. Nos besoins étant limités à la cuisson, une 3kg fera l’affaire, on n’a de toutes façon pas la place d’en mettre une plus grosse….Pendant que je surveille le montage, Agnès part en chasse d’un DAB. La mauvaise surprise de Zarate se répète, impossible de retirer plus de 2000 pesos (100€ !) avec en plus des frais de 175 pesos à chaque retrait. On va se faire dépouiller légalement…

Retour vers le centre où nous laissons le véhicule dans le parking utilisé par Josette et Joël Braillard lors de leur voyage, il y a un an. Comme nous ne pourrons les remercier à chaque fois que nous profiterons de leurs si précieuses infos, nous leur envoyons dès maintenant de grosses bises et les souhaitons en pleine forme, dans leur repère de Crillon le Brave, au pied du Ventoux. ( Josette: Ne t’inquiètes pas pour ton site, nous voulions simplement communiquer le lien aux Zimberlin. Quant à nous, nous avions téléchargé tout tes articles avant de partir, il nous manquait seulement la semaine à Ushuaia, mais nous avons tes merveilleux petits carnets jaunes)

Notre visite commencera enfin dans une longue balade par la  place San Martin (général libérateur mort, pour l’anecdote, à Boulogne sur mer) et ses magnifiques jacarandas, elle se poursuivra par le mythique théatre Colon, construit dans les années 1900  avec le concours d’artistes et artisans verriers européens. Il fut, jusqu’à la construction de celui de Sydney, le plus grand de l’hémisphère sud.

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Elle se poursuivra dans la rue Florida, rue piétonne centre de l’activité commerciale avec ses Galeria Pacifico, immeubles haussmaniens transformés, à l’instar du Goum de Moscou, en luxueuses galeries marchandes.

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Rue Florida où s’épanouissent également tous les petits métiers et spectacles de rue, mais ici, le spectacle, c’est le tango !

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Cette ballade se terminera sur la Place de Mayo, face à la Casa Rosa, résidence des présidents, du balcon de laquelle Juan Peron et Eva haranguaient les foules. Elle est toujours  le  siège de rassemblements politiques et sociaux, et en particulier des manifestations chaque jeudi des mères des disparus sous la dictature de Videla.  On sent d’ailleurs une ville sous tension, chaque bâtiment public d’importance étant cerné de barrières anti émeutes, les avenues barrées pour cause de manif et les canons à eau sont prêts à servir.

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Bivouac au  parking , en bas de l’avenue Cordoba, face au port.

Km 50 Total 1246

Dimanche 3 décembre. J10

Notre promenade au très branché « Puerto Madero », créé par la rénovation des anciens docks, au pied des quartiers d’affaires, sera écourtée par un violent orage. Réfugiés sous la toile d’une terrasse de pizzeria, la wifi nous permettra d’occuper ces instants de repos forcé.

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Après midi plus clément, nous explorerons le quartier San Telmo, paradis des chineurs où se tient chaque dimanche un très actif marché d’objets anciens, sur la place Dorrego,  épicentre de rues où chaque devanture est une merveille d’antiquités.

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Plus insolite, niché au cœur d’un bloc aux accès discrets, le marché couvert San Telmo où voisinent brocanteurs, bars et marchands de légumes …

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Nous terminerons la journée à La Boca, quartier à la réputation crapuleuse où s’étaient établis les immigrants italiens travaillant dans les chantiers navals sur les rive de la Riachullo. La petite histoire prétend que les couleurs vives de leurs maisons étaient dues au fonds de pots utilisés pour les navires. Peut être inventé, mais joli..

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C’était dimanche, jour de match, le quartier était envahi par de milliers de supporters du Bocca Junior, en maillot bleu et or, célébrant l’après match aux terrasses de restaurants fleurant bon la viande grillée, en matant les exhibitions, sur chaque terrasse, des inusables professionnels du tango.

Lundi 4 décembre. J11

Mal aux pieds de la ballade d’hier, aujourd’hui on utilisera les bus « hop on, hop off », pour rayonner un peu plus loin. Musée fermés le lundi, nous ferons le circuit complet qui nous emmènera au cimetière de La Recoletta où la très discrète tombe d’Eva Peron attire toujours les foules, (détail macabre : elle a été enterrée à 8m de profondeur pour éviter les profanations….)

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Sur les rives du Rio de la Plata, le club des pêcheurs a des allures d’hôtel suisse sur pilotis, et  le long des innombrables parcs de cette ville très aérée (lorsqu’on oublie les « favellas » qui bordent l’autoroute urbaine), la visite se poursuit…

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Nous y découvrirons une spécificité de Buenos Aires : le métier de promeneurs de chiens. Amusant de voir une vingtaine de chiens de toutes races faire preuve d’un calme absolu, même sans laisse, puis se mettre à aboyer de concert lorsqu’un roquet, inconnu de la meute les croise : « Casse toi tu pues, t’es pas de ma bande… »

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Et on a failli finir à pied, une surchauffe spectaculaire dans le compartiment moteur ayant justifié de l’évacuation du bus…

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Fin de soirée au café Tortoni, institution locale depuis le XIX° siècle, sur l’avenue de Mayo, à un moment où, enfin, il n’y a plus de queue à l’entrée. Les prix y sont étonnement raisonnables et les Irish Coffee pas à la hauteur du standing de l’endroit.

