Samedi 1° décembre. Jour 82  Arequipa /Puno

Sur les 100 premiers km, rien de nouveau, nous empruntons le même trajet que pour nous rendre à Chivay, puis obliquons vers le nord pour rejoindre Juliaca, sur les rives du lac Titicaca. Mais avant, il faut passer un col 4528m. Par chance, moins de camions, la route est peu fréquentée, et au niveau du col, un beau lac, avec quelques flamands roses.

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La traversée de Juliaca sera difficile en raison d’importants travaux : on y bâtit un viaduc en plein centre, une autoroute doit traverser la ville. On s’en sort quand même et effectuons un petit retour en arrière sur la route menant à la Bolivie, avec pour objectif Puno, point de départ vers les « Islas Uros »

Lac Titicaca, un nom que tout le monde connait. Parce qu’il nous faisait rire quand nous étions enfants ?

Ou parce qu’il s’agit, comme le Baïkal, d’une vraie mer intérieure, perchée à 3880 m d’altitude et aux dimensions hors normes : 190 km de long, 80 km de large à son maxi, alimenté par 25 rivières et partagé entre deux pays, la Bolivie et le Pérou, avec une profondeur moyenne de 100m et 300m au plus profond.

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Ou enfin parce il évoque ces îles flottantes que leurs habitants rejoignent dans des embarcations de roseau.

C’est ce que nous sommes venus chercher ici, et nous longeons la rive sur quelques km pour atteindre un hameau et y rechercher Roger, dont l’indispensable application Ioverlander nous indique qu’il accompagne, dans sa barque, les voyageurs sur les iles, évitant la foule des tours operators.

Stop devant l’église et nous sommes vite repérés par la famille de Roger qui nous confirme sa disponibilité et nous invite à nous garer en face, de l’autre côté de la voie ferrée qui longe le lac, sur le terrain de foot, pour y passer la nuit. Rendez- vous demain 9h, pour embarquer.

S 15,31684°   W 69,99143°

Km 339   Total 12256

Dimanche 2 décembre. Jour 83  Isla Uros

7h30, on frappe à la porte. C’est Roger, que nous ne connaissions pas encore, qui vient nous inviter à déplacer la voiture : c’est dimanche, donc tournoi de foot. Les joueurs se changent, on installe les filets et les lignes de touche ont déjà été rafraichies à la chaux, sauf à l’endroit où nous sommes garés, on gêne !!!

A 8h30, Roger revient avec une perche, son réservoir d’essence et un baluchon. Les barques sont là, à moins de 20 m du terrain de foot. Peu de fond et beaucoup de vase, il faut se dégager à la gaffe, dans un beau contre jour.

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Engagés dans un chenal, et il nous faudra une demi-heure de navigation entre les roseaux, plus exactement les « totoras » pour atteindre le large.

Roger, qui se présente comme un Uros, est en fait un métis Aymara. La dernière des Uros « pur jus » a quitté cette terre en 1959 et sa langue a disparu avec elle. Les Uros étaient une tribu qui s’était réfugié, il y a des siècles, dans le labyrinthe des chenaux et des îles flottantes, pour se protéger de l’agressivité des Collas et des Incas. Ils y survécurent grâce à la pêche et aux totoras, roseaux comestibles qu’ils utilisèrent pour construire leurs embarcations et leurs habitations.

La vue se dégage, et nous pénétrons dans une vaste lagune bordée de ces îles qui font l’attrait, (l’attraction ?) de cette région.

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Nous longerons une série d’îles où accostent les vedettes de touristes, par palanquées de 40, et où les attendent de pied ferme des vendeuses de souvenirs.

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Les embarcations en roseau sont bien là, mais, accouplées, elles ne servent plus qu’à trimballer les touristes

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Heureusement Roger nous apportera un peu plus d’authenticité. Il nous mène à son île, où il réside régulièrement. Auparavant, nous passerons devant l’école, flottante naturellement

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Nous touchons enfin terre, façon de parler, chez Roger.

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Et là, grâce à ses explications, nous comprendrons ce que sont ces îles flottantes : les touffes de roseaux qui bordent les canaux et couvrent une partie des rives du lac ne sont pas enracinées au fond du lac, mais dans une couche de tourbe constituée par la décomposition de leurs racines, couche qui peut atteindre trois mètres et flotte sur le lac, comme en témoignent les blocs découpés par Roger.

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Sur ce substrat, les Uros furent contraints d’accumuler en permanence de nombreuses couches de totoras, pour pallier au pourrissement des couches inférieures, maintenir la flottabilité et permettre la construction des cases où ils s’établirent.

