Archives mensuelles: octobre 2018

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 Samedi  29 septembre.  Jour 19 : Porto Jofre

Le « Jaguar Camp » permet, dans ses quelques chambres, l’hébergement de voyageurs qui viennent pour de courts séjours observer des jaguars dans leur milieu naturel. Il peut aussi accueillir quelques « campers ».

Et, parmi les bananiers, image extraordinaire d’un palmier colonisé, par un autre arbre qui l’a littéralement étouffé.

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Ce camp est géré par l’agence « Pantanal Nature » qui s’est spécialisée dans les « Jaguar tours ». Le lieu n’a pas été choisi sans raisons : de 4 à 7000 individus, soit la plus forte concentration de tout le continent, ont été dénombrés au Pantanal, sur les 120 000 estimés pour l’ensemble des trois Amériques. Le camp abrite également, en résidence temporaire, des scientifiques qui viennent, en ce lieu privilégié, étudier le comportement de ces grands félins et partager un peu de leur savoir avec les visiteurs.

Départ à 6h30, et remontée de la Cuiaba pendant près d’une heure sur des canots rapides.

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Avant les grosses bêtes, des prédateurs moins impressionnants, mais tout aussi efficaces : les loutres. Les canots ne les effraient pas et elles chassent en bandes de 3 ou 4, mais celle qui attrape un poisson ne partage pas, et fonce se réfugier dans les plantes aquatiques pour achever son repas, l’ayant, dans sa voracité, déjà bien entamé en route. Animal étonnant par son habileté à saisir ses proies avec ses pattes avant, vraies mains préhensiles, et par son agressivité : même les jaguars les évitent.

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Plus gracieux, les oiseaux aux couleurs éclatantes qui font leur toilette sur les plages, ou qui viennent débarrasser leurs copains capybaras de leurs parasites.

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Plus inquiétant, l’anaconda qui tente de gravir la berge sableuse, n’y parvient pas, et se résout à longer la berge jusqu’à un point plus accessible.

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Et, but de la journée, le premier jaguar. On ne risque pas de le manquer, dans une boucle de la rivière, une dizaine de canots sont stoppés et leurs passagers, objectifs braqués, mitraillent au moindre bruissement des feuilles. Cela nous rappellera furieusement un « Léopard tour » au Kenya, où une vingtaine de minibus cernaient un tertre d’où, avec de l’imagination, on pouvait distinguer les moustaches d’un léopard. La raison en est simple : ici, comme là bas, les guides communiquent par radio et se signalent la présence des animaux qu’ils ont à cœur de montrer à leurs clients.

Nous aurons appris que le jaguar est le cousin américain du leopard, et que des croisements fertiles entre ces deux espèces ont été constatés en captivité, mais que la taille des canines du jaguar et la puissance de ses mâchoires en font le prédateur le plus redoutable de tous les félins : il met régulièrement le caïman, à son menu, en lui broyant la nuque, et à longtemps été chassé en raison des ravages qu’il causait dans les troupeaux de bovins.

Premier jaguar donc, qui remonte lentement la berge puis s’installe pour sa sieste en nous ignorant superbement. Selon notre guide, il s’agit de Jeff, 7 ans.

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Rencontre à nouveau de Okan, Donna et leur fils Indigo, canadiens dont nous avions fait la connaissance au camping de Chapadas et qui descendront le fleuve avec nous.

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Nous aurons la chance, ensuite, d’observer un couple de jaguars et ses câlins, puis, l’après- midi, un mâle qui remonte la rivière, tantôt nageant, tantôt progressant sur la berge, puis un dernier solitaire, à la fourche d’un arbre, dans la pénombre qui vient.

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Et pour terminer, l’espèce animale la plus incongrue dans cet environnement.

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 Dimanche 30 septembre. Jour 20 :   Porto Jofre

C’est dimanche, grasse mat, lessive, rangement, blog. Et en plus, nous pouvons recharger les batteries sur le secteur, on nous a trouvé la seule prise 220V du « Jaguar Camp ». En général, dans les campings ou les hotels les réseaux sont doublés et on a le choix de se brancher en 110 ou 220V, mais les installations domestiques sont en 110V, et c’est aussi le cas ici.

Il faut être à l’embarquement pour le début d’après-midi, départ 19h. A 14h30, on nous prévient que le bateau nous attend. Nous sommes vite sur place et on comprend vite que ce n’est pas un ferry, mais une bétaillère, une barge poussée par la « Santa Laura »

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Embarquement assez aisé, en roulant sur deux grosses poutres, guidés par l’équipage, et départ dès 15h30. Nos véhicules sont à l’avant de la barge et nous sortons les fauteuils, pour profiter du spectacle. Les berges  désertes, on se permet même un petit scrabble.

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A 17h30, on nous prévient que le diner est prêt. C’est le rythme « hospices », mais il est vrai que la nuit tombe à 18h.

Coucher tôt, donc, puis arrêt vers 23h. Nuit noire, on ne voit rien dehors.

Lundi 1° octobre. Jour 21. Sur la barge

A 5h, nous sommes déjà réveillés et le jour se lève à peine, on nous informe qu’il faut changer de barge. Il faut tout ranger, puis manœuvrer pour descendre de la barge, ou plutôt remonter de la barge vers un pré, ce qui sera simple, puis attendre qu’une deuxième barge, plus grande, soit mise en place, et enfin réembarquer, toujours sur les poutres.

Un fois le pick up d’Okan chargé, je mesure l’espace qui reste pour passer : 2,17m, notre largeur itou, je refuse de monter. La barge est plus grande que la précédente, mais le passage moins large ! Une seule solution, scier une des protections des barrières. Okan doit débarquer, on apporte une scie à métaux, et l’opération est vite effectuée, puis rebelote pour remonter à bord. On commence à s’habituer à grimper sur les poutres.

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Nous sommes devant ce qui ressemble à une ferme, avec de grands parcs à bestiaux et un petit bâtiment proclamant pompeusement « Porto ze Vania »

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Une fois chargée, la barge est déplacée, et nous assisterons au chargement d’environ 1200 bovins, des taurillons, qui viendront remplir, par cases de 30 têtes, les 6 barges qui seront ensuite assemblées en un énorme train, poussé par la « Santa Laura » et la « Laura de Vicogna »

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L’opération aura duré toute la journée, et nous sommes maintenant juste devant les pousseurs, sans accès à l’avant de la 1° barge. Sur notre droite, le pick up de Okan et Donna, sur notre gauche, les vaches. Efflanquées, nous imaginons qu’elles sont transportées, avant la saison des pluies, vers des pâturages plus riches afin de les engraisser, elles en ont bien besoin.

Et l’on suppute qu’elles ont été maintenues à jeun depuis quelques jours, leur productivité bousière semblant, pour le moment, réduite, ce dont nous nous félicitons…

Par contre, elles auront à supporter deux jours à bord sans boire, sous un soleil de plomb. Soyons cyniques, pour la productivité urinaire, ce n’est pas mal non plus..

A la nuit tombée, à l’approche du rio Paraguay, le paysage change, devient plus montagneux et les feux de forêts scintillent sur les pentes. Cela n’émeut personne à bord et, vu la densité de population, les moyens restreints et l’accès malaisé, il semble clair qu’il n’y ai qu’une seule stratégie: laisser brûler.

