Author Archives: Blog Asie

Dimanche 23 septembre. Jour 13 :   Chapadas dos Guimaraes

Le camping est une bonne base de départ pour les quelques points d’intérêt de cette région du nord Pantanal. Ne souhaitant pas nous engager dans des randonnées de neuf heures, (il fait 33° l’après- midi), randonnées qui nous donneraient accès à des grottes et à des cascades dont nous n’avons pas une soif absolue après les chutes d’Iguasu, nous nous limiterons à une promenade dans le parc de « Chapadas dos Guimaraes ».

Elle nous mènera à deux « cachoeiras », petites chutes d’eau ayant provoqué la création d’un bassin au bord duquel, en ce dimanche, les familles viennent pique- niquer et, pour certains, profiter de la douche. Elle sera bien rafraichissante. Nous poussons ensuite jusqu’à la cascade du « Véu da Noiva » ou « Voile de la mariée » que nous trouvons bien modeste.

DSCN5935

C’est le début du printemps, la végétation redémarre, d’un beau vert tendre sur des troncs qu’on pensait desséchés, et déjà des boutons..

DSCN5939

DSCN5943

Puis nous nous rapprocherons du bord de cet immense plateau gréseux où s’est bâtie, à 800 m d’altitude, la ville de Chapadas pour admirer le point de vue sur la vallée du rio Cuiabà . La brume nous empêchera de voir la ville du même nom, capitale de la Province.

Retour au camping, nous ferons la connaissance d’un jeune couple brésilien y ayant passé le week-end dans leur camping-car, un fourgon Renault bien équipé.  Mariana, qui a travaillé pendant un an dans un restaurant strasbourgeois, parle parfaitement le français et a repris des études, Ricardo est dans la police fédérale, et a été muté récemment à Cuiaba. Il doit prendre un vol ce soir pour Brasilia.

Ils terminent leur repas et insisteront pour nous le faire partager. Ayant déjà déjeuné, nous nous contenterons de picorer un peu de viande grillée, excellente au demeurant, en échangeant nos N° de téléphones, adresses mails et références de blog. Ils nous quitteront bientôt, sur la promesse de nous envoyer les coordonnées d’un garage susceptible de procéder au remplacement de nos deux batteries de cellule. Ce sera fait dans la soirée, merci Whatsapp.

Km 48 Total 3776

Lundi 24 septembre. Jour 14 :   Chapadas

Je ne parviens toujours pas à diagnostiquer le problème que nous rencontrons. Le panneau de contrôle signale une tension insuffisante et met toute la distribution en sécurité, ce qui indiquerait une tension inférieure à 10V, alors que je mesure entre 12,5V et 13,5V aux bornes des batteries, suivant les moments. Résultat : plus d’éclairage dans la cellule, de chauffage, ni d’eau, chaude ou froide. Par bonheur, le frigo fonctionne. L’alternateur délivre cependant une tension correcte, ainsi que le chargeur extérieur. Les batteries sont-elles à plat, ne prennent que partiellement la charge et chutent-elles en tension au moindre appel de puissance ? Bizarre..

Nous nous rendons au  Pick up Customer  center en traversant toute la ville de Cuiaba. Le réceptionniste nous indique qu’il ne dispose pas de batteries à décharge lente et nous adresse à un électricien auto, à 7km. Sur place, même constat, on nous adresse au voisin, vendeur de batteries. Et, cela va sans dire, avec des échanges plutôt limités vu mon niveau en portugais.

Le vendeur, très amène, commande aussitôt deux batteries, qu’un de ses employés ira chercher en moto dans l’heure. Montage, et échec, la Led du panneau de contrôle reste au rouge.  Je le fais constater au vendeur, ça l’interpelle, il se renseigne et m’indique que le modèle qu’il a installé, à  600€ les deux quand même, ne convient pas. Nouvelles recherches: il y aurait des batteries disponibles à Santa Catarina (à 2000km !), 400€ pièce, délai de livraison inconnu, entre 1 semaine et 1 mois !

Nous faisons remonter les anciennes batteries, prenons rendez- vous pour le lendemain, car je veux faire quelques vérifications avant de prendre une décision, et nous remontons vers le camping, sur le plateau, l’air y sera plus frais.

A notre arrivée Jonas est ravi de nous revoir.

DSCN5953

Un gros camion Mercédès est arrivé dans la journée. A son bord, un couple anglais. Comme toujours, dans ces lieux de passage de voyageurs, le contact est immédiat et l’entraide garantie. Conciliabule, notre nouvel ami anglais me conseillera de vérifier toutes les connexions, il pense que les batteries sont OK et qu’il doit y avoir un contact défaillant. A voir demain matin, pour l’instant, il pleut.

Retour d’information à Mariana par Whatsapp. Elle échange alors avec Ricardo, encore à Brasilia, lui-même, qui appelle un de ses collègues pour intervenir auprès de Mr Divino, patron de « Pick up customer center ». Ricardo ira même jusqu’à nous proposer de ramener des batteries de Brasilia !

Intervention efficace, comme partout, la police a le bras long ; bien qu’il soit 10h du soir, nous recevrons un message de Mr Divino : « je vous attends demain à 7heures ». Un peu tôt pour nous, vu les vérifications à faire et les 65 km de route, on décale le rendez- vous.

Km 107 Total 3883

Mardi 25 septembre. Jour 15. Cuiaba

Je chatouillerai toutes les connexions accessibles, sans rien trouver. Nouveau départ vers le « Pick up customer center ». Mr Divino nous accueille, et nous annonce la venue d’un expert à partir de 13h.

Après deux heures de recherche, celui-ci nous confirme que les batteries sont OK, et que le problème se situe au niveau de la carte électronique du coffret de distribution. Il faudra se rendre à son atelier demain, il n’a pas ici le matériel nécessaire….

Nous repassons chez le vendeur de batteries pour régler la facture du démontage et remontage, il ne veut rien…

Avant de chercher un point de bivouac, quelques courses dans un supermarché Atacadao, qui semble le fruit d’un accouplement entre un Lidl, pour la présentation sur palettes, et un Metro, pour la taille des conditionnements. Les palettes sont stockées sur des racks de 5 niveaux !!

Le 1° point Ioverlander, annoncé comme quasi idyllique est en fait une station-service à l’entrée sud de Cuiaba, sur la pénétrante saturée de camions, et où les poids lourds s’entassent. On rebrousse chemin pour nous installer dans un parking du campus de l’Université de Mato Grosso.

La nuit sera calme, même si les derniers cours finissent à 22h, heure où les parkings se vident, mais étouffante, il a fait 37° l’après-midi. A moins de 200m d’altitude, on ne bénéficie plus du léger rafraichissement du plateau

S 15° 36’ 48.3’’   W 56° 04’ 14.6’’

Km 124 Total 4007

Mercredi 26 septembre. Jour 16. Cuiaba

31° à 7 heures du matin, puis une triste journée. Arrivés au Pick up center à 8h, nous conduisons le véhicule dans un autre atelier, à 8km. Le technicien se met dessus à 9h, démonte la carte et commence ses vérifications. Nous attendons. En fin de matinée il me montre le composant qu’il a identifié défaillant et qu’il a dessoudé de la carte. Il me fait comprendre qu’il va en rechercher un sur le marché de l’occasion.

Heureusement qu’un employé du Pickup center se présente à ce moment là pour nous y ramener, la perspective du repas nous distrait de nos soucis.

Mr Divino nous conviera à partager son repas dans une churrascaria, où nous retrouverons le genre de service dont nous avions bénéficié sur Copacabana : Tous types de viandes grillées à la broche, que les serveurs découpent avec des couteaux de la taille d’une machete, en fines lamelles au-dessus de notre assiette, à charge pour nous de les détacher de la pièce embrochée avec une pince. Pas adroit, je saisirai à plusieurs reprises la lame du couteau avec…

Nous entendant, un serveur s’adresse à nous en français : il est haïtien, au Brésil depuis quelques années. Grâce à son truchement (je viens de lire « Rouge Brésil », de Ruffin, (pas François de LFI, malgré le titre, l’autre, Jean Christophe, l’humanitaire romancier diplomate)), nous pourrons exprimer tous nos remerciements à Mr Divino. Jusqu’ici ,notre conversation était un peu difficile ; nous lui offrirons le repas, ce qu’il acceptera avec simplicité.

Retour au Pick up center et nouvelle attente puis Mr Divino nous informe que le composant électronique a été trouvé, qu’on est allé le chercher et qu’il va être remonté. Le moral remonte. Nous attendons de récupérer le véhicule, jusqu’à ce que l’on nous prévienne que le technicien rencontre des difficultés. Reconduits sur place, il nous explique, pour ce que j’en comprends, que la carte électronique est maintenant fonctionnelle, mais qu’il a constaté un fil débranché au niveau de la chaudière (curieux, nous n’avions pas de problème à ce niveau-là) et que le fait de le rebrancher met l’installation complète en défaut. Nous pouvons récupérer le véhicule mais il faudrait lui ramener demain.

Vu l’état de la cellule (il n’a pas pris les patins, ni mis les gants..) et le travail pour la rendre habitable, nous nous rabattrons sur l’hôtel où nous conduira l’employé qui nous sert de chauffeur. Cerise sur le gâteau, le frigo ne fonctionnant plus, Agnès décide de donner les denrées périssables à cet employé, qui les accepte, lui aussi avec simplicité.

Bien qu’un peu déprimés, nous savons apprécier les efforts que tous font, sans mésestimer le stimulus que représente l’intervention d’un officier de la Police Fédérale !

Hôtel d’une grande simplicité, à un prix à se faire demander pourquoi nous voyageons en camping- car : 23 € la nuit, petit déjeuner compris, pour deux personnes !

Dans la chambre, une information désarmante…

DSCN5954

Demain est un autre jour.

Jeudi 27 septembre. Jour 17. Cuiaba – Pocone

4° jour que nous sommes bloqués. Si rien n’est réglé aujourd’hui, nous faisons demi-tour vers Montevideo : contacté, Dirk nous a répondu qu’il avait la capacité de régler le problème, quitte à faire venir des pièces d’Europe ou des USA. Nous pourrons au moins communiquer sans devoir utiliser Google trad.

Ce qui est dommage, c’est que nous ne pouvons même pas profiter de ces journées pour visiter la ville : coincés que nous sommes dans la salle d’attente, heureusement climatisée et pourvue de wifi, de cet atelier situé dans un quartier périphérique, suspendus aux messages que reçoit, de temps en temps, Mr Divino

Enfin, vers 15h, le véhicule est devant la porte !

Rapide vérification, le défaut n’a pas disparu…

Cependant le système ne coupe plus lumière, ventilation ni chaudière malgré l’alarme de tension insuffisante. Seule la pompe à eau reste coupée, mais on peut la démarrer en manuel. Quant au chargeur, impossible de le vérifier pour le moment.

Nous décidons de repartir, la faune du Pantanal nous attend, pour l’instant on n’a vu que des moustiques et un bug..

Arrivés à Pocone à la nuit, nous décidons de dormir à l’hôtel TUYUYU, vu la chaleur et l’absence immédiate de bivouac sympa. Encore mieux qu’à Cuiaba, 17€ la nuit pour deux. Pourquoi s’en priver ?

S 16° 15’ 18.5’’    W 56° 37’’ 39.4’’

Km 126 Total 4133

Vendredi 28 septembre. Jour 18. Pocone – Porto Jofre

Départ à 7h pour une étape de piste courte, 145km, mais dont les 20 derniers nous ont été décrits difficiles. Dès la sortie de Pocone, une piste de ripio bien latéritique file vers le sud.

Cette piste, la transpantaneria, aurait dû relier Cuiaba à Corumba, en traversant une zone de marais, totalement inondée de novembre à avril, le niveau grimpant de plus de 3m. Sous la pression écologiste et en vue de protéger l’exceptionnelle biodiversité, les travaux ont été stoppés. à Porto Jofre. Pour rejoindre Corumba, il n’y a donc que deux options : descendre le rio Paraguay depuis Porto Jofre en bateau sur 185km, ou rebrousser chemin et contourner la région par l’est, puis cap au sud, sur les 1500 km que nous venons de parcourir dans l’autre sens, noyés dans la noria de camions.

Le choix sera vite fait, un bateau faisant le voyage aller- retour une fois par semaine, prochain départ de Porto Jofre dimanche. Nous avons pu négocier le prix du passage avec le propriétaire via Whatsapp, sans avoir vraiment compris s’il s’agissait d’un ferry ou d’une bétaillère fluviale acceptant des passagers. Nous serons vite fixés.

Nous étions inquiets de l’état de la piste vu l’énorme orage de la nuit, mais il a dû être très localisé et la piste est vite sèche. De la tôle ondulée, gentillette, sur les 30 premiers km, puis ça devient roulant. Seules raisons pour ralentir, les ponts, il y en aura 126 sur le parcours et leur état se dégrade lorsque l’on se rapproche de Porto Jofre, et, bien sûr, les poses photos.

DSCN5957

DSCN5966

Et des sujets de photos il y en aura ! Dès la barrière du parc franchi, une bande de caïmans nous souhaite la bienvenue, babines retroussées, puis les hardes de capybaras (pas sûr que le terme soit adapté pour des rongeurs..) qui barbotent, puis sortent de l’eau et s’éloignent quand on s’approche trop près (on a pas essayé avec les caïmans..)

