Rio de Janeiro-Zárate

Lundi 13 novembre

Tout le monde sur le pont, naturellement, pour l’entrée, un peu avant midi, dans la baie de Rio. Un large goulet marqué par un fortin à main droite (je n’ose écrire à tribord, bien qu’ayant été baptisé « Marinero » par Neptune, pour ne pas frimer) et, très vite, sur la gauche, le « pain de sucre ». Le vent, jusque là violent, se transforme en brise bien agréable et le bateau cesse de rouler. Nous sommes à l’abri dans la rade, vaste plan d’eau  autour duquel s’est développée la ville. A l’arrière plan le viaduc « Presidente Costa Silva », que nous ne franchirons pas, en relie les deux rives, par l’est.

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Le môle Ro-Ro se trouve en effet à l’ouest de la baie, sitôt passés l’aéroport Santos Dumont, dont les pistes si courtes semblent condamner les avions à rincer leur train d’atterrissage, admiré le  splendide « Museu do Amanhà » , nef translucide qui pointe vers la mer, oubliées les constructions curieuses dont le géniteur, lui, devait être un ancien de Disneyland  et glissé devant le port militaire où le gris des coques masque les couleurs des entrepôts rénovés.

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A quai, enfin et, dans le fond, si, si, regardez bien, tout en haut, le « Corcovado », bénissant le tout.

Amarrage donc, au môle Ro-Ro pour y charger des véhicules Fiat, avec la vision habituelle de parcs gigantesques. Par ces flux croisés à l’échelle du globe, on touche là vraiment, physiquement, le poids de l’industrie automobile dans l’économie mondiale.. .

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N’ayant qu’une demi journée pour la découverte de cette ville de 15 millions d’habitants, nous avons limité nos ambitions et serons pris en charge par un guide, procuré par l’agent Grimaldi local (à nos frais, bien sûr, 50€ par personne, il accepte toutes les monnaies), qui nous amènera, minibus aidant, jusqu’aux « incontournables »

- L’ « Escadaria Selaron », du nom de l’artiste chilien qui l’a décoré, est un escalier de 215 marches qui monte de la rue Joaquim Silva, dans le quartier populaire de Lapa. Les marches, ainsi que les murs des maisons qui le bordent, sont recouvertes de mosaïques très colorées, où les curieux pourront retrouver des échantillons de leurs productions nationales.

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Antoine nous quittera au pied de l’escalier, pour continuer son chemin, deux bises et une recommandation qui s’imposait « Téléphone à tes parents… ». Nous aurons eu beaucoup de plaisir à faire sa connaissance.

- La  « Catedral Metropolitana », qui peut accueillir 25 000 fidèles, dont 5000 assis, doit être visitée pour la beauté de ses vitraux et l’audace de son architecture interne. De l’extérieur, hideux et monumental pain de sucre, elle ne mérite cependant pas nos clowneries. On a des excuses, on est resté trop longtemps cloitrés, et le guide montre le mauvais exemple, après avoir fait poser sa petite camarade devant ladite cathédrale…

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- Inattendu, ensuite, deux rangées de gradins de près de 500m de long, face à face, à moins de 50m qui, eux, ne méritent pas la photo : Il s’agit du « Sambodromo » enceinte de 30 000 places où se déroule la compétition entre les écoles de samba, lors du carnaval. 12 « écoles » de 4 à 5000  membres chacune, vont y défiler en deux jours dans un spectacle où les places sont chères : Les premiers rangs sont à  1000$, les loges « business » à 42 000$ !  A moins de 100$, on est tout en haut. Actuellement vide, seules 2 à 3 stands présentent des pauvres échantillons de costumes qui ne nous retiendront que quelques minutes.

Nous sommes pressés d’entamer la longue montée vers le « Corcovado », par un raccourci de ruelles pavées surplombant les favellas, où l’on a peine à se croiser,  puis par une route traversant une zone plus résidentielle, avant d’abandonner le minibus pour des navettes desservant le piton que surplombe ce crucifix gigantesque.

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De là, vue sublime…

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Sublime ,si on arrive à oublier les couillons indestructibles qui prennent des poses bizarres ( Je ne devrai pas donner de leçons, cf plus haut), ou recherchent des angles inédits devant le Jésus, qui en a vu d’autres..