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Nous naviguerons sans arrêts, entre deux berges à la végétation dense, parmi les nombreux bras du fleuve, très méandreux. La navigation se poursuit toute la nuit, les timoniers se relevant régulièrement, mais nous ne comprenons pas comment ils parviennent à diriger le convoi dans cette obscurité absolue, coupée de temps en temps par l’éclat d’un projecteur balayant les rives.

Mardi 2 octobre Jour 22 Sur la barge

Le passage du rio Cuiaba au rio Paraguay s’est fait dans la nuit, sans changement dans le paysage, le fleuve s’écoulant lentement entre des rives à la dense végétation et dont les berges sont floues, les eaux étant couvertes de plantes aquatiques. On évite le soleil en changeant de bord, à chaque fois qu’un méandre bascule les ombres d’un bord sur l’autre. Et la routin s’est installée..

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A 10h30, on nous annonce le repas de midi. Riz haricots, « as usual », mais aujourd’hui c’est avec des beignets de poisson.

En vue de Corumba à 13h, on atteint le point de débarquement à 15h.

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Des cavaliers attendent le troupeau, et on comprendra bien vite que nous ne descendrons que lorsque la dernière vache aura débarqué.

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Cela prendra tout l’après- midi et nous ne quitterons la barge qu’à 20h, à la lueur des phares. Bien tard, il faut encore remonter jusqu’à Corumba, attendre Okan qui doit retirer du cash pour payer le transport et nous rendre ensuite à la Pousada do Cachimbo.

On aura raté le coucher du soleil, dommage.

S 19.00321°   W 57.67305°

Mercredi 3 octobre Jour 23. Corumba / Bodoquena

Bel endroit, superbement placé car dominant la vallée du rio Paraguay, accueil souriant par Jane et son fils Hugo dans des installations un peu défraichies. Dommage que le nombre réduit de touristes ne permette pas de remettre à niveau, l’endroit en vaut la peine.

On trouve assez vite une « boracheira », où l’on nous répare notre pneu à l’ancienne, avec une mèche, et en ¼ d’heure, remontage compris. Et pour le problème d’écrou, il a suffi d’en inverser deux pour fileter l’arrête du gougeon endommagée, on verra ce que cela donnera au prochain démontage.

Le tout pour moins de 5€, vérification de la pression des 4 pneus comprise, avec la goutte de salive pour vérifier l’étanchéité des valves, à l’ancienne on vous dit!

Départ vers Bonito à 14h par une excellente route, et halte pour la nuit en sortie du bourg de Bodoquena, sur le parking d’une station Shell flambant neuve. Il fait encore 27° à 18h

S 20° 33’ 6.8’’   W 56° 41’ 42.3’’

Km 291 Total 4570

Jeudi 04 octobre Jour 24. Bodoquena / Bonito 

Départ de bon matin, la route est toujours bonne, à l’exception d’un tronçon défoncé par les camions, aux abords d’une cimenterie, en sortie de Bodoquena. Nous nous rendons directement à la  Pousada Peralta, établissement comportant des chambres d’hôtel, des emplacements et installations destinés aux campeurs, mais également une agence permettant de s’inscrire à n’importe qu’elle activité, culturelle ou sportive, offerte par les nombreux opérateurs touristiques de la ville.

Nous nous inscrivons d’office à une descente de rivière pour l’après midi, et partons en chasse d’un garage : les ennuis ne sont pas terminés, un voyant indiquant un défaut au niveau de la transmission (baisse de pression d’huile ?) s’est allumé lors de notre démarrage matinal.

Le 1° garage nous expédie chez un électricien auto, qui nous fixe rendez-vous au lendemain 8h.

On décide d’ignorer le défaut et d’entreprendre les activités prévues : le voyant est orange, et pas rouge, mais j’ai du mal à l’oublier, ça me rend nerveux, je ne peux m’empêcher d’imaginer un blocage de la transmission ;

La descente du Rio Sicuri s’effectuera au sein d’une immense fazenda à 20 km de Bonito, par une bonne piste. Outre ses activités d’élevage de bovins, elle s’est orientée également sur l’écotourisme en développant un parc naturel sur les terres non cultivées qui bordent le rio.

On y pratique le « snorkeling », ou pour le dire plus simplement, la descente de rivière avec masque et tuba. Un personnel nombreux, souriant et compétent nous équipe de combinaison et gilet, nous prodigue une petite formation en piscine et, hardi petit ! nous lâche par groupe de 8. Ne nous lâche pas complètement, pour être honnête, un accompagnateur suit le groupe en barque, il a un boulot plutôt cool.

L’eau est d’une limpidité étonnante, et les poissons nombreux, mais sans grande variété. Le courant nous pousse et il n’y a qu’à se laisser aller, avec le gilet, impossible de couler, ni même de plonger pour ramasser les belles coquilles d’escargots qui jonchent le fond.

La descente aura duré une heure, nous avions loué une Gopro pour tirer le portrait de quelques poissons, mais sa mise en œuvre sous l’eau a laissé à désirer. Un peu d’indulgence donc pour la photo.

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S 21° 05’ 5.7’’   W 56° 30’ 2.4’’  Altitude 291m  25/28°C

Km 71  Total 4641

Vendredi 05 octobre, jour 25 . Bonito

8 heures pile devant l’atelier de l’électricien auto. Il faudra près d’une heure pour être pris en charge, puis voir un meccano s’escrimer sur le démontage des carters pour accéder à la transmission.

L’électricien fera quelques tests, ne trouvera rien d’anormal, et nous adressera à un autre garage pour vérifier le niveau d’huile de la transmission. Il refusera tout paiement.

Nouvelles explications et là, le patron du garage sait de quoi il parle : il ne s’agit pas d’un défaut, contrairement à ce qu’indique la brochure du véhicule, mais d’un signal invitant le propriétaire à faire une révision ! Ce qui en l’occurrence n’a pas lieu d’être car la dernière révision a été faite il y a moins de 9000 km, pour un intervalle théorique de 30 00; le calculateur n’a sans doute pas été remis à zéro.

Notre sauveur effectue un reset par une procédure bizarre, mais sans doute prévue par le constructeur : contact mis, frein et embrayage enfoncés pendant 20 secondes, on coupe le contact, puis rebelote pendant 1 minute et là, le voyant clignote, puis s’éteint !

Si on tient le type qui a mis ça au point, on le scalpe..

Nous pourrons alors, l’esprit plus tranquille, nous rendre au « Bocado de los aras », à une cinquantaine de km, par une bonne route.

Gigantesque doline de 100m de profondeur et 150 m de diamètre, il résulte de l’effondrement de la voute d’une grotte et ses parois abritent les nids d’une cinquantaine de couples d’aras, et de quelques faucons.

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Sur la route du retour nous nous arrêterons au « balneario municipal », en fait un méandre de la rivière aménagé en baignade. Le courant y est fort, l’eau claire et fraiche, et le nombre de poissons donne l’impression de se baigner dans une pisciculture !

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Les familles viennent y pique- niquer en nombre et buller sur la rive, nous en feront autant, avant de regagner notre bivouac et partir en quête des toucans, en vain.

Km 120 Total 4761

Samedi 6 octobre, jour 26. Bonito / Corumba

La ville de Bonito est une des plus agréable que nous ayons visité : un centre ville moderne (relativement..), aux commerces, agences et terrasses de bar qui profitent manifestement de l’afflux des touristes attirés par des activités de plein air et lui apportent une prospérité qui manque à de nombreuses agglomérations brésiliennes . Nous ne regrettons pas les km avalés pour l’atteindre.

