Mercredi 23 octobre. Jour 7   Cuzco / Mazuco

Si nous pensions descendre gentiment de Cuzco, 3500m d’altitude, à Puerto Maldonado, à 250m, nous nous sommes gentiment bercés d’illusions. Rien de bien nouveau jusqu’à Urcos, 2800m, nous avions déjà parcouru cette route à plusieurs reprises. Une bonne surprise : la ville, qui était en chantier lors de notre dernier passage en raison de la construction d’un pont, se traverse maintenant facilement.

On s’engage ensuite sur la 30 C « Interocéanique Sud » qui relie les deux océans, traversant le Pérou et le Brésil, excellente route à deux voies, très bien entretenue. Mais avant le Brésil, il y a encore un peu de cordillère andine.

Montée sérieuse pour atteindre le col de l’ Abra Cuyuni », à 4185m. On se dit que c’est déjà pas mal pour une mise en jambes. Descente rapide puis, rebelote, en plus sec et en plus long jusqu’à l’Abra Pircuyani, à 4725m. On fera quasiment toute la montée en seconde. Peu de trafic, peu de poids lourds, heureusement.

On se lance dans la descente et, au bout d’une trentaine de kms, on se dit que ce voyage semble devoir être baptisé la « scoumoune » : un voyant orange s’allume, indiquant un défaut moteur, et je ne parviens plus à dépasser les 2000 tours/mn. Angoisse, et incompréhension, le véhicule sort tout juste de révision ! On descend poussivement jusqu’au premier bourg un peu important, sans vraiment prendre garde au paysage, aux quelques effondrements de chaussée causés par une pluie récente, ni à la température qui a sensiblement augmenté.

A Mazuco, nous trouvons un atelier où deux jeune types, perplexes devant un turbo démonté, nous renvoient chez le voisin, électricien auto.

Miracle, vu l’environnement, il possède une console et peut scanner la carte électronique du véhicule. Je coupe le contact, le remets, le défaut a disparu…

Je teste, l’accélération, OK jusqu’à 4000 tours, il scanne la carte : R.A.S. Mystères de la technique !

L’électricien ne voudra rien pour sa prestation, 10 mn il est vrai, et nous repartons en quête d’un bivouac, que nous trouverons à Santa Rosa, sur le parking d’une station-service « Servi Aldo », après avoir essuyé trois refus.

Km : 361 Total 375

S 12° 55.534’    O 70° 17.880’

Altitude 320m

Jeudi 24 Jour 8 Mazuco / Puerto Maldonado

Départ matinal, le soleil se lève à 5 heures. A 7heures, il fait déjà 27° !

La route est rectiligne, le paysage très semblable à celui du Pantanal : rizières, bananeraies, vergers et potagers dans les zones habitées, forêt luxuriante (comment éviter cette banalité dans ces régions ?) la plupart du temps. De temps en temps, quelques cabanes sur pilotis, une école en dur, et toujours les « rompe muele », ces dos d’âne qui ne vous pardonnent pas de les avoir oubliés.

Nous sommes vite stoppés par une barrière de chantier. Et là, nous comprendrons le mode de gestion des passages alternés : une moitié du temps pour un sens, une moitié pour l’autre, et, comme disait Escartefigue, une troisième moitié pour les travaux. Nous patienterons ainsi 40 mn avant de voir s’ouvrir la barrière.

Fin du trajet jusqu’à Puerto Maldonado plutôt relax, et Agnès nous guidera magistralement jusqu’à l’ « Anaconda Lodge », repéré sur IOverlander.

L’endroit a dû connaitre de meilleures heures. Une grande parcelle boisée où ont été aménagés, à minima, une dizaine de bungalows, des allées qui nécessiteraient un bon débroussaillage et ne permettent pas le passage de véhicule.

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Mais il a deux points forts : la piscine, et la cuisine thaï.

