Archives mensuelles: août 2015

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 Mardi 21 juillet Jour 122   Datong – Beijing

Le paysage se fait un peu plus sec en début de parcours, mais l’atmosphère se voile progressivement et nous devrons allumer nos veilleuses dès 15h, à l’approche de Beijing, tant l’air s’est épaissi des fumées des usines et de la circulation, alors que nous franchissons une ligne de crêtes, suivie d’une descente brutale vers la plaine où s’étend la mégapole. L’autoroute G6 qui y conduit est limitée en hauteur. Nous emprunterons donc la G7 sur une trentaine de km, une contournante réservée aux poids lourds où la conduite n’est pas triste, puis par un court crochet sur de petites routes, récupèrerons la G6 au-delà des gabarits qui en interdisent l’accès aux poids lourds

Nous atteignons le 5° périphérique, qui nous permet de gagner le parc olympique où il est prévu de s’installer. Mauvaise préparation de l’agence, on ne peut y passer la nuit et nous attendrons deux heures devant l’entrée que Yang et le patron de l’agence de Beijing aient trouvé une solution de rechange, à 7km de là, entre le 5° et le 6° périphérique, le plus éloigné du centre ville. Il nous faudra 30mn de métro , chaque matin, pour nous y rendre, ce qui nous parait satisfaisant compte tenu du gigantisme de cette capitale 

Parking Huaqing Spa Hôtel

N 40° 03’ 22.7’’     E 116° 24’ 39.3’’

Altitude 31m

Km 383   Total 24057 

Du Mercredi 22 juillet au dimanche 26 juillet.   Jours 123  à 127 . Beijing

Notre première visite sera pour le temple des Lamas, le Yonghe gong, édifié au XVII° et converti en lamaserie tibétaine en 1744. Nous y retrouverons les magnifiques moulins à prière en soie qui ornaient la grande salle du monastère de Labrang. Nous aurions aimé en ramener un !

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Un des bâtiments du temple abrite un Bouddha du futur de 17m de haut taillé dans une seule pièce de bois! 

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Comme partout, et quelque soit la couleur du vernis des tuiles, les faitières sont ornées d’un chapelet de personnages, toujours impair, avec à l’arrière toujours une tête de  dragon, et en figure de proue un cavalier. Ils sont là pour attirer la pluie et, ce faisant, protéger le bâtiment des incendies.

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Très fréquenté, les fidèles y font preuve d’une profonde ferveur en se prosternant devant chaque autel,  dans la fumée des bâtonnets d’encens.

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Puis nous ferons l’ascension ( !!) des raides escaliers des Tours du tambour et de la cloche qui, comme à X’ian, se font face et rythmaient la vie de la cité, et constaterons que si les chinois mangent à n’importe quelle heure, ils peuvent aussi dormir n’importe où, et n’importe quand. 

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Cela nous rappellera la vendeuse de supermarché  à Kashgar, dormant accoudée à son étal de poisson séché.

Fin de journée avec tour du lac , soyons fous, en rickshaw . Ballade dans les hutong , ruelles traditionnelles dont quelques unes ont été rénovées et abritent aujourd’hui galeristes et antiquaires, les autres en l’état avec leurs maisons de familles aisées, les siheyuan, cour ombragée encadrée de bâtiments à un étage.

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Ensuite on rentre dans le dur : Place Tian’an men et Cité interdite. La 1°, qui évoque tant d’évènements, de la proclamation de la République populaire en 1949 au drame de 1989, est un lieu de visites mémorielles puisqu’elle abrite en son centre le mausolée de Mao encadré de ses sculptures du plus pur style réalisto prolétarien.

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Elle est surtout devenue un lieu de promenade familiale et fait partie des passages obligés pour les chinois visitant la capitale, comme pour les quelques touristes occidentaux que nous croiserons.

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Elle est bordée à l’ouest par le très stalinien Palais de l’Assemblée du peuple, à l’est par le non moins stal Musée national de Chine, au sud par les deux seules portes subsistant des murailles de Pékin et au nord par la porte Tian’an men donnant accès à la cité interdite, ornée d’un portrait du Grand Timonier.

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Sous un soleil de plomb, nous ferons la queue parmi les milliers de visiteurs qui franchissent cette porte pour déambuler entre les bâtiments, qui ne se visitent pas, de ce gigantesque palais achevé en 1420 d’où 24 empereurs gouvernèrent la Chine pendant 500 ans. De la Porte de l’Harmonie suprême au Palais de l’Harmonie suprême ( que d’harmonies …), nous nous promènerons dans les diverses cours avec en tête les scènes du « Dernier Empereur » et en repensant à celui qui, dernier des Qing déposé par la révolution de Sun Yat Sen, finit sa vie comme jardinier à Pékin.

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De la colline du parc Jing Shang, situé au nord du Palais, qui lui était rattaché pour le privilège des empereurs, et où se pendit le dernier des Ming, l’empereur Chongzhen à l’approche d’une armée rebelle en 1644, vue magnifique, quoique voilée, de la Cité interdite. 

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Du Mercredi 22 juillet au dimanche 26 juillet.   Jours 123  à 127.  Pékin

Début de matinée dans le parc du Temple du Ciel, le Tian tan, où nous assisterons au spectacle extraordinaire, et d’une ampleur qui dépasse de très loin ce que nous avions vu à Shanghai, de personnes de tous âges venus y pratiquer leur loisirs favoris : Musculation et assouplissements pour les plus sportifs, danses de salon pour d’autres, cartes ou dominos, voire tricot et crochet pour les seniors,  jeux d’adresse divers et variés pour tous.

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Agnès sera même invitée à montrer ses talents au diabolo…

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La Chine est peuplée de gens sociables, sportifs et ludiques et, semble t il, peu intéressés par la télévision. Il est vrai que les programmes que nous avons zappés dans les quelques chambres d’hôtel que nous avons fréquentées se résumaient à des films karaté ou sur la guerre russo japonaise. Quant aux jeunes générations, l’avenir dira si elles parviennent à sortir le nez de leur smartphone.

Nous serons émus par, et devrons quitter à regret, une chorale de grand talent interprétant avec entrain des chants dont, malheureusement personne ne saura nous dire l’inspiration. Plus loin, des musiciens plus solitaires s’adonnent à leur instrument sans se préoccuper du voisinage. Ici, c’est la fête de la musique tous les jours.

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Puis visite du Temple, dont la fonction était d’abriter l’ensemble des rituels, y compris sacrificiels, pratiqués par l’Empereur au solstice d’hiver, pour obtenir la protection des dieux et garantir les conditions climatiques favorables aux récoltes. Ce rôle d’intercession entre la masse et les dieux s’est très souvent retrouvé dans les apanages des souverains, quelque soit la partie du monde où ils régnaient. Pas négligeable pour assurer le pouvoir ! Quand Elizabeth, encore chef de l’Eglise anglicane, même si elle n’en fait pas grand-chose, renoncera t elle à ce rôle ? Sûrement pas avant la fin de la monarchie. Mais ne nous égarons pas…

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Avant les séances de shopping, nous terminerons nos visites par le Palais d’été, en réalité un immense parc de 290 ha dont près de 90% occupés par des lacs, lieu de villégiature sous les Qing qui fuyaient la chaleur estivale. Des statues de créatures mythiques, arborant tous les symboles de la dignité impériale en ornent les jardins et la régente Cixi préfèrera y faire bâtir un bateau de marbre plutôt que d’armer des navires pour sa flotte.

De nombreuses pancartes, en particulier à l’entrée du temple et de la galerie couverte de 750 m de long joignant, en bordure de lac, les divers bâtiments, y rappellent qu’ils furent incendiés par les troupes anglo-françaises lors de la guerre de l’opium de 1860. Devant ces pancartes nous faisons profil bas, ce qui n’est guère difficile, les chinois étant bien plus bruyants que nous.

Nous quitterons le Palais d’été en gravissant les volées de marches qui mènent à la pagode, qui contient, sans surprise, une statue de Bouddha.

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Changement d’époque avec un passage au stade olympique, puis retour à la tradition lorsque nous clôturerons notre séjour à Beijing par un canard laqué, offert par l’agence. Royal le canard , en fait deux pièces maitresses d’un festin d’une douzaine de plats où chacun se rassasiera en fonction de sa faim, mais surtout de sa dextérité aux baguettes!

