Vendredi 20 décembre Jour 66 Maria La Baja / Cartagena
Arrivant de l’ouest, l’accès à notre bivouac, situé à l’est du centre historique, sera malaisé
Le site est exceptionnel, presqu’ile entourée de lagunes, facilement défendable et totalement fortifié. Ces fortifications doivent être contournées par les passages obligés constitués par quelques ronds- points et une traversée de quartiers populaires. Qui dit populaires dit congestionnés, et les traversées de rues se font à l’intimidation.
Arrivés à l’hôtel Bellavista, remarquablement situé sur le malecon, nous serons fort déçus par le standing de l’établissement. Appartenant à un couple, frère et sœur français déjà âgés, il semble ne pas avoir été entretenu depuis sa création, et la zone où nous nous garons à tout de l’arrière -cour d’un mécanicien en faillite. Nous décidons de ne pas y séjourner plus que nécessaire et l’après midi sera consacré à des formalités indispensables : recherche de cash, réservation de nos billets de retour à l’aéroport, premier contact avec l’agent qui gèrera l’expédition du véhicule (seul avantage de l’endroit, c’est à 100 mètres) et réservation de l’hostal où nous passerons nos derniers jours
N 10.43515° O 75.53872°
Km 73 Total 8942
Samedi 21 et dimanche 22 décembre Jour 67 & 68 Cartagena / Taganga
Depuis Bellavista, on quitte facilement la ville par une belle 4 voies. Direction Santa- Marta. La route a été tracée sur une étroite bande de terre entre mer et lagunes. Au niveau de Cinagua, les villages de pêcheurs, le long de la route-digue sont en très triste état, lagunes dépotoirs aux portes des cubes de parpaings qui constituent les logis. Mais sur la route, de petits kiosques exposent les produits de la pêche, on pourra s’y procurer 1kg d’ énormes gambas.
On ne souhaite pas s’arrêter à Baranquilla, ville dont on nous a dit, « c’est Marseille, en pire », son contournement nous prendra quand même une bonne heure.
Santa Marta présentant peu de bivouacs attractifs, nous contournerons un piton côtier pour atteindre Taganga, village de pêcheurs devenu petite station balnéaire très fréquentée et centre de plongées. On trouve un hostal sympa, Sierra Aventura,tenu par un couple belgo colombien. On y prend une chambre climatisée et on y restera deux jours. Au programme : ceviche, tranches d’espadon frais pêché qu’on négocie sur la plage, mojitos dans les bars sur le sable.
La visite de Santa Marta sera un peu décevante : cette ville, à l’important port minéralier d’où est exportée la production colombienne de charbon, possède un centre colonial réduit avec une cathédrale plutôt banale, quelques rues joliment décorées et le musée Tairona, où s’éteignit en 1830, à l’âge de 47 ans et dans un isolement d’exilé, Simon Bolivar. Malheureusement, le musée est fermé pour travaux.
N 11,26646° 0 74,18790°
Km 239 Total 9181
Lundi 23 / mercredi 25 décembre Jour 69 à 71 Taganga /Palomino
Nous poursuivrons vers l’est. Le gros village de Palomino, « aux plages paradisiaques », n’est qu’une enfilade d’hostals pour routards, avec une plage que la mer a complètement absorbée, et où ne subsiste qu’un maigre passage. Une nuit nous suffira, et on cherchera vite autre chose.
Heureusement, à quelques km, il y a le camping « casa playa Bernabe », la plage y est effectivement conforme aux descriptions dithyrambiques du guide Gallimard, on s’y gare sous les cocotiers.
Et, heureuse surprise, alors que nous n’avons croisé aucun « overlander » depuis des semaines, 8 autres véhicules sont venus s’y poser pour les fêtes : allemands, suisses, brésiliens, français, et même un camping- car colombien, espèce rare !
Peu après notre arrivée, un jeune français vient nous inviter à participer au repas « auberge espagnole » pour la soirée de Noël. Nous nous empressons d’accepter, la soirée sera chaleureuse et se terminera sur la plage, les yeux dans le vague devant un feu de camp.