Mardi 5 décembre. J12

Palermo, agréable quartier résidentiel truffé de boutiques de mode, pour une matinée logistique :  acheter une carte SIM au centre technique Movistar. Il faudra y montrer nos passeports pour l’enregistrement mais, curieusement, impossible de la charger sur place, il faut le faire dans un kioque, donc en trouver un à proximité. Comment rendre compliquées les choses les plus simples… Puis rechercher des DAB délivrant des montants décents (on ne dépassera pas 150€ chez Galicia, avec les mêmes frais prohibitifs) et enfin nous procurer les bandes rouges et le disque 110 rétro réfléchissants obligatoires pour les pick up, introuvables en station service. On nous indiquera bien un magasin Vuarnes, que nous ne trouverons pas, et nous rabattrons sur un carrossier dont un employé, fort aimable, saisira son vélo pour aller acheter les dits objets. Revenu après une demi-heure, nous lui règlerons les 600 pesos demandés en trouvant la note salée, mais ravis d’être en règle. En quittant Palermo, à moins de 5mn, en traversant le boulevard Warnes, nous constaterons qu’il est l’artère irrigant le quartier des garages et concessionnaires, et comporte des dizaines de marchands d’accessoires auto. Nous y aurions trouvé notre bonheur à moindre coût !  Comme quoi, la prononciation, surtout à l’étranger, peut piéger…..

La route N°3nous ayant été signalée en mauvais état, nous quitterons Buenos Aires en prenant la route 205 vers le sud ouest, puis la route provinciale 65  vers St Carlos de Bolivar..Elles sont en excellent état, mais le paysage restera inchangé sur près de 1000 km

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Bivouac à l’entrée d’une Estancia, près du village de Pirovano

S 36° 28’’ 56.46105’’   W 61° 35’17.70281’’ de  Pirovano

Km 400 total 1646

 

 

 Mercredi 6 décembre J13

Nous poursuivons sud ouest sur la  65  jusqu’à Guamini , dans un paysage qui glisse d’une pampa à paturages vers des terres à céréales. Parfois des lagunes aux milliers d’oiseaux. Nous piquons ensuite plein sud vers Bahia Blanca par la Nationale 33.  Sur place, courses, on réapprovisionne, sans nous méfier : à quelques km au sud de Bahia Bianca, arrêt pour contrôle sanitaire. Il a pour objet d’éviter la transmission de la fièvre aphteuse, la Patagonie étant parvenue à l’éradiquer et ne voulant pas pratiquer la vaccination, ainsi que d’empêcher la propagation d’ agents infectieux pour les vergers, en bloquant tous les éventuels porteurs. Nous y laisserons quelques pommes, poires et oranges, mais pourrons garder bananes et citrons. On s’en tire bien, le jeune fonctionnaire, très aimable par ailleurs, s’est contenté de vérifier la réserve de fruits et satisfait de sa prise, n’a pas inspecté le frigo. Il faudra être plus vigilant aux postes frontières avec le Chili, en se présentant cambuse vide, les cerbères ont une toute autre réputation.

Nous continuons direction sud vers Carmen de Patagonia , affrontant un vent de furie, avec une conso qui grimpe à 16l/100;  Encore 25km et c’est  Balnerio del Condor dont la falaise de 30km abrite la plus grosse colonie de perroquets au monde..

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Un premier petit tour, il se fait tard, et bivouac sur la digue face à la mer, dans le vent de sable

S 41° 03.452’  W 62° 50.161’

628 km  Total 2274

Jeudi 7 décembre . J14

Lever 5h30, pour dire bonjour aux perroquets, ils n’entendent pas, ils sont si bruyants!!

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Nous quittons la ville en passant devant un monument en l’honneur des soldats tombés pendant les combats des iles Malouines. Ce récent conflit a profondément traumatisé le pays, puisqu’on y compte  nombre de monuments et de musées qui y sont consacrés et qu’à l’entrée de chaque village on croise ces panneaux : Les Malouines sont argentines pour toujours !!!

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Route N° 1 vers le sud , très bonne « gravel road », où nous ne verrons personne sur 200km. Bref passage de sable à 90km, que les cantonniers maintiennent praticable en déversant et en compactant de la terre sur les zones les plus piégeuses. On longe de superbes plages, vides, avec quelques campements de pêcheurs de crustacés, à l’approche de San Antonio de l’Oeste. Malheureusement ils ne rentreront qu’en fin de journée, on ne pourra les attendre.

Nous récupèrons la  route N°3  A l’entrée de Puerto Madryn plein à la station  YPF, le premier litre directement sur les godasses. La durite s’est manifestement démanchonnée, énorme fuite.

Le garage SCania voisin ne peut prendre en charge et nous recommande un atelier, que nous peinerons à trouver, mais, grâce aux jeunes hôtesses de l’office du tourisme, nous finirons par le localiser. Sur place Oscar, le patron se met au boulot aussitôt : il faudra démonter le réservoir pour accéder au collier, trop large, et le remplacer. Problème réglé en 30mn, au prix de 300 pesos (~15€ !). Il nous recommandera en plus un de ses collègues susceptible de monter le jeu de lames de renfort, reçu la veille de notre départ et que nous trainons depuis dans la cabine. On y fonce, le patron de Transvial ne voit aucun problème pour assurer (à Brillon on nous avait demandé de garder le véhicule 3 jours, si jamais un problème se posait au montage !!! On ne donnera pas le nom du garage PL, par charité..) Rendez vous est pris pour samedi, 8h

Bivouac à  une vingtaine de km au nord de Puerto Madryn, sur la plage d’ El Doradillo

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S 42° 38’ 30.53084’’   W 64° 57’ 54.49284’’

613 km Total 2887

Vendredi 8 décembre . J15

La Péninsule de Valdes, quadrilatère relié au continent par un isthme d’une trentaine de km et de largeur 300m au plus étroit, abrite une réserve d’une richesse exceptionnelle. Le paysage aride, typique le la Patagonie avec son mélange de buissons épineux et de graminées, est émaillé de quelques « salars » dont la teinte rosée provient des crustacés microscopiques. Ses dimensions, près de 300km pour en faire le tour, font, qu’en cette saison, on y circule pratiquement seuls.

