Mercredi 27 novembre Jour 43 Guayquil / Cuenca
La sortie de la ville sera aisée. Décidément, Guayaquil nous aura séduit. Nous traversons la plaine côtière sur une soixantaine de km, à travers les rizières et les champs de canne, puis prenons la route de Cuenca et attaquons les choses sérieuses. En 130 km, nous passerons du niveau de la mer à une altitude de 4000 m et la température chutera de 20°.
Après avoir franchi l’ « Abra Très Cruces » à 4140m, nous resterons bloqués une heure dans un bouchon au milieu de la descente, nous ne saurons jamais pourquoi. Au bout de la descente, Cuenca, de son vrai nom Santa Ana de los rios de Cuenca, fondée en 1557 par Hurtado de Mendoza, vice-roi du Pérou et né dans la Cuenca catalane.
3° ville d’Equateur, elle est classée au patrimoine mondial de l’Unesco et capitale de la fabrication des panamas, le fameux chapeau tissé avec des feuilles de paja toquilla, un petit palmier cultivé sur la côte.
Après avoir laissé notre véhicule dans le parking qui sera notre point de chute pour la nuit, le long du rio Tomebamba qui traverse l’agglomération, nous irons faire une première visite de cette jolie ville à la belle place coloniale, le parque Calderon et prendrons café et tarte tatin à la pâtisserie « El frances », tenue, devinez par qui ? : un jeune compatriote. Nous visiterons ensuite le très riche, par ses collections, musée des cultures aborigènes, fondé par un ancien ministre de la culture.
On y admirera les artefacts des civilisations pré incas qui peuplaient ce qui est devenu aujourd’hui l’Equateur, depuis les cultures valdivia et tolita, de -500 à +500 après J.C., jusqu’aux cultures puruha, mantena et canarie, cette dernière implantée dans la région, de +500 à +1500 après J.C.
Il faudrait tout montrer, on se bornera à quelques spécimens d’extraordinaires poteries anthropomorphes.
Bivouac au « Parque de la Madre », le long du rio.
S 02° 54’ 15.6’’ O 79° 00’ 09.4’’ Altitude 2550m
Km 199 Total 5397
Jeudi 28 novembre Jour 44 Cuenca / Calpi
Bien plus que la cathédrale de la Inmaculada Conception, construite en pierres blondes et achevée seulement en 1960 sur un des pans de la plazza de armas pour remplacer l’ancienne cathédrale, située en vis-à-vis et devenue trop petite, c’est l’ensemble de l’ « Eglisia de Todos los Santos » et son couvent associé qui constituent l’un des attraits de la ville .
L’église actuelle a été construite en 1820 autour des fondations de la première chapelle, bâtie en 1534. Endommagée par un incendie en 2006, elle a été rénovée à cette occasion et les travaux révélèrent la présence sous-jacente d’un temple inca, lui-même bâti sur un lieu de culte canari. Certains lieux semblent prédestinés à la spiritualité.
Intéressante visite guidée de ce couvent, qui n’abrite plus que 5 religieuses et a la particularité, vu son implantation au flanc d’un coteau surplombant le rio, de ne pas posséder de cloitre. On y remarquera son énorme four à bois, toujours en service, et qui assurait les ressources de la communauté par son activité boulangère, puis la pièce dédiée à l’élevage des cuys. On admirera surtout le jardin botanique, aux mille espèces, plantes, arbres et arbustes à usage médicinal, culinaire ou ornementales et y ferons la connaissance d’ « hermana Celina », religieuse menue âgée de 108 ans, qui jardine encore en s’appuyant sur sa canne….
Les pièces principales du couvent ont été rénovées, elles abritent aujourd’hui une école hôtelière, et les élèves s’activent en cuisine.
Nous quitterons la ville par une belle route de montagne dont la pente dépasse souvent les 10%, à travers une région très cultivée, aux vallées verdoyantes.
En route, on se laissera tenter par le porc grillé en bord de route, mais pas par les cuys qui rôtissent à La Colita.
Le village est remarquable car c’est ici que fut consacrée la 1° église équatorienne, le 15 août 1534.
A l’embranchement de la route menant au parc Chimborazo, nous nous installerons pour la nuit dans une station Primax.
S 01° 39’ 02.70’’ W 78° 43’ 50.10’’ Altitude 3040m
Km 259 Total 5656
Vendredi 29 novembre Jour 45 Calpi / Banos
Nous attendrons que les nuages se lèvent un peu, beau prétexte pour un embryon de grasse matinée, puis prendrons la route du centre d’interprétation du volcan Chimborazo.