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On négligera le téléphérique vers le « pain de sucre », de là haut la vue doit faire pâle figure par rapport à ce qu’on vient d’encaisser, et on commence à avoir soif. Restau sur Copacabana, il fait frisquet et il est un peu tard pour profiter du spectacle des cariocas aux corps de rêve.

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Et comme on n’est pas du genre à photographier nos assiettes (de plus, mon appareil est HS, le boitier ne détecte plus les objectifs et les photos, depuis Vittoria, sont dues à la gentillesse de Mattias), on dira seulement que les « Caipirinhas » sont à la hauteur de leur réputation et que le principe de ce restaurant est limpide :  Après un buffet d’entrées, chacun dispose d’un jeton : face verte visible, les serveurs alimentent en continu en viandes diverses, saucisses et abats, grillés sur de longues piques et débités directement dans l’assiette ; face orange, on déclare forfait. Cela nous change des steaks extra minces et super cuits du bateau.

Retour à la nuit au bateau, lente traversée de la baie illuminée, la mer à 2h du matin , cap sur Santos, et une petite, pour la route…

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Mardi 14 novembre – vendredi 17

En vue de Santos vers 15h. Face à la ville, qui se déploie le long de ses plages, près de 30 navires à l’ancre. Mauvaise nouvelle, il faut attendre, et jeter l’ancre.

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Le lendemain, toujours pas de place et on restera sur place, toute la journée, par 39° à l’ombre. A l’arrêt, la clim fonctionne mal et il fait chaud partout. Les heures s’étirent mais nous sommes excités par la perspective de descendre à terre, accostage prévu dans la nuit de mercredi.

8h, jeudi, nous sommes à quai. Il s’agit d’un port « fluvial », situé à 10km de la côte, encaissé comme celui de Vittoria, avec une rive urbanisée et industrielle et l’autre marécageuse. Tout le monde est prêt pour aller à terre, mais… il ne se passe rien. Nous comprendrons, dans la matinée, qu’il y a eu un problème de communication avec un des jeunes officiers et que, non informé de notre souhait, le second n’a pas fait préparer les documents nécessaires. Il est alors trop tard pour le faire, le bateau repartant à 13h. On fulmine ! On  se consolera (vite dit ! ) dans l’observation des prouesses des grutiers. On s’inquiète aussi pour les dockers chargés, à l’avant, de manipuler les clavettes solidarisant les containers, et à terre de les élinguer, avec leurs  acrobaties osées, ils exercent un métier  bien périlleux et sont à la merci d’une mauvaise communication entre le grutier, qui travaille en fin de course sans voir sa charge, et celui qui le guide, par radio ou par gestes. A la poupe, déchargement de Mercédès, chargement de Fiat, puis de pelles mécaniques et de bulldozers.

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Petite distraction au déjeuner : Le commandant, en civil pour une fois, nous présente sa femme, une pulpeuse brésilienne, au dos nu vertigineux, et sa fille d’environ 6 ans, montées à bord pour la journée et qui, naturellement, déjeuneront à sa table. Côté maisons de retraite (nous, les passagers…), on imagine les calculs : Il a 49 ans, elle en a moins de 35, leur fille a 6 ans, bla bla bla, bla bla bla.. Pas de photos, on n’est pas dans Gala.

A la table du commandant, les officiers, eux,  ont le nez dans leurs tortellini. Un regard concupiscent et c’est une carrière brisée…

La petite famille ne descendra que vers 17h, départ une fois encore bien plus tardif que prévu (est ce un coup du commandant ?), une deuxième journée perdue, et toujours pas de liaisons vers l’extérieur. Nous reportons nos espoirs sur Paranagua, 180km à 25km/h, nous y serons vite.

