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 Jeudi 15 février . Jour 84

Nous quittons Salta par la route N°9, très jolie route de montagne dans une forêt touffue, mais étroite et aux croisements difficiles.  Une halte à Jujuy, prononcer Coucouille (François, abstiens toi de commenter) pour nous approvisionner et nous prenons la route qui emprunte la Quebrada de Humahuaca, vers le nord, longue faille dans laquelle s’écoule le rio Grande de Jujuy. Les paysages seront superbes tout le long de la montée.

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Arrêt au relais de poste de Hornillos, qui fut au cœur de nombreux combats, la région, passage obligé de la Bolivie vers l’Argentine, ayant été fort  disputée pendant la guerre d’indépendance des années1812/1820 . Bâtiment joliment rénové et petit musée sans prétention.

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Nous visiterons ensuite la  pulcara de Tilcara. Une pulcara est un village fortifié. Ici, perché sur un mamelon à 70 m au dessus du lit du Rio Grande, il permettait de contrôler la vallée et fut occupé de 1000 ans avant JC jusqu’à l’arrivée des conquistadores.

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 Ses constructions de pierre ont été rebâties conformes à l’origine, grâce aux travaux d’ archéologues. Nous y verrons comment le bois de cactus servait de structure aux toitures. A notre grande surprise, en effet, nous constaterons que la structure ligneuse des cactus, en séchant, confère au squelette de la plante une grande résistance à la compression.

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Passage, on ne s’en est pas rendu compte, du tropique du capricorne, et arrivée à Humahuaca, gros bourg qui a donné son nom à la quebrada, avec un joli petit cabildo.

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 Déjà sensible dès Salta, on constate que la population est d’un type physique très différent de ce que nous avions noté dans le reste de l’Argentine, où l’immigration européenne a laissé des marques évidentes. Ici, nous sommes dans les Andes, et les habitants sont pour la plupart des « aborigènes », Quechuas, Aymaras et autres, fiers de leur culture et au physique marqué.

Humahuaca est en fête, comme dans tous les villages de la région, c’est carnaval. Nous assisterons au  cortège. En résumé, ça ressemble fort dans son principe, à « la bande à Malo » (les cht’is comprendront) : des jeunes déguisés, une fanfare, et on fait le tour du village.

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C’est parti pour la nuit, le problème est que le village est petit, donc on fait plusieurs tours, et la fanfare ne joue qu’un seul morceau…

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 J’espère que ce passage n’apparaitra pas comme méprisant vis-à-vis des cultures locales, dont le carnaval permet, une fois l’an, par ses thèmes et personnages symboliques, de maintenir vivantes des cultures qui furent violemment opprimées, mais dans un village de cette taille et pour des étrangers qui ne les ont pas étudiées, elles sont peu lisibles et, parfois sensibles à des influences « modernes »

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Bivouac au petit camping Bella vista, très différent des campings municipaux à fréquentation familiale. Ici c’est manifestement une halte pour voyageurs, les prix s’en ressentent : 300 pesos la nuit, soit trois fois plus cher qu’à Salta, et le service est minimum.

Km 233 Total 16467

S 23° 12’ 08.5’’   W 65° 20’ 43.0’’

Vendredi 16 février Jour 85

Avant de quitter le camping, nous interviewons des allemands qui arrivent de Bolivie : ils ont tenté de traverser la zone de montagnes séparant le salar d’Uyuni de Laguna Colorada, au sud, et confirment les infos de Josette et Joël qui l’avaient fait dans l’autre sens avec le 4×4 d’une agence, et l’avaient jugée infranchissable pour nos véhicules. La piste est étroite, pentue, caillouteuse et ils ont dû faire demi tour, bien qu’ayant des véhicules qui paraissent taillés pour le rude : Un camper Toyota et un Iveco 4×4. Par contre on peut atteindre Isla Inohuasi, au centre de la saline, depuis Uuni sans problèmes. On peut aussi traverser tout le salar, ils l’on fait, si on aime rouler dans l’eau salée.. Mais eux, ils étaient deux véhicules ! On sera plus raisonnable et contournerons par le sud. Cela nous permet de définir le programme des jours à venir: passage en Bolivie depuis l’Argentine par la route nord jusqu’à Uyuni, contournement du salar et retour au Chili par Ollague, avant de redescendre sur San Pedro de Atacama. Nous ferons alors un saut à Laguna colorada, en Bolivie, depuis San Pedro. On doit aimer les attentes aux postes frontière…

Route 9 vers le nord, superbe goudron sauf quelques zones à trous et une portion en travaux sur la fin. La route grimpe gentiment à 3500m, dans des paysages toujours fantastiques, puis un plateau immense où nous verrons nos premiers lamas,  sans un virage sur 100km.

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Arrivés à La Quiaca, ville frontière avec la Bolivie, et, avant de la franchir, nous faisons un saut à Yavi, à 18km, pour visiter l’église, et son monumental clocher, édifice inauguré en 1690. On peut y admirer un extraordinaire retable de 1660 doré à la feuille, et des peintures de l’école de Cuzco.

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Nous visiterons également l’Hacienda , construite avant l’église et qui fut la propriété du « Marques de Tojo », un homme simple puisqu’il possédait toute la région, les « aborigènes », comme ils se dénomment eux même aujourd’hui, ayant été tout simplement expropriés.

Transformée en musée, nous y apprendrons que, lors du recensement de 1769, la région était occupée par 2763 personnes (pas lourd au km²), dont 38 espagnols (je passe sur le nombre d’indigènes, de métis, de mulâtres, de « nègres », et d’indéterminés qui sont également précisés).

Et maintenant, séquence « Pontifiante ». Comment aussi peu d’hommes, ont-ils pu  conquérir des territoires s’étendant du Mexique à la Patagonie, de l’Atlantique au Pacifique, soumettre les populations, fonder des villes, construire des églises dans le moindre hameau, des cathédrales et des universités dans les grand centres, bâtir des estancias, exploiter des mines, en aussi peu de temps, une centaine d’années au maximum ?

Il aura fallu que les conflits intra européens aient renforcés les politiques impérialistes vers les nouveaux mondes, que les empires en place, Inca notamment, les prennent pour des demi-dieux et s’effondrent immédiatement, et que, sans doute, la vie dans l’Espagne et le Portugal de l’époque ait perdu beaucoup d’attraits pour des hommes entreprenants et sans scrupules, animés par la soif de l’or et stimulés par une  religion intransigeante..

Km 197 Total 16664

Bivouac près de la station YPF La Quieca

S 22° 11540’  W 65° 59802’ altitude 3500m

Temp 14°/21°

Samedi 17 février. Jour 86

Très vite à la frontière, à seulement 3km du centre ville, nous y trouverons des postes de contrôle congestionnés par les centaines de personnes qui rentrent en Argentine : le différentiel de coût entre les deux pays étant si grand que de nombreux argentins viennent faire leur courses à Villarzon, la ville frontière bolivienne. Et les contrôles, côté argentin, sont tatillons, véhicules fouillés et passagers des bus qui descendent avec leurs bagages pour un contrôle type aéroport.

Pour nous, en dehors de la queue aux divers bureaux qui nous prendra 1h30, le contrôle du véhicule sera rapide et nous traverserons, avec quelques difficultés pour trouver la route, certaines rues sont barrées en raison du marché, une ville sans attrait donc, mais au centre plein de vie.

A une vingtaine de kilomètres au nord, péage. Nous n’avons pas de monnaie bolivienne … La préposé nous déconseille de revenir à Villarzon, où le cours est très élevé, et recommande Tupiza, 80km plus loin, mais il faut quand même payer en bolivianos !! On s’en sortira en laissant un billet de 100 pesos argentins, soit 4€, pour un péage de 10 bolivars, 1.5€ environ.

Nous nous attendions à une mauvaise route vers Tupiza, elle sera bonne, traversant des gorges encaissées. A Tupisa, ville aux rues étroites et en mauvais état, nous trouverons facilement un DAB. Quant au cours, nous aurons la surprise sur notre relevé bancaire…

En sortie de ville, un panneau indique la direction d’Uyuni, et là, on n’est pas déçus. Très mauvais chemin, puis étroite piste de chantier qui escalade un petit col où les croisements sont scabreux. On s’inquiète, cela peut il durer comme ça sur 200km ? On débouche alors sur le chantier d’une large gravel road, c’est beaucoup mieux. Au bout d’une dizaine de km, péage, 10 bolivars, et, divine surprise, à ma question sur l’état de la piste, l’employé m’indique : c’est asphalté jusqu’au bout !

