Archives mensuelles: mai 2015

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Quelques photos de Tashkent avant de reprendre la route.

 

Lundi 27 avril   Jour 42  Tachkent – Kokand 

La vallée de Fergana, en réalité une très vaste plaine encadrée par les massifs du Fergana au nord, du  Tian Shan  au sud est et du Pamir Alai au sud, est une pointe de flèche plantée par Staline dans le Kirghizstan. On y accède par la hampe de la flèche en remontant la vallée de l’Angren puis en franchissant le col de Kamchick.

Notre trajet  longe la rivière dans cette vallée encaissée, où on a malgré tout trouvé l’espace pour construire une 2×2 voies et une voie ferrée, puis s’élève vers le col, à 2272m. Dès le premier contrôle passé, on aperçoit les premiers sommets enneigés.

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Fort trafic et longue, très longue montée à 12% où il est impossible de relancer sur les faux plats en raison de l’état de la route et des nombreux camions citerne oranges transportant, en convoi, des produits chimiques destinés sans doute aux nombreuses industries extractives de la région (charbon, or, uranium).

 Le franchissement du col se fait par deux tunnels qui le rendent plus facile, la vision de l’ancienne route qui serpente sur le piton voisin laisse imaginer que ce devait être un vrai bonheur…

A l’entrée des tunnels, on gagne sa place à la régulière, comme à la descente des ferries à Tunis : C’est le plus gros qui passe ! Ensuite on fait ce qu’on peut, en doublant à droite si nécessaire.

Tunnels sévèrement protégé par l’armée : Ils constituent un verrou stratégique qui contrôle l’accès à la vallée, agitée il y a une dizaine d’années par des poussées de fièvre islamique.

Cette région, qui ne représente que 5% de la surface de l’Ouzbékistan, rassemble un tiers de sa population. Nous y traverserons en effet, après une longue descente, une succession ininterrompue de villages bordant les champs de coton qui viennent d’être ensemencés.

Nuit à Kokand, dans un petit parc après une promenade dans la ville où malheureusement le palais du Kahn est fermé, vu l’heure, et où nous nous contenterons de la medersa Narbutabey.

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Le gardien d’un chantier voisin nous y offrira thé, galette et biscuits. 

244km   Total 8656  

Mardi 28 avril   Jour 43   Kokand Andijon 

Etape touristique avec visites d’ateliers de céramiques à Rishtan et de la fabrique de soieries Yodgorlik à Margilan        ( N 40° 28.518’ E 71° 42.995’) On y pratique le traitement des cocons, le filage, la teinture puis le tissage, traditionnel ou mécanique, et la fabrication de tapis. L’activité semble malheureusement en déclin, moins de 10% des métiers mécaniques étant en production, et un grand nombre hors d’état.

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Bivouac à Andijon où nous nous faisons expulser du parking de l’aéroport après une longue négociation, puis détourner lors de notre tentative d’aller vers le stade de la ville. Courtoisement mais fermement, les policiers  nous invitent à nous diriger vers la frontière, à une trentaine de km.

Pas de parking acceptable sur les premiers kilomètres et nous faisons demi-tour. A ce 2° essai les policiers se laissent fléchir et nous accédons, à la nuit, à un parking situé au milieu d’installations sportives. Passage signalé car, dans la minute, arrivée de la police, enregistrement des passeports, et une voiture veillera sur place toute la nuit. 

N 40° 44.840’   E 72°21.120’

Km 174    Total 8830 

Mercredi 29 avril Jour 44   Andijon - Osh 

Matinée cool avec courses dans l’agréable bazar pour y dépenser nos derniers soums. Nous y trouverons même de la charcuterie préparée par un couple de russes, qui s’empressèrent de nous faire goûter leur production, les clients devant être rares dans le secteur.

Départ à 13h escortés par la voiture de police, sirène hululant, qui bloque les ronds points et les feux rouges pour nous donner le passage, grands signes pour les remercier de leur sollicitude et nous gagnons la frontière par une route souvent coupée de chantiers. Longue attente, formalités ouzbèkes fastidieuses, avec scan des véhicules grâce à un monstrueux camion allemand flambant neuf. Un des douaniers connait les noms des joueurs du PSG, moi pas !

Bien plus rapide côté kirghize où nous n’avons pas besoin de visa, pour un séjour inférieur à 15 jours. Ce qui ne gâche rien, la policière est charmante.

Le tout prendra cependant 3 heures.

Bivouac immédiatement après la frontière.

N 40° 34.181’   E 72° 45.847’

Altitude 925m

47km total 8877 

L’ Ouzbékistan nous laissera le souvenir d’un pays aux habitants extrêmement chaleureux et accueillants, avides de contacts, curieux des étrangers. Nous n’aurons jamais été autant filmés ou photographiés, mêlés à tous ces groupes ou familles que nous auront croisés.

Un merci particulier aux 4 guides de l’agence Katia qui nous ont fait découvrir les beautés des étapes Ouzbèkes de la route de la soie, Khiva, Boukhara, Samarkand et Tachkent, ils ont été parfaits, tant par leurs connaissances, leur pratique du français et leur esprit du service, indispensable pour nous faciliter la résolution des petits soucis logistiques qui sont le lot de ce type de périple. Leurs journées ont été longues ! 

Pour info pour les futurs voyageurs, la prestation de 10 jours de guides a coûté 400 €, soit 80€ par véhicule. 

 

Jeudi 30 avril jour 45  Frontière Ouzbekistan/ Kirghistan – Osh 

Nous avions l’intention de nous installer dans le parking de l’hôtel Osh, mais celui-ci est bondé. On nous y orientera cependant sur l’immeuble du Croissant rouge, en face, qui dispose d’un parking clos et sécurisé. Rencontre du jeune Deputy Manager, qui parle un américain parfait, puis de la Directrice, qui accepte de nous accueillir au prix de 500 som par nuit et véhicule (~8 €), payables d’avance. Change à la banque voisine, et nous nous installons, selon le rituel habituel : branchement électrique, repérage des robinets d’eau, des toilettes et points de vidange, code wifi au bar de l’hôtel en face.

Nous resterons 5 jours à Osh, notre visa Ouzbèke ayant été limité au 30 avril et l’entrée en Chine prévue le 7 mai. 