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 Lundi 27 juillet Jour 128  Pékin – Tombeaux qing – Chengde

Nous quittons Pékin assez tôt pour éviter les bouchons sur le 5° périphérique et ça se passe plutôt bien. Traversée de la plaine où s’étalent serres et cultures maraichères puis retour dans les reliefs, le maïs redevient dominant dans les vallées. Halte près de Zunhua la visite du mausolée de l’est de la dynastie Qing, vaste ensemble qui abrite dans des cryptes les tombes de 5 empereurs et d’une vingtaine d’impératrices et concubines, chacun « bénéficiant » de son propre mausolée, bâtit par son successeur pour honorer sa mémoire, ou préparé de son vivant, on n’est jamais trop prudent…

On y accède par la monumentale « voie des esprits », longue de 5km  qui mène au tombeau de l’empereur Shunzi, mort en 1661. On y trouvera, un pavillon où une tortue aux marques impériales supporte des stèles gravées en plusieurs langues ( mandchou, mandarin, tibétain, sanskrit..)

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L’un des plus vastes mausolées est celui de la dernière impératrice régente, Cixi, qui veilla personnellement à son aménagement. Pour l’anecdote, les toits sont de couleur jaune pour les empereurs et les impératrices, de couleur verte pour les concubines…

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Nous reprenons la route  vers Chengde où nous arrivons sous un ciel très noir et un vent violent. Gros embouteillages et, en longeant la rivière nous devrons traverser les mares d’eau qui ont noyé la route et zigzaguer entre les troncs d’arbres et les branches cassées qui jonchent la chaussée. Un orage a manifestement dévasté la ville peu de temps auparavant. Bis repetita, au moment où nous manœuvrons pour nous garer sur un parking proche du palais d’été, une trombe d’eau s’abat sur nous. Agnès qui me guide est trempée en un instant. Aveuglé par ce déluge qui noie pare brise, caméra de recul et rétros, je descends pour prendre des repères et subis le même sort. Enfin garés, nous passerons un moment dans la cellule à nous sécher et essorer nos vêtements.

N 41° 00’ 02.7’’  E 117° 56’ 24.3’’

Altitude 352m

305 km Total 24362 km

Mardi 28 juillet Jour 129 Chengde

Nichée au creux d’une vallée fluviale entourée de monts, cette ville fut choisie en 1703 par l’empereur Kangxi, l’un des monarques chinois les plus respectés pour avoir au cours de son règne de 61 ans protégé la paysannerie, défendu les arts et les sciences (il invita les jésuites à sa cour) et agrandi l’empire; pour y passer l’été loin de la chaleur étouffante de la cité interdite.

Nous ne visiterons pas le palais d’été mais nous rendrons au Xumifushou zhi miao, ou « Petit Potala », temple qui fut édifié sur le modèle du temple tibétain pour impressionner le Panchen-Lama (second dignitaire de la secte des bonnets jaunes après le Dalaï Lama), en visite à Chengde à l’occasion de l’anniversaire de l’empereur Quianlong en 1780.

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Nous remarquerons que les chiwen, ces statuettes placées à l’extrémité des arrêtes de toit, sur le temple principal, sont d’inspiration beaucoup moins figurative.

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Et, dans le lointain, nous pouvons observer le pic du Marteau, étonnante formation géologique.

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Mercredi 29 juillet   Jour 130 Chengde – Sima tai

Plutôt que Badaling, proche de Pékin, où l’affluence à la Grande Muraille est considérable, nous avons choisi de nous éloigner et de visiter celle-ci dans un site moins couru, à Sima tai.

Bonne surprise, une autoroute nous y conduit, mais à l’approche du site, les panneaux qui mentionnaient « Great wall » sont maintenant libellés « Scenic spot : Water town ». Nous comprendrons bientôt pourquoi, après avoir traversé une zone de parkings dignes d’un centre commercial français : Une « fausse » vieille ville époque Ming a été reconstituée ici, avec ses canaux, ses échoppes, ses ruelles. Un hôtel gigantesque la domine. Il faut simplement acquitter 150 yuans ( 23€) pour y pénétrer.

Nous apprendrons plus tard qu’un richissime homme d’affaire a réalisé ce projet en rachetant les terrains occupés par 3 villages. Nous n’y rentrerons pas, car on peut accéder au téléphérique qui mène à la muraille par un bus qui en longe une partie, mais cela suffira pour nous redonner la même impression que lors d’une ballade dans les décors de « Germinal », à la fosse d’Aremberg !

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Quelques centaines de marche après la sortie du téléphérique (Poma s’il vous plait !), nous sommes sur la muraille. Elle est comme nous l’imaginions, en un peu plus étroit, en bien plus raide et avec beaucoup plus de tours. Il y en a, en fait, une tous les 200m, pour couvrir tout les intervalles d’une portée de flèche.

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Entamée après l’unification de la Chine sous  Qin Shi Huang, au II° siècle avant JC, elle fut achevée sous les Ming (1368-1644)

Sensation d’être hors du temps, ou dans un film de Kurosawa (Ran ? Je sais, ça n’est pas un chinois). Là encore, après l’armée enterrée, difficile d’appréhender à la fois les moyens qu’il a fallu mobiliser pour la construire et la garnir de troupes sur des milliers de km et même son intérêt stratégique : Faite pour stopper des hordes barbares dont la puissance reposait sur la seule cavalerie, on voit mal comment celle-ci aurait pu se déployer sur les crêtes où ont été construits ces remparts. Peut être avait elle avant tout un intérêt psychologique ? Décourager l’ennemi par cette seule démonstration de puissance ?  Protéger puissamment  les cols et les passages aurait dû suffire, ce qui fut sans doute mal accompli car les Mongols au XIII° et les Mandchous au XVII° la franchirent. (Mille excuses pour ces réflexions de stratège en camping car…)

 

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Retour au parking et retour à la réalité : Nous constatons qu’un boulon s’est planté dans le pneu arrière gauche, entre deux crampons. La tête dépasse de quelques mm. Nous décidons de changer la roue et, mauvaise surprise, impossible de descendre les roues de secours, la pompe hydraulique a rendu l’âme…

Nous aviserons demain matin, le pneu n’est pas dégonflé. En attendant, petite visite au luxueux hôtel du lieu, quasi désert.

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N 40° 38’ 44.0’’   E 117° 15’ 18.5’’

Altitude 280m

100km    24462

Jeudi 30 juillet  jour 131  Simatai – Huai Lai

Le pneu s’est peu  dégonflé pendant la nuit. Un coup d’air comprimé et nous partons, nous vérifierons la pression tous les 50km. Désagréable quand même de se dire que chaque tour de roue enfonce un peu plus l’intrus. Nous quittons l’autoroute pour la première ville,  mais impossible d’y trouver un garage poids lourds, et décidons de continuer .

A la pause déjeuner sur une aire de services, Yang remarque une camionnette de garagiste. Il appelle le N° inscrit sur le flanc et, 10mn plus tard, deux meccano sont sur place. Ils refusent de réparer la roue, ne connaissant pas ce type de pneus, mais acceptent de la changer. Ils connectent les flexibles de la pompe de cabine sur celle de la potence porte roues et nous pouvons changer la roue et repartir plus sereins. Par contre ils sont aussi chers que les dépanneurs d’autoroute français : 300 yuan pour une demi heure d’intervention !

L’autoroute contournant Pékin  passe à Badaling. Agnès peut effectivement constater que le site est bondé et la foule considérable sur les remparts, moi je n’aurai pas le temps d’y jeter un coup d’œil, absorbé par la conduite dans une  montée 2 voies infernale, avec véhicules sur la 3°..     Et oui, en Chine, sur les autoroutes à deux voies,  les bus  et les voitures doublent à droite, à fond la caisse, sur la bande  d’arrêt d’urgence, quand la voie de gauche est occupée par des semi en surcharge qui montent à 30 à l’heure et ne veulent pas se rabattre !

Arrivés à Huai Lai, nous trouvons rapidement un réparateur poids lourds qui, bien que ne connaissant pas ces pneus veut bien s’y attaquer. Il extraira le boulon, belle bête de diamètre 8mm et 4 cm de longueur, qui a bien perforé l’enveloppe mais obstruait le trou, et effectuera la réparation avec une cheville de caoutchouc, pour 130 yuan.

En même temps, son voisin, tout jeune mécano, se procurera en moins d’une 1/2 h une pompe neuve exactement identique à la pompe hydraulique Renault et la changera dans la foulée. Ces chinois sont formidables…

Au passage nous apprendrons que la Chine a été retenue pour organiser les JO d’hiver de 2022. Huai lai est au cœur des stations de sport d’hiver et sera passage obligé. Les organisateurs ont intérêt à trouver une solution au problème (problème qui n’en est peut être pas un pour eux !) des centaines de semi remorques chargées de charbon qui traversent la ville. Pas étonnant d’ailleurs qu’on y trouve facilement des garages PL.

