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Lundi 28 octobre. Jour 12   Cuzco

En préambule, toutes nos félicitations à Michel qui, après 5 ans de lecture assidue (et méritoire) de ces textes, a enfin compris comment on agrandit les photos. Magie du simple clic…

A 9h pile, nous sommes devant l’atelier où nous avions commandé deux pneus la semaine dernière. Les ouvriers ouvrent les grilles, pas de pneus : c’est la patronne qui doit les amener. A 9h45, elle se pointe, sans pneus : ils seront livrés à 15h.

Histoire de ne pas perdre de temps, on passe chez Ford, à deux pas, pour faire vérifier l’électronique, le défaut s’étant reproduit. Au scanner, rien d’anormal, il va donc falloir s’habituer à vivre avec un voyant taquin.

Courses diverses, recherche d’un bar wifi, puis retour à l’atelier. La patronne se tord les mains, le camion est bloqué à un contrôle de douane, à plus d’une heure de Cuzco, elle essaye de les faire livrer en taxi….

Celui-ci arrivera à 17h30, impossible donc de partir ce soir. Et pour corser le tout, un goujon est grippé, il a dû être remonté en force lors de la dernière crevaison, au Brésil. Il cède enfin, mais ne pourra être remonté, filetage ruiné. On roulera donc sans.

Retour imprévu à Quinta la la à 19h30, et, ce soir, pas de happy hours.

Km : 12 Total 1020

Mardi 29 octobre  Jour 13 Cuzco  / Laguna Pacucha

Il nous faudra une bonne demi- heure pour traverser Cuzco, ayant loupé une intersection et baguenaudé dans quelques ruelles bien pentues.

Puis une belle route, de montagne, naturellement, avec un col, l’abra Surlacca, à 4000m, avant de dévaler jusqu’à Abancay.

La ville s’est déployée dans une vaste combe qu’elle obture complètement et il est impossible de la contourner.

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Ses rues étroites, engorgées et pentues sont un délice, nous gardions de notre premier passage un souvenir ému, et retrouverons les mêmes émotions : c’est dans ce genre d’occasion que je puise dans mon répertoire de jurons, au grand agacement d’Agnès.

En fond de vallée, nous trouvons l’embranchement pour d’Ayacucho. La route est belle, et raide. Au sommet, il faut choisir : une piste rejoignant le fond de la gorge, puis remontant le rio, ou les crêtes. Sur la base de l’expérience vécue par d’autres voyageurs qui avaient choisi la gorge et y avaient passé la journée, nous choisissons les crêtes.

Qui dit crêtes, dit cols. L’abra Huayllaccasa et ses 4165m nous attend : on monte à 35 km/h, mais la route est en très bon état, comme la plupart des routes péruviennes d’ailleurs.

En fin de journée, nous quittons la route pour un piste de 8km afin de bivouaquer au bord de Laguna Pacucha. Ce petit lac abrite sur ses rives quelques restaurants, fréquentés en saison. Aujourd’hui, c’est grand calme.

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S 13° 36.468’   O 73° 20.258’   Altitude 3125m

Km 347 Total 1367

Mercredi 30 octobre Jour 14 Laguna Pacucha / Ayacucho

Joli réveil, en bord de lagune, et charmante visite.

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Mauvais début de journée par contre : plus d’eau aux robinets, alors que j’ai fait le plein la veille ! Est-ce un problème de pompe ? de fusible ? de colmatage ? Un nettoyage du filtre, qui en avait bien besoin, ne règlera pas le problème. Nous constaterons alors que le réservoir est vide. Une fuite ? Misère..

Je réalise alors que, en déplaçant du matériel dans un coffre, j’ai malencontreusement actionné le poussoir de la commande de vidange du réservoir d’eau. Un incident banal mais qui nous montre, une fois de plus, à quel point nous sommes dépendants du matériel.

Abra Saraccocha, premier col à 4263m, ça monte sec, mais, avec 100kg d’eau en moins, ça passe mieux. Il faut voir le côté positif des choses…

La région est fertile, les vallées intensément cultivées et les pentes exploitées au maximum: maïs, pommes de terre et cultures maraichères alternent avec des parcelles de céréales qui sont fauchées avant maturité pour nourrir les bêtes.