Et le 25, naturellement, on bulle…
N 11,26060° O 73,58319°
Km 94 Total 9275
Jeudi 26 décembre Jour 72 Palomino / Boca de Camarones
Notre objectif est la réserve des flamands, migrateurs qui passent la saison dans l’immense lagune qui borde le village de Boca de Camarones, à quelques km de Camarones. Nous bivouaquerons dans la cour de l’hostal « La Consentida », seul endroit un peu souriant dans un village bien tristounet. Là, comme ailleurs, il y règne une chaleur de four mais la bière y est fraiche, et le patron accueillant : il nous procurera un guide pour la visite de la réserve, et un kg de crevettes, toutes décortiquées…
N 11,43138° O 73, 08666°
Km 78 Total 9353
Vendredi 27 décembre Jour 73 Boca de Camarones / Palomino
Dès 6 heures, le guide nous rejoint à l’hostal. Une courte marche et nous embarquons dans une barque à fond plat pour une traversée de 30mn de la lagune qui ne fait pas plus de 60 cm de profondeur et s’assèche en avril. Grâce à une voile latine bien vite hissée, le guide, un pur waku de l’ethnie qui contrôle la réserve, pourra s’économiser à la gaffe et nous atteindrons plus vite la zone où se nourrissent les flamands..
Sur la lagune, il est trop tard pour les cormorans qui filent par milliers vers la mer, mais pas pour les flamands, qui se dirigent vers nous.
Nous ne nous attarderons pas à Camarones, « Bernabe » est bien plus accueillant. On quitte donc le village, qui restera le point le plus septentrional de notre périple. Plus loin, c’est désertique, et les plages « paradisiaques », on a déjà donné…
Retour donc à « Bernabe ». On y remarquera l’un des mannequins que les colombiens préparent, bourrés de pétards, pour les brûler le soir de la St Sylvestre, en guise d’adieu à l’année écoulée.
Km 80 Total 9433
28 décembre Jour 74 Palomino / Punta Canoa
On rembobine le film : contournement de Santa Marta, bande côtière, contournement, atroce, de Baranquilla, et on vient se poser à l’hostal « Punta Canoa », dans le village du même nom. Petit, fréquenté en cette période de fêtes, bien tenu et avec une petite piscine, c’est l’endroit idéal pour y préparer l’embarquement
N 10,55585° O 75, 50044°
Km 310 Total 9743
29 décembre au 1° janvier Jours 75 à 78 Punta Canoa
On fait les valises, on jette ce qui ne peut plus servir, on vide le frigo, on nettoie et prépare le véhicule, on se fait un petit repas de fêtes avec deux jeunes allemands (foie gras et gambas, classique..) et on attend la suite.
Le 30, nous nous rendons en bus à Cartagena pour signer les documents de transport du véhicule. Expérience décoiffante, ici, comme dans toutes les villes d’Amérique du sud, les chauffeurs parient à qui sera le plus rapide, des chronométreurs jalonnent les parcours et remplissent les fiches enregistrant les performances, abondamment commentées par le chauffeur et son aide. Il faut voir celui ci, à chaque arrêt, sauter en marche, hurler les destinations du bus, rameuter les éventuels passagers et les presser de monter pour ne pas perdre de temps. Pour être honnête, il aide aussi les mémés à monter leurs paquets et fait grimper les enfants. C’est également lui qui passe encaisser, sans tickets et ayant mémorisé ceux qui n’ont pas encore payé. Avec un tel système, coulage garanti..
Ensuite, on n’a qu’à bien se tenir, le chauffeur se contrefout des passagers, ce qui compte, c’est sa perf… Et même si le bus est plein à craquer, des marchands ambulants montent sans cesse pour vendre glaces, beignets, boissons et friandises, quand ce n’est pas un évangéliste qui pousse la chansonnette en s’accompagnant du doux crissement produit en grattant une tige métallique sur une espèce de râpe à fromage. Ambiance, et moiteur, garantie.
Le dernier soir, la cellule étant encombrée, nous dormirons dans une des chambres, avec clim, bien sûr, occasion pour nous d’admirer la créativité décorative colombienne : un hublot est obturé par….. un couvercle de cuvette de WC !
2 janvier à ce jour Jours 79 à 82
Départ dès 7h30, nous devons déposer les bagages qui nous accompagneront en avion à la « Casa 41 », le point de chute à Cartagena qu’Agnès nous a sélectionné, puis nous avons rendez-vous chez « Enlace Caribe », notre agent, à 8h40.