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On laissera les images remplacer les commentaires…

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Sur cette dernière image, je ne peux m’ empêcher de commenter: malgré le zoom, je ne parviens pas à voir si elle a les yeux bordés de reconnaissance…

Avant de quitter la réserve, halte devant l’île aux oiseaux. Elle servit de modèle à St Ex, qui vécut en Argentine, dans « Le Petit Prince »

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Retour en soirée au bivouac d’ El Doradillo

403 km Total 3290

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Samedi 9 décembre. J16

Puerto Madryn est une ville agréable, avec un front de mer sympa. Nous avons raté de deux semaines les festivités de la semaine du mouton. Dommage….

La halte pour poser le jeu de lames supplémentaires est bienvenue, elle permet d’assurer quelques tâches logistiques, en conservant le sens des valeurs : je reste dans un bistrot avec mon ordi, Agnès cavale pour trouver un DAB, une laverie et en profite pour se faire faire une petite coupe.

Transvial est spécialisé dans l’installation d’  « elasticos » (lames de ressort). C’est le patron qui fait le boulot. Nous récupérons le véhicule en fin de matinée, le jeu de lames a perdu sa contre flèche, ce qui me rassure, et le bas de caisse est rehaussé de 3 cm. L’opération a couté 90€, nous sommes satisfaits, lui aussi, et il nous offre une belle carte d’Argentine. 3cm, ça n’a l’air de rien, mais nos genoux, qui ont de la mémoire, rouscaillent quand il faut escalader le marchepied.

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Plein de courses au Carrefour (et oui !) , puis de nouveau la  Route provincial N°1 « Presidente Juan Peron », très belle gravel road qui nous mène jusqu’à Rawson. On cherche le port de pêche, ses kiosques de poissons et crustacés. A 5€ le kg les belles gambas étêtées, on bourre le compartiment congélation du frigo.

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Nous reprenons la route N°1 vers le sud, jusqu’à Punta Tumbo. Toujours une très belle gravel road. Belle, et vide!!

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Arrivés au moment de la fermeture, un ranger vient nous réceptionner. C’est normalement interdit mais, par exception, on pourra dormir au cœur de la réserve, face aux bâtiments administratifs. C’est heureux sinon il aurait fallu se retaper les 20km de piste, sans garantie de trouver un endroit convenable le long de la route.

S 44° 2’ 39.15164’’   W 65° 14’ 45.70015’’

Km 242  Total 3532

Avant de passer à la suite, petit complément sur la presqu’il de Valdes : Les salars, fond de lacs asséchés se sont formés dans des dépressions situées à 45 m en dessous du niveau de la mer. Nous n’y avons pas encore vu de flamands roses.

Les nandous de Darwin (localement Choique) ont un mode de reproduction intéressant : le mâle couve les œufs pondus dans un seul nid par les 10 à 15 femelles de son harem, qui en pondent chacune de 2 à 3. Ils éclosent tous le même jour, 6 semaines après le début de la couvaison, quelque soit leur jour de ponte. Il n’est pas rare, dixit nos guides, que l’on voie un mâle, qui a la charge de la famille, entouré d’une quarantaine de petits. Cela ne sera pas notre cas.

Dimanche 10 décembre. J17

La réserve de Punta Tumbo est récente, avec un joli centre de visite. Une précision : les réserves en Argentine ne sont pas des lieux où on a introduit des animaux pour y organiser des visites (type Thoiry), mais des espaces  délimités,( ils ne sont pas clôturés), autour des lieux de vie des diverses espèces pour  permettre leur observation dans de bonnes conditions tout en les protégeant. Un sentier parcourt celle de Punta Tumbo et les pingouins de Magellan y sont chez eux. L’un d’entre eux nous accueille, se plante au milieu du sentier et, les yeux dans les yeux (dur, il les a sur les côtés de la tête..), libère une belle fiente verdâtre pour nous souhaiter la bienvenue.

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Nous passerons un grand moment au milieu des pingouins, qui semblent ignorer les visiteurs (on a du tomber sur le seul mauvais coucheur de la colonie) et très bruyants : leurs cris ressemblent aux  braiements des ânes.

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Ils sont plus de 200 000 couples, venus nicher dans des terriers pour y pondre, couver et nourrir leurs petits de poissons et de calamars, jusqu’à ce qu’ils aient, vers 4 mois, perdu leur duvet et soient capables de suivre la grande migration d’hiver qui les fera, en mars, quitter leur lieu de naissance, suivis un mois après par les adultes, pour gagner les côtes brésiliennes, 3000 km vers le nord.

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nous serons fascinés de les voir descendre en file, si patauds, vers la mer, et de les trouver si rapides sous l’eau.

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Mais l’histoire ne finit pas bien pour tous les petits, il s’en perd près de un sur deux, pas pour tout le monde..

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A nouveau route N°1 vers le sud, puis route 68 avant de redevenir N°1. Très belles trouées à travers la steppe, 150km sans croiser un véhicule ni voir personne, hormis des guanacos. 

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A proximité de Camerones, nous dépassons, sur la bande côtière une maison en construction, d’allure originale car utilisant des matériaux traditionnels.