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Bêtes qui d’ailleurs partent pâturer dès le matin, accompagnées de grand mères ou de jeunes filles. Traverser les routes ne les préoccupe guère, elles ont le sentiment légitime d’être prioritaires. Nous verrons même un cheptel familial complet défiler devant nous : les vaches, bien sûr, les moutons, aussi, et même une truie, en laisse, avec ses petits.

Au-delà de 3900m, beaucoup moins d’agglomérations, plus de ce maraichage qui verdissait le paysage, encore moins d’arbres : on ne voit plus qu’un tapis de graminées et parfois des parcelles, sur les versants les mieux exposés, qui viennent d’être labourées. Bien plus qu’en Bolivie, l’agriculture est mécanisée et seules les terres les plus pentues sont retournées à la main. Dans le brouillard et l’altitude, les couleurs sont moins riantes.

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Col franchi, roue libre (ou presque) jusqu’au lit d’une rivière 2200m plus bas. Halte au passage dans un village pour quelques emplettes : l’épicière, surprise que l’on achète un quatre quart entier (20 tranches !) alors qu’elle s’apprêtait à nous en vendre deux, est ravie, et tient à nous faire un cadeau : une petite boite d’allumettes ; ça tombe bien, on est à court.

Nous atteignons le pont permettant de traverser la vallée pour attaquer le versant opposé. Halte pour déjeuner au début de la montée : ce 2° col, l’abra Huamina, 4296m, il va falloir se le faire..

On n’est pas déçus, les épingles se succèdent par dizaines. Sur la journée, j’ai dû changer 2000 fois de vitesse…

Bonne surprise au sommet, on est sur l’altiplano et on peut, dans de belles lignes droites et de longues courbes progresser plus vite. Dernier col, que l’on efface facilement étant resté en altitude : l’abra Tocctoccsa, à 4200m. On termine le parcours par une longue descente vers Ayacucho, et sollicitons l’autorisation de nous garer pour la nuit à la station Primax, où nous refaisons le plein d’eau.

S 13° 13.279’   O 74° 13.707’   Altitude 3304m

Km 245   Total 1612

Jeudi 31 Jour 15   Ayacucho – Churcampa

L’entrée en ville en début de matinée est sportive. Heureusement Agnès a repéré sur Eoverlander un emplacement où nous pourrons laisser le véhicule, à moins de 2km de la Plazza de armas. Par chance, pour s’y rendre, on circule à contreflux et ça se dégage. Pas aussi simple sur la fin, la ville est coupée par un rio et de nombreuses rues finissent en cul de sac, qui nous vaudront quelques demi- tours.

Jolie place d’armes, qui nous rappelle celle d’Arequipa, avec toutefois une cathédrale bien plus modeste. Les arcades abritent comme dans la plupart des villes péruviennes, services publics, banques et agences de voyage. On y repère quand même « Le » café wifi où nous pourrons satisfaire notre addiction à l’internet en prenant un second petit déjeuner en terrasse, et what’sapper avec la famille.

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Les rues voisines de la place abritent de jolis immeubles de l’époque coloniale, aux vastes cours bordées de galeries.

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Nous visiterons la cathédrale en fin de matinée, bien décevante par son architecture mais aux splendides autels churrigueresques. (j’aime bien, je le ressors à chaque fois…)

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Par contre, le musée le plus intéressant, consacré aux arts populaires, est fermé. Nous décidons donc d’abréger l’étape et reprenons la route vers Huancayo.

Belle route jusqu’à Huanta. Agnès m’annonce : nous suivrons le lit du rio sur plus de 100km, pas de col en vue !

Sauf qu’à l’entrée de Mayocc, la route est barrée, il faut descendre dans le lit du rio puis le traverser sur d’anciens pont. Dans le village, déviation, on nous explique que la route est en travaux et n’est ouverte que les fins de semaine. Il nous faut nous engager sur la 3SD, par les crêtes.

