Vendredi 24 novembre 2017.  J1

Les bonnes choses se font attendre : port en vue, nous sommes prêts à mettre sac à terre dès l’aube (ou presque), cabines vidées, véhicules chargés. Tous réunis dans le salon, nous attendons. A 11h, notre mauvais pressentiment se confirme, le bateau est au ralenti et le débarquement n’est prévu qu’à 16h. Donc un dernier repas à bord, et, une dernière fois des pâtes…

Déception : nous nous attendions à avoir l’occasion de saluer l’équipage et de les remercier de leurs attentions, mais ils sont sans doute tous occupés dans les opérations de déchargement et nous ne verrons personne, ni sur le pont, ni à la rampe, hormis le jeune officier qui nous stimule pour accélérer le débarquement (comme si…) et nous lâche entre les mains d’une jeune femme, partenaire locale de l’agent Grimaldi qui nous accueille et nous accompagne dans les formalités d’entrée en Uruguay. Simplicité biblique, il ne s’agit que de remplir le document d’importation temporaire des véhicules et cela sera réglé en quelques minutes.

Change de 200 dollars au guichet du terminal portuaire. On aurait mieux fait d’attendre, nous réaliserons plus tard que le taux est de 20% inférieur à ce que pratiquent tous les autres changeurs (il y en a à tous les coins de rue). Un salut rapide aux autres équipages, que nous recroiserons peut être, confirmation de notre rendez vous en mars prochain avec Davide à Mendoza, puis nous partons en chasse de GPL avec Manfred. Aux adresses Ioverlander nous trouvons bien deux ateliers de remplissage de gaz, mais l’un est fermé, l’autre ne remplit que des bouteilles démontées. Pour Manfred comme pour nous, c’est impossible et nous jetons l’éponge pour ce soir.

Pizza dans un restau de la rambla « Presidente Wilson », face à la mer (ou au Rio de la Plata , où commence l’une et finit l’autre ?),  pizza triste et chère,  mais on avait la flemme de chercher plus typique. On profite de la Wifi pour envoyer un message à Daisy et Nestor, parents de Cristian, associé urugayen d’Eulalie au sein de DVTUP, à qui il avait annoncé notre arrivée.  Bivouac au phare de Punta Brava, bel endroit mais sommeil difficile, car c’est le rendez vous de tous les amoureux et ça circule autant que dans les allées du bois de Boulogne.

Km : 0

Samedi 25 novembre. J2

Petit capuccino au « Mercado »,  épicentre des promenades dans la ville coloniale, qui occupe la pointe de la presqu’ile et débouche  sur le port. Cet ancien marché couvert abrite aujourd’hui une dizaine de restaurants dont, bien qu’il soit encore tôt, tous les foyers ronflent déjà, prêts à griller les morceaux de viandes diverses que les serveurs ont commencé à  empiler sur les étals.

Déjà une réponse de Daisy et Nestor, ils nous donnent RV à 14h, chez eux. Bon début ! En attendant nous rendons au shopping center de « Punta Carretas » dans l’espoir d’y trouver un magasin d’appareils photos. Négatif (si j’ose dire..) des smartphones, à volonté, mais des appareils photos, que nenni ! Pour ne pas rentrer bredouilles, on fait les course et remplit le frigo.

A 14h, Daisy et Nestor sont dans l’entrée de leur immeuble, ils nous attendent ! Couple adorable, qui nous accueille comme des amis de toujours. Ils nous emmèneront  déjeuner, à 15h suivant rythme local, dans un restau du mercado. Viande délicieuse, qui nous change des semelles du bateau, puis nous nous promènerons dans la vieille ville et visiterons le théatre Solis avant d’aller repérer l’emplacement du distributeur Nikon.

