Tout d’abord mille excuses à nos suiveurs, et en particulier aux profs d’ Hist et Gé dont nous connaissons la rigueur et le souci de l’exactitude: Le tsar qui châtia les décembristes n’était pas Nicolas II mais bien Nicolas I°. La documentaliste est privée de vodka jusqu’au retour en France.
Mardi 18 août Jour 150 Irkoutsk Alzamay
Nous prenons la route inverse de celle que suivit Michel Strogoff. (Nanar de Carmine Gallone en 1956, d’après Jules Vernes avec Curd Jurgens et Geneviève Page et sa phrase culte: » Regarde, de tous tes yeux, regarde… » C’est ce que nous faisons.)
Départ 7 h pour la première des nombreuses étapes de liaison. La route vient d’être refaite et est excellente, sauf …sur les portions non refaites ou en chantier ! Elle longe le transsibérien pendant 600km , dans une région de céréales et de prairies, mais, curieusement, on ne voit pas de fermes. Nous traversons de petites villes, moins souvent des villages qui sont en retrait de la route et accessibles par des pistes boueuses.

A ce propos, pas de cars dans ces régions, nous verrons par contre de nombreux camions Kamaz 6×6, les mêmes qui équipent l’armée, sur lesquels sont montées des cellules équipées de sièges d’autocars. On imagine les conditions de circulation, l’hiver ou par temps de pluie, qui imposent ces véhicules tout terrains. Avantage, pas besoin de pancarte « Interdit de parler au chauffeur »
Nous entrons enfin dans la forêt, mélangée de bouleaux et mélèzes.

En bord de route, même loin de toute habitation, myrtilles et champignons sont proposés à la vente et nous nous faisons un devoir de contribuer à l’essor de l’économie vivrière. Les champignons, d’une espèce que nous ne connaissons pas, se révèleront très amers après cuisson. Nous ne pourrons les consommer, ils nécessitaient sans doute une préparation spéciale, que nous ignorions; mais les myrtilles rattrapent le reste.
Bivouac après Alzamay, sur un parking routier
N 55° 33’ 09.8’’ E 98° 37’ 32.1’’
Altitude 381m
625km Total 29123
Mercredi 19 août Jour 151 Alzamay – Krasnoyark
Nous quittons la forêt, qui reste visible au loin, sur les hauteurs. Nous ne sommes pas dans la Sibérie de Dersou Ouzala (et oui, encore Kurosawa, 1975), que l’on trouve sans doute plus au nord, mais où sont les routes pour y parvenir ? Nos cartes en sont vierges. Ici, c’est plaines céréalières ou marécages. Au bord de la route, vendeurs de pommes de terre et de girolles patientent en attendant les clients. Pas découragés, nous achèterons les deux.
On pousse jusqu’à Krasnoyark. La ville n’est pas belle, seule la promenade au bord de l’Ienisseï, majestueux, présente de l’attrait.


Nous constatons qu’il nous faut retarder nos montres d’une heure, de nouveau, et prenons la direction de la sortie de la ville, pour un bivouac sur le parking Leroy Merlin ( cherchez la contradiction entre bivouac et Leroy Merlin…)
Diner d’un plat de girolles, délicieux.
N 56° 2’ 58.3’’ E 92° 54’ 24.3’’
Altitude 189m
481 km Total 29604
Jeudi 20 août Jour 152 Krasnoyark – route de Komerovo
Départ matinal pour une longue étape, nous commençons a avoir envie de rentrer, mais la journée commence mal : Crevaison du pneu arrière droit, maintenant irrécupérable ; C’était la roue de secours mise en place à Boukhara, elle aura quand même tenu 22000 km, avec sur la fin quelques entailles sur les flancs récoltées en Mongolie ! Il nous faudra 1h30 pour la changer. Croisons les doigts, la seconde roue de secours est douteuse, il nous faut tenir ainsi jusqu’à Nihzni Novgorod, 4000km, où nous espérons pouvoir acheter des pneus neufs.