Cela ne sera pas tout à fait exact, il reste des zones en chantiers sur une vingtaine de km, mais la roule s’avèrera superbe, large ruban de goudron passant de col en col à plus de 4200m. Chapeau aux entreprises de TP boliviennes qui ont taillé une telle route dans un environnement aussi difficile, avec parfois, au détour d’une épingle, un village.

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Elle finira par une ligne droite de 70km sur l’altiplano, à 3800m, pour nous amener à Uyuni.

Uyuni, ville far west, à des rues poussiéreuses et défoncées, dès qu’on quitte les deux axes principaux.

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Le bureau d’ infos touristiques est fermé, il n’y a pas de campings mais  des dizaines d’agence et bien plus de 4×4. Beaucoup de jeunes routards font la queue devant les agences, cherchent un logement, ou pianotent sur leur smartphone dans le micro centre.

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Bivouac à 50 m de l’entrée de la caserne du régiment  de la Loa, sous le regard de la sentinelle.

Km 291 Total 16955

S 20° 27’ 55.4’’   W 66° 49’ 30.0’’

Dimanche 18 février Jour 87

Route vers le salar, on quitte le goudron au bout de 20 km à Colsani , bourgade sans intérêt et aux rues si défoncées qu’elles nécessitent un 4×4.

Puis mauvaise piste sur 10km, et …un lac, le salar est sous l’eau.

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La saison sèche est terminée. Impossible d’aller à Isla de Incahuasi, au centre de la saline. Seuls quelques 4×4 d’agence, dont les chauffeurs sont capables de repérer la chaussée sous l’eau, traversent.

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Retour à Uyuni, les agences proposent bien des tours d’une journée dans le salar, mais ils s’arrêtent au même endroit que nous le matin… Dans l’une, une jeune américaine nous dira :  « ne vous inscrivez pas ici, nous avons acheté un tour de 3 jours et ça fait deux jours qu’on attend..».

On  renonce donc à la visite du salar, puis cherchons le cimetière des trains, second point d’intérêt.  Il est en sortie de ville à 3km, impossible d’y arriver vu l’état de la route. Nous quittons donc Uyuni, frustrés. On ne peut pas gagner à tous les coups..

La route N°5 qui contourne le salar par le sud est un peu éprouvante, vu les trous, mais parfois roulante, à 3800 m d’altitude, et nous donne le plaisir de nouveaux lamas et alpagas. Ils sont pas mimis, les petits alpagas ?

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Nous croiserons des dizaines de 4×4 terminant leur tour de 3 jours à Laguna colorada. Les affaires ont l’air de marcher pour les agences, même si ça frôle l’arnaque vu l’impossibilité de se rendre au cœur du salar.

Bivouac devant une hosteria, à Alota, en bord de route, après avoir demandé l’autorisation à une jeune femme qui y vit. Derrière, les parcs à lamas.

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Demain nous attaquerons  la montagne. Le vent s’est levé, secoue la cellule, on se déplace pour se mettre à l’abri, sur le côté de la bâtisse.

Km 205 Total 17160

S 21° 24’ 00.8’’  O 67° 35’ 53.7’’

Lundi 19 février . Jour 88 

La Bolivie est en retard d’une heure, mais nous n’avons pas décalé nos montres, ça nous permet de partir un peu plus tôt.  Avant de partir, Agnès va donner nos produits interdits au Chili, et des porte clés « tour Eiffel » à  nos hôtes, qui en sont ravis et demandent à visiter la cellule..Il fait frais, 3°.

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Dès la sortie du village, la route est meilleure car tous les 4×4 empruntent la piste qui file au sud, vers Laguna Colorada, alors que nous poursuivons sur la route N° 5 vers  la frontière. Elle se révèlera très roulante, autorisant un 70km/h pépère.

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Nous passerons au pied du volcan Ollague, dont le cône est toujours orné d’un léger panache de vapeurs, et franchiront le dernier col à une cinquantaine de km de la frontière, à 4380m d’altitude

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Arrivés aux villes frontières d’Alvaroa, côté bolivien, et Ollague, côté chilien, nous constaterons qu’elles n’ont de ville que le nom, puisqu’il s’agit en fait de deux gares de la ligne trans andine, à voie unique, et de deux postes de contrôle, immigration et douane pour chaque pays et, de surcroit côté chilien, SAG, l’autorité en charge du contrôle sanitaire. Et, allez savoir pourquoi, le fonctionnaire bolivien qui arbore une magnifique casquette « Interpol », nous taxera de 30 bolivianos ( ~4€..)

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La préposée SAG, charmante au demeurant, ne nous épargnera rien, nous fera ouvrir placards, coffres, soute, coffre extérieur, inspectera minutieusement la cabine et saisira des raisins secs et des amandes. Les amandes avaient pourtant survécu aux 5 passages précédents de frontières chiliennes… Elle nous fera même choquer un par un les 6 œufs qu’on lui annonce cuits, afin de s’assurer que nous n’essayons pas de la rouler. Et, pour la 1° fois, nous ouvrirons le coffre extérieur, vite refermé tellement il est plein de poussière..

Il est vrai qu’ils ne doit pas passer plus d’un ou deux véhicules comme le nôtre par semaine, et encore en saison, ça stimule le zèle professionnel.

Bien qu’isolés à plus de 100km de la 1° agglomération et à 4000m d’altitude, ces postes sont équipés : une jeune voyageuse d’un bus, souffrant manifestement du mal des montagnes, recevra des soins devant nous d’un binôme « paramedic » très professionnel, alors que nous croiserons une ambulance quelques instants plus tard, en quittant la frontière.

Bonne surprise, que nous attendions un peu, le Chili nous ayant habitué à cela, le goudron commence dès la frontière. C’est officiellement l’ autoroute 21, pour nous une belle départementale, qui nous fera traverser en piquent vers le sud ,des paysages superbes, désertiques, contournant le volcan Ollague et longeant les salars de Carcotte et de Acostan, et franchir le col Acostan à 4000m, où, au milieu de nulle part, un poste de police surveille le trafic devant une gare de marchandise endormie.

La route descend ensuite progressivement, dans un paysage totalement désertique, mais grandiose…

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Au niveau de Conchi, un panneau nous indique la direction du Geyser El Tatio, que nous souhaitons aller voir, par la piste B145, plein est puis obliquant vers le sud. Ravis, on fonce, cela nous fera gagner près de 150km par rapport à l’itinéraire descendant jusqu’à  San Pedro de Atacama, puis remontant vers le nord . Large piste, mais tellement pourrie de tôle ondulée qu’on fait demi tour au bout de 4km, le geyser est en effet encore à100km, et même avec un 4×4, la tôle, c’est seulement à petite dose, ou quand on ne peut faire autrement.

On reprend la 21 sur une vingtaine de km, et embouchons la  piste suivante vers l’est, la B169, un boulevard rectiligne sur 20km, on est aux anges. Mais, une montée sèche et le boulevard se transforme en raidillon étroit, caillouteux où par moment on passe à peine entre les parois rocheuses où la piste a été taillée. Et il reste encore près de 80km !

Je jette l’éponge, n’ayant pas envie d’être coincé dans une épingle à cheveux : je ne suis pas le roi du démarrage en côte, même en 4×4, car le véhicule est un peu lourd. Deuxième demi- tour dès que la piste le permet, ce n’est pas notre jour. Il reste un 3° itinéraire par Chiu Chiu et la B159, mais on n’y croit plus. On la jouera par San Pedro, et la route des minibus.

Cela nous amène à traverser Calama, grande ville aux faubourgs très  industriels car c’est la base arrière de la mine de Chuquicamata, la 2° plus grande mine de cuivre à ciel ouvert au monde, avec ses 20 000 ouvriers, ses 8km², sa profondeur de 1250m et sa production de 630 000 tonnes par an. Avec sa « jumelle » de Minera Escondida, elles assurent au Chili la place de 1° producteur mondial de cuivre, production nationalisée en 1971. Ceci dit, on ne la visitera pas, on n’a pas l’âme extractrice..

Poursuivant vers le sud, nous dévalerons du plateau, à 3600m d’altitude vers la dépression de San Pedro de Atacama, à 2600m, par une descente de 6km …

Il se fait tard et la journée a été longue, on visitera le centre ville demain. Ce que nous en voyons pour l’instant, ce sont des rues sableuses, des murs en adobe, et des hostals à profusion..