 

Curieuse ville, avec un noyau colonial de maisons à deux niveaux, bâties autour d’une enfilade de patios et surmontées de terrasses, dont la plupart sont dans un piètre état et certaines en ruines. Un potentiel fantastique dont seules quelques une en cours de rénovation. Une ambiance plutôt lugubre, dès qu’on s’éloigne du mercado , de plus, le samedi après midi les quelques commerces qui subsistent sont  fermés.  Plus à l’est s’étend la ville historique, à l’architecture XIX° et dont peu d’édifices retiennent l’attention. Cette partie, bien plus active, a cependant une allure désuète, faute d’immeubles récents. Nous comprendrons bientôt que le développement immobilier s’est fait le long du front de mer, irrigué par les 20km de ramblas et  a capté toutes les capacités de financement.

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Bivouac dans une allée du parc Rodo, aussi bruyant que la veille, mais pas pour les mêmes raisons, il y a des manèges à proximité, les jeunes en reviennent fort excités, et ils l’expriment…

Dimanche 26 novembre. J3

Journée cool, qui commence par la visite du musée du carnaval. Aussi couru que celui de Rio, il présente une différence notable, car basé sur des spectacles autant que sur des défilés : dans les années 30, il était de tradition dans chaque quartier de dresser, sur les places ou au coin des rues, des estrades ou se produisaient la troupe du quartier dans un spectacle thématique à vocation satirique. On en dénombra plus de 160 ! Ce bouillonnement de 40 jours fut ensuite rationnalisé pour donner au carnaval sa forme actuelle : 45 troupes qui présentent leur spectacle musical chaque soir de janvier à Mars, dans des costumes nés de la créativité ébouriffante de designers professionnels, et s’affrontent devant jury.

Après midi de repos (après 34 jours à ne rien faire sur le bateau, il faut bien récupérer), à regarder la foule prendre le soleil sur les ramblas , tout Montevideo est là.  halte What’s ap à une terrasse face aux danseurs de tango. Pas très frais les danseurs, mais le mollet encore sûr et la joue langoureuse…

En fin de journée, une troupe répète pour le carnaval dans le parc Rodo. Déhanchements, que, au risque de passer pour un vieux pervers, je qualifierai d’admirables….. Bivouac en bord de mer, au bout de la rambla « Presidente Charles de Gaulle » (nous ne l’avons pas fait exprès), près de l’entrée du port de plaisance. On espérait que, dimanche aidant, ça serait calme. Raté…

Lundi 27 novembre. J4

Dès l’ouverture (10h, ça n’est pas l’aube..), nous sommes chez Nikon et déposons l’appareil. Nous devrions le récupérer ce soir, alléluia !

Journée libre, nous décidons d’aller jusquà Piriapolis, sur la côte, avant Punta del Este. Trafic étonnement fluide quoique on nous en ait dit pour un lundi, et belle route dégagée après l’aéroport. Le long de la route, nombreuses plantations d’eucalyptus dont les troncs, abattus jeunes, s’entassent en longues piles qui semblent sécher sur place, vu leur aspect. Le long de la côte, les villages ont des noms qui sentent le pays basque : Jaurreguibery, Biarritz, et les gauchos ont le béret itou.

Piriapolis est une station balnéaire familiale vieillotte, avec un hôtel casino gigantesque édifié dans les années 30 par un nabab argentin. Passé le petit port de plaisance, quelques baraques de pêcheurs s’accrochent à un petit cap. Nous y déjeunerons sous une terrasse de guingois de nos premières empenadas et de beignets de calamar.

Retour chez Nikon à 17h, longue attente pour nous voir expliquer que l’électronique de l’appareil est réparable, que cela coûtera 292$ mais qu’on ne sait pas pour quand… Vu le prix des boitiers reflex en Uruguay (le vendeur nous recommande d’aller en acheter un à Santiago du Chili où les taxes seraient plus faibles !!), nous nous rabattons sur un Coolpix B700, 21 000 pesos quand même.

Même point de bivouac que la veille, notre optimisme nous pousse à croire que ce n’est pas la fête tous les soirs, d’autant que le vent projette les embruns sur le parking du bord de mer, un peu moins fréquenté. En retrait sur l’autre côté de la rambla, nous y passerons une nuit excellente.