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Marche arrière pour saluer le jeune couple qui la construit et en savoir plus. Au bout de quelques minutes, la qualité de notre espagnol fait marrer le jeune homme, qui nous répond maintenant en français. Laurent est un fils du larzac, prof de yoga établi en Argentine depuis 11 ans qui, avec sa compagne prof de Shiatsu, ont décidé de se construire une maison passive, sur des conceptions modernes et des technologies traditionnelles, et d’en faire  également leur lieu de travail pour y organiser des retraites. Ils nous feront visiter leur maison en nous décrivant les principes d’implantation, et de construction : la maison est semi enterrée, des sacs de patates remplis d’un mélange de sable, chaux et gravier constituent les murs porteurs, une serre en façade permettra de récupérer l’énergie solaire, les ouvertures seront bannies au sud ouest, en raison des vents dominants. Projets ambitieux dans un village argentin de 2000 habitants…

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Halte au port de Camarones, ville de 1000 habitants où pris pied en 1545 l’explorateur Don Simon de Alcazabo y Sotomayor qui fonda la province de Nueva Leon , siège également de la fête nationale du saumon (et oui, ça existe !) et qui fut un important port pour l’exportation des cuirs et de la laine, aujourd’hui assoupi.

Route N°1 vers le sud, et une première halte  à une vingtaine de km au pied des petites dunes de Caleta Patton recommandées par Laurent, nous y bivouaquerons.

S 44° 52’ 16.1   W 65° 42’ 42.8’’

Km 173 Total 3705

Lundi 11 décembre . J18

On poursuit sur la route N°1, on y croise un nandou isolé,qui se défile  puis sur la route, de nombreuses hardes de guanacos. Des renards  (zorros) et des  lièvres « européens » filent en travers de la piste, sans que nous ayons le temps de les shooter. Les chevaux, bien que libres, sont bien plus familiers.

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Nous accédons à la réserve de Cabo dos bahias., en bout de piste. Le ranger est ravi d’accueillir ses premiers visiteurs de la journée, nous serons peut être les seuls ! Abondance de  nandous de Darwin,  guanacos et pingouins de Magellan. Tous vivent, semble t il, en bonne intelligence.

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Remontée obligée sur Camarones , puis piste pour récupérer la route N°3 vers le sud. Route excellente, comme toutes celles que nous avons empruntées jusqu’à présent en Argentine, mais d’une grande monotonie. Arrivée à Comodore Rivadia, grande ville de 160 000 habitants, capitale de l’extraction pétrolière, active mais pas gaie. On y cherche la poste pour nos cartes de Nöel (on n’en fait pas d’habitude, mais l’éloignement doit chatouiller l’affectif) et nous sommes surpris de constater, au Correos Argentines, qu’il n’est pas possible d’acheter des timbres : il faut apporter son courrier, qui est timbré et composté devant vous !

On poursuit vers Rada Tilly, bien plus résidentiel avec un joli front de mer. Nous cherchons les lions de mer, sans succès et grimpons, après avoir erré dans les faubourgs (moins résidentiels ceux là) sur le promontoire de Punta Marques qui domine la ville, au nord, et une immense plage, au sud. Nous souhaitions y bivouaquer, mais le vent est si violent que nous redescendrons, à la nuit,  sur la promenade du front de mer, où nous passerons une excellente nuit.

S 45° 57’ 11.505’’   W 65° 33’ 53.278’’

Km 336  Total     4041

 

Mardi 12 décembre. J19

Rada Tilly est tellement résidentielle que c’en est une ville dortoir, vide hors saison. Pas un bar ouvert, il y en a d’ailleurs peu, et la seule connexion internet se trouve à la station YPF, on s’y cale, le temps de mettre à jour nos petites affaires.

Nous reprenons la route 3, et pour la première fois en Argentine, son revêtement est désastreux, manifestement plus entretenu. Logique, il se construit une deuxième voie parallèle, pour constituer la future autoroute.

Et surprise, les lions de mer que nous cherchions à Rada Tilly sont  à Caleta Olivia  (S 46° 29’ 22.6’’   W 67° 28’ 53.6’’), en bord de route !

C’est la première fois que nous pouvons les approcher de si près, à les toucher. Pas recommandé, les gros mâles n’aiment pas ça….

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Nous reprenons la route N° 3 vers le sud, puis nous engageons sur la gravel road 49, qui mène au parc des «  Bosques Petrificados «

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Il s’agit des ancêtres de Araucarias actuels, qui ne poussent qu’en Amérique du Sud. Ces arbres, qui atteignaient un âge de 1000 ans, une hauteur de 40 m et un diamètre de 3m de diamètre ont été abattus par les effets de l’ éruption d’un volcan (visible à l’horizon), voici 150 millions d’années. Enfouis dans les sédiments, puis immergés au fond des mers qui se sont formées ensuite sur place, ils ont subi un processus de minéralisation, les cristaux de silico aluminates remplaçant la cellulose et leur  conservant un aspect végétal parfait. L’assèchement des mers, les mouvements tectoniques et l’érosion les ont ensuite ramenés en surface. Le parc a été créé pour éviter le « braconnage » de ces bois pétrifiés, les plus beaux spécimens ayant été accaparés.

