Archives mensuelles: mars 2018

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A Guy, qui s’intéressait à tout…

Dimanche 25 février. Jour 95

Temps couvert, on ne s’attardera pas à Purmamarca, tant pis pour les « 7 colores », elles sont peu visibles.

On file à Salta, jusqu’au camping municipal, que nous avions apprécié à l’aller. Déjà beaucoup moins de monde, les vacances sont finies.

Déjeuner en ville, séance internet, puis visite du MAHAM, le Musée d’Archéologie de Haute Montagne, qui était fermé lors de notre premier passage.  Il présente en alternance 3 momies du XV°, celles d’une adolescente et de deux enfants, garçon et fille, découvertes en1999 à 6500 m d’altitude, sur les pentes du volcan  Liullaillaco .  Ces restes témoignent des sacrifices humains qui étaient pratiqués sous l’empire Inca, bien loin de l’image sanglante que nous en avions, suite à de mauvais romans (poitrines fendues par des couteaux d’obsidienne, cœurs arrachés..). Il s’agissait en fait d’enfants de l’élite inca sélectionnés pour leur beauté, endormis par un breuvage ad hoc lors de cérémonies grandioses et que l’on enterrait vivants entourés d’objets sacrés, à une altitude où  le froid les condamnait mais assura également la conservation des tissus pendant les 400 ans qui précédèrent leur découverte.  Pour les  incas, et pour les peuples qu’ils avaient soumis et convertis, il ne s’agissait pas d’un meurtre, mais bien d’un sacrement dans un lieu symbolique que cette union avec l’Inca, la divinité incontournable.

Nous terminerons par la visite de la  cathédrale. Chœur un peu chargé, pas encore churrigueresque, comme au Mexique mais on s’en approche.

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Km 185  Total  19046

S 24° 48’ 47.5’’  W 65° 25’ 09.7’’  Altitude 1211m

Lundi 26 février. Jour 96

On a décidé de buller, grasse mat, lessives, internet en ville, et même un DVD d’un vieux polar américain avec Paul Newman, impérial. Mais le  film, « la toile d’araignée »  est bien moyen…

Mardi 27 février  Jour 97

Courses à Carrefour. Ils ferment leurs magasins en France mais se développent ailleurs…

Route vers le nord pour une étape de liaison, comme l’écrivent les commentateurs du Tour de France (je l’ai peut être déjà faite ?). On oublie bien vite les collines boisées qui faisaient le charme de Salta pour aborder une plaine très agricole.  Nous y longerons un parc à bestiaux contenant des milliers de bêtes. Il s’agit sans doute d’un terminal d’expéditions, routier ou ferroviaire. Comment les nourrissent-ils ?    Question existentielle par  31° de température..

Morne plaine, nous bivouaquerons près de la  station ACCA , à Tacco Pozzo

S 25° 37’ 10.4’’ W 63° 16’ 20.6’’

Km 347  Total 19393

Mercredi 28 février. Jour 98

Après Taco Pozzo, 100 km de route très endommagée, vraisemblablement par les nombreux camions de bois qui l’empruntent. Ils sont chargés  d’un bois rouge non utilisable en bois d’œuvre vu la longueur des grumes  et les crevasses qu’elles présentent. On verra plus loin d’énormes huttes de forme hémisphériques, chacune surmontée d’un panache de fumée, telles des fours de charbonniers. Nous comprendrons qu’il s’agit de la production du tanin à partir du quebracho, le « bois de hache » ainsi nommé pour sa dureté, tanin utilisé dans le traitement des peaux.

Mauvaise surprise, en fin d’après midi plusieurs voyants s’allument simultanément au tableau de bord. Arrêt immédiat. Au redémarrage, un seul restera allumé, puis s’éteindra au redémarrage suivant. Le moteur tourne rond, la température d’eau est normale. S’agit-il d’un coup de chaleur ? Il fait 34°. Il faudra s’en assurer.

On continue donc jusqu’à  Resistancia, qui tire son nom de l’époque où elle résista aux assauts des « indigènes ». Nous y trouverons assez facilement un garage Ford. RV pour demain, on en profitera pour faire une révision.