N 40° 31.277’  E 72° 48.045’

Altitude 990 m

10km  total 8887

  Vendredi 1° mai au lundi 4 mai –  jours 46 à 49     Osh 

Le Kirghizstan est un pays de montagne, 40% de sa superficie dépasse 3000 m, dont les ¾ en permanence sous neige et glaciers. C’est aussi un pays sans ressources, la production industrielle s’étant effondrée des 2/3 à la suite de l’indépendance en 1991, qui doit gérer des infrastructures insuffisantes et des problèmes de communication insurmontables. Le gouvernement mise sur un tourisme sportif et écologique pour faire rentrer des devises, en s’appuyant sur son formidable potentiel de montagnes, mais le pays reste encore bien isolé.

L’économie se rétablit  lentement, même si tout montre, à Osh, la 2° ville du pays, les difficultés du quotidien. Ajouté à la lourdeur de l’urbanisme soviétique, le délabrement des bâtiments, la vétusté des équipements, (les parcs d’attractions  font penser à ces mini golfs de stations balnéaires passées de mode, où les couches de peintures vives cherchent à masquer l’abandon ) et l’entretien déficient des chaussées en font, il faut l’admettre, une ville très laide.

L’intensité du trafic automobile doit cependant laisser espérer un dynamisme retrouvé. 

Osh est dominée par un piton, le trône de Salomon, lieu de pèlerinage musulman car le prophète Mahomet y aurait prié, dont l’ascension permet de découvrir un panorama sur la ville, et la chaine du Pamir Alai, plein sud. Mais lequel est le pic Lénine ?

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A la descente, surprise de voir des femmes en pèlerinage pratiquant le toboggan sur une dalle inclinée. Est-ce le frottement des vertèbres qui y a creusé un sillon, où la forme du rocher qui a suscité cette coutume ? Par signes, on nous indiquera que c’est bon pour la santé. J’essaierai donc, et j’apprends alors qu’il faut le faire 3 fois ! Comme mes initiatrices, je le ferai sur le dos, sur le ventre, mais pas la tête en bas, pas fou !!

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Après ça, un petit réconfort, le bière est fraiche et les spaghetti al’dente.. 

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Un des hauts lieux  se situe au bazar de Jayma, dont on dit que c’est un des plus fabuleux d’Asie centrale. Découvert un jour de pluie, notre impression est plus mitigée, même si il rassemble dans le même lieu légumes de saison, fruits secs, galettes, fleurs et plants, étals de bouchers, gargottes diverses, vendeurs de souvenirs, de vêtements et coiffes traditionnelles ( le standard pour les hommes étant une espèce de haut de forme en feutre blanc, brodé de noir), smartphones et gadgets électroniques. On y a même trouvé une salle de billard !

Les échoppes y sont constituées de centaines de containers maritimes découpés en 2 ou 3 tronçons. L’investisseur qui aurait placé son argent dans des containers en espérant un retour rapide aurait des hauts le cœur en visitant cet endroit !

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Mais le Kirghizstan, c’est d’abord la montagne et une rapide négo (2500 som pour 4, soit 40€) nous permettra une ballade de la journée en taxi vers Papan, à une cinquantaine de km d’Osh, où nous pourrons crapahuter (un peu..) et pique niquer au bord du lac. La région est belle en cette saison, le ciel s’est dégagé, et les poulinières sont en liberté dans des pâturages où les clôtures sont rares.

 

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Et si certains viennent après nous, le téléphone de Maks, notre chauffeur, qui parle anglais, est le 07 73 53 57 23.

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Dernier jour à Osh, en ce 70° anniversaire de la fin de la seconde guerre, nous assisterons face à la statue de Lénine qui, ici, n’a pas été jetée à bas mais simplement déplacée, à une étrange cérémonie : Un troupe de (vrais) soldats, armée de (faux) fusils simule des épisodes de la guerre. Des ados, portant au bout de perches des maquettes d’avions, croix gammées et étoiles rouges, représentent les combats aériens.

Pas grand succès, la place est vide. 

Départ demain pour Sary Tash puis mercredi pour la frontière. Prochaine connexion internet : Kaschgar, en Chine, point de convergence des itinéraires nord et sud de la route de la Soie.

Nous vous envoyons cet article de Chine, où nous venons de constater que Google était bloqué par les autorités. L’adresse de messagerie gmail indiquée précédemment est donc invalide. Merci de nous contacter grâce à la partie commentaires de ce blog.  Encore mille merci pour vos messages qui nous font un immense plaisir et maintiennent le lien avec vous tous, Malheureusement nous ne pouvons répondre à chacun, nous le ferons de vive voix à notre retour.

Agnès et Patrice

Mardi 5 mai   Jour 50    Osh  -  Sary Tash 

Départ assez tôt, les conditions météo sont très changeantes et nous ne souhaitons pas être pris par la pluie ou la neige dans le col. Très bonne surprise, la route est excellente, le trafic réduit et il faut seulement se méfier des troupeaux qui se rendent aux pâturages.

Longue montée régulière, facile, dans de belles gorges où dévalent des torrents grossis par les récentes pluies, puis ça se corse sur les 30 derniers km lorsqu’on quitte la vallée pour attaquer la montée du col de de Taldyck . Nous rencontrons les premières neiges sur les bas côtés, le camion grimpe régulièrement la pente sévère et nous atteindrons le sommet à 3615 m plus aisément que nous ne le redoutions.

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Passage du col, descente brutale, pied gauche calé sur le frein d’échappement, qui nous fait perdre 800 m d’altitude et on attaque immédiatement un 2° col, dont l’altitude n’est pas indiquée sur les cartes. C’est un gentil celui là, le panneau indique « 40 let Kirghistan 3550m ».

Nouvelle descente qui nous conduit directement à Sary Tash. Ce petit bourg, habité essentiellement par des éleveurs, est situé à l’intersection de la routes menant au Tadjikistan, au sud, une fois franchie la chaine du Pamir, avec l’A 972 menant en Chine, plein est.

Nous nous installons au point de bivouac qu’avaient utilisé Joel et Josette Braillard il y a 2 ans, leurs photos nous avaient fait rêver : Devant nous, la  face nord enneigée de la chaine du Pamir Alai , derrière la face sud, déjà verdissante, du massif que nous venons de traverser.Entre ces lignes parallèles, un plateau de quelques kms de large, sillonné de rivières coulant Ouest Est, que longe l’une des plus belle routes du monde, quasiment sans virages sur près de 80km, zone de pâtures pour les troupeaux qui constituent la richesse du pays.