On se demande si la délégation du Comité Olympique qui a visité ce secteur pour le valider était bien réveillée…

Bivouac sur le parking de l’hôtel Huai Lai International

N 40° 25’ 06.8’’  E 115° 30’ 42.8’’

231km       Total    24693

Altitude 712m

Vendredi 31 juillet   jour 132    Huai Lai – Jining

Le matin ,visite du relais de poste de Jimingyi, en réalité un village fortifié, enceint de remparts de 500m de côté. La ville, qui abritait les services du courrier à cheval, comme ses équivalents implantés tous les 30km, est aujourd’hui complètement endormie et nous pourrons visiter de nombreux locaux, attribués comme logements à des familles après la révolution, qui semblent aujourd’hui figés à l’époque Mao, voire avant guerre.

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Nous noterons avec intérêt les lits en maçonnerie munis d’ouvertures pour y entretenir un feu de bois en hiver, rigoureux dans cette région.

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Nous y rencontrerons, dans ce qui fut l’école, un vétéran de la guerre de Corée, (il nous montrera ses photos de jeune soldat), aujourd’hui gardien de l’édifice.

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Nous reprenons la route et de l’altitude et traversons des zones de pâturage, maïs et maraichage

Bivouac sur un parking public près des stades et salles de spectacle de la ville de Jining ,sans intérêt particulier, mais avec des avenues et des équipements collectifs toujours aussi pharaoniques.

N40° 59’ 30.4’’    E 113° 07’ 41.0’’

251 km   Total 24944

Altitude 1381m

Samedi 1° août Jour 133 Jining – Erenhot

Route plein nord, nous traversons des zones de paturages en moyenne montagne et laissons de côté plusieurs villes avec toujours des zones d’industries  (très) lourdes.

Après un col à 1400m, le paysage change fortement, plateau très plat, steppe herbeuse, quelques chevaux et moutons. Les prémisses de la Mongolie ?

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A l’entrée d’Erenhot, c’est Jurassic park et grand guignolesque, l’arc de triomphe est constitué de 2 dinosaures qui se roulent une pelle ! On aimerait bien rencontrer le fonctionnaire qui, pour célébrer la découverte de restes de dinosaures dans la région, décida d’ériger ce monument.

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Erenhot, ville frontière sans âme avec marchands de souvenirs, de caviar et pelleteries, où viennent se ravitailler les mongols et où les entête de magasins sont rédigées en chinois et , déjà, en cyrillique .

Les derniers taxis chinois, les premières jeeps russes…

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Repas hallal avec Yang chez les Hui, sur le trottoir.Un peu de nostalgie puisque nous nous quitterons demain, mais le méchoui, premier mouton depuis 3 mois, un vrai régal, effacera tout ça.

Demain donc, passage en Mongolie.

Hôtel Haifeng

N 43° 39’ 13.9’’  E  111° 50’  44.2’’

Altitude 960m

350km  Total 25294

 

 

 

 

 Dimanche 2 août  Jour 134  Erenhot – Saynshand 

Nous quittons donc la Chine, sans regrets, 3 mois c’est un peu long avec un programme trop chargé, d’autant que l’atmosphère du groupe est devenue irrespirable. Nous nous séparerons une fois la frontière franchie et continuerons avec Micheline et Guy, avec, enfin, la possibilité de vivre à notre rythme et d’aller où bon nous semble.

Sans regrets mais avec une vision de la Chine profondément modifiée : Celle d’un pays bourré d’énergie, en pleine accélération économique et culturelle, avec une formidable capacité d’assimilation (les envahisseurs mongols et mandchous furent rapidement sinisés et fondèrent des dynasties qui contribuèrent au développement de l’empire), une grande capacité d’oubli ( la révolution culturelle, dans les expositions du musée du Thé, était qualifiée de « Catastrophe culturelle » et Yang , parfois transmetteur de la pensée officielle, nous indiquera que la Chine avait perdu 10 ans), une extrême curiosité de l’occident, une sociabilité permanente et un curieuse légèreté vis a vis des problèmes d’environnement et d’hygiène public. Jamais, sauf au Xinjiang, nous n’aurons senti d’emprise policière, même si, évidemment, la police est en éveil. Nous en revenons convaincus que la Chine sera bientôt la première puissance mondiale, quant à la transition démocratique, ça n’est qu’une question de temps…

Adieux à Yang qui nous laisse au portillon de la douane, après avoir accompli toutes les formalités. Le passage des frontières sera raisonnablement rapide, 2h côté chinois, 1h30 côté Mongolie. Un policier de l’immigration, angliciste nous aide à trouver notre chemin entre les divers guichets, où chaque document doit être tamponné par un chef , il nous communiquera son N° de téléphone, au cas où nous aurions des problèmes.

Il saute aux yeux que le niveau de développement mongol est loin de celui de la Chine. Nous constaterons très vite également que les mongols sont moins policés que les chinois, et n’aiment pas faire la queue  puisqu’ils bousculent, jouent des coudes ,passent devant et se fraient un chemin  pour arriver plus vite au guichet.

Change sans problème dans une agence bancaire de Zamyn Ûüd, mais le bureau d’assurances que l’on nous avait indiqué est fermé en ce dimanche, nous règlerons le problème à Oulan Bator.

Direction nord  pour sortir de la ville par une piste de quelques km en cherchant la route, qui doit maintenant être terminée. Nous la trouverons après quelques tâtonnements, elle démarre d’un rond point, au milieu de nulle part. Immédiatement, un péage (1 € !) par une  préposée qui s’ennuie, et on prend la route, une excellente 2 voies.

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Paysage de steppes à l’infini, nous franchissons des cordons de collines. Le Gobi n’est pas, dans cette région, le désert que nous avions imaginé mais plutôt une steppe encore verte en cette saison. Il a parfois l’aspect d’un immense terrain de golf ! On y croise des troupeaux de chevaux, de chèvres et moutons, et tous les bergers ne sont plus à cheval. Parfois des chameaux, les vrais, les à deux bosses, souvent des yourtes, ici appelées gher, et de  temps en temps, des ovoo, ces amas de pierre où on a fixé des khadag, rubans bleus, où on dépose des offrandes. Ils sont la maison des esprits des lieux et représentent un lien entre la terre et le ciel.

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Bivouac à la  sortie du village de Saynshand, près d’un point d’eau. Le matin, nous aurons de la visite !

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N 44° 55’ 40.6’’   E 110° 07’ 16.4’’

Altitude 968m

120482 km 243   Total 25537 

Lundi 3 août  Jour 135 Saynshand – Oulan Bator 

Toujours belle route, jusqu’à Choir, où nous retrouvons l’ancienne route. Elle est désastreuse, sur 50 km, le revêtement a tout de la peau d’éléphant acnéique.

On rentre dans des reliefs, magnifique paysage si on ne regarde pas le bas côté, parsemé de carcasses de pneus et de cadavres de chevaux ou de bétail, happés par les camions.

Col à 1800m avant  Oulan Bator, UB pour les intimes, puis descente sur la ville, allongée entre deux lignes de reliefs. Faubourgs assez laids, avec l’ habitat typique mongol : Une  palissade, une ou des gher et une ou des cabanes.

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Les derniers km sont pénibles, la circulation s’intensifie et le revêtement est en plaques de béton, avec d’énormes fissures entre les plaques.

Nous trouvons assez rapidement la Guest house, recommandée par Josette et Joël, où nous trouvons effectivement un excellent accueil de la part d’Urna, la responsable. Cet établissement porte bien son nom, il accueille les voyageurs de tous pays, dont de nombreux motards, qui peuvent y échanger, autour d’une bière, d’un café ou de pâtisseries (fondé par des autrichiens, la cuisine y est viennoise !) leurs expériences et partager tuyaux et galères.

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Nous y rencontrerons notamment Sylvain et Gaella , membres également de l’association B90 (salut à Bernard !) qui, à bord de leur Saviem TRM 4000 et en compagnie de trois autres équipages dont Renaud et Maryline (originaire de  Sérignan, elle a fait ses études comme moi, au lycée de l’arc !), s’apprêtent, en famille, à traverser la Chine en 1 mois pour gagner Laos et Vietnam. Ils ont traversé la Mongolie Ouest- Est, avec beaucoup de misères pour certains, les camping car classiques supportant mal les pistes et se sont retrouvés ici. Groupe cosmopolite, il inclue également un couple de brésiliens et des néerlandais.