En descendant le fleuve, invalidation de mon jugement  de Vittoria sur l’urbanisme : les favellas, en bord d’estuaire, sont aussi horizontales, et lacustres…Pas de photos, hélas, mon fournisseur est en rupture…

Paranagua vendredi, même profil de port d’estuaire, à l’embouchure celui là. Quais minéraliers, céréaliers, terminal containers…Peu à en dire, sinon que, prêts à 9h, nous descendrons à terre à 13h..En attendant, sempiternel mouvements de containers, débarquement de véhicules VW et Audi, embarquement de …on ne sait pas, on était partis. Embarqués par deux représentants de Grimaldi, près d’une heure d’attente à nouveau pour des formalités policières d’enregistrement (même les passagers qui ne vont pas en ville ont dû descendre pour cela !), et nous nous lançons en chasse d’un cyber café, dans cette ville dont la pauvreté saute aux yeux et où toutes les maisons sont barricadées (grilles aux fenêtres et fils électriques sur le faîte des murs)

Joies simples, devant un énorme café glacé bourré de crème fouettée, de renouer contact avec le monde, d’échanger avec les enfants via What’s ap , de mettre à jour le blog et satisfaction de pouvoir régler, à distance, quelques problèmes pratiques : La BNP a mis plus de trois semaines, pour une sombre histoire de commissions,  pour effectuer le virement au bénéfice de Allianz Argentina visant à assurer le véhicule. L’assureur, qui avait délivré par avance l’attestation indispensable pour débarquer, s’inquiétait….

Retour à bord à 18h, départ dans la nuit.

Après 3 jours de mer, et passé Montevideo dans la nuit, notre destination finale (!!), le navire s’engage dans le Rio de la Plata. Finies les eaux bleues de la haute mer, les affluents charrient des limons qui donnent au fleuve une teinte brune peu engageante.  A bâbord (j’y suis venu..) à une dizaine de kilomètres du chenal, la côte argentine et Buenos Aires qui déploie ses tours sur des kilomètres. Sur l’autre bord, la côte uruguayenne est si éloignée qu’on la distingue à peine. Nous nous enfonçons, droit au nord, à l’extrémité de l’estuaire, dans le rio parana, un des nombreux  affluents qui drainent cette immense Camargue, que nous remonterons sur près de 40 km.  A 30 m de haut, nous en surplombons les rives et les mangroves nous paraissent bien proches.

Progressivement la rive gauche s’urbanise, s’industrialise, et, après un dernier méandre négocié avec maestria par ce navire de plus de 200m, nous passons sous le viaduc qui marque l’entrée de Zarate. Demi-tour traditionnel et amarrage au terminal, ce mardi , vers 14h. Plus de 20 000 véhicules, à la grosse, sont déjà parqués dans la zone sous douane, dont une trentaine de camions de pompiers fatigués importés d’Europe (  il doit y avoir un filon, autant de véhicules de collection dont de nombreuses Jaguar E, et , parmi ces bijoux qui l’aurait imaginé, une 2CV Dyane rutilante, puis des de milliers de véhicules neufs, en rangées impressionnantes. Le « Grande America » en débarquera 3300 en 36 heures.

Départ prévu jeudi matin, arrivée à Montevideo, terme de notre traversée de 34 jours, le vendredi 24.

8 commentaires pour “2017 11 22 Rio de Janeiro – Zarate

  1. Francis & Corinne le 22 novembre 2017 à 22 h 24 min a posté:

    Kikou les baroudeurs, je vois qu’on arrive à destination. Ta description de Rio m’a fait pensé à mes séjours passés à Sao Paulo où j’ai connu les mêmes restos à la pancarte verte qui doit être retournée si tu veux qu’ils arrêtent de te servir en bidoche. Idem les caïpirinhas excellents que j’ai eu l’occasion de gouter.

    Bonne suite les baroudeurs … Bisous des chtis.

    Francis et Corinne

  2. jeannette le 22 novembre 2017 à 23 h 35 min a posté:

    « Si tu vas à Rio …… n’oublie pas de monter là haut  » Cette chanson de Dario Moreno a rythmé mon enfance ……( c’est si loin ) et je la fredonne en lisant votre récit .
    C’est toujours avec la même curiosité et la même admiration que nous avons suivi votre traversée . Bernard a ressorti son Atlas et moi mes souvenirs des cours d’ Histoire : Dakar , les négriers , les déportés … tant de cruauté , de souffrance et d’inhumanité .
    Nous espérons qu’ à l’arrivée à Montévidéo , vous allez récupérer un appareil photo capable de nous faire partager ces paysages que nous ne découvrirons jamais . Le manque d’audace , l’âge , certainement un tempérament peu nomade , font que nous ne voyageons hors de l’ Europe que par procuration … et ça ne risque pas de s’améliorer : lundi prochain je franchis le cap d’une nouvelle dizaine , et cette perspective ne me fait pas pousser des ailes ! ça ira certainement mieux mardi , mais pour l’heure … petit coup de blues …
    Bonne reprise en mains de votre véhicule ! profitez du soleil et roulez jeunesse !
    on vous embrasse tous les deux .
    jeannette et bernard