Bivouac en bord de rivière, à 3km du centre ville, point GPS « per courtesy of J&J B »

S 22° 55’ 39.4’’   O 68° 13’ 03.4’’

Km 436 Total 17596

 Mardi 20 février . Jour 89

Grasse matinée, puis plein de gazole et d’eau à la station COPEC, curieusement installée dans un cul de sac : Il faut traverser toute la ville, par des rues étroites pour y parvenir, et faire demi tour une fois le plein fait, ça bouchonne dans la station !

Et c’’est la 1° fois qu’on doit payer pour de l’eau, 3000 pesos pour 70l… On dirait que San Pedro a développé une mentalité d’oasis, où tout se paye, et cher. Oasis qu’elle est d’ailleurs physiquement, puisque située au pied des cordillères qui la cernent, dans la zone frontalière entre le Chili, l’Argentine et la Bolivie, au bord de la saline qui s’est créée dans cette immense dépression et que l’on atteint de toutes les directions par des toboggans impressionnants.

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Ballade en ville. Le  centre en est constitué de rues piétonnes au sol argileux, bordées de murs en adobe,  où prolifèrent les agences organisant des circuits touristiques, mais aussi les bars, guests houses, et magasins outdoor   qui lui donnent une allure d’El Calafate mâtiné de Tombouctou, le tout très fréquenté par une foule de voyageurs de tous pays.

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Faute de « supermercado, nous ferons nos courses dans des épiceries aux ressources restreintes.  Déjeuner dans un resto sympa, puis recherche d’un café internet. On en trouve un difficilement, la wifi fonctionne, mais l’internet rame, on devra se contenter de récupérer nos messages sans pouvoir émettre, en sirotant un café glacé.

Nous quittons la ville vers 16h pour prendre la piste B245 menant vers la zone géothermique d’ El Tatio, à 80 km au nord. Cette piste, large, est magnifiquement entretenue car elle semble arrosée et damée chaque jour, et malgré le nombre de minibus qui la gravissent chaque matin, elle est en parfait état. Elle traverse des zones de lagunes où s’épanouissent flamands, canards et vigognes qui justifieront nombre d’arrêts photos.

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Après avoir franchi un col à 4400m, nous atteindrons l’entrée du parc où le couple de gardiens nous autorisera à bivouaquer, à l’abri de la maison du parc, car il va faire froid.

Nous serons prêts pour un démarrage matinal, puisqu’ils nous confirmeront que 6h30 est la meilleure heure pour profiter de la lumière du soleil levant, qui met en valeur geysers et fumerolles, nous aurons aussi évité la montée de nuit et bénéficié d’une belle lumière au couchant.

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Km 81 Total 17684

S 22° 21’ 03.7’’ W 68° 00’ 56.3’’

Altitude 4343m

Mercedi 21 février. Jour 90

Il fait effectivement froid, -2°, et il faudra dégivrer le pare brise. Peu dormi, paradoxalement nous avons eu trop chaud, le chauffage Truma étant d’une redoutable efficacité, même en altitude. Cela nous a quand même permis d’admirer la voie lactée, que nous n’avions jamais vue aussi scintillante. Ce qui nous fait regretter de ne pouvoir visiter le centre d’observation ALMA, réseau de 64 radio télescopes installés à 5600 m d’altitude, à une cinquantaine de km de San Pedro. Il fallait réserver et nous n’avons jamais réussi à nous connecter sur le site de l’agence européenne.

A 6h30, entre 50 et 80 véhicules attendent devant l’entrée du parc, ils ont fait le ramassage dans les hôtels à  4h du mat…. Péage, 10 000 pesos/p et tout le monde gagne la cuvette, à 2.5 km , où fument une soixantaines de chaudières.

En attendant le lever du soleil, les chauffeurs préparent le petit dej pour leurs clients et dressent les tables au cul des minibus, nous, nous restons au chaud.

Atmosphère ouatée dans les vapeurs de ces dizaines de geysers, qui n’atteignent pas les puissances que nous avions rencontrées en Islande, mais dont les émissions dans un ciel si pur, sur fond de montagnes colorées, forment un tableau irréel.

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On attendra la fin du spectacle et le départ de la meute pour redescendre, vers 10h, sur une piste déserte.

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Nous nous dirigerons, l’après midi vers le salar d’Atacama, par une longue ligne droite de 60 km dans un paysage « saharien », non sans une pensée  pour Alain Barrios, à qui nous avions acheté notre camion, décédé ici quelques mois plus tard.

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Ce salar, vaste étendue plate de 320 000 ha à 2300 m au dessus du niveau de la mer, résulte de la formation d’une fosse entre les cordillères andines, lorsque celles-ci ont émergé à la suite de mouvements tectoniques. Cette fosse s’est remplie de sels dûs aux lessivages  par les pluies des cordillères volcaniques,  puis à l’évaporation des saumures en résultant, pendant des millions d’années. La couche de sel  y a  atteint une épaisseur de 1450m !

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En dehors des zones protégées pour la conservation de la faune, et des rares espèces végétales, les salars sont exploités pour en extraire des chlorures de sodium et de potassium et des sels de lithium et de bore. Si le salar d’Uyuni contient la 1° réserve mondiale de Lithium, celui d’Atacama en est le 1° producteur.

A laguna Chaxa, au cœur du salar, nous pourrons  observer quelques dizaines de  flamands. On y apprendra qu’il en existe 3 espèces dans la région, réparties sur les diverses réserves, dont la plupart sont fermées en cette saison : le flamand chilien, la grande Parina et la petite Parina. Tous se nourrissent des algues unicellulaires et des micro invertébrés qui peuplent ces étendues salées, et leur donnent leur couleur caractéristique. Ils se reproduisent sur place.

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Cela nous rappellera un film animalier, où l’on voit les petits, sortis du nid, entamer une migration vers les bords de la lagune. Un grand nombre d’entre eux périra sur le trajet, les pattes bloquées par la gangue de sel cristallisant sur leurs articulations par les chaleurs extrêmes. Bien cruel…

Retour à San Pedro pour flâner dans les rues, boire, horreur, une bière sans alcool, ( un seul bar dans la ville possède la licence) et goûter le charme de cette petite ville, aux centre entièrement piétonnier, et dont il faut savoir franchir les portes pour découvrir, au fond de couloirs, des cours ombragées abritant des restaurants joliment aménagés, ou, derrière de longs murs en adobe, de très beaux hôtels de style traditionnel.

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De notre côté, bivouac en bord de rivière

S 22° 55’ 41.2’’ W 68° 13’ 03.0’’   -2°/27°

Km 216 Total 17900

Jeudi 22 février. Jour 91

Départ 8h, on prend la route des cols, plein est. Très fréquentée dès le matin, les cols étant fermés la nuit. On grimpe de 2000 m en moins de 30km, pour arriver à un plateau. Tout droit, l’Argentine, par la route 27 et le col « Paso de Jama », que nous emprunterons plus tard, à gauche, le poste frontière chilien qui barre la piste du « paso Hito Cajon », menant à la « Reserva Nacional de Fauna Andina Eduardo Avaroa », en Bolivie.

Devant le bâtiment du poste frontière, au pied du volcan Licancabu, une quinzaine de minibus attendent. En effet, la plupart des visiteurs enchainent, dans une chevauchée en 4×4, la visite des zones de  Laguna Verde et Laguna Colorada, la traversée de la zone volcanique plus au nord, et la visite du salar d’Uyuni,  le tout en Bolivie, avant de revenir vers San Pedro. Les minibus les conduisent jusqu’au poste frontière bolivien, où les attendent les 4×4, qui ne franchiront pas la frontière chilienne.

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Nous attendrons dans la file, pendant 1h40, jusqu’à ce que notre tour vienne. On assistera, on s’occupe comme on peut à 4690m, au spectacle insensé d’une équipe qui change la roue d’un  convoi exceptionnels,  deux  remorques, chacune  tirée par un tracteur et poussée par un second, transitant par l’Argentine , faute de route plus adaptée pour gagner le Bolivie. Nous n’aurions pas voulu être derrière eux dans la montée.

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Le bâtiment des administrations chiliennes est récent, chauffé, et  les véhicules y pénètrent afin que le personnel et les voyageurs soient abrités, il fait un peu frais. Les contrôleurs SAG nous confirmeront nos craintes : même si nous avons acheté fruits et légumes au Chili, nous ne pourrons les garder au retour car ils auront quitté le territoire national ….

