Archives mensuelles: décembre 2019

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Mercredi 27 novembre Jour 43  Guayquil / Cuenca  

La sortie de la ville sera aisée. Décidément, Guayaquil nous aura séduit. Nous traversons la plaine côtière sur une soixantaine de km, à travers les rizières et les champs de canne, puis prenons la route de Cuenca et attaquons les choses sérieuses. En 130 km, nous passerons du niveau de la mer à une altitude de 4000 m et la température chutera de 20°.

Après avoir franchi l’ « Abra Très Cruces » à  4140m, nous resterons bloqués une heure dans un bouchon au milieu de la descente, nous ne saurons jamais pourquoi. Au bout de la descente, Cuenca, de son vrai nom Santa Ana de los rios de Cuenca, fondée en 1557 par Hurtado de Mendoza, vice-roi du Pérou et né dans la Cuenca catalane.

3° ville d’Equateur, elle est classée au patrimoine mondial de l’Unesco et capitale de la fabrication des panamas, le fameux chapeau tissé avec des feuilles de paja toquilla, un petit palmier cultivé sur la côte.

Après avoir laissé notre véhicule dans le parking qui sera notre point de chute pour la nuit, le long du rio Tomebamba qui traverse l’agglomération, nous irons faire une première visite de cette jolie ville à la belle place coloniale, le parque Calderon et prendrons café et tarte tatin à la pâtisserie « El frances », tenue, devinez par qui ? : un jeune compatriote. Nous visiterons ensuite le très riche, par ses collections, musée des cultures aborigènes, fondé par un ancien ministre de la culture.

On y admirera les artefacts des civilisations pré incas qui peuplaient ce qui est devenu aujourd’hui l’Equateur, depuis les cultures valdivia et tolita, de -500 à +500 après J.C., jusqu’aux cultures puruha, mantena et canarie, cette dernière implantée dans la région, de +500 à +1500 après J.C.

Il faudrait tout montrer, on se bornera à quelques spécimens d’extraordinaires poteries anthropomorphes.

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Bivouac au « Parque de la Madre », le long du rio.

S 02° 54’ 15.6’’     O 79° 00’ 09.4’’ Altitude 2550m

Km 199 Total 5397

Jeudi 28 novembre Jour 44  Cuenca / Calpi  

Bien plus que la cathédrale de la Inmaculada Conception, construite en pierres blondes et achevée seulement en 1960 sur un des pans de la plazza de armas pour remplacer l’ancienne cathédrale, située en vis-à-vis et devenue trop petite, c’est l’ensemble de l’ « Eglisia de Todos los Santos » et son couvent associé qui constituent l’un des attraits de la ville .

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L’église actuelle a été construite en 1820 autour des fondations de la première chapelle, bâtie en 1534. Endommagée par un incendie en 2006, elle a été rénovée à cette occasion et les travaux révélèrent la présence sous-jacente d’un temple inca, lui-même bâti sur un lieu de culte canari. Certains lieux semblent prédestinés à la spiritualité.

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Intéressante visite guidée de ce couvent, qui n’abrite plus que 5 religieuses et a la particularité, vu son implantation au flanc d’un coteau surplombant le rio, de ne pas posséder de cloitre. On y remarquera son énorme four à bois, toujours en service, et qui assurait les ressources de la communauté par son activité boulangère, puis la pièce dédiée à l’élevage des cuys. On admirera surtout le   jardin botanique, aux mille espèces, plantes, arbres et arbustes à usage médicinal, culinaire ou ornementales et y ferons la connaissance d’ « hermana Celina », religieuse menue âgée de 108 ans, qui jardine encore en s’appuyant sur sa canne….

Les pièces principales du couvent ont été rénovées, elles abritent aujourd’hui une école hôtelière, et les élèves s’activent en cuisine.

Nous quitterons la ville par une belle route de montagne dont la pente dépasse souvent les 10%, à travers une région très cultivée, aux vallées verdoyantes.

En route, on se laissera tenter par le porc grillé en bord de route, mais pas par les cuys qui rôtissent à La Colita.

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Le village est remarquable car c’est ici que fut consacrée la 1° église équatorienne, le 15 août 1534.

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A l’embranchement de la route menant au parc Chimborazo, nous nous installerons pour la nuit dans une station Primax.

S 01° 39’ 02.70’’    W 78° 43’ 50.10’’     Altitude 3040m

Km 259  Total 5656

Vendredi 29 novembre Jour 45   Calpi / Banos

Nous attendrons que les nuages se lèvent un peu, beau prétexte pour un embryon de grasse matinée, puis prendrons la route du centre d’interprétation du volcan Chimborazo.

6310m, le plus haut sommet du pays est toujours enneigé. Eteint depuis 1500 ans, il symbolise l’Equateur puisqu’il est représenté sur les armes du pays. Mesuré en 1736 par La Condamine, exploré en 1802 par Humboldt, il ne fut vaincu qu’en 1880 par Whymper et les frères Carrel.

La route est belle, très vite dans les nuages, et nous mène à l’entrée du centre, à 4300m d’altitude. On n’y voit pas à 50m.

Un crétin nous annonce que le centre est fermé et on s’apprête, frustrés, à faire demi- tour. Voyant des bus arriver, on se renseigne à nouveau : le centre est bien fermé, mais pas les boutiques, où Agnès , vu la température, s’offre une paire de gants, ni l’accès au refuge Carrel et au volcan.

Nous attendrons de nouveu sur le parking du centre que le temps se lève, puis nous nous déciderons à prendre la piste de 7km qui mène au refuge, à 4870 m d’altitude.

Là, nouvelle attente que les nuages se dissipent, en vain.

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Retour donc vers le centre d’interprétation, autour duquel pâturent les vigognes. La réintroduction de 200 bêtes au-dessus de 4000m, il y a une trentaine d’années, a été un succès,  puisque le cheptel atteint aujourd’hui 5000 têtes,

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Nous décidons de prendre la route contournant le volcan par l’ouest, la vue en serait magnifique.  La route est belle, bien meilleure que prévu, mais le volcan reste masqué. Les neiges du Chimborazo, ça ne sera pas pour cette fois. Dommage..

Nous piquons vers le nord, pour une halte à Banos. Peu intéressés par les thermes, plutôt par la route des cascades.

Les points de bivouac qu’Agnès avait repérés, hôtels aux grands parkings, sont fermés. Elle trouvera finalement une solution au camping Montano, au pied du volcan Tungurahua.  Celui- là, haut de 5023m, est actif depuis 1999 et se manifeste régulièrement avec ses dernières éruptions en 2014 et 2016, mais là encore, les nuages nous en masquent le sommet.