Bivouac au camping municipal, dans le parc « 2 de febraio », sous de curieux arbres dont le tronc a la forme d’une gourde,  les « palo boracho »

S 27° 26’ 14.6’’  W 58° 59’ 05.0’’

Km 495   Total 19888

Jeudi 1° mars Jour 99

Promenade dans la ville, ville de culture qui organise une biennale d’arts plastiques fort courue internationalement, où les artistes sélectionnés disposent d’une semaine pour réaliser leur œuvre sur place. Plus de 500 œuvres ornent les carrefours  et les places de cette ville au plan colonial, avec ses grandes avenues arborées se coupant à angle droit.

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L’après midi, longue attente au garage Ford pour y faire une révision complète, un nettoyage moteur, l’inversion des roues AV et AR, car, bien que fonctionnant en propulsion, l’usure des pneus est plus rapide à l’avant…  On en profitera pour faire rééquilibrer les roues, on ressentait une légère vibration au-delà de 85 km/h, et régler le  parallélisme, le train avant ayant été fort chahuté sur les pistes.

Les meccanos ne trouveront aucun défaut électronique, l’alerte d’hier était donc vraisemblablement due à un coup de chaleur, sur une mauvaise route.

Bivouac inchangé. Demain, visite de Corrientes, autre grande ville à seulement 20km…

Vendredi 2 mars Jour 100

Corrientes, dont le nom provient des violents courants qui agitent le rio Parana, capitale de la province du même nom, au centre riche en immeubles néoclassiques : gouvernement provincial, préfecture de police, palais de justice…

Une manif se prépare car la rue principale est barrée et les rues grouillent de policiers aux uniformes divers. Nous remarquerons même dans les forces anti émeutes de ravissantes jeunes filles dont l’air guerrier les indique prêtes à la baston…

Plus serein, un employé de l’office du tourisme passera une demi-heure, face au plan de la ville, à nous en compter l’histoire. Il regrettera pour nous que la clôture du carnaval ait eu lieu le week end précédent. La fête, au sambodrome en périphérie de la ville, a réuni 3500 danseurs et 17000 spectateurs.. Dommage, on se consolera en admirant les fresques, réalisées en ciment coloré selon une technique mexicaine, qui ornent quelques murs du centre ville. Belles, mais si loin du spontanéisme valparaisien..

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Faute de carnaval, nous reprenons la route vers Posadas, en traversant d’une seule ligne droite une interminable plaine aux grasses prairies, paradis de la gent bovine, bientôt remplacées par des cultures d’Yerba Mate, dont les argentins, chiliens et autres uruguayens font une consommation colossale, chacun se promenant avec son pot, son thermo d’eau bouillante et sa pipette, pipettes qui tournent dans les groupes au gré des envies de chacun, dans un partage à haute valeur sociale et faible garantie sanitaire…

Nous ferons halte à Ituzaingo, au camping  El Mirador.  Bivouac de rêve que cet immense camping avec sa plage en bordure du rio Parana. Ce sera notre premier bain depuis bien longtemps.

A cette occasion, quelques mots sur les campings, en Amérique du sud en général, en Argentine en particulier. Toujours équipés de dizaines de barbecues en brique et de tables en béton, ils sont complets les week ends, fleurant bon la viande grillée, et quasi vides en semaine. En ville, souvent municipaux, couplés avec des installations sportives ou une piscine,  peu chers et à effectifs pléthoriques, ailleurs en général privés, et plus chers. Ils ont en commun d’être bien nettoyés, allées ratissées, sanitaires lavés à grandes eaux, mais mal entretenus, le matériel endommagé n’étant pas remplacé, les pommes de douches et les verrous de porte souvent absents. Quant aux installations électriques, elles pousseraient au suicide un contrôleur des APAVE.

On y a même vu des douches dont le chauffage de l’eau était assuré par une résistance incorporée à la pomme  et dont l’alimentation électrique était réalisée via un domino nu, placé sur la pomme à 5 cm du curseur de réglage de l’eau chaude. Attention où on met les doigts quand on est sous la douche et que l’eau est trop chaude…

Pour la 1° fois, nous sortons tables et chaises du coffre arrière. Rude épreuve, tout est enrobé de la poussière des pistes, il faudra une demi- heure de nettoyage pour pouvoir les utiliser. Pas bien grave, l’apéro sous les pins permettra le rinçage de glotte indispensable.

