Vendredi 15 décembre. Jour 22

Nous poursuivons toujours plein sud sur la route N°3, jusqu’à Rio Gallagos. Ville sans grand intérêt, assez active cependant, difficile de s’y garer. Un commerçant, fort obligeant, nous propose sa cour pendant que nous partons en chasse d’une connexion internet. On essaye deux cafés, qui ont bien la wifi, mais dont l’accès internet ne fonctionne pas, et on laisse tomber, on a du boulot : il faut cuisiner tout ce qui peut l’être, les produits frais étant bloqués à l’entrée au Chili. Nous  laissons le reste à la boutique qui nous a accueillis, et la commerçante nous en remerciera avec effusions… ça ne m’empêchera pas, au prochain apéro, de regretter mon saucisson lâchement abandonné en cours de route.

Pourquoi passer au Chili ? Pour tout ceux qui n’ont pas la carte de la Patagonie en tête, on précisera que, lors de négociations avec le Chili en 1843, la Terre de feu a été comme sectionnée par une frontière Nord/ Sud rectiligne purement artificielle, au niveau de l’entrée atlantique du détroit de Magellan, la partie est, capitale Ushuaia, attribuée à l’Argentine, sans communication terrestre avec le reste du pays, l’ouest étant chilien. Pour atteindre Ushuaia, il faut donc passer la frontière chilienne à Monte Aymond , puis traverser le détroit de Magellan et de nouveau, la frontière.  Bien plus tard, en 1978, et suite à un conflit avec le Chili tranché par référendum, les îles au sud du canal de Beagle lui furent concédées.

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Peu avant la frontière, nous faisons un saut à Laguna Azul, petit lac de volcan avec un double cratère. Nous y retrouverons nos hollandais. Ils comptent y rester, pour consommer toutes leurs réserves. A quoi tiennent les programmes de voyage !

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Alentour, des espèces de fleurs qui nous sont inconnues.

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Nous entamons la « route du bout du monde », et atteignons la frontière.

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Les formalités y sont expédiées en ½ h : dans un même local, 4 guichets, police et douanes pour chaque pays, on passe de l’un à l’autre et  le ticket de suivi s’enrichit d’un coup de tampon à chaque guichet.  Dernière obligation : la visite du véhicule pour  le contrôle sanitaire, expédiée rapidement.

Arrivés au bac, nous sommes chanceux, la queue est courte (pas pour les camions) et le bac arrive très vite.

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Nous embarquons à 17h  pour une traversée de moins de 30 mn, paiement à bord, avec un taux de change très désavantageux lorsqu’on paye en monnaie argentine, mais comme il n’y a pas de banques entre la frontière et le détroit, ils savent ce qu’ils font. Le prix reste cependant raisonnable :35€ pour un camping car. Du bac, accompagnés par des dauphins de Comerson, nous apercevons l’entrée du détroit, côté Atlantique.

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Nous ferons halte pour le plein de carburant à la première bourgade,  Cerro Sombrero, trou intégral mais où pullulent les pick ups des sous traitants de l’exploitation pétrolière. En sortie de station, inattendu, nous serons abordés par un français, surpris d’y trouver notre cellule Touareg. Présentations faites, il s’agit d’un couple breton, les Vicogne, qui voyagent dans une cellule identique, montée sur un pick up Isuzu par les frères Jaillot, quelques semaines avant la nôtre !

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Nous prendrons naturellement l’apéro (un peu maigre, la cambuse est vide) pour partager nos expériences et découvrirons que nous avons eu des démarches parallèles : nous avons, à la même époque, testés nos véhicules en Islande !!

Cerro Sombrero, donc, est un trou, mai possède un petit camping et surtout une bibliothèque équipée d’un serveur fonctionnant en permanence. Garés tout contre, on aura l’accès internet toute la nuit, on blogue, le rêve….

Km 327  Total   5441

S 52° 46’ 27.5’’   W 69° 17’ 13.7’’

Samedi 16 décembre. Jour 23

Traversée bien monotone de  la partie chilienne de la Terre de feu.

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La steppe, qui jusque là présentait un tapis de broussailles persistantes en mélange avec des graminées est maintenant rase, on y voit encore des moutons, quelques guanacos, mais moins fréquemment, et des oies, dans les zones humides.

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Frontière au milieu de nulle part, avec un grand nombre de voitures venant d’Ushuaia. De notre côté, nous sommes seuls. C’est moins bien organisé qu’à l’entrée, les flux entrants et sortants aux mêmes guichets. Il nous faudra  45 mn  côté Chilien, et 15km plus loin, 15mn côté  Argentin.

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Arrivés à  Rio Grande, grande ville plaisante en bord de mer, siège d’une grosse base militaire, avec de nombreux commerces et supermarchés, nous nous réapprovisionnons. La région est devenue un haut lieu de la pêche à la mouche, suite à l’introduction de plusieurs variétés de truites par un américain, dans les années 30, mais nous ne savons pas attraper les mouches….