Remontant vers Corumba, nous ferons une halte à la Pousada da Lontra, complexe hôtelier là encore bien défraichi, mais situé dans un emplacement exceptionnel, sur la rive du rio Miranda.

Une ballade sur les passerelles le long du rio, bien casse gueule car en très triste état, ne nous permettra pas de voir les caïmans qui, à cette heure, doivent faire la sieste, mais les capyrabas sont là pour nous montrer que les membres d’une espèce en voie de disparition peuvent redoubler d’efforts coïtaux pour faire mentir la prédiction..

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Sur la route du retour, les couleurs flamboient

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Nous regagnons la Pousada do Cachimbo pour profiter du coucher du soleil sur le rio Paraguay, y passer la nuit, avant de nous présenter, demain, au poste frontière avec la Bolivie.

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Ce dimanche est jour d’élection et on vote pour élire le Président, 53 gouverneurs de province, les députés et les sénateurs. Nous avions, depuis notre arrivée au Brésil, noté, à de nombreux carrefours, aux rond-point, la présence de militants portant des pancartes avec le nom de leur champion et un numéro en gros caractères. Renseignement pris, il s’agit du nombre, en général à 5 chiffres, qu’il faut encoder sur le bulletin de vote pour exprimer son choix. Ici, chacun affiche ses préférences et nombreuses sont les voitures qui arborent ces affiches sur leur lunette arrière

Pour le poste de Président, le candidat d’extrême droite est à cette heure, le favori des sondages. Les progrès sociaux apportés par Lula lors de son premier mandat ont vite été oubliés, effacés par la crise économique et noyés dans les scandales de corruption. Les adversaires du Parti des Travailleurs, la droite,  l’armée, les classes moyennes et le monde des affaires, ce qui fait beaucoup,  ont dégagé la voie a l’extrême droite, et le réal a gagné 10% par rapport à l’Euro et au Dollar en 8 jours…

En ce qui ne nous concerne, désolé de nous regarder le nombril dans un contexte aussi tendu, rien n’est sûr. Il est possible que l’ensemble des forces de l’ordre soit mobilisé pour assurer la sécurité des opérations de vote et que la frontière soit fermée. Nous serons vite fixés.

Km 123 Total 4884

Dimanche 07 0ctobre. Jour 27 :   Corumba / Agua calientes

8h30, on est à la frontière, tout juste à 4km de la Pousada. Nous remplissons les formalités de sortie auprès de la Police Fédérale, mais, côté Douanes, le fonctionnaire chargé de récupérer notre autorisation temporaire d’importation n’est pas là. Le douanier de permanence nous indique qu’il faudra revenir à 12h. Retour donc à Pousada di Peralta, et, pour passer le temps, on blogue..

A    12h, le fonctionnaire n’est toujours pas là. Le douanier se décide à lui téléphoner, et reçoit (on imagine..) instruction de récupérer le document. Il aurait pu le faire le matin !!

Au service d’immigration bolivienne, la charmante fonctionnaire tamponne rapidement nos passeports, mais pour 30 jours seulement ! Si l’on veut plus, il faudra le solliciter auprès des services de l’Immigration, à Santa Cruz. On n’est pas chaud pour se taper une queue dans des bureaux, on verra si nécessaire.  A la douane, c’est un peu plus long, c’est la pause casse- croûte, mais on obtient l’autorisation temporaire, 30 jours itou.

On file, et au bout de 5km, contrôle de police. On nous demande une autorisation de circuler que nous n’avons pas. Il est vrai que, au sortir de la douane, un voyageur nous avait informé qu’il y avait encore un bureau de police où accomplir une formalité, mais je n’avais pas voulu en tenir compte : lors de nos deux précédents passages en Bolivie, jamais ce document n’avait été établi.

Les policiers essayent de nous faire comprendre qu’il faudrait rebrousser chemin pour faire établir cette autorisation, mais je prends mon air benêt (j’y arrive assez bien) No entiendo….

Ils se lassent et nous laissent partir. Cela ne doit pas être si important..

On poursuit jusqu’au camping Toucan, à Agua Calientes, et court se plonger dans la rivière. Elle est chaude, très chaude ! Ce n’est pas ce que nous recherchions par 35°, mais on n’aurait pas dû être surpris, vu le nom du lieu.

Nous avions déjà vu des sources chaudes, des saunas naturels, mais une rivière chaude de 150 m de large, jamais !

S 18° 27’ 11.4’’   W 059° 30’ 41 .0’’

Km 231   Total 5372

Lundi 08 octobre. Jour 28. Agua Calientes – Pozzo del Tigre

Baignade dès le petit matin, on cherche les toucans. Agnès en voit un, de loin…

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Puis on se rend au camping Hervores voisin , pour rechercher la source de cette rivière. Ce camping, moins cher, est bien plus fréquenté que le camping Toucan où nous étions seuls, mais beaucoup moins bien aménagé, moins bien entretenu, et avec un accueil moins chaleureux : il faut payer pour aller aux toilettes ou prendre une douche. On ne regrette pas notre choix, la camping Toucan valait vraiment le détour.

En bordure du camping, les bouillonnements des résurgences agitent le fond sableux, elles se trouvent là, à une trentaine de cm de la surface.

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Quelques personnes font trempette, dont de jeunes couples campant sur place; les femmes se baignent habillées : la région est un important foyer de mennonites.

Curieux de tester la température des résurgences, nous nous en approchons, quand le sol soudain devient fluide. Agnès, plus proche, s’enfonce jusqu’à la taille, et moi jusqu’au genou, mais un coup de rein nous permet d’échapper au piège de ce qui ressemble à des sables mouvants. Pas très malins, une minute de réflexion nous aurait permis d’éviter cette petite frayeur : l’eau bouillonnante remontant de cheminées souterraines fluidise le sable, qui n’est plus porteur localement.

Quittant le village, nous prenons la belle route de l’ouest, rectiligne et déserte, qui longe la voie ferrée. Elles séparent la région du Chacos, qui s’étend jusqu’en Uruguay et au nord de l’Argentine, du Pantanal bolivien. Petit détour vers le nord, pour atteindre Santiago de Chiquitos, calme village à l’église jésuite, fermée hélas le lundi. Les traces de l’enseignement jésuite, intégrant une formation musicale subsistent : la statue du centre de la place n’est pas celle d’un grand homme, mais un violoncelle !

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Ballade ensuite jusqu’au mirador, éperon rocheux qui domine les vallées de part et d’autre.

On pousse jusqu’à San José de Chiquito. Chez YPF la responsable de la station-service nous confirme que, dans toute la Bolivie, les stations ne prennent pas les cartes bancaires, et que le prix pour les étrangers est plus du double que pour les locaux (8,88 bolivianos le litre de gazole contre 3,72). Tarif justifié par un reçu, dûment identifié.

Il faut donc trouver du cash, et le premier DAB ne fonctionne pas. Le second a l’air si vieux qu’on se refuse à lui confier nos cartes. Heureusement, un local qui nous a vu en difficulté nous en indique un qui fonctionne. Celui-ci ne délivre que 500 bol à chaque retrait, soit environ 65€, mais il accepte plusieurs retraits successifs (bonjour les coms..)