S 27° 32’ 46.2’’  W 56° 40’ 20.2’’

Km 290  Total  20178

Samedi 3 mars Jour 101

Nous serons vite à Posadas, capitale excentrée de la province « Misiones » (Missions), et ville frontière avec le Paraguay. Sur les rives du rio Parana, son centre a un petit air de Manhattan, on ne s’attendait pas à ça.

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Nous avons prévu de visiter les missions jésuites du sud du Paraguay, avant de revenir vers celles situées en Argentine.

Contournement autoroutier de Posadas, il nous faudra ensuite 2 heures de queue pour atteindre le poste frontière, vu l’affluence, les argentins, comme à la frontière bolivienne, allant faire leurs courses à l’étranger. Les formalités, de part et d’autre du pont de 3 km qui enjambe le Parana seront heureusement rapides, et nous traverserons Incarnacion, ville jumelle de Posadas, dont la zone frontalière n’est qu’un gigantesque centre commercial.

Un saut dans un DAB (merci OSM) et nous  quitterons Incarnacion, sans regrets, pour nous diriger vers Trinidad, où se situe l’une des plus importantes « Reduccion ».

Reduccion, ques aco ?

Fondé en 1509 par le capitaine Ignace de Loyola, la Compagnie de Jésus, ou Ordre des Jésuites envoie ses missionnaires dans le monde entier. Dès 1549 ils arrivent au Brésil, (en 1580 ils seront au Japon!) dans l’intention d’évangéliser et civiliser les « sauvages anthropophages »  qui y vivent, les Guaranis. Ceux-ci sont victimes du système colonial en vigueur, l’ « encomienda », qui permet aux colons espagnols et portugais de les rafler et d’en faire des esclaves. Suite aux interventions d’un père jésuite auprès du roi d’Espagne, ce régime est aboli en 1609. Les jésuites se voient  par ailleurs confier la mission d’administrer la région sous l’autorité directe du roi.

Ils construisent immédiatement la 1° « Reduccion », établissement où sont rassemblés, autour d’une église, des Guaranis que l’on sédentarise dans des cases rapidement construites selon les techniques locales, en leur attribuant une parcelle de terre. Ils sont  associés à l’administration de l’exploitation via le « Cabildo », le conseil, dirigé par un cacique, où  siègent un représentant de chacun des 15 à 20 « villages » qui y sont regroupés. Dans l’enthousiasme, les conversions vont bon train.

Entre 1620 et 1630, le nombre de reduccions ne cesse de croitre grâce à l’intérêt des Guaranis pour le catholicisme et la véritable utopie sociale développée par les jésuites. Chaque réduccion comporte en effet des terres distribuées, mais aussi des terres collectives dont l’exploitation est faite par les résidents à raison de deux jours par semaine, ainsi que des ateliers d’artisanat dont le produit va à la collectivité, assurant sa prospérité. Tout ne se fera pas dans la joie, certaines reducciones connurent des échecs momentanés, des retours vers la forêt, mais la dynamique était enclenchée et on vit même des Guaranis bâtir des églises et partir à la recherche de missionnaires pour les consacrer.

Dans leur fonctionnement quotidien, les reducciones étaient soumises à des règles très strictes, régissant les horaires consacrés à la liturgie, à l’étude, aux activités artistiques au travail dans les champs et les ateliers, et même à l’accouplement ( ! ). Les zones réservées aux prêtres n’étaient pas accessibles aux Guaranis, à l’exception des membres du Cabildo, et un bâtiment, sous double clés, abritait les veuves, les femmes célibataires, celles dont les compagnons étaient absents et les femmes adultères. On a beau défendre une utopie sociale, il ne faut pas rigoler avec les bonnes mœurs…

Nous serons surpris  par ailleurs d’apprendre que chaque reduccion n’abritait pas plus de 2 ou 3 missionnaires, parmi les milliers de Guaranis. Belle évidence de l’autorité spirituelle des jésuites.

1° alerte en 1631, les Portugais et métis voisins, les paulistes, reprennent leurs raids et causent en 5 ans la mort  ou la mise en esclavage de  dizaines de  milliers de Guaranis (on parle de 300 000, ce qui parait beaucoup, vu la densité de population). Certaines missions seront déplacées vers le sud et les cases, trop sensibles aux feux grégeois, seront remplacées par de longs bâtiments maçonnés.