 

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Bivouac malheureusement perturbé vers 21h par l’arrivée de la police qui nous invite à nous installer dans le village, face à leurs locaux, l’endroit serait mal famé. Difficile de contester et nous les suivons donc, vers un bivouac nettement moins romantique.

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 N 39° 42’ 45.1’’   E 73° 16’ 05.7’’

 Alt 3156 m

200 km Total 9100 

Mercredi 6 mai  Jour 51   Sary Tash  Nura 

Journée peu chargée, nous en profitons pour rejoindre Sary Moghol, plein ouest, d’où la vue sur le pic Lénine (7162m) serait exceptionnelle. Trop nuageux hélas pour en voir le sommet, mais les troupeaux de yacks, eux, se prêtent à la photo, les plus jeunes nous feront même quelques cabrioles.

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Demi tour ensuite direction est, après déjeuner, pour rejoindre la frontière en longeant le plateau.

Les deux massifs se rapprochent, le plateau se rétrécit et la route commence à serpenter dans une vallée enneigée. Nous finirons l’ascension du col, à 3790 m, en évitant les congères, sur une route qui reste très belle et fréquentée exclusivement par des poids lourds, chargés de charbon où de bétail. 

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De nouveau des descentes très brutales, des raidillons sympathiques, un poste de contrôle flegmatique et arrivée sur Nura, village frontière sans âme, constitué de préfabriqués depuis sa reconstruction après sinistre.

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On nous intime de faire demi tour car il est trop tard pour passer en Chine (ce que nous ne souhaitions pas, notre guide ne nous attend que demain et il est interdit de séjourner dans la zone frontière.

Nous rebroussons chemin pour nous installer à 7km près du poste de contrôle. Ils aimeraient bien nous voir aller encore plus loin, mais nous restons fermes et nous installon dans un terrain vague, à proximité. 

N 39° 39’ 81’’  E 73° 48’ 834’’

79 km  Total 9179

Alt 2987 m

 Jeudi 7 mai  Jour 52    Nura – Kashgar 

Départ précoce, 6h30, ça grogne un peu dans les rangs. La journée va être longue et nous voulons éviter les files d’attente. Arrivée au poste kirghize à 7h15 après avoir doublé la longue file de poids lourds en attente, et nous être un peu frayé un passage en réveillant des chauffeurs pour qu’ils bougent leur semis mal garées, nous sommes les premiers devant la barrière, qui n’ouvrira qu’à 8h…

Formalités rapides pour ces régions, puis nous nous engageons dans le no man’s land et butons rapidement sur une belle grille en fer forgé qui ne s’ouvrira qu’à 8h 45.

Contrôle des passeports, quelques km et nous arrivons au poste frontière. Pris en charge par l’officier qui parle un anglais parfait, il veut savoir qui est le leader, nous demande de contacter l’agence de voyage (China Comfort Travel qui a géré depuis Paris toutes les formalités) afin que ses représentants viennent nous chercher, exprime son vœux d’obtenir notre coopération ( pas de danger de répondre non…) et déclenche les vérifications.

On sent tout de suite une armée sous contrôle, treillis impeccables, gants blancs pour les contrôleurs, distance hiérarchique évidente, rôles clairement répartis.

Visite sérieuse des véhicules, mais pas tatillonne, et nous sommes invités à nous garer pour attendre notre guide.

Nous avançons nos montres de 2 heures, et vers 13h le véhicule de l’agence se présente, avec Sally , petit bout de femme qui nous accompagnera quasiment pendant 3 mois, ainsi que Jack et Karem, représentant le sous traitant local de CCT. Ils s’occuperont des formalités liées à l’entrée des  véhicules.

Nous sommes en Chine !

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Départ vers Kashgar par une excellente route, toute récente, qui emprunte la même vallée, semi désertique et encaissée dans un plateau d’argile, que l’ancienne route / piste dont l’état nous  évite toute éventuelle nostalgie !

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150km vite avalés, ça descend bien, et nous sommes au bureau d’immigration. Immense hall, qui pourra accueillir 100 fois plus de passages, nombreux uniformes. Nous apprenons que la réglementation sanitaire interdit l’importation de laitages, produits carnés, fruits et légumes, mais on nous suggère de consommer avant le passage. On avale donc yaourts et fruits et se débarrasse du reste (je ne garantis pas que d’aucuns n’aient pas conservés quelques denrées auxquelles ils tenaient, le contrôle ultérieur sera assez libéral)

Inspection des véhicules, Guy se fait saisir sa carte IGN car elle attribue au Japon un ilot revendiqué par la Chine, (nous avons la même, elle échappera à l’autodafé), passage sous une rampe symbolique de désinfection, très longue attente et nous pouvons continuer vers Kasghar que nous atteindrons vers 20h30.

 

La longue traversée de la banlieue nous permet d’encaisser les premières impressions :

-          Nous sommes dans le Xinjiang, région autonome Ouighoure où les Hans, l’ethnie dominante en Chine, sont ici minoritaires. De fait, sur le type physique, rien ne permet de penser que nous sommes en Chine, tout nous rappelle les pays que nous venons de traverser.

-          L’activité est intense, la ville surpeuplée, la circulation de folie avec des milliers de scooters qui se faufilent en silence (ils sont électriques), des enfants qui traversent, des taxis qui s’arrêtent et repartent sans avertir.

-          Partout on abat des anciens quartiers en pisé pour y bâtir des immeubles d’habitation, en particulier dans la périphérie, le long de vastes boulevards. 

Bivouac pour 3 nuits dans le parking de l’hôtel Seman, vaste ensemble de plusieurs bâtiments, bars, restaurants. L’aspect extérieur est engageant, les façades moins visibles décrépites, à l’intérieur, style Bollywood.