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Les propriétaires, un jeune couple, très sympa, gèrent ce gite pour routards avec une seule place de stationnement, à l’entrée un peu délicate. La menace que fait planer le volcan ne semble pas les inquiéter.

S 01° 23’ 48.72’’    W 78° 25’ 44.64’’

Km 166  Total 5822

Samedi 30 novembre  Jour 46   Banos

Des bus réguliers, tous les quart d‘heures, font la route des cascades. Route encaissée dans les gorges  menant vers l’Amazonie. Plusieurs tunnels, dont l’un, en sens unique, n’est pas plus large que celui du métro londonien, émaillent le parcours. Le chauffeur fonce, on dirait qu’il veut battre son record à chaque passage.

On va jusqu’à la cascade la plus spectaculaire, et la plus éloignée, le « Pailon del diablo », tellement encaissée que les photos en sont impossibles!

En remontant de la gorge, halte devant un stand proposant à la dégustation des larves de chonta bien frétillantes : « un plat exotique et populaire connu pour ses qualités curatives de la toux et de l’asthme. Le traditionnel maito de chonta est préparé avec ces larves enveloppées de feuilles de bijao et grillées, ou en brochettes. On le mange avec de la banane ou des yucas » (traduction : Barbara)

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On va être honnêtes, malgré notre goût pour les expériences culinaires exotiques, on n’a a pas goûté.

Au retour, le bus croise, à fond la caisse, un poids lourd dans un tunnel. On espère que notre chauffeur n’a pas fermé les yeux, nous si…

A Banos, c’est la fête pour célébrer le 75° anniversaire de la création de la commune. Toutes les institutions défilent avec chars et groupes folkloriques, le défilé durera plus de 1h30.

Très chaude ambiance

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Dimanche 1° décembre  Jour 47   Banos / Quilotoa

Pluie toute la nuit mais ça se dégage le matin. On revient sur nos pas jusqu’à Ambato, grande ville sans charme étendue dans sa vallée, puis on remonte vers le nord sur la très belle autoroute à 2×4 voies qui mène à Quito. On la quitte au niveau de Latacunga pour aller vers l’ouest sur la R30. Halte à Pujili, au très actif marché en ce dimanche. Courses de fruits et légumes et achat de porc rôti, on y a pris goût.

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On continue jusqu’à Quilatoa, village de la communauté indigène qui gère l’accès à la magnifique caldera du volcan du même nom.

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S 00° 52’09.2’’    O 78° 55’02.1’’    Altitude 3940m

Km 169  Total 5991

Lundi 2 décembre Jour 48  Quilotoas / Pedernales     

Beau soleil, mais une légère couche de nuages masque les volcans jumeaux Illinizas, de l’autre côté de la caldera. Vers le sud, le Chimborazo reste invisible. On n’attendra pas qu’il se montre.

Route vers le nord, jusqu’à Sigchos, où nous espérons que la belle route se prolongera pour nous permettre de traverser le massif vers le nord sans revenir vers la vallée menant à Quito, cela nous ferait gagner près de 100km dans notre route vers la mer.

Déception, dès la sortie du village, le goudron s’arrête. Pas question de s’engager sur cette piste de 70 km, qui s’annonce pleine de trous pour l’ascension d’un col à près de 4000m. On rebrousse chemin, et le trajet se révèlera excellent sur le premier tiers, la route vient d’être refaite dans sa partie la plus accidentée, acceptable sur la deuxième portion, et bon sur la fin. Il traverse un paysage grandiose, bien plus riant, dans cette région équatoriale, que tous les sommets andins que nous avons parcourus jusqu’ici.

Nous sommes frappés par l’intensité de activités agricoles, les versants, même les plus pentus, sont travaillés à la main, les pâturages viennent combler les surfaces non cultivées, les laiteries sont nombreuses le long de la route et les serres horticoles ou affectées au maraichage se multiplient à l’approche de la vallée.

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Une trentaine de km sur l’autoroute nous rapprochent de Quito, puis nous bifurquons plein ouest à la hauteur de Aloag. Montée très raide sur cette belle 4 voies, mais dès les premiers lacets on est dans les nuages. On y restera pendant toute la montée, puis pour toute l’interminable descente.

Après Santo Domingo, le paysage change, les espèces tropicales dominent, bananiers, palmiers à huile, avocatiers et nombre d’arbres que nous ne savons identifier. A l’approche de la côte, le relief, que nous imaginions plutôt plat reste extrêmement accidenté, formé de pitons et de profondes gorges, que la route évite en suivant les lignes de crêtes. Les hameaux se succèdent, et les cases en bois sur pilotis contrastent avec les constructions en adobe de l’intérieur.

Arrivée en fin de journée à Pedernales, où la station Primax accepte que nous squattions un coin de parking.

Nous avons franchi la ligne, Pedernales est un poil au-dessus de l’équateur, sans grands attraits après avoir été ravagé par un séisme en 2016.

N 00° 04’ 25.4’’   O 80° 02’ 13.2’’

Km 370  Total 6361

Mardi 3 décembre Jour 49  Pedernales / Mompiche

But de l’étape du jour : atteindre Monpiche, petit village de pêcheurs aux longues plages de sable, isolé sur la côte au sud d’Esmeralda. Il faut juste, au préalable, pouvoir retirer de l’argent, car nous ne détenons que des coupures de 100 $ alors qu’ici, les magasins refusent tous les billets de plus de 20 $. A la 1° banque, dès 8h30, pas de D.A.B. et 200 personnes font la queue pour être reçus aux guichets, on oublie. Heureusement un distributeur équipe la seconde, et nous délivre les précieuses coupures.

Route agréable, traversant les collines côtières et dominant les innombrables bassins d’élevage de crevettes qui ont été creusés au détriment des mangroves, et que l’on quitte pour une courte portion de bitume dévalant vers Mompiche.

Le village est bien tel que l’on l’attendait, plus havre de routards que station balnéaire. Les « hospedajes » en bambous bordent la plage et les planches de surf en décorent les abords, les rues sableuses deviennent boueuses dès la première averse, les barques de pêcheurs attendent la marée et les caïpirinhas sont à 10$ les trois.

Notre véhicule passe tout juste sous le portique de la Casa Coral, petit gite fort sympa face à la mer, où nous avons décidé de nous poser pendant deux jours.

