Lundi 30 octobre – vendredi 3 novembre

17h, en vue du port de Setubal, la vedette arrive à grande vitesse, contourne par l’arrière et vient se coller au flanc du bateau. Echelle déroulée, le pilote grimpe à bord.

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Quand nous pénétrons dans l’avant port, un remorqueur se place à l’arrière, son équipage récupère le filin qui permettra de tracter l’aussière jusqu’au bateau.

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Le remorqueur nous accompagnera jusqu’au quai et nous fera pivoter pour accoster sur l’autre bord. Sur le quai, les files de voitures sont prêtes pour l’embarquement, qui débute dès la rampe abaissée.

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De notre côté, nous sommes tous partants pour une bordée à terre. Une vingtaine de minutes de marche et nous sommes au cœur de cette jolie ville, aux rues étroites pavées de blanc. Première gorgée de bière fraiche et connexion internet, le temps s’écoule vite. Matthias a réservé un restau, smartphone aidant, où nous apprécierons un plat de « baccalhau a tasca » (sauce oignons et poivrons à l’huile, d’olive naturellement). On aurait aimé un peu plus de baccalhau et moins de « tasca », mais le vinho verde nous rend bienveillants…

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Retour à bord à 22h30,  le déchargement des voitures, essentiellement des Renault neuves destinées, on l’imagine, au Portugal est terminé. Le chargement des deux cent Fiat neuves à destination de  Zarate est encore en cours, elles ont été déposées à Setubal par un autre navire de la Grimaldi en provenance d’Italie.  Départ dans la nuit.

Nous dépassons le détroit de Gibraltar, longeons les côtes du Maroc et passons dans la soirée de mercredi entre les iles de Teneriffe et de Las Palmas, de vrais arbres de Noël dont les lumières resteront visibles plusieurs heures. Beaucoup moins de trafic que dans la Manche, où une dizaine de navires étaient visibles en permanence, mais l’océan n’est pas vide.

Faute de bateaux, on observe la formation de l’écume sur la crête des vagues, on s’étonne de l’envol de dizaine de poissons minuscules qui planent sur quelques mètres avant de replonger dans un léger jaillissement, on s’interroge sur le couple de passereaux qui se promène sur le pont. Sont-ils hôtes permanents, passagers clandestins pour un seul voyage, ou font-ils une petite halte ?  Questions existentielles qui occupent le passager oisif.

Question plus importante qui préoccupe notre microcosme : comment sera le jeune passager qui doit embarquer à Dakar ? Nous ne savons de lui que son prénom : Antoine. Davide qui a des idées simples prononcera un jugement définitif : « Con questo nome, è gay, o francese… » Et oui, faute d’ouverture sur le monde, sans infos de l’extérieur, et limités par les contraintes linguistiques, nos débats sont pauvrets.

Le temps est maintenant au beau fixe, il fait chaud dans les coursives. On a sorti les fauteuils et la bronzette a des amateurs

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Les repas jalonnent les journées, nous les faisons durer en retrouvant, pour ceux qui l’ont été, des âmes de pensionnaires. Le vin, pas fameux mais en abondance grâce aux consignes du capitaine, est mis de côté. Il nous permet de préparer une sangria que nous partagerons à l’apéro, pour fêter l’arrivée à Dakar. Pour l’ordinaire, notre  Ventaillac « Cuvée des amis »  permettra d’assurer. A noter, au passage, que tout l’équipage est au régime sec, pas une bouteille de vin à la table des officiers.

Agnès a initié Alfredo aux joies du Rummi cub, on sent qu’il veut devenir un maitre et prendrait bien le rythme d’une partie quotidienne.

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On s’approche de Dakar ; le second informe Davide que, n’étant pas en mesure de contrôler les flux des dockers dans les garages, il est préférable qu’il mette à l’abri tout ce qui n’est pas fixé sur sa moto. Afin  de lui éviter des va et vient entre les ponts, nos véhicules étant au pont 6 et nos cabines six ponts plus haut, nous stockons ses sacoches et son matériel dans notre cellule.

Sous pilote automatique, la présence humaine dans la passerelle ne semble que de principe et nous en profitons pour une petite visite. Et pour répondre à Jean François, si il y a un sextant à bord, il doit être bien planqué…

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La passerelle se remplira ce soir, pour la manœuvre d’entrée à Dakar, arrivée prévue à 23h.

 

Samedi 04 novembre

Réveil à Dakar. Le quai est juste à l’entrée du port et le soleil se lève sur l’île de Gorée.

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Quelques minutes d’incompréhension, nous la pensions en pleine mer, à l’ouest donc. OSM aidant, nous réaliserons que Gorée est située à l’intérieur de l’anse formée par la presqu’ile en forme de bec de rapace, à l’extrémité du quel se trouve le port de Dakar. Plein est donc, par rapport à notre amarrage.

Du pont, vue sur les quais où s’entassent des engins de tous types et de tous âges, certains ne rouleront vraisemblablement plus, et sur le centre ville tout proche.