L’emplacement réservé au stationnement est étroit, nous serons garés sur l’arrière d’un des restaurants, bercés par la machine à laver qui fonctionnera jusque tard dans la nuit. Le prix, et ça sera sans doute le cas partout en Chine, est assez élevé : 100 yuans pour un parking sec, 150 avec eau et électricité (le yuan est à 6.8€) 

Petite promenade et resto pour la phase immersion. Il est 22h, les familles arrivent pour dîner et c’est le coup de feu dans la salle où on nous accueille aimablement, et où le choix des plats se fait sur photos. Petit problème de communication, les plats sont prévus pour plusieurs personnes, et nous en avons commandés 3 pour 4 !  Nous en viendrons malgré tout à bout tellement nous les apprécierons (Tofu sauté, nouilles sautées et ragout de bœuf). Il fait encore très chaud, près de 30° et les épices contribuent à l’empourprement des visages…

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N 39° 28’233     E 75° 58’018

Altitude 1268m

272km  Total 9451

 

Vendredi 8 et samedi 9 mai. Jours 53 et 54     Kashgar 

Nous passerons la journée du vendredi sous un soleil de plomb, au centre de contrôle technique situé à une 40 de km de Kashgar. Arrivés à 10h, nous serons englués dans la masse de véhicules de tous types qui viennent effectuer leurs visites périodiques. La présence de nos guides permettra de by passer quelques files d’attente mais nous ne couperons pas à l’inspection détaillée (recherche et décalque des N° de châssis, photos sous tous les angles, pesage, banc de freinage et contrôle des éclairages dans une installation très performante) Il nous faudra coller des bandes réfléchissantes sur les bords de caisse, (hors de prix, 8 yuan pièce et il nous en faudra 20) et une dizaine de stickers d’assurance sur le pare brise.

On nous remet nos cartes grises (format A4, à garder sur le parebrise) mais nous attendrons 2heures en fin de journée, en vain, plaques et permis de conduire. Nos guides ne sont pas parvenus à les obtenir, un fonctionnaire étant absent, ils espèrent pouvoir nous les faire parvenir lundi. 

Notre journée ne sera pas complètement perdue cependant, puisque, ayant choisi de déjeuner avec les guides dans l’unique gargote du lieu plutôt que dans notre véhicule, nous bénéficierons de notre première leçon sur la façon de déguster un plat de nouilles en les observant :

-          Tout d’abord un temps d’observation, baguettes prêtes, pour déterminer à quel endroit porter l’attaque.

-          Basculement du tronc, nez au raz de l’assiette, les baguettes saisissent un écheveau et l’enfournent prestement. Naturellement, tout ne rentre pas.

-          Aspiration bruyante pour terminer l’opération et recommencer le cycle, avec, en variante, des phases de picorage des légumes et parcelles de viande qui agrémentent la sauce.

A l’éxécution, nous nous révèlerons assez doués dans l’ensemble, un peu faibles au niveau bruitage.

 

Retour tardif à l’hôtel, sans avoir vraiment compris sur quelle base horaire on fonctionne ici. L’heure officielle est celle de Pékin (Beijing), donc décalée par rapport à l’heure solaire locale. Certains vivent sur l’heure locale, d’autres sur l’heure officielle. A 8h du matin encore très peu d’activité, les magasins ouvrent à 10h et les restaurants se remplissent à 22h… 

Le lendemain, après une longue et vaine attente pour obtenir des clés 3G et des cartes sim dans une boutique high tech aux vendeuses de même, nous visiterons, sur une hauteur, la vielle ville, ceinte de murailles d’argile. Elle est quasi totalement en reconstruction et nous comprendrons que c’est grâce à une volonté gouvernementale et la subvention de la moitié des travaux. Viendra ensuite la mosquée Idgah, construite au XV° siècle et sans intérêt architectural, mais dont l’intérieur, qui peut accueillir 20 000 fidèles, ressemble plus à un parc qu’à un édifice religieux.

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Nous terminerons la journée dans la ville Ouighoure, dans la fumée des brochettes et l’odeur des galettes qui cuisent dans des fours en forme de jarre.

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Au cours de ces promenades nous serons frappés, dans une région où presque toutes les femmes portent un foulard, par certains contrastes vestimentaires: Mini jupes moulantes et cheveux couverts. Le port de la mini jupe, s’il facilite le pilotage des scooters, n’en provoque pas moins des situations d’une impudeur rare en Europe ( François, reste calme, il n’y a pas de photos ….) 

80km Total 9531

 

Dimanche 10 mai  Jour 55  Kashgar Yecheng 

Le dimanche est le jour du marché aux bestiaux. Situé en périphérie, il accueille des milliers de moutons, chèvres, vaches et quelques chevaux et chameaux. Foule des grands jours, centaines de motos tricycles , le moyen de transport standard dans las campagnes, et nombreuses échoppes où des moutons sont immédiatement transformés en hachis et les beignets confectionnés à la chaine.

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Nous serons abordés par une jeune femme, micro en main, attirée par nos échanges en français : Il s’agit de la productrice qui accompagne Alain de Chalvron, correspondant permanent de France Télévision à Pékin, qui réalise une série sur la Route de la Soie. Présentations de l’équipe, du consul de Kashgar, du directeur du marché, échanges chaleureux avec Alain de Chalvron sur ses activités et les risques du métier (sa couverture de Fukushima !!) et sur notre voyage. Le cadreur, français basé en Chine depuis 13 ans  nous transmet une invitation à déjeuner du consul, après la visite « privée » du parc à chameaux, fermé celui là, où sont gardées les bêtes les plus racées. Certaines peuvent atteindre 12000 €, le prix d’un animal commun étant de l’ordre de 400 €.

On insistera pour nous retenir à déjeuner, mais nous avons rendez vous avec le reste du groupe et quitterons l’équipe avec regrets.

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Retour vers Kashgar pour la visite du mausolée de « La Concubine parfumée » , compagne légendaire d’un empereur qui est devenue le symbole de la nostalgie de ses origines, l’empereur implantant à Pékin les arbres dont les fleurs embaumaient les bains de son aimée, puis nous quittons la ville, direction Yecheng, sous un ciel menaçant : Tout le nord ouest est ocre, signe de vent de sable. Notre guide s’inquiète, se renseigne, et nous continuerons.

Nous serons vite rejoints par ce nuage de poussière plutôt que de sable, le loess s’infiltrant partout. Nous ferons péniblement la route, warnings allumés dans une brouillard digne de St Omer, mais jaune…

L’hôtel que nous recherchons n’existe plus, nous tournerons longtemps avant d’échouer dans une arrière cour, vaste mais sordide, de l’hôtel recommandé par un policier. 