N 0,50631     O – 80,02370

Km 88   Total 6449

Mercredi 4 décembre Jour 50   Monpiche  

Comme prévu, ça sera une journée détente : sur la terrasse de la Casa Coral, échanges autour d’un café avec les jeunes routards qui font halte au gite. Ils sont impressionnants de décontraction, se déplaçant en bus, qui avec sa guitare, qui sa planche de surf.

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Puis ballade sur la plage en attendant, avec les pélicans, le retour des pêcheurs, et achat de poissons.

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De retour de pêche, on prépare déjà les filets pour le lendemain.

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A 4km du village, l’île Portete : pour l’atteindre, un petit tour en moto taxi, puis une traversée d’une centaine de mètres, qu’on pourrait presque faire à pied à marée basse.

Dans la montée, la moto s’arrête : le câble d’alimentation est simplement enroulé autour de la tête de bougie, sans écrou. Pas étonnant qu’il saute. Et comme la batterie est naze, il faudra pousser pour redémarrer. A l’arrivée, quand le chauffeur demandera, gonflé, un pourboire en plus du prix convenu, je lui en demanderai un pour avoir poussé.

Sur l’île, côté Pacifique, une longue plage de sable blanc ourlée de cocotiers, comme dans les pubs d’agences de voyage, côté continent, une rangée de paillotes abritant des gargotes, pas encore très fréquentées.

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Décidément, le ceviche équatorien est différent de ceux que l’on a apprécié jusqu’ici en Argentine, au Chili ou au Pérou : le poisson, ici, est précuit en petit cubes et non simplement confit dans le jus de citron, l’accompagnement est moins riche en oignons doux, épices et aromates, le tout baigne dans un bouillon qui nous fait regretter nos expériences précédentes. Mais, bon, c’est toujours mieux que le sempiternel poulet frit ou le bœuf trop cuit.

Au retour, une fois franchi le bras de mer, arrêt sur la Playa negra. Le sable y est d’origine volcanique, d’un beau noir mat.

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Jeudi 5 décembre Jour 51  Monpiche / Mindo

Pour revenir vers le centre du pays, plutôt que d’emprunter le trajet aller, nous choisissons de suivre la côte vers le nord jusqu’à Esmeralda, avant de repiquer vers le sud-est, un peu plus long , mais nous évitera le déjà-vu. La route est fort accidentée, dans un paysage de cultures tropicales toujours aussi denses.

De nombreux camions transportent les régimes de noix de palmistes vers une huilerie dont on perçoit les effluves.

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Les régimes seront égrenés, les noix triturées, pour en extraire l’huile de palme, puis les noyaux pressés pour obtenir l’huile de palmiste.

La variété de palmier à huile qui est cultivée ici est différente de celle exploitée en Asie, les produits sont plus riches en acide gras insaturés et leurs compositions se rapprochent de celle de l’huile d’olive. L’huile de palme est utilisée localement pour la friture, et pour l’export dans des usages alimentaires et cosmétiques. L’huile de palmiste est davantage utilisée dans les cosmétiques.

Nous découvrirons également le mode de séchage des fèves de cacao, le plus écolo qui soit : le soleil, et le moins hygiénique qu’on puisse trouver ; en bord de route, dans les gaz d’échappement.

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La route serpente entre 1000 et 2000m d’altitude, c’est le royaume de la forêt tropicale humide, ou « forêt de nuages », nous prendrons l’habitude de ne voir le soleil que le matin.

En arrivant aux abords de Mindo, de nombreuses résidences de vacances, bien à l’abri de leurs murs d’enceinte, jalonnent le parcours. Nous sommes à moins de 100km de Quito, l’endroit est manifestement prisé des citadins.

Mindo est un petit village en bord d’un rio aujourd’hui bien limoneux, qui prend un grand essor touristique avec ses « routes du chocolat » et du café, ses points d’observation d’oiseaux et de papillons.

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Notre point de chute sera le « Bicok lodge », un gite à l’esthétique et aux aménagements très réussis, créé par un couple de voyageurs français qui ont ici posé leurs sacs. Nous n’aurons pas la chance de les rencontrer.

N 00° 02’ 58.9’’     W 78° 46’ 26.8’’

Km 336  Total   6785

Vendredi 6 décembre Jour 52   Mindo / Quito

Lever tôt, car les oiseaux s’observent entre 6 et 7 heures du matin.

La terrasse de l’hôtel Descanso, qui surplombe un arpent de jungle très apprivoisée, permet l’observation des colibris qui viennent s’y nourrir de l’eau sucrée qui leur est abondamment fournie chaque matinC’est pour eux moins fatiguant que de pomper le nectar des fleurs, car comme chacun sait, le colibri ne se pose pas pour se nourrir.

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Et, après l’effort, notre athlète récupère en faisant un peu la gueule..

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Et bien, nous pouvons démentir cet adage : sur les abreuvoirs, le colibri se pose pour se nourrir !

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Mais il sait aussi attendre le bon moment, perché sur des brindilles.

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Une fois rassasiés, les colibris retournent sous les taillis. Il est alors temps pour nous d’aller faire un tour du côté de la « route du chocolat ». En fait un établissement combinant arboretum, chocolaterie et hostal.

Nous y parcourrons le cycle complet, que je retranscris sous le contrôle de Francis Boom, Docteur es Chocolat de l’ Université de Cargill les Mouscron : depuis la cabosse qui se récolte toute l’année et dont on extrait les fèves, suivie  d’une semaine de fermentation, au cours de laquelle les fèves sécrètent une huile , à usage cosmétique et aromatique, puis une semaine de séchage, une torréfaction entre 120 et 140°, et un broyage pour obtenir la pâte de cacao.

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Un pressage permettra de séparer le beurre de cacao de la poudre de cacao, matières de base pour l’industrie agro- alimentaire. La pâte pourra aussi être mise en œuvre artisanalement après conchage et addition de sucre, de lait et de composants divers pour obtenir le produit qui comblera l’amateur.

Nous aurons droit à une dégustation où tout nous plaira, sauf le chocolat au piment…

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En direction de Quito, plein nord, la route est toujours fort vallonnée, sous la pluie ou dans les nuages, et parfois les deux.

Quito, deuxième capitale la plus haute du monde après La Paz, détruite sur ordre du général inca commandant la place pour éviter sa prise par les espagnols, refondée par ceux ci en 1534, et qui y détruisirent les derniers témoignages de l’histoire précolombienne, non sans avoir pillé ce qui était récupérable, Quito donc, compte aujourd’hui près de 3 millions d’habitants.