Les Guaranis  se rebellent et préparent, armés par les jésuites, la contre attaque. En 1641 une flottille de 450 embarcations armées par 2500 portugais et paulistes et soutenue par 1500 guerriers en provenance du Brésil descend le rio Mborere pour razzier les missions. 700 Guaranis sur 70 pirogues, suivis par 3500 guerriers sur les rives leur barrent la route, et les écrasent. Ce fut la première bataille jamais menée par des amérindiens sur ce continent, elle assura 130 ans de paix.

L’âge d’or des « reduccions » s’étalera de 1700 à 1750, période au cours de laquelle une trentaine d’établissements seront construits sur les territoires actuels de l’Argentine, du Brésil et du Paraguay, grâce aux talents d’architectes des jésuites et à l’excellence de la main d’œuvre guarani.

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Leur population passera de 29 000 en 1647 à 141 000 en 1732. Chaque reduccion  rassemblant entre 1500 et 7000 résidents et se consacrant à l’élevage et aux cultures vivrières, mais également à celle de l’Yerba Mate, dans une forme d’autogestion révolutionnaire.

Mais les Bourbons remplacent les Habsbourg sur le trône d’Espagne, et la nouvelle dynastie voit d’un très mauvais œil la puissance croissante de cet état dans l’état. En 1759, Ferdinand VI, aux capacités intellectuelles très limitées, succède à Philippe V. Sous l’influence de son épouse, la portugaise Barbara de Bragance, et avec le support de Rome, il signe le traité des « Limites », qui attribue au Portugal le territoire des Misiones.

Les Guaranis reçoivent l’ordre de quitter les « reducciones ». Ils refusent, se révoltent en masse, s’allient à leur frères non convertis, entament une guérilla, et seront finalement écrasés par l’artillerie espagnole. Ceux qui auront survécu  seront déportés.

Cet épisode est le sujet du grand film de Joffé, « Mission », (très beau rôle de père jésuite pour Jeremy Irons, qui y éclipse De Niro).

Il s’ouvre sur le sacrifice d’un des premiers missionnaires jésuites, précipité crucifié dans les chutes d’Iguazu par les Guaranis avant leur conversion, et se termine sur la fuite d’enfants Guaranis rescapés du massacre, lors de l’attaque des missions par l’armée espagnole. Ils  n’emporteront dans leur pirogue qu’un violon, seul vestige de ce que leur avaient apporté les jésuites. Qui a vu cette scène, avec émotion, n’a sans doute pu l’oublier…

Quant aux jésuites, on l’a vu à Cordoba, ils seront expulsés d’Amérique du sud en 1767 et leur ordre sera bientôt dissout par Rome.  Les reducciones seront confiées à d’autres ordres missionnaires, péricliteront et seront pour la plupart détruites lors d’un conflit avec le Paraguay en 1817.

Trinidad, donc, première de nos « reducciones », sous un ciel qui tourne à l’orage. Les dimensions de cette mission, centrée sur sa place et son église, autour de laquelle s’articulent cloitre, collège, logements des Guaranis, ateliers, vergers et potagers, laissent rêveur.

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Nous prendrons ensuite la route de Jesus de Tavarangue, à une dizaine de km au nord. La route, les pistes, les véhicules, les rios, tout est rouge de cette couleur de latérite que l’on trouve également en Afrique.

L’orage nous surprendra en route, diluvien, et nous nous réfugierons dans le village, pour y passer la nuit.

Km 150 Total 20328

Température 20/31°C ( après l’orage, 19°….)

Dimanche 4 mars. Jour 102

Le début de nuit sera pénible, il semble que nous nous soyons garés à côté du club des  bikers locaux, leurs pétoires ont tourné toute la soirée..

Visite donc de la reduccion de Jesus de Tavarangue. Elle présente trois spécificités : elle est implantée dans un endroit superbe, dominant une large vallée, elle a été dessinée par un jésuite espagnol qui a orné certaines des portes de l’église de chapiteaux pseudo mauresques, et elle n’a jamais été achevée. Cette reduccion  a en effet  été déplacée plusieurs fois, avant d’être installée définitivement en 1750 à son emplacement actuel, et de voir les travaux interrompus par l’expulsion des jésuites.