342km  Total 9873     

Lundi 11 mai  jour  56  Yecheng Hotan 

Notre itinéraire est absurde, mais il nous a été imposé pour d’obscures raisons de sécurité : Nous contournons le désert du Taklimakan par la route sud, longeant les premiers contreforts du Tibet, que nous ne verrons pas en raison du vent de sable, nous devrons ensuite le traverser pour rejoindre la route nord, que nous aurions pu emprunter directement depuis Kashgar.

Route sans intérêt dans un paysage désertique, avec de rares traversées de village. Par contre les radars ne manquent pas, sous ponts et portiques, et flashent systématiquement tous les véhicules. Nous le serons une cinquantaine de fois dans la journée. La base de données du système doit être monstrueuse !

Arrivés en début d’après midi, nous errerons longtemps à la recherche d’un atelier de soieries. Nous tomberons par hasard sur le responsable des ventes de l’usine qui remplace cet atelier, maintenant fermé, qui nous guidera jusqu’à une lointaine banlieue où ont été construits de vastes bâtiments qui abriteront, à terme, une filature et une fabrique de tapis.

Nous serons reçus, totalement à l’improviste, tels les membres d’une délégation officielle, photographiés sous tous les angles avec l’équipe de direction et l’on nous présentera les toutes premières lignes de production destinées à traiter la laine de toute la région, à inonder le marché des produits du Xinjiang et fournir de l’emploi à 3500 personnes. 

Retour vers le centre ville avec de nouveau de longues recherches d’un hôtel avec parking. Enfin trouvé, il faudra se faufiler dans l’arrière cour, puis se bagarrer avec la direction qui veut faire payer une chambre par véhicule, ils cèderont finalement à 100 yuan par camping car, et s’installer pour la nuit.

Diner dans un restau voisin, bon marché à moins de 3€ par personne. Cette courte promenade et les aller retour de l’après midi nous auront permis de constater à quel point ces villes sont sous surveillance policière, avec véhicules anti émeutes aux endroits stratégiques, patrouilles casquées et armées, barrages fréquents. Tous les bâtiments officiels sont protégés par des barrières et des chevaux de frise. Ceci est sans doute la conséquence des violents affrontements inter ethniques qui ont fait de nombreuses victimes il y a peu. 

324km Total 10197

 

Mardi 12 mai   Jour 57 Hotan Kuqa 

Départ à 7 h pour une épuisante traversée sud/nord du désert du Taklimakan. La route est belle, bordée de dunes argileuses qui vibrent dans la brume de chaleur. En fin de journée la région devient plus hospitalière et nous forçons l’allure, pressés d’arriver. Mal nous en a pris, la police enregistre les heures de passage à chaque point de contrôle et nous serons contraints de stopper 20 mn avant le dernier, sous peine d’excès de vitesse.

Très grande ville, Kuqa ( ou Kucha) est  agréable à traverser, et  nous arrivons à l’hôtel Kuche, bel établissement avec vaste parking., Chaque jour apporte sa surprise, mauvaise ou bonne. 

680km Total 10877 

Mercredi 13 mai Jour 58  Kuqa  Korla 

Pas de chance dans notre excursion vers le canyon et les grottes de Kyzil, à 65 km au nord de Kuqa : Après une longue montée d’une route très sinueuse à travers des gorges et des pitons argileux où  les années ont creusé des reliefs étonnants, nous débouchons sur un plateau, bordé par les sommets enneigés du Tian Shan. La route est droite et quelques km après un poste de contrôle, peu aimable, nous remontons une longue file de camions. Au bout, ce n’est pas un nouveau contrôle comme nous le pensions, mais deux poids lourds qui se sont percutés de front. La route est barrée, et la piste qui la longe est impraticable pour les camping cars, en raison de passages de gués, à sec mais profonds.

Demi tour, à quelques km du but..

Nous nous dirigeons alors plein est vers Korla par l’autoroute 314, qui longe la chaine du Tien Shan, en bordure de désert. Paysage inchangé, aride, assoiffant.

A l’approche de Korla, en plein désert, les usines poussent : Centrales thermiques, cimenteries, chimie lourde, les mines sont nombreuses dans la région et les routes encombrées de poids lourds chargés de charbon. Puis la ville se distingue, depuis l’autoroute, dans la brume qui la masque. Pollution ?

Arrivés au centre de Korla, nous avons tous le même sentiment, bien que dans une oasis, en bordure de désert, et toujours dans le Xinjiang, nous avons changé de monde : La ville est chinoise, en plein développement, résolument moderne.

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411km  Total 11288

 Quelques photos en prime du marché de Kashgar. 

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Jeudi 14 mai Jour 59    Korla – Turpan 

Nous poursuivons sur la route 314, qui longe les contreforts du massif du Tian Shan, tantôt en limite du  plateau désertique, prolongement du Taklamakan (« Celui dont on ne ressort pas » ), à main droite, tantôt engagée franchement dans le massif.  Elle serpente alors le long de rivières asséchées, saute d’une vallée à l’autre par des cols sévères dans un paysage splendide et sauvage que les chauffeurs de camions ont malheureusement peu le loisir de gouter, concentrés qu’ils sont sur la température et le régime moteur dans les côtes, et le contrôle de leur vitesse dans les descentes. La route est excellente mais vertigineuse et la descente se fait au pas. 

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Turpan, étape importante de la route Nord, est situé dans une dépression à une altitude de -100 m niveau que nous atteindrons après avoir franchi un col à 1730m, dévalé vers le plateau, puis traversé un reg sans aucun relief.

La température est caniculaire, ce n’est plus la route de la Soie mais celle de la Soif.. 

Nous avons peu parlé de la route de la Soie. Il s’agit en fait de plusieurs itinéraires empruntés, depuis le II° siècle avant JC jusqu’au XV° siècle entre Xi’an, dans l’est de la Chine, et les villes du bassin méditerranéen. Itinéraires de commerce dont la difficulté tenait à la présence de nombreuses zones désertiques qui rendaient indispensables le passage par des oasis qui devinrent les villes légendaires que nous égrenons le long de notre parcours.

L’image du voyage à la Marco Polo , de Venise à Pékin d’une seule traite, doit faire place à la réalité de l’époque où les flux de marchandises, soie bien sûr, mais aussi épices, métaux précieux, jade, laine, pur-sang arabes, vin, étaient fractionnés, chaque oasis étant une place de commerce où les biens étaient dégroupés, échangés, vendus, regroupés pour être réexpédiés vers les étapes suivantes ou les marchés intérieurs.