Et on se tape une route bien raide, plus de 10% sur certains passages, et la plus étroite, que l’on ait jamais parcourue. Heureusement le goudron est de très bonne qualité, il est possible, à de rares endroits, de se croiser, et la circulation est réduite. Je ne cesserai de m’interroger, dans les épingles qu’il faut franchir en 1°, sur ce qu’il faudra faire face à camion…

Au bout d’une trentaine de km, nous débouchons dans un village, Churcampa, avec une jolie placette où nous décidons de passer la nuit. Plein les bottes.

Echanges sympas avec l’épicier du coin, puis : bonne nuit les petits…

S 12° 44’ 22.1’’    O 74° 23’ 15.6’’    Altitude 3306m

Km 128 Total 1740

Vendredi 1° novembre  Jour 16   Churcampa / Viques

Départ matinal, l’étape risque d’être longue. Dès la sortie du village, plus de goudron, mais une route bien dure, sans trous ni tôle ondulée, quasiment le rêve.

Sauf qu’on est bien sur une route de montagne : 120km à plus de 3800m d’altitude dont 30  à plus de 4200 m, et si étroite qu’il nous faudra faire marche arrière deux fois pour pouvoir croiser des camions.

Dans un virage, la question ne se pose plus : une semi-remorque est à 45° : pour pouvoir croiser et éviter que le véhicule en face verse au ravin, le chauffeur a mordu le fossé côté montagne et son tracteur a basculé et se trouve maintenant en appui sur la pente de rochers. La remorque a suivi.

Il nous reste assez de place pour passer et Agnès n’apprécie pas trop la sensation : côté ravin, le passager à une belle vue sur l’abîme..

Et, à l’issue d’une longue descente où la route est parfois tracée sur la crête avec des ravins de chaque côté, nous retrouvons enfin le goudron.

Route nord -ouest vers Huancayo, belle route bien large, et bien pentue. Si pentue que le conducteur d’une semi-remorque circulant en sens inverse en a perdu le contrôle dans la descente, a traversé la chaussée et s’est retourné dans le fossé de la voie montante, quelques instants avant notre passage, la police vient tout juste d’arriver.

Le métier de chauffeur de poids lourd, dans ces contrées, où ils rejouent chaque jour « Le salaire de la peur » mérite le respect…

Nous devons traverser Viques, mais la route est barrée, pont en construction dans le village. Un gros effort de rénovation du réseau est manifestement entrepris, une dizaine de ponts doivent être reconstruits dans le secteur. Déviation donc, sportive par des chemins étroits et des raidillons Pour corser le tout, les locaux taxent les véhicules qui empruntent ces chemins : 2 soles le passage. Ils ne manquent pas d’air !

Nous cherchons le camping repéré sur Eoverlander, c’est à 40km, dans la montagne. Un nouveau col à 4000m, et plus nous nous enfonçons dans la montagne, plus le doute nous envahit sur la localisation. Arrivés au point GPS, nous sommes sur une piste, au milieu de nulle part. Vérification faite, j’ai fait une erreur en encodant les coordonnées dans le Garmin…

Une demi- heure de pause et on fait demi-tour. Comme toujours, le retour nous paraitra bien plus rapide, belle consolation. Sans plus chercher, bivouac sur la plazza de Viques

S 12° 09’ 19.1’’     O 75° 14’ 42.2’’      Altitude 3200m

Km 276         Total 2016

Samedi 2 novembre. Jour 17  Viques / La Florida

Malins, pour éviter les chemins périlleux de la déviation du pont de Viques, nous nous dirigeons vers Huancayo par la rive droite du rio, et bénéficions d’une route peu fréquentée qui nous mène tout droit au pont qui permet d’accéder à la ville.

Nous laissons le véhicule dans une station- service et gagnons le centre- ville, Plazza de la Constitucion, en taxi.

Huancayo ne vaut pas le détour : ville active, se modernisant à grand pas, bruyante et sans autre intérêt que ses mercados. Après la halte wifi indispensable (au Starbucks, la honte !) nous irons y chercher un peu de dépaysement dans un quartier bouillonnant, derrière la gare.

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Nous ne nous attarderons pas à Huancayo et repartons vers La Florida, où nous espérons pouvoir passer la nuit dans une hacienda.

