Court message de Hambourg, où nous avons pu descendre à terre, on va faire court pour les photos
Vendredi 20 – samedi 21 octobre
Nuit pluvieuse à Baisieux, la première depuis que nous sommes rentrés d’Islande. Nous avons laissé la maison la semaine dernière dans un paysage grillé par 6 mois de sécheresse, et autour, des vendanges de misère. Les cuvées 2017 seront étiques.
Ici, temps de Flandres. Sur la route d’Anvers, parking d’une station service, la voiture qui nous suit se colle à notre droite. La portière, arrachée des mains d’Agnès par un vent de furie vient chatouiller la tôle et marquer la peinture. La conductrice n’a rien senti, mais dans sa grande honnêteté, Agnès l’en informe. Dialogue difficile avec le couple Néerlandais. Monsieur est bougon : « c’est dramatique !! », Madame est plus aimable et Agnès négocie à 100€. Belle performance et beau début de voyage….
Immensité du port d’Anvers où sans GPS, jamais nous ne trouverions le poste de police pour le contrôle de sortie « Schengen ». Le fonctionnaire, aimable, s’excuse pour l’attente et nous remet le document ad hoc. Nous voilà transformés en matelots !!

Il nous expliquera ensuite, très sympa et en me tutoyant à la flamande, comment gagner le quai 1333 où nous embarquerons. C’est à 7km….
Grilles franchies, le « Grande America » est bien là, face aux piles de containers. Cargo mixte containers et Ro/Ro (Roll in / Roll out) de 230m et 56 000 tonnes, les traces de rouille accusent bien ses 20 ans.


A la rampe, le responsable du chargement (nous apprendrons plus tard qu’il s’agit du second, mais en casque et salopette, difficile de savoir) nous confie à un jeune « cameriere » pour nous guider et monter nos bagages à bord. Le véhicule devra rester à quai jusqu’à demain.
Découverte de notre cabine. Pas de grosse surprise : Un peu plus grande qu’imaginé, mais sans frigo ni bureau. Pour la propreté nous dirons : « gros potentiel de progrès ».

Un matelot philippin nous fait visiter la zone de vie du navire, commente et fait signer les consignes de sécurité. Les repas seront pris dans le mess des officiers, l’équipage ayant son propre réfectoire.

Le soir, dans le salon des passagers, le commandant vient nous souhaiter la bienvenue. Nous apprécions.
Nous apprendrons, sans en connaitre la raison, que le départ n’aura pas lieu samedi mais dimanche midi et que nous embarquerons le véhicule le matin du départ. Un long weekend, donc, pour prendre nos marques. Pourquoi nous avoir fait venir si tôt ? Peut être aurions dû nous faire confirmer, une fois de plus, juste avant le départ.
Dimanche 22- mercredi 25
Equipage de 27 hommes : Commandant italien, second roumain, encadrement italien, matelots philippins et italiens, la langue officielle est l’anglais. Au mess, le protocole est rigide : officiers à une table, aspirants à une autre, peu de conversations et repas vite avalés, le serveur philippin est sur le qui vive. Quand le commandant a terminé, tout les officiers quittent la table…. Repas à 7h30, 12h et 18h, pour nous, c’est le régime « maison de retraite »…
Les passagers sont à des tables spécifiques, un jeune « cameriere » italien, Alfredo, qui vient de prendre ses fonctions à bord, assure notre service, rapidement cadré par le commandant qui veille à ce que nous ayons une bonne prestation. Quand il lui ordonnera de nous servir un quart de vin à chaque repas, Alfredo insistera pour que nous emmenions en cabine les bouteilles non consommées : « Il commandante a detto che dovete avere una bottiglia per pranzo… ».
Alfreddo est « bien brave… », mais plein de bonne volonté. Chargé aussi de l’entretien de nos cabines, il nous occasionnera de joyeux moments avec notre compagnon de table, Davide, un motard italien qui part en ballade avant un stage d’œnologie dans une exploitation argentine.
Moins gai : les conditions d’emploi à bord sont sévères : Le serveur est en CDD, renouvelé à chaque rotation. Si, au retour, il n’y a pas de passagers, il ne sera pas payé pour cette traversée. L’équipage n’est pas dédié à une ligne (Amérique du sud, Afrique ou autre), un changement de navire après un tour d’opération signifie un changement de ligne. Quand je demanderai au second quelle ligne il préfère, sa réponse sera immédiate : celle par avion pour Bucarest et rentrer à la maison…
Le cuistot est italien, ça se ressent. Menu type : pasta, poisson et viande, salade, fruits. Grosses portions et pas vraiment gastronomique, nous allons faire du lard… On utilisera la salle de gym, rustique, pour tenter de compenser. Nous attaquons nos exercices d’espagnol, puis varions les plaisirs en admirant la dextérité des grutiers qui chargent les containers, ou des chauffeurs qui embarquent toutes sortes de véhicules, de la voiture neuve aux camions d’occasion, en passant par les engins de chantier. Le Ford est toujours sur le quai.
Nous le conduirons à bord, en dernier semble-t-il, samedi après midi. Aucun contrôle, ni dimensionnel, ni contenu. Si j’aurais su, comme disait p’tit Gibus, j’aurais fait le plein de GPL, pour nous épargner les futures recherches de station en Uruguay. Je n’aurais pas, non plus et pour 20 cm de trop, démonté le coffre extérieur afin de rester dans le tarif….