Le lodge est en effet la propriété de Donald et de son épouse thaïlandaise. Ils y survivent avec la fille de celle-ci, âgée d’une trentaine d’années. Survivent car le peu de touristes qui vient jusqu’ici est hébergé près de la réserve de Tambopata, rares sont ceux qui résident en ville, il n’y a rien à y voir, sauf le pont, qui enjambe sur le rio « Madre de Dios » et conduit vers le Brésil.

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Donald est un personnage : né au Pérou, élevé en suisse, il a été militaire, puis guide touristique et s’est installé ici depuis une dizaine d’années. Il nous fait penser à ces vieux coloniaux décrits par Georges Conchon. Vêtu d’un bermuda, un verre de blanc en permanence à portée de la main, il semble pratiquer à l’extrême l’exercice difficile de la délégation. En deux jours, nous ne le verrons rien faire, si ce n’est caresser le ventre de sa guenon en nous expliquant que son comportement était changeant, la petite est enceinte.

Sa passion pour les animaux est réelle, il identifie tous les oiseaux , les repère dans la ramure, tel ce toucan.

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Il nous surprendra, à la nuit, au bord de la piscine, lorsqu’il nous invitera à observer avec lui les arabesques des chauves-souris, attirées par les cris de leurs congénères qu’il reproduit grâce un petit magnétophone. Moment hors du temps…

Km 141 Total 516

S 12° 35.887’    O 69° 13.064’   Altitude 230m

Vendredi 25 octobre Jour 9  Puerto Maldonado

Nous avions réservé, auprès de nos hôtes, une excursion d’une journée autour du lac Sandoval, dans la réserve de Tambopata, point d’intérêt de cette région.

Un taxi nous récupère au lodge, nous dépose à l’embarcadère où attendent déjà une quinzaine d’autres voyageurs. Certains ont réservé des circuits de 2 jours, d’autres de 3 ou 4. On se retrouve vite à glisser sur le rio « Madre de Dios », large de bien 500m, jusqu’à un lodge d’où une partie du groupe prend possession de ses locaux, puis on repart vers la réserve.

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Longue marche d’approche, le genou d’Agnès tient, puis à bord de longues barques, tour du lac, entrecoupé d’une pose déjeuner. Nous dégustons le riz végétarien que l’on nous avait distribué le matin, roulé dans des feuilles de bananier.

La faune n’est pas aussi riche que celle que nous avions découverte au Pantanal, ou plus méfiante.

Quelques instantanés :

Les loutres qui se prélassent dans la mangrove, avant de tenter une petite traversée. Elles se déplacent toujours en groupe, craignant les gros caïmans noirs.

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Les tortues, que les papillons aiment bien chatouiller

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Une petite variété d’oiseaux dont un cormoran qui voudrait impressionner ses potes, ça les ferait plutôt marrer.

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Des singes, capucins et sapajous, les deux espèces étant fréquemment mêlées.

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Une escadrille de chauve- souris. On dirait des « Rafales Marine » sur le pont du Charles de Gaulle. De près, ne sont-elles pas mimi ?

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Et, partout, de fantastiques papillons, qui, parfois, se rassemblent en bouquet.

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Sur le chemin du retour, à la nuit, on cherchera les petits caïmans blancs, sur le bord du rio. Rien ne les dérange.

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Arrivés au lodge à l’heure du repas du soir, une seule surprise : Les femmes sont en cuisine, Donald est bien là, partageant le diner avec les voyageurs, mais il est passé au rouge…

Samedi 26 Jour 10   Puerto Maldonado – Quelque part sur la route

Retour sur nos pas, on se dit que ce que nous avons vu ne valait pas vraiment 1000km et trois jours de route.

Nous souhaitons dormir à moins de 2500m d’altitude, pour nous réaccoutumer. Cela sera fait en nous arrêtant tôt dans la montée de l’Abra Parcuyani, en bordure de route, près d’une posada fermée en cette saison mais où l’on nous accepte bien volontiers. En remerciements, vu les poulets qui courent partout, nous achèterons une douzaine d’œufs et laisseront un petit souvenir de Paris. La joie de la propriétaire nous surprendra.