Après une centaine de km, c’est le véhicule de Guy qui fait des siennes, voyant moteur allumé. L’échange du filtre à gazole n’y fera rien, il faut trouver un garage Ford. Soit demi tour vers Krasnoyark, soit Novosibirsk, sur notre route, mais à 600km. On continue !
Komerovo est le cœur minier de la Russie, la majorité de la population y travaille dans les mines. Le transport du charbon se fait par train, bon point par rapport à la Chine. Nous le vérifierons de visu en attendant 25 mn à un passage à niveau pour le passage de 5 trains, comptant de 50 à 80 wagons chacun ( quand on attend, on n’ a pas mieux à faire que de les compter…)
Bivouac sur un parking routier, à environ 120km de Komerovo
N 55° 53’ 28.1’’ E 87°16’ 22.4’’
Altitude 262m
440km Total 30044
Vendredi 21 août Jour 153 Route de Komerovo – Novosibirsk
Le garage Ford dont nous avions l’adresse n’existe plus. En face, le personnel du garage GAZ nous accueille avec sympathie, en particulier une jeune ingénieure en mécanique angliciste, qui nous « parrainera ». Faute de pièces, ils ne pourront prendre en charge le véhicule de Guy, mais nous indiquent l’adresse d’un « Ford Services ». Il nous faudra une heure et deux aller retour pour le trouver, vu la complexité du système des adresses en Russie. Nous trouvons enfin le garage, qui est en fait une agence Webasto qui distribue quelques pièces Ford, avec également un représentant de Bosch Car service. Je sympathiserai avec celui-ci, Alexandre, qui téléchargera sur la tablette d’Agnès l’adresse de tous les centres Bosch en Russie, au cas où .., et nous invitera à l’appeler en cas de problème. Nous constaterons ici, comme en d’autres occasions, que si le 1° contact est indifférent, voire froid, nos interlocuteurs deviennent très vite chaleureux et serviables.
Vidange et échange de filtre à huile faits, nous repartons, avec la recommandation d’éviter le gazole bon marché, non sans avoir posé devant le garage pour les traditionnelles photos des véhicules.
En route, nous achèterons cèpes de pins et girolles par seaux…
Enorme bouchon dès le début de l’autoroute. Les locaux ne se gênent pas et dévalent les talus pour remonter les files. Nous, nous abandonnons et plantons le bivouac en bord de route, à la nuit.
N 55° 11’ 02.1’’ E 82° 53’ 59.0’’
Altitude 120m
396km Total 30440
Samedi 22 août Jour 155 Novosibirsk Omsk
« Plaine oh ma plaine, plaine oh mon immense plaine.. « (Sur fond de chœurs de l’armée rouge, ou solo d’Ivan Rebroff, au choix)
Céréales, prairies, bouleaux et vendeurs de champignons sur une très bonne route, fraichement refaite. La Russie étale des millions de tonnes de bitume chaque été..
Dans les champs de blé, à la veille des moissons, pas un coquelicot…

A l’étape, recherche de supermarché, on traverse Omsk, malgré nous, et on le regrette car c’est une ville sans intérêt. Omsk, comme la plupart des villes de l’ouest sibérien ou de l’Oural est extrêmement industrielle, du fait des ressources minières, d’un part, mais aussi, et surtout, à la suite de la décision de Staline qui fit déménager 1300 usines et déplacer des centaines de milliers d’ouvriers pour les mettre à l’abri de l’avance allemande, pendant la « Grande guerre patriotique ».
Bivouac en sortie de ville sur le parking d’un bar Karaoké, heureusement fort calme.
N 54° 53’ 48.2’’ E 73° 13’ 49.4 »
Altitude 87m
723 km Total 31163
Dimanche 23 août Jour 156 Omsk Golyshmanovo
Journée pénible, sous la pluie et sur une route défoncée par les camions, creusée de rails sur lesquels je pars en crabe, heureusement récupéré.; ça me calmera et j’irai bien plus doucement dans les zones où les camions ont creusé ces profonds sillons dans le bitume. Pourri de chantiers avec un énorme trafic de poids lourds, ce trajet s’avère désespérément long.
A propos de poids lourds, les routiers russes sont très corrects, ne cherchent pas à dépasser n’importe où et remercient d’un coup de warning quand on leur laisse le passage. Par contre ils roulent vite, très vite. Il ne se passe pas de jour sans que nous ne voyions un poids lourd au fossé ou une semi remorque en portefeuille, mais en général, ils se viandent tous seuls…
La région est très marécageuse: Roselières, bouleaux, quelques prairies.

Paradoxalement, nous ne trouverons pas d’eau dans le village où nous bivouaquons. Cela s’explique, lorsque les villages sont un peu plus « évolués », on le constate aux rues goudronnées, les maisons ont l’eau courante et le réseau de pompes extérieures que l’on trouve dans les villages plus traditionnels a été désaffecté.
Bivouac sur le parking d’un magasin, dans le village de Golyshmanovo
N 56°24’ 10.1’’ E 068° 23’ 02.6’’
Altitude 117m
430 km Total 31593
Lundi 24 août Jour 157 Route de Tioumen – Yekaterinburg
Bonne route roulante avec quelques zones dégradées ou en chantier, beaucoup moins de camions. ( Je me rends compte que la description du réseau routier russe est un brin fastidieuse, mais c’est le quotidien des voyageurs…). Céréales et quelques belles zones de bouleaux, nombreuses traversées de fleuves ou rivières, dont la taille nous impressionne à chaque fois.