Piste en descente  sur quelques km, puis poste de contrôle de l’immigration bolivien, une minuscule construction en pierres.  Avant le poste, les minibus chiliens, après le poste, les 4×4 boliviens, devant le poste, une queue formée par les passagers des minibus qui rejoindront leur chauffeur/guide/cuistot bolivien une fois les formalités accomplies.

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5 km plus loin, bâtiment de la douane bolivienne, on a perdu 300m d’altitude.

Le bâtiment est fait de 4 containers assemblés, pas chauffés, on sent tout de suite que la Bolivie n’a pas les moyens du Chili. Le douanier, qui remplit le formulaire d’importation temporaire pour le véhicule le fait à l’ancienne, stylo et carbone. Il est vrai que, vu le nombre de véhicules étrangers qui entrent en Bolivie par ce poste, il n’a pas besoin d’ordinateur pour éditer les Autorisations. Il est seul, jeune et fort aimable.  Pourquoi l’immigration et la Douane ne sont elles pas au même endroit ? Mystère

Encore quelques km et nous sommes à l’entrée du parc, où nous nous acquittons du péage, et tout de suite attaquons la pistes contournant Laguna Verde, à 4375m d’altitude.

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Une fois contournée la lagune, c’est parti pour 80km sur la piste vers le nord dans un paysage grandiose, passerons un premier col à 4762m, ferons une halte devant les « Piedras de Salavador Dali à 4554m, laisserons de côté la lagune de Chalviri,  n’irons pas voir les « aguas termales de Polques » (nous sommes pressés d’arriver), franchirons un second col à 4935m d’altitude et grâce à la navigation d’Agnès, trouverons notre chemin parmi les nombreuses pistes, la principale étant en travaux par portions, et de toute façon très dégradée, pour arriver, bien secoués, et sous un ciel qui se charge, à Laguna Colorada.

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A cette heure de la journée, elle ne resplendit pas comme nous l’aurions souhaité, vu le temps, nous avons même reçu quelques flocons.

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Une petite visite aux flamants, la lagune en abrite 20 000…,

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On vient ensuite se mettre à l’abri, à l’extrémité du minuscule « pueblo » dans la cour d’un bâtiment qui semble abandonné.

S 22° 10’ 30.3 ‘’   W 67° 49’ 10.5’’   Altitude 4340m

Km 172  Total 18072

Vendredi 23 février jour 92

Scénario identique à la nuit des geysers : -2° et du givre sur le pare-brise, et, là encore, on a eu chaud dans la cellule.

Au démarrage, mauvaise surprise, un témoin reste allumé au tableau de bord. La notice du véhicule indique que c’est relatif au pot catalytique, et renvoie à une rubrique introuvable. Bravo les rédacteurs des notices Ford!

Bon, le témoin est orange et pas rouge, on est au milieu de nulle part, il faut donc prendre le risque et prendre la route du retour. Le pot est sans doute encrassé, soit pour manque d’oxygène  à cause de l’altitude, soit pour un problème de qualité de gazole, cela explique sans doute les trous dans l’accélération à bas régime constatés depuis quelques temps. Espérons seulement pouvoir grimper les cols et ne pas rester en rade en bord de piste.

Retour vers le Chili, un peu crispés, le trajet semble bien long mais le  paysage est encore plus beau en raison d’une fine couche de neige sur le plateau.

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Au bout de la descente, Laguna verde et la sortie du Parc.

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Nous arrivons finalement à la frontière  sans problème. Passage rapide côté bolivien, et, comme la fois précédente, nous paierons  une taxe de sortie de 15 bol  (~2€) par personne.

Au contrôle chilien, par contre, 20 minibus qui ont récupéré des voyageurs au poste bolivien nous précèdent. Les bagages de tous les passagers sont déchargés et fouillés. Nous, on a bon genre, on passe en 5mn, mais nous aurons  quand même attendu 4 heures, sous le soleil et à 4600m d’altitude, là où chaque geste nous essouffle…Nous en sortirons épuisés.

Le véhicule lui aussi s’essouffle, on verra cette affaire de pot catalytique en Argentine.  Quittant le poste de contrôle, nous entamons la montée vers la frontière, que nous espérons passer dans la soirée. Après  3km, un 2° voyant s’allume et, celui là, je ne l’ai pas dans la notice Ford.  C’est « too much ». Demi- tour, on trouvera peut être un garage Ford à Calama, si on y arrive…

Retour piteux vers  San Pedro, 50 bornes, et halte chez un meccano local, qui ne trouve rien (il n’a pas cherché bien longtemps..) Pour lui,  « c’est juste l’altitude ». Un essai de conduite lui prouvera le contraire et il nous trouvera l’adresse du concessionnaire Ford de Calama. C’est  à 100km, au nord, sur le plateau… .

On y file, demain est un samedi et on ne veut pas prendre de risques. Nous arrivons  à 17h45 devant un garage qui ferme à 18h30, et est bien fermé samedi. Le patron nous accueille néanmoins, nous fait rentrer, et diagnostique immédiatement un problème mineur : pot catalytique encrassé, il faut régénérer le catalyseur, cela prendra 40mn, pour un coût de l’ordre de 140€.

On accepte et ils attaquent. Cela durera en fait 1h30, le pot étant si encrassé qu’il faudra trois cycles de régénération au lieu d’un. Nous quitterons le garage à 19h30, le patron ayant attendu jusque là pour nous remettre le véhicule, et nous abreuver de conseils. Chez Ford France, par expérience, ils peuvent en prendre de la graine….

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Tout speed maintenant, nous  retournons à San Pedro où nous arrivons passé 21h. Trop fatigués pour retourner à la rivière, on se plante sur le parking du centre ville. Extinction des feux…

Km  433   Total 18505

Altitude 2345m

Samedi 24 février Jour 93

Température douce sur San Pedro, 16°.  Nous prenons, pour la deuxième fois, la route qui par une longue montée, conduit  vers Paso de Jama en laissant à gauche le paso Hito Cajon. Un premier col à 4825m d’altitude, 100km avant  la frontière, le véhicule tourne bien, puis un deuxième col à 4831 m, 40km plus loin. Le paysage est beau, sauvage, quelques vigognes au-delà de 4300m et, devant nous, des dizaines de camions transportant des berlines Toyota. Nous en conclurons qu’un navire les a débarquées, en provenance du Japon, au port d’Antafagosta . Dans les montées, ils ne battent pas le record de l’heure, mais dans les descentes, ils nous doublent à fond la caisse.

Nous en verrons même un, qui a dû percer son radiateur, stoppé entre deux épingles. Solidaires les collègues qui montent chargés, ou redescendent à vide s’arrêtent pour lui donner un coup de main, ça fait un joli bouchon, belle surprise en sortie de virage.

Nous débouchons dans une large combe, à 4180m d’altitude, c’est  la frontière  du « Paso jama ».  avec des installations communes, toutes les administrations chiliennes et argentines ont leur bureau côte à côte. Le passage sera rapide.

Puis de très très longues lignes droites sur l’altiplano, totalement désertique, avant de plonger sur Susques. On y déjeunera en regrettant de ne pouvoir visiter  la jolie église en adobe du XVI° au toit de chaume, hélas fermée.

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Nouvelles lignes droites, arrêt à Salinas grandes, une partie du salar est sous l’eau, mais l’exploitation se poursuit, et nous pourrons voir les prémisses de la formation de ces dalles hexagonales qui sont la caractéristique du salar d’Uyuni.

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Un nouveau col « Alto el Morado «  à 4190m puis la  « Cuesta de Lipan », dans une descente vertigineuse vers Pumamarca, on perd 1900m en 35km…Et la nature a sorti sa palette des grands jours.. (Michel, pas de commentaires sur le style pompier, je voudrais t’y voir…)

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Etape à Pumamarca, aux portes de la Quebrada de Huamaca, que nous avions volontairement évitée lors de notre remontée vers le nord, pour être sur place le matin et admirer les couleurs extraordinaires des collines au pied duquel ce petit village est blotti.

C’est un des plus joli que nous ayons visité,  avec son église de 1648,  ses marchandes de lainages et textiles divers, et ses quelques  bars, avec de la vraie bière…. On y fera nos emplettes, avant de s’installer  dans rue calme, près du petit camping, et espérer que le temps se découvrira demain matin.