DSCN5969

DSCN5960

DSCN5962

DSCN5985 (2)

DSCN5989 (2)

Et des oiseaux de toutes espèces, avec parfois des couleurs éclatantes.

DSCN5958

DSCN6015

DSCN5993 (2)

Arrivée en milieu d’après midi au Jaguar camp, la fin de piste n’était pas si mauvaise, mais le plaisir d’arriver est un peu gâché par le constat d’un pneu qui vient manifestement de crever. C’est la scoumoune !!!

DSCN6029

Changer une roue par 35° est excellent pour la ligne, et on confirme : une belle vis plantée entre deux crampons. Bien la peine d’avoir évité les clous sur les 126 ponts et se payer une vis en arrivant ! Et en plus le filetage d’un des goujons est faussé, impossible de remettre l’écrou.

DSCN6028

On s’occupera de tout ça à Corumba, demain, on oublie les petites misères et on part faire un safari jaguar.

S 17.35502°  W 56.76847 °

Km 146 Total 4279

 

 Samedi  29 septembre.  Jour 19 : Porto Jofre

Le « Jaguar Camp » permet, dans ses quelques chambres, l’hébergement de voyageurs qui viennent pour de courts séjours observer des jaguars dans leur milieu naturel. Il peut aussi accueillir quelques « campers ».

Et, parmi les bananiers, image extraordinaire d’un palmier colonisé, par un autre arbre qui l’a littéralement étouffé.

DSCN6397

DSCN6399

DSCN6389

Ce camp est géré par l’agence « Pantanal Nature » qui s’est spécialisée dans les « Jaguar tours ». Le lieu n’a pas été choisi sans raisons : de 4 à 7000 individus, soit la plus forte concentration de tout le continent, ont été dénombrés au Pantanal, sur les 120 000 estimés pour l’ensemble des trois Amériques. Le camp abrite également, en résidence temporaire, des scientifiques qui viennent, en ce lieu privilégié, étudier le comportement de ces grands félins et partager un peu de leur savoir avec les visiteurs.

Départ à 6h30, et remontée de la Cuiaba pendant près d’une heure sur des canots rapides.

DSCN6038

Avant les grosses bêtes, des prédateurs moins impressionnants, mais tout aussi efficaces : les loutres. Les canots ne les effraient pas et elles chassent en bandes de 3 ou 4, mais celle qui attrape un poisson ne partage pas, et fonce se réfugier dans les plantes aquatiques pour achever son repas, l’ayant, dans sa voracité, déjà bien entamé en route. Animal étonnant par son habileté à saisir ses proies avec ses pattes avant, vraies mains préhensiles, et par son agressivité : même les jaguars les évitent.

DSCN6063

DSCN6067

DSCN6179

DSCN6182

DSCN6183

Plus gracieux, les oiseaux aux couleurs éclatantes qui font leur toilette sur les plages, ou qui viennent débarrasser leurs copains capybaras de leurs parasites.

DSCN6043

DSCN6237

DSCN6244

DSCN6362

DSCN6368

Plus inquiétant, l’anaconda qui tente de gravir la berge sableuse, n’y parvient pas, et se résout à longer la berge jusqu’à un point plus accessible.

DSCN6382

DSCN6383

DSCN6385

Et, but de la journée, le premier jaguar. On ne risque pas de le manquer, dans une boucle de la rivière, une dizaine de canots sont stoppés et leurs passagers, objectifs braqués, mitraillent au moindre bruissement des feuilles. Cela nous rappellera furieusement un « Léopard tour » au Kenya, où une vingtaine de minibus cernaient un tertre d’où, avec de l’imagination, on pouvait distinguer les moustaches d’un léopard. La raison en est simple : ici, comme là bas, les guides communiquent par radio et se signalent la présence des animaux qu’ils ont à cœur de montrer à leurs clients.

Nous aurons appris que le jaguar est le cousin américain du leopard, et que des croisements fertiles entre ces deux espèces ont été constatés en captivité, mais que la taille des canines du jaguar et la puissance de ses mâchoires en font le prédateur le plus redoutable de tous les félins : il met régulièrement le caïman, à son menu, en lui broyant la nuque, et à longtemps été chassé en raison des ravages qu’il causait dans les troupeaux de bovins.

Premier jaguar donc, qui remonte lentement la berge puis s’installe pour sa sieste en nous ignorant superbement. Selon notre guide, il s’agit de Jeff, 7 ans.

DSCN6116

DSCN6131

DSCN6142

DSCN6140

Rencontre à nouveau de Okan, Donna et leur fils Indigo, canadiens dont nous avions fait la connaissance au camping de Chapadas et qui descendront le fleuve avec nous.

DSCN6333

Nous aurons la chance, ensuite, d’observer un couple de jaguars et ses câlins, puis, l’après- midi, un mâle qui remonte la rivière, tantôt nageant, tantôt progressant sur la berge, puis un dernier solitaire, à la fourche d’un arbre, dans la pénombre qui vient.

DSCN6143

DSCN6144

DSCN6145

DSCN6195

DSCN6188

DSCN6209

DSCN6205

DSCN6212

DSCN6200

DSCN6201

DSCN6308

DSCN6349

Et pour terminer, l’espèce animale la plus incongrue dans cet environnement.

DSCN6215

 Dimanche 30 septembre. Jour 20 :   Porto Jofre

C’est dimanche, grasse mat, lessive, rangement, blog. Et en plus, nous pouvons recharger les batteries sur le secteur, on nous a trouvé la seule prise 220V du « Jaguar Camp ». En général, dans les campings ou les hotels les réseaux sont doublés et on a le choix de se brancher en 110 ou 220V, mais les installations domestiques sont en 110V, et c’est aussi le cas ici.

Il faut être à l’embarquement pour le début d’après-midi, départ 19h. A 14h30, on nous prévient que le bateau nous attend. Nous sommes vite sur place et on comprend vite que ce n’est pas un ferry, mais une bétaillère, une barge poussée par la « Santa Laura »

DSCN6401

Embarquement assez aisé, en roulant sur deux grosses poutres, guidés par l’équipage, et départ dès 15h30. Nos véhicules sont à l’avant de la barge et nous sortons les fauteuils, pour profiter du spectacle. Les berges  désertes, on se permet même un petit scrabble.

DSCN6407

DSCN6435

A 17h30, on nous prévient que le diner est prêt. C’est le rythme « hospices », mais il est vrai que la nuit tombe à 18h.

Coucher tôt, donc, puis arrêt vers 23h. Nuit noire, on ne voit rien dehors.

Lundi 1° octobre. Jour 21. Sur la barge

A 5h, nous sommes déjà réveillés et le jour se lève à peine, on nous informe qu’il faut changer de barge. Il faut tout ranger, puis manœuvrer pour descendre de la barge, ou plutôt remonter de la barge vers un pré, ce qui sera simple, puis attendre qu’une deuxième barge, plus grande, soit mise en place, et enfin réembarquer, toujours sur les poutres.

Un fois le pick up d’Okan chargé, je mesure l’espace qui reste pour passer : 2,17m, notre largeur itou, je refuse de monter. La barge est plus grande que la précédente, mais le passage moins large ! Une seule solution, scier une des protections des barrières. Okan doit débarquer, on apporte une scie à métaux, et l’opération est vite effectuée, puis rebelote pour remonter à bord. On commence à s’habituer à grimper sur les poutres.

DSCN6490

Nous sommes devant ce qui ressemble à une ferme, avec de grands parcs à bestiaux et un petit bâtiment proclamant pompeusement « Porto ze Vania »

DSCN6447

Une fois chargée, la barge est déplacée, et nous assisterons au chargement d’environ 1200 bovins, des taurillons, qui viendront remplir, par cases de 30 têtes, les 6 barges qui seront ensuite assemblées en un énorme train, poussé par la « Santa Laura » et la « Laura de Vicogna »

DSCN6528

L’opération aura duré toute la journée, et nous sommes maintenant juste devant les pousseurs, sans accès à l’avant de la 1° barge. Sur notre droite, le pick up de Okan et Donna, sur notre gauche, les vaches. Efflanquées, nous imaginons qu’elles sont transportées, avant la saison des pluies, vers des pâturages plus riches afin de les engraisser, elles en ont bien besoin.

Et l’on suppute qu’elles ont été maintenues à jeun depuis quelques jours, leur productivité bousière semblant, pour le moment, réduite, ce dont nous nous félicitons…

Par contre, elles auront à supporter deux jours à bord sans boire, sous un soleil de plomb. Soyons cyniques, pour la productivité urinaire, ce n’est pas mal non plus..

A la nuit tombée, à l’approche du rio Paraguay, le paysage change, devient plus montagneux et les feux de forêts scintillent sur les pentes. Cela n’émeut personne à bord et, vu la densité de population, les moyens restreints et l’accès malaisé, il semble clair qu’il n’y ai qu’une seule stratégie: laisser brûler.

DSCN6441

Nous naviguerons sans arrêts, entre deux berges à la végétation dense, parmi les nombreux bras du fleuve, très méandreux. La navigation se poursuit toute la nuit, les timoniers se relevant régulièrement, mais nous ne comprenons pas comment ils parviennent à diriger le convoi dans cette obscurité absolue, coupée de temps en temps par l’éclat d’un projecteur balayant les rives.

Mardi 2 octobre Jour 22 Sur la barge

Le passage du rio Cuiaba au rio Paraguay s’est fait dans la nuit, sans changement dans le paysage, le fleuve s’écoulant lentement entre des rives à la dense végétation et dont les berges sont floues, les eaux étant couvertes de plantes aquatiques. On évite le soleil en changeant de bord, à chaque fois qu’un méandre bascule les ombres d’un bord sur l’autre. Et la routin s’est installée..

DSC_0025

DSC_0024

DSCN6566

A 10h30, on nous annonce le repas de midi. Riz haricots, « as usual », mais aujourd’hui c’est avec des beignets de poisson.

En vue de Corumba à 13h, on atteint le point de débarquement à 15h.

DSCN6589

Des cavaliers attendent le troupeau, et on comprendra bien vite que nous ne descendrons que lorsque la dernière vache aura débarqué.

DSCN6600

Cela prendra tout l’après- midi et nous ne quitterons la barge qu’à 20h, à la lueur des phares. Bien tard, il faut encore remonter jusqu’à Corumba, attendre Okan qui doit retirer du cash pour payer le transport et nous rendre ensuite à la Pousada do Cachimbo.

On aura raté le coucher du soleil, dommage.

S 19.00321°   W 57.67305°

Mercredi 3 octobre Jour 23. Corumba / Bodoquena

Bel endroit, superbement placé car dominant la vallée du rio Paraguay, accueil souriant par Jane et son fils Hugo dans des installations un peu défraichies. Dommage que le nombre réduit de touristes ne permette pas de remettre à niveau, l’endroit en vaut la peine.

On trouve assez vite une « boracheira », où l’on nous répare notre pneu à l’ancienne, avec une mèche, et en ¼ d’heure, remontage compris. Et pour le problème d’écrou, il a suffi d’en inverser deux pour fileter l’arrête du gougeon endommagée, on verra ce que cela donnera au prochain démontage.

Le tout pour moins de 5€, vérification de la pression des 4 pneus comprise, avec la goutte de salive pour vérifier l’étanchéité des valves, à l’ancienne on vous dit!

Départ vers Bonito à 14h par une excellente route, et halte pour la nuit en sortie du bourg de Bodoquena, sur le parking d’une station Shell flambant neuve. Il fait encore 27° à 18h

S 20° 33’ 6.8’’   W 56° 41’ 42.3’’

Km 291 Total 4570

Jeudi 04 octobre Jour 24. Bodoquena / Bonito 

Départ de bon matin, la route est toujours bonne, à l’exception d’un tronçon défoncé par les camions, aux abords d’une cimenterie, en sortie de Bodoquena. Nous nous rendons directement à la  Pousada Peralta, établissement comportant des chambres d’hôtel, des emplacements et installations destinés aux campeurs, mais également une agence permettant de s’inscrire à n’importe qu’elle activité, culturelle ou sportive, offerte par les nombreux opérateurs touristiques de la ville.

Nous nous inscrivons d’office à une descente de rivière pour l’après midi, et partons en chasse d’un garage : les ennuis ne sont pas terminés, un voyant indiquant un défaut au niveau de la transmission (baisse de pression d’huile ?) s’est allumé lors de notre démarrage matinal.

Le 1° garage nous expédie chez un électricien auto, qui nous fixe rendez-vous au lendemain 8h.

On décide d’ignorer le défaut et d’entreprendre les activités prévues : le voyant est orange, et pas rouge, mais j’ai du mal à l’oublier, ça me rend nerveux, je ne peux m’empêcher d’imaginer un blocage de la transmission ;

La descente du Rio Sicuri s’effectuera au sein d’une immense fazenda à 20 km de Bonito, par une bonne piste. Outre ses activités d’élevage de bovins, elle s’est orientée également sur l’écotourisme en développant un parc naturel sur les terres non cultivées qui bordent le rio.

On y pratique le « snorkeling », ou pour le dire plus simplement, la descente de rivière avec masque et tuba. Un personnel nombreux, souriant et compétent nous équipe de combinaison et gilet, nous prodigue une petite formation en piscine et, hardi petit ! nous lâche par groupe de 8. Ne nous lâche pas complètement, pour être honnête, un accompagnateur suit le groupe en barque, il a un boulot plutôt cool.