L’entrée dans la ville sera aisée grâce à des artères pénétrantes bien dégagées, puis par la très longue avenue « Mariscal Sucre ». L’arrivée par la voie d’accès, extrêmement pentue, qui monte à la gare de départ du téléphérique sera plus sportive : Impossible de grimper, même en première, sans passer en 4X4 vitesses lentes.

Nuit sur le parking du téléphérique, que nous escomptons emprunter le lendemain jusqu’au volcan. Il pleuvra des cordes toute la nuit.

S 0° 11’ 30.18’’    W 78° 31’ 4.32’’

Km 101  Total 6886

Samedi 7 décembre  Jour 53   Quito

Temps si couvert que la montée au volcan est illusoire. On se translate vers le centre, pour aller s’installer au Parque Carolina, grand parc très aéré, aux parkings gardés. On y prendra un taxi pour se rendre dans la ville coloniale.

Tout le centre se structure autour de la Plazza Grande, qui, malgré son nom, n’est pas la plus belle ni la plus grande des places d’armes que nous aurons admirées jusqu’ici.

Notre première visite sera pour l’église de la Compagnie de Jésus, à la façade baroque et à l’intérieur d’une richesse étonnante. Ayant nécessité 150 ans de travaux avant d’être achevée en 1706, peu de temps avant l’expulsion des jésuites d’Amérique du sud en 1767, ce serait l’église la plus couverte d’or de tout le pays.

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Les photos y étant interdites, on se contentera d’une photo faite en douce, sans viser..

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Comment les jésuites en sont-ils venus à cet étalage de dorures, quand on a en mémoire l’extrême simplicité des églises visitées dans les zones de mission au Pantanal bolivien, en Argentine ou au Paraguay ? Est-ce en raison d’une compétition avec les franciscains dont le monastère proche abrite une église, terminée en 1580, et dont la richesse est éblouissante ?

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Le cloitre de ce monastère, par contraste, est d’une absolue simplicité.

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La visite de la résidence du général Sucre, puis du musée de la ville, termineront cette première journée à Quito.

S 0° 10’ 42.96’’  O 78° 29’ 4.20’’

Km 6   Total 6891

Dimanche 8 décembre Jour 54  Quito / Ibarra

Avant de prendre le chemin de la Colombie, matinée consacrée à la visite de la « Capilla  del hombre Guayasamín », située sur les hauteurs, face au vocan Pichincha, sur les pentes duquel se déroula la bataille qui sonna le glas de la domination espagnole sur le pays.

Dernière demeure du peintre Osvaldo Guayasamin (1919-1999),qui abrite son atelier, elle est devenue un musée grâce à l’exceptionnelle collection d’art précolombien et d’art religieux colonial qu’il y avait rassemblé.  Nous aurons la chance d’être accompagnés par une guide russe francophone établie en Equateur et formée aux Beaux Arts, qui nous fera partager sa passion pour les œuvres du maitre et pour ses collections.

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La Capilla, bâtiment moderne conçu par le peintre et ayant pour but de valoriser les cultures aztèque, maya et inca, en contrebas de la maison s’inspire de l’architecture inca.  Terminée peu après la mort du peintre, elle est gérée par la même fondation familiale que la maison .

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Elle abrite quantité d’œuvres, au style inspiré de Goya, du Greco et de Picasso. Hanté par la souffrance, la domination coloniale et ses dizaines de millions de victimes, indigènes ou africains déportés, traumatisé par les horreurs des dictatures qui ont sévi sur le continent, Guayasamín, métis devenu porte voix de ces ombres, fit de son œuvre une arme de combat contre les oppressions.

Nous n’en montrerons que deux exemples : Ce tableau de femme, symbolisant le métissage caractéristique de l’Amérique latine,

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Et celui-ci, le condor andin terrassant le buffle espagnol.

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Départ vers la frontière colombienne en début d’aprè-midi . Très belle route, souvent à 4 voies dans un paysage d’alpes suisses où l’on remarque lors des traversées de village, une  évolution ethnique couplée à une paupérisation évidente.

Manifestement l’Equateur, comme  ses voisins, est loin de s’être débarrassé de la stratification en castes, forme d’apartheid social régnant pendant la période coloniale, telle que nous l’avons découverte dans une des salles  du magnifique musée de la Ciudad : Espagnols de souche / Criollos (descendants des précédents nés sur place) / Métis blanc-indien /Indiens / Métis blanc-noir / Métis indien-noir / Noirs (descendants d’esclaves razziés en Afrique). Chaque population y avait même son clergé spécifique. il faut bien garantir les bonnes mœurs, quand même !

Bivouac dans une station- service

N 00° 23’ 01.6’’   O 78° 06’ 33.8’’   2260m

Km 123 Total 7014

Lundi 9 décembre  Jour 55   Ibarra / Tanga

Une centaine de km jusqu’à la frontière. L’endroit est plutôt encaissé, et congestionné, pour tout dire, ça a l’air d’être un peu le souk. Partout des changeurs ambulants et des vendeurs d’assurance, on les évite, car les arnaques sont fréquentes.

Les formalités seront assez rapides côté équatorien, beaucoup plus longues côté colombien.

Pour l’immigration, trois files : nationaux, étrangers et vénézuéliens. L’espace prévu pour ces derniers est le plus important, les autorités ayant dû faire face à un afflux massif, qui semble s’être tari, la zone étant vide aujourd’hui. Et toujours les tentes des ONG.

A la douane, pour obtenir l’autorisation temporaire d’importation du véhicule, on nous demande de fournir des copies de la carte grise, du permis de conduire et du passeport, nous avons tout ça. Mais il faut aussi la copie du cachet d’entrée de la police, sur le passeport. On se demande bien pourquoi ! Il faut alors sortir du poste, chercher une guitoune qui fasse des copies, et au préalable changer 10 dollars pour payer l’opération.

Quand nous revenons à la douane, le préposé, qui avait conservé notre dossier, est parti casser la croûte. On attend devant un bureau vide jusqu’à ce que, à bout de patience, Agnès s’adresse à ce qui ressemble à un chef. Celui-ci va aussitôt chercher une douanière, qui nous ignorait volontairement depuis un moment.

Elle s’occupera de nous, sans enthousiasme, mais nous fournira l’autorisation indispensable.

Dès la frontière passée, halte à Ipiales, petite ville au centre très congestionné. Merci Ioverlander, le super-marché Exito vend des assurances auto (16€ pour un mois..) et dispose de DAB . Il va  falloir s’ habituer au cours : à 3560 pesos pour un euro, nous devrons retirer 1,2 million de pesos pour avoir suffisamment de liquide pour la route. Quant à l’assurance, elle est obligatoire. En Equateur, par contre, nous avions vainement cherché un agent d’assurance : n’étant pas obligatoire, personne n’en propose. Nous avons donc roulé un mois sans, sensation désagréable.