On se consolera dans un resto indiqué par notre guide, sur la place principale : « Sabor chiquitano », spécialisé dans la cuisine régionale. A propos, pourquoi la population, et par suite la région, s’appelle t’elle « chiquitano » ? Parce que les conquistadores, pour rentrer dans les maisons devaient se baisser, les portes ayant un linteau très bas. Ils en conclurent que les habitants étaient petits, et les dénommèrent ainsi, alors que la raison principale en était une défense plus facile…

Le repas, excellent, nous ayant coûté 9€ à deux, on se dit que l’on ira souvent au resto, ce qui par ailleurs nous évitera de cuisiner par cette chaleur !

Visite de l’église jésuite, d’une grande simplicité, mais la Mission n’a pas l’ampleur de ce que nous avions vu au Paraguay ou en Argentine : ici, toutes les habitations indigènes et la partie vivrière ont disparu, remplacées par des habitations de style colonial aux galeries ombragées qui bordent trois des côtés de la vaste place d’armes. Ne subsistent que l’église, avec son cloitre et son monastère, ornées des fresques caractéristiques du style jésuite chiquitano. Elles abritent encore des activités pastorales.

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Partout sur les murs du village, et même sur les poubelles devant la mission, le masque de San Jose, arboré lors du carnaval, blanc aux pommettes rouges.

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Nous reprenons la route, toujours aussi rectiligne mais de plus en plus dégradée, sur une centaine de km. Dans les villages ou les exploitations agricoles, nous constatons la présence de nombreux mennonites, reconnaissables à leur type slave, à leur dialecte germanique et à leurs vêtements : casquette de base ball, chemise manches roulées et salopette pour les hommes, robe longue, foulard et chapeau de paille pour les femmes.

Secte pacifiste et ennemie du progrès née en Allemagne au XVII°, ses membres émigrèrent en Russie, puis de nouveau persécutés, émigrèrent en masse au Canada au début du XX° siècle, jusqu’à ce que le gouvernements veuille leur imposer le service militaire et l’enseignement de l’anglais dans les écoles publiques. Ils vinrent donc, à partir de 1960, s’établir en Amérique du sud, surtout dans la région de Santa Cruz, où ils seraient près de 70 000. Ennemis du progrès, ils ne rejettent cependant pas, comme le font les Amish de Pennsylvanie, l’électricité et la mécanisation, puisque nous les verrons piloter tracteurs et pick ups. Mais les convictions restent fortes et l’endogamie absolue.

Nous nous arrêtons pour la nuit sur la place de Pozo del Tigre, près de l’école.

S 17° 36’ 09.4’’   W 061° 59’ 23.8’’   Altitude 290m

Km 361       Total 5733                 34° à 17h45

Mardi 9 octobre. Jour 29  Pozo del Tigre / Puente San Ramon

Départ matinal, à 6h30 nous sommes en route sur le circuit des missions, dont nous ne bouclerons pas le tour complet, peu attirés par le ripio de sa partie nord. L’étape suivante est à San Javier.

Bonne surprise : l’employé d’une station-service nous confirme le prix pour les étrangers, puis, bon prince, nous fait payer au tarif bolivien. Nous y repasserons au retour!                                                                                                                                                                      La  mission du village de San Javier présente un plan classique, jolie place d’armes et édifices religieux superbement rénovés.

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Joli petit musée, sur la place, avec une petite collection de masques mais ici, les fresques carnavalesques montrent surtout le masque de San Javier, au nez, bouche et yeux jaunes.

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La route, qui après Puente San Ramon s’engage dans de belles collines, a un revêtement tout neuf, c’est un plaisir d’enchainer les courbes jusqu’à Conception.

C’est ici qu’on peut visiter la plus belle des trois missions construites par Martin Schmidt, jésuite suisse, entre 1752 et 1755, peu de temps avant l’expulsion des jésuites d’Amérique du Sud. La rénovation de l’ensemble des missions chiquitanos, décidée par les autorités religieuses locales dans les années 80 et financée par les jésuites helvétiques, a été dirigée par l’architecte suisse Hans Roth, qui a consacré 27 ans de sa vie à les faire revivre.

Travail et résultats exceptionnels.

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Nous visiterons dans la foulée un centre de formation à l’ébénisterie. Institution religieuse abritant aujourd’hui une vingtaine d’apprentis, ce centre a fortement contribué à la rénovation des missions, au niveau de la sculpture des colonnes, de la rénovation des statues et de la réfection des charpentes.

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Demi -tour vers le sud et tentative de bivouac en bord de rivière à la sortie de village  de Puente San Ramon. Il fait toujours 35° et on espère la fraicheur de la nuit (naifs..) quand une voiture vient se garer tout près de nous. Trois types en descendent, s’étirent avec un naturel de faux témoin et commencent à tournicoter dans les environs. On remballe vite fait, gagne la cabine en douceur et on se casse..

On revient vers le village et nous garons sur le parking d’une station-service. La nuit sera difficile, chaleur et raffut des camions étant peu favorables au sommeil.

S 16° 38’ 47.1’’   W 62° 30’ 28.3’’

KM 520  Total 6253

Mercredi 10 octobre. Jour 30. Puente San Ramon / Santa Cruz

Direction ouest, la route est beaucoup plus encombrée. Traversée du Rio Grande, quasi à sec, par un pont suspendu et, aussitôt, un 1° contrôle. Le jeune militaire sera très courtois et nous remerciera même pour notre coopération. 100m plus loin, nouveau poste de contrôle. Un policier nous stoppe, moins sympa, prends mes papiers et me demande si nous avons du combustible. Confirmation, notre jerrycan de gazole est bien visible à l’arrière. Il garde mes papiers et me demande de la suivre dans la guitoune. Là, il m’explique que c’est interdit (risque d’explosion !!) et que je dois payer une amende. Pour cela je dois laisser le véhicule sur place, trouver un bus pour Santa Cruz à 40km, trouver une banque, faire un dépôt bancaire et revenir avec un certificat de paiement, ce que, naturellement, je déclare impossible.

Mon air benêt sera totalement inefficace. Dans sa grande compréhension, il accepterait un paiement immédiat, même en monnaie brésilienne. Tarif ? : 500 bolivars, soit environ 65€.

Ils sont trois policiers, des civils autour qui savent très bien ce qui se passe. Nous sommes coincés.

Je parviens à faire baisser le droit de passage à 300 bolivars, qu’il se met illico dans la poche, au vu et au su de tous, m’explique qu’il fait ça pour m’aider, et me laisse reprendre mes papiers qu’il avait jeté sur un coin de table

On repart, je suis vert de rage et humilié d’impuissance. Mais, au fond, depuis qu’on nous parle de racket dans les voyages au long cours, en plus de 100 000 km, c’est la 1° fois. Espérons que cela ne deviendra pas la règle.

Bel orage qui fait, pas suffisamment, baisser la température. Nous arrivons à Santa Cruz et trouvons facilement l’auberge de jeunesse « La Jara » que Agnès a dénichée sur Ioverlander. Les renseignements étaient précis, elle constatera qu’ils avaient été fournis par Okan, lors de leur précédent passage. Ils indiquaient un passage étroit, on confirme, néanmoins on sera très bien : l’accueil est chaleureux, électricité, laverie et wifi comblent les besoins et , comme de juste, ici on est en mode jeune routard. C’est sympa et rassérénant.