L’eau est d’une limpidité étonnante, et les poissons nombreux, mais sans grande variété. Le courant nous pousse et il n’y a qu’à se laisser aller, avec le gilet, impossible de couler, ni même de plonger pour ramasser les belles coquilles d’escargots qui jonchent le fond.

La descente aura duré une heure, nous avions loué une Gopro pour tirer le portrait de quelques poissons, mais sa mise en œuvre sous l’eau a laissé à désirer. Un peu d’indulgence donc pour la photo.

G0068548

S 21° 05’ 5.7’’   W 56° 30’ 2.4’’  Altitude 291m  25/28°C

Km 71  Total 4641

Vendredi 05 octobre, jour 25 . Bonito

8 heures pile devant l’atelier de l’électricien auto. Il faudra près d’une heure pour être pris en charge, puis voir un meccano s’escrimer sur le démontage des carters pour accéder à la transmission.

L’électricien fera quelques tests, ne trouvera rien d’anormal, et nous adressera à un autre garage pour vérifier le niveau d’huile de la transmission. Il refusera tout paiement.

Nouvelles explications et là, le patron du garage sait de quoi il parle : il ne s’agit pas d’un défaut, contrairement à ce qu’indique la brochure du véhicule, mais d’un signal invitant le propriétaire à faire une révision ! Ce qui en l’occurrence n’a pas lieu d’être car la dernière révision a été faite il y a moins de 9000 km, pour un intervalle théorique de 30 00; le calculateur n’a sans doute pas été remis à zéro.

Notre sauveur effectue un reset par une procédure bizarre, mais sans doute prévue par le constructeur : contact mis, frein et embrayage enfoncés pendant 20 secondes, on coupe le contact, puis rebelote pendant 1 minute et là, le voyant clignote, puis s’éteint !

Si on tient le type qui a mis ça au point, on le scalpe..

Nous pourrons alors, l’esprit plus tranquille, nous rendre au « Bocado de los aras », à une cinquantaine de km, par une bonne route.

Gigantesque doline de 100m de profondeur et 150 m de diamètre, il résulte de l’effondrement de la voute d’une grotte et ses parois abritent les nids d’une cinquantaine de couples d’aras, et de quelques faucons.

DSC_0058

DSC_0022

DSC_0038

DSCN6631

Sur la route du retour nous nous arrêterons au « balneario municipal », en fait un méandre de la rivière aménagé en baignade. Le courant y est fort, l’eau claire et fraiche, et le nombre de poissons donne l’impression de se baigner dans une pisciculture !

DSCN6652

Les familles viennent y pique- niquer en nombre et buller sur la rive, nous en feront autant, avant de regagner notre bivouac et partir en quête des toucans, en vain.

Km 120 Total 4761

Samedi 6 octobre, jour 26. Bonito / Corumba

La ville de Bonito est une des plus agréable que nous ayons visité : un centre ville moderne (relativement..), aux commerces, agences et terrasses de bar qui profitent manifestement de l’afflux des touristes attirés par des activités de plein air et lui apportent une prospérité qui manque à de nombreuses agglomérations brésiliennes . Nous ne regrettons pas les km avalés pour l’atteindre.

Remontant vers Corumba, nous ferons une halte à la Pousada da Lontra, complexe hôtelier là encore bien défraichi, mais situé dans un emplacement exceptionnel, sur la rive du rio Miranda.

Une ballade sur les passerelles le long du rio, bien casse gueule car en très triste état, ne nous permettra pas de voir les caïmans qui, à cette heure, doivent faire la sieste, mais les capyrabas sont là pour nous montrer que les membres d’une espèce en voie de disparition peuvent redoubler d’efforts coïtaux pour faire mentir la prédiction..

DSC_0086

Sur la route du retour, les couleurs flamboient

DSC_0076

DSCN6701

DSCN6691

DSCN6614

DSCN6680

DSCN6667

DSCN6659

DSCN6665

Nous regagnons la Pousada do Cachimbo pour profiter du coucher du soleil sur le rio Paraguay, y passer la nuit, avant de nous présenter, demain, au poste frontière avec la Bolivie.

DSCN6708

Ce dimanche est jour d’élection et on vote pour élire le Président, 53 gouverneurs de province, les députés et les sénateurs. Nous avions, depuis notre arrivée au Brésil, noté, à de nombreux carrefours, aux rond-point, la présence de militants portant des pancartes avec le nom de leur champion et un numéro en gros caractères. Renseignement pris, il s’agit du nombre, en général à 5 chiffres, qu’il faut encoder sur le bulletin de vote pour exprimer son choix. Ici, chacun affiche ses préférences et nombreuses sont les voitures qui arborent ces affiches sur leur lunette arrière

Pour le poste de Président, le candidat d’extrême droite est à cette heure, le favori des sondages. Les progrès sociaux apportés par Lula lors de son premier mandat ont vite été oubliés, effacés par la crise économique et noyés dans les scandales de corruption. Les adversaires du Parti des Travailleurs, la droite,  l’armée, les classes moyennes et le monde des affaires, ce qui fait beaucoup,  ont dégagé la voie a l’extrême droite, et le réal a gagné 10% par rapport à l’Euro et au Dollar en 8 jours…

En ce qui ne nous concerne, désolé de nous regarder le nombril dans un contexte aussi tendu, rien n’est sûr. Il est possible que l’ensemble des forces de l’ordre soit mobilisé pour assurer la sécurité des opérations de vote et que la frontière soit fermée. Nous serons vite fixés.

Km 123 Total 4884

Dimanche 07 0ctobre. Jour 27 :   Corumba / Agua calientes

8h30, on est à la frontière, tout juste à 4km de la Pousada. Nous remplissons les formalités de sortie auprès de la Police Fédérale, mais, côté Douanes, le fonctionnaire chargé de récupérer notre autorisation temporaire d’importation n’est pas là. Le douanier de permanence nous indique qu’il faudra revenir à 12h. Retour donc à Pousada di Peralta, et, pour passer le temps, on blogue..

A    12h, le fonctionnaire n’est toujours pas là. Le douanier se décide à lui téléphoner, et reçoit (on imagine..) instruction de récupérer le document. Il aurait pu le faire le matin !!

Au service d’immigration bolivienne, la charmante fonctionnaire tamponne rapidement nos passeports, mais pour 30 jours seulement ! Si l’on veut plus, il faudra le solliciter auprès des services de l’Immigration, à Santa Cruz. On n’est pas chaud pour se taper une queue dans des bureaux, on verra si nécessaire.  A la douane, c’est un peu plus long, c’est la pause casse- croûte, mais on obtient l’autorisation temporaire, 30 jours itou.

On file, et au bout de 5km, contrôle de police. On nous demande une autorisation de circuler que nous n’avons pas. Il est vrai que, au sortir de la douane, un voyageur nous avait informé qu’il y avait encore un bureau de police où accomplir une formalité, mais je n’avais pas voulu en tenir compte : lors de nos deux précédents passages en Bolivie, jamais ce document n’avait été établi.

Les policiers essayent de nous faire comprendre qu’il faudrait rebrousser chemin pour faire établir cette autorisation, mais je prends mon air benêt (j’y arrive assez bien) No entiendo….

Ils se lassent et nous laissent partir. Cela ne doit pas être si important..

On poursuit jusqu’au camping Toucan, à Agua Calientes, et court se plonger dans la rivière. Elle est chaude, très chaude ! Ce n’est pas ce que nous recherchions par 35°, mais on n’aurait pas dû être surpris, vu le nom du lieu.

Nous avions déjà vu des sources chaudes, des saunas naturels, mais une rivière chaude de 150 m de large, jamais !

S 18° 27’ 11.4’’   W 059° 30’ 41 .0’’

Km 231   Total 5372

Lundi 08 octobre. Jour 28. Agua Calientes – Pozzo del Tigre

Baignade dès le petit matin, on cherche les toucans. Agnès en voit un, de loin…

DSCN6727

Puis on se rend au camping Hervores voisin , pour rechercher la source de cette rivière. Ce camping, moins cher, est bien plus fréquenté que le camping Toucan où nous étions seuls, mais beaucoup moins bien aménagé, moins bien entretenu, et avec un accueil moins chaleureux : il faut payer pour aller aux toilettes ou prendre une douche. On ne regrette pas notre choix, la camping Toucan valait vraiment le détour.

En bordure du camping, les bouillonnements des résurgences agitent le fond sableux, elles se trouvent là, à une trentaine de cm de la surface.

DSCN6736

Quelques personnes font trempette, dont de jeunes couples campant sur place; les femmes se baignent habillées : la région est un important foyer de mennonites.

Curieux de tester la température des résurgences, nous nous en approchons, quand le sol soudain devient fluide. Agnès, plus proche, s’enfonce jusqu’à la taille, et moi jusqu’au genou, mais un coup de rein nous permet d’échapper au piège de ce qui ressemble à des sables mouvants. Pas très malins, une minute de réflexion nous aurait permis d’éviter cette petite frayeur : l’eau bouillonnante remontant de cheminées souterraines fluidise le sable, qui n’est plus porteur localement.

Quittant le village, nous prenons la belle route de l’ouest, rectiligne et déserte, qui longe la voie ferrée. Elles séparent la région du Chacos, qui s’étend jusqu’en Uruguay et au nord de l’Argentine, du Pantanal bolivien. Petit détour vers le nord, pour atteindre Santiago de Chiquitos, calme village à l’église jésuite, fermée hélas le lundi. Les traces de l’enseignement jésuite, intégrant une formation musicale subsistent : la statue du centre de la place n’est pas celle d’un grand homme, mais un violoncelle !

DSCN6746

Ballade ensuite jusqu’au mirador, éperon rocheux qui domine les vallées de part et d’autre.

On pousse jusqu’à San José de Chiquito. Chez YPF la responsable de la station-service nous confirme que, dans toute la Bolivie, les stations ne prennent pas les cartes bancaires, et que le prix pour les étrangers est plus du double que pour les locaux (8,88 bolivianos le litre de gazole contre 3,72). Tarif justifié par un reçu, dûment identifié.

Il faut donc trouver du cash, et le premier DAB ne fonctionne pas. Le second a l’air si vieux qu’on se refuse à lui confier nos cartes. Heureusement, un local qui nous a vu en difficulté nous en indique un qui fonctionne. Celui-ci ne délivre que 500 bol à chaque retrait, soit environ 65€, mais il accepte plusieurs retraits successifs (bonjour les coms..)

On se consolera dans un resto indiqué par notre guide, sur la place principale : « Sabor chiquitano », spécialisé dans la cuisine régionale. A propos, pourquoi la population, et par suite la région, s’appelle t’elle « chiquitano » ? Parce que les conquistadores, pour rentrer dans les maisons devaient se baisser, les portes ayant un linteau très bas. Ils en conclurent que les habitants étaient petits, et les dénommèrent ainsi, alors que la raison principale en était une défense plus facile…

Le repas, excellent, nous ayant coûté 9€ à deux, on se dit que l’on ira souvent au resto, ce qui par ailleurs nous évitera de cuisiner par cette chaleur !

Visite de l’église jésuite, d’une grande simplicité, mais la Mission n’a pas l’ampleur de ce que nous avions vu au Paraguay ou en Argentine : ici, toutes les habitations indigènes et la partie vivrière ont disparu, remplacées par des habitations de style colonial aux galeries ombragées qui bordent trois des côtés de la vaste place d’armes. Ne subsistent que l’église, avec son cloitre et son monastère, ornées des fresques caractéristiques du style jésuite chiquitano. Elles abritent encore des activités pastorales.

DSCN6763

DSCN6755

DSCN6752

DSCN6757

Partout sur les murs du village, et même sur les poubelles devant la mission, le masque de San Jose, arboré lors du carnaval, blanc aux pommettes rouges.

DSCN6762

Nous reprenons la route, toujours aussi rectiligne mais de plus en plus dégradée, sur une centaine de km. Dans les villages ou les exploitations agricoles, nous constatons la présence de nombreux mennonites, reconnaissables à leur type slave, à leur dialecte germanique et à leurs vêtements : casquette de base ball, chemise manches roulées et salopette pour les hommes, robe longue, foulard et chapeau de paille pour les femmes.

Secte pacifiste et ennemie du progrès née en Allemagne au XVII°, ses membres émigrèrent en Russie, puis de nouveau persécutés, émigrèrent en masse au Canada au début du XX° siècle, jusqu’à ce que le gouvernements veuille leur imposer le service militaire et l’enseignement de l’anglais dans les écoles publiques. Ils vinrent donc, à partir de 1960, s’établir en Amérique du sud, surtout dans la région de Santa Cruz, où ils seraient près de 70 000. Ennemis du progrès, ils ne rejettent cependant pas, comme le font les Amish de Pennsylvanie, l’électricité et la mécanisation, puisque nous les verrons piloter tracteurs et pick ups. Mais les convictions restent fortes et l’endogamie absolue.

Nous nous arrêtons pour la nuit sur la place de Pozo del Tigre, près de l’école.

S 17° 36’ 09.4’’   W 061° 59’ 23.8’’   Altitude 290m

Km 361       Total 5733                 34° à 17h45

Mardi 9 octobre. Jour 29  Pozo del Tigre / Puente San Ramon

Départ matinal, à 6h30 nous sommes en route sur le circuit des missions, dont nous ne bouclerons pas le tour complet, peu attirés par le ripio de sa partie nord. L’étape suivante est à San Javier.