  3. Annette Jean Louis le 23 novembre 2017 à 8 h 49 min a posté:

    Nous avions eu une petite pensée pour vous quand nous avons vu le bateau faire des ronds dans l’eau devant Santos.
    En voulant suivre l’itinéraire du bateau, je me suis connecté quand vous arriviez à Zarate.
    Çà a été assez fascinant de suivre l’accostage en direct avec la manœuvre de demi tour sur le fleuve avec le remorqueur. Ne nous manquait que les ordres de la passerelle!!!
    Nous attendons maintenant votre transformation de loups de mer en forçats de la route.
    Attention: maintenant, à midi le soleil est plein nord….
    Bises

  4. Daniel et Christine le 23 novembre 2017 à 22 h 13 min a posté:

    Coucou les cousins,
    Bienvenue sur la terre ferme après toutes ces longues journées passées en pleine mer, on était loin de la croisière s’amuse, quoique!!! on a bien vu les photos d’un bizutage organisé. On vous espère en bonne santé et bien reposé pour entamer votre long périple dans une langue que vous êtes censés maîtriser (lol…) .
    Nous allons continuer à vous suivre avec grand intérêt et beaucoup de plaisir
    Hasta luego!!!
    Bisous à tous les deux et soyez prudents

  5. Francois le 23 novembre 2017 à 22 h 34 min a posté:

    Pénélope et Ulysse, bonjour (pour vous)
    sur un air de Samba…
    a voir la photo de atterrissage de l’avion, on dirait que le Christ, les bras écartés, règle la circulation aérienne : une belle reconversion

    la catedral metropolitana
    dans ce continent Chrétien catholique, il vous viendra peut être à l’idée de vous convertir ,ne serait ce que pour un selfie avec le Pape , qui sait. Vous apprécierez en rentrant dans les églises de pouvoir faire le signe de croix, car comme l’écrivit Pierre Desproges «  si l’on avait empalé le Christ au lieu de le crucifier on ne ferait pas le signe de croix : on ferait le signe de pieu et les jolis calvaires bretons seraient rigolos »

    Un voyage plein de rebondissements
    notamment ceux de la femme du commandant que l’on aurait aimé voir, mais l’appareil photo est en panne, le petit oiseau refusant de sortir. Comment se prénommait-elle : Tropicana, Orangina con Pulpe ? Mode d’emploi : toujours secouer avant dégustation ; il faut prendre son temps ce qui peut retarder le largage des amarres.

    Confirmation : les photos satellite du Parana sont étonnantes : un ruban marron qui se jette dans l’océan, ça ravine depuis la déforestation

    Allez , en route les Jeunes !
    François

  6. michel et emma le 24 novembre 2017 à 16 h 22 min a posté:

    « …un regard concupiscent, et c est une carrière brisée… »
    p..n! le style et la dramatisation sont ici au sommet !!
    c est pour des phrases comme celle ci que nous attendons vos messages avec impatience !!
    bref c’est passionnat continuez!
    et quand je pense que c’est seulement abord du bateau ou il ne se p

    • michel et emma le 24 novembre 2017 à 16 h 27 min a posté:

      (suite après clic intempestif…)
      « ou il ne se passe (presque) rien !!Quelles saillies (sans concupiscence) l
      de littérature pouvons nous encore espérer..!!
      on attend la suite !!
      bon voyage et bonne arrivée a Montevideo
      bises
      michel

  7. Julien et Cathy le 26 novembre 2017 à 19 h 55 min a posté:

    Coucou,
    Enfin, nous prenons le temps d’ouvrir le blog ! Nous suivions votre avancée grâce aux sms de Jean-Louis mais là, on voit…
    Dommage que la téléportation n’ait pas encore été inventée, on vous aurait rejoints de loin en loin !!!
    Profitez ! Profitez ! Profitez et continuez à partager, on est un peu avec vous…
    Bisous
    Cathy et Julien

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