La ballade dans le centre historique sera décevante. La place du 2 septembre est vide, de nombreux immeubles dans un état de décrépitude avancée, les terrasses vantées par notre guide  introuvables. De plus, la cathédrale est sans intérêt et l’ambiance, sous le crachin, celle d’un jour de Toussaint.. On doit être de mauvaise humeur!  Il faut dire que j’ai aussi paumé ma carte bancaire, mais ça, ça se règle facilement grâce à la « Conciergerie BNP » qui nous expédiera en urgence une nouvelle carte chez Martine, à La Paz

S 17.77812°   W 63.17088’   Km 188 Total 6441

 Jeudi 11 octobre. Jour 31. Santa Cruz / Samaipata

10 mn de marche pour atteindre le marché, fort vivant, où l’on fait quelques emplettes. On se limitera aux fruits et légumes, les étals de boucherie, triperie et volailles nous paraissant moins enthousiasmants.

Recherche du Musée Guarani, on le trouvera fermé sans motif, et on quitte Santa Cruz, avec une image un peu différente : la ville s’est développée le long de son boulevard circulaire, au détriment du centre, boulevard bordé par les hôtels des chaines internationales et les tours du quartier d’affaires, pétrole oblige.

Nous attaquons les premiers contreforts de la cordillère orientale, pour nous rendre au fort de  Samaipata. A 1900 m d’altitude, il s’agit d’un site où les incas établirent à la fin du XV° siècle, sur des vestiges de civilisations plus anciennes, Chane puis Guarani à partir des années 1200 de notre ère, un temple, et y sculptèrent, dans un épaulement de tuf, le plus grand  pétroglyphe connu.

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Autour du temple se déployait un ensemble d’habitations et de magasins de stockage, caractéristiques de l’économie inca. De ces constructions, ne subsistent que les soubassements en pierre des murs, dont la partie haute était construite en adobe, mais les reconstitutions faites par des archéologues permettent d’imaginer ce qu’était ce village, que les espagnols occupèrent ensuite pour en faire un fort et se protéger des attaques indigènes.

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La faible qualité de la lumière en ce jour humide ne nous permettra pas de distinguer l’ensemble de sculptures zoomorphes, jaguar, puma, serpent, dont est orné le temple, mais le mur en L, à usage astronomique, et les niches abritant les momies restent bien visibles.

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On s’interrogera aussi sur la destination de la chincana, puit artificiel de 16 m de profondeur et 1,4 m de diamètre : tunnel de fuite ? puit ? cachot ?

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Nous redescendons vers la petite ville de Samaipata, à la place centrale très agréable, trouvons un guide pour la ballade du lendemain et nous garons pour le bivouac sur cette place, bien calme hors saison. Notre véhicule attire une famille française dont les trois enfants meurent d’envie de le visiter. Agnès fait le guide, et apprendra que le père, hydrologue, est basé à Lima et couvre des projets au Pérou et en Bolivie pour le ministère de la coopération. Ils nous invitent chez eux, à Lima. Pourquoi pas ?

S 18° 10’ 47.1’’   W 63° 52’ 34.0’’   Altitude 1676m, on sort la couette.

Km 142 Total 6583

 

 

Vendredi 12 0ctobre. Jour 32 :   Samaipata

Quand j’avais demandé, hier, au guide que nous avions déniché, si pour accéder au parc Amboro, il y avait une route, il me répondit : oui. En fait de route, ce furent 14km de piste, sérieuse et raide, et un modeste droit de passage perçu par une mémé appartenant à la communauté dont dépendent les terres du parc.

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Notre guide Nicolas, est un quechua féru de botanique qui nous précisera que le parc, situé à 2600m d’altitude, à la jonction de trois régions bien distinctes, l’Amazonie, les Andes et le Chacos, présente un écosystème bien particulier et des plantes caractéristiques de chacune de ces trois régions. Il nous montrera, et fera goûter, nombre de plantes médicinales, dont l’une est recommandée pour soigner les problèmes hépatiques : le boldo. Pour les plus anciens, ça ne vous dit rien ?  « La Boldoflorine, la bonne tisane pour le foie »

Il nous montrera les lichen roses et blancs, marqueurs de la pureté de l’air, les régions polluées n’abritant plus que des lichens verts ou gris.

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Il nous conduira au cœur du parc, dans la forêt de fougères géantes, les » Ellechos », ou Dicksonia, apparues sur terre avant les dinosaures, dont le bouquet de feuilles peut être perché jusqu’à 20m, au sommet du tronc. Tronc qui n’est pas constitué de bois, mais des fines racines de fougère entremêlées.

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Et sachant que les feuilles périssent chaque année, et repoussent à raison de 1cm de hauteur de « tronc » chaque année, calculez l’âge des plus vieilles plantes (un peu d’interactivité, que diable..)

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Par contre, côté faune, c’est pauvret, ou plus discret qu’au Pantanal, ou les deux. Point positif, il n’y a pas de moustiques..

Pas d’oiseau, sauf un colibri furtif, à se mettre sous l’objectif, quand, soudain, Nicolas marque l’arrêt, puis scrute les cimes des arbres : nous avons entendu un pépiement, sur deux tons. Il s’agit d’un quetzal, pas de ceux à ventre rouge, dos vert et longue queue, comme ceux du Guatemala, mais un d’ici, à ventre rouge, dos vert et queue courte. Il nous a bien fallu croire Nicolas, l’oiseau est resté planqué !

Quand même, sur le sentier, une trace de vie, sympa..

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La marche de 4 heures nous ayant vidés, on profitera gentiment l’après-midi des attraits de Samaipata et de son marché. Au passage, petite info : nous sommes à quelques kms de l’endroit où Che Gevara a été capturé et éxécuté, mais nous n’irons pas y faire un pèlerinage, la piste est trop mauvaise.

Bivouac inchangé, sur la place.

Samedi 13 octobre. Jour 33 : Samaipata /Sucre

Journée de route. Des travaux titanesques ont été entrepris pour transformer le ripio en belle route macadamisée. Il ne reste plus qu’une 50 de km à terminer, ce qui nous permet de faire le trajet en une seule étape contre deux prévues.

Arrivée sur Sucre en fin d’après-midi. Après une très longue montée, on débouche sur un chapelet de collines dont le fond de vallées et les lignes de crêtes constituent le site où s’est développée la ville. Dès les abords, où les mécaniciens réparent les camions en bord de route, on comprend que la circulation ne sera pas triste et qu’il vaut mieux avoir un embrayage en bon état !

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Nous atteignons facilement le camping « Alberto et Felicidad ». Il s’agit en fait d’un terrain clos qui ne dépasse pas 250m², où viennent s’imbriquer les véhicules de passage. Il est tout proche du centre, et quasiment le seul sur Sucre.

A notre arrivée nous aurons le plaisir d’y retrouver Okan et Donna, la surprise d’y rencontrer les Krutaszewski, du CCRSM, avec qui nous avions échangé par messagerie avant le départ et de faire la connaissance de 2 couples de français, d’un suisse d’un canadien et d’un anglais qui y ont posé leurs valises. Ambiance camping routards.

L’accueil de Felicidad et Alberto, couple de seniors, est chaleureux, et ils sont pleins de bons conseils : nous souhaitions monter le lendemain à Tacabuco, village dont le marché dominical est réputé. Ils nous recommanderont de laisser notre véhicule à Sucre et de monter en « collectivo ». Ils nous commanderont même un taxi pour nous rendre au point de départ de ces taxis collectifs.