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Il est impossible de dormir dans le parc, il semble que le ranger craigne que l’on emmène des échantillons de bois pétrifiés, ou de silex taillés qui abondent dans le coin, témoins d’une occupation plutôt ancienne. On sort donc des limites du parc et bivouaquons  en bord de piste au milieu de nulle part

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Km 221  Total 4262

S 47°’ 39’ 20.1’’    65° 50’ 47.0’’

Mercredi 13 décembre. Jour 20

Partis tôt, nous aurons la chance de voir trois maras traverser la piste, et la steppe est assez pelée pour qu’on puisse les shooter. Ces « lièvres » locaux peuvent atteindre jusqu’à 16kg et 70 cm, et sont malheureusement victimes de la concurrence de leurs cousins immigrés, les lièvres européens. Il faudra en parler à Marine L.P.

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On regagne la route 3, direction sud. Arrivée à Puerto San Julian, petite ville de 6000h, autrefois capitale de la laine.  Habitat type de la Patagonie, pas une maison n’a d’étages. L’office de tourisme est accueillant, et nous indique les services indispensables et les quelques curiosités. Nous visiterons le musée Rosa Nowak, qui présente le mode de vie de la région jusqu’aux années 50, puis le vaisseau Nao Victoria, reproduction un peu naïve du navire de Magellan qui toucha terre ici en 1520. Une pancarte y rappelle avec humour que Hermano Magellan fut le premier touriste en Argentine

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Avant de nous engager sur le « Camino costero », nous aurons le plaisir d’un échange What’sap avec Eulalie et Thomas dont c’est aujourd’hui l’anniversaire commun, (encore plein de bises australes).

Sur ce chemin, d’environ 25km, belle vue sur la baie et ses zones protégées. Nous nous installerons à son extrémité sur Playa Mina, pour bivouaquer, mais le vent, terrible, qui secoue la cellule, nous en chassera à la tombée de la nuit.

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Nous finirons sur la (courte) promenade du front de mer, non loin du monument célébrant les pilotes des Mirages qui, en mai 1982, ont effectué les premiers raids sur les iles Malouines.

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300km Total 4562

S 49° 9’ 22.1’’     W 67° 38’ 6.4’’

Jeu 14 décembre. Jour 21

Ballade dans la baie de Puerto san Julian dans un « zodiac » piloté par le patron de « Pinocho », nous y chasserons (photographiquement naturellement), dans les rires des enfants qui sont de la partie, les Dauphins de Comerson, petits cétacés de  1.50m à la robe pie qui jouent dans les vagues d’étrave des bateaux.

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Mettant pied à terre sur une île qui accueille, en mélange, pingouins de Magellan, gavodas (goelands), et autres « ostreo negro », nous serons surpris du gain de taille des poussins de pingouins par rapport à ceux ce Punta Tumbo, et étonnés par la violence apparente qui règne : chacun protège ses petits, et les petits ne sont pas les moins agressifs quand un adulte « étranger » les approche trop.

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Un peu plus loin, une petite île abrite une colonie de cormorans, de deux espèces différentes, qui se pressent sur leur tas de guano.

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Nous finirons la journée par le parc de Monteleone, bien décevant : au bout des 25km de piste, une partie des routes côtières sont fermées, l’accès à la « pinguineria » ferme à 17h et le camping n’existe plus, pas bien grave pour nous sauf qu’il est interdit de dormir dans le parc. Le site est cependant superbe, avec ses falaises d’argile qui surplombent les immenses plages, son île au guano et son cap « cabezza del leon » qui abrite une petite colonie de lions de mer.  Particularité : c’est un site constitué de dalles très pentues qui ne permettent pas d’établir une zone de reproduction, et sert de lieu de repos où ne viennent pas les mâles, mais uniquement les femelles et les jeunes adultes. Nous aurons du plaisir à observer les jeunes qui tentent de remonter la pente pour atteindre l’abri du surplomb où se prélasse la troupe, mais sont rattrapés par les vagues , glissent sur les dalles et roulent dans l’eau.

Pas de photos, hélas, j’ai trop tiré sur la batterie et l’appareil s’est mis en sécurité.

Bivouac au milieu de nulle part, en bord de route 3, à côté d’un véhicule analogue au notre, immatriculé en Hollande. Pas de signe de vie, ils doivent être couchés, et nous ne les verrons pas plus le lendemain. Le vent est toujours aussi violent, les premières gouttes de pluie arrivent et la température a chuté de près de 10° (7°/19° maxi)

S 50° 37’ 18.6’’    W 69° 21’ 44.2’’

Km 255 Total 4817km

Vendredi 15 décembre. Jour 22

Nous poursuivons toujours plein sud sur la route N°3, jusqu’à Rio Gallagos. Ville sans grand intérêt, assez active cependant, difficile de s’y garer. Un commerçant, fort obligeant, nous propose sa cour pendant que nous partons en chasse d’une connexion internet. On essaye deux cafés, qui ont bien la wifi, mais dont l’accès internet ne fonctionne pas, et on laisse tomber, on a du boulot : il faut cuisiner tout ce qui peut l’être, les produits frais étant bloqués à l’entrée au Chili. Nous  laissons le reste à la boutique qui nous a accueillis, et la commerçante nous en remerciera avec effusions… ça ne m’empêchera pas, au prochain apéro, de regretter mon saucisson lâchement abandonné en cours de route.

Pourquoi passer au Chili ? Pour tout ceux qui n’ont pas la carte de la Patagonie en tête, on précisera que, lors de négociations avec le Chili en 1843, la Terre de feu a été comme sectionnée par une frontière Nord/ Sud rectiligne purement artificielle, au niveau de l’entrée atlantique du détroit de Magellan, la partie est, capitale Ushuaia, attribuée à l’Argentine, sans communication terrestre avec le reste du pays, l’ouest étant chilien. Pour atteindre Ushuaia, il faut donc passer la frontière chilienne à Monte Aymond , puis traverser le détroit de Magellan et de nouveau, la frontière.  Bien plus tard, en 1978, et suite à un conflit avec le Chili tranché par référendum, les îles au sud du canal de Beagle lui furent concédées.