S 13° 33.064’   0 70° 53.338’

Altitude 2165m

Km 288 Total 804km

Dimanche 27 Jour 11   Retour à Cuzco

C’est jour de marchés dans tous les villages traversés. C’est bondé et on ne s’arrêtera pas pour immortaliser la foule des paysans venus vendre leurs produits ou acquérir l’essentiel. Dommage car les coiffes des femmes sont exceptionnelles, larges et colorées, souvent pailletées.

Lors d’une halte, pourtant, je pourrais saisir, de loin, trop loin pour que je puisse demander l’autorisation, l’une d’entre elles. Me voyant, elle tente de se dissimuler derrière un buisson. Elle ne gagnera pas un prix de camouflage !

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Nous la rejoignons et là, souriante, elle prend la pose, puis sollicite une petite gratification, que nous acceptons bien volontiers. La photo n’étant pas très réussie, je la garde pour moi..

Arrivée à Quinta la la à l’heure du repas, petite sieste, puis corvée de lessive pour Agnès (c’est bien la peine de me moquer de Donald) et blog pour moi.

A la tombée de la nuit (ici c’est 17h30/18h), on frappe à la porte. Un de nos voisins hollandais vient nous inviter pour des « happy hours ». Et chacun d’apporter ses sièges, ses verres, du liquide et des bricoles à grignoter, et nous nous retrouverons à une quinzaine, de tous pays, à prendre l’apéro en échangeant des expériences de voyage.

Je n’ai pas noté le kilométrage, ça sera pour demain, le suspense ne doit pas être insoutenable.

 

 

 

 

5 commentaires pour “2019 10 28 Tambopata

  1. JEAN MICHEL DUVIVIER le 28 octobre 2019 à 14 h 04 min a posté:

    Merci pour ces merveilleuses pages de votre aventure qui me sortent de ma campagne nivernaise où mon activité de chambres d’hôtes fonctionne pas trop mal

    Bonne continuation à vous deux
    Jmichel

  2. Guillaume de Massia le 28 octobre 2019 à 18 h 27 min a posté:

    merci beaucoup, je reprends la route pour Lima le 6/11 il me tarde de partir.
    voici mon programme nos routes ce croiseront elles?
    Lima, Cusco, Aréquipa, lac Titicaca et La Paz le 20/11 pour récupérer un passager.
    Ensuite La Paz, Pososi, Uyuni (le salar) la réserve de Eduardo passage au Chili par San Pedro de Atacama et passage en Argentine par la piste pour rejoindre Cafayate.
    Bonne route à vous et peut être à un croisement

  3. CHRISTINE & DANIEL le 28 octobre 2019 à 22 h 28 min a posté:

    Enfin le début de l’aventure après un début chaotique…
    Merci pour ces belles photos, nous attendons la suite avec impatience….
    Bonne route et à très vite
    Gros bisous
    Christine & Daniel

  4. Anonyme le 31 octobre 2019 à 19 h 21 min a posté:

    A 4750 m il est recommade de mettŕe 4 pillules de diamox dans le reservoir du vehicule…..
    meme si vous n’ avez pas franchi la frontière bresilienne voyant Donald vous aurez vu le macho grosso
    re bonne nouvelle :il pleut en Provence en ce jour d’Hallogouine….

  5. michel et emmanuelle le 1 novembre 2019 à 10 h 03 min a posté:

    nous prenons en route et en retard vos récits toujours passionnants.
    car nous étions a la Ciotat ou nous négligeons un peu nos courriers(et le temps passe si vite: deja 15 jours depuis votre départ…)
    désoles d’apprendre vos problemes aériens ,puis automobiles (ceux la moins graves…)
    et bravo pour les premiers photos d’animaux, très belles qui maintenant (c’est nouveau pour moi ) s’agrandissent aisement en plein écran….
    bonne chance pour la suite.Nous sommes a paris depuis trois nous,après un soleil encore frequent a la ciotat , nous avons l’hiver a paris….
    Bises

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