S 19° 02’ 35.1’’   W 065° 15’ 18.4’’   Altitude 2800m        Km 368       Total 6951

Dimanche 14 octobre. Jour 34 : Sucre / Tacabuco / Sucre

Taxi, donc, puis « collectivo », minibus qui ne part que quand il est plein, avec ses 14 passagers. Et, s’ils pouvaient en mettre plus, ils le feraient.

Nous nous félicitons d’avoir écouté Felicidad (eh oui, j’ai osé !). Le trajet de 65km, qui nous mènera au cœur de Tacabuco, à 3300m d’altitude et sans problème de stationnement, nous coûtera 10 bolivianos (1€ !) par personne.

Arrivés à la sortie de la messe, les groupes « folkloriques sont prêts pour le défilé.

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Nous aurons la chance d’assister à une procession, au curieux cérémonial : précédant, à reculons, le curé et la statue de la vierge, un groupe de jeunes gens vêtus de fourrures (des ours ? pas très local..), puis , toujours à reculons, dans des costumes éblouissants dont certains ailés (des anges, c’est déjà plus lisible), un second groupe de jeunes gens et jeunes filles.

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Et derrière la vierge, les mariachis.

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Nous nous enfonçons ensuite dans les ruelles, le marché couvre toute la ville.

S’y pressent quelques touristes, bien sûr, mais surtout l’ensemble des habitants des pueblos environnants, qui viennent y vendre leurs productions de fruits et légumes, et y acheter tout ce qui est nécessaire à leur quotidien.

La région rassemble diverses ethnies qui appartiennent à cette famille Quechua, mais aussi d’autres ethnies exogènes. Ce territoire était en effet aux limites de l’empire inca qui firent s’y implanter des ethnies guerrières, pour défendre les marches de leur empire, ethnies qui se fondirent peu à peu dans l’ensemble quechua dont ils partagent aujourd’hui la langue, l’économie agricole et le fond culturel tout en conservant des spécificités, notamment au niveau des rituels et des costumes.

Ce qui est considéré, de l’extérieur, comme le costume national bolivien, large jupe , la « pollera » , portée au-dessus de plusieurs jupons, bas, chapeau melon et longues nattes pour les femmes, fut en fait imposé par les autorités espagnoles au XVIII° siècle, suite à une révolte inca, pour réprimer toute expression de particularisme indigène.

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On constatera, à Tarabuco, que ce costume n’a pas complètement remplacé les vêtements traditionnels, de nombreux paysans, hommes et femmes, portent encore la « montera » en feutre, façonnée sur le modèle des « morions », le casque des conquistadores.

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Nous déjeunerons, fascinés par le spectacle, dans l’une des innombrables gargottes installées pour l’occasion en haut du marché.

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Retour en « collectivo » Le jeune chauffeur s’adresse aux passagers dans une langue aux sonorités inconnues. Il me conformera qu’il s’agit du quechua, la langue des descendants des incas.

Bivouac inchangé

Lundi 15 octobre. Jour 35. Sucre

Journée visites ; Nous nous rendons au centre- ville, à deux pas. Sucre, dont les faubourgs, comme pour toutes les villes boliviennes, ne sont pas reluisants, présente un très beau centre historique, aux rues bordées de maisons d’architecture coloniale. Elle est classée au Patrimoine Mondial de l’UNESCO, et le mérite.

Comportant de nombreuses institutions éducatives, des magasins modernes, des services publics manifestement efficaces, c’est une ville dans son temps. Elle est caractérisée par une curieuse situation institutionnelle : déclarée capitale du pays lors de l’indépendance en 1826, elle perdit une partie de ses attributions à la suite d’une guerre civile de 6 mois au début du XX° siècle. La Paz abrite aujourd’hui le gouvernement et les finances et Sucre la Cour Suprême, mais demeure la capitale constitutionnelle du pays

 Imprévu, un défilé des institutions consacrées aux personnes handicapées, musique en tête. Spectacle étonnant qu’on n’imaginerait sans doute pas en France, chaque délégation comportant en tête P.M.R., malvoyants ou malentendants, puis soignants et encadrants, chaudement applaudie au passage de la tribune officielle voisinant le superbe bâtiment du Gouvernement.

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 Visite de la Cathédrale, dont le principal intérêt, outre son beau chapitre et le monumental livre de chants permettant d’être lu à distance, est la « Capilla de la Virgen de Guadalupe », chapelle achevée en 1625. Enchâssé dans l’autel, le portrait d’une femme fortunée, peint en 1601, qui symbolise la sainte patronne de la ville. L’œuvre a ensuite été recouverte d’une robe d’or et d’argent incrustée de diamants, d’émeraudes, de perles et de rubis offerts par de riches paroissiens. A elles seules, les pierres sont estimées à plusieurs millions de dollars…

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 Visite du Musef, le « Museo Nacional de Etnografia y Folklore », bien décevant, les collections de masque annoncées ont disparu. Nous déjeunerons ensuite à « La Taverne », restaurant situé dans les locaux de l’Alliance Française. Décor et ambiance sympa, mais les tablées de touristes sont bien bruyantes.

L’après- midi nous verra grimper, ( lentement, on est à 2750m), vers le très beau « Museo de Arte Indigena » qui présente la cosmogonie des peuples indigènes via leurs musiques, leurs danses, leurs cuisines rituelles et leurs tissages. Séquence culture, ceux que cela fatigue sont dispensés de lecture, mais la maison ne fait pas de ristourne.

Les thèmes de ces tissages traditionnels reflètent les croyances des peuples andins. Animistes leurs religions vénèrent des dieux et des esprits de la nature et notamment Pachamama, la Terre Mère, celle qui reçoit le plus d’offrandes sacrificielles, destinées à garantir fertilité et récoltes abondantes.

Dans la culture Quechua et Amaraya, le monde est divisé en trois niveaux ; L’Alajpacha, monde supérieur ou ciel éternel, qui représente la lumière et la vie, l’ Akapacha, ou monde des vivants, et le Mankapacha, monde d’en bas, symbole des ténèbres et de la mort.

Chaque ethnie a privilégié, dans ses tissages, des thèmes relevant de l’un des trois mondes, qui les distinguent par leurs couleurs, leurs motifs géométriques ou zoomorphes. Ainsi, les habitants de Potolo, au nord-ouest de Sucre, ne produisent que des pièces de couleurs rouge et noir, ou rouge et bleu, ornées d’animaux monstrueux, caractéristiques du Mankapacha, alors que d’autres confectionnent des pièces lumineuses, inspirées de l’Alajpacha.

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Retour par le mercado, où nous faisons le plein de fruits et légumes, certains locaux, au goût disons, curieux. Les vendeuses sont souriantes, et nous donnent du « Mamita » et « Papito »..

Bivouac inchangé

Mardi 16 Octobre. Jour 36. Sucre / Potosi

Dernière matinée, à Sucre, pour visiter la Casa de la Libertad, berceau de l’indépendance bolivienne. C’est à Sucre, alors Chuquisaca, qu’éclata, en mai 1809, la première insurrection, inspirée des révolutions américaines et françaises. Elle fut rapidement réprimée, et paradoxalement, la Bolivie fut le dernier pays d’Amérique latine à conquérir son indépendance.