Dès la sortie de la ville, un court crochet vers le sanctuaire de la Virgen de Las Lajas.  Ici, dans une grotte près du rio Guaitara, en 1754, une sourde-muette, Soubirous locale, retrouva l’usage de la parole, revint quelques jours plus tard, vit la Vierge et l’enfant Jésus, tomba malade et en mourut, puis fut ressuscitée, par la Vierge on le devine.

L’endroit devint naturellement un lieu de pèlerinage et les travaux de constructions d’une église, qui durèrent 50 ans, furent entrepris en 1899.

Néo-gothique, on aime ou on n’aime pas, moi, non, mais l’église vaut surtout par son emplacement, exceptionnel, en fond de gorge.

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Sur les parois des escaliers d’accès, des milliers d’ex voto.

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Nous repartons en direction de la ville de Pasto, mais le trajet sera bien plus pénible que prévu : 1h30 à attendre devant des travaux, alors que la circulation dans l’autre sens semble dégagée. Cela agace les locaux qui s’engagent sur la voie unique, se trouvent nez à nez avec un autre véhicule, et tout se bloque.

En raison de travaux d’élargissement de la route, et de forts éboulements de rochers sur la chaussée, la circulation est très perturbée, Il nous faudra en tout 3 heures pour parcourir 16km.

Il fait nuit depuis 2 heures et on n’a pas le courage d’atteindre Pasto. Nous décidons de de passer la nuit dans une  station -service. La 1° ayant disparu avec les travaux, on se pose dans la seconde « Biomax »

N 01° 06’ 48.9’’   O 71° 22’ 50.1’’   2822m

Km 224 Total 7238

Mardi 10 décembre   Jour 56   Ibarra / Poyapan

Plus calme sur la route le matin, bien que les travaux ne soient pas terminés. Courte halte à Pasto, pour quelques courses au passage dans un Exito, il semble que cela sera un fournisseur privilégié, avant de reprendre la panamericana norde, vers le nord- est.

Cette voie « internationale », souvent pas plus large que nos départementales, qui a été tracée dans le long sillon séparant deux lignes de crêtes de la cordillère occidentale doit franchir de nombreux cols aux multiples lacets. Encombrée de poids lourds qui plus est, cela limite nos espoirs de performance à 45/50 km/h., tout en permettant d’apprécier le paysage, spectaculaire avec ses gorges vertigineuses, ses à- pic et ses reliefs ravinés.

Plus accidenté que la partie équatorienne, il est moins cultivé dans les hauts et consacré à l’élevage extensif de bovins dans les vallées, où la route court sous une voute végétale dont l’ombre doit être appréciée par beau temps. Nous n’en aurons pas l’occasion.

A propos de vénézuéliens, nous en avons croisé en Equateur et au Pérou, mais leur nombre augmente quand on se dirige vers le nord. Rarement seuls, plus souvent en petits groupes, ils marchent, qui avec un sac pour tout bagage, qui trainant une valise à roulettes, voire poussant une brouette, ils marchent, on ne sait vers où. Jeunes, pour la plupart, mais on verra aussi des familles complètes, les enfants portant leur part, ils marchent, mendient parfois, font des pauses dans les fossés, encaissent les orages, dorment on ne sait où. Ce spectacle fend le cœur.

Quand tout un peuple vote ainsi avec ses pieds, inutile de s’interroger longuement sur la nature du régime qui les a fait quitter leur pays.

Arrivés à Popayan, qui fut un temps la capitale de région de la Cauca avant d’être supplantée par Cali, nous n’aurons pas trop de difficulté pour trouver le bivouac, le « camping » Kawallu, très proche de la place centrale. Guillemets au « camping » car il s’agit de la cour d’une maison en chantier qui accueillera peut- être un jour des voyageurs dans ses chambres en cours de construction. On évitera les sanitaires mais l’accueil est sympa et le wifi correct.

N 02° 53’ 24.2’’    O 76° 17’ 03.8’’

Km 272   Total 7510

Mercredi 11 et jeudi 12 décembre   Jour 57 et 58    Popayan

Mauvaise nuit. Le gros orage quotidien a été long et nous avons constaté des fuites dans la capucine. Il restera à écoper la partie avant, Agnès, plus souple s’en chargera, après avoir sorti draps et linge de rechange, trempés. La nuit fut courte.

Un examen du toit dès le jour levé nous révèlera deux petites fissures extérieures, épaisses d’un cheveu et longues d’une vingtaine de cm, au niveau de l’arrondi supérieur, sans doute dues aux contraintes subies par la cellule sur les pistes. Difficile de croire que des fissures aussi étroites puissent laisser passer autant d’eau, mais on ne voit pas d’autre source. Rustine temporaire avec du ruban adhésif qui devrait colmater la brèche, on surveillera et verra à faire mieux au retour, En attendant, nous ne couperons pas à l’opération de retournement du matelas pour nettoyer les sommiers et sécher l’ensemble.

Cette corvée, et une expédition vers une lavanderia pour laver et sécher la lingerie nous prendra la matinée. Nous pourrons quand même apprécier le charme de la place d’armes et des rues adjacentes, ayant conservé leur style colonial, bien qu’abritant des boutiques qui ne dépareraient pas nos cités. On y voit la volonté politique, par l’absence de néons, la qualité des lanternes d’éclairage, l’unité de tons, l’entretien des bâtiments et voiries, de préserver l’image de la ville.

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Nous souhaitions nous rendre au Parque arqueologico de San Augustin, réputé pour son ensemble de statues de pierres (près de 600) datant de la période dite « classique » (-1 à +900 de notre ère)

Situé à 100 km à l’est de Popayan, le parc est desservi, sur notre versant, par une piste. A l’office de tourisme, le fort aimable employé nous précise qu’elle est large et en bon état, et qu’il faut compter 7 heures pour la parcourir, 100km !

Cela nous refroidit, d’autant qu’il faut éviter de rouler l’après- midi, en cas de pluie, ça ne peut pas améliorer l’état de la piste.

Et atteindre le site par l’autre versant implique un contournement de 400km. On renonce, nous partirons vers le nord.

La 2° nuit fut pire que la précédente : pluie à l’extérieur et fuites abondantes à l’intérieur, jusque dans les placards. On appelle Touareg le matin, et Vincent nous recommande d’étancher complètement les lanterneaux, il est possible que, selon l’inclinaison du véhicule, en cas de très fortes pluies, de l’eau pénètre par les feuillures. Notre matinée sera très occupée : Agnès vide les placards, sèche ce qui le nécessite et remballe tout dans des sacs étanches, on ne sait jamais..