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Longue route ensuite pour visiter la reduccion de San Cosme & San Damian.. Ses vestiges en sont moins impressionnants que ceux des deux missions précédentes, mais son intérêt réside dans la thématique astronomique qu’y a développée par l’organisme en charge de la gestion touristique. Elle a en effet été le lieu où le père jésuite Bonaventure Suarez, auteur d’ouvrages réputés sur les phases de la lune et la prévision des éclipses, avait installé son observatoire. De jeunes guides enthousiastes nous feront découvrir les diverses installations pédagogiques sur ce thème.

Bien que nous n’y ayons vu que peu de visiteurs, les trois missions paraguayennes, classées au patrimoine mondial de l’Unesco comme toutes celles qui subsistent en Argentine et au Brésil, sont parfaitement entretenues et visiblement très surveillées.

Même impression pour le réseau routier, les quelques nationales que nous auront empruntées sont impeccables. Juste un peu refroidissant, les épaves  de camions qui se sont percutés de face ornent les cours des garages PL, le long de la RN 1.

Avant de quitter le Paraguay, nous recherchons un bivouac dans une cour d’hôtel à une quinzaine de km d’Encarnacion. Ils peuvent changer de métier, ça leur rapportera plus que l’hôtellerie : nous paierons 100 000 guaranis  (~16€) pour une place de parking quand la chambre est à 240 000…

Mais au moins on n’est pas en bord de route, dans une zone frontière.

Km 247 Total 20575

Hôtel Museo del Sur

S 27° 17’ 24.6’’  W 55° 55’ 09.4’’

Lundi 5 mars. Jour 108

Passage rapide de la frontière, très peu de queue ce matin. Contournement de Posadas par une belle 4 voies et nous prenons la route N°12 vers Iguazu. Les champs de Yerba Mate, principale culture de la région, sont maintenant remplacés, dans une région de collines à la végétation luxuriante, par des forêts de résineux que l’on a substitué à la forêt primaire.

Arrêt à une trentaine de km, à Santa Ana. Cette reduccion fut fondée au Brésil en 1633 puis déplacée deux fois, en raison des attaques paulistes, jusqu’à son emplacement définitif. Elle n’a pas subi de travaux de reconstitution, mais est maintenue en l’état, et permet une agréable promenade dans ses ruines, à l’ombre, c’est l’avantage de ne pas avoir abattu les arbres qui avaient recolonisé le site ! La maquette permet d’en visualiser les dimensions, supportée par les commentaires passionnants d’un jeune guide sur la vie dans les missions.

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Quelques km plus au nord, la reduccion de San Ignacio Mini est celle qui a donné lieu aux plus grands travaux de reconstitution, on y visite aussi un intéressant centre d’interprétation, riche de reconstitutions virtuelles.

Une gravure d’époque permet d’en apprécier l’implantation.

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Remarquable en est le porche de l’église monumentale dont les sculptures ont été exécutées par les artisans guaranis.

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Nous terminerons notre journée, 80 km plus au nord, dans le très joli camping « Club de Pesca », à Puerto Rico, sur les rives du rio Parana. Il nous fait réviser notre jugement sur les campings argentins : Il est au top..

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Sur l’autre rive, le Paraguay

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Km 166 Total  20737

S 26° 47’ 28.48’’     W 55° 0’ 53.48’’    Température 20°/31°

 

 

Mardi 6 mars. Jour 109

L’Argentine, dans son extrême nord, comporte une étroite région, d’une centaine de km de large, presque une excroissance, limitée par les rio Parana et Uruguay qui coulent sensiblement Nord Est / Sud Ouest avant de se rejoindre au niveau de Buenos Aires pour former le rio de la Plata.

Cette zone, qui comporte deux régions administratives, « Missiones » au nord et  « Entre rios », au sud, occupe une position géopolitique unique, puisque le rio Parana forme la frontière Ouest avec  le Paraguay, le rio Iguazu (petit fleuve de 1230 km de long..), qui se jette dans le Parana  forme la frontière Nord avec le Brésil, et le rio Uruguay, forme en partie la frontière Est avec le Brésil.

Sa pointe, connue sous le nom de « région des trois frontières », abrite les villes de Puerto Iguazu en Argentine, Foz de Iguaçu au Bresil, et Ciudad del Este au Paraguay. 225 000 ha, les ¾ côté brésilien, le reste côté argentin, ont été préservés en parcs nationaux et classés au Patrimoine Mondial de l’Unesco. Ils englobent les chutes du rio Iguazu.