Arrivés sur place, nos vœux sont exaucés : la propriétaire est charmante et nous indique l’emplacement idoine pour y garer le véhicule, dans une des cours de cette belle exploitation, agricole, mais où se pratique en parallèle une activité hôtelière.

Vestiges des temps passés, la cloche, pour sonner l’alarme, la simplissime chapelle, le pigeonnier

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Visible de la terrasse, Le jardin, et son espace méditation,  vaut le détour.

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Nous y profiterons de la restauration : au diner on nous servira en dessert une préparation dont nous n’avons pas capté le nom : de la semoule de maïs cuite à l’étouffée dans des feuilles de maïs, relevée de quelques raisins secs confits dans de l’alcool. Délicieux, quoique un peu roboratif.

S 11° 22.124’   O 75° 40.822’’   Altitude 3010m

Km 130  Total 2146km

Nous venons d’apprendre le décès de notre ami Bertrand. Face à cela, toutes nos petites mésaventures paraissent bien dérisoires. Il avait choisi de faire de sa passion pour le voyage son métier. Avec lui, c’est l’élégance qui s’en va.

Toute notre affection à Nadine, Romain et Simon

 

 

Dimanche 03 novembre. Jour 18   La Florida / Tornamesa

La gestionnaire de l’hacienda nous le confirme, pour Lima, il vaut mieux compter en heures de route qu’en km :10heures de route pour 240km !

Peu de trafic jusqu’à La Oroya, et deux cols, dont l’un à 4227m sans difficulté particulière. On imagine donc que le pire est à venir. De fait, la traversée de La Oroya est un peu difficile, un flux de camions y naissant : cette ville est le cœur minier du Pérou, on y longe des usines d’affinage de métaux et une gare de triage, et elle est proprement hideuse. Elle serait l’une des plus polluées au monde, le taux de métaux dans le sang dépasse la norme chez 9 enfants sur 10, mais les habitants se battent pour conserver les usines…

Enserrés dans le flux de camions, nous attaquons l’Abra Anticona, qui culmine à 4822m. De part et d’autre de la route, des mines, des usines de traitement métallifère et des terrils. Arrivés au sommet, on peut se dire qu’on s’est fait le mont Blanc, en voiture, mais pas tous seuls.

Nous perdons de l’altitude dans des gorges spectaculaires où s’entrecroisent les meccanos géants des ponts de chemin de fer et les vestiges des ponts de l’ancienne route.

A San Matteo, en sortie de gorges, pour corser le tout, blocage total : c’est la fête de la danse et les groupes défilent dans la rue. Il n’y a qu’à attendre et admirer les costumes.

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Très longue descente, pour perdre 3300m d’altitude en 60km, dans une vallée étroite.  A chaque fois que l’espace se dégage, c’est la ruée pour doubler. Le moins réactif reste derrière les camions, au pas…

On fait de même, et ayant rapidement adopté le mode de conduite local, je me fais une belle ligne continue dans une large courbe. Manque de pot, en sortie de virage, une escouade de flics se tape sur le ventre en guettant les fautifs.

Coup de sifflet, rangez- vous, documentos…

J’ai droit au bis repetita de notre racketteur bolivien : vous allez à la ville, vous payez l’amende (498 soles) dans une banque et vous revenez avec le reçu. Etant 100% en tort je n’ai qu’à faire profil bas. Et comme en plus mon pandore est compréhensif, il veut m’aider….

Je m’en sortirai avec une punition de 200 soles (environ 50€), directement dans la poche. Et tout ça à 10m de l’officier commandant l’escouade !

Ça finirait par agacer.

Nous arrivons en début d’après-midi à la » Casa de los titiriteros », où nous devrions pouvoir bivouaquer.

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Surprise d’y trouver de jeunes compatriotes, formé(e)s au street art, et qui, au titre du service civique, assurent des missions artistiques auprès d’ados dans le cadre d‘une association animée par une franco -péruvienne. Moment d’échanges agréables, leur enthousiasme est rafraichissant.

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S 11° 54.186’    O 76° 