Toutes ces villes développèrent les infrastructures d’accueil, les caravansérails, mais aussi financières et juridiques qui permirent le fonctionnement des flux monétaires nécessaires, et en recueillirent les fruits via les taxes sur les marchandises.

Les brassages ethniques, religieux et culturels qui résultèrent de ces échanges amenèrent de profonds bouleversements, comme la pénétration du bouddhisme vers l’ouest et une grande fertilisation artistique.

Ce flux se tarit et les villes s’endormirent au XV°, lorsque les progrès de la navigation firent préférer les voies maritimes au trajet à pas lents des caravaniers, plus coûteux, pénible et dangereux.

 

Turpan, donc, ville endormie, qui fut un moment capitale du royaume Ouighour, nous ramène dans une atmosphère fort différente de Korla et nous y retrouvons l’architecture et les types ethniques de nos étapes précédentes.

Les Ouighours, chassés de Sibérie, s’installèrent dans la région au IX° siècle en bousculant les chinois qui les avaient précédés et se convertirent rapidement à l’islam lorsqu’il pénétra l’Asie centrale. Ils développèrent autour de Turpan un chapelet de places fortes dont quelques vestiges sont encore visibles. Leur royaume ne put résister longtemps à l’Empire du Milieu qui mit en place très vite toute sa structure administrative. Des siècles plus tard, force est de constater que l’intégration n’est pas achevée…

La vigne est la richesse de Turpan qui produit depuis toujours des raisins, mis à sécher dans les milliers de séchoirs en adobe qui jalonnent la paysage, en bordures des terres cultivables, à la limite du désert pour les plus récents, au cœur des villages pour les autres.

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Bivouac dans la cour de l’hôtel Turpan, que l’on atteint en passant sous de belles treilles , un peu tôt pour en voir les grappes, où nous passerons 3 nuits.

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 404 km Total 11692 

Vendredi 15, samedi 16 mai  Jours 60 et 61  Turpan 

Visite de la mosquée Imin Ta , unique par son minaret de style afghan, et d’un musée en plein air permettant de découvrir le prodigieux système d’irrigation développé il y a 2000 ans et encore utilisé aujourd’hui, le Karez.

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Afin de recueillir les eaux de fonte des neiges du massif  du Tai Shan , près de 1800 tunnels , de 5 à 20km de longs, creusés grâce à des chapelets de puits , les plus profonds à près de 75m, convergent vers les oasis et y canalisent l’eau, qui, en surface, aurait disparu par évaporation. Les chiffres laissent rêveurs : 5272 km de tunnels de 1.5 à 1.7m de hauteur, 60 à 70cm de largeur, 172 000 puits…..

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Découverte enfin, à une quarantaine de km du village de Tuyok, pur village Ouighour  avec son Mazar, mausolée du premier Ouighour converti à l’islam et ses grottes boudhistes, malheureusement fermées, avant le retour vers Turpan , son bazar et ses cantines.

 

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Pour le plaisir , Agnès avec sa nouvelle coupe, elle a testé les coiffeuses locales, et notre guide Sally, avec une petite vendeuse de raisins..

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         Dimanche 17 mai  Jour 62  Turpan Hami 

Nous avons profité du break de Turpan pour faire un peu d’entretien : Camion au garage VW pour graissage et vidange. Leur pompe à graisse n’ayant pas les embouts convenables, j’ai dû prêter la notre et montrer les points de graissage. Dans la fosse en compagnie de Guy et de deux mécanos, moment de franche rigolade lorsque j’ai hissé à bras le corps l’un d’eux, trop petit pour atteindre le graisseur, qui s’est terminé par deux gobelets de thé offert par le  personnel du garage 

Par l’autoroute 312, qui joint la capitale du Xinjiang, Urümqi au centre de la Chine, nous nous dirigeons vers Hami, notre prochaine étape. Paysage inchangé, entre désert et montagne où de temps en temps un cimetière, une oasis ou un ouvrage d’art de la ligne de chemin de fer rompt la monotonie.

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Arrivée à Hami en fin de journée, installation dans la cour du très bel et très verdoyant Hôtel «  Hami », puis visite du Mausolée des Rois Ouigours de Hami, qui abrite une mosquée et les tombes de 9 générations des  familles royales locales. Plus intéressant par le contraste entre les styles architecturaux que par son contenu…

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N 42° 48’ 53.496 ‘’   E  93° 31’ 8.112’’

451km Total 12143 

Lundi 18 mai Jour 63  Hami  Donhuang 

Nous changeons de région entre Hami et Liyuan, quittant le Xinjiang pour le Gansu, que nous traverserons rapidement pour entrer dans le Qinghai . Désormais la signalétique routière, de même que les enseignes commerciales ne seront plus en Ouigour et  chinois, mais seulement en chinois.

Cette région, comme un coin entre le Xinjiang et le Tibet, peuplée de Hans, devrait son existence à la volonté d’éviter une éventuelle coalition entre les Ouigours au nord ouest, les Tibétains au sud et les Mongols au nord est.

Sur l’autoroute, nous croiserons un convoi de véhicules anti émeutes sortant d’usine et se dirigeant vers le Xinjiang. La situation n’est clairement pas complètement stabilisée…

Nous constaterons très vite que le nombre de contrôles de police et leur sévérité s’assouplira considérablement dans cette nouvelle province. Ne subsisteront que de pénibles débats sur la catégorie de nos véhicules aux péages d’autoroute : A la vue de nos engins, les préposés plongent dans leur manuel pour essayer de nous classer et leurs conclusions ne rejoignent pas les nôtres, d’où refus et appel aux chefs. Sally nous a préparé des affichettes en chinois précisant «  Ce n’est pas un camion, mais notre maison… » à présenter aux caissiers, ça ne marche pas à tous les coups et elle doit souvent intervenir pour tenter de réduire le tarif. Tout se passe cependant dans la bonne humeur.

 

Poursuite sur la très belle 312 pendant 300km, puis nous obliquons plein sud à Liuyuan pour nous diriger, par 120 km de très mauvaise route, vers Donhuang, oasis près de laquelle se situent les grottes de Mogao. Les zones irriguées sont là aussi consacrées à la vigne, avec un mode de tuteurage différent fait de perches obliques. Le vent peut souffler, vu les dimensions de celles-ci.. 