De mon côté, sur le toit je colmate les lanterneaux à la bande adhésive. Dans la foulée, je fais la même chose et recouvre tous les joints silicone, au cas où l’un d’entre eux aurait mal vieilli. Mauvais film : ce n’est pas « La chatte sur un toit brûlant » mais « le matou sur un toit fuyant » Enfin, le matou, à voir…

Ballade dans la ville l’après-midi, c’est la fête de la gastronomie.

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Vendredi 13 décembre  Jour 59  Popayan / Salento

Gros soulagement, malgré des cataractes toute la nuit, on est resté au sec. Merci Vincent

Longue descente depuis Popayan . 200 km dans la vallée de la Cauca où, à 1000m d’altitude se déploient des champs de canne à sucre à l’infini, les montagnes n’étant plus visibles à l’horizon. La route 25, ou Panamericana Norde, se transforme en belle d’autoroute. On y croise Les « tren canero » monstrueux ensembles routiers à 5 remorques transportant les cannes vers les sucreries.

On quitte la 25 à La Paila, direction Pereira, pour nous rendre au village de Salento. Ça remonte, nous sommes entrés dans la « zona cafetera ».

Bivouac au camping Guaduales de la Floresta, ça sent bon le crottin

N  04° 38’ 07.1’’   O 75° 34’ 18.6’’  Altitude 2000m

Km 344  Total 7854

Samedi 14 décembre   Jour 60  Salento

Le propriétaire du camping, qui possède une douzaine de chevaux, organise des ballades vers les « fincas » productrices de café. Je me joindrai à un groupe qui se rend à la finca « Los acacias » à cheval, Agnès m’y retrouvera en taxi. Vu l’étroitesse des chemins et le relief particulièrement accidenté, les taxis sont tous des jeep Willis

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De la piste, la vue est époustouflante sur les reliefs environnants, sûrement parmi les plus beaux paysages que l’on ait vus jusqu’ici, malheureusement bien voilés en cette saison.

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A  « Los Acacias », José, patron de cette exploitation familiale nous accueille et nous fait visiter.

Les baies de caféier ne sont pas destinées uniquement à la torréfaction, mais également à la production de nouveaux plants par plantation en semis. Ces plants ne produisant pas avant trois ans, et la durée de vie d’un caféier, ici de la variété Arabica Castillo, ne dépassant pas 20 ans, les parcelles sont replantées en permanence afin d’assurer une production continue.

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La cueillette des baies de café a lieu toute l’année, mais son maximum se situe entre avril et juillet. En raison de la pente, des critères de l’agriculture biologique, et pour se conformer aux règles ayant permis le classement de la zone au « Patrimoine mondial », toute la cueillette se fait à la main. Un bon cueilleur peut ramasser entre 100 et 150kg par jour, sur des journées de 11h, et est payé 500 sols par kg, soit environ 0,14€ . José nous précisera que le travail est si dur que l’on ne trouve plus de jeunes pour l’effectuer, tous ses employés sont âgés de plus de 50 ans.

Les baies, initialement vertes, n’arrivant pas toutes simultanément à maturité, elles sont alors d’un beau rouge foncé, il est nécessaire de revenir sur chaque arbuste tous les 20 jours.

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La finca emploie 7 personnes, y compris José, qui collectent 6 tonnes de baies par saison. Cette activité étant insuffisante sur le plan économique, elle produit aussi des légumes, quantités de fruits et s’est lancée dans la production de mures. Elle s’orne aussi de nombreuses fleurs et plantes, ici des plants de gingembre.

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Le process de production du café est relativement simple : une égreneuse sépare les grains de leur enveloppe, les grains à défaut sont séparés par flottage puis récupérés en second choix.

Le séchage peut être fait à l’air ou en sécheur, puis la balle est mécaniquement séparée du grain, et le café est prêt à être expédié vers les torréfacteurs, qui le grilleront dans des conditions propres à apporter fragrance et arôme selon le goût des clients. Les 6 tonnes de baies initialement cueillies se sont réduites à une tonne de grains de café, qui sera intégralement commercialisée sur place.

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José nous précisera qu’il faut se méfier des cafés trop foncés, signe que l’on aura voulu masquer des défauts par une torréfaction trop poussée. Quant à lui, il est persuadé que le café de Colombie, troisième producteur mondial après le Brésil et le Vietnam est le meilleur du monde !

Nous terminerons la journée par une promenade dans le village, très fréquenté en ce samedi, et en apprécierons l’architecture colorée.

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Nous avons décidé de zapper la ville de Cali, sans grand intérêt. Demain nous prendrons la route de Medellin, ex capitale des narcos, aujourd’hui bien apaisée. Jusqu’à présent, nous n’avons vu aucun signe des troubles sociaux qui agitent la Colombie. Sur une portion de la route, de nombreux détachements militaires étaient en faction, sans arrêter les véhicules. A notre grande surprise, nous eûmes droit à des saluts militaires, le summum étant une escouade de 4 soldats claquant les talons, main au front à notre passage. Peut être que leur colonel roule en command-car ressemblant à notre véhicule…

Pour l’heure il est temps de rentrer, l’orage quotidien s’annonce.

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Le camping est à quelques centaines de mètre du centre du village, heureusement, car on entendra les échos de la java qui y règne jusqu’à tard dans la nuit, comme tous les samedis, partout en Amérique du sud.

Et merci à Philippe pour son travail sur notre itinéraire, via Google map

 

Dimanche 15 décembre  Jour 61   Salento / Medellin

Très belle descente par l’autoroute 29, dite autoroute du café, qui serpente sur les crêtes entre les sommets plantés de caféiers, magnifique paysage, puis rejoint l’autoroute 25, la panaméricaine nord. Et là ça se gâte, elle est en travaux pour doubler les voies tout le long des gorges du rio Cauca. On se cognera donc des passages alternatifs tout l’après-midi. Puis on attaquera la montée avant La Pintada, et ce sera pire : plus de travaux, mais sur cette route à deux voies, nous nous retrouverons dans une file ininterrompue de véhicules, dont des camions qui se croisent difficilement dans les lacets, qui grimpent les côtes à 15km/h et descendent au frein moteur à 30. Les routiers sont corrects cependant et font signe quand on peut doubler, mais on en a rarement la possibilité.