Bonne surprise : l’employé d’une station-service nous confirme le prix pour les étrangers, puis, bon prince, nous fait payer au tarif bolivien. Nous y repasserons au retour!                                                                                                                                                                      La  mission du village de San Javier présente un plan classique, jolie place d’armes et édifices religieux superbement rénovés.

DSCN6766

DSCN6779

DSCN6787

DSCN6783

DSCN6784

Joli petit musée, sur la place, avec une petite collection de masques mais ici, les fresques carnavalesques montrent surtout le masque de San Javier, au nez, bouche et yeux jaunes.

DSCN6812

DSCN6795

DSCN6799

La route, qui après Puente San Ramon s’engage dans de belles collines, a un revêtement tout neuf, c’est un plaisir d’enchainer les courbes jusqu’à Conception.

C’est ici qu’on peut visiter la plus belle des trois missions construites par Martin Schmidt, jésuite suisse, entre 1752 et 1755, peu de temps avant l’expulsion des jésuites d’Amérique du Sud. La rénovation de l’ensemble des missions chiquitanos, décidée par les autorités religieuses locales dans les années 80 et financée par les jésuites helvétiques, a été dirigée par l’architecte suisse Hans Roth, qui a consacré 27 ans de sa vie à les faire revivre.

Travail et résultats exceptionnels.

DSCN6816

DSCN6817

DSCN6825

DSCN6827

DSCN6830

Nous visiterons dans la foulée un centre de formation à l’ébénisterie. Institution religieuse abritant aujourd’hui une vingtaine d’apprentis, ce centre a fortement contribué à la rénovation des missions, au niveau de la sculpture des colonnes, de la rénovation des statues et de la réfection des charpentes.

DSCN6834

Demi -tour vers le sud et tentative de bivouac en bord de rivière à la sortie de village  de Puente San Ramon. Il fait toujours 35° et on espère la fraicheur de la nuit (naifs..) quand une voiture vient se garer tout près de nous. Trois types en descendent, s’étirent avec un naturel de faux témoin et commencent à tournicoter dans les environs. On remballe vite fait, gagne la cabine en douceur et on se casse..

On revient vers le village et nous garons sur le parking d’une station-service. La nuit sera difficile, chaleur et raffut des camions étant peu favorables au sommeil.

S 16° 38’ 47.1’’   W 62° 30’ 28.3’’

KM 520  Total 6253

Mercredi 10 octobre. Jour 30. Puente San Ramon / Santa Cruz

Direction ouest, la route est beaucoup plus encombrée. Traversée du Rio Grande, quasi à sec, par un pont suspendu et, aussitôt, un 1° contrôle. Le jeune militaire sera très courtois et nous remerciera même pour notre coopération. 100m plus loin, nouveau poste de contrôle. Un policier nous stoppe, moins sympa, prends mes papiers et me demande si nous avons du combustible. Confirmation, notre jerrycan de gazole est bien visible à l’arrière. Il garde mes papiers et me demande de la suivre dans la guitoune. Là, il m’explique que c’est interdit (risque d’explosion !!) et que je dois payer une amende. Pour cela je dois laisser le véhicule sur place, trouver un bus pour Santa Cruz à 40km, trouver une banque, faire un dépôt bancaire et revenir avec un certificat de paiement, ce que, naturellement, je déclare impossible.

Mon air benêt sera totalement inefficace. Dans sa grande compréhension, il accepterait un paiement immédiat, même en monnaie brésilienne. Tarif ? : 500 bolivars, soit environ 65€.

Ils sont trois policiers, des civils autour qui savent très bien ce qui se passe. Nous sommes coincés.

Je parviens à faire baisser le droit de passage à 300 bolivars, qu’il se met illico dans la poche, au vu et au su de tous, m’explique qu’il fait ça pour m’aider, et me laisse reprendre mes papiers qu’il avait jeté sur un coin de table

On repart, je suis vert de rage et humilié d’impuissance. Mais, au fond, depuis qu’on nous parle de racket dans les voyages au long cours, en plus de 100 000 km, c’est la 1° fois. Espérons que cela ne deviendra pas la règle.

Bel orage qui fait, pas suffisamment, baisser la température. Nous arrivons à Santa Cruz et trouvons facilement l’auberge de jeunesse « La Jara » que Agnès a dénichée sur Ioverlander. Les renseignements étaient précis, elle constatera qu’ils avaient été fournis par Okan, lors de leur précédent passage. Ils indiquaient un passage étroit, on confirme, néanmoins on sera très bien : l’accueil est chaleureux, électricité, laverie et wifi comblent les besoins et , comme de juste, ici on est en mode jeune routard. C’est sympa et rassérénant.

La ballade dans le centre historique sera décevante. La place du 2 septembre est vide, de nombreux immeubles dans un état de décrépitude avancée, les terrasses vantées par notre guide  introuvables. De plus, la cathédrale est sans intérêt et l’ambiance, sous le crachin, celle d’un jour de Toussaint.. On doit être de mauvaise humeur!  Il faut dire que j’ai aussi paumé ma carte bancaire, mais ça, ça se règle facilement grâce à la « Conciergerie BNP » qui nous expédiera en urgence une nouvelle carte chez Martine, à La Paz

S 17.77812°   W 63.17088’   Km 188 Total 6441

 Jeudi 11 octobre. Jour 31. Santa Cruz / Samaipata

10 mn de marche pour atteindre le marché, fort vivant, où l’on fait quelques emplettes. On se limitera aux fruits et légumes, les étals de boucherie, triperie et volailles nous paraissant moins enthousiasmants.

Recherche du Musée Guarani, on le trouvera fermé sans motif, et on quitte Santa Cruz, avec une image un peu différente : la ville s’est développée le long de son boulevard circulaire, au détriment du centre, boulevard bordé par les hôtels des chaines internationales et les tours du quartier d’affaires, pétrole oblige.

Nous attaquons les premiers contreforts de la cordillère orientale, pour nous rendre au fort de  Samaipata. A 1900 m d’altitude, il s’agit d’un site où les incas établirent à la fin du XV° siècle, sur des vestiges de civilisations plus anciennes, Chane puis Guarani à partir des années 1200 de notre ère, un temple, et y sculptèrent, dans un épaulement de tuf, le plus grand  pétroglyphe connu.

DSCN6845

Autour du temple se déployait un ensemble d’habitations et de magasins de stockage, caractéristiques de l’économie inca. De ces constructions, ne subsistent que les soubassements en pierre des murs, dont la partie haute était construite en adobe, mais les reconstitutions faites par des archéologues permettent d’imaginer ce qu’était ce village, que les espagnols occupèrent ensuite pour en faire un fort et se protéger des attaques indigènes.

DSCN6863

La faible qualité de la lumière en ce jour humide ne nous permettra pas de distinguer l’ensemble de sculptures zoomorphes, jaguar, puma, serpent, dont est orné le temple, mais le mur en L, à usage astronomique, et les niches abritant les momies restent bien visibles.

DSCN6855

On s’interrogera aussi sur la destination de la chincana, puit artificiel de 16 m de profondeur et 1,4 m de diamètre : tunnel de fuite ? puit ? cachot ?

DSCN6864

Nous redescendons vers la petite ville de Samaipata, à la place centrale très agréable, trouvons un guide pour la ballade du lendemain et nous garons pour le bivouac sur cette place, bien calme hors saison. Notre véhicule attire une famille française dont les trois enfants meurent d’envie de le visiter. Agnès fait le guide, et apprendra que le père, hydrologue, est basé à Lima et couvre des projets au Pérou et en Bolivie pour le ministère de la coopération. Ils nous invitent chez eux, à Lima. Pourquoi pas ?

S 18° 10’ 47.1’’   W 63° 52’ 34.0’’   Altitude 1676m, on sort la couette.

Km 142 Total 6583

 

 

Vendredi 12 0ctobre. Jour 32 :   Samaipata

Quand j’avais demandé, hier, au guide que nous avions déniché, si pour accéder au parc Amboro, il y avait une route, il me répondit : oui. En fait de route, ce furent 14km de piste, sérieuse et raide, et un modeste droit de passage perçu par une mémé appartenant à la communauté dont dépendent les terres du parc.

DSCN6891

Notre guide Nicolas, est un quechua féru de botanique qui nous précisera que le parc, situé à 2600m d’altitude, à la jonction de trois régions bien distinctes, l’Amazonie, les Andes et le Chacos, présente un écosystème bien particulier et des plantes caractéristiques de chacune de ces trois régions. Il nous montrera, et fera goûter, nombre de plantes médicinales, dont l’une est recommandée pour soigner les problèmes hépatiques : le boldo. Pour les plus anciens, ça ne vous dit rien ?  « La Boldoflorine, la bonne tisane pour le foie »

Il nous montrera les lichen roses et blancs, marqueurs de la pureté de l’air, les régions polluées n’abritant plus que des lichens verts ou gris.

DSCN6872

Il nous conduira au cœur du parc, dans la forêt de fougères géantes, les » Ellechos », ou Dicksonia, apparues sur terre avant les dinosaures, dont le bouquet de feuilles peut être perché jusqu’à 20m, au sommet du tronc. Tronc qui n’est pas constitué de bois, mais des fines racines de fougère entremêlées.

DSCN6880

Et sachant que les feuilles périssent chaque année, et repoussent à raison de 1cm de hauteur de « tronc » chaque année, calculez l’âge des plus vieilles plantes (un peu d’interactivité, que diable..)

DSCN6883

Par contre, côté faune, c’est pauvret, ou plus discret qu’au Pantanal, ou les deux. Point positif, il n’y a pas de moustiques..

Pas d’oiseau, sauf un colibri furtif, à se mettre sous l’objectif, quand, soudain, Nicolas marque l’arrêt, puis scrute les cimes des arbres : nous avons entendu un pépiement, sur deux tons. Il s’agit d’un quetzal, pas de ceux à ventre rouge, dos vert et longue queue, comme ceux du Guatemala, mais un d’ici, à ventre rouge, dos vert et queue courte. Il nous a bien fallu croire Nicolas, l’oiseau est resté planqué !

Quand même, sur le sentier, une trace de vie, sympa..

DSCN6890

La marche de 4 heures nous ayant vidés, on profitera gentiment l’après-midi des attraits de Samaipata et de son marché. Au passage, petite info : nous sommes à quelques kms de l’endroit où Che Gevara a été capturé et éxécuté, mais nous n’irons pas y faire un pèlerinage, la piste est trop mauvaise.

Bivouac inchangé, sur la place.

Samedi 13 octobre. Jour 33 : Samaipata /Sucre

Journée de route. Des travaux titanesques ont été entrepris pour transformer le ripio en belle route macadamisée. Il ne reste plus qu’une 50 de km à terminer, ce qui nous permet de faire le trajet en une seule étape contre deux prévues.

Arrivée sur Sucre en fin d’après-midi. Après une très longue montée, on débouche sur un chapelet de collines dont le fond de vallées et les lignes de crêtes constituent le site où s’est développée la ville. Dès les abords, où les mécaniciens réparent les camions en bord de route, on comprend que la circulation ne sera pas triste et qu’il vaut mieux avoir un embrayage en bon état !

DSCN6950

Nous atteignons facilement le camping « Alberto et Felicidad ». Il s’agit en fait d’un terrain clos qui ne dépasse pas 250m², où viennent s’imbriquer les véhicules de passage. Il est tout proche du centre, et quasiment le seul sur Sucre.

A notre arrivée nous aurons le plaisir d’y retrouver Okan et Donna, la surprise d’y rencontrer les Krutaszewski, du CCRSM, avec qui nous avions échangé par messagerie avant le départ et de faire la connaissance de 2 couples de français, d’un suisse d’un canadien et d’un anglais qui y ont posé leurs valises. Ambiance camping routards.

L’accueil de Felicidad et Alberto, couple de seniors, est chaleureux, et ils sont pleins de bons conseils : nous souhaitions monter le lendemain à Tacabuco, village dont le marché dominical est réputé. Ils nous recommanderont de laisser notre véhicule à Sucre et de monter en « collectivo ». Ils nous commanderont même un taxi pour nous rendre au point de départ de ces taxis collectifs.

S 19° 02’ 35.1’’   W 065° 15’ 18.4’’   Altitude 2800m        Km 368       Total 6951

Dimanche 14 octobre. Jour 34 : Sucre / Tacabuco / Sucre

Taxi, donc, puis « collectivo », minibus qui ne part que quand il est plein, avec ses 14 passagers. Et, s’ils pouvaient en mettre plus, ils le feraient.

Nous nous félicitons d’avoir écouté Felicidad (eh oui, j’ai osé !). Le trajet de 65km, qui nous mènera au cœur de Tacabuco, à 3300m d’altitude et sans problème de stationnement, nous coûtera 10 bolivianos (1€ !) par personne.

Arrivés à la sortie de la messe, les groupes « folkloriques sont prêts pour le défilé.

DSCN6899

DSC_0104

Nous aurons la chance d’assister à une procession, au curieux cérémonial : précédant, à reculons, le curé et la statue de la vierge, un groupe de jeunes gens vêtus de fourrures (des ours ? pas très local..), puis , toujours à reculons, dans des costumes éblouissants dont certains ailés (des anges, c’est déjà plus lisible), un second groupe de jeunes gens et jeunes filles.

