Lundi 28 octobre. Jour 12   Cuzco

En préambule, toutes nos félicitations à Michel qui, après 5 ans de lecture assidue (et méritoire) de ces textes, a enfin compris comment on agrandit les photos. Magie du simple clic…

A 9h pile, nous sommes devant l’atelier où nous avions commandé deux pneus la semaine dernière. Les ouvriers ouvrent les grilles, pas de pneus : c’est la patronne qui doit les amener. A 9h45, elle se pointe, sans pneus : ils seront livrés à 15h.

Histoire de ne pas perdre de temps, on passe chez Ford, à deux pas, pour faire vérifier l’électronique, le défaut s’étant reproduit. Au scanner, rien d’anormal, il va donc falloir s’habituer à vivre avec un voyant taquin.

Courses diverses, recherche d’un bar wifi, puis retour à l’atelier. La patronne se tord les mains, le camion est bloqué à un contrôle de douane, à plus d’une heure de Cuzco, elle essaye de les faire livrer en taxi….

Celui-ci arrivera à 17h30, impossible donc de partir ce soir. Et pour corser le tout, un goujon est grippé, il a dû être remonté en force lors de la dernière crevaison, au Brésil. Il cède enfin, mais ne pourra être remonté, filetage ruiné. On roulera donc sans.

Retour imprévu à Quinta la la à 19h30, et, ce soir, pas de happy hours.

Km : 12 Total 1020

Mardi 29 octobre  Jour 13 Cuzco  / Laguna Pacucha

Il nous faudra une bonne demi- heure pour traverser Cuzco, ayant loupé une intersection et baguenaudé dans quelques ruelles bien pentues.

Puis une belle route, de montagne, naturellement, avec un col, l’abra Surlacca, à 4000m, avant de dévaler jusqu’à Abancay.

La ville s’est déployée dans une vaste combe qu’elle obture complètement et il est impossible de la contourner.

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Ses rues étroites, engorgées et pentues sont un délice, nous gardions de notre premier passage un souvenir ému, et retrouverons les mêmes émotions : c’est dans ce genre d’occasion que je puise dans mon répertoire de jurons, au grand agacement d’Agnès.

En fond de vallée, nous trouvons l’embranchement pour d’Ayacucho. La route est belle, et raide. Au sommet, il faut choisir : une piste rejoignant le fond de la gorge, puis remontant le rio, ou les crêtes. Sur la base de l’expérience vécue par d’autres voyageurs qui avaient choisi la gorge et y avaient passé la journée, nous choisissons les crêtes.

Qui dit crêtes, dit cols. L’abra Huayllaccasa et ses 4165m nous attend : on monte à 35 km/h, mais la route est en très bon état, comme la plupart des routes péruviennes d’ailleurs.

En fin de journée, nous quittons la route pour un piste de 8km afin de bivouaquer au bord de Laguna Pacucha. Ce petit lac abrite sur ses rives quelques restaurants, fréquentés en saison. Aujourd’hui, c’est grand calme.

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S 13° 36.468’   O 73° 20.258’   Altitude 3125m

Km 347 Total 1367

Mercredi 30 octobre Jour 14 Laguna Pacucha / Ayacucho

Joli réveil, en bord de lagune, et charmante visite.

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Mauvais début de journée par contre : plus d’eau aux robinets, alors que j’ai fait le plein la veille ! Est-ce un problème de pompe ? de fusible ? de colmatage ? Un nettoyage du filtre, qui en avait bien besoin, ne règlera pas le problème. Nous constaterons alors que le réservoir est vide. Une fuite ? Misère..

Je réalise alors que, en déplaçant du matériel dans un coffre, j’ai malencontreusement actionné le poussoir de la commande de vidange du réservoir d’eau. Un incident banal mais qui nous montre, une fois de plus, à quel point nous sommes dépendants du matériel.

Abra Saraccocha, premier col à 4263m, ça monte sec, mais, avec 100kg d’eau en moins, ça passe mieux. Il faut voir le côté positif des choses…

La région est fertile, les vallées intensément cultivées et les pentes exploitées au maximum: maïs, pommes de terre et cultures maraichères alternent avec des parcelles de céréales qui sont fauchées avant maturité pour nourrir les bêtes.

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Bêtes qui d’ailleurs partent pâturer dès le matin, accompagnées de grand mères ou de jeunes filles. Traverser les routes ne les préoccupe guère, elles ont le sentiment légitime d’être prioritaires. Nous verrons même un cheptel familial complet défiler devant nous : les vaches, bien sûr, les moutons, aussi, et même une truie, en laisse, avec ses petits.

Au-delà de 3900m, beaucoup moins d’agglomérations, plus de ce maraichage qui verdissait le paysage, encore moins d’arbres : on ne voit plus qu’un tapis de graminées et parfois des parcelles, sur les versants les mieux exposés, qui viennent d’être labourées. Bien plus qu’en Bolivie, l’agriculture est mécanisée et seules les terres les plus pentues sont retournées à la main. Dans le brouillard et l’altitude, les couleurs sont moins riantes.

