Mardi 27 novembre et mercredi 28. Jours 78 & 79. Arequipa
La ville d’Arequipa, entourée d’une chaine de volcans, fut détruite par des séismes et des éruptions volcaniques en 1600, puis de nouveau soumise à des tremblements de terre en 1687, 1868, 1958, 1960 et 2001.
Le volcan El Misti, le plus proche, la domine et rappelle à tous la menace latente.
Belle obstination que celle des habitants qui, depuis les fondateurs Aymaras, s’acharnèrent à la reconstruire. Peu de bâtiments très anciens subsistent, mais le cœur historique, autour de sa place d’armes, a été rebâti après le séisme de 1868 dans un matériau superbe, le sillar, une roche volcanique claire, et dans un style néo colonial baroque.
Chaque immeuble nous offre sa belle façade et nous ouvre son splendide patio ; cela en fait la plus belle ville que nous ayons vu jusqu’ici en Amérique du Sud, et où il est agréable de flâner.
Trois des cotés de la Plaza de Armas sont bordés par des bâtiments à colonnades, la quatrième étant occupée par la plus grande cathédrale du pays, qui, curiosité, est l’une des rares basiliques au monde autorisée à déployer le drapeau du Vatican. (si quelqu’un sait pourquoi, n’hésitez pas…)
L’esplanade, face à la cathédrale, est le lieu privilégié des manifestations politiques, des évènements religieux et de fêtes profanes. Lors de notre passage, nous resterons perplexes devant un rassemblement de jolies jeunes femmes en robes de mariée. S’agit-il d’un enterrement de vie de jeunes filles, du bal des debs locales ou d’un rituel consacré à la fertilité ?
Renseignements pris, naïfs que nous sommes, il s’agissait du tournage d’un spot publicitaire…
Construite en 1656, et rebâtie à plusieurs reprises depuis, l’une des deux tours s’effondrant à moitié lors du séisme de 2001, la cathédrale est de construction classique, et présente quelques éléments intéressants ; de grandes orgues offertes par la Belgique et qui, endommagées pendant le transport jouèrent faux pendant plus d’un siècle, une belle chaire au piédestal démoniaque offerte par la France, et de curieuses auréoles ornant les statues du Christ.
Joyau d’Arequipa, village dans la ville, le couvent de Santa Catalina, fondé en 1580 par une riche veuve, dona Guzman, en dévotion à Ste Catherine de Sienne, occupe 2 ha en plein centre- ville. A son apogée, au XIX° siècle, il abritait 170 nonnes et une population totale de 450 personnes. Entrées à 12 ans et vivant au sein du cloitre des novices, dans des appartements qu’on n’oserait appeler des cellules, les jeunes filles, au bout de 4 années de silence et de formation, pouvaient prononcer leurs vœux et intégrer alors le cloitre des orangers ou le cloitre majeur, ou bien quitter le couvent au déshonneur de leur famille.
La règle de St Dominique, en vigueur ici, était bien plus libérale que celle qui nous avait été décrite au Carmel de Santa Teresa, à Cochabamba. Si les principes de sélection de la dizaine de novices qui intégraient le couvent étaient identiques, secondes filles de noblesse espagnole richement dotées, seules les exigences de chasteté et d’isolement leurs étaient communes puisqu’ici, foin de silence et de pauvreté : les nonnes vivaient dans des maisons, qui pouvaient regrouper d’une à trois religieuses et leurs servantes, maisons financées par les familles qui devaient également une dot annuelle de 100 pièces d’or.
Heureusement, le Vatican veillait : en 1871, une réforme mit fin à ce régime de luxe et de volupté, les maisons fermées et les nonnes rassemblées dans des dortoirs, aujourd’hui transformés en musée. Plus de cuisine individuelle, un réfectoire avec lecture des évangiles. Non mais !
S’agissait-il d’un retour au dogme, ou d’une adaptation aux nouvelles conditions économiques, la noblesse espagnole ayant déserté le pays lors de l’indépendance, tarissant les recrutements de novices fortunées ? Sans doute un peu des deux, tant il est clair que les institutions qui survivent, l’Eglise comme les autres, sont celles qui savent marier idéologie et pragmatisme.
Et on vous épargnera la description des musées visités, notamment celui dédié à Juanita, la « jeune fille des glaces », sacrifiée dans les années 1450 au sommet du Nevado Ampato, vous avez déjà eu droit aux momies incas à Salta…
Jeudi 29 et vendredi 30. Jours 80 et 81. Chivay
Quartier libre pour notre véhicule, nous nous embarquons dans un minibus pour une excursion vers le canyon de Colca. Dûment chapitrés par le guide sur le mal des montagnes, car nous aurons à franchir le col de Patopampa à 4910m, nous faisons provisions de bonbons à la coca et aurons droit, à la 1° halte à Patahuasi, à une infusion de ladite feuille. Goût de diurétique et effets douteux…
Pampa de Toccra, à une altitude de 4300m, les vigognes s’ébattent, protégées au sein de cette réserve.
Ces vigognes sont capturées pour la tonte, puis relâchées car elles ne se domestiquent pas. Et, pour info, une bête « produit » 150g de laine tous les trois ans, laine qui s’échange 1200€ le kg !