Ici, on le regrette, la circulation des poids lourds n’est pas interdite le dimanche…

On parcourra une cinquantaine de km pare choc contre pare choc, dans l’odeur d’embrayages maltraités dans les montées, et de gaz d échappement, puis le brouillard viendra rendre la conduite plus difficile.

Nous tenterons de bivouaquer dans deux stations-service successives qui nous refouleront, et finirons par échouer, une fois atteinte l’autoroute urbaine, sur une aire de services à 25km du centre-ville. Très bruyante, très fréquentée en ce dimanche soir pour son fast-food géant qui distribue des beignets de poulet à la chaine.

On s’en fout, on est morts de fatigue, on se tanquera devant deux distributeurs de billets,  sûrs que là on ne se fera pas braquer : c’est bien éclairé, et dans le champ des caméras de surveillance.

Km 230  Total 8094

Lundi 16 décembre  Jour 62   Medellin

Nous démarrons tôt, espérant éviter les bouchons du lundi matin. Bonne pioche, la descente, puis l’entrée en ville par la pénétrante sud, qui longe la ligne de métro, seront étonnement fluides et nous arriverons rapidement jusqu’au centre-ville, puis au parque Floresta, petit jardin recommandé sur Ioverlander.

Un chaouch y surveille les stationnements. Je vais le voir, lui propose 10 000 sols, un parking coûtant ici de 12 à 15000 la demi- journée. Il devient aussitôt mon meilleur copain et me brosse les avantages du quartier : magasins, internet à la bibliothèque, métro à deux pas.

Nous ferons une séance internet à la bibliothèque, plus centre social qu’exclusivement bibliothèque publique, au son de la musique rythmant les étirements d’un groupe de « ménagères de 40 ans », pleines de peps.

Fondée en 1576, puis développée sous l’impulsion d’immigrés basques au XVIII° siècle, la ville de Medellin, de très vilaine réputation du temps du père Escobar, partait de loin : les districts périphériques, dépourvus de services publics et où s’étaient concentrées les populations les plus fragiles, souvent chassées du centre par la misère voire par la force étaient aux mains des mafias. Quand l’Etat est déficient, le besoin de protection vous jette dans les bras de ceux qui peuvent vous l’assurer et Medellin était alors tenu par 6 « familles », prospérant grâce au trafic de la cocaïne, au prix d’une féroce guerre pour conserver leurs territoires.

Par ailleurs les FARC, ayant perdu le soutien financier de Moscou après la chute du bloc soviétique, s’étaient tournées vers le racket, les enlèvements et le trafic d’armes, et contrôlaient les hauteurs de la ville.

Ces districts étaient les plus dangereux de cette ville, la plus meurtrière de Colombie, voire de la planète avec 380 assassinats pour 100 000 habitants

Au milieu des années 80, sous l’influence d’un groupe d’experts en planification sociale le gouvernement colombien et la ville entreprirent de reconquérir ces barrios par des investissements lourds dans les infrastructures jusqu’alors absentes, eau, électricité, égouts, par l’apport des services sociaux et éducatifs indispensables, mais surtout en les désenclavant par un réseau complet de transports publics: deux lignes de métro aérien, trois lignes de tramway et 5 lignes de télécabines, toutes interconnectées, d’une étonnante efficacité, qui ont permis l’accès au travail à ceux qui en étaient privés par l’éloignement des bassins d’emploi. Nous serons surpris de voir des couloirs réservés aux bus et aux taxis, agglutinés aux stations de métro et l’alimentant en milliers de piétons se rendant en ville, et des voies réservées aux cyclistes.

Cette révolution de la mobilité passa par des négociations avec les cartels, par le la prise en main par les communautés, souvent ethniques et parfois par des actions « d’autorité », qui accompagnèrent la lutte à mort contre Pablo Escobar, que ses ambitions politiques conduisirent à sa perte, et à son exécution par la police, en 1993.

Nous plongeons dans l’ambiance du centre- ville en descendant à la station « Parque Berio ». Là nous serons saisis par la foule, la musique omniprésente. Sous le métro, le bruit est assourdissant, insupportable.

Sur le parvis, un attroupement de cheveux gris. Nous apprendrons qu’il s’agit de vendeurs de montres. Plus loin, un trio de musiciens entourés d’anciens qui fredonnent les airs avec recueillement, interprètent un répertoire emprunt de nostalgie, aux accents de « saudade » portugaise.

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Nous sommes à deux pas de la plazza Botero, où l’on peut admirer 23 œuvres de l’artiste originaire de Medellin, évaluées à 2 à 3 millions de dollars pièce, quand même…

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Petite promenade ensuite dans le jardin botanique, le pavillon des orchidées étant malheureusement fermé pour la préparation d’une soirée, on pourra cependant y rencontrer quelques iguanes.

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Après un repas à l’ombre, dans la cafet du jardin, nous prendrons la ligne B du métro, jusqu’au terminus de San Javier. A la sortie, nous y serons assaillis par les guides qui se proposent de nous faire visiter la Communa 13, l’un des 16 districts de la ville, celui-ci ayant été créé à flanc de colline par les habitants afro- colombiens quand ils furent chassés du centre- ville.

Il regroupe 260 000 personnes et était devenu l’un des territoires contrôlés par les narcos, les FARC et l’ERC, l’armée révolutionnaire colombienne.

Nous choisirons Steven, prof d’anglais originaire du quartier et guide pendant ses loisirs, pour nous présenter le district. Il nous entrainera sur les marches du raidillon qui mène au barrio, et l’on y aura une vue plongeante sur la ville.

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Le 16 octobre 2002, l’armée entra dans la Communa 13 lors de l’opération Orion : 4 jours de combats avec hélicoptères d’assaut, chars et snipers, qui chasseront les gangs, mais feront 250 victimes civiles. Traumatisme qui reste dans les mémoires mais a cependant permis la rappropriation de la communa par ses habitants, qui en ont assuré la resocialisation par la construction d’écoles, la mise en place de commerces et d’associations, la reconstruction de logements. Cette volonté de projection vers l’avenir, soutenue par les autorités mais néanmoins autonome, est illustrée dans les « graffiti », fresques qui ornent les murs du principal chemin d’accès au barrio et rivalisent sans peine avec celles de Valparaiso.

On apprendra la différence entre un « mural », exécuté à la brosse, et un graffiti, réalisé à la bombe, beaucoup plus couteux et exécuté par des artistes professionnels. Ils ont tous une signification symbolique, relative à l’histoire du barrio. On remarquera la prédominance des visages féminins…Influence de la Pachamama?

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Sur les pentes, les rappeurs expriment leur mal être et leur fierté communautaire, les  break-dancers tournoient, et la gamins disputent leur ballon de foot au « peros », les chiens, qui pullulent.