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Peu avant la frontière, nous faisons un saut à Laguna Azul, petit lac de volcan avec un double cratère. Nous y retrouverons nos hollandais. Ils comptent y rester, pour consommer toutes leurs réserves. A quoi tiennent les programmes de voyage !

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Alentour, des espèces de fleurs qui nous sont inconnues.

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Nous entamons la « route du bout du monde », et atteignons la frontière.

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Les formalités y sont expédiées en ½ h : dans un même local, 4 guichets, police et douanes pour chaque pays, on passe de l’un à l’autre et  le ticket de suivi s’enrichit d’un coup de tampon à chaque guichet.  Dernière obligation : la visite du véhicule pour  le contrôle sanitaire, expédiée rapidement.

Arrivés au bac, nous sommes chanceux, la queue est courte (pas pour les camions) et le bac arrive très vite.

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Nous embarquons à 17h  pour une traversée de moins de 30 mn, paiement à bord, avec un taux de change très désavantageux lorsqu’on paye en monnaie argentine, mais comme il n’y a pas de banques entre la frontière et le détroit, ils savent ce qu’ils font. Le prix reste cependant raisonnable :35€ pour un camping car. Du bac, accompagnés par des dauphins de Comerson, nous apercevons l’entrée du détroit, côté Atlantique.

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Nous ferons halte pour le plein de carburant à la première bourgade,  Cerro Sombrero, trou intégral mais où pullulent les pick ups des sous traitants de l’exploitation pétrolière. En sortie de station, inattendu, nous serons abordés par un français, surpris d’y trouver notre cellule Touareg. Présentations faites, il s’agit d’un couple breton, les Vicogne, qui voyagent dans une cellule identique, montée sur un pick up Isuzu par les frères Jaillot, quelques semaines avant la nôtre !

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Nous prendrons naturellement l’apéro (un peu maigre, la cambuse est vide) pour partager nos expériences et découvrirons que nous avons eu des démarches parallèles : nous avons, à la même époque, testés nos véhicules en Islande !!

Cerro Sombrero, donc, est un trou, mai possède un petit camping et surtout une bibliothèque équipée d’un serveur fonctionnant en permanence. Garés tout contre, on aura l’accès internet toute la nuit, on blogue, le rêve….

Km 327  Total   5441

S 52° 46’ 27.5’’   W 69° 17’ 13.7’’

Samedi 16 décembre. Jour 23

Traversée bien monotone de  la partie chilienne de la Terre de feu.

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La steppe, qui jusque là présentait un tapis de broussailles persistantes en mélange avec des graminées est maintenant rase, on y voit encore des moutons, quelques guanacos, mais moins fréquemment, et des oies, dans les zones humides.

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Frontière au milieu de nulle part, avec un grand nombre de voitures venant d’Ushuaia. De notre côté, nous sommes seuls. C’est moins bien organisé qu’à l’entrée, les flux entrants et sortants aux mêmes guichets. Il nous faudra  45 mn  côté Chilien, et 15km plus loin, 15mn côté  Argentin.

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Arrivés à  Rio Grande, grande ville plaisante en bord de mer, siège d’une grosse base militaire, avec de nombreux commerces et supermarchés, nous nous réapprovisionnons. La région est devenue un haut lieu de la pêche à la mouche, suite à l’introduction de plusieurs variétés de truites par un américain, dans les années 30, mais nous ne savons pas attraper les mouches….

L’après midi, direction Ushuai. Pas de problème de navigation, c’est tout droit, par la  RN3. Après Punta Maria l’environnement évolue : L’altitude s’élève (raisonnablement, on ne dépasse pas 400m..) et nous rencontrons les premiers arbres après plus de 3000km. Etrange cependant, la proportion d’arbres morts est considérable, de très nombreux sont couverts de barbes de lichen, le tout  prend  un aspect lugubre.

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Nous cherchons l’Estancia Rolito, sur la «  route complémentaire A » et y parvenons après 14km d’une très jolie piste à travers la forêt.

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Petite, elle semble déserte, jusqu’à ce que nous trouvions deux personnes en train de s’activer dans un potager, derrière le bâtiment principal. La charmante propriétaire, dans un excellent français, confirme qu’ils fonctionnent bien comme un gîte, regrette de ne pouvoir nous recevoir pour dîner, la cuisinière étant de repos, mais accepte que nous y passions la nuit. De notre conversation, nous retiendrons que les espèces endémiques, proches du hêtre, ne parviennent pas à s’ancrer dans un sol dont la couche d’humus est peu profonde et sont arrachés par le vent, sans que les lichens ne contribuent à ce phénomène.

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Face à notre étonnement de voir à nouveau des vaches dans les pâturages, elle nous expliquera que, comme la plupart des « estancieros », ils ont dû renoncer à l’élevage des moutons en raison des pertes dues aux chiens errants. A l’entrée de l’estancia, nous remarquerons un panneau invitant à protéger les chiens qui protègent les troupeaux des attaques de chiens. Qui à dit « la vie est ironique ? »

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Belle nuit, 6/13° et vent de folie.