6310m, le plus haut sommet du pays est toujours enneigé. Eteint depuis 1500 ans, il symbolise l’Equateur puisqu’il est représenté sur les armes du pays. Mesuré en 1736 par La Condamine, exploré en 1802 par Humboldt, il ne fut vaincu qu’en 1880 par Whymper et les frères Carrel.
La route est belle, très vite dans les nuages, et nous mène à l’entrée du centre, à 4300m d’altitude. On n’y voit pas à 50m.
Un crétin nous annonce que le centre est fermé et on s’apprête, frustrés, à faire demi- tour. Voyant des bus arriver, on se renseigne à nouveau : le centre est bien fermé, mais pas les boutiques, où Agnès , vu la température, s’offre une paire de gants, ni l’accès au refuge Carrel et au volcan.
Nous attendrons de nouveu sur le parking du centre que le temps se lève, puis nous nous déciderons à prendre la piste de 7km qui mène au refuge, à 4870 m d’altitude.
Là, nouvelle attente que les nuages se dissipent, en vain.
Retour donc vers le centre d’interprétation, autour duquel pâturent les vigognes. La réintroduction de 200 bêtes au-dessus de 4000m, il y a une trentaine d’années, a été un succès, puisque le cheptel atteint aujourd’hui 5000 têtes,
Nous décidons de prendre la route contournant le volcan par l’ouest, la vue en serait magnifique. La route est belle, bien meilleure que prévu, mais le volcan reste masqué. Les neiges du Chimborazo, ça ne sera pas pour cette fois. Dommage..
Nous piquons vers le nord, pour une halte à Banos. Peu intéressés par les thermes, plutôt par la route des cascades.
Les points de bivouac qu’Agnès avait repérés, hôtels aux grands parkings, sont fermés. Elle trouvera finalement une solution au camping Montano, au pied du volcan Tungurahua. Celui- là, haut de 5023m, est actif depuis 1999 et se manifeste régulièrement avec ses dernières éruptions en 2014 et 2016, mais là encore, les nuages nous en masquent le sommet.
Les propriétaires, un jeune couple, très sympa, gèrent ce gite pour routards avec une seule place de stationnement, à l’entrée un peu délicate. La menace que fait planer le volcan ne semble pas les inquiéter.
S 01° 23’ 48.72’’ W 78° 25’ 44.64’’
Km 166 Total 5822
Samedi 30 novembre Jour 46 Banos
Des bus réguliers, tous les quart d‘heures, font la route des cascades. Route encaissée dans les gorges menant vers l’Amazonie. Plusieurs tunnels, dont l’un, en sens unique, n’est pas plus large que celui du métro londonien, émaillent le parcours. Le chauffeur fonce, on dirait qu’il veut battre son record à chaque passage.
On va jusqu’à la cascade la plus spectaculaire, et la plus éloignée, le « Pailon del diablo », tellement encaissée que les photos en sont impossibles!
En remontant de la gorge, halte devant un stand proposant à la dégustation des larves de chonta bien frétillantes : « un plat exotique et populaire connu pour ses qualités curatives de la toux et de l’asthme. Le traditionnel maito de chonta est préparé avec ces larves enveloppées de feuilles de bijao et grillées, ou en brochettes. On le mange avec de la banane ou des yucas » (traduction : Barbara)
On va être honnêtes, malgré notre goût pour les expériences culinaires exotiques, on n’a a pas goûté.
Au retour, le bus croise, à fond la caisse, un poids lourd dans un tunnel. On espère que notre chauffeur n’a pas fermé les yeux, nous si…
A Banos, c’est la fête pour célébrer le 75° anniversaire de la création de la commune. Toutes les institutions défilent avec chars et groupes folkloriques, le défilé durera plus de 1h30.
Très chaude ambiance
Dimanche 1° décembre Jour 47 Banos / Quilotoa
Pluie toute la nuit mais ça se dégage le matin. On revient sur nos pas jusqu’à Ambato, grande ville sans charme étendue dans sa vallée, puis on remonte vers le nord sur la très belle autoroute à 2×4 voies qui mène à Quito. On la quitte au niveau de Latacunga pour aller vers l’ouest sur la R30. Halte à Pujili, au très actif marché en ce dimanche. Courses de fruits et légumes et achat de porc rôti, on y a pris goût.