Nous poursuivons notre route vers Iguazu, toujours tout droit à travers une forêt tropicale, trop souvent remplacée par des plantations de résineux, et, plus rarement d’eucalyptus.

Arrivée en début d’après midi à Puerto Iguazu, l’entrée de la ville est une large 4 voies, bordée de beaux hôtels aux vastes pelouses, sous les palmiers.

Nous nous installerons aux « Cabanas del Castillo », un gite très agréable, quelques pavillons autour d’une piscine, qui accepte aussi les « cassa rodante », quand il s’en présente.

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Km 172 Total 20909.

S 25° 37’ 09.8’’  W 54° 33’ 43.6’’  altitude 229m Température 34°

Mercredi 7 Mars. Jour 110

A notre demande, la propriétaire du gîte nous a commandé un taxi pour 9h. A l’heure dite il est là et nous emmène à l’entrée du Parc national brésilien des « Cataractas », quelques km après un passage de frontière hyper rapide. Il nous récupérera à 14h30.

Parc relativement récent, remarquablement aménagé pour gérer les milliers de visiteurs qui seront, chaque jour, conduits au bord des chutes par une noria de bus.

Les chutes d’Iguazu résultent de l’apparition d’une faille, il y a 110 millions d’années, lors de la séparation des plaques tectoniques de l’Afrique et de l’Amérique. Cette faille dans les basaltes, d’une hauteur moyenne de 65 m, se forma sur 2700m, 800m côté brésilien et 1900 m côté argentin. Le fleuve Iguazu, d’une largeur de 1200 m ( ! ) en amont des cataractes,  s’étale de part et d’autre de la gorge qu’il a creusé sur le plateau et chute de 80m par une série de sauts, de 150 à 300 « cascatas » selon la saison, avec un débit de 500m3/s en période de sécheresse, jusqu’à 6500 m3/s pendant les crues.

Ces chutes sont plus hautes que celles du Niagara et plus longues que les chutes Victoria, pour qui voudrait classer le tiercé gagnant des plus belles chutes du monde.

Le bus nous dépose à proximité des saltos « Santa Maria » et « Santo Fiorentino », seules cascades côté brésilien mais magnifique vue sur l’amont des chutes, à la verticale de la « Garganta del Diablo » dont le panache de vapeur est visible à des kilomètres.

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Sur les passerelles, les coatis pullulent, en famille, joueurs comme de jeunes chats. Il ne faut pas trop les approcher: ils mordent!

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On atteint  par une passerelle, (les capes de pluie sont bienvenues, vu le brouillard qui nous enveloppe), le pied de cette « Garganta del diablo », la Gorge du diable, gigantesque fosse en forme de fer à cheval qui constitue l’extrémité de la gorge. Le spectacle de ce mur liquide est saisissant, dans un grondement qui décourage toute velléité de conversation.

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En remontant sur le plateau, belles vues d’ensemble sur l’autre rive, côté argentin.

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Après un déjeuner dans un fast food  au terminus des bus, pas terrible, mais avec vue sur le rio, nous visiterons, tout près de l’entrée du parc, le « parc des oiseaux », joli zoo dans une végétation luxuriante, avec même une « cage » aux papillons.

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 Jeudi 8 mars. Jour 111

Affluence aussi grande à l’entrée du parc national argentin des « Cataractas », que nous atteignons en voiture. Plus ancien mais aussi bien aménagé, le transport vers les chutes est assuré par un petit train à voie unique, qui donne accès aux 3 itinéraires  menant aux points remarquables, par des kilomètres de passerelles surplombant les dizaines de bras du rio Iguazu, qui s’étale sur le plateau surmontant la fracture.

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Sur une des passerelles, bouchon: une dizaine de touristes de toutes nationalités filment à 50 cm un petit singe, perché sur la rambarde. Absorbés par le réglages de leurs appareils, bien peu réalisent que le chenapan se donne du plaisir. Je ne prendrai pas de photos, respectant l’intimité de l’animal, je dirai juste qu’il était droitier…

Revenons aux choses sérieuses, les abords de la Garganta del Diablo sont spectaculaires!