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Chaque case a sa fonction : cuisine, chambres, remises, et des panneaux solaires permettent m^me un peu d’éclairage et le fonctionnement d’un téléviseur, mais l’eau courante n’est pas disponible.

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Roger nous permettra d’appréhender la profondeur du lac dans cette lagune ; par un trou, foré dans l’épaisseur de la couche de roseaux et où l’eau affleure, il sondera, et filera 10m avant d’atteindre le fond.

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Chaque île est équipée d’un mirador, qui servait de tour de guet et de relais de communication, aujourd’hui, les touristes s’y prélassent.

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Sensation curieuse lorsque l’on se déplace sur une de ces îles : le sol est souple, élastique, et quand le passage d’une barque sur le chenal provoque une série de vagues, le sol ondule et semble se dérober.

A l’attache, l’embarcation en roseaux vient perpétuer la tradition.

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Nous comprendrons vite ce que contenait le balluchon : les œuvres de la femme de Roger qui, comme la plupart des habitants de ce hameau, tissent et vendent leurs productions sur les iles. Nous satisferons bien volontiers à nos obligations, à 15 sols par personne la ballade, moins de 5€, repartir les mains vides serait un beau manque de savoir- vivre..

Il faut repartir, s’engager de nouveau dans le chenal, non sans avoir salué l’église, flottante bien entendu. Si nous ne tardons pas, Roger pourra voir la fin du tournoi de foot.

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Impression un peu mitigée après cette « croisière » : gros doute sur le fait que le mode de vie traditionnel des Uros soit pérennisé ailleurs que dans les quelques gites qui accueillent les touristes ou dans des iles très éloignées, conviction que les « iliens » vivent en réalité dans les villages qui bordent le lac, où ils trouvent tout ce qui est nécessaire à une vie « normale », et où leurs enfants peuvent être scolarisés correctement, et ne se rendent sur les îles qu’en représentation. Mais au fond, qui pourrait leur en vouloir ?

Retour vers le centre de Puno pour un bivouac sur le parking près de l’ embarcadère pour les iles.

C’est dimanche, tous les restos sont pleins…

S 15° 50’ 18.7’’   W 70° 01’ 25.6’’

Km 46  Total 12302

 

5 commentaires pour “2018-12-08 Lac Titicaca

  1. CUISINIER le 9 décembre 2018 à 18 h 16 min a posté:

    Impression mitigée sans doute pour vous et sans doute justifiée mais intéressant néanmoins sur le plan de leur histoire. Le lac Titicaca quand même !!! heureusement que vous y êtes revenus après vos déboires boliviens !!
    Bientôt le retour , il me semble. Alors, profitez bien. Ici il fait doux, trop douc (12 degrés, les mouches survivent ) et moche. Poutous à tous les 2

  2. JF and Corinne le 9 décembre 2018 à 19 h 00 min a posté:

    Quel décor ce lac Titicaca, avec les montagnes enneigées au lointain ! C’est vrai que son nom ramène en enfance, heureux âge où un mot seul provoquait le fou rire ! Curieux ces îles de roseaux… s’il y a une certaine épaisseur d’eau entre la tourbe et le fond, est-ce que ces îles sont quand même en contact avec le fond du lac ou bien se déplacent-elles avec le vent ou pour une autre raison ? Leur façon de fabriquer des bateaux avec le matériau disponible semble très intéressante, en avez-vous vu en construction ? Profitez bien de vos derniers jours la bas et bon retour vers le froid et le vent.
    bises

  3. Trop chouette!!!!! Impressionnants ces paysages du Lac Titicaca avec les montagnes enneigées derrière! Quelle superbe expérience! Est-ce que vous rentrez en France pour les fetes? Grosses bises a vous 2 et a un de ces 4 sur facetime??
    Bisous de nous 3!

  4. Francois le 10 décembre 2018 à 13 h 02 min a posté:

    impression mitigée qui provient de la difficulté de saisir la réalité : 1) ce qui reste d’authentique dans les modes de vie de ce qui est déjà leur reconstitution à des fins touristiques. 2) l’état de dégradation de l’eau du lac : discrétion des activités de pêche, peu d’oiseaux .
    Tout cela incite à continuer à s’intéresser à cet environnement très particulier une fois rentré chez soi .
    Bonne route jusqu’au chemin de l’Inca
    Bises
    Francois et Josette

  5. Christian le 10 décembre 2018 à 18 h 32 min a posté:

    Hier avec Marie Paule nous regardions un reportage sur le Pérou et le lac titicaca , impression étrange de vous imaginer dans ce décors, mais nous n’avons pas aperçu la jolie touriste en haut de son mirador. Bises à vous deux
    Christian et Marie Paule

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