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S 23° 44’ 54.9’’  W 65° 29’ 48.0’’

Altitude 2362m

Km 356  Total 18861

       

A Guy, qui s’intéressait à tout…

Dimanche 25 février. Jour 95

Temps couvert, on ne s’attardera pas à Purmamarca, tant pis pour les « 7 colores », elles sont peu visibles.

On file à Salta, jusqu’au camping municipal, que nous avions apprécié à l’aller. Déjà beaucoup moins de monde, les vacances sont finies.

Déjeuner en ville, séance internet, puis visite du MAHAM, le Musée d’Archéologie de Haute Montagne, qui était fermé lors de notre premier passage.  Il présente en alternance 3 momies du XV°, celles d’une adolescente et de deux enfants, garçon et fille, découvertes en1999 à 6500 m d’altitude, sur les pentes du volcan  Liullaillaco .  Ces restes témoignent des sacrifices humains qui étaient pratiqués sous l’empire Inca, bien loin de l’image sanglante que nous en avions, suite à de mauvais romans (poitrines fendues par des couteaux d’obsidienne, cœurs arrachés..). Il s’agissait en fait d’enfants de l’élite inca sélectionnés pour leur beauté, endormis par un breuvage ad hoc lors de cérémonies grandioses et que l’on enterrait vivants entourés d’objets sacrés, à une altitude où  le froid les condamnait mais assura également la conservation des tissus pendant les 400 ans qui précédèrent leur découverte.  Pour les  incas, et pour les peuples qu’ils avaient soumis et convertis, il ne s’agissait pas d’un meurtre, mais bien d’un sacrement dans un lieu symbolique que cette union avec l’Inca, la divinité incontournable.

Nous terminerons par la visite de la  cathédrale. Chœur un peu chargé, pas encore churrigueresque, comme au Mexique mais on s’en approche.

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Km 185  Total  19046

S 24° 48’ 47.5’’  W 65° 25’ 09.7’’  Altitude 1211m

Lundi 26 février. Jour 96

On a décidé de buller, grasse mat, lessives, internet en ville, et même un DVD d’un vieux polar américain avec Paul Newman, impérial. Mais le  film, « la toile d’araignée »  est bien moyen…

Mardi 27 février  Jour 97

Courses à Carrefour. Ils ferment leurs magasins en France mais se développent ailleurs…

Route vers le nord pour une étape de liaison, comme l’écrivent les commentateurs du Tour de France (je l’ai peut être déjà faite ?). On oublie bien vite les collines boisées qui faisaient le charme de Salta pour aborder une plaine très agricole.  Nous y longerons un parc à bestiaux contenant des milliers de bêtes. Il s’agit sans doute d’un terminal d’expéditions, routier ou ferroviaire. Comment les nourrissent-ils ?    Question existentielle par  31° de température..

Morne plaine, nous bivouaquerons près de la  station ACCA , à Tacco Pozzo

S 25° 37’ 10.4’’ W 63° 16’ 20.6’’

Km 347  Total 19393

Mercredi 28 février. Jour 98

Après Taco Pozzo, 100 km de route très endommagée, vraisemblablement par les nombreux camions de bois qui l’empruntent. Ils sont chargés  d’un bois rouge non utilisable en bois d’œuvre vu la longueur des grumes  et les crevasses qu’elles présentent. On verra plus loin d’énormes huttes de forme hémisphériques, chacune surmontée d’un panache de fumée, telles des fours de charbonniers. Nous comprendrons qu’il s’agit de la production du tanin à partir du quebracho, le « bois de hache » ainsi nommé pour sa dureté, tanin utilisé dans le traitement des peaux.

Mauvaise surprise, en fin d’après midi plusieurs voyants s’allument simultanément au tableau de bord. Arrêt immédiat. Au redémarrage, un seul restera allumé, puis s’éteindra au redémarrage suivant. Le moteur tourne rond, la température d’eau est normale. S’agit-il d’un coup de chaleur ? Il fait 34°. Il faudra s’en assurer.

On continue donc jusqu’à  Resistancia, qui tire son nom de l’époque où elle résista aux assauts des « indigènes ». Nous y trouverons assez facilement un garage Ford. RV pour demain, on en profitera pour faire une révision.

Bivouac au camping municipal, dans le parc « 2 de febraio », sous de curieux arbres dont le tronc a la forme d’une gourde,  les « palo boracho »

S 27° 26’ 14.6’’  W 58° 59’ 05.0’’

Km 495   Total 19888

Jeudi 1° mars Jour 99

Promenade dans la ville, ville de culture qui organise une biennale d’arts plastiques fort courue internationalement, où les artistes sélectionnés disposent d’une semaine pour réaliser leur œuvre sur place. Plus de 500 œuvres ornent les carrefours  et les places de cette ville au plan colonial, avec ses grandes avenues arborées se coupant à angle droit.

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L’après midi, longue attente au garage Ford pour y faire une révision complète, un nettoyage moteur, l’inversion des roues AV et AR, car, bien que fonctionnant en propulsion, l’usure des pneus est plus rapide à l’avant…  On en profitera pour faire rééquilibrer les roues, on ressentait une légère vibration au-delà de 85 km/h, et régler le  parallélisme, le train avant ayant été fort chahuté sur les pistes.

Les meccanos ne trouveront aucun défaut électronique, l’alerte d’hier était donc vraisemblablement due à un coup de chaleur, sur une mauvaise route.

Bivouac inchangé. Demain, visite de Corrientes, autre grande ville à seulement 20km…

Vendredi 2 mars Jour 100

Corrientes, dont le nom provient des violents courants qui agitent le rio Parana, capitale de la province du même nom, au centre riche en immeubles néoclassiques : gouvernement provincial, préfecture de police, palais de justice…

Une manif se prépare car la rue principale est barrée et les rues grouillent de policiers aux uniformes divers. Nous remarquerons même dans les forces anti émeutes de ravissantes jeunes filles dont l’air guerrier les indique prêtes à la baston…

Plus serein, un employé de l’office du tourisme passera une demi-heure, face au plan de la ville, à nous en compter l’histoire. Il regrettera pour nous que la clôture du carnaval ait eu lieu le week end précédent. La fête, au sambodrome en périphérie de la ville, a réuni 3500 danseurs et 17000 spectateurs.. Dommage, on se consolera en admirant les fresques, réalisées en ciment coloré selon une technique mexicaine, qui ornent quelques murs du centre ville. Belles, mais si loin du spontanéisme valparaisien..

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Faute de carnaval, nous reprenons la route vers Posadas, en traversant d’une seule ligne droite une interminable plaine aux grasses prairies, paradis de la gent bovine, bientôt remplacées par des cultures d’Yerba Mate, dont les argentins, chiliens et autres uruguayens font une consommation colossale, chacun se promenant avec son pot, son thermo d’eau bouillante et sa pipette, pipettes qui tournent dans les groupes au gré des envies de chacun, dans un partage à haute valeur sociale et faible garantie sanitaire…

Nous ferons halte à Ituzaingo, au camping  El Mirador.  Bivouac de rêve que cet immense camping avec sa plage en bordure du rio Parana. Ce sera notre premier bain depuis bien longtemps.

A cette occasion, quelques mots sur les campings, en Amérique du sud en général, en Argentine en particulier. Toujours équipés de dizaines de barbecues en brique et de tables en béton, ils sont complets les week ends, fleurant bon la viande grillée, et quasi vides en semaine. En ville, souvent municipaux, couplés avec des installations sportives ou une piscine,  peu chers et à effectifs pléthoriques, ailleurs en général privés, et plus chers. Ils ont en commun d’être bien nettoyés, allées ratissées, sanitaires lavés à grandes eaux, mais mal entretenus, le matériel endommagé n’étant pas remplacé, les pommes de douches et les verrous de porte souvent absents. Quant aux installations électriques, elles pousseraient au suicide un contrôleur des APAVE.

On y a même vu des douches dont le chauffage de l’eau était assuré par une résistance incorporée à la pomme  et dont l’alimentation électrique était réalisée via un domino nu, placé sur la pomme à 5 cm du curseur de réglage de l’eau chaude. Attention où on met les doigts quand on est sous la douche et que l’eau est trop chaude…

Pour la 1° fois, nous sortons tables et chaises du coffre arrière. Rude épreuve, tout est enrobé de la poussière des pistes, il faudra une demi- heure de nettoyage pour pouvoir les utiliser. Pas bien grave, l’apéro sous les pins permettra le rinçage de glotte indispensable.