Le soir, hamburger (j’ai honte..) frites, les premières depuis 4 mois. elles seront excellentes, dorées à point. 

Bivouac Guest House l’Oasis

N 47° 54’ 41.5’’   E 106° 58’ 53.0’’

Altitude 1309m

458 km  Total 25995 

Mardi 4 aout au jeudi 6 août Jours 136 à 138 Oulan Bator 

Nous nous déplacerons en bus dans cette ville très laide. UB, ville de 1 million d’habitant, le tiers de la population mongole, c’est en gros une artère principale, Peace avenue, et deux parallèles, toujours encombrées, notamment celle qui longe un gigantesque marché et un souk aux pièces détachées où on peut reconstituer tout ce qui roule.

Au centre, d’abord de hideuses barres d’HLM de l’époque soviétique, puis quelques tours modernes, hôtels ou immeubles de bureau, au voisinage du parlement, place Sukhbaatar, héros de la révolution de 1921, devant lequel on peut aussi voir une statue, équestre naturellement, de Gengis Khan.

Sur les indications du road book de Josette, nous trouvons rapidement la compagnie d’assurance Practical, dans l’immeuble voisin de l’ambassade de France, qui nous couvrira un mois pour 23€.

Ballade au marché, un peu tôt, toutes les échoppes ne sont pas ouvertes, mais on comprend, à voir la diversité des produits et marchandises, pourquoi les nombreux supermarchés d’UB sont vides.

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Retour en bus à l’issue duquel je constate qu’on ma volé mon portefeuille dans la poche interieure de mon sac à dos.

Urna nous avait pourtant mis en garde, mais j’ai été trop confiant ; j’ai bien senti un type se frotter contre mon dos, mais j’ai mis ça sur le compte de l’affluence ou du manque d’affection. Coup de chance, mon pickpoket a négligé la pochette contenant l’argent, a laissé les passeports et s’est contenté du portefeuille, attiré sans doute par le contact du cuir annonciateur de bonne prise.  Il contenait néanmoins une carte bancaire, l’équivalent d’une quinzaine d’euros et des souvenirs.

Rentrés à la guest house et incapables de joindre le N° de la conciergerie Visa Infinite nous appelons Clem et Paul, au saut du lit, pour le faire en notre nom. Avec quelques difficultés ( où est ce p… de code personnel ?), et quelques échanges de messages, ils parviendront à convaincre leur correspondant de bloquer la carte et de déclencher la fabrication d’une nouvelle. Volés vers 14h à UB, la nouvelle carte sera expédiée par DHL dans l’après midi, heure française !

Heureusement que nous avons, au camp de base de St Egrève, une équipe support solide et réactive, merci à eux ! 

Le lendemain, diverses activités logistiques et d’entretien et, à 18h, spectacle de danses, chants et musique mongols par les ensemble nationaux de danse et de musique  au théatre national. Destinés manifestement aux touristes, il a lieu tous les jours, mais il attire également les locaux. Costumes superbes, mais nous serons surtout fascinés par un chanteur «  de gorge », qui passe sans transition d’un registre extrêmement grave à une voix suraigüe, performance stupéfiante.

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 Vendredi 7 aout jour 139  Oulan Bator Embranchement Kharkorin 

La nouvelle carte bancaire n’étant pas espérée avant 5 jours, nous décidons d’aller faire un tour (à 600km ..) vers Kharkhorin (Karakoroum) et le Lac Blanc, si l’état de la route le permet. Départ à 11h30  après quelques courses et graissage du camion.

Nous traversons, plein ouest de superbes  pâturages sur fond de montagnes aux reliefs très doux.

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De nombreux gher parsèment le paysage et il faut en permanence se méfier des troupeaux qui traversent.

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Nous stoppons pour la nuit à l’embranchement  de la A 1601 vers Kharkhorin , au bord d’un ruisseau , où s’est également garé un camion à l’allure de camping car. Après nous être installé, nous nous dirigeons vers lui avec quelques bières, que nous offrons aux trois occupants, dont l’un parle anglais, et recevons en retour du chocolat avant de nous séparer. Agnès en profitera pour faire ami ami avec un troupeau de chevaux.

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½ h plus tard, l’angliciste nous rejoint avec une bouteille de vodka et passera la soirée avec nous. Il s’agit en fait d’un garçon de 40 ans, Chinbat qui, avec son équipe d’une trentaine de personnes et son matériel transporté sur 6 ou 7 camions cherche et extrait de l’or, pour le vendre à la Banque de Mongolie qui a l’exclusivité du marché, ou, en douce, à des acheteurs chinois. Une famille, dans un 4×4 est chargée de la cantine, les mécanos s’occupent des véhicules et des machines aux étapes et tout le monde dort sous tente, à l’exception du chef, dans son « camping car »

Chinbat envoie un de ses hommes acheter deux litres d’airak, ce lait de jument fermenté que nous n’avions pas encore gouté, boisson aigrelette que les mongols absorbent en quantité , puis fera apporter un petit coffre dont il extraira une pépite, petite mais pépite quand même, qu’il nous offrira en souvenir !

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Bonne nouvelle, un SMS de Clémentine nous apprend qu’un employé de l’ambassade du Royaume Uni a retrouvé mon portefeuille et qu’il en a informé la conciergerie Visa Infinite, laquelle s’est empressée de contacter St Egrève ( je ne me lasserai pas de faire de la,pub à la carte Visa Infinite)  

N 47° 18’ 30.2’’   E 103° 38’ 32.0’’

Altitude 1247m

 300km Total 26295 

Samedi 8 aout Jour 140  Embranchement  Kharkhorin– Taikhar Chuluu Rocks 

Route en très mauvais état, et quand ça s’améliore, la tentation est forte d’accélérer. Les zones dégradées ne s’annoncent pas et je me laisse piéger : Nous décollerons plus d’une fois, Agnès se cognant même au plafond de la cabine ! Heureusement, les 30 derniers km seront très bons.

Deux km avant Kharkhorin,, le monastère  d’Erdene Zuu.

Premier monastère boudhiste installé en Mongolie, sa construction prit des siècles et il fut détruit à deux reprises, par les mandchous au XVIII°  puis par les soviétiques. Trois temples subsistent, de ce qui fut le centre de l’implantation du lamaïsme en Mongolie et permit la structuration d’une église féodale, fort riche, qui fut le plus sûr appui des seigneurs dans leur domination du peuple, jusqu’a leur chute en 1921. Elle était dirigée par le Jebtsündanba Khutukhtu, ou Bodg Khan, adoubé par le Dalaï Lama et jouant un rôle équivalent en Mongolie.

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Kharkorin, ex capitale de la Mongolie et d’où se levèrent les hordes qui déferlèrent sur l’Europe et l’Asie est aujourd’hui un village endormi, base de départ néanmoins de nombreux treks, à pied, en 4×4 ou à cheval. Nous déjeunerons à la Guest house Jim Morin, tenue par un couple franco mongol où l’on nous indiquera que la route jusqu’au Lac blanc est maintenant goudronnée. Nous en profiterons pour nous connecter et constater sur le site DHL, que la nouvelle carte est déjà à Séoul, le plus dur est fait, puis  pour téléphoner à l’employé de l’ambassade UK et prendre rendez vous avec lui, grâce à la vendeuse d’une boutique télécom qui me prêtera gracieusement son téléphone mobile.

Nous reprenons notre chemin, et à la sortie de Kharkhorin, un cycliste suisse nous arrête ( c’est fou le nombre de cyclistes que nous croiserons, sur des routes où il y a un village tous les 80km, dans les zones peuplées!), pour nous recommander un bivouac tout proche, la piste démarrant au pied d’un ovoo. Vu l’heure, ce sera pour le retour. 

Traversée de Tserserleg, une des villes importantes du pays (tout est relatif..). Dès la sortie ,nous tombons sur un  col raide, non goudronné et  en tôle ondulée, avec descente encore plus raide, toute en seconde …

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Bivouac au bord de la rivière Khoid Tamir Gol à 500m de Taikhar Chuluu. Ce gigantesque rocher est supposé avoir servi à un baatar (héro) pour écraser un serpent géant. Il présente un intérêt archéologique car il portait des inscriptions préhistoriques. Depuis les crétins de toutes nationalités les ont recouverts de graffiti célébrant leur passage..