Et en reperdant un peu d’altitude, les troupeaux d’Alpagas referont leur apparition.
Au col, belle vue sur la chaine de volcans : Ubinas (5675m), El Misti (5822m), Chachani (6075m), Ampato (celui de Juanita, 6310m), Sabancaya (5976m), Hualca Hualca (6025m), Mismi (5597m) et Chucura (5360m).
Seul le volcan Sabancaya est actuellement actif et se manifeste par des émissions régulières.
A ces altitudes, une seule plante subsiste, la llareta, dont la croissance annuelle se mesure en mm et qui pourrait vivre des millénaires (notez le conditionnel, le doute m’habite..)
Halte pour l’après midi à Chivay, minuscule capitale de la région, et où l’on semble fier de ses traditions puisque de nombreuses statues de danseurs ornent les rues du bourg.
Détail intéressant et là, je pompe texto le Lonely Planet : « les habitants descendent de deux groupes ethniques rivaux, les Cabanas et les Collagas, qui se distinguaient autrefois par des déformations crâniennes différentes et qui se reconnaissent aujourd’hui à la forme de leur chapeau et à leurs vêtements brodés ; à l’extrémité est du canyon, les chapeaux blancs en paille tressée des femmes s’agrémentent de dentelles et de paillettes, à l’ouest, ils sont en coton brodé à calotte ronde ». Aujourd’hui, en ville, tout ce petit monde se côtoie, chapeaux de coton, chapeaux de paille mêlés.
Le lendemain, nous remonterons une partie du canyon de Colca, long d’une centaine de km, et dont la première partie est jalonnée d’une série de villages, qui abritaient les agriculteurs qui firent de cette vallée, au prix d’efforts colossaux pour y aménager des milliers de terrasses, un haut lieu du maraichage et de l’élevage bovin.
Et naturellement la domination espagnole jalonna également la vallée d’églises, bastions de l’évangélisation.
Et dans ces églises, aux décors chirrugueresques, (je ne m’en lasse pas..), même les saintes sont vêtues traditionnellement.
Tôt le matin, avant l’ouverture de l’école et devant le parvis d’une de ces églises, nous assisterons à un spectacle qu’on aurait aimé trouver charmant, si les ados qui se produisaient ne montraient pas, par leur absence de sourire et d’enthousiasme, à quel point ils se sentaient contraints de s’y plier.
Le but ultime de cette excursion sera le mirador des condors, point où la différence d’altitude entre le fond de la gorge et la crête qui la surplombe atteint 3500m, ce qui en fait, à 150m près, le second canyon le plus profond du monde. Les condors sont bien là, planant vers le ciel et portés par les thermiques.
La ballade se terminera par quelques emplettes auprès des artisans locaux, qui nous permettront, à nouveau, d’admirer les parures locales.
Demain, nous quittons Arequipa pour remonter vers le lac Titicaca, que nous avons négligé à notre entrée au Pérou, encore un peu bousculés par nos récentes misères mécaniques.











































Craquante la dernière photo, bravo. Je m’en ferai un tirage.
Impatients de voir des photos aussi réussies des « balsas » sur le Lac Titicaca dont le nom me faisait (et encore aujourd’hui) rêver quand j’étais petit.
Bises A/JL
Le drapeau du Vatican commémore le passage à Arequipa du pape Jean-Paul II, venu en 1985 pour les cérémonies de béatification d’une religieuse locale.
70 églises dans le monde arborent ce drapeau.
J’avais lu ça lors de ma longue retraite au monastère de la Chartreuse…
Paul,
Merci de la précision, et nous avions visité la cellule de la star locale, nonne à la vie exemplaire, qui fut effectivement béatifiée par JPII
P
le coup de la pub et des orgues qui jouent faux car bousculés dans le transport valent son pesant de beurre. Sinon paysages et faune qui donne envie de prendre l’avion demain !
Bises
Nadine,
Pour répondre à ta question sur les pétroglyphes de Toro Muerto, les rocs les plus gros sur lesquels ils ont été gravés ne dépassent pas 2m.
Les condors, par exemple, ont une envergure d’environ 50cm et sont parmi les plus grands
P
A 4900 m on l’a rude; vigogne ou autre espèce à poils laineux ça tient chaud. La Pérou , quel beau pays!
Une idée pour la boutique visiteurs du couvent de Santa Catalina : leur proposer des Pet- de -Nonne, qui compte tenu du standing des religieuses du couvent d’Arequipa, serait une version grand luxe (comme Ladurée pour les mac(a)ron) de la recette concoctée par une novice prénommée Agnès à l’abbaye de Noirmoutier.
Bises andines
Gilles et John
Coucou Agnès et Patrice
Votre escale à Arequipa valait vraiment le détour, on retrouve pas mal de maisons et de costumes locaux très colorés. Nous en France, en ce moment nous sommes plutôt dans une tendance de JAUNE avec des manifestations de gilets jaunes qui perturbent le quotidien des Français.
On attend avec impatience les photos du lac Titicaca, lieu emblématique du Pérou.
Le retour vers la France se précise, profitez au maximum de ces derniers jours de voyage, nous avons hâte de vous revoir!!!
Gros bisous