S 27° 32’ 46.2’’  W 56° 40’ 20.2’’

Km 290  Total  20178

Samedi 3 mars Jour 101

Nous serons vite à Posadas, capitale excentrée de la province « Misiones » (Missions), et ville frontière avec le Paraguay. Sur les rives du rio Parana, son centre a un petit air de Manhattan, on ne s’attendait pas à ça.

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Nous avons prévu de visiter les missions jésuites du sud du Paraguay, avant de revenir vers celles situées en Argentine.

Contournement autoroutier de Posadas, il nous faudra ensuite 2 heures de queue pour atteindre le poste frontière, vu l’affluence, les argentins, comme à la frontière bolivienne, allant faire leurs courses à l’étranger. Les formalités, de part et d’autre du pont de 3 km qui enjambe le Parana seront heureusement rapides, et nous traverserons Incarnacion, ville jumelle de Posadas, dont la zone frontalière n’est qu’un gigantesque centre commercial.

Un saut dans un DAB (merci OSM) et nous  quitterons Incarnacion, sans regrets, pour nous diriger vers Trinidad, où se situe l’une des plus importantes « Reduccion ».

Reduccion, ques aco ?

Fondé en 1509 par le capitaine Ignace de Loyola, la Compagnie de Jésus, ou Ordre des Jésuites envoie ses missionnaires dans le monde entier. Dès 1549 ils arrivent au Brésil, (en 1580 ils seront au Japon!) dans l’intention d’évangéliser et civiliser les « sauvages anthropophages »  qui y vivent, les Guaranis. Ceux-ci sont victimes du système colonial en vigueur, l’ « encomienda », qui permet aux colons espagnols et portugais de les rafler et d’en faire des esclaves. Suite aux interventions d’un père jésuite auprès du roi d’Espagne, ce régime est aboli en 1609. Les jésuites se voient  par ailleurs confier la mission d’administrer la région sous l’autorité directe du roi.

Ils construisent immédiatement la 1° « Reduccion », établissement où sont rassemblés, autour d’une église, des Guaranis que l’on sédentarise dans des cases rapidement construites selon les techniques locales, en leur attribuant une parcelle de terre. Ils sont  associés à l’administration de l’exploitation via le « Cabildo », le conseil, dirigé par un cacique, où  siègent un représentant de chacun des 15 à 20 « villages » qui y sont regroupés. Dans l’enthousiasme, les conversions vont bon train.

Entre 1620 et 1630, le nombre de reduccions ne cesse de croitre grâce à l’intérêt des Guaranis pour le catholicisme et la véritable utopie sociale développée par les jésuites. Chaque réduccion comporte en effet des terres distribuées, mais aussi des terres collectives dont l’exploitation est faite par les résidents à raison de deux jours par semaine, ainsi que des ateliers d’artisanat dont le produit va à la collectivité, assurant sa prospérité. Tout ne se fera pas dans la joie, certaines reducciones connurent des échecs momentanés, des retours vers la forêt, mais la dynamique était enclenchée et on vit même des Guaranis bâtir des églises et partir à la recherche de missionnaires pour les consacrer.

Dans leur fonctionnement quotidien, les reducciones étaient soumises à des règles très strictes, régissant les horaires consacrés à la liturgie, à l’étude, aux activités artistiques au travail dans les champs et les ateliers, et même à l’accouplement ( ! ). Les zones réservées aux prêtres n’étaient pas accessibles aux Guaranis, à l’exception des membres du Cabildo, et un bâtiment, sous double clés, abritait les veuves, les femmes célibataires, celles dont les compagnons étaient absents et les femmes adultères. On a beau défendre une utopie sociale, il ne faut pas rigoler avec les bonnes mœurs…

Nous serons surpris  par ailleurs d’apprendre que chaque reduccion n’abritait pas plus de 2 ou 3 missionnaires, parmi les milliers de Guaranis. Belle évidence de l’autorité spirituelle des jésuites.

1° alerte en 1631, les Portugais et métis voisins, les paulistes, reprennent leurs raids et causent en 5 ans la mort  ou la mise en esclavage de  dizaines de  milliers de Guaranis (on parle de 300 000, ce qui parait beaucoup, vu la densité de population). Certaines missions seront déplacées vers le sud et les cases, trop sensibles aux feux grégeois, seront remplacées par de longs bâtiments maçonnés.

Les Guaranis  se rebellent et préparent, armés par les jésuites, la contre attaque. En 1641 une flottille de 450 embarcations armées par 2500 portugais et paulistes et soutenue par 1500 guerriers en provenance du Brésil descend le rio Mborere pour razzier les missions. 700 Guaranis sur 70 pirogues, suivis par 3500 guerriers sur les rives leur barrent la route, et les écrasent. Ce fut la première bataille jamais menée par des amérindiens sur ce continent, elle assura 130 ans de paix.

L’âge d’or des « reduccions » s’étalera de 1700 à 1750, période au cours de laquelle une trentaine d’établissements seront construits sur les territoires actuels de l’Argentine, du Brésil et du Paraguay, grâce aux talents d’architectes des jésuites et à l’excellence de la main d’œuvre guarani.

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Leur population passera de 29 000 en 1647 à 141 000 en 1732. Chaque reduccion  rassemblant entre 1500 et 7000 résidents et se consacrant à l’élevage et aux cultures vivrières, mais également à celle de l’Yerba Mate, dans une forme d’autogestion révolutionnaire.

Mais les Bourbons remplacent les Habsbourg sur le trône d’Espagne, et la nouvelle dynastie voit d’un très mauvais œil la puissance croissante de cet état dans l’état. En 1759, Ferdinand VI, aux capacités intellectuelles très limitées, succède à Philippe V. Sous l’influence de son épouse, la portugaise Barbara de Bragance, et avec le support de Rome, il signe le traité des « Limites », qui attribue au Portugal le territoire des Misiones.

Les Guaranis reçoivent l’ordre de quitter les « reducciones ». Ils refusent, se révoltent en masse, s’allient à leur frères non convertis, entament une guérilla, et seront finalement écrasés par l’artillerie espagnole. Ceux qui auront survécu  seront déportés.

Cet épisode est le sujet du grand film de Joffé, « Mission », (très beau rôle de père jésuite pour Jeremy Irons, qui y éclipse De Niro).

Il s’ouvre sur le sacrifice d’un des premiers missionnaires jésuites, précipité crucifié dans les chutes d’Iguazu par les Guaranis avant leur conversion, et se termine sur la fuite d’enfants Guaranis rescapés du massacre, lors de l’attaque des missions par l’armée espagnole. Ils  n’emporteront dans leur pirogue qu’un violon, seul vestige de ce que leur avaient apporté les jésuites. Qui a vu cette scène, avec émotion, n’a sans doute pu l’oublier…

Quant aux jésuites, on l’a vu à Cordoba, ils seront expulsés d’Amérique du sud en 1767 et leur ordre sera bientôt dissout par Rome.  Les reducciones seront confiées à d’autres ordres missionnaires, péricliteront et seront pour la plupart détruites lors d’un conflit avec le Paraguay en 1817.

Trinidad, donc, première de nos « reducciones », sous un ciel qui tourne à l’orage. Les dimensions de cette mission, centrée sur sa place et son église, autour de laquelle s’articulent cloitre, collège, logements des Guaranis, ateliers, vergers et potagers, laissent rêveur.

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Nous prendrons ensuite la route de Jesus de Tavarangue, à une dizaine de km au nord. La route, les pistes, les véhicules, les rios, tout est rouge de cette couleur de latérite que l’on trouve également en Afrique.

L’orage nous surprendra en route, diluvien, et nous nous réfugierons dans le village, pour y passer la nuit.

Km 150 Total 20328

Température 20/31°C ( après l’orage, 19°….)

Dimanche 4 mars. Jour 102

Le début de nuit sera pénible, il semble que nous nous soyons garés à côté du club des  bikers locaux, leurs pétoires ont tourné toute la soirée..

Visite donc de la reduccion de Jesus de Tavarangue. Elle présente trois spécificités : elle est implantée dans un endroit superbe, dominant une large vallée, elle a été dessinée par un jésuite espagnol qui a orné certaines des portes de l’église de chapiteaux pseudo mauresques, et elle n’a jamais été achevée. Cette reduccion  a en effet  été déplacée plusieurs fois, avant d’être installée définitivement en 1750 à son emplacement actuel, et de voir les travaux interrompus par l’expulsion des jésuites.