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Longue promenade ensuite sur les passerelles, permettant de découvrir l’ensemble des chutes sous divers angles.

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Circuits terminés, nous déjeunerons  sur place dans un immense restaurant « eat all what you can ». Pas de vue sur le rio, mais parilla à volonté, il n’y aura pas photo avec le fast food de la veille.

On retourne ensuite se rafraichir à la piscine du gite, il fait encore plus de 35°.

Km 31 Total 20940

Vendredi 10 mars. Jour 112

Nous quittons Iguazu par la route 12, jusqu’à Posadas, que nous contournons, pour poursuivre vers l’Uruguay. Nous avons en effet renoncé à couper à travers l’extrême sud du Brésil, peu de choses à y voir et des routes secondaires qui ne nous attirent pas.

Pas de surprises sur cette première portion que nous connaissons déjà, la forêt est toujours aussi dense,  forêt primaire dans l’extrême nord, puis plantations, les scieries sont toujours aussi nombreuses, et les échappements des camions de bois aussi malodorants.

Le paysage évolue rapidement lorsqu’on quitte la route 12 pour la 14 qui longe à distance le rio Uruguay. Côté rio, plantations de résineux ininterrompues, à l’ouest, par contre, la pampa où rien n’arrête le regard, sauf le bétail….

Arrêt pour la nuit dans une vilaine station semi abandonnée, au milieu de nulle part. On y dormira bien cependant, malgré la chaleur et les mouvements de camions en début de nuit.

Km 415 Total 21355

S 28° 21’ 28.2’’  W 56° 06’ 49.7’’

Samedi 11 mars. Jour 113

Journée sans autre intérêt que nous rapprocher de l’Uruguay. Plaine sans fin, à une altitude inférieure à 100m, et nous sommes à 800km de la mer ! On comprend pourquoi les fleuves sont larges, lents et méandreux.

Alternance de routes à deux voies et d’autoroutes, ces dernières plus fatiguées par l’important trafic de camions, notamment brésiliens.

Dernières courses dans un supermarché de Concordia, ville frontière, pour solder nos derniers pesos argentins, et bivouac dans la dernière station YPF. On regrettera leurs cafeterias climatisées et leur internet qui n’a jamais fait défaut.

Km 471 Total 21826

S 31° 17’ 41.4’’   W 58° 00’ 22.7’’

Température 36° à 18h

Dimanche 12 mars. Jour 114

Passage de frontière qui nous réserve des surprises : Les douaniers argentins ne parviennent pas à identifier, sur l’autorisation d’importation temporaire du véhicule, que nous devons rendre à la sortie, notre dernier point d’entrée en Argentine, et ne trouvent pas l’info dans leur système. Il faudra un moment, à l’aide des tampons sur les passeports, pour clarifier. Il faut dire qu’on ne les aide pas, on a bien dû franchir les frontières argentines une dizaine de fois..

Côté douaniers uruguayen, pas mieux, pour eux nous ne sommes jamais sortis d’Uruguay, après notre arrivée en novembre…

Aurait- on oublié de rendre l’autorisation temporaire en quittant l’Uruguay à Colonia de Sacramento ? Vraisemblable car l’original est dans nos dossiers. Ils n’en sont pas plus émus que ça, mais décident de ne pas en éditer une nouvelle et de laisser courir l’initiale. Conséquence, la date butoir pour sortir le véhicule d’Uruguay sera la date anniversaire de notre première entrée, le 21 novembre prochain et non le 12 mars 2019 comme prévu. Pas dommageable, si rien ne vient contrarier nos plans de revenir début septembre pour récupérer le véhicule et poursuivre notre voyage vers l’Amérique centrale.

Cerise sur le gâteau, un inspecteur sanitaire uruguayen, désolé mais inflexible, nous fait vider le contenu du frigo à la poubelle. Bien joué, les dernières courses à Concordia pour le remplir !

On dit adieu à notre saucisson, et à ces tranches de jambon Serrano et de coppa qui nous faisaient saliver d’avance…

Nous traverserons rapidement Salto et ses thermes, nationale 3 vers le sud puis nationale 126 plein est pour atteindre Tacuarembo, la patrie des gauchos.