DSCN6905

 DSC_0116

 DSC_0117

DSCN6909

Et derrière la vierge, les mariachis.

DSC_0119

DSC_0118

Nous nous enfonçons ensuite dans les ruelles, le marché couvre toute la ville.

S’y pressent quelques touristes, bien sûr, mais surtout l’ensemble des habitants des pueblos environnants, qui viennent y vendre leurs productions de fruits et légumes, et y acheter tout ce qui est nécessaire à leur quotidien.

La région rassemble diverses ethnies qui appartiennent à cette famille Quechua, mais aussi d’autres ethnies exogènes. Ce territoire était en effet aux limites de l’empire inca qui firent s’y implanter des ethnies guerrières, pour défendre les marches de leur empire, ethnies qui se fondirent peu à peu dans l’ensemble quechua dont ils partagent aujourd’hui la langue, l’économie agricole et le fond culturel tout en conservant des spécificités, notamment au niveau des rituels et des costumes.

Ce qui est considéré, de l’extérieur, comme le costume national bolivien, large jupe , la « pollera » , portée au-dessus de plusieurs jupons, bas, chapeau melon et longues nattes pour les femmes, fut en fait imposé par les autorités espagnoles au XVIII° siècle, suite à une révolte inca, pour réprimer toute expression de particularisme indigène.

DSC_0143

On constatera, à Tarabuco, que ce costume n’a pas complètement remplacé les vêtements traditionnels, de nombreux paysans, hommes et femmes, portent encore la « montera » en feutre, façonnée sur le modèle des « morions », le casque des conquistadores.

DSC_0122

DSC_0140

 DSC_0107

DSC_0113

 DSC_0144

 DSC_0151

Nous déjeunerons, fascinés par le spectacle, dans l’une des innombrables gargottes installées pour l’occasion en haut du marché.

DSC_0134

Retour en « collectivo » Le jeune chauffeur s’adresse aux passagers dans une langue aux sonorités inconnues. Il me conformera qu’il s’agit du quechua, la langue des descendants des incas.

Bivouac inchangé

Lundi 15 octobre. Jour 35. Sucre

Journée visites ; Nous nous rendons au centre- ville, à deux pas. Sucre, dont les faubourgs, comme pour toutes les villes boliviennes, ne sont pas reluisants, présente un très beau centre historique, aux rues bordées de maisons d’architecture coloniale. Elle est classée au Patrimoine Mondial de l’UNESCO, et le mérite.

Comportant de nombreuses institutions éducatives, des magasins modernes, des services publics manifestement efficaces, c’est une ville dans son temps. Elle est caractérisée par une curieuse situation institutionnelle : déclarée capitale du pays lors de l’indépendance en 1826, elle perdit une partie de ses attributions à la suite d’une guerre civile de 6 mois au début du XX° siècle. La Paz abrite aujourd’hui le gouvernement et les finances et Sucre la Cour Suprême, mais demeure la capitale constitutionnelle du pays

 Imprévu, un défilé des institutions consacrées aux personnes handicapées, musique en tête. Spectacle étonnant qu’on n’imaginerait sans doute pas en France, chaque délégation comportant en tête P.M.R., malvoyants ou malentendants, puis soignants et encadrants, chaudement applaudie au passage de la tribune officielle voisinant le superbe bâtiment du Gouvernement.

 DSCN6917

 DSCN6926

 DSCN6920

 Visite de la Cathédrale, dont le principal intérêt, outre son beau chapitre et le monumental livre de chants permettant d’être lu à distance, est la « Capilla de la Virgen de Guadalupe », chapelle achevée en 1625. Enchâssé dans l’autel, le portrait d’une femme fortunée, peint en 1601, qui symbolise la sainte patronne de la ville. L’œuvre a ensuite été recouverte d’une robe d’or et d’argent incrustée de diamants, d’émeraudes, de perles et de rubis offerts par de riches paroissiens. A elles seules, les pierres sont estimées à plusieurs millions de dollars…

DSCN6938

 DSC_0153 

 Visite du Musef, le « Museo Nacional de Etnografia y Folklore », bien décevant, les collections de masque annoncées ont disparu. Nous déjeunerons ensuite à « La Taverne », restaurant situé dans les locaux de l’Alliance Française. Décor et ambiance sympa, mais les tablées de touristes sont bien bruyantes.

L’après- midi nous verra grimper, ( lentement, on est à 2750m), vers le très beau « Museo de Arte Indigena » qui présente la cosmogonie des peuples indigènes via leurs musiques, leurs danses, leurs cuisines rituelles et leurs tissages. Séquence culture, ceux que cela fatigue sont dispensés de lecture, mais la maison ne fait pas de ristourne.

Les thèmes de ces tissages traditionnels reflètent les croyances des peuples andins. Animistes leurs religions vénèrent des dieux et des esprits de la nature et notamment Pachamama, la Terre Mère, celle qui reçoit le plus d’offrandes sacrificielles, destinées à garantir fertilité et récoltes abondantes.

Dans la culture Quechua et Amaraya, le monde est divisé en trois niveaux ; L’Alajpacha, monde supérieur ou ciel éternel, qui représente la lumière et la vie, l’ Akapacha, ou monde des vivants, et le Mankapacha, monde d’en bas, symbole des ténèbres et de la mort.

Chaque ethnie a privilégié, dans ses tissages, des thèmes relevant de l’un des trois mondes, qui les distinguent par leurs couleurs, leurs motifs géométriques ou zoomorphes. Ainsi, les habitants de Potolo, au nord-ouest de Sucre, ne produisent que des pièces de couleurs rouge et noir, ou rouge et bleu, ornées d’animaux monstrueux, caractéristiques du Mankapacha, alors que d’autres confectionnent des pièces lumineuses, inspirées de l’Alajpacha.

DSC_0160 

Retour par le mercado, où nous faisons le plein de fruits et légumes, certains locaux, au goût disons, curieux. Les vendeuses sont souriantes, et nous donnent du « Mamita » et « Papito »..

Bivouac inchangé

Mardi 16 Octobre. Jour 36. Sucre / Potosi

Dernière matinée, à Sucre, pour visiter la Casa de la Libertad, berceau de l’indépendance bolivienne. C’est à Sucre, alors Chuquisaca, qu’éclata, en mai 1809, la première insurrection, inspirée des révolutions américaines et françaises. Elle fut rapidement réprimée, et paradoxalement, la Bolivie fut le dernier pays d’Amérique latine à conquérir son indépendance.

On peine aujourd’hui à imaginer les évènements qui bouleversèrent ce continent, guérilla menée par des criollos et leurs alliés indigènes, batailles classiques engagées par Bolivar et son compagnon, Sucre, tous deux nés au Venezuela, intervention de l’Argentin San Martin sur les territoires chiliens et boliviens, chaque bataille gagnée par les insurgés créant l’occasion d’une déclaration d’indépendance : Colombie (1819), Vénézuela (1821), Equateur (1822), Pérou (1824),  La Bolivie déclara son indépendance à l’égard du Pérou en 1825.

Bolivar et Sucre ne combattirent jamais en Bolivie, mais, lors de à la déclaration d’indépendance, signée à la Casa de La Liberdad à l’issue du premier congrès « constituant », Bolivar fut nommé président de l’« Alto Peru » renommé Bolivia en son honneur. Ses rêves de créer un état fédéral, la « Gran Colombia », rassemblant Colombie, Venezuela, Panama et Equateur suscitèrent tant d’opposition qu’il perdit son leadership et fut contraint de démissionner suite à la sécession du Venezuela en 1830. Victime d’une tentative d’assassinat il se résigna à l’exil en Colombie, alors que son ami le plus proche, le général José Antonio de Sucre, qui lui avait succédé comme deuxième président bolivien, et dont la ville porte le nom, fut assassiné en Colombie, peu de temps avant le décès de Bolivar.

Le magnifique musée de la Casa de la Libertad retrace ces évènements. On y notera, pour l’anecdote, de beaux portraits de Donà Juana Azurduy, « Commandante de Guerrilla » qui termina sa carrière avec les grades de Maréchal de l’armée bolivienne et de Général de l’armée argentine. Parmi ses faits d’armes, la destruction, à la tête de son escadron « Leales », d’un bataillon espagnol lors d’une embuscade à Tarabuco. De retour dans ses foyers, bien seule, ayant perdu son mari et ses fils dans les combats, elle s’éteignit gentiment à 82 ans.

DSCN6959

Bivouac inchangé

Mardi 16 Octobre. Jour 36. Sucre / Potosi

Route de Sucre à Potosi, en relativement bon état au début, puis qui s’améliore encore. Cela grimpe très vite, dans un paysage sec et vide, qui verdit au passage des rivières, le plus souvent à sec, avec parfois des découvertes surprenantes.

DSCN6966

DSCN7008

DSCN6964

Les faubourgs de Potosi sont loin d’être emballants, route comme toujours bordée de camions en réparation ou en attente de chargement, immeubles en brique non revêtue, sans le dernier étage qui, un jour, peut-être, viendra achever la construction. Agnès a repéré sur Ioverlander le parking, très proche de la place centrale, qui pourra nous accueillir pour la nuit.  C’est dans une petite rue, et c’est si discret qu’on passera devant sans le voir. Et comme cette rue est en sens unique, il nous faudra boucler un tour complet dans les ruelles de la vieille ville. Encore pire, on passe juste.

Du parking, minuscule, on voit le « Cerro Ricco », cône qui surplombe la ville et dont on peut derrière, les fils électriques, deviner l’entrée du tunnel qui permit, à partir de 1545 d’extraire les premiers chargements de minerai.

DSCN7000

C’est en effet ici qu’en 1544 qu’un inca, Diego Huallpa, parti à la recherche d’un lama égaré se serait arrêté sur les pentes de la montagne Potosi pour faire un feu, dont la chaleur fit fondre le sol et apparaitre un liquide brillant, de l’argent natif.

S’ensuivirent quatre siècles d’exploitation, et, pendant les trois siècles de la période coloniale, l’esclavage d’indigènes et d’africains, travaillant 12 heures par jour dans des conditions épouvantables, ne remontant à l’air libre que tous les 4 mois et mourant en masse. Les historiens estiment que de 1545 à 1825, 8 millions d’entre eux périrent à la tâche en assurant la grandeur de l’Espagne.

S 19° 35’ 29.1’’   W 65° 45’ 13.7’’

Altitude 4012 m   20° C à 17h

Km 163 Total   7114

Mercredi 17 octobre. Jour 37. Potosi / Uyuni  

Sur la place d’armes, bien pentue, près du Cabildo,  bel édifice jaune,  visite guidée de la « Casa de la Monedad » dès 9h.

DSCN6999

Coup de chance, une guide francophone pour nous seuls.  Dès l’entrée, on ne peut manquer la face souriante qui surplombe la 1° cour. S’agit-il de Bacchus ou de Diego Huallpa ? A chacun sa version, mais c’est devenu le symbole de Potosi, et ce sourire ne manquera pas de provoquer un léger malaise, en songeant à ce qui fut vécu ici.

DSCN6969

L’édifice est très impressionnant par ses dimensions et son architecture : 15 000 m² de bâti, 5 cours et 200 salles, il fut construit en deux phases, la 1° de 1572 à 1575, la seconde de 1759 à 1773, et son coût a été estimé à l’équivalent d’une dizaine de millions de dollars. L’ensemble des machines, tels les laminoirs à lingots furent importés d’Espagne.

DSCN6977

Au cours de la visite, nous admirerons un coffre fort à l’extraordinaire système de verrouillage, logé dans le couvercle.

DSCN6981

Ici, jusqu’à l’indépendance, furent façonnées, à partir de lingots d’argent, puis frappées, l’ensemble des pièces de monnaie mises en circulation par la couronne d’Espagne. Nous y apprendrons que 25% étaient destinées à l’Amérique du Sud, et 75% à l’Espagne, ce flux continu irriguant l’économie espagnole et lui permettant de financer un train de vie somptuaire, une cour dispendieuse, une armée et une marine supports d’ambitions politiques conquérantes, et surtout de combler ses dettes auprès de banquiers étrangers

Nous serons par contre surpris d’apprendre que ces trésors, or et pierres précieuses, outre l’argent en monnaie ou en lingots, n’étaient expédiés vers la mère patrie que deux fois l’an, au prix d’un voyage de 14 mois, débutant par un transport à travers les Andes à dos de lama, 15 à 25kg par bête, une remontée maritime depuis Arica ou Callao le long de la côte pacifique, une traversée de l’isthme de Panama de nouveau à l’aide de bêtes de somme, puis la périlleuse traversée de l’Atlantique. A deux voyages par an, on imagine l’attente à Madrid, les navires de sa Gracieuse Majesté en embuscade et les flibustiers se frisant les moustaches en guettant le passage des galions…

Direction Uyuni par une belle route. L’arrivée par le nord est bien plus belle, car offrant une vue dominante, que celle qui nous y avait conduit en février en provenance d’Argentine, par le sud-est et Tupiza. Malheureusement, soleil dans l’œil.

DSCN7010

Uyuni est toujours aussi désespérément sale et misérable, malgré le flux constant de touristes. Qu’est ce qui empêche de diriger une partie de la manne vers l’entretien des routes et les services publics, comme on le constate ailleurs en Bolivie ? Mystère.