Km 301 Total 5742

S 54° 17’ 3.8’’  W 67° 3’ 17.5’’

Dimanche 17 décembre. Jour 24

A la descente, halte devant un groupe de ces autels qui jalonnent toutes les routes en Argentine. Il s’agit de la manifestation visible de la vénération dont témoignent les argentins pour « Gauchito Gil », jeune déserteur durant la guerre qui opposait, après l’indépendance, les fédéralistes aux constitutionnalistes sur le grave sujet des institutions (fédération de provinces égales ou nation jacobine dirigée de et par Buenos Aires ?) Gauchito Gil, donc, version locale de Robin des bois, rançonnait les riches pour donner aux pauvres. Capturé, son exécution donna lieu à un miracle. (T’as vu, Paulo, il y a des Gil partout. On va t’offrir une panoplie de gaucho pour Noël.)

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Nous atteignons, par une longue piste, le Lago Yehuin. Bel endroit, désert, avec nos premiers sommets enneigés dans le lointain.

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A Tolhuin , nous recroisons les  Vicogne, dans la cafeteria de la station YPF, hâvre des accros d’internet.

Pique nique à Puente Yuco  sur le lac Fagnano, puis  Route 3 par le col  Garibaldi (400m !). Nous nous engageons sur la route 18 le long du canal de Beagle, chargeons une jeune stoppeuse qui s’est faite larguer par son jules au croisement vers Puerto Almenza, (l’infâme salaud), dépassons l’ estancia Harberton, croisons plus loin le jules qui réembarque sa copine. On n’aura pas tout compris, mais conclu : l’Argentin n’est pas qu’un danseur de tango, il a aussi le sang chaud…

Le canal de Beagle est somptueux. Bivouac à 10km de l’estancia Moat, en bord de piste.

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S 54° 56’ 29.2’’   W 66° 52’ 59.4’’

Lever du soleil 4h43.  Coucher 22h03  5°/14°

287km Total 6029

  Lundi 18 décembre. Jour 25

De bon matin, le canal de Beagle est toujours aussi somptueux.

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Nous avons décidé d’aller jusqu’au bout du bout : l’estancia Moat est située sur le rio Moat, qu’on franchit par un pont rustique, à la fin de la route provinciale « i » et du canal de Beagle, sur l’Antarctique.

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En fait d‘estancia Moat, il ne subsiste qu’une maisonnette  portant la mention « Estancia Santa Clara. 1914 », quelques chevaux et, sur la pointe, une station météo. Nous y pénétrons et le jeune gardien, ravi de la visite, (il doit en avoir 3 par an), nous accueille chaleureusement et nous présente son compagnon de pause café, sans doute le propriétaire de l’estancia, célèbre pour avoir sauvé des naufragés au prix d’une course à cheval de 3 jours.

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Il nous commentera ensuite le panorama au sud, l’île « Picton », et sa forme d’homme couché, et les petites  iles « Nueva » et Lennox, toutes trois rendues au Chili en 78. Au-delà, les îles du Parc National du Cap Horn. Plein est, le long de la côte, le phare de la Punta Falsa.

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Heureux d’avoir égayé leur journée, nous rebroussons chemin jusqu’à l’estancia Harberton.

 

Indépendant depuis 1816, et sous la coupe de caudillos pendant presque tout le XIX° siècle, l’Argentine s’engagea à partir de 1879 dans la « Conquista del desierto », campagne militaire visant à nettoyer les frontières de la partie colonisée du pays. Dans ce cadre elle envoya en 1884 une frégate en Terre de feu pour reconnaitre les rives du Canal de Beagle. Son équipage aura la surprise d’y découvrir une mission, dirigée par un pasteur anglais, Thomas Bridge, tête de pont de l’expansionnisme britannique. Celui-ci, orphelin adopté par des missionnaires, avait grandi aux îles Malouines où il apprit la langue Yamana. Suffisamment convaincant, lors de séjours en Angleterre,  pour rassembler les fonds nécessaires à l’établissement d’une mission en Terre de feu, il parvint ensuite, avec sa famille, a évangéliser en 15 ans un millier de membres de l’ethnie Yamana, auprès desquels il sut établir un climat de confiance et d’échanges, lui permettant, entre autres, de compiler un dictionnaire de 32 000 mots Yamana, unique en son genre.

Bref apparté : la Terre de feu était peuplée au XIX° siècle  de 4 ethnies réparties en petits groupes familiaux, vivant dans des conditions pré « âge de fer », de la pêche de coquillages et de la chasse aux phoques et pingouins pour les uns, de l’élevage de guanacos pour les autres, plus au nord. Les yamanas vivaient dans la partie sud est, dénués de tout mais non sans une riche cosmogonie, quoiqu’en ait jugé Darwin, qui participa à une expédition sur le canal de Beagles et les qualifiait de « sous hommes sans spiritualité »…

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En témoignage de reconnaissance pour son action, et souhaitant sans doute l’éloigner d’Ushuaia, dont la construction sera entreprise à cet endroit afin d’établir l’autorité sur la région, le gouvernement offrit à Thomas Bridges de s’installer sur un autre lieu, à sa convenance. Il choisira ce qui deviendra l’estancia Harberton, du nom du village natal de son épouse : 20 000 hectares, 75 km à l’est, sur la rive nord du canal de Beagle.

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La famille Bridges, y construira sa maison, importée d’Angleterre.

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Elle développera une exploitation moderne, spécialisée dans l’élevage de moutons et le bucheronnage, qui occupera une cinquantaine de personnes et fonctionnera jusque dans les années 2000.

Complètement autonome du fait de l’isolement, elle aura  ses propres moyens de navigation pour assurer l’approvisionnement et l’expédition des produits, ainsi que la transhumance vers les pâturages d’été dans les iles de l’archipel. Désenclavée depuis 1978 et la construction de la route « i », elle est aujourd’hui entièrement tournée vers le tourisme. On y visite l’exploitation, dont le bâtiment où s’effectuait, en série, la tonte des moutons, et le parc, la maison restant réservée aux propriétaires, descendants des fondateurs.