 

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Km 24  Total 8118

Mardi 17 décembre Jour 62   Medellin / Sante Fe de Anquioca

Visite de la ville avec un guide, ce sera plus une promotion des efforts de la ciudad pour pacifier Medellin qu’une visite touristique. Le financement de ce programme de reconquête nous restera mystérieux. Il aurait été supporté essentiellement par la société d’économie mixte gérant l’ensemble des utilités de l’agglomération, qui aurait trouvé ses ressources grâce aux gigantesques programmes de production hydro électriques réalisés dans la région. Cela nous semble une trop belle histoire, mais, bon, seul le résultat compte.

Nous avons choisi de gagner Cartagena par la côte (zone à éviter d’après les Affaires étrangères, en raison d’une forte présence de narcos et de résidus des FARC, mais ici, on nous dit qu’il n’y a aucun danger), plutôt que par la panam 25, qui file, vers le nord, dans une longue traversée montagneuse.

Nous rencontrons de lourds travaux sur toute la 1° partie de la route : on y double les voies pour en faire une autoroute. De nombreux camions bennes, chargés de terre ou de rochers sont au pas dans les montées, et transforment le flux de véhicules en lente chenille. Très pénible, on a hâte de s’arrêter

Agnès a dégoté une superbe étape : Les Cabanas de Pino, à Santa Fe de Antioqua. Il fait si chaud qu’on passera la nuit dans un des bungalows climatisés et on piquera illico une tête dans la piscine.

N 6,55869°   O 75,83509°   Altitude 1500m   Température 28°

Km 61   Total 8179

Mercredi 18 décembre Jour 68  Santa fe / Rio Grande

Visite de la très charmante ville coloniale, avec, comme à Popayan, un centre historique préservé et une belle architecture de plazza de armas coloniale.

 

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Toujours dans la montagne, nous devrons franchir un col, modeste, à 2100m. La route, la panam 62, qui doit être en temps normal une belle deux voies descendant vers la mer en suivant, à mi- hauteur des reliefs, le cours du rio, est actuellement en travaux, un gigantesque chantier mené par des entreprises chinoises, visant à la doubler en fond de vallée par une nouvelle route.

Cela nécessite de nombreux ouvrages d’art, de gigantesques mouvements de terrains, des centaines de camions et des milliers d’ouvriers colombiens, encadrés par du personnel chinois. Et bien sûr, de nombreuses interruptions de circulation sur près de 200km. Mais très peu de trafic, rien à voir avec la veille.

Pendant la pause déjeuner, un groupe de jeunes métreurs colombiens viendra nous saluer, puis prendra la pose devant notre véhicule pour l’obligatoire selfie, en entrainant leur géomètre chinois. Quand je leur demanderai si leur chinois parle espagnol, l’un d’eux me répondra, en rigolant : »mas o meno »

Puis nous arriverons dans la plaine côtière : terrain plat,  route flambant neuve, et c’est tout droit.

Nous sommes entrés dans une zone de « ganaderias », les domaines où l’on pratique l’élevage extensif des bovins. Elles alternent avec les bananeraies et ce curieux spectacle des régimes empaquetés dans des sacs plastiques.

Bivouac dans une station Terpel, à Rio Grande, peu après la ville d’Apartado.

N 7° 55’ 37.7’’      O 76° 37’ 14.8’’      Altitude 54m   Température 29°

Km 260 Total 8439

Jeudi 19 décembre Jour 69  Rio Grande / Maria la Baja

Nous roulerons toute la journée, route tantôt bonne, tantôt en chantier, à travers d’immenses bananeraies, des plantations de palmistes et parfois des ganaderias. Les villages sont fréquents, et le long de la route, les paillottes sur pilotis nous rappellent celles de la côte équatorienne.

De nombreux postes de police ou de l’armée jalonnent les routes. Les policiers nous regardent passer et les soldats nous saluent. Nous ne serons jamais contrôlés.

A Necocli, en bord de route, la mer.  C’est la caraïbe, nous sommes passés du Pacifique à l’Atlantique en traversant la base de l’isthme de Panama

En début d’après- midi, cela se corsera quand nous retrouverons la panam 25, qui remonte de Medellin : toujours des travaux et en plus, les camions sont là..

Nous ne réussirons pas à atteindre Cartagena, la nuit, et la fatigue, nous ont rattrapés.

Cartagena sera notre point de chute. Nous avions prévu de transférer notre véhicule au Mexique ou en Floride, sans être complètement fixés sur notre prochain périple. Mais les règlementations douanières limitent les durées d’entreposage des véhicules et génèrent de fortes contraintes de gestion de temps en imposant un retour parfois trop précoce.

Et après trois séjours en Amérique du sud, avoir  navigué pendant 5 semaines, visité l’Uruguay, l’Argentine, le Chili, la Bolivie, le sud Brésil, effleuré le Paraguay, parcouru le Perou, l’Equateur et la Colombie, couvert 48000km, roulé pendant 11 mois, nous sommes un peu las et avons décidé d’embarquer le véhicule à Cartagena, direction Bremerhaven.

Nous reprendrons sans doute notre projet de voyage vers les USA et le Canada plus tard, sous une forme à déterminer.

L’embarquement est prévu le 4 janvier, nous devrions le récupérer le 20 en Allemagne, de notre côté nous décollerons le 8 janvier pour Paris.

Mais, d’ici là, fin de séjour cool pour profiter des derniers jours et découvrir la Guajira, la côte caraïbe colombienne, à la frontière du Venezuela.

Bivouac dans une station Terpel, à Maria La Baja, à 70km de Cartagena

Là encore, il fait trop chaud pour dormir dans le véhicule. Le motel voisin nous tend les bras. A 25000 cop la chambre climatisée, soit 7€, pourquoi s’en priver ?

N 9° 59’ 07.6’’      O 75° 16’ 05.2’’      Altitude 20m   Température 28°

Km 430 Total 8869

Bonnes fêtes de Noël à tous…

 

 

Arrivés à Cartagena de los Indias, dernière étape de notre périple, nous vous souhaitons à tous une excellente année 2020, et un joyeux réveillon.

Un grand merci à toutes celles et ceux qui nous ont envoyé leurs vœux, ou nous ont témoigné leur amitié par leur fidélité à suivre ces récits de voyage.

Et en guise de carte de vœux, ce « pêcheur d’étoiles » qui, même lorsque son filet remonte vide, relance inlassablement: l’espoir est toujours là….

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Agnès & Patrice