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 Le garde champêtre local vient nous taxer de 7500tg (3.75€) pour la nuit…Endroit enchanteur, cependant, au milieu des oiseaux et des troupeaux

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N 47° 36’ 15.6’’  E101° 15’ 08.3’’

Altitude 1613m

232km Total 26527 

Dimanche 9 aout  Jour 141  Taikhar Chuluu – Terkhiin Tsagaan Nuur 

Dernière partie du parcours sur une route récente, donc pas encore endommagée par les camions et les conditions climatiques. Arrêt pour admirer les gorges de la rivière Chuluut. 

Les 5 derniers km avant Tariat ne sont pas terminés et nous nous amuserons sur les dizaines de pistes parallèles qui mènent au village, en bon état car sèches, le temps reste exceptionnel.

Nous décidons de contourner le village à main droite pour nous rendre au volcan Khorgo. 5km de très mauvaise piste après le péage du parc national (6000 tg, le prix n’a pas changé depuis 20 ans), puis ½ h d’ascension pour accéder à la caldera, entonnoir abrupt tapissé de roches éruptives. Du bord du cratère on peut observer les zones d’épandage de la lave et, au loin , le Terkhiin Tsagaan Nuur, ou Lac blanc. Celui-ci se serait formé à la suite d’une éruption ayant colmaté le cours de la rivière Suman

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Une douzaine de km de piste pour contourner le village de Tariat et l’extrémité est du lac et nous gagnons notre bivouac, sur la rive sud du lac. La baignade, bien que fraiche, sera la bienvenue après la poussière de la piste.

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Nous sommes rejoints par un véhicule dont descend une femme d’une quarantaine d’années, Tunga pour nous inviter à gagner son gher, à quelques km, qui tient lieu de guest house.

Tunga est professeur d’anglais, parle un peu français, et accueille les voyageurs dans ses trois gher, au bord du lac. Elle nous offre le thé, au lait, salé.

Avec elle, « everything is possible  ». Nous lui demanderons donc si nous pouvons diner mongol et si je peux faire une ballade à cheval.

A 19h nous rejoignons la famille, Tunga nourrit encore un gros bébé et il y a là deux jeunes femmes, des enfants et deux hommes plus âgés, dont le mari de Tunga. Nous assistons au découpage de la viande, bien faisandée et tirée d’un papier journal sous un meuble.  On se demande alors si c’était vraiment une bonne idée,  mais après une ½ h de cuisson, la soupe de nouilles est  bien meilleure que ce que nous craignions.

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A l’extérieur, le gamin d’une douzaine d’années s’exerce à la conduite du véhicule familial

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Je partirai ensuite en ballade dirigé par un « guide », en fait un éleveur local, peut être membre de la famille, ou voisin. Nous longerons le lac puis nous engagerons au pied des collines, dans une vaste combe où paissent yacks et chevaux. Nous terminerons en rassemblant les chevaux de mon guide et en les ramenant au bord du lac, chacun au grand trot en serre file. Je me sentirai un moment Kevin Kostner (ou John Wayne, question de génération). Quand je me verrai en photo ou quand Agnès me collera, le soir, du sparadrap sur les ampoules que j’ai attrapé aux fesses, je me verrai plutôt en Mr Bean…

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N 48° 08’ 28.4’’  E 99° 48’ 31.0’’

Altitude 2060m

166km Total 26693 

Lundi 10   Jour 142   Lac blanc  – Kharkhorin 

Trajet retour par la même route, nous bivouaquerons à 3km de Kharkhorin, à l’endroit recommandé par notre cycliste suisse, piste juste après l’ovoo. Superbe vallée méandreuse.

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En chemin nous croiserons cette petite fille qui fait du vélo, seule, au milieu de nulle part. Gageons que son gher est là, au pied de la colline !

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N 47° 14’ 27.3’’  E 102° 46’ 30.6’’

302km Total 26995 

Mardi 11août Jour 143 Kharkhorin – Oulan Bator 

La route nous emble meilleure qu’à l’aller, en fait seuls 50km sur les 300 sont vraiment terribles, très cassants, le reste est roulant. Nous irons plus vite que prévu et serons rendus à l’Oasis  en milieu d’après midi même si, dans les dernières côtes, le camion montre les mêmes signes d‘essoufflement qu’à Vologograd.C’est un vrai tout terrain, il est allergique aux villes ! il faudra bien vite changer le filtre à gazole. Excellente nouvelle en arrivant à la guest house, ma nouvelle carte bancaire a été livrée le matin par DHL. On fêtera cela avec un café glacé et une portion de Sacher torte ..

Bivouac Guest House l’Oasis

N 47° 54’ 41.5’’   E 106° 58’ 53.0’’

Altitude 1309m

385km  Total 27380 

Mercredi 12 août  Jour 144  Oulan Bator – Route Ulan Ude

Courses, lessive, puis déjeuner avec Vasha Bukhbayar, ce jeune mongol exerçant la fonction de support informatique à l’ambassade britannique. Il a trouvé mon portefeuille dans le bus ! Il nous montrera comment se mangent les gros raviolis à la viande, en forme de bourse : On les saisit par le haut, croque un morceau, avale le jus, avant de les déguster.

Il se montrera très curieux de notre opinion sur la Mongolie . A nos remarques sur le caractère très réservé des mongols, il nous indiquera que c’est un peuple timide. Nous les avons trouvé plutôt «  a bit rude » comme diraient les anglais, grossiers étant peut être un peu trop fort…

L’après midi nous rencontrons un jeune meccano japonais, ancien de chez Honda et ayant accompagné plusieurs fois le Paris Dakar.  Il s’est installé dans un atelier communiquant avec la guest house. Je suis rassuré de lui confier le camion pour une vidange et l’échange du filtre, on m’avait indiqué que les meccanos mongols travaillent souvent au marteau ! Tout se passera bien, travail à la japonaise, avec des gants..

Nos quittons l’Oasis à 16h30 pour gagner la Russie. Bouchons traditionnels pour traverser UB et arrêt à une cinquantaine de km au nord de la ville, sur la route de la frontière. Très fort vent de nord et pluie, frisquette. 

N 48° 02.823’  E 106° 30.247’

Altitude 1370m

52km Total 27432 

 

Jeudi 13 août Jour 145  Passage frontière russe 

Départ sous la pluie, avec parfois un peu de brume. La route de temps en temps très dégradée est généralement bonne et roulante. Pause déjeuner à Darkhan où nous espérions trouver des artisans travaillant le cuir, selon notre guide. En fait cette ville de 100 000 habitants créée de toutes pièces dans les années 60 pour désaturer Oulan Bator est sinistre, mélange de sordides barres HLM et de bidonvilles, et nous ne trouverons aucun artisan..

Il faut dire que dans ces régions où l’hiver est long et glacé, la notion de magasin avec vitrine et néons n’a pas cours, les commerces sont au rez de chaussée des HLM, à peine signalés par des affiches. Les gens du cru savent les trouver.

Nous levons l’ancre et reprenons la route qui traverse une succession de monts dénudés et de plateaux où, fait rare par rapport aux régions précédemment traversées, des cultures apparaissent puis s’étendent : cette région est le grenier à blé de la Mongolie,. En nous rapprochant de la Russie, la végétation change, les arbres sont de plus en plus nombreux et, dans les zones plus accidentées, de véritables forêts apparaissent. Nous progresserons plus vite que prévu et décidons de passer la frontière, où nous arrivons vers 15h30.

Formalités kafkaïennes coté mongol, deux voisins de bureau dont l’un fait un petit somme de temps en temps, saisissent alternativement les mêmes infos sur leurs ordinateurs et se passent et repassent nos cartes grises avec un air de profonde et morose perplexité avant de se décider à appliquer le coup de tampon libérateur. Nous en profiterons pour échanger avec 4 jeunes polonais qui font le tour du monde en 18 mois dans un combi VW. Pas trop de problèmes, ceux là, dans le choix de leur vêtements chaque matin : Sponsorisés, ils doivent, par contrat, porter les T shirts aux couleurs de leurs sponsors. Inutile de préciser qu’au bout de plusieurs mois, les badges commencent à être plutôt délavés…

Les formalités seront plus rapides côté russe, mais, de part et d’autre, la même absence d’amabilité des gratte papiers. Affaire de climat ? Neurasthénie d’une affectation à la frontière mongolo/ sibérienne ? Qu’est ce que ça doit être par -30° !  Les jeunes  bidasses sur le terrain sont bien plus sympas.