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Col franchi, roue libre (ou presque) jusqu’au lit d’une rivière 2200m plus bas. Halte au passage dans un village pour quelques emplettes : l’épicière, surprise que l’on achète un quatre quart entier (20 tranches !) alors qu’elle s’apprêtait à nous en vendre deux, est ravie, et tient à nous faire un cadeau : une petite boite d’allumettes ; ça tombe bien, on est à court.

Nous atteignons le pont permettant de traverser la vallée pour attaquer le versant opposé. Halte pour déjeuner au début de la montée : ce 2° col, l’abra Huamina, 4296m, il va falloir se le faire..

On n’est pas déçus, les épingles se succèdent par dizaines. Sur la journée, j’ai dû changer 2000 fois de vitesse…

Bonne surprise au sommet, on est sur l’altiplano et on peut, dans de belles lignes droites et de longues courbes progresser plus vite. Dernier col, que l’on efface facilement étant resté en altitude : l’abra Tocctoccsa, à 4200m. On termine le parcours par une longue descente vers Ayacucho, et sollicitons l’autorisation de nous garer pour la nuit à la station Primax, où nous refaisons le plein d’eau.

S 13° 13.279’   O 74° 13.707’   Altitude 3304m

Km 245   Total 1612

Jeudi 31 Jour 15   Ayacucho – Churcampa

L’entrée en ville en début de matinée est sportive. Heureusement Agnès a repéré sur Eoverlander un emplacement où nous pourrons laisser le véhicule, à moins de 2km de la Plazza de armas. Par chance, pour s’y rendre, on circule à contreflux et ça se dégage. Pas aussi simple sur la fin, la ville est coupée par un rio et de nombreuses rues finissent en cul de sac, qui nous vaudront quelques demi- tours.

Jolie place d’armes, qui nous rappelle celle d’Arequipa, avec toutefois une cathédrale bien plus modeste. Les arcades abritent comme dans la plupart des villes péruviennes, services publics, banques et agences de voyage. On y repère quand même « Le » café wifi où nous pourrons satisfaire notre addiction à l’internet en prenant un second petit déjeuner en terrasse, et what’sapper avec la famille.

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Les rues voisines de la place abritent de jolis immeubles de l’époque coloniale, aux vastes cours bordées de galeries.

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Nous visiterons la cathédrale en fin de matinée, bien décevante par son architecture mais aux splendides autels churrigueresques. (j’aime bien, je le ressors à chaque fois…)

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Par contre, le musée le plus intéressant, consacré aux arts populaires, est fermé. Nous décidons donc d’abréger l’étape et reprenons la route vers Huancayo.

Belle route jusqu’à Huanta. Agnès m’annonce : nous suivrons le lit du rio sur plus de 100km, pas de col en vue !

Sauf qu’à l’entrée de Mayocc, la route est barrée, il faut descendre dans le lit du rio puis le traverser sur d’anciens pont. Dans le village, déviation, on nous explique que la route est en travaux et n’est ouverte que les fins de semaine. Il nous faut nous engager sur la 3SD, par les crêtes.

Et on se tape une route bien raide, plus de 10% sur certains passages, et la plus étroite, que l’on ait jamais parcourue. Heureusement le goudron est de très bonne qualité, il est possible, à de rares endroits, de se croiser, et la circulation est réduite. Je ne cesserai de m’interroger, dans les épingles qu’il faut franchir en 1°, sur ce qu’il faudra faire face à camion…

Au bout d’une trentaine de km, nous débouchons dans un village, Churcampa, avec une jolie placette où nous décidons de passer la nuit. Plein les bottes.

Echanges sympas avec l’épicier du coin, puis : bonne nuit les petits…

S 12° 44’ 22.1’’    O 74° 23’ 15.6’’    Altitude 3306m

Km 128 Total 1740

Vendredi 1° novembre  Jour 16   Churcampa / Viques

Départ matinal, l’étape risque d’être longue. Dès la sortie du village, plus de goudron, mais une route bien dure, sans trous ni tôle ondulée, quasiment le rêve.

Sauf qu’on est bien sur une route de montagne : 120km à plus de 3800m d’altitude dont 30  à plus de 4200 m, et si étroite qu’il nous faudra faire marche arrière deux fois pour pouvoir croiser des camions.

Dans un virage, la question ne se pose plus : une semi-remorque est à 45° : pour pouvoir croiser et éviter que le véhicule en face verse au ravin, le chauffeur a mordu le fossé côté montagne et son tracteur a basculé et se trouve maintenant en appui sur la pente de rochers. La remorque a suivi.

Il nous reste assez de place pour passer et Agnès n’apprécie pas trop la sensation : côté ravin, le passager à une belle vue sur l’abîme..

Et, à l’issue d’une longue descente où la route est parfois tracée sur la crête avec des ravins de chaque côté, nous retrouvons enfin le goudron.

Route nord -ouest vers Huancayo, belle route bien large, et bien pentue. Si pentue que le conducteur d’une semi-remorque circulant en sens inverse en a perdu le contrôle dans la descente, a traversé la chaussée et s’est retourné dans le fossé de la voie montante, quelques instants avant notre passage, la police vient tout juste d’arriver.