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Thomas Bridges, lui, mort en 1898, aura sans doute eu la douleur de constater les effets concrets de la « Conquista del desierto » : l’extermination des populations indigènes, obstacles à la colonisation, par l’armée argentine. Ils seront remplacés par des colons bien plus sympathiques : les bagnards, qui construisirent la ville.

Petit saut à Puerto Almenza, qui a dû connaitre de meilleurs jours grâce à la pêche des crabes royaux, complètement éteint et misérable aujourd’hui : les pancartes mettant en garde contre la  Maria Roja, une algue toxique, en sont elles l’explication ?

Et enfin, Ushuaia la mythique.

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Bivouac à côté de la patinoire. S 54° 48’ 51.0’’   W 68° 19’ 14.0’’

Km 160 Total 7902

Soleil 4h41 / 22h08      9°/15° 

Mardi 19 décembre. Jour 26

Ushuaia, se veut la ville du bout du monde. C’est inexact, car c’est en réalité l’apanage de Puerto Williams, sur la rive sud du canal de Beagles, un gros casernement autour d’une base navale chilienne.

Rendue célèbre en France par Nicolas Hulot, Ushuaia est devenu un passage obligé pour la jet set, mais aussi pour les routards du monde entier. Elle y a gagné la prospérité économique grâce à une forte activité commerciale tournée vers l’ « outdoor » et la montagne, qui font ressembler l’artère principale, la rue San Martin, à ses cousines des stations alpines (salaisons et fromages en moins..) et on y trouve même un « Hard Rock Café » et des promeneurs de chiens, comme à la capitale.

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Son attrait est  unique puisque des bateaux de croisières (même des français…) mouillent dans le port de cette station de treks, à deux doigts de l’Antarctique. Elle y a perdu son charme originel, défigurée, sur le front de mer par le casino, vilain bâtiment de béton face au ponton du part de plaisance.

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Elle a néanmoins conservé quelques maisons qui permettent d’imaginer ce qu’était Ushuaia avant Nicolas H.

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Et le remorqueur, échoué dans le port depuis 1954, reste le symbole le plus connu de la ville, surveillé par les goélands.

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Notre journée sera utilitaire : courses, laverie, cartes postales, internet, la routine quoi….On aura quand même le temps de faire un tour en ville et de visiter le musée maritime. Ce musée, qui rassemble au sein d’une base navale  plusieurs musées thématiques, est géré par une association à qui l’état, trop heureux, a concédé l’exploitation de l’ancienne prison. Ushuaia a en effet accueilli trois établissements pénitentiaires, prison « ordinaire », récidivistes, et bagne militaire. Ce dernier, établi dans l’ile des Etats, a été transféré en 1902 vers Ushuaia pour raisons « humanitaires », on en imagine les conditions effroyables…

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Regroupés dans cet établissement, les bagnards construisirent leur prison ( sans clôture, où auraient ils pu aller?), puis la ville, et en assurèrent l’alimentation en bois de chauffage jusqu’en 1947, date de la fermeture du bagne. Une aile a été conservée « dans son jus », comme disent les agents immobiliers qui veulent vous vendre une ruine, les autres abritent des expositions dont une, passionnante, de maquettes des navires qui explorèrent la région et l’Antarctique.

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Les bagnards étaient transportés jusqu’aux coupes de bois par un petit train à voie étroite, qui fonctionne encore pour les touristes, et les conduit au coeur du Parque Nacional Tierra del Fuego.

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Bivouac à la gare du petit train

S 54° 49’ 54.3’’   W 68° 25’ 26.5’’’

Km 37 Total 7939

Soleil 4h39 / 22h09      12°/18°

Mercredi 20 décembre. Jour 27

Visite du Parc. Matinée scrabble, il tombe des cordes. Nous braverons les intempéries l’après midi, pour suivre le sentier « Hito XIV » le long du lac Acigami (ex Roca) . Très belle ballade de 3h dans une superbe forêt, qui se terminera à la balise , bien symbolique, marquant la coupure artificielle Nord/Sud avec le Chili .

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Et les vues sur le lac, à deux heures d’intervalle, montreront combine le temps change rapidement en Terre de Feu!

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Nous nous rendons jusqu’à Bahia Lapataia, à l’extrême ouest du parc. Au passage, nous constaterons les dégats causés par les castors : 25 couples ont été importés du Canada en 1946 dans l’intention de développer une activité pelletière. Sans prédateurs, ils se sont multipliés et ont colonisé toute la Terre de feu, ravageant le lit des rios, les espèces de faux hêtres présents dans la région ne supportant ni les coups de dents des rongeurs, ni l’immersion de leurs racines dans les retenues d’eau derrière les barrages créés par les castors. Et, ironie toujours, la qualité de la peau des castors de la région les rend impropres à l’industrie de la fourrure, qui est par ailleurs bien mal en point.

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A Bahia Lapataia, fin de la route N°3 (Buenos Aires : 3079km), belle vue sur la baie et, dans le lointain, les iles du Canal de Beagle.

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Bivouac au camping de laguna Verde, avec les oies.

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S 54° 50’ 44.0’’   W 68°34’ 47.8’’

Soleil 4h37 /22h11

Km 20 Total 7959

Ce message est expédié de Ushuaia, que nous quitterons demain.

JOYEUX NOEL A TOUS
Agnès & Patrice