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Un chapelet de hautes dunes domine la ville, nous bivouaquerons dans le parking d’un temple bouddhiste, à proximité du parc de loisir des dunes (très dans le vent le parc, ballades en 4×4, surf sur les dunes, VTT spécial sable..).

En fin de journée, une bourrasque de poussière assombrira le ciel, les quelques gouttes qui suivront, les premières depuis Astrakhan, auront pour seul effet de coller la poussière ocre sur les carrosseries. 

N 40° 6’ 10.692’’   E 94° 40’ 20.424’’

435km Total 12578 

Mardi 19 mai Jour 64 Donhuang 

Le site des grottes a été réaménagé l’année dernière et est prêt maintenant à recevoir les touristes en masse. Immense parking, bâtiment de réception avec projections cinéma classique et 360° qui permettent d’en comprendre l’histoire  et son contenu, navettes de bus pour parcourir les 15km de désert jusqu’à la falaise qui abrite les grottes, guides polyglottes.

L’endroit aurait été choisi par un moine qui y termina sa vie, la première grotte ayant été creusée en 366 après JC. Chaque dynastie s’efforça d’enrichir le site en creusant et aménageant des grottes plus riches et plus belles que les précédentes, toutes dédiées à Bouddha et ses disciples, les boddhisattwas. Le site devint un haut lieu du bouddhisme, les caravaniers venant y prier, apporter des offrandes ou des contributions à la construction de nouvelles grottes avant le périlleux voyage vers l’ouest. La construction de nouvelles grottes cessa avec la pénétration de l’Islam.

 Sur les 429 grottes, 20 se visitent. Toutes de forme rectangulaire, de dimensions variées suivant l’opulence des donateurs, la plus hautes statue de Bouddha y dépasse 34m, le Bouddha couché 20m, leurs murs et plafonds ornés de fresques d’une grande richesse représentant des scènes de la vie quotidienne et de la mythologie bouddhiste.

Dans l’une d’entre elles furent dissimulés pendant des siècles des dizaines de milliers de manuscrits, rédigés en toutes les langues d’Asie centrale par les plus fins calligraphes chinois, qui furent bradés pour 220£ par le moine gardien du site aux archéologues occidentaux du début du XX°.

Il est malheureusement interdit de prendre des photos dans les grottes, ce qui ne nous permettra pas de partager ces splendeurs. L’extérieur de la falaise dans la zone visitable, rénové dans les années 60, à une époque où la Chine entrait dans les convulsions de la révolution culturelle, a un très piteux aspect, l’entrée des grottes ressemblant à des cabines électriques, qui ne met pas en valeur le contenu.

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Dans la soirée, une partie du groupe assistera à une représentation d’un ballet au théâtre de la ville, mélange de comédie musicale et de numéros de cirque qui les laissera un peu sur leur faim.

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Mercredi 20 mai  Jour 65  Donhuang Jyauguan 

Départ à 7h30 pour une longue étape, qui commence par une bonne surprise : La route qui permet de rejoindre la 312 est une autoroute flambant neuve ; les autorités ont clairement misé sur le développement touristique de la ville.

Parcours sans nouveauté, entre montagne et désert.

A Jyauguang a été construit sur une hauteur, sous la dynastie Ming, le fort qui faisait fonction de sentinelle de l’Empire. Le plateau séparant les deux chaines de montagne s’y rétrécit et n’a une largeur que de 25km, aisée à contrôler. Le fort est flanqué de deux murs qui barrent le plateau, le mur nord rejoignant les premiers tronçons de la Grande Muraille. A l’est, le monde civilisé, à l’ouest les espaces désertiques peuplés de barbares où l’on exilait les bannis et les fonctionnaires en disgrâce. La porte de l’ouest y gagna le nom de « Porte des soupirs… »

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Bivouac au pied de la Grande muraille, sous les nuages annonciateurs de pluie.

Et, note incongrue, une piste de skate au pied de la muraille. Pas un chat…

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N 39° 51’ 6.732’’   E  98° 10’ 38.928’’

393 km Total  12971 

Jeudi 21 mai  Jour 66 Jyauguan Zhangye 

Nous traversons la ville que nous avions contourné la veille, qui se révèle bien plus importante et moderne que nous l’avions imaginé : Vaste avenues, immeubles récents, équipements collectifs et culturels de grande capacité.

C’est d’ailleurs un schéma que nous avons déjà rencontré dans les oasis précédentes : Environnement désertique (c’est même la définition…) approches industrielles avec usines variées et centrales thermiques, ces régions sont riches en charbon comme en témoignent les centaines de poids lourds qui sillonnent les pistes, pollution atmosphérique prégnante, agriculture intensive dans les zones irriguées, banlieues à habitat traditionnel  puis  centre ville moderne.

Et partout, partout, des chantiers, des centaines de tours en construction, des quartiers neufs qui s’étalent à l’infini. 

Autoroute sans problème, entre désert et montagne, mais maintenant les montagnes sont au sud et le désert, c’est le début du Gobi, au nord. 

Bivouac sur le parking du « Geopark » de Zhangye, et visite de ce site où l’érosion a formé dans les couches teintées d’oxydes de fer ocres, rouges, rosés, de magnifiques compositions.

 

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N 38° 58’ 28.272’’    E 100° 01’ 44.436’’

Altitude 1772m

238km Total 13209 

Vendredi 22 mai Jour 67  Zhangye Dinang 

Etape de liaison comme l’écriraient les journalistes sportifs. Nous piquons sud est en direction de la chaine  des Quilian shan. La plaine s’élève lentement et nous gagnons 1200m d’altitude sur 100km en une seule ligne droite. Traversée des Quilian par un premier col à 3686 m, encore 220km jusqu’à Xining, puis long plateau parallèle au deux chaines à 3500m d’altitude, pâturages, yacks et moutons, 2° col, 2° plateau  et franchissement des Datong shan par un 3° col à 3785 m, raide celui là et descente itou, dans les nuages, à 118km de Xining  pour terminer par 80km d’autoroute.

Celle-ci emprunte l’étroite vallée où est située Xining, capitale du Qinghai. Enorme ville de 1.3 M d’habitants, des tours, des tours, des tours…

Nous dépassons Xining pour bivouaquer à Ping’an dans le parking de l’Hotel Haifeng international, la température s’est bien rafraichie, 15° le matin au lieu des 26/28 que nous avons connu dans le Xinjiang. 