Le métier de chauffeur de poids lourd, dans ces contrées, où ils rejouent chaque jour « Le salaire de la peur » mérite le respect…

Nous devons traverser Viques, mais la route est barrée, pont en construction dans le village. Un gros effort de rénovation du réseau est manifestement entrepris, une dizaine de ponts doivent être reconstruits dans le secteur. Déviation donc, sportive par des chemins étroits et des raidillons Pour corser le tout, les locaux taxent les véhicules qui empruntent ces chemins : 2 soles le passage. Ils ne manquent pas d’air !

Nous cherchons le camping repéré sur Eoverlander, c’est à 40km, dans la montagne. Un nouveau col à 4000m, et plus nous nous enfonçons dans la montagne, plus le doute nous envahit sur la localisation. Arrivés au point GPS, nous sommes sur une piste, au milieu de nulle part. Vérification faite, j’ai fait une erreur en encodant les coordonnées dans le Garmin…

Une demi- heure de pause et on fait demi-tour. Comme toujours, le retour nous paraitra bien plus rapide, belle consolation. Sans plus chercher, bivouac sur la plazza de Viques

S 12° 09’ 19.1’’     O 75° 14’ 42.2’’      Altitude 3200m

Km 276         Total 2016

Samedi 2 novembre. Jour 17  Viques / La Florida

Malins, pour éviter les chemins périlleux de la déviation du pont de Viques, nous nous dirigeons vers Huancayo par la rive droite du rio, et bénéficions d’une route peu fréquentée qui nous mène tout droit au pont qui permet d’accéder à la ville.

Nous laissons le véhicule dans une station- service et gagnons le centre- ville, Plazza de la Constitucion, en taxi.

Huancayo ne vaut pas le détour : ville active, se modernisant à grand pas, bruyante et sans autre intérêt que ses mercados. Après la halte wifi indispensable (au Starbucks, la honte !) nous irons y chercher un peu de dépaysement dans un quartier bouillonnant, derrière la gare.

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Nous ne nous attarderons pas à Huancayo et repartons vers La Florida, où nous espérons pouvoir passer la nuit dans une hacienda.

Arrivés sur place, nos vœux sont exaucés : la propriétaire est charmante et nous indique l’emplacement idoine pour y garer le véhicule, dans une des cours de cette belle exploitation, agricole, mais où se pratique en parallèle une activité hôtelière.

Vestiges des temps passés, la cloche, pour sonner l’alarme, la simplissime chapelle, le pigeonnier

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Visible de la terrasse, Le jardin, et son espace méditation,  vaut le détour.

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Nous y profiterons de la restauration : au diner on nous servira en dessert une préparation dont nous n’avons pas capté le nom : de la semoule de maïs cuite à l’étouffée dans des feuilles de maïs, relevée de quelques raisins secs confits dans de l’alcool. Délicieux, quoique un peu roboratif.

S 11° 22.124’   O 75° 40.822’’   Altitude 3010m

Km 130  Total 2146km

Nous venons d’apprendre le décès de notre ami Bertrand. Face à cela, toutes nos petites mésaventures paraissent bien dérisoires. Il avait choisi de faire de sa passion pour le voyage son métier. Avec lui, c’est l’élégance qui s’en va.

Toute notre affection à Nadine, Romain et Simon

 

 

5 commentaires pour “2019 11 03 Ayacucho

  1. Nadine Cuisinier le 4 novembre 2019 à 6 h 34 min a posté:

    Merci pour cette pensée pour Bertrand. Le mot élégance à été utilisé plusieurs fois dans les nombreux messages reçus. Il le définit bien. Il vous suivait dans vos aventures péruviennes. Je continuerai à vous suivre pour 2. Bon voyage.

  2. Jocelyne et Michel le 4 novembre 2019 à 8 h 16 min a posté:

    On dirait presque un épisode des « Routes de l’impossible « … que nous regardons de temps en temps à la télé, nous tremblons à chaque fois pour le chauffeur qui doit se battre avec son camion et les routes étroites, nous allons maintenant trembler pour vous. On vous embrasse.

  3. Anonyme le 6 novembre 2019 à 18 h 26 min a posté:

    Aie,aie,chaud chaud….
    il faut serrer les fesses dans les virages .heureusement vous avez trouvé un bel endroit pour mediter avant de repartir on the road again
    Francois

  4. michel et emmanuelle le 11 novembre 2019 à 19 h 59 min a posté:

    puisqu’on de moque de moi je ne laisse pas de message (!!)Michel
    mais je n’encense pas moins…bises qd meme

  5. Francois le 15 novembre 2019 à 12 h 05 min a posté:

    De bien belles étapes entre le passé et le présent; le système de retraite moche était rustique et efficace : un système non pas par répartition mais par décapitation , ou par strangulation ; une fois les travaux effectués par les esclaves on les zigouillait, avant de devenir soi même esclave de l’ envahisseur Inca, jusqu’à ce que les espagnols foutent tout en l’air…
    Bises
    François

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