Nous trouvons le « lavadero » spécialisé, idéalement situé en sortie de ville, pour y effectuer un lavage haute pression cabine, cellule et châssis, puis, une fois égoutté, une« fumigacion », c’est-à-dire une pulvérisation de gazole sur le châssis et les trains de roues, afin d’éviter l’adhérence du sel. Cette fois ci, en effet, le salar n’est pas sous l’eau.

Une quinzaine de km vers Colchani au Nord en bord de salar, 5km de piste à gauche puis on roule sur le sel.

Un peu difficile au début de trouver la bonne direction, les traces s’entrecroisent et le sol est fort dégradé. mais nos deux GPS ne se contredisant pas, ce qui arrive parfois, nous couvrons rapidement les 20 km qui nous séparent du monument du Dakar et de l’hôtel de sel.

DSCN7044

DSCN7045

DSCN7041 (2)

Nous bivouaquerons à proximité de l’hôtel dans un silence absolu.

S 20° 19’ 48.1’’   W  67° 2’ 49.7’’   Alt 3696m  15° à 17h et nuit fraiche

242 km Total 7356

Jeudi 18 octobre. Jour 38. Sur le salar

Magnifique aurore ( « Burning daylight  » écrivait Jack London !) sur la surface salée.

DSCN7019

La lumière rasante permet de découvrir les motifs en pentagone crées par l’évaporation de l’eau, qui nous rappellent, par leur régularité géométrique et toutes proportions gardées, les colonnes de basalte chilien.

DSCN7047

60 km tout droit pour atteindre Isla Huaqui , île centrale du salar, puis direction plein nord sur 40km pour nous rendre à la lisière du salar, au pied  du volcan Tunupa, (5432m), que nous n’escaladerons pas .

DSCN7061

Déjeuner sur place avec un motard français, policier en Guyane qui trace la route, très léger, sur une petite moto de 25 CV, puis retour pour dormir au pied de Isla Huaqui. On y retrouve quelques bus et une cinquantaine de 4×4, certains assurant une excursion d’une journée, les autres bouclant le circuit de 3 jours vers San Pedro de Atacama par Laguna Colorada et Laguna Verde.

DSCN7072

DSCN7071

A 18h, il ne reste plus que nous, guettant le coucher de soleil.

DSCN7053

DSCN7102

Nouvelle nuit cristalline.

S   20° 14 ‘ 27.3’’   W67° 37’ 39.7’’    Alt 3698m

140 km Total 7496

Vendredi 19 Octobre. Jour 39. Uyuni / Route d’Oruro

Rapide promenade sur Isla Huaqui et ses cactus. Les roches qui en constituent la structure sont couvertes d’une couche d’une dizaine de cm de squelettes coraliens, rappelant son passé (très) lointain. Peu de vie, quand même, un lapin et deux oiseaux. Pour les oiseaux, qui sait ? Mais pour le lapin, c’est Alcatraz…

Retour à fond vers Uyuni, il faut se méfier des trous qui parsèment, par endroits, la piste. Ils semblent sans fond et on s’interroge sur l’épaisseur de la couche de sel. Mais peut-être ne s’agit- il que de poches localisées d’eau salée ? Nous ne connaitrons pas la réponse.

DSCN7064

Repassage au Lavadero pour éliminer le sel, refumigacion et on en profite pour déposer le linge. Déjeuner dans un resto recommandé par notre guide, ribs de lama trop cuites et addition salée, comme les ribs d’ailleurs. Au dépôt de gaz on nous ferme la porte au nez,  Uyuni n’est vraiment pas le paradis des touristes. Peut- être que j’aurais dû mettre un chèche, ils ont l’air d’aimer le Dakar,  le logo s’affiche partout.

On prend la route d’Oruro, longue montée vers l’altiplano, immense, vide.

Arrêt en bord de route

S 19° 35’ 15.0’’   W 66° 49’ 23.8’’    Alt 3830m

Km 222 Total 7718

Samedi 20. Jour 40.  Route d’Oruro / Cochabamba

Nous avons décidé, avant de nous rendre à La Paz, de récupérer à des altitudes moins éprouvantes. Cochabamba, ville logée dans une vallée à 2500 m sera idéale pour cela.

Nous traversons rapidement Oruro, rien à voir, et attaquons le franchissement des crêtes qui  séparent le plateau de la vallée de Cochabamba. Il nous faudra quand même nous cogner un col à 4528m d’altitude, la quille ça n’est pas encore pour tout de suite. Fort heureusement la route est très belle car les travaux, entrepris pour doubler la voie actuelle, sont quasiment achevés, il ne reste qu’une dizaine de kms à macadamiser.

Arrivée à Cochabamba, à l’Hostel « Las Lillas », à la fois camping, auberge de jeunesse et hôtel, l’un des plus charmants lieux de séjour que nous ayons connu jusqu’ici. L’arrivée a été un peu « rock and roll », la route étant barrée en raison d’une « ducasse » (les nordistes comprendront). Les trajets alternatifs en ont été rendus coquins par un plan d’urbanisme conçu par un amateur d’absinthe : Les parcelles de ce quartier excentré abritent des résidences de luxe, surveillées comme celles des électeurs de Trump en Floride, mais il n’y a pas de routes pour les relier.

Seuls de mauvais chemins de terre, coincés entre des souches d’eucalyptus et les talus du rio qui serpente dans la zone et assure, par temps de pluie, le balayage des ordures qui s’y sont accumulées, permettent de s’y déplacer et avec beaucoup de patience à chaque croisement, d’arriver au but.

S 17.35462°   W 66.20304° Altitude 2639m

Km 426   Total 8144

Dimanche 21.  Jour 41 Cochabamba

Repos, les activités culturelles font relâche le dimanche, juste une petite descente en ville en ‘taxi truffi », les taxis collectifs, pour s’approvisionner au marché aux légumes.

DSCN7126

Lundi 22. Jour 42 Cochabamba

Située dans une cuvette fertile de 25km sur 10, cette ville est réputée pour être la plus commerçante de Bolivie. Réputation méritée, le marché de la Cancha est gigantesque, mais des passants nous recommanderont de bien veiller sur nos sacs et d’y planquer les appareils photos. On se repliera sur la ville moderne, très agréable, pour un déjeuner « completo », à savoir buffet de crudités, potage, plat, dessert, boisson, pour 2.5€… Et avec le sourire.

On trainera sur la place, devant la cathédrale dont, curieusement, le fronton est resté brut alors que la façade latérale, configuration rare, borde la place. Ceci explique peut- être cela.

DSCN7137

DSCN7135

Sur la place, les lycéens, jeunesse dorée vu les uniformes, refont le monde après les cours, ou prennent la pose.

DSCN7132

DSCN7133

Visite ensuite, beau contraste, du couvent de Santa Terasa, qui abritait des carmélites de l’ordre de Ste Thérèse d’Avila. Règle rigoureuse, où toute communication interne ou vers l’extérieur était bannie, où les vœux de pauvreté, de silence, et de chasteté, (j’en cause même pas) s’imposaient à toutes.

DSCN7146

DSCN7147

Pauvreté, dans certaines limites, dans la mesure où le couvent n’abritait que 21 nonnes « au voile noir », l’élite, filles d’espagnols, dont la famille avait dû régler l’équivalent de 130 000 dollars de dot, puis des nonnes au voile blanc, dont la dot était plus modeste et qui servaient les ci devant « voiles noirs », et enfin, la plèbe, les « sans voile », car sans dot, qui assuraient les tâches ménagères et servaient les « voiles blancs ».

Mais, foin de sarcasmes ! La règle était si rigoureuse dans ses exigences que, dans les années 1960, le Vatican décida d’offrir aux carmélites la possibilité de renoncer à cet isolement. Conditionnées par toute une vie et ignorantes du monde extérieur, la plupart refusèrent. Il n’en reste plus aujourd’hui que quelques-unes, très âgées, dans un couvent mitoyen.

Petite déception en fin de journée, le Palacio Portales, palais à l’Européenne du baron de l’étain Simon Patino, décrit comme une merveille, est exceptionnellement fermé pour maintenance. Cela sera pour une autre vie, demain nous partons pour La Paz.

Bivouac inchangé

 

Mardi 23 octobre à Samedi 27.  Jour 43 à 47.  La Paz

L’arrivée sur La Paz par l’autoroute confirme nos craintes. Celle-ci se transforme vite en boulevard urbain où les bas- côtés sont envahis par les stands des marchands ambulants, débordant sur la chaussée, où les deux voies de droite sont le royaume des « collectivos », ces minibus qui assurent l’essentiel de la « mobilité urbaine », pour parler nov’langue, et où le seul passage, disputé, est la voie de gauche. On roule au pas, et, pour l’instant, c’est plat, ça ne durera pas.

Agnès nous trouve vite la dérivation qui nous permettra d’éviter le centre- ville et de gagner, à une quinzaine de km au sud-est et par une route serpentant dans la « Valle de la Luna », le village de Mallasa, pour nous installer sur le parking de l’hôtel Oberland.

Beau complexe, à taille humaine, qui reçoit aussi des campeurs et où nous laisserons notre véhicule quelques jours, le temps de visiter la ville sous la houlette de Martine, qui vit ici avec Suyana, sa fille, et qui vient nous récupérer sur place afin de nous éviter des errances désespérées dans le labyrinthe de rues du centre-ville.

La Paz est en effet une ville à trois niveaux, bâtie dans une cuvette et qui a progressivement colonisé le plateau qui la domine à 4000m, « El Alto », où se trouvent l’aéroport et les routes d’accès vers le Nord-Ouest, et, vers le sud, à 3200m, les vallées encaissées qui assurent la liaison avec le reste du pays. Le centre-ville est devenu un nœud routier que les chauffeurs boliviens affrontent avec sérénité, mais, pour les autres, inconscience ou témérité peuvent seules justifier d’y engager un camping- car.

DSCN7166

On ne détaillera pas par le menu ces journées à La Paz, où nous abuserons de l’hospitalité de Martine pour récupérer, pour visiter la ville et nous imprégner de son atmosphère. Une fois la voiture oubliée, se déplacer est très facile ; on constatera que les bus, de vieux Dodge ou Chevrolet des années 70, les taxis et les collectivos, représentent, à la grosse, les deux tiers du trafic et qu’on peut aller partout pour des montants dérisoires (le trajet en bus est à 0,15€).

Mais, par surcroit, la ville est dotée de 8 lignes de télécabines qui irriguent tout l’hypercentre, permettent de grimper à l’Alto, où se concentrent les nouveaux arrivants, et offrent une vue exceptionnelle sur l’agglomération. De construction autrichienne, ces lignes comportent des stations intermédiaires et des interconnexions qui en font un vrai réseau urbain.

Il fallait être un peu visionnaire pour lancer un tel chantier,  la seule prolongation d’une des lignes, dont le chantier a débuté, représente en effet un budget de 450 millions de $…

DSCN7185

Visionnaire, il semble que le président Morales, Evo pour ses fans, le soit.

Premier président d’origine indigène du continent, il a su transformer l’image que le pays avait de lui-même en imposant la notion d ’«Etat plurinational de Bolivie », pour intégrer l’ensemble des ethnies qui le composent, mis en œuvre des réformes sociales, soutenu l’éducation et lancé un lourd programme d’investissements structurants dont les routes que nous avons parcourues et le réseau urbain portent témoignage.

Soutenu par les campagnes et toutes les ethnies jusque là reléguées au second plan, sa popularité s’est effritée lors de son second mandat, en particulier lors de la construction du nouveau palais présidentiel, tour de verre coiffant l’ancien palais dont l’ostentation a pu « interpeller » les électeurs et de celle, en cours du nouveau Parlement.

DSCN7260

Pourra-t-il se représenter en 2020 ? Le débat a toujours lieu, la constitution n’autorisant que deux mandats successifs, mais un recours a été déposé. Les classes populaires en général, les indigènes en particulier, en tout cas, le souhaitent.

Quelques images, donc, de cette ville qui dort peu. Une fanfare militaire passe régulièrement sous les fenêtres de Martine, entre 20h et 22H, les marteaux piqueurs résonnent tard dans la nuit, et la circulation ne se calme que le dimanche. Il est consacré au repos, et aux activités culturelles, tel ce festival auquel participaient de bien jolies équatoriennes.

DSCN7179

Fêtes familiales également, et « fiestas » de quartier où, lors des pauses, les groupes folkloriques font honneur à la bière locale.

DSCN7302

A El Alto, ou dans le quartier du marché, on ne circule pas plus le dimanche, mais là c’est parce que les vendeurs ont envahi les rues.

DSCN7278

DSCN7282

DSCN7287

DSCN7285

Et, comme toujours en Amérique latine, la mort tient sa place et les cimetières sont très fréquentés, avec leurs niches curieusement ornées d’objets représentatifs des activités favorites des défunts et leurs fresques ironico macabres ornant les murs.

DSCN7188

DSCN7191

Et, même si la ville est congestionnée, on a gardé la place pour un cimetière pour chiens.

DSCN7170

Ville de culture également, aux nombreux musées, généralement logés dans de superbes palais coloniaux.

DSCN7204

DSCN7263

DSCN7293

Nous visiterons avec plaisir le MUSEF, musée ethnographique où est présentée la superbe collection de masques, que revêtaient les danseurs lors de célébrations rituelles, et qui nous avait échappé au MUSEF de Sucre.