Km : 180

Mardi 28 novembre. J5

Objectif « Punta del Diablo », près de la frontière brésilienne. Nous décidons d’y aller par l’intérieur et, sur les conseils de Nestor, d’aller jusqu’à  Villa Serena. Première halte à  Minas, charmante petite ville coloniale construite autour d’une placette ombragée et dominée par son église. Un musée aménagé dans sa maison natale y célèbre la mémoire du général Artegas, héros de la guerre de libération de l’Uruguay.

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Le musée n’ouvre qu à 14h et nous ne pourrons attendre. Plus notable, la charmante hôtesse du bureau d’information touristique, intelligemment situé à l’entrée de la ville, nous a recommandé la spécialité locale, en vente au coin de la place : des gâteaux enrobés d’une fine meringue saupoudrés de sucre glace. Nous nous acquitterons donc de cette obligation (délicieux..) avant de reprendre la route N°8 sur un vingtaine de km, puis de la quitter, direction sud est pour nous rendre au parc de  « Salto del Penitente ». Jolie petite route grimpant dans les collines dans une zone où les seuls signes de vie sont à l’initiative des vaches qui pointillent le gris vert des pâturages. Parc sympa, mais la cascade sur la rivière (le ruisseau plutôt) « Penitente » qui donne son nom au site fait pâle figure devant nos souvenirs d’Islande. Courte halte déjeuner et bonne surprise, une piste directe vers  Villa Serena nous permettra de l’atteindre par le nord en évitant un long détour routier. Belle gravel road qui nous permet de profiter des paysages de l’intérieur avant d’arriver à ce village, dont nous aurons peine à trouver le centre : chacun semble y avoir planté sa maison à son gré dans l’immensité des collines, et dans la fantaisie de son inspiration ou de ses moyens. On y trouve des chaumières normandes, des cubes type « favellas », des mas camarguais ou des containers maritimes.

Au centre (??) du village, petite lagune où folâtrent des oies..

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Route très roulante, le  revêtement tout frais n’a pas encore reçu ses marquages, vers Rocha, que nous contournons, puis bonne gravel road sur 50km qui traverse un paysage insolite d’immenses pâturages parsemés de palmiers.

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« Punta del diablo », site mythique où règne une atmosphère très seventies. Cœur de village planté autour d’une minuscule plage et de ses baraques de pêcheurs, rue sableuses et dizaines de bars, restos, guest houses, constructions branlantes mais très colorées devant lesquels stationnent des Combi VW. Des jeunes gens déjà brunis, dreadlocks au vent y rafistolent les installations ou préparent la saison en construisant de nouvelles terrasses. On n’y sent pas encore les pétards (trop de vent ou trop tôt en saison) mais ça ne peut que venir…

Impossible de dormir sur place, faute de place, et nous prendrons la route vers l’ouest pour trouver un  bivouac à une vingtaine de km, en bordure de plage à La Esmeralda. Plage vide, à l’infini..

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S 34° 9’ 56.73505’’     W 53° 40’ 54.54140’’      Temp : 16/24°

Km 380  Total 560

Mercredi 29 novembre. J6

Nous longeons la côte vers l’ouest, entre la bande côtière traversée, sous les pins et les eucalyptus  par des chemins menant à quelques plages aménagées, et la plaine parsemée de palmiers, jusqu’aux collines de l’intérieur. L’accès au village de Cabo Polonio n’est possible qu’en camion, à prendre au terminal du parc. Accès et parking payants, naturellement.

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Le transport en camion, perchés sur le toit de la cabine est assez fun, bien secoués sur les pistes sableuses du cordon de dunes, avec une dernière ligne droite sur la plage, à fond (tout relatif avec un camion 4×4 du plan Marshall).