On peine aujourd’hui à imaginer les évènements qui bouleversèrent ce continent, guérilla menée par des criollos et leurs alliés indigènes, batailles classiques engagées par Bolivar et son compagnon, Sucre, tous deux nés au Venezuela, intervention de l’Argentin San Martin sur les territoires chiliens et boliviens, chaque bataille gagnée par les insurgés créant l’occasion d’une déclaration d’indépendance : Colombie (1819), Vénézuela (1821), Equateur (1822), Pérou (1824),  La Bolivie déclara son indépendance à l’égard du Pérou en 1825.

Bolivar et Sucre ne combattirent jamais en Bolivie, mais, lors de à la déclaration d’indépendance, signée à la Casa de La Liberdad à l’issue du premier congrès « constituant », Bolivar fut nommé président de l’« Alto Peru » renommé Bolivia en son honneur. Ses rêves de créer un état fédéral, la « Gran Colombia », rassemblant Colombie, Venezuela, Panama et Equateur suscitèrent tant d’opposition qu’il perdit son leadership et fut contraint de démissionner suite à la sécession du Venezuela en 1830. Victime d’une tentative d’assassinat il se résigna à l’exil en Colombie, alors que son ami le plus proche, le général José Antonio de Sucre, qui lui avait succédé comme deuxième président bolivien, et dont la ville porte le nom, fut assassiné en Colombie, peu de temps avant le décès de Bolivar.

Le magnifique musée de la Casa de la Libertad retrace ces évènements. On y notera, pour l’anecdote, de beaux portraits de Donà Juana Azurduy, « Commandante de Guerrilla » qui termina sa carrière avec les grades de Maréchal de l’armée bolivienne et de Général de l’armée argentine. Parmi ses faits d’armes, la destruction, à la tête de son escadron « Leales », d’un bataillon espagnol lors d’une embuscade à Tarabuco. De retour dans ses foyers, bien seule, ayant perdu son mari et ses fils dans les combats, elle s’éteignit gentiment à 82 ans.

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Bivouac inchangé

Mardi 16 Octobre. Jour 36. Sucre / Potosi

Route de Sucre à Potosi, en relativement bon état au début, puis qui s’améliore encore. Cela grimpe très vite, dans un paysage sec et vide, qui verdit au passage des rivières, le plus souvent à sec, avec parfois des découvertes surprenantes.

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Les faubourgs de Potosi sont loin d’être emballants, route comme toujours bordée de camions en réparation ou en attente de chargement, immeubles en brique non revêtue, sans le dernier étage qui, un jour, peut-être, viendra achever la construction. Agnès a repéré sur Ioverlander le parking, très proche de la place centrale, qui pourra nous accueillir pour la nuit.  C’est dans une petite rue, et c’est si discret qu’on passera devant sans le voir. Et comme cette rue est en sens unique, il nous faudra boucler un tour complet dans les ruelles de la vieille ville. Encore pire, on passe juste.

Du parking, minuscule, on voit le « Cerro Ricco », cône qui surplombe la ville et dont on peut derrière, les fils électriques, deviner l’entrée du tunnel qui permit, à partir de 1545 d’extraire les premiers chargements de minerai.

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C’est en effet ici qu’en 1544 qu’un inca, Diego Huallpa, parti à la recherche d’un lama égaré se serait arrêté sur les pentes de la montagne Potosi pour faire un feu, dont la chaleur fit fondre le sol et apparaitre un liquide brillant, de l’argent natif.

S’ensuivirent quatre siècles d’exploitation, et, pendant les trois siècles de la période coloniale, l’esclavage d’indigènes et d’africains, travaillant 12 heures par jour dans des conditions épouvantables, ne remontant à l’air libre que tous les 4 mois et mourant en masse. Les historiens estiment que de 1545 à 1825, 8 millions d’entre eux périrent à la tâche en assurant la grandeur de l’Espagne.

S 19° 35’ 29.1’’   W 65° 45’ 13.7’’

Altitude 4012 m   20° C à 17h

Km 163 Total   7114

Mercredi 17 octobre. Jour 37. Potosi / Uyuni  

Sur la place d’armes, bien pentue, près du Cabildo,  bel édifice jaune,  visite guidée de la « Casa de la Monedad » dès 9h.

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Coup de chance, une guide francophone pour nous seuls.  Dès l’entrée, on ne peut manquer la face souriante qui surplombe la 1° cour. S’agit-il de Bacchus ou de Diego Huallpa ? A chacun sa version, mais c’est devenu le symbole de Potosi, et ce sourire ne manquera pas de provoquer un léger malaise, en songeant à ce qui fut vécu ici.

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L’édifice est très impressionnant par ses dimensions et son architecture : 15 000 m² de bâti, 5 cours et 200 salles, il fut construit en deux phases, la 1° de 1572 à 1575, la seconde de 1759 à 1773, et son coût a été estimé à l’équivalent d’une dizaine de millions de dollars. L’ensemble des machines, tels les laminoirs à lingots furent importés d’Espagne.

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Au cours de la visite, nous admirerons un coffre fort à l’extraordinaire système de verrouillage, logé dans le couvercle.

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Ici, jusqu’à l’indépendance, furent façonnées, à partir de lingots d’argent, puis frappées, l’ensemble des pièces de monnaie mises en circulation par la couronne d’Espagne. Nous y apprendrons que 25% étaient destinées à l’Amérique du Sud, et 75% à l’Espagne, ce flux continu irriguant l’économie espagnole et lui permettant de financer un train de vie somptuaire, une cour dispendieuse, une armée et une marine supports d’ambitions politiques conquérantes, et surtout de combler ses dettes auprès de banquiers étrangers

Nous serons par contre surpris d’apprendre que ces trésors, or et pierres précieuses, outre l’argent en monnaie ou en lingots, n’étaient expédiés vers la mère patrie que deux fois l’an, au prix d’un voyage de 14 mois, débutant par un transport à travers les Andes à dos de lama, 15 à 25kg par bête, une remontée maritime depuis Arica ou Callao le long de la côte pacifique, une traversée de l’isthme de Panama de nouveau à l’aide de bêtes de somme, puis la périlleuse traversée de l’Atlantique. A deux voyages par an, on imagine l’attente à Madrid, les navires de sa Gracieuse Majesté en embuscade et les flibustiers se frisant les moustaches en guettant le passage des galions…

Direction Uyuni par une belle route. L’arrivée par le nord est bien plus belle, car offrant une vue dominante, que celle qui nous y avait conduit en février en provenance d’Argentine, par le sud-est et Tupiza. Malheureusement, soleil dans l’œil.

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Uyuni est toujours aussi désespérément sale et misérable, malgré le flux constant de touristes. Qu’est ce qui empêche de diriger une partie de la manne vers l’entretien des routes et les services publics, comme on le constate ailleurs en Bolivie ? Mystère.

Nous trouvons le « lavadero » spécialisé, idéalement situé en sortie de ville, pour y effectuer un lavage haute pression cabine, cellule et châssis, puis, une fois égoutté, une« fumigacion », c’est-à-dire une pulvérisation de gazole sur le châssis et les trains de roues, afin d’éviter l’adhérence du sel. Cette fois ci, en effet, le salar n’est pas sous l’eau.

Une quinzaine de km vers Colchani au Nord en bord de salar, 5km de piste à gauche puis on roule sur le sel.