DSCN7207

DSCN7214

DSCN7219

DSCN7227

DSCN7232

Nombre de ces musées se trouvent dans la jolie « Calle Jaen », à deux pas de chez Martine.

DSCN7237

Et, pour terminer ce premier séjour à La Paz, visite de la Cathédrale, d’où démarre le « Prado », principale artère de La Paz.

DSCN7303 

Km 385  Total 8529

Dimanche 28 et lundi 29 octobre. Jours 48/49 . La Paz / Copacabana / La Paz

Nous récupérons le véhicule à « Oberland » et reprenons la contournante permettant d’atteindre El Alto puis l’autoroute conduisant au lac Titicaca.

Route en travaux ensuite, première vue sur le lac, puis traversée en bac pour rejoindre la presqu’ile où se niche Copacabana.

DSCN7239

DSCN7245

En route, les témoins signalant une saturation du pot catalytique s’allument et la puissance en côte faiblit. Même scénario que celui vécu à Laguna Colorada. Nous tenterons, sur les 170 km qui nous séparent de Copacabana, trois régénérations « manuelles » ( 40 mn en 3° à 3500 tours, pour faire chauffer le pot et déclencher une pyrolise ), en vain.

Arrivés à Copacabana, haut lieu touristique du Titicaca bolivien , nous hésiterons entre y séjourner quelques jours ou retourner à La Paz. La raison l’emportera et nous repartirons le lendemain, non sans avoir pris le temps de visiter le centre-ville et sa belle cathédrale hispano mauresque.

DSCN7255

Retour à La Paz dès le lendemain, un peu abattus, après une nuit à l’ »Eco Lodge » de Copacabana. Martine a gentiment accepté de nous héberger à nouveau. 1° nuit à Oberland puis nous nous rendrons au garage Ford dès mardi matin.

Km 346 Total 8875.

Mardi 30 octobre à samedi 10 novembre.  Jour 50 à 61.  La Paz

Dès 9h, nous sommes chez le concessionnaire Ford, avenue Ballivian. Bien plus étriqué que ce que « promettait » la photo de leur site internet : il ne s’agit que de l’espace de vente, les ateliers sont à environ 2km. On y est vite et là, on nous annonce que cet atelier ne prend en charge que les véhicules importés par la concession. En insistant un peu, ils acceptent de nous donner un rendez- vous pour le lendemain matin.  On se réinstalle donc à l’Oberland, puis le RV est décalé au jeudi matin, le 1° novembre n’étant pas férié en Bolivie. Mauvaise nouvelle, il faudra 4 jours pour démonter le pot catalytique, l’ouvrir, nettoyer le catalyseur, ressouder le pot et le remonter, cela nous mènera jusqu’ à jeudi prochain, le vendredi 2 étant férié.

Nous convenons de laisser le véhicule sur place afin d’éviter de circuler en ville, et regagnons l’appartement de Martine, dont la patience et l’hospitalité sont à toute épreuve.

Avec son aide, nous entamons le parcours pour faire prolonger nos autorisations de séjour, l’initiale se terminant lundi 5 : Direction de l’immigration, en ville, très rapide une fois que le fonctionnaire est à son bureau, puis Direction des Douanes, en ville, mais c’est pas là, il faut monter à l’Alto. Sur place, un jeune fonctionnaire examine notre dossier, vérifie le certificat établi par le garage que nous avions eu la bonne idée de demander, et souhaite une preuve tangible que le véhicule est toujours en Bolivie. Bon prince, il nous prolongera l’autorisation temporaire d’importation sur la promesse de lui faire parvenir dès lundi des photos du véhicule et des plaques moteur et châssis.

Repos, à nouveau, pendant ce weekend prolongé puis excursion le mardi à Tiwanaku, à 1h30 en bus de La Paz et à une vingtaine de km du lac Titicaca.

Cette cité, fondée à 3870 m d’altitude aux alentours de l’an 700 de notre ère et qui atteint jusqu’à 20 000 habitants fut un grand centre cérémoniel pour la civilisation qui la bâtit, et disparut vers l’an 1200 pour des raisons inconnues, peut être un changement climatique, qui remit en cause le mode de culture original.

On y cultivait en effet les plantes vivrières, sur des banquettes séparées par des canaux, l’évaporation de ceux-ci protégeant les cultures des gelées nocturnes ; il en subsiste quelques traces.

DSCN7308

Cette civilisation Tiwanaku, malgré sa disparition, influença cependant fortement la civilisation Inca qui lui succéda.

 

N’ont résisté aux ans que les vestiges d’une pyramide, d’une plate forme rituelle et d’un temple.

DSCN7310

DSCN7326

Leurs éléments étaient disposés de façon à renseigner les prêtres sur les dates des sosltices et équinoxes à partir des positions des constellations, afin de déterminer les périodes optimales pour les semailles, et leurs murs ornés de sculptures à l’image des gouverneurs successifs. Par contre, métaux précieux et pierreries qui les ornaient furent pillés par la population en révolte, puis par les conquistadores.

DSCN7315

DSCN7318

Nous resterons impressionnés par la taille des dalles et mégalithes de grès et de basalte, dont certains dépassent 50 tonnes. On ignore toujours comment ils ont été transportés ici. Par voie d’eau ? A l’époque, les rives du lac étaient à moins d’un km.

DSCN7321

DSCN7327

Statuaire très rustique pour l’époque, plus signifiante sans doute par leurs fonctionnalités astronomiques et par les gravures qui les recouvrent  que par leur esthétique..

Retour à La Paz. Les photos du véhicule seront what’sappées par le garage lundi matin, et retransmises illico à la Douane. Ils sont satisfaits, une bonne chose de faite, nos autorisations sont prolongées d’un mois.

Par contre un message du garage le mardi soir assombrira l’horizon : le nettoyage du pot a été fait, mais le défaut persiste et ils ne sont pas en mesure de régler le problème. Nous comprendrons alors que, vu la haute teneur en soufre du gazole bolivien et son impact sur le fonctionnement des moteurs diesel de dernières générations, le concessionnaire local n’importe que des véhicules essence et que l’atelier n’a pas les compétences nécessaires dans ce domaine.

Sur place le mercredi matin, on nous indique que, après vérification auprès du service technique Ford, ils pensent que le problème se situe au niveau de la pompe d’injection et nous recommandent de transférer le véhicule dans un atelier spécialisé à El Alto. Ils ont décidé de ne pas nous facturer l’intervention sur le pot.

Nous remercions et acceptons le changement d’atelier, que faire d’autre ? mais demandons que le véhicule soit conduit par un de leurs mécaniciens jusqu’à El Alto, on n’est vraiment pas sûrs qu’il ne nous lâche pas en route.

Montée poussive sur 17 km pour gagner le plateau, et vu la perte de puissance, le mécano pense que le problème se situe au niveau des injecteurs. A 300m du garage, sur l’axe principal d’El Alto et au milieu du dernier carrefour, le moteur tousse et s’arrête. Et là, on est bien contents de ne pas être montés seuls…

Beau souk avec cette circulation infernale, les bus et collectivos nous contournent en klaxonnant puis un policier s’approche. Bonne surprise, sans aucune agressivité, il s’efforce de fluidifier le trafic en jouant du sifflet. Et il se met à pleuvoir…

Il faudra près de 20 mn pour qu’un mécanicien du nouvel atelier nous rejoigne, porte le même jugement sur la cause probable et prenne en charge le véhicule que nous avons fini par pousser sur le bas- côté. Et pousser 3,5 tonnes à 4000 m d’altitude, c’est un bel exercice respiratoire…

On lui confie les clés, l’attente de la dépanneuse sous la pluie est inutile, et on prend le télécabine pour retourner chez Martine, en fin de matinée…

Le mécanicien nous appelle le lendemain, nous confirme que les injecteurs sont colmatés par des résidus de gazole, nous indique qu’il peut se procurer les pièces nécessaires en les faisant venir de Santa Cruz, à 900 km, nous annonce le prix de l’opération et nous promet le véhicule pour samedi en début d’après-midi.

Samedi 14h, l’intervention n’est pas terminée, report à lundi… En attendant, on va aller se goinfrer de pâtisseries sur le Prado, ça nous remontera le moral.

DSCN7340

Lundi 12 novembre.  Jour 63.  La Paz

Nous montons à El Alto pour récupérer le véhicule, le responsable d’atelier nous ayant confirmé que le remontage des injecteurs était terminé et que le véhicule fonctionnait. Par contre, à notre arrivée, il nous informe que le pot catalytique n’a pas dû être nettoyé correctement et nous invite à décider : continuer dans ces conditions, avec le risque de nouveaux colmatages (les véhicules en Euro 5 ne sont décidément pas faits pour la Bolivie), ou supprimer la colonne de catalyse. La décision est vite prise : on supprime et nous remettrons en configuration d’origine à notre retour. Le pot qui avait été démonté pendant le week-end est dans un autre atelier et il n’y a plus qu’à lancer l’opération : tronçonnage, démontage de la charge, soudure du pot et remontage sur le véhicule sans rebrancher les sondes. Mais cela prendra l’après- midi, trop tard pour repartir.

Nous sommes un peu dépités mais pas vraiment surpris. Bonne nouvelle cependant, après un essai de conduite par le responsable d’atelier, le véhicule nous est rendu, bon pour le service.

Nous dormirons donc dans la cour de l’atelier, pas seuls : deux vieux combi VW sont également là, l’un ayant le moteur démonté. Ce sont les montures de deux jeunes couples argentins qui visitent le continent. Ils sont là depuis un mois, le temps d’achever la réparation et, en attendant, ils vendent des pizzas et des gâteaux sur le trottoir. Pas vraiment notre projet…

Mardi 13 novembre.  Jour 64.  La Paz / Puno

Nous sommes ravis de repartir, après trois semaines à La Paz, où nous ne pensions rester que quelques jours. Cela ampute sensiblement le programme à venir..

On se jette dans la circulation de l’avenue du 6 de Marzo, avec ses deux files de collectivos qui monopolisent les deux voies de droite, quand, à un feu rouge, un type nous fait signe que notre roue avant droite est desserrée, puis quelques mètres plus loin, un autre, puis un troisième, nous font le même signe pour la gauche !

On se dit, furieux, que le garage Ford, à qui nous avions confié la tâche d’inverser roues avant et roues arrière pour rééquilibrer l’usure, ont bâclé le travail. On essaye, difficilement, de gagner le bas-côté, et on reçoit l’aide de l’un de ceux qui nous ont signalé le problème, qui fait dégager la place.

Un meccano est sur le trottoir, et on n’y voit pas malice, car nous sommes dans le quartier des garages, et on est même soulagés en se disant qu’on a évité un accident. Un de ses collègues le rejoint, et nous propose de nous guider dans leur atelier, quelques rues plus loin.

On s’engage donc dans les petites rues transversales puis nous garons en bord de trottoir, pas d’atelier en vue, mais ils inspectent la direction et rapidement, ressortent de sous le véhicule et nous montrent une pièce, la rotule ? dont le coussinet est endommagé. Proprement assommés par cette succession de pannes, on n’a pas pris soin de vérifier si les roues se désaxaient, ni de s’interroger sur un diagnostic aussi rapide.

Ils nous indiquent qu’ils peuvent faire la remise en état,  les pièces étant disponibles. Et un type se pointe peu après, cotte de chef d’atelier avec les écussons ad hoc et une trousse contenant un jeu de pièces, qu’il nous détaille, nous garantit, et nous propose de monter sur le véhicule pour remplacer l’ensemble endommagé.

Mais pour cela, je devrais maintenir fermement le volant en bout de course pendant toute l’opération, moteur en marche afin de bénéficier de l’assistance à la direction, pour que les meccanos ne risquent pas de subir de graves blessures aux mains en cas de retour de volant. Résultat : je ne vois pas ce qu’ils font et ne peux vérifier s’ils changent tout le kit. A ce stade d’ailleurs, je ne me pose même pas la question, il faut croire qu’à 4000m, le cerveau manque d’oxygène.

En moins de 30 mn les pièces sont remplacées, je peux constater que la partie visible est neuve et on nous en montre des anciennes (?), effectivement en triste état. Le chef d’atelier, qui n’a pas quitté le véhicule pendant le travail et avec qui nous avons entretenu une très courtoise conversation présente sa facture.

Et là, on réalise le piège ; il nous demande 2600 $ !

Longue discussion pour parvenir à la ramener à 1000 $, ça fait encore très mal.

Pendant que je reste au véhicule, Agnès devra faire la tournée des DAB, en compagnie d’un des meccanos, pour rassembler le montant en bolivianos qui viendra compléter notre solde de dollars et d’Euros que nous réservions à des usages bien plus justifiés. Elle en reviendra très essoufflée.

Nous repartons et ce n’est qu’après quelques kilomètres que nous finirons par nous convaincre qu’il s’agit d’une arnaque très bien montée : le nombre d’acteurs qui nous a convaincu que nous avions un problème, nos soucis précédents qui ont entamé la confiance dans notre véhicule, le stress de la circulation sur une avenue au trafic infernal, la fatigue de trois semaines à une altitude de 4000m, nous ont empêché de raisonner et de simplement vérifier, de visu, la matérialité de l’avarie.