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Déjà de l’agitation dans les coursives. Nous pouvons descendre en ville, mais devons auparavant déplacer nos véhicules pour libérer le passage. Un peu laborieux car, fait inhabituel, les accès à tous les ponts sont cadenassés et nous nous tapons quelques volées de marches bien raides, l’ascenseur ne s’arrêtant pas à tous les ponts, pour trouver le matelot qui trouvera le bon jeu de clés (et pas du 1° coup…)

Nous pensions pouvoir enfin sortir, une fois enregistrés à la rampe et munis des autorisations mais, là, on nous informe qu’il faut un gilet fluo et un casque pour circuler dans le port. Re-escalier, re-ascenseur surchauffé et re-cadenas. Au passage on note que le second a placé un vigile local à côté de nos véhicules, avec consignes de fermeté : si quelqu’un s’approche…. et un signe du pouce en travers de la gorge. La confiance règne….

On quitte enfin le bateau par la rampe, les dockers sont nombreux, très nombreux, et traversons les 100m qui nous mènent au poste de garde de la 1° enceinte. Les rôles sont inversés, ce n’est plus Davide qui fait l’interprète : en Afrique francophone, nous reprenons notre rang… Sympas, les vigiles acceptent de garder nos casques jusqu’à notre retour.

Un peu de temps perdu à se décider sur le programme, à dix de 4 nationalités ça n’est pas évident, puis à faire quelques détours pour trouver un bureau de change. Beaucoup de circulation, des conducteurs pleins d’initiatives hardies, de trottoirs fatigués, et déjà, la chaleur, nous font renoncer à aller plus avant en ville et à privilégier l’excursion à Gorée. On trouve facilement le point d’entrée de la gare maritime, en nous fiant  aux indications qui nous sont, toujours courtoisement, fournies par les divers vigiles, militaires ou policiers qui veillent aux entrées du port. A la sortie de la 2° enceinte par contre, la vigilance semble relâchée..

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A la gare maritime, un guide « officiel » nous aborde et nous propose ses services. Contrairement à ce qu’on nous avait indiqué, la courtoisie n’étant pas une garantie d’exactitude, les navettes partent toutes les heures et pas toutes les 15mn. On attendra donc dans la salle d’attente en cherchant la connexion internet. Poussive, elle ne nous permettra que de recevoir des messages sans pouvoir faire mieux. Il faudra attendre, au mieux, Vittoria, et plus probablement, Rio, pour émettre.

Sur la vedette, Davide se fait une amie.

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Traversée rapide, l’île n’est qu’à 2500m du port et ses dimensions surprennent. Le guide sera précis : 900m sur 300m.

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Difficile de se représenter les lieux où, en 350 ans, des millions de personnes ont été regroupées ici avant d’être déportées aux Antilles, au Brésil, en Uruguay et aux Etats-Unis. De 20 à 25 millions d’individus, choisis jeunes et vigoureux furent raflés par les négriers, entassés  sur les navires de « traite » et expédiés au nouveau monde depuis les divers comptoirs africains. Les conditions effroyables au cours de ces transports auraient causé la mort de 5 à 6 millions de personnes alors que ce commerce triangulaire entre l’Europe, l’Afrique et les Amériques aura enrichi les armateurs et les ports européens, en asséchant les forces vives de l’ouest africain.

Les efforts des autorités locales et de l’Unesco pour faire de Gorée, via un mémorial et  la « Maison des esclaves », un symbole de ces drames sont méritoires, mais insuffisants pour endiguer les désirs insouciants des touristes ou habitants de Dakar qui viennent y rechercher l’ombre des ruelles, la couleur locale, le plaisir de la plage ou la relative fraicheur des terrasses de restaurant. Et bien sûr négocier âprement les babioles proposées par les nombreuses vendeuses.

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Au sommet de l’île, un canon jumelé de 240 mm fabriqué au début du siècle dernier, fortifié sous Vichy. Il n’aura servi qu’une fois, lors de la prise de Dakar par les anglais en 1940, et est surtout connu pour avoir été utilisé pour le tournage des « Canons de Navarone », notre guide dixit. (J’ai un gros doute, vu son état, et mes souvenirs du film)

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Retour rapide au navire, un message du second nous signale que le départ a été avancé. En fait nous ne partirons que 3heures plus tard : il n’y aurait qu’un seul pilote pour tous les mouvements de navire ! Dans notre cas, on se demande à quoi il aura servi. La manœuvre semble si simple, après le décollement du quai par les propulseurs latéraux. Avec, à 5 pas, le second prêt à prendre le commandement en cas de malaise du patron, celui-ci, manifestement excédé, lancera peu d’ordres : Barre à gauche, puis 90° à droite et nous voilà sortis du  port. Dès les balises franchies, avant d’enquiller le chenal, le pilote est débarqué

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2 commentaires pour “2017 11 15 Setubal – Dakar

  1. Salut les matelots
    Nous voyons que vous êtes cool,vous ne trouvez pas trop le temps long?
    Nous nous sommes en Californie sur Big sur
    On remonte vers l Alaska pour y être en juin
    Puis le Mexique et l Amérique du sud
    Peux être on se croisera
    Bisous à vous 2
    Jésus et veronique

  2. Francois le 18 novembre 2017 à 21 h 14 min a posté:

    Y a bon banania !

    ouf , vous voila

    Gorée : #balancetonport ! C’est le tweet que les esclaves auraient envoyé s’ils avaient eu accés à internet ; manifestement c’est plus le Sénégal des Martin Circus (où on s’éclate) que vous avez vu qu’un lieu de mémoire pour repentants invétérés.
    A +
    François

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