Le hangar est loin d’être plein, l’équipage aura le temps d’arrimer le pick up avant le départ.
Midi, deux remorqueurs nous décollent du quai. L’un deux nous accompagnera dans le sas de sortie, maintenant l’arrière pour résister au vent latéral…

Ce port est vraiment gigantesque et semble encore en croissance : le sas est récent. Il permet, par un dispositif de deux ponts basculants fonctionnant en opposition, de maintenir en permanence la circulation automobile entre les diverses parties du port.

Sas franchi, nous passons en revue des enfilades de grues qui chargent et déchargent les portes conteneurs venus du monde entier, avant de pivoter vers la Schelde dont nous remonterons, déjà en Hollande, l’estuaire sur 75 km.

A la tombée de la nuit, nous serons en Manche et longerons les alignements d’éoliennes marines signalées par leurs feux rouges clignotants.
Mer calme, malgré le vent, nous nous réveillerons amarrés en bord de Tamise pour charger des véhicules à destination de Dakar. Grimaldi est en effet la 1° compagnie mondiale pour les navires Ro-Ro. La zone d’embarquement à Tilbury est vieillote. A 40 mn de Londres, le « Terminal international pour les croisières » a dû voir Kipling s’embarquer pour les Indes…

Il n’en reste pas moins qu’on voit ici, comme à Anvers, des dizaines d’éoliennes. Dans le lointain, Dartford bridge, où l’on a pu, lors de voyages vers Northampton, profiter de bouchons très réussis…
Déchargement de bois africain et chargement de véhicules. Quand nous nous étonnerons de l’embarquement de véhicules avec conduite à droite, le second, décidément blasé, nous expliquera : à Dakar ils prennent tout; conduite à droite, à gauche, au milieu….
A deux heures du matin, mardi, le navire a changé d’amarrage pour accoster aux quais de transit de containers. Plus moderne mais rien à voir avec la sophistication d’Anvers. Le déchargement se termine dans la matinée
A 14h, le pilote embarque, puis deux remorqueurs nous écartent du quai avant de nous faire effectuer, dans une belle synchronisation, un demi tour au milieu du fleuve. On passe devant le terminal croisières, de toute évidence encore en service, et redescendons l’estuaire de la Tamise.
Arrivés en mer nous dépassons un parc d éoliennes, puis cap sur Hambourg.
Toute la journée de mercredi, nous remontons la côte hollandaise dont nous distinguons par moment le chapelet d’iles qui la bordent. Avec l’arrivée du soleil, le pont supérieur sèchera vite, permettant une séance de marche rapide.

Sur le bord opposé, des centaines d’éoliennes…. Il est clair que ni la Hollande, ni l’Angleterre, ni l’Allemagne, n’ont subi la pression du lobby électro nucléaire qui fait la loi en France, et a freiné le développement des énergies alternatives.
Arrivée prévue cette nuit, à Hambourg, où l’escale sera de deux jours, nous espérons pouvoir aller à terre. Au passage, lancinante question : pourquoi avons-nous dû embarquer à Anvers et passer une semaine de plus à bord, nous éloignant du but, alors qu’un groupe d’allemands doit embarquer à Hambourg ?
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