Quelques photos en prime du marché de Kashgar.
Jeudi 14 mai Jour 59 Korla – Turpan
Nous poursuivons sur la route 314, qui longe les contreforts du massif du Tian Shan, tantôt en limite du plateau désertique, prolongement du Taklamakan (« Celui dont on ne ressort pas » ), à main droite, tantôt engagée franchement dans le massif. Elle serpente alors le long de rivières asséchées, saute d’une vallée à l’autre par des cols sévères dans un paysage splendide et sauvage que les chauffeurs de camions ont malheureusement peu le loisir de gouter, concentrés qu’ils sont sur la température et le régime moteur dans les côtes, et le contrôle de leur vitesse dans les descentes. La route est excellente mais vertigineuse et la descente se fait au pas.
Turpan, étape importante de la route Nord, est situé dans une dépression à une altitude de -100 m niveau que nous atteindrons après avoir franchi un col à 1730m, dévalé vers le plateau, puis traversé un reg sans aucun relief.
La température est caniculaire, ce n’est plus la route de la Soie mais celle de la Soif..
Nous avons peu parlé de la route de la Soie. Il s’agit en fait de plusieurs itinéraires empruntés, depuis le II° siècle avant JC jusqu’au XV° siècle entre Xi’an, dans l’est de la Chine, et les villes du bassin méditerranéen. Itinéraires de commerce dont la difficulté tenait à la présence de nombreuses zones désertiques qui rendaient indispensables le passage par des oasis qui devinrent les villes légendaires que nous égrenons le long de notre parcours.
L’image du voyage à la Marco Polo , de Venise à Pékin d’une seule traite, doit faire place à la réalité de l’époque où les flux de marchandises, soie bien sûr, mais aussi épices, métaux précieux, jade, laine, pur-sang arabes, vin, étaient fractionnés, chaque oasis étant une place de commerce où les biens étaient dégroupés, échangés, vendus, regroupés pour être réexpédiés vers les étapes suivantes ou les marchés intérieurs.
Toutes ces villes développèrent les infrastructures d’accueil, les caravansérails, mais aussi financières et juridiques qui permirent le fonctionnement des flux monétaires nécessaires, et en recueillirent les fruits via les taxes sur les marchandises.
Les brassages ethniques, religieux et culturels qui résultèrent de ces échanges amenèrent de profonds bouleversements, comme la pénétration du bouddhisme vers l’ouest et une grande fertilisation artistique.
Ce flux se tarit et les villes s’endormirent au XV°, lorsque les progrès de la navigation firent préférer les voies maritimes au trajet à pas lents des caravaniers, plus coûteux, pénible et dangereux.
Turpan, donc, ville endormie, qui fut un moment capitale du royaume Ouighour, nous ramène dans une atmosphère fort différente de Korla et nous y retrouvons l’architecture et les types ethniques de nos étapes précédentes.
Les Ouighours, chassés de Sibérie, s’installèrent dans la région au IX° siècle en bousculant les chinois qui les avaient précédés et se convertirent rapidement à l’islam lorsqu’il pénétra l’Asie centrale. Ils développèrent autour de Turpan un chapelet de places fortes dont quelques vestiges sont encore visibles. Leur royaume ne put résister longtemps à l’Empire du Milieu qui mit en place très vite toute sa structure administrative. Des siècles plus tard, force est de constater que l’intégration n’est pas achevée…
La vigne est la richesse de Turpan qui produit depuis toujours des raisins, mis à sécher dans les milliers de séchoirs en adobe qui jalonnent la paysage, en bordures des terres cultivables, à la limite du désert pour les plus récents, au cœur des villages pour les autres.
Bivouac dans la cour de l’hôtel Turpan, que l’on atteint en passant sous de belles treilles , un peu tôt pour en voir les grappes, où nous passerons 3 nuits.
404 km Total 11692
Vendredi 15, samedi 16 mai Jours 60 et 61 Turpan
Visite de la mosquée Imin Ta , unique par son minaret de style afghan, et d’un musée en plein air permettant de découvrir le prodigieux système d’irrigation développé il y a 2000 ans et encore utilisé aujourd’hui, le Karez.
Afin de recueillir les eaux de fonte des neiges du massif du Tai Shan , près de 1800 tunnels , de 5 à 20km de longs, creusés grâce à des chapelets de puits , les plus profonds à près de 75m, convergent vers les oasis et y canalisent l’eau, qui, en surface, aurait disparu par évaporation. Les chiffres laissent rêveurs : 5272 km de tunnels de 1.5 à 1.7m de hauteur, 60 à 70cm de largeur, 172 000 puits…..
Découverte enfin, à une quarantaine de km du village de Tuyok, pur village Ouighour avec son Mazar, mausolée du premier Ouighour converti à l’islam et ses grottes boudhistes, malheureusement fermées, avant le retour vers Turpan , son bazar et ses cantines.
Pour le plaisir , Agnès avec sa nouvelle coupe, elle a testé les coiffeuses locales, et notre guide Sally, avec une petite vendeuse de raisins..

















Ce système hydraulique : franchement ça m’en bouche un coin ! Quand je pense au raffut qu’a suscité le projet de barrage de Sivens, une petite retenue collinaire. Les écolos devraient creuser la question et, mieux, creuser tout court (avec un aller simple) ! Une pensée émue pour la main d’œuvre ouigoure qui n’a ménagé ni sa peine, ni sa vie
Ce petit village , Tuyok, est magnifique. Les grottes bouddhistes n’ont probablement pas épargnées par les musulmans.
Agnès est ravissante avec sa nouvelle coiffure (pense à laisser l’adresse du salon de coiffure à Josette, ça peut servir un jour) Je vois sur la photo qu’elle dirige votre chorale en vue de la fête de la musique. C’est bien d’y penser et de s’y préparer déjà.
Bises
François et Josette