4 heures pour solder le tout et nous nous éloignons d’une trentaine de km de la ville frontière russe, Kyatkhta, ville de garnison : Nous apercevrons au passage les cantonnements de chars et éviterons de les photographier. Ils ne sont sûrement pas là pour les mongols. Prêts à toute éventualité face à la Chine ?

Nous bivouaquerons auprès d’un restau routier, perdu dans la campagne au croisement d’une piste, en nous demandant de combien il faudra décaler nos montres. 

N 50° 34.301’   E 106° 23.844’

Altitude 696m

350km   Total 27782 

Vendredi 14 août Jour 146 Frontière – Ulan Ude 

Nous traversons des cordons de monts émoussés, par la  très belle et très mauvaise route qui joint Oulan Bator à Ulan Ude. Très mauvaise car pleine d’ondulations, c’est la première fois que nous voyons de la tôle ondulée sur du goudron, mais sans trous, net progrès par rapport aux routes mongoles, avec énormément de rustines, qui nous obligent à freiner brutalement quand on les distingue : Elles secouent terriblement.

Très belle car excellemment balisée, les zones très pourries étant signalées, mais surtout  serpentant  dans un paysage de pinèdes magnifiques puis devenant rectiligne sur de vastes plateaux verdoyants. Après 70km, au passage d’un pont franchissant une large rivière, la route devient très bonne, ce qui nous permettra d’atteindre Ivolguinsky Datsan avant le déjeuner.

Ce  monastère principal du bouddhisme en Russie fut crée en 1946 à un moment où Staline voulut récompenser les bouriates de leur contribution pendant la « guerre patriotique », la région, très industrielle, étant alors le siège d’intenses productions de chars et d’avions de combat. Le datsan, donc, abrite aujourd’hui une trentaine de moines qui vivent dans de petites maisons de bois, dans l’enceinte du monastère, qui comporte plusieurs temples.

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Nous filons ensuite sur Ulan Ude, capitale de la Province autonome de Bouriatie. Nous apprendrons qu’en Union Soviétique, quand dans une région une minorité ethnique était dominante, le statut de République autonome était accordé, dans les autre cas il s’agissait d’Oblat.. Ces divisions administratives subsistent aujourd’hui.

Ulan Ude est une grande ville moderne où nous trouvons une population très mélangée de bouriates, mongols et « caucasiens » pour reprendre la désignation politiquement correcte de ce qu’on appelait autrefois des blancs, dans une atmosphère de ville européenne, très rafraichissante.

Change, nous constaterons que le rouble a perdu 20% par rapport à l’euro depuis notre passage début avril, petit café,  puis visite du musée d’histoire de la région, où nous remarquerons une salle consacrée aux « Anciens croyants », secte orthodoxe schismatique qui, à l’instar des Amish aux USA ou des Mémonites au Canada s’est figée dans le temps pour observer règles et modes de vie immuables et fut persécutée sous le régime communiste. 

Un petit tour à la statue de Lénine, dont la forme est sujet de plaisanteries locales, les têtes décapitées des condamnés étant ici exposées dans les temps barbares, avant de se procurer une clé 4G et le forfait ad hoc chez Megaphon, 23 € soit 5 fois moins cher qu’en Chine.

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Nous quittons alors le centre ville pour aller bivouaquer à une douzaine de km, aux portes du parc abritant le musée ethnographique de plein air.

Nos véhicules attirent deux curieux qui voudront absolument nous faire goûter de la vodka, J’accepterai un verre, mais ¼ d’heure plus tard ils reviendront à 4 pour poursuivre la séance en nous offrant biscuits et cornichons. Nous accepterons les cornichons et refuserons fermement le reste. Ils n’insisteront pas et nous quitteront en clamant leur admiration pour De Gaulle et Napoléon… 

N 51° 53’ 02.8’’  E 107° 39’ 00.6’’

241 km Total 28023 km

Altitude 684m 

Samedi 15 aout Jour 147 Ulan Ude – Babushkine  

Le musée n’ouvre qu’à 10h, cela laisse un peu de temps pour terminer les articles sur la Mongolie. Visite du musée, dans une belle pinède,  un peu sommaire sur sa partie préhistorique, mais avec quelques beaux bâtiments transplantés ici  pour illustrer les XVII° et XIX° siècles. Nous noterons l’alambic à Vodka des isbas paysannes, indispensable, avec ses canalisations en bois. Quant au zoo, est à l’ancienne, les animaux, tigres, loups, ours n’ont que quelques m², pas très enthousiasmant.

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Départ en direction d’Irkoutsk, la route traverse une zone humide  pour rejoindre le bord du lac Baïkal et le contourner par le sud. Nous pensions, à la vue de notre carte, que la route longeait le lac et que nous pourrions profiter du paysage, mais elle en est éloignée de quelques centaines de mètres et serpente sur les reliefs qui le surplombent , en une suite de montées et descentes brutales qui nous font comprendre d’où vient l’expression « Montagnes russes ». Pendant près de 80km, nous ne le verrons pas,  apercevant parfois la ligne du transsibérien qui, elle, a été tracée sur la rive, isolant les villages de pêcheurs du bord du lac.

A chaque fois que nous avons évoqué notre itinéraire avec des russes, nous avons vu leur regard s’éclairer lorsque nous avons mentionné le Baïkal. C’est, pour eux, un endroit mythique, sujet de nombreuses légendes et chansons traditionnelles.

Il le mérite : C’est le plus grand réservoir d’eau douce de la planète, avec une longueur de 637 km, une largeur qui atteint 79 km et une profondeur exceptionnelle de 1400 m. D’une superficie équivalente à la Belgique, il contient autant d’eau que l’ensemble des grands lacs américains. Ses eaux sont extrêmement pures et il abrite de nombreuses espèces endémiques, dont l’unique espèce de phoque d’eau douce. 336 rivières s’y jettent, une seule en constitue le déversoir : L’Angara, à la pointe ouest, sur les rives de laquelle a été bâtie Irkoutsk, à une cinquantaine de km, au nord.

L’Angara après 1800km mêlera ensuite ses eaux à l’Ienisseï, qui filera plein nord se jeter dans la mer de Kara, au nord du nord.

De jolies légendes racontent le mariage du fleuve et de la rivière, et les colères du père Baïkal qui n’acceptait pas cette mésalliance …

Nous souhaitions nous rendre à Posolskoïe,  village de pêcheur, mais  impossible de le trouver, nous avons dû manquer la route ( la piste ?) d’accès. Pour compenser, nous ferons une ballade dans le village de Babouchkine. Pas très gai, quelques immeubles déglingués, des isbas mal entretenues, un village coupé en deux par une gare de triage et un accès à la plage par un passage sous les voies ferrées. Routes en terre et les trottoirs n’ont pas encore été inventés..

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Nous cherchons les pêcheurs désespérément, tout a l’air abandonné sur cette plage, néanmoins, nous aurons vu le lac !  Rassurant par contre, dans un environnement aussi triste que celui du village, les jeunes filles portent mini shorts et débardeurs moulants, les enfants font du vélo ou des rollers

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Retour au camion, garé en bord de route, deux femmes vendent du poisson fumé à 10m du véhicule !

De nouveau les montagnes russes, il sera  impossible de quitter la route car elle est en chantier continu et les pistes qui la croisent sont trop étroites et défoncées. Bivouac sur un vilain terrain vague en  bord de route qui servait de parking aux engins de chantier, et sur les voies, à 50m, un train toutes les 10mn..

Le soir nous dégustons les omoul, ces poissons du lac, avec des pommes de terre au beurre, un vrai régal.. 

N 51° 35’ 48.2’’  E 105° 23’ 12.5’’

Altitude 473m

232km  Total 28255 

Dimanche 16 août Jour 148  Babushkine Irkoutsk 

Départ 7h30, nous continuons les montagnes russes à flanc de collines avec des pentes à 10%. Parfois des zones de chantier mais la route est généralement neuve, nous passerons souvent à des endroits où le goudron est encore collant ! La multiplication des chantiers est due à la brièveté de la période hors gel, 4 à 6 mois, qui oblige à concentrer tous les travaux routiers à la belle saison.

Arrivée à Irkoutsk vers 13h, sous la pluie, après un passage de col pour contourner l’extrémité ouest du lac. Nous nous garons sur le parking d’un supermarché dans la quartier de Sinusha Hill. 

Irkoutsk, ville historique fondée par des cosaques au XVII° siècle grandit rapidement, devenant une des villes étapes importantes de la Route du Thé, voie de commerce entre la Chine et la Russie. Elle dû aussi sa croissance à l’afflux d’exilés, un tiers de sa population au XIX° siècle étant constitué de bannis ! Situation qui perdura d’ailleurs puisque de nombreux camps du goulag étaient situés dans ses environs , comme autour des autres villes sibériennes. 