Nous avons choisi cet itinéraire plus long afin d’éviter les éventuelles mauvaises routes secondaires de l’itinéraire direct. On ne sera pas déçus : la N26 est pourrie, ou en travaux pendant 150 km sur les 200 du parcours, les camions de bois pullulent, même en ce dimanche et le paysage, riant et très agricole au début, devient vite monotone, une pampa desséchée, où moutons et vaches semblent errer tristement.

Seul point positif, le temps est très couvert, parfois bruineux, et la température a chuté d’une dizaine de degrés, on apprécie.

Fatigués des secousses, on s’arrête à une soixantaine de km de Tacuarembo, à l’entrée d’une estancia. En soirée, Agnès souffre d’un violent accès de fièvre, que du doliprane apaisera, momentanément.

Km 235  Total 22061

S 31° 54’ 25.2’’   W 56° 42’ 46.6’’

 

Lundi 13 mars  Jour 115

Passage rapide devant  la Valle d’Eden et le musée Carlos Gardel, natif de Tacuarembo (bien que la France et  l’Argentine en revendiquent l’honneur..).

Nous fonçons jusqu’à la ville et son hôpital régional, Agnès ayant manifestement décidé de nous faire visiter un hosto dans chaque pays. Hôpital récent, accueil aimable et relativement rapide aux urgences, où l’on nous aiguillera vers la salle de consultations médicales, située dans un vieux bus garé devant l’hôpital !! Il semble que la traumato ait bouffé tout l’espace intérieur..

Infirmière et jeune médecin (e) efficaces, nous repartirons, perf exécutée, antibiotiques et calmants remis, ordonnance de complément rédigée, et le médecin nous regardera, étonnée, quand nous demanderons ce que nous devons. Rien….

Nous retournons vers la valle d’Eden où nous avions repéré un camping en passant, deux ou trois jours de break permettront de récupérer.

Quant à la patrie des gauchos, il semble que, bien que nous allions plutôt vite, nous soyons toujours en retard sur les évènements : nous avions raté de peu la fête du mouton à Puerto Madryn (on ne s’en est jamais remis..), le carnaval à Corrientes, ici, c’est la « Fiesta de la Patria Gaucha », une semaine de festivités à cheval, qui s’est terminée hier ! Nous avons croisé ce matin de nombreux groupes de cavaliers, hommes et femmes, et des vans pavoisés repartant vers les estancias. Dommage !

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Camping « El Mago – Carlos Gardel » Valle Eden

S 31° 49’ 12.2’’  W 56° 10’ 26.3’’

Km 110 Total 22171

Mardi 13 mars – Mardi 20 mars.  122

Km 755 Total 22926

Semaine qui a commencé par un deuxième passage à l’hosto : l’antibiotique prescrit à Agnès à Tacuarembo s’étant avéré inefficace, après contact préalable avec l’assistance MACIF conseillant de consulter, nous l’avons fait à Hôpital britannique de Montevideo, recommandé par le « Lonely Planet ».

Prise en charge rapide, bilan complet et changement d’antibiotique règleront le problème, et les contacts téléphoniques avec les médecins MACIF nous ont rassuré, si besoin était.

L’ambiance luxe, les effectifs pléthoriques, les locaux au top de cet hôpital privé  en cœur de ville nous laissaient subodorer qu’il ne serait pas gratuit. La note le confirmera.

Depuis, Agnès prend ses pilules, la fièvre a disparu et elle récupère, grâce aux soins assidus de son infirmier personnel et au repos que nous goûtons sur la côte uruguayenne. Actuellement à Piriapolis, plus sympa en cette fin de saison que lorsque nous y étions passés en novembre, nous avons retrouvé avec plaisir,  près du port, les gargotes de pêcheurs et leurs paellas, plus proches  cependant d’une bouillabaisse que de la paella valenciana.

Demain nous gagnerons le camping où hivernera le véhicule, à une soixantaine de km, et passerons les derniers jours à l’y préparer. Jeudi, Nestor et Daisy nous ont promis un « Cuadril a l’horno » à la gloire de l’élevage uruguayen, puis départ pour Paris samedi, via Porto Allegre et Lisbonne. Arrivée prévue dimanche soir.

Rendez vous en septembre, pour la suite. Un très grand merci pour  vos commentaires, qui nous faisaient chaud au cœur ou pleurer de rire, et  pour votre fidélité….

Agnès & Patrice

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