N 36° 30’ 11.016’’   E 102° 5’ 52.728’’

Altitude 2200m

424 km  Total 13663

 

   Samedi 23 mai  Jour 68  Ping’an – Tongren -Xiahe 

Réveil avec la musique de la gymnastique matinale. Pratiquée partout, tôt et longtemps.

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Nous suivons l’axe autoroutier en construction qui emprunte les gorges du fleuve jaune, où on pratique l’aquaculture puis nous dirigeons plein sud vers Tongren. La route est ornée de peintures tibétaines, bordée de stupas et de ces faisceaux de rubans de prières qui tiennent lieu d’ex voto.

 

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 Passage de col à près de 3800m puis, dans la descente, arrêt auprès du campement de fortune où s’abritent les cueilleurs de médicaments. Leur prix en est astronomique, une des plantes que l’on nous proposera  coûte plus de  1.5€ pièce. Vertus garanties contre le cancer.

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Tongren, siège de plusieurs monastères, mais aussi connue pour avoir produit les plus beaux thangkas, peintures et calligraphies bouddhistes sur support de coton. Nous pourrons en admirer de nombreux dans un petit atelier du monastère Wutong  (N 35°33’ 41.148’’   E 102° 2’ 56.652’’).

Soit figuratifs, soit géométriques, de couleurs splendides, une toile de 20×20 cm nécessite 15jours de travail, le prix, en conséquence, nous dissuadera..

Les moines sont curieux, la visite du véhicule s’imposera.

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 Nous continuons le saute moutons sur le plateau tibétain, de col en col. Dans une descente, le monastère de Juashize révèle, en bord de route, ses somptueux moulins à prière. Sur les plateaux, abondance de yacks et de moutons, le long des rivières, des colonies de marmottes s’égayent à notre passage.

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 Petit détour pour aller visite la ville de Can Jia Bajiao, fondée il y a 2000 ans par une dynastie Han sur un plateau. Entourée d’une double muraille d’adobe, elle abrite encore une population de 350 familles. La vie y est bien dure, au milieu de nulle part. Deux points d’eau, hors enceinte, pour tout le village.

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La route vers Xiahe ne figure pas sur nos cartes. En fait elle est en réfection et nous subirons 40km de piste, puis une montée sévère agrémentée de passage boueux. Un poids lourd s’y est mis en situation délicate et nous serons bloqués 2 heures jusqu’à ce qu’il benne une partie de son chargement pour s’alléger et que deux engins le dégagent.

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Les camping car franchiront avec succès les obstacles, mais nous serons de nouveau bloqués par un semi remorque qui patine sur la chaussée trop grasse, nous devrons l’aider en étalant de la terre sèche sous ses roues. Col franchi, longue descente entre chien et loup vers Xiahe, sur une route en chantier.

Bivouac dans le parking de l’hôtel «  Civil aviation international  » ( où sont les avions ?) 

N 35° 12’ 8.82’’   E 102° 31’ 9.876 ‘’

Altitude 2927 m

km 251  Total 13914 

Dimanche 24 mai Jour 69  Xiahe -  Langmussi 

Xiahe, ou le Tibet pour ceux qui craignent le mal des montagnes..

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Matinée au monastère de Labrang, « université » de la secte des « Bonnets jaunes ». Cette lamaserie, fondée en 1709 par un moine devenu l’incarnation du Bouddah vivant, 3° rang dans la hiérarchie tibétaine, fut fermée pendant la révolution culturelle et couvre une partie de la ville.

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Elle abrite aujourd’hui 1700 moines et reçoit des milliers de pélerins.

 

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Ils remontent la longue allée menant au temple, soit en faisant tourner chacun des 1080 moulins à prière qui la bordent, soit en accomplissant un véritable chemin de croix : Allongé, debout, mains levées puis sur la poitrine, allongé, un pas de coté et on recommence, sur 1 km.

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Visite des temples, partout des statues de bouddha, bien sûr, dans une ambiance étrange de clair obscur et l’odeur du beurre de yack rance qui alimente les lumignons. Les pèlerins déposent de la nourriture aux pieds des moines en prière et de l’argent à chaque autel, parfois accompagné de demandes de prières. Nous assisterons au comptage de la monnaie dans un des temples, les demandes de prières seront ensuite réparties entre les moines pour les effectuer.

Curieux paradoxe dans une des rares salles où les photos sont permises, qui abrite des figurines en peau de yack : Un bouddha qui tient entre ses doigts un billet à l’effigie de Mao…

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Les moines se consacrent à l’étude et à la prière dans les temples ou les galeries, parfois distraits de leur tâche par l’intérêt qu’ils portent aux visiteurs étrangers.

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On nous dira que dans ces régions, les familles ne peuvent nourrir que deux garçons, le troisième deviendra moine. Force est d’admettre qu’il sera alors, de façon détournée, nourri sans travailler (au sens productif…). Pas étonnant que cela ait chagriné les membres du parti

Nous remarquerons au passage que l’appartenance à la secte et une vie consacrée à la spiritualité n’interdisent pas le bénéfice des symboles les plus marquants du monde matérialiste.

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Nous assisterons à « l’entrée des moines ». A l’occasion de cérémonies,, qui reviennent fort cher aux familles qui les sollicitent, les moines se rassemblent progressivement sur les marches de la grande salle des Sutras où ils s’installent pour psalmodier jusqu’à ce que, au signal de trompes entonnées par deux moines sur le toit, ils se précipitent dans la salle pour la cérémonie, abandonnant leurs bottes de feutre sur les marches

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Nous reprenons la route, devenue routine : Cols à 3600m, plateaux à 3400, yacks, villages avec leur tas de combustible : Des bouses de yacks.

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Descente vers Langmussi dans les nuages. Toute petite ville peuplée de Hui et de Tibétains, avec son quartier musulman, plutôt délabré et sa partie bouddhiste où fleurissent temples et stupas. 

Bivouac dans la cour de l’hôtel Langmussi, après voir acheté quelques bombes d’oxygène pour un membre du groupe, un peu hors d’haleine en raison de l’altitude. Examen rapide par un médecin local, tout se rétablira plus bas.

La salle de restaurant, dans la cour de l’hôtel, est si froide que nous nous ferons livrer les plats dans le camion. 

N 34° 5’ 20.04’’   E 102° 37’ 56.496 ‘’

Altitude    3344m

230 km Total 14144