C’est une cité, comme toutes celles de Sibérie, où les faubourgs sont encore constitués d’isbas, il en reste même de très nombreuses en centre ville, faites de rondins et aux fenêtres ourlées de dentelles de bois coloré, plus ou moins bien entretenues.

 

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Certains  surnomment Irkoutsk le « Paris sibérien », un peu surfait, même si les jardins au bord de l’Angara ont beaucoup de charme. 

Promenade vers les 3 églises situées près du fleuve, derrière la Douma. L’église catholique polonaise de briques et en style gothique,la moins colorée, abrite également des concerts d’orgue, nous ne pourrons la visiter. L’église Spasskaïa  et celle de  l’Epiphanie sont elles, très  belles quoique fort différentes.

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 Longue recherche de la Cathédrale Notre Dame de Kazan, de l’autre côté de l’Angara, édifice aux couleurs extraordinaires construit en 1718.

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Nous ne trouverons pas l’embarcadère Rakita d’où s’embarquer en hydroglisseur pour Listvyanka, à l’embouchure de l’Angara, mais nous admirerons l’extérieur de la Maison de l’Europe, ancienne propriété d’un négociant prospère, sauvée de la démolition par des associations européennes et maintenant classée par l’Unesco.

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Promenade dans ce quartier des décembristes. Officiers progressistes, ces aristocrates  tentèrent, en décembre1825, un coup d’état pour libéraliser le régime. Cinq furent exécutés par Nicolas II, une centaine furent exilés à Irkoutsk pour y subir de longues peines de prison, puis assignés à résidence, où ils finirent leurs jours. Une vingtaine d’épouses, mères ou sœurs les rejoignirent pour y fonder au fil des ans, une communauté qui apporta à la région un ensemble de transformations culturelles ou sociales fondamentales, à tel point que l’épouse du comte Volkhonsky  y est devenue une icone.

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On peut visiter les belles propriétés que certains y  bâtirent après leurs longues années de bagne. Coup de chance, le syndicat d’initiative y est logé, nous y trouverons les infos pour le bus pour Listvyanka… car pas d’hydroglisseur le lundi.

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Au retour, nous ferons halte dans une zone d’isbas complètement rénovée, mélange naturellement de boutiques de charme et de centre commercial de luxe. Nous y remarquerons, avec surprise, une pancarte qui nous fera penser à nos ami (e)s de l’association humanitaire « Prométhée ». Michel, bises à tous de notre part.

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N 52° 15’ 52.8’’   E 104° 13’ 18.6’’

Altitude 437m

243 km   Total 28498 

Lundi 17 août  Jour 149   Lystvianka

Nous prenons donc le bus, sous la pluie, jusqu’à Listvyanka, à l’embouchure de l’Angara. Cela doit être gai en été ! Village qui s’étend le long de la route côtière, étroite plage de galets, la flotte du Baïkal à quai. Un charmant marché aux poissons où nous achèterons galettes, omouls frais et fumés avant de déguster, avec les doigts les poissons frais, à peine fumés, qui sont conservés chauds par les vendeuses dans des marmites norvégiennes. Une chair de truite au goût délicat, une galette chaude, une bière mousseuse dans un café à l’ambiance hivernale (rondins, poêle et vitres embuées), que demande le peuple ?

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    Tout d’abord mille excuses à nos suiveurs, et en particulier aux profs d’ Hist et Gé dont nous connaissons la rigueur et le souci de l’exactitude: Le tsar qui châtia les décembristes n’était pas Nicolas II mais bien Nicolas I°. La documentaliste est privée de vodka jusqu’au retour en France.

Mardi 18 août Jour 150 Irkoutsk Alzamay

Nous prenons la route inverse de celle que suivit Michel Strogoff.  (Nanar de Carmine Gallone en 1956, d’après Jules Vernes avec Curd Jurgens et Geneviève Page et sa phrase culte:  » Regarde, de tous tes yeux, regarde… »  C’est ce que nous faisons.)

Départ 7 h pour la première des nombreuses étapes de liaison. La route vient d’être refaite et est excellente, sauf …sur les portions non refaites ou en chantier ! Elle longe le transsibérien pendant 600km , dans une région de céréales et de prairies, mais, curieusement, on ne voit pas de fermes. Nous traversons de petites villes, moins souvent des villages qui sont en retrait de la route et accessibles par des pistes boueuses.

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A ce propos, pas de cars dans ces régions, nous verrons par contre de nombreux camions Kamaz 6×6, les mêmes qui équipent l’armée, sur lesquels sont montées des cellules  équipées de sièges d’autocars. On imagine les conditions de circulation, l’hiver ou par temps de pluie, qui imposent ces véhicules tout terrains. Avantage, pas besoin de pancarte « Interdit de parler au chauffeur »

Nous entrons enfin dans la forêt, mélangée de bouleaux et mélèzes.

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En bord de route, même loin de toute habitation, myrtilles et champignons sont proposés à la vente et nous nous faisons un devoir de contribuer à l’essor de l’économie vivrière. Les champignons, d’une espèce que nous ne connaissons pas, se révèleront très amers après cuisson. Nous ne pourrons les consommer, ils nécessitaient sans doute une préparation spéciale, que nous ignorions; mais les myrtilles rattrapent le reste.

Bivouac après Alzamay, sur un parking routier

N 55° 33’ 09.8’’ E 98° 37’ 32.1’’

Altitude 381m

625km Total 29123

Mercredi 19 août Jour 151 Alzamay – Krasnoyark

Nous quittons la forêt, qui reste visible au loin, sur les hauteurs. Nous ne sommes pas dans la Sibérie de Dersou Ouzala (et oui, encore Kurosawa, 1975), que l’on trouve sans doute plus au nord, mais où sont les routes pour y parvenir ? Nos cartes en sont vierges. Ici, c’est plaines céréalières ou marécages. Au bord de la route, vendeurs de pommes de terre et de girolles patientent en attendant les clients. Pas découragés, nous achèterons les deux.

On pousse jusqu’à Krasnoyark. La ville n’est pas belle, seule la promenade au bord de l’Ienisseï, majestueux, présente de l’attrait.

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Nous constatons qu’il nous faut retarder nos montres d’une heure, de nouveau, et prenons la direction de la sortie de la ville, pour un bivouac sur le parking Leroy Merlin ( cherchez la contradiction entre bivouac et Leroy Merlin…)

Diner d’un plat de girolles, délicieux.

N 56° 2’ 58.3’’ E 92° 54’ 24.3’’

Altitude 189m

481 km Total 29604

Jeudi 20 août Jour 152 Krasnoyark – route de Komerovo

Départ matinal pour une longue étape, nous commençons a avoir envie de rentrer, mais la journée commence mal : Crevaison du pneu arrière droit, maintenant irrécupérable ; C’était la roue de secours mise en place à Boukhara, elle aura quand même tenu 22000 km, avec sur la fin quelques entailles sur les flancs récoltées en Mongolie ! Il nous faudra 1h30 pour la changer. Croisons les doigts, la seconde roue de secours est douteuse, il nous faut tenir ainsi jusqu’à Nihzni Novgorod, 4000km, où nous espérons pouvoir acheter des pneus neufs.

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Après une centaine de km, c’est le véhicule de Guy qui fait des siennes, voyant moteur allumé. L’échange du filtre à gazole n’y fera rien, il faut trouver un garage Ford. Soit demi tour vers Krasnoyark, soit Novosibirsk, sur notre route, mais à 600km. On continue !

Komerovo est le cœur minier de la Russie, la majorité de la population y travaille dans les mines. Le transport du charbon se fait par train, bon point par rapport à la Chine. Nous le vérifierons de visu en attendant 25 mn à un passage à niveau pour le passage de 5 trains, comptant de 50 à 80 wagons chacun ( quand on attend, on n’ a pas mieux à faire que de les compter…)

Bivouac sur un parking routier, à environ 120km de Komerovo

N 55° 53’ 28.1’’ E 87°16’ 22.4’’

Altitude 262m

440km  Total 30044

Vendredi 21 août Jour 153 Route de Komerovo – Novosibirsk

Le garage Ford dont nous avions l’adresse n’existe plus. En face, le personnel du garage GAZ nous accueille avec sympathie, en particulier une jeune ingénieure en mécanique angliciste, qui nous « parrainera ». Faute de pièces, ils ne pourront prendre en charge le véhicule de Guy, mais nous indiquent l’adresse d’un « Ford Services ». Il nous faudra une heure et deux aller retour pour le trouver, vu la complexité du système des adresses en Russie. Nous trouvons enfin le garage, qui est en fait une agence Webasto qui distribue quelques pièces Ford, avec également un représentant de Bosch Car service. Je sympathiserai avec celui-ci, Alexandre, qui téléchargera sur la tablette d’Agnès l’adresse de tous les centres Bosch en Russie, au cas où .., et nous invitera à l’appeler en cas de problème. Nous constaterons ici, comme en d’autres occasions, que si le 1° contact est indifférent, voire froid, nos interlocuteurs deviennent très vite chaleureux et serviables.