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Même style de village que Punta del Diablo, rendez vous des backpackers ,en beaucoup plus aéré, la place ne manque pas, et légère montée en gamme, avec de nombreuses constructions en dur et un joli hôtel en bord de plage.

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Les lions de mer (joliment traduits « Lions de mer à un poil » sur la brochure confiée par Arlette, un petit salut au passage) sont bien là, sur une île à quelques centaines de mètres et nous en sommes déçus, trop loin, mais, en remontant la côte vers , nous tombons sur le reste de la colonie qui se prélasse au pied du phare.

La plupart sont aussi zen que leurs cousins islandais, sauf les gros mâles qui barrissent, crinière hérissée, en se bousculant pour conquérir leur harem.

J’ai un peu de mal à m’habituer au viseur du Coolpix, mais, côté vidéo, il se révèlera bien plus performant que le boitier reflex. (Désolé, je ne peux télécharger les vidéos).

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Nous profitons d’un camion qui repart à vide sans attendre le départ programmé et repartons vers l’ouest. Halte à La Paloma, station balnéaire familiale qui s’éveille à peine de son sommeil hivernal, puis atteignons notre objectif de bivouac, José Ignacio , dernière station balnéaire avant Punta del Este.

Là, ça n’est plus de la montée en gamme, mais un saut quantique j’ai quelques restes de mes études scientifiques) : la première boutique est un magasin « Montres Piaget », et,  dans les dunes, des villas époustouflantes. Agences immobilières à tous les coins de rue… Par contre peu de cafés, et aucun ouvert. Pour internet, on repassera.

Demi tour vers Laguna Raçon le long de la route côtière jalonnée de villas d’architectes, pour y admirer le lodge flottant recommandé par Nestor et le surprenant rond point sur pilotis surplombant la lagune, rond point qui ne débouche que sur une route en construction. Les promoteurs ont de beaux jours devant eux.

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Retour sur la route de Punta del Este et bivouac à l’entrée, temporairement condamnée, d’une zone privée le long de la plage. Un gardien viendra nous saluer et nous recommander fort aimablement, pour garantir notre sécurité, de déplacer de quelques mètres le véhicule pour être visible de chez lui et dans le champ des caméras !!!

N 34° 53’ 7.66165’’  W 54° 46’ 39.23688’’

Km 250 Total 810

 

 

 

3 commentaires pour “2017 11 30 URUGUAY

  1. Francois le 30 novembre 2017 à 18 h 00 min a posté:

    Bonjour Pénélope et Ulysse,
    une bonne ambiance pour débuter votre périple terrestre :
    répètes carnavalesques
    bivouac torride à Punta Brava , la bien nommée
    extension à Priapismepolis
    baba cool et lions de mer à poil : tous des branleurs.
    Çà promet
    Bises
    Francois

  2. Anonyme le 4 décembre 2017 à 16 h 36 min a posté:

    ………..les pays varient , mais les couleurs et ( ou ) le talent du photographe sont toujours aussi attrayants !
    les loups de mer semblent indifférents à votre intrusion dans leur milieu , ………comme blasés par la présence des hommes et de leurs drôles de machines . Continuez à les surprendre et à nous surprendre !
    Il y a dans votre récit de la jeunesse ,de l’entrain et beaucoup d’humour . Nous en avons tous besoin en cette saison ( européenne ) ou il fait nuit à 17h tandis que la neige a déjà recouvert notre campagne …
    Merci pour votre message d’anniversaire ! le cap a été franchi dans la bonne humeur , avec enfants et petits enfants réunis .
    bonne route !
    on vous embrasse
    jeannette et bernard

  3. michel et emma le 7 décembre 2017 à 14 h 54 min a posté:

    P….! c’est trop beau !!
    ras le bol de vous voir vous prélasser au soleil et au bord de la mer en contemplant à l’occasion des danseuses de carnaval lascives (et des hommes idem, je suppose , bien que le narrateur ne le mentionne pas…)
    bon continuez quand même…
    bises
    michel et emmanuelle

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