On continue jusqu’à Quilatoa, village de la communauté indigène qui gère l’accès à la magnifique caldera du volcan du même nom.
S 00° 52’09.2’’ O 78° 55’02.1’’ Altitude 3940m
Km 169 Total 5991
Lundi 2 décembre Jour 48 Quilotoas / Pedernales
Beau soleil, mais une légère couche de nuages masque les volcans jumeaux Illinizas, de l’autre côté de la caldera. Vers le sud, le Chimborazo reste invisible. On n’attendra pas qu’il se montre.
Route vers le nord, jusqu’à Sigchos, où nous espérons que la belle route se prolongera pour nous permettre de traverser le massif vers le nord sans revenir vers la vallée menant à Quito, cela nous ferait gagner près de 100km dans notre route vers la mer.
Déception, dès la sortie du village, le goudron s’arrête. Pas question de s’engager sur cette piste de 70 km, qui s’annonce pleine de trous pour l’ascension d’un col à près de 4000m. On rebrousse chemin, et le trajet se révèlera excellent sur le premier tiers, la route vient d’être refaite dans sa partie la plus accidentée, acceptable sur la deuxième portion, et bon sur la fin. Il traverse un paysage grandiose, bien plus riant, dans cette région équatoriale, que tous les sommets andins que nous avons parcourus jusqu’ici.
Nous sommes frappés par l’intensité de activités agricoles, les versants, même les plus pentus, sont travaillés à la main, les pâturages viennent combler les surfaces non cultivées, les laiteries sont nombreuses le long de la route et les serres horticoles ou affectées au maraichage se multiplient à l’approche de la vallée.
Une trentaine de km sur l’autoroute nous rapprochent de Quito, puis nous bifurquons plein ouest à la hauteur de Aloag. Montée très raide sur cette belle 4 voies, mais dès les premiers lacets on est dans les nuages. On y restera pendant toute la montée, puis pour toute l’interminable descente.
Après Santo Domingo, le paysage change, les espèces tropicales dominent, bananiers, palmiers à huile, avocatiers et nombre d’arbres que nous ne savons identifier. A l’approche de la côte, le relief, que nous imaginions plutôt plat reste extrêmement accidenté, formé de pitons et de profondes gorges, que la route évite en suivant les lignes de crêtes. Les hameaux se succèdent, et les cases en bois sur pilotis contrastent avec les constructions en adobe de l’intérieur.
Arrivée en fin de journée à Pedernales, où la station Primax accepte que nous squattions un coin de parking.
Nous avons franchi la ligne, Pedernales est un poil au-dessus de l’équateur, sans grands attraits après avoir été ravagé par un séisme en 2016.
N 00° 04’ 25.4’’ O 80° 02’ 13.2’’
Km 370 Total 6361
Mardi 3 décembre Jour 49 Pedernales / Mompiche
But de l’étape du jour : atteindre Monpiche, petit village de pêcheurs aux longues plages de sable, isolé sur la côte au sud d’Esmeralda. Il faut juste, au préalable, pouvoir retirer de l’argent, car nous ne détenons que des coupures de 100 $ alors qu’ici, les magasins refusent tous les billets de plus de 20 $. A la 1° banque, dès 8h30, pas de D.A.B. et 200 personnes font la queue pour être reçus aux guichets, on oublie. Heureusement un distributeur équipe la seconde, et nous délivre les précieuses coupures.
Route agréable, traversant les collines côtières et dominant les innombrables bassins d’élevage de crevettes qui ont été creusés au détriment des mangroves, et que l’on quitte pour une courte portion de bitume dévalant vers Mompiche.
Le village est bien tel que l’on l’attendait, plus havre de routards que station balnéaire. Les « hospedajes » en bambous bordent la plage et les planches de surf en décorent les abords, les rues sableuses deviennent boueuses dès la première averse, les barques de pêcheurs attendent la marée et les caïpirinhas sont à 10$ les trois.
Notre véhicule passe tout juste sous le portique de la Casa Coral, petit gite fort sympa face à la mer, où nous avons décidé de nous poser pendant deux jours.
N 0,50631 O – 80,02370
Km 88 Total 6449



































































































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