L’après midi, direction Ushuai. Pas de problème de navigation, c’est tout droit, par la  RN3. Après Punta Maria l’environnement évolue : L’altitude s’élève (raisonnablement, on ne dépasse pas 400m..) et nous rencontrons les premiers arbres après plus de 3000km. Etrange cependant, la proportion d’arbres morts est considérable, de très nombreux sont couverts de barbes de lichen, le tout  prend  un aspect lugubre.

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Nous cherchons l’Estancia Rolito, sur la «  route complémentaire A » et y parvenons après 14km d’une très jolie piste à travers la forêt.

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Petite, elle semble déserte, jusqu’à ce que nous trouvions deux personnes en train de s’activer dans un potager, derrière le bâtiment principal. La charmante propriétaire, dans un excellent français, confirme qu’ils fonctionnent bien comme un gîte, regrette de ne pouvoir nous recevoir pour dîner, la cuisinière étant de repos, mais accepte que nous y passions la nuit. De notre conversation, nous retiendrons que les espèces endémiques, proches du hêtre, ne parviennent pas à s’ancrer dans un sol dont la couche d’humus est peu profonde et sont arrachés par le vent, sans que les lichens ne contribuent à ce phénomène.

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Face à notre étonnement de voir à nouveau des vaches dans les pâturages, elle nous expliquera que, comme la plupart des « estancieros », ils ont dû renoncer à l’élevage des moutons en raison des pertes dues aux chiens errants. A l’entrée de l’estancia, nous remarquerons un panneau invitant à protéger les chiens qui protègent les troupeaux des attaques de chiens. Qui à dit « la vie est ironique ? »

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Belle nuit, 6/13° et vent de folie.

Km 301 Total 5742

S 54° 17’ 3.8’’  W 67° 3’ 17.5’’

Dimanche 17 décembre. Jour 24

A la descente, halte devant un groupe de ces autels qui jalonnent toutes les routes en Argentine. Il s’agit de la manifestation visible de la vénération dont témoignent les argentins pour « Gauchito Gil », jeune déserteur durant la guerre qui opposait, après l’indépendance, les fédéralistes aux constitutionnalistes sur le grave sujet des institutions (fédération de provinces égales ou nation jacobine dirigée de et par Buenos Aires ?) Gauchito Gil, donc, version locale de Robin des bois, rançonnait les riches pour donner aux pauvres. Capturé, son exécution donna lieu à un miracle. (T’as vu, Paulo, il y a des Gil partout. On va t’offrir une panoplie de gaucho pour Noël.)

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Nous atteignons, par une longue piste, le Lago Yehuin. Bel endroit, désert, avec nos premiers sommets enneigés dans le lointain.

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A Tolhuin , nous recroisons les  Vicogne, dans la cafeteria de la station YPF, hâvre des accros d’internet.

Pique nique à Puente Yuco  sur le lac Fagnano, puis  Route 3 par le col  Garibaldi (400m !). Nous nous engageons sur la route 18 le long du canal de Beagle, chargeons une jeune stoppeuse qui s’est faite larguer par son jules au croisement vers Puerto Almenza, (l’infâme salaud), dépassons l’ estancia Harberton, croisons plus loin le jules qui réembarque sa copine. On n’aura pas tout compris, mais conclu : l’Argentin n’est pas qu’un danseur de tango, il a aussi le sang chaud…

Le canal de Beagle est somptueux. Bivouac à 10km de l’estancia Moat, en bord de piste.

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S 54° 56’ 29.2’’   W 66° 52’ 59.4’’

Lever du soleil 4h43.  Coucher 22h03  5°/14°

287km Total 6029

2 commentaires pour “2017 12 19 Tierra del Fuego 1

  1. francois groll le 20 décembre 2017 à 18 h 49 min a posté:

    En route vers la fin du monde : un beau programme qui ne cesse d’inspirer homo sapiens ;un bon point : il a eu la sagesse d’inventer Noel et la résurrection , au cas où. ..Faites gaffe quand même à ne pas tomber quand vous serez au bout du bout.
    Les oripeaux qui pendouillent pres du memorial de Gauchito Gil me font penser à ceux que j’avais vus à un oratoire pres de la mare à Goriaux (Je ne sais pas si ca existe encore)
    En tous cas le robin des bois austral a déjà ses boules de Noel à sapin bien en main : pour ca il n’est pas gaucher.
    Bises

  2. Clem et Paul le 25 décembre 2017 à 20 h 41 min a posté:

    Alors pour le costume de gaucho, va falloir prévoir la perruque avec… Ou alors il se laisse pousser les cheveux d’ici à votre retour. J’hésite.
    Sinon les photos sont vraiment très magnifiques! On est très jaloux.
    Plein de bisous.

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