L’épouse du patron, Mme La Rota, nous précèdera en voiture, accompagnée d’un douanier, jusqu’au port, à une vingtaine de km. Port très sécurisé, avec plusieurs contrôles successifs et les formalités d’entrée seront aussi longues que celles préliminaires à la remise du véhicule au personnel du port. Quant au douanier, il se contentera d’une signature. On se demande pourquoi il est venu…
Km 50 Total 9793 Fin du périple
Lorsque je reviens au bâtiment administratif, Agnès est entourée de secouristes et d’un médecin : la gastro qui s’est déclarée, violente, lors de la nuit du réveillon l’a beaucoup affaiblie, malgré les médicaments tirés de notre réserve, ce qui a inquiété Mme La Rota. Le contrôle de la tension, correcte, nous rassure et une boisson réhydratante devrait améliorer la situation.
Le lendemain je dois repartir à 7h30 avec Santiago La Rota, un des fils, pour le contrôle « narcoticos ». Agnès se reposera à l’hôtel. Arrivés sur place, et une fois accomplies les formalités d’entrée, on nous annonce que le contrôle est reporté à 14h30 …. On repart donc, nous reviendrons l’après midi.
Et l’après midi se passera à attendre, le policier chargé du contrôle se pointera à 17h30….
Lorsqu’il arrive, avec son chien, il commence par me dire d’ouvrir les fenêtres et de vider le véhicule. Je lui réponds que c’est impossible, nous avons blindé les fenêtres et le coffre extérieur, démonté, encombre maintenant l’espace repas. Il accepte la situation, grimpe à bord, allume la radio pour vérifier qu’elle n’est pas factice, ouvre et palpe le contenu des placards et se contente d’une inspection sommaire. Ouf !, je n’ai pas dû tout démonter et vider.
Contrôle spectaculaire ensuite, 4 personnes assistent à l’opération et photographient, sans que j’en comprenne la raison. Ils espèrent sans doute être les témoins de la saisie du siècle…
Le maitre- chien dirige sa bête, qui commence par pisser au pied du véhicule, puis dépose un bel étron. A mon grand étonnement, vu les tas d’immondices qui bordent les rues hors du centre historique, le flic sort un sac plastique de sa poche et ramasse le cadeau.
Puis il fait grimper la chienne dans la cellule, dans la cabine, ouvre le capot, lui fait renifler le tout, répète la série d’opérations puis se tourne vers moi : esta bien…
Je serai de retour à l’hôtel à 20h, l’état d’Agnès est, disons, stable, sans amélioration.
Le lendemain ça va mieux, on entame une ballade dans Cartagena. C’est la ville la plus visitée du pays, et la plus renommée d’Amérique du sud. Elle le mérite, pour son centre historique, pas pour ses faubourgs où les terrains vagues et les quartiers déshérités alternent avec les immeubles du front de mer : la population ne recueille que des miettes de la manne touristique, le cœur de ville ayant été accaparé par la bourgeoisie colombienne et les étrangers, telle une Marrakech des Caraïbes.
Néanmoins, dès que l’on prend un peu de hauteur, la vue est si belle…
Et les rues de la ville coloniale, enchassée dans ses remparts, sont à craquer, que ce soit dans le quartier populaire Getsemani ou dans le cœur touristique, autour de la Torre del reloj.
De la terrasse d’un centre commercial flambant neuf, on ne peut manquer le « Castillo San Felipe » énorme forteresse bâtie pour protéger la ville qui abritait l’or et l’argent pillés par les conquistadores, avant le transport vers l Espagne. Bien peu esthétique, mais imprenable.
En fin d’après midi Agnès subit une nouvelle crise de gastro, nous nous rendrons donc dans une clinique à moins de 500 m de l’hôtel où elle recevra des soins, perfs et prescriptions. Sortis très tard, je ne pourrai trouver une pharmacie que ce matin, heureusement, ici, on bosse aussi le dimanche, et dès 7heures.
Les deux journées seront consacrées au repos et, les médicaments ayant produit l’effet attendu, nous pourrons enfin profiter de nos ultimes heures dans la ville coloniale, avant notre départ, ce mercredi 8.
A bientôt, et merci de votre fidélité



























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