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Longue route ensuite pour visiter la reduccion de San Cosme & San Damian.. Ses vestiges en sont moins impressionnants que ceux des deux missions précédentes, mais son intérêt réside dans la thématique astronomique qu’y a développée par l’organisme en charge de la gestion touristique. Elle a en effet été le lieu où le père jésuite Bonaventure Suarez, auteur d’ouvrages réputés sur les phases de la lune et la prévision des éclipses, avait installé son observatoire. De jeunes guides enthousiastes nous feront découvrir les diverses installations pédagogiques sur ce thème.

Bien que nous n’y ayons vu que peu de visiteurs, les trois missions paraguayennes, classées au patrimoine mondial de l’Unesco comme toutes celles qui subsistent en Argentine et au Brésil, sont parfaitement entretenues et visiblement très surveillées.

Même impression pour le réseau routier, les quelques nationales que nous auront empruntées sont impeccables. Juste un peu refroidissant, les épaves  de camions qui se sont percutés de face ornent les cours des garages PL, le long de la RN 1.

Avant de quitter le Paraguay, nous recherchons un bivouac dans une cour d’hôtel à une quinzaine de km d’Encarnacion. Ils peuvent changer de métier, ça leur rapportera plus que l’hôtellerie : nous paierons 100 000 guaranis  (~16€) pour une place de parking quand la chambre est à 240 000…

Mais au moins on n’est pas en bord de route, dans une zone frontière.

Km 247 Total 20575

Hôtel Museo del Sur

S 27° 17’ 24.6’’  W 55° 55’ 09.4’’

Lundi 5 mars. Jour 108

Passage rapide de la frontière, très peu de queue ce matin. Contournement de Posadas par une belle 4 voies et nous prenons la route N°12 vers Iguazu. Les champs de Yerba Mate, principale culture de la région, sont maintenant remplacés, dans une région de collines à la végétation luxuriante, par des forêts de résineux que l’on a substitué à la forêt primaire.

Arrêt à une trentaine de km, à Santa Ana. Cette reduccion fut fondée au Brésil en 1633 puis déplacée deux fois, en raison des attaques paulistes, jusqu’à son emplacement définitif. Elle n’a pas subi de travaux de reconstitution, mais est maintenue en l’état, et permet une agréable promenade dans ses ruines, à l’ombre, c’est l’avantage de ne pas avoir abattu les arbres qui avaient recolonisé le site ! La maquette permet d’en visualiser les dimensions, supportée par les commentaires passionnants d’un jeune guide sur la vie dans les missions.

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Quelques km plus au nord, la reduccion de San Ignacio Mini est celle qui a donné lieu aux plus grands travaux de reconstitution, on y visite aussi un intéressant centre d’interprétation, riche de reconstitutions virtuelles.

Une gravure d’époque permet d’en apprécier l’implantation.

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Remarquable en est le porche de l’église monumentale dont les sculptures ont été exécutées par les artisans guaranis.

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Nous terminerons notre journée, 80 km plus au nord, dans le très joli camping « Club de Pesca », à Puerto Rico, sur les rives du rio Parana. Il nous fait réviser notre jugement sur les campings argentins : Il est au top..

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Sur l’autre rive, le Paraguay

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Km 166 Total  20737

S 26° 47’ 28.48’’     W 55° 0’ 53.48’’    Température 20°/31°

 

 

Mardi 6 mars. Jour 109

L’Argentine, dans son extrême nord, comporte une étroite région, d’une centaine de km de large, presque une excroissance, limitée par les rio Parana et Uruguay qui coulent sensiblement Nord Est / Sud Ouest avant de se rejoindre au niveau de Buenos Aires pour former le rio de la Plata.

Cette zone, qui comporte deux régions administratives, « Missiones » au nord et  « Entre rios », au sud, occupe une position géopolitique unique, puisque le rio Parana forme la frontière Ouest avec  le Paraguay, le rio Iguazu (petit fleuve de 1230 km de long..), qui se jette dans le Parana  forme la frontière Nord avec le Brésil, et le rio Uruguay, forme en partie la frontière Est avec le Brésil.

Sa pointe, connue sous le nom de « région des trois frontières », abrite les villes de Puerto Iguazu en Argentine, Foz de Iguaçu au Bresil, et Ciudad del Este au Paraguay. 225 000 ha, les ¾ côté brésilien, le reste côté argentin, ont été préservés en parcs nationaux et classés au Patrimoine Mondial de l’Unesco. Ils englobent les chutes du rio Iguazu.

Nous poursuivons notre route vers Iguazu, toujours tout droit à travers une forêt tropicale, trop souvent remplacée par des plantations de résineux, et, plus rarement d’eucalyptus.

Arrivée en début d’après midi à Puerto Iguazu, l’entrée de la ville est une large 4 voies, bordée de beaux hôtels aux vastes pelouses, sous les palmiers.

Nous nous installerons aux « Cabanas del Castillo », un gite très agréable, quelques pavillons autour d’une piscine, qui accepte aussi les « cassa rodante », quand il s’en présente.

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Km 172 Total 20909.

S 25° 37’ 09.8’’  W 54° 33’ 43.6’’  altitude 229m Température 34°

Mercredi 7 Mars. Jour 110

A notre demande, la propriétaire du gîte nous a commandé un taxi pour 9h. A l’heure dite il est là et nous emmène à l’entrée du Parc national brésilien des « Cataractas », quelques km après un passage de frontière hyper rapide. Il nous récupérera à 14h30.

Parc relativement récent, remarquablement aménagé pour gérer les milliers de visiteurs qui seront, chaque jour, conduits au bord des chutes par une noria de bus.

Les chutes d’Iguazu résultent de l’apparition d’une faille, il y a 110 millions d’années, lors de la séparation des plaques tectoniques de l’Afrique et de l’Amérique. Cette faille dans les basaltes, d’une hauteur moyenne de 65 m, se forma sur 2700m, 800m côté brésilien et 1900 m côté argentin. Le fleuve Iguazu, d’une largeur de 1200 m ( ! ) en amont des cataractes,  s’étale de part et d’autre de la gorge qu’il a creusé sur le plateau et chute de 80m par une série de sauts, de 150 à 300 « cascatas » selon la saison, avec un débit de 500m3/s en période de sécheresse, jusqu’à 6500 m3/s pendant les crues.

Ces chutes sont plus hautes que celles du Niagara et plus longues que les chutes Victoria, pour qui voudrait classer le tiercé gagnant des plus belles chutes du monde.

Le bus nous dépose à proximité des saltos « Santa Maria » et « Santo Fiorentino », seules cascades côté brésilien mais magnifique vue sur l’amont des chutes, à la verticale de la « Garganta del Diablo » dont le panache de vapeur est visible à des kilomètres.

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Sur les passerelles, les coatis pullulent, en famille, joueurs comme de jeunes chats. Il ne faut pas trop les approcher: ils mordent!

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On atteint  par une passerelle, (les capes de pluie sont bienvenues, vu le brouillard qui nous enveloppe), le pied de cette « Garganta del diablo », la Gorge du diable, gigantesque fosse en forme de fer à cheval qui constitue l’extrémité de la gorge. Le spectacle de ce mur liquide est saisissant, dans un grondement qui décourage toute velléité de conversation.

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En remontant sur le plateau, belles vues d’ensemble sur l’autre rive, côté argentin.

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Après un déjeuner dans un fast food  au terminus des bus, pas terrible, mais avec vue sur le rio, nous visiterons, tout près de l’entrée du parc, le « parc des oiseaux », joli zoo dans une végétation luxuriante, avec même une « cage » aux papillons.

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 Jeudi 8 mars. Jour 111

Affluence aussi grande à l’entrée du parc national argentin des « Cataractas », que nous atteignons en voiture. Plus ancien mais aussi bien aménagé, le transport vers les chutes est assuré par un petit train à voie unique, qui donne accès aux 3 itinéraires  menant aux points remarquables, par des kilomètres de passerelles surplombant les dizaines de bras du rio Iguazu, qui s’étale sur le plateau surmontant la fracture.

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Sur une des passerelles, bouchon: une dizaine de touristes de toutes nationalités filment à 50 cm un petit singe, perché sur la rambarde. Absorbés par le réglages de leurs appareils, bien peu réalisent que le chenapan se donne du plaisir. Je ne prendrai pas de photos, respectant l’intimité de l’animal, je dirai juste qu’il était droitier…

Revenons aux choses sérieuses, les abords de la Garganta del Diablo sont spectaculaires!