Vidange et échange de filtre à huile faits, nous repartons, avec la recommandation d’éviter le gazole bon marché, non sans avoir posé devant le garage pour les traditionnelles photos des véhicules.

En route, nous achèterons cèpes de pins et girolles par seaux…

Enorme bouchon dès le début de l’autoroute. Les locaux ne se gênent pas et dévalent les talus pour remonter les files. Nous, nous abandonnons et plantons le bivouac en bord de route, à la nuit.

N 55° 11’ 02.1’’ E 82° 53’ 59.0’’

Altitude 120m

396km  Total 30440

Samedi 22 août Jour 155 Novosibirsk Omsk

« Plaine oh ma plaine, plaine oh mon immense plaine.. « (Sur fond de chœurs de l’armée rouge, ou solo d’Ivan Rebroff, au choix)

Céréales, prairies, bouleaux et vendeurs de champignons sur une très bonne route, fraichement refaite. La Russie étale des millions de tonnes de bitume chaque été..

Dans les champs de blé, à la veille des moissons, pas un coquelicot…

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A l’étape, recherche de supermarché, on traverse Omsk, malgré nous, et on le regrette car c’est une ville sans intérêt. Omsk, comme la plupart des villes de l’ouest sibérien ou de l’Oural est extrêmement industrielle, du fait des ressources minières, d’un part, mais aussi, et surtout, à la suite de la décision de Staline qui fit déménager 1300 usines et déplacer des centaines de milliers d’ouvriers pour les mettre à l’abri de l’avance allemande, pendant la « Grande guerre patriotique ».

Bivouac en sortie de ville sur le parking d’un bar Karaoké, heureusement fort calme.

N 54° 53’ 48.2’’ E 73° 13’ 49.4 »

Altitude 87m

723 km   Total 31163

Dimanche 23 août Jour 156 Omsk Golyshmanovo

Journée pénible, sous la pluie et sur une route défoncée par les camions, creusée de rails sur lesquels je pars en crabe, heureusement récupéré.; ça me calmera et j’irai bien plus doucement dans les zones où les camions ont creusé ces profonds sillons dans le bitume. Pourri de chantiers avec un énorme trafic de poids lourds, ce trajet s’avère désespérément long.

A propos de poids lourds, les routiers russes sont très corrects, ne cherchent pas à dépasser n’importe où et remercient d’un coup de warning quand on leur laisse le passage. Par contre ils roulent vite, très vite. Il ne se passe pas de jour sans que nous ne voyions un poids lourd au fossé ou une semi remorque en portefeuille, mais en général, ils se viandent tous seuls…

La région est très marécageuse: Roselières, bouleaux, quelques prairies.

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Paradoxalement, nous ne trouverons pas d’eau dans le village où nous bivouaquons. Cela s’explique, lorsque les villages sont un peu plus « évolués », on le constate aux rues goudronnées, les maisons ont l’eau courante et le réseau de pompes extérieures que l’on trouve dans les villages plus traditionnels a été désaffecté.

Bivouac sur le parking d’un magasin, dans le village de Golyshmanovo

N 56°24’ 10.1’’ E 068° 23’ 02.6’’

Altitude 117m

430 km  Total 31593

Lundi 24 août Jour 157 Route de Tioumen – Yekaterinburg

Bonne route roulante avec quelques zones dégradées ou en chantier, beaucoup moins de camions. ( Je me rends compte que la description du réseau routier russe est un brin fastidieuse, mais c’est le quotidien des voyageurs…). Céréales et quelques belles zones de bouleaux, nombreuses traversées de fleuves ou rivières, dont la taille nous impressionne à chaque fois.

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Nous suivons les recommandations du garage et n’achetons plus que du gazole « Eco » à 35 roubles le litre (0.44€) alors qu’on peut en trouver jusqu’à 0.31€, mais quid de la propreté et du rendement?

Très bonne nouvelle d’Andrei Komarov, le Customer service Mgr de l’usine AGC de Bor : il m’a trouvé les pneus Michelin dont j’ai besoin. Alleluiha !.

Bivouac sur un parking de zone commerciale en entrée de ville, après avoir erré une heure en quête du supermarché de nos rêves…

N 56° 45’ 54.3’’ E 60° 44’ 32.2’’

Altitude 240m

589 km Total 32182

Mardi 25 août Jour 158 Yekaterinburg-

Le problème de Guy n’est pas solutionné, son moteur a des ratés et nous devons  trouver un garage Ford. Il nous faudra 1h pour parcourir les 5km qui y mènent, en raison des bouchons du matin.

Le diagnostic sera vite fait :Il faut changer une pièce sur le circuit d’échappement. Le personnel sera efficace et parviendra à se procurer la pièce chez un distributeur local, après force coups de téléphone. Pendant l’intervention, nous laissons Guy et Micheline sur place et profitons du véhicule du chef d’atelier, parti chercher la pièce, pour nous faire déposer devant l’église / mausolée des Romanov, bâtie sur le lieu de l’exécution de de la famille impériale, en 1918.

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Intéressant plus par ce qu’il montre de l’évolution de la Russie, ( les réacs sont en train d’en faire des saints..) que par son contenu. En plus l’encens, à force, ça lasse…

Nous nous réconforterons devant une grillade et une gaufre chantilly, les premières depuis ….

Promenade dans cette très belle ville, avec son musée à l’allure de petit Ermitage et ses contrastes parfois saisissants. Ville de culture, au vu des très nombreuses affiches annonçant concerts, spectacles et récitals.

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Nous chercherons en vain un taxi, au bout d’une ½ h Agnès abordera un jeune homme qui, par chance, parle anglais. Il nous appellera un taxi et restera avec nous 30mn pour s’assurer que celui ci arrive bien, discuter le prix et lui expliquer notre destination. Mille merci à Dimitri, jeune étudiant en droit de 22 ans, qui confirmera ce que j’écrivais plus haut sur l’esprit de service des russes.

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Départ à 16h30 pour un court bout de route. Bivouac sur un parking routier

N 56.79714° E 59.41215°

99km Total 32281

Mercredi 26 août Jour 159 Yekatrinburg - Pervouralsk (Ocher)

Belles forêts de résineux dans cette traversée de l’Oural, étonnement peu escarpée. L’altitude des vallées empruntées par la route ne dépasse pas les 200/300m. Comme j’ai pu le lire dans un guide: « L’Oural n’a jamais constitué un obstacle aux invasions ». Nous retrouvons ensuite des zones céréalières.

Au passage, à Kungur, détour de 10km pour visiter les « Grottes de glace », qui, après visite, ne le méritent pas. 1.5km de galeries, c’est une vraie belle grotte, mais avec peu de glace et une guide volubile qui fait durer la visite 1h15. Quand on se gèle les pieds (grottes de glace, on aurait dû prévoir), 1h15 de russe, c’est long.

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En soirée, halte au monument marquant la séparation Europe Asie. Vous ne couperez pas à la photo neuneu immortalisant cet évènement.

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N 57.86770°   E 54.78431°

Altitude 150m

423km Total 32704

Jeudi 27 aout Jour 160 Pervouralsk – Imeni Tattchika

Quelques mauvaises portions mais route généralement bonne avec même des sections d’autoroute en contournement des villes. 1 h de bouchon pour chantier, pour conclure la journée.

Les produits, en bord de route, varient. Ici c’est patates et miel, nous nous contenterons du second, au parfum très marqué. Dans les forêts, les arbres « se parent aux couleurs de l’automne ».

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Bivouac dans un village, à l’écart de la route, face à une petite épicerie où nous faisons quelques courses, accueil sympathique. Nous décalons à nouveau de deux heures et sommes à l’heure de Moscou. Pas le jet lag, mais presque… Demain, Nizhny Novogorod.

N 55°.70536 E 49°.63738

Altitude 70m

584km  Total 33288