J’ai hésité à raconter cet épisode, peu glorieux, mais il pourra être utile aux éventuels lecteurs qui viendraient à circuler dans ces contrées…

Nous prenons la route vers le Nord- Ouest, repassons devant Tiwanaku puis atteignons le poste frontière de Desguadero. Complexe frontalier intégré flambant neuf, qui pourrait traiter des dizaines de véhicules, mais nous sommes seuls et les fonctionnaires des deux pays sont plongés dans leur smartphone.

Passage rapide et nous entrons au Pérou. Dans la petite ville frontière, pas moyen de retirer du cash, nous avons atteint les plafonds avec nos misères matutinales. Pas non plus d’agence d’assurances. Il nous faudra en trouver une à la prochaine ville, Puno, la police Generali établie pour l’Argentine et le Mercosur ne couvrant pas le Pérou. Par contre la station -service en sortie de ville, qui ne prend pas les cartes, accepte le paiement en Bolivianos, c’est déjà ça, et se sucre naturellement au passage.

On longe le lac Titicaca, pas vraiment envie de s’arrêter, le Nikon reste dans son étui, et nous arrivons à Puno en fin de journée, pour nous garer dans la cour du bel hôtel « Pousada del Inca » qui accepte les camping-cars au fond de son parking.

S 16° 31’ 10.9’’   W 68° 10’ 0.02’’ Altitude 3830m

Km 266 Total 9153

Mercredi 14 novembre, jour 65. Puno / Sicuani

Nous trouvons assez vite, merci Ioverlander, la minuscule agence de « La positiva ». Une assurance au tiers pour un mois nous coutera la modique somme de 26 sols, soit 7€. Il vaut mieux ne pas s’en priver, même si cela n’est pas obligatoire pour les séjours inférieurs à un mois. Les DAB sont nombreux, mais ne dispensent que de faibles sommes et il nous faut multiplier les retraits, heureusement que les frais sur la master-card d’Agnès sont proportionnels et sans forfait, ça n’est pas le cas des cartes Visa !

Direction Cusco, à travers l’altiplano. Longue route, plutôt monotone, une fois quittées les rives du lac Titica et ses élevages de truites, dans un paysage assez désolé, parsemé, de temps en temps, de groupes de maisons en adobe et où la seule activité semble être l’élevage bovin.

Première halte à Juliaca pour y faire le plein de provisions. Sur le parking du supermarché, je remarque des traces grasses sous le véhicule. J’en recherche l’origine : il s’agit de gazole, qui fuit au niveau des têtes d’injecteurs, sans doute mal serrées au remontage. Nous sommes maudits..

Heureusement nous étions passés, à l’entrée de la ville, devant un garage Ford. On y fonce et là, ils seront au top : prise en charge immédiate, problème identifié dans la seconde et resserrage effectué en 20 mn, ils n’accepteront qu’un pourboire !

On reprend la route jusqu’à Sicuani, pour faire halte dans le parking de l’hôtel Wilkamayu, très mignon, et où on appréciera une bonne bière vespérale.

S 14,26109°   W 71,22407°

Km 273 Total 9426

Jeudi 15. Jour 66   Sicuani / Cusco

Une fois franchi les cols, le versant pacifique des Andes est bien plus vert et riant que le versant est. Les vallées, peuplées de nombreux villages, sont consacrées au maraichage et à de petites cultures de maïs, les arbres se multiplient, essentiellement des eucalyptus.

Nous choisirons, pour atteindre le camping « Quinta la la », sur la recommandation d’overlanders, de ne pas traverser Cusco et de contourner par le Nord, par Saysaywaman, en évitant le dédale de petites rues qui en fait son charme et le cauchemar des conducteurs. Cela rajoute une vingtaine de km par une route dont la première portion sera extrêmement raide, mais peu fréquentée, qui permet par contre de surplomber la ville et d’être impressionnés par le site, cuvette où s’est développée la cité, ensuite longe des vestiges incas, puis nous mène à 200m du camping.

Un chemin pavé, un portail, et derrière : le refuge. C’est ici que nous espérons pouvoir laisser notre véhicule lors de notre prochain retour en France.

Accueil efficace par Milagros, la propriétaire, avec qui nous avions échangé plusieurs messages parfois contradictoires au cours de la préparation du voyage et qui, dans un anglais convenable, nous communique les informations nécessaires pour les séjours dans le camping. Elle nous rassure très vite sur les possibilités d’hivernage, les documents obligatoires et le fait qu’elle nous guidera pour les formalités visant à prolonger notre autorisation temporaire d’importation. Nous constatons par ailleurs que 4 véhicules, 3 français et 1 américain sont en dépôt. Cela ne vaut pas « UY storage » car c’est un parking extérieur, dans l’herbe, mais c’est clos avec une présence permanente et Milli maitrise la question. Un gros souci de réglé.

Dans le camping, quelques autres véhicules de passage, en majorité allemands, aux équipages pas très liants. Ou bien nous ne sommes pas dans le bon état d’esprit..

Les formalités dureront plusieurs jours et nous devrons donc être à Cusco au moins une semaine avant notre départ. Nous décidons alors de reporter la visite de la ville à la fin de notre séjour et de gagner, au plus vite, des altitudes plus propices à nous faire récupérer une forme moins essoufflée, car nous sommes toujours à 3600m. Nous partirons demain pour Nazca, et ses géoglyphes.

S 13° 30’ 58.65’’   W 71°57’’ 25.01’’

Km 155  Total 9308

Vendredi 16 novembre. Jour 67    Cusco / Cuycuhua

Redescente sur Cusco, contournement par le nord, puis on gagne la route de Lima. Elle se révèlera superbe tout le long du trajet, excellent revêtement, et étonnamment peu fréquentée pour une route qui relie les deux principales villes du pays.

Après un parcours d’altiplano, la route enquille une vallée puis franchit une ligne de crêtes par une série de cols : abra Willque (3730m), abra Sorllaco (4006m), abra huashuccash (4300m), abra Condorcensa (4390m), avant de redescendre vers Abancay, à 2400m.

DSCN7350

Traversée de la ville intéressante : des travaux sur l’avenue traversante ont justifié d’une déviation poids lourds, en fait une mauvaise piste à la signalisation peu visible. Devant nous, un semi -remorque qui l’a loupée est arrêté en plein centre-ville, nez face à la barrière de chantier. Il ne peut tourner ni à gauche, ni à droite, et sans doute pas reculer. Heureusement, nous avons la place de passer, compatissons et, sans grands remords, l’abandonnons à son sort.  Il y est peut-être encore.

Sortis de là, défilé des écoles dans la zone de travaux ! ça ne fluidifie pas, mais ils sont bien mimi.

DSCN7346

DSCN7345

DSCN7347

Nous nous engageons dans une seconde vallée, bien plus encaissée et remontons les gorges, sans forcer, la pente est douce. Nous bivouaquerons sur le parking d’un hôtel, fort isolé en plein milieu des gorges et vide en cette saison, avant d’attaquer la deuxième série de crêtes : nous voulons dormir à basse altitude.

S 14° 12’ 35.2’’   W 73° 19’ 08,6’’     Altitude 2800m

Km 303 Total 9611

Samedi 17 novembre. Jour 68  Cuycuhua / Nazca

Longue journée de route. Sortis des gorges, en 50 km et par une série de lacets spectaculaires, nous gagnerons 1400m d’altitude, pour atteindre une région de hauts plateaux parallèles, séparés par  plusieurs cols. Sur 120km, nous évoluerons en permanence entre 4200 et 4600m. Plateaux quasi déserts, quelques pauvres villages, des enfants aux joues rouges, dans la steppe des alpagas et, au plus haut, des lacs glaciaires puis une réserve de centaines de vigognes.

DSCN7348

Puis, en 75 km, dégringolade de 3600m. La route est toujours aussi belle, le paysage aussi désert, et les poids lourds plus nombreux.

Arrivée, à Nazca, ville à la civilisation pré inca, haut lieu de de tourisme au milieu de nulle part et qui n’existe que grâce aux géoglyphes.

DSCN7395

Bivouac à l’hôtel San Marcello.

Demain, nous survolerons les fameuses lignes de Nazca.

S 14.83247°   W 74,95779°

Km 363   Total 9974   Altitude 600m (enfin !) Pour l’instant, la voiture tourne bien et nous avons retrouvé notre souffle..

Dimanche 18 novembre et lundi 19. Jour 69 et 70. Nazca / Huacachina

Pas de problème pour trouver un avion pour survoler les « lignes de Nazca ». Dans la rue principale, les vendeurs des agences vous assaillent pour vous proposer toutes les excursions possibles dans la région, quelqu’en soit le moyen de transport. Le survol est indispensable pour admirer les géoglyphes, peu visibles du sol, à un coût raisonnable, 80 à 90$ par personne suivant la taille de l’avion, et on vous amène à l’aéroport. Sur place, 6 compagnies se disputent les amateurs, la concurrence permet de maintenir les prix. Nous embarquerons donc dans un Cessna de la compagnie Aeroparacas, réputée la plus sûre.

DSCN7367

Et c’est parti pour découvrir ce qui reste un mystère archéologique : dans une plaine aride de 500 km², à une vingtaine de km au nord de Nazca, ville nichée en plein désert, plus de 800 lignes droites, 300 figures géométriques telles que triangles et trapèzes, 70 dessins gigantesques d’animaux et un humanoïde ont été tracés par des civilisation pré inca qui s’étaient établie dans la région entre 900 AV JC et l’an 600 de notre ère.

J’aurais les plus grandes difficultés à réaliser des photos à peine acceptables : l’absence totale de contraste, la présence des vitres de l’appareil, les trous d’air rendront les mises au point complètement aléatoires. J’ai donc dû les retravailler, en sacrifiant le rendu des couleurs et la luminosité pour obtenir des figures visibles. Mille excuses pour cela. Et, pour essayer de me faire pardonner et faciliter l’interprétation, une vue d’ensemble des principales figures :

DSCN7404

Tout d’abord des exemples des figures géométriques :

DSCN7376

DSCN7381

Un singe très expressif avec sa queue en spirale :

DSCN7371

Un colibri au bec disproportionné

DSCN7379

Coupé par la route Panamericana tracée en 1937, un lézard de 130m de long et un arbre :

DSCN7388

Et l’« astronaute», un humain à la tête en forme de bocal qui serait un prêtre à tête de chouette. Contrairement aux autres figures, tracées sur le plateau, il a été figuré sur un affleurement rocheux, dans un style beaucoup moins pur. Epoque différente ?

DSCN7365

Pour ceux qui le souhaitent, nous ramenons un beau livre, avec des photos prises par un pro, sinon, cherchez sur internet, vous trouverez tout, en mieux…

Aucune unanimité sur les auteurs de ces dessins, Paracas et Nazcas, puis Huaris, descendus des plateaux et qui leur succédèrent, ni sur les techniques qui leur permirent de tracer des figures aussi rectilignes et des dessins aux lignes aussi pures, alors que le résultat ne se distingue que du ciel, encore moins sur les motivations de ce travail titanesque.  Selon Maria Reiche, mathématicienne allemande qui consacra sa vie à l’analyse de ces géoglyphes, il s’agissait d’un calendrier astronomique destiné à l’agriculture et bâti à partir de formules mathématiques, mais cette thèse reste controversée. Pour d’autres, plus nombreux, elles seraient liées au culte de l’eau et de la fertilité, ce que je trouve personnellement plus convaincant, eu égard à l’aridité de la région.

Belle transition d’ailleurs vers le deuxième centre d’intérêt de Nazca : les aqueducs qui permettaient de contrôler l’écoulement des nappes phréatiques et de les diriger vers les cultures, grâce à un extraordinaire système de puits, qui nous rappellera ce que nous avions vu en Chine. Une différence majeure cependant : vu la nature des sols, les puits permettant d’accéder au niveau de la nappe ont été construits en spirales, étayés de galets, afin de pouvoir accéder aisément, pour le contrôle et l’entretien, au niveau du flux.

Ces puits, creusés par les femmes, sont distants d’une vingtaine de mètres et disparaissent lorsque la profondeur de la nappe permet un écoulement à l’air libre. Dans le lointain, le Cerro Blanco, la dune la plus élevée d’Amérique du Sud avec ses 2700m d’altitude.

DSCN7406

DSCN7409

DSCN7413

DSCN7408

Avant de quitter Nazca, une visite au Musée ethnographique nous permettra de remarquer quelques belles pièces aux motifs pleins de dérision.

DSCN7433

DSCN7434

En quittant la ville, un mirador offre une vue en plongée rapprochée des figures de l’arbre, des mains et du lézard, et met en évidence la technique utilisée : un très léger décapage de la couche superficielle des cailloux noircis, presque vernis par le soleil, faisant apparaitre le substrat de gypse blanchâtre, surligné, telle la « ligne claire » de Hergé, par le feston de cailloux noirs écartés par l’opération.

DSCN7444

DSCN7445

DSCN7448

Route au nord, nous ferons un bref arrêt sur le site des géoglyphes de Palpa, tout proche, où, sur le flanc d’une colline, a été immortalisée une famille royale.

DSCN7453

Nous rejoindrons Huacachina, après une longue traversée dans le désert jusqu’à l’oasis de Ica, pour un bivouac dans l’Eco camp.

S 14° 05’ 19.8’’   W  75° 45’ 48.8’’   Altitude 429m

Km 164 Total 10038