Un peu difficile au début de trouver la bonne direction, les traces s’entrecroisent et le sol est fort dégradé. mais nos deux GPS ne se contredisant pas, ce qui arrive parfois, nous couvrons rapidement les 20 km qui nous séparent du monument du Dakar et de l’hôtel de sel.

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Nous bivouaquerons à proximité de l’hôtel dans un silence absolu.

S 20° 19’ 48.1’’   W  67° 2’ 49.7’’   Alt 3696m  15° à 17h et nuit fraiche

242 km Total 7356

Jeudi 18 octobre. Jour 38. Sur le salar

Magnifique aurore ( « Burning daylight  » écrivait Jack London !) sur la surface salée.

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La lumière rasante permet de découvrir les motifs en pentagone crées par l’évaporation de l’eau, qui nous rappellent, par leur régularité géométrique et toutes proportions gardées, les colonnes de basalte chilien.

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60 km tout droit pour atteindre Isla Huaqui , île centrale du salar, puis direction plein nord sur 40km pour nous rendre à la lisière du salar, au pied  du volcan Tunupa, (5432m), que nous n’escaladerons pas .

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Déjeuner sur place avec un motard français, policier en Guyane qui trace la route, très léger, sur une petite moto de 25 CV, puis retour pour dormir au pied de Isla Huaqui. On y retrouve quelques bus et une cinquantaine de 4×4, certains assurant une excursion d’une journée, les autres bouclant le circuit de 3 jours vers San Pedro de Atacama par Laguna Colorada et Laguna Verde.

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A 18h, il ne reste plus que nous, guettant le coucher de soleil.

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Nouvelle nuit cristalline.

S   20° 14 ‘ 27.3’’   W67° 37’ 39.7’’    Alt 3698m

140 km Total 7496

Vendredi 19 Octobre. Jour 39. Uyuni / Route d’Oruro

Rapide promenade sur Isla Huaqui et ses cactus. Les roches qui en constituent la structure sont couvertes d’une couche d’une dizaine de cm de squelettes coraliens, rappelant son passé (très) lointain. Peu de vie, quand même, un lapin et deux oiseaux. Pour les oiseaux, qui sait ? Mais pour le lapin, c’est Alcatraz…

Retour à fond vers Uyuni, il faut se méfier des trous qui parsèment, par endroits, la piste. Ils semblent sans fond et on s’interroge sur l’épaisseur de la couche de sel. Mais peut-être ne s’agit- il que de poches localisées d’eau salée ? Nous ne connaitrons pas la réponse.

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Repassage au Lavadero pour éliminer le sel, refumigacion et on en profite pour déposer le linge. Déjeuner dans un resto recommandé par notre guide, ribs de lama trop cuites et addition salée, comme les ribs d’ailleurs. Au dépôt de gaz on nous ferme la porte au nez,  Uyuni n’est vraiment pas le paradis des touristes. Peut- être que j’aurais dû mettre un chèche, ils ont l’air d’aimer le Dakar,  le logo s’affiche partout.

On prend la route d’Oruro, longue montée vers l’altiplano, immense, vide.

Arrêt en bord de route

S 19° 35’ 15.0’’   W 66° 49’ 23.8’’    Alt 3830m

Km 222 Total 7718

Samedi 20. Jour 40.  Route d’Oruro / Cochabamba

Nous avons décidé, avant de nous rendre à La Paz, de récupérer à des altitudes moins éprouvantes. Cochabamba, ville logée dans une vallée à 2500 m sera idéale pour cela.

Nous traversons rapidement Oruro, rien à voir, et attaquons le franchissement des crêtes qui  séparent le plateau de la vallée de Cochabamba. Il nous faudra quand même nous cogner un col à 4528m d’altitude, la quille ça n’est pas encore pour tout de suite. Fort heureusement la route est très belle car les travaux, entrepris pour doubler la voie actuelle, sont quasiment achevés, il ne reste qu’une dizaine de kms à macadamiser.

Arrivée à Cochabamba, à l’Hostel « Las Lillas », à la fois camping, auberge de jeunesse et hôtel, l’un des plus charmants lieux de séjour que nous ayons connu jusqu’ici. L’arrivée a été un peu « rock and roll », la route étant barrée en raison d’une « ducasse » (les nordistes comprendront). Les trajets alternatifs en ont été rendus coquins par un plan d’urbanisme conçu par un amateur d’absinthe : Les parcelles de ce quartier excentré abritent des résidences de luxe, surveillées comme celles des électeurs de Trump en Floride, mais il n’y a pas de routes pour les relier.

Seuls de mauvais chemins de terre, coincés entre des souches d’eucalyptus et les talus du rio qui serpente dans la zone et assure, par temps de pluie, le balayage des ordures qui s’y sont accumulées, permettent de s’y déplacer et avec beaucoup de patience à chaque croisement, d’arriver au but.

S 17.35462°   W 66.20304° Altitude 2639m

Km 426   Total 8144

Dimanche 21.  Jour 41 Cochabamba

Repos, les activités culturelles font relâche le dimanche, juste une petite descente en ville en ‘taxi truffi », les taxis collectifs, pour s’approvisionner au marché aux légumes.

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Lundi 22. Jour 42 Cochabamba

Située dans une cuvette fertile de 25km sur 10, cette ville est réputée pour être la plus commerçante de Bolivie. Réputation méritée, le marché de la Cancha est gigantesque, mais des passants nous recommanderont de bien veiller sur nos sacs et d’y planquer les appareils photos. On se repliera sur la ville moderne, très agréable, pour un déjeuner « completo », à savoir buffet de crudités, potage, plat, dessert, boisson, pour 2.5€… Et avec le sourire.

On trainera sur la place, devant la cathédrale dont, curieusement, le fronton est resté brut alors que la façade latérale, configuration rare, borde la place. Ceci explique peut- être cela.

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Sur la place, les lycéens, jeunesse dorée vu les uniformes, refont le monde après les cours, ou prennent la pose.

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Visite ensuite, beau contraste, du couvent de Santa Terasa, qui abritait des carmélites de l’ordre de Ste Thérèse d’Avila. Règle rigoureuse, où toute communication interne ou vers l’extérieur était bannie, où les vœux de pauvreté, de silence, et de chasteté, (j’en cause même pas) s’imposaient à toutes.

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Pauvreté, dans certaines limites, dans la mesure où le couvent n’abritait que 21 nonnes « au voile noir », l’élite, filles d’espagnols, dont la famille avait dû régler l’équivalent de 130 000 dollars de dot, puis des nonnes au voile blanc, dont la dot était plus modeste et qui servaient les ci devant « voiles noirs », et enfin, la plèbe, les « sans voile », car sans dot, qui assuraient les tâches ménagères et servaient les « voiles blancs ».

Mais, foin de sarcasmes ! La règle était si rigoureuse dans ses exigences que, dans les années 1960, le Vatican décida d’offrir aux carmélites la possibilité de renoncer à cet isolement. Conditionnées par toute une vie et ignorantes du monde extérieur, la plupart refusèrent. Il n’en reste plus aujourd’hui que quelques-unes, très âgées, dans un couvent mitoyen.

Petite déception en fin de journée, le Palacio Portales, palais à l’Européenne du baron de l’étain Simon Patino, décrit comme une merveille, est exceptionnellement fermé pour maintenance. Cela sera pour une autre vie, demain nous partons pour La Paz.

Bivouac inchangé