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Longue promenade ensuite sur les passerelles, permettant de découvrir l’ensemble des chutes sous divers angles.

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Circuits terminés, nous déjeunerons  sur place dans un immense restaurant « eat all what you can ». Pas de vue sur le rio, mais parilla à volonté, il n’y aura pas photo avec le fast food de la veille.

On retourne ensuite se rafraichir à la piscine du gite, il fait encore plus de 35°.

Km 31 Total 20940

Vendredi 10 mars. Jour 112

Nous quittons Iguazu par la route 12, jusqu’à Posadas, que nous contournons, pour poursuivre vers l’Uruguay. Nous avons en effet renoncé à couper à travers l’extrême sud du Brésil, peu de choses à y voir et des routes secondaires qui ne nous attirent pas.

Pas de surprises sur cette première portion que nous connaissons déjà, la forêt est toujours aussi dense,  forêt primaire dans l’extrême nord, puis plantations, les scieries sont toujours aussi nombreuses, et les échappements des camions de bois aussi malodorants.

Le paysage évolue rapidement lorsqu’on quitte la route 12 pour la 14 qui longe à distance le rio Uruguay. Côté rio, plantations de résineux ininterrompues, à l’ouest, par contre, la pampa où rien n’arrête le regard, sauf le bétail….

Arrêt pour la nuit dans une vilaine station semi abandonnée, au milieu de nulle part. On y dormira bien cependant, malgré la chaleur et les mouvements de camions en début de nuit.

Km 415 Total 21355

S 28° 21’ 28.2’’  W 56° 06’ 49.7’’

Samedi 11 mars. Jour 113

Journée sans autre intérêt que nous rapprocher de l’Uruguay. Plaine sans fin, à une altitude inférieure à 100m, et nous sommes à 800km de la mer ! On comprend pourquoi les fleuves sont larges, lents et méandreux.

Alternance de routes à deux voies et d’autoroutes, ces dernières plus fatiguées par l’important trafic de camions, notamment brésiliens.

Dernières courses dans un supermarché de Concordia, ville frontière, pour solder nos derniers pesos argentins, et bivouac dans la dernière station YPF. On regrettera leurs cafeterias climatisées et leur internet qui n’a jamais fait défaut.

Km 471 Total 21826

S 31° 17’ 41.4’’   W 58° 00’ 22.7’’

Température 36° à 18h

Dimanche 12 mars. Jour 114

Passage de frontière qui nous réserve des surprises : Les douaniers argentins ne parviennent pas à identifier, sur l’autorisation d’importation temporaire du véhicule, que nous devons rendre à la sortie, notre dernier point d’entrée en Argentine, et ne trouvent pas l’info dans leur système. Il faudra un moment, à l’aide des tampons sur les passeports, pour clarifier. Il faut dire qu’on ne les aide pas, on a bien dû franchir les frontières argentines une dizaine de fois..

Côté douaniers uruguayen, pas mieux, pour eux nous ne sommes jamais sortis d’Uruguay, après notre arrivée en novembre…

Aurait- on oublié de rendre l’autorisation temporaire en quittant l’Uruguay à Colonia de Sacramento ? Vraisemblable car l’original est dans nos dossiers. Ils n’en sont pas plus émus que ça, mais décident de ne pas en éditer une nouvelle et de laisser courir l’initiale. Conséquence, la date butoir pour sortir le véhicule d’Uruguay sera la date anniversaire de notre première entrée, le 21 novembre prochain et non le 12 mars 2019 comme prévu. Pas dommageable, si rien ne vient contrarier nos plans de revenir début septembre pour récupérer le véhicule et poursuivre notre voyage vers l’Amérique centrale.

Cerise sur le gâteau, un inspecteur sanitaire uruguayen, désolé mais inflexible, nous fait vider le contenu du frigo à la poubelle. Bien joué, les dernières courses à Concordia pour le remplir !

On dit adieu à notre saucisson, et à ces tranches de jambon Serrano et de coppa qui nous faisaient saliver d’avance…

Nous traverserons rapidement Salto et ses thermes, nationale 3 vers le sud puis nationale 126 plein est pour atteindre Tacuarembo, la patrie des gauchos.

Nous avons choisi cet itinéraire plus long afin d’éviter les éventuelles mauvaises routes secondaires de l’itinéraire direct. On ne sera pas déçus : la N26 est pourrie, ou en travaux pendant 150 km sur les 200 du parcours, les camions de bois pullulent, même en ce dimanche et le paysage, riant et très agricole au début, devient vite monotone, une pampa desséchée, où moutons et vaches semblent errer tristement.

Seul point positif, le temps est très couvert, parfois bruineux, et la température a chuté d’une dizaine de degrés, on apprécie.

Fatigués des secousses, on s’arrête à une soixantaine de km de Tacuarembo, à l’entrée d’une estancia. En soirée, Agnès souffre d’un violent accès de fièvre, que du doliprane apaisera, momentanément.

Km 235  Total 22061

S 31° 54’ 25.2’’   W 56° 42’ 46.6’’

 

Lundi 13 mars  Jour 115

Passage rapide devant  la Valle d’Eden et le musée Carlos Gardel, natif de Tacuarembo (bien que la France et  l’Argentine en revendiquent l’honneur..).

Nous fonçons jusqu’à la ville et son hôpital régional, Agnès ayant manifestement décidé de nous faire visiter un hosto dans chaque pays. Hôpital récent, accueil aimable et relativement rapide aux urgences, où l’on nous aiguillera vers la salle de consultations médicales, située dans un vieux bus garé devant l’hôpital !! Il semble que la traumato ait bouffé tout l’espace intérieur..

Infirmière et jeune médecin (e) efficaces, nous repartirons, perf exécutée, antibiotiques et calmants remis, ordonnance de complément rédigée, et le médecin nous regardera, étonnée, quand nous demanderons ce que nous devons. Rien….

Nous retournons vers la valle d’Eden où nous avions repéré un camping en passant, deux ou trois jours de break permettront de récupérer.

Quant à la patrie des gauchos, il semble que, bien que nous allions plutôt vite, nous soyons toujours en retard sur les évènements : nous avions raté de peu la fête du mouton à Puerto Madryn (on ne s’en est jamais remis..), le carnaval à Corrientes, ici, c’est la « Fiesta de la Patria Gaucha », une semaine de festivités à cheval, qui s’est terminée hier ! Nous avons croisé ce matin de nombreux groupes de cavaliers, hommes et femmes, et des vans pavoisés repartant vers les estancias. Dommage !

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Camping « El Mago – Carlos Gardel » Valle Eden

S 31° 49’ 12.2’’  W 56° 10’ 26.3’’

Km 110 Total 22171

Mardi 13 mars – Mardi 20 mars.  122

Km 755 Total 22926

Semaine qui a commencé par un deuxième passage à l’hosto : l’antibiotique prescrit à Agnès à Tacuarembo s’étant avéré inefficace, après contact préalable avec l’assistance MACIF conseillant de consulter, nous l’avons fait à Hôpital britannique de Montevideo, recommandé par le « Lonely Planet ».

Prise en charge rapide, bilan complet et changement d’antibiotique règleront le problème, et les contacts téléphoniques avec les médecins MACIF nous ont rassuré, si besoin était.

L’ambiance luxe, les effectifs pléthoriques, les locaux au top de cet hôpital privé  en cœur de ville nous laissaient subodorer qu’il ne serait pas gratuit. La note le confirmera.

Depuis, Agnès prend ses pilules, la fièvre a disparu et elle récupère, grâce aux soins assidus de son infirmier personnel et au repos que nous goûtons sur la côte uruguayenne. Actuellement à Piriapolis, plus sympa en cette fin de saison que lorsque nous y étions passés en novembre, nous avons retrouvé avec plaisir,  près du port, les gargotes de pêcheurs et leurs paellas, plus proches  cependant d’une bouillabaisse que de la paella valenciana.

Demain nous gagnerons le camping où hivernera le véhicule, à une soixantaine de km, et passerons les derniers jours à l’y préparer. Jeudi, Nestor et Daisy nous ont promis un « Cuadril a l’horno » à la gloire de l’élevage uruguayen, puis départ pour Paris samedi, via Porto Allegre et Lisbonne. Arrivée prévue dimanche soir.

Rendez vous en septembre, pour la suite. Un très grand merci pour  vos commentaires, qui nous faisaient chaud au cœur ou pleurer de rire, et  pour votre fidélité….

Agnès & Patrice

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