Nous suivons les recommandations du garage et n’achetons plus que du gazole « Eco » à 35 roubles le litre (0.44€) alors qu’on peut en trouver jusqu’à 0.31€, mais quid de la propreté et du rendement?
Très bonne nouvelle d’Andrei Komarov, le Customer service Mgr de l’usine AGC de Bor : il m’a trouvé les pneus Michelin dont j’ai besoin. Alleluiha !.
Bivouac sur un parking de zone commerciale en entrée de ville, après avoir erré une heure en quête du supermarché de nos rêves…
N 56° 45’ 54.3’’ E 60° 44’ 32.2’’
Altitude 240m
589 km Total 32182
Mardi 25 août Jour 158 Yekaterinburg-
Le problème de Guy n’est pas solutionné, son moteur a des ratés et nous devons trouver un garage Ford. Il nous faudra 1h pour parcourir les 5km qui y mènent, en raison des bouchons du matin.
Le diagnostic sera vite fait :Il faut changer une pièce sur le circuit d’échappement. Le personnel sera efficace et parviendra à se procurer la pièce chez un distributeur local, après force coups de téléphone. Pendant l’intervention, nous laissons Guy et Micheline sur place et profitons du véhicule du chef d’atelier, parti chercher la pièce, pour nous faire déposer devant l’église / mausolée des Romanov, bâtie sur le lieu de l’exécution de de la famille impériale, en 1918.

Intéressant plus par ce qu’il montre de l’évolution de la Russie, ( les réacs sont en train d’en faire des saints..) que par son contenu. En plus l’encens, à force, ça lasse…
Nous nous réconforterons devant une grillade et une gaufre chantilly, les premières depuis ….
Promenade dans cette très belle ville, avec son musée à l’allure de petit Ermitage et ses contrastes parfois saisissants. Ville de culture, au vu des très nombreuses affiches annonçant concerts, spectacles et récitals.





Nous chercherons en vain un taxi, au bout d’une ½ h Agnès abordera un jeune homme qui, par chance, parle anglais. Il nous appellera un taxi et restera avec nous 30mn pour s’assurer que celui ci arrive bien, discuter le prix et lui expliquer notre destination. Mille merci à Dimitri, jeune étudiant en droit de 22 ans, qui confirmera ce que j’écrivais plus haut sur l’esprit de service des russes.

Départ à 16h30 pour un court bout de route. Bivouac sur un parking routier
N 56.79714° E 59.41215°
99km Total 32281
Mercredi 26 août Jour 159 Yekatrinburg - Pervouralsk (Ocher)
Belles forêts de résineux dans cette traversée de l’Oural, étonnement peu escarpée. L’altitude des vallées empruntées par la route ne dépasse pas les 200/300m. Comme j’ai pu le lire dans un guide: « L’Oural n’a jamais constitué un obstacle aux invasions ». Nous retrouvons ensuite des zones céréalières.
Au passage, à Kungur, détour de 10km pour visiter les « Grottes de glace », qui, après visite, ne le méritent pas. 1.5km de galeries, c’est une vraie belle grotte, mais avec peu de glace et une guide volubile qui fait durer la visite 1h15. Quand on se gèle les pieds (grottes de glace, on aurait dû prévoir), 1h15 de russe, c’est long.

En soirée, halte au monument marquant la séparation Europe Asie. Vous ne couperez pas à la photo neuneu immortalisant cet évènement.

N 57.86770° E 54.78431°
Altitude 150m
423km Total 32704
Jeudi 27 aout Jour 160 Pervouralsk – Imeni Tattchika
Quelques mauvaises portions mais route généralement bonne avec même des sections d’autoroute en contournement des villes. 1 h de bouchon pour chantier, pour conclure la journée.
Les produits, en bord de route, varient. Ici c’est patates et miel, nous nous contenterons du second, au parfum très marqué. Dans les forêts, les arbres « se parent aux couleurs de l’automne ».

Bivouac dans un village, à l’écart de la route, face à une petite épicerie où nous faisons quelques courses, accueil sympathique. Nous décalons à nouveau de deux heures et sommes à l’heure de Moscou. Pas le jet lag, mais presque… Demain, Nizhny Novogorod.
N 55°.70536 E 49°.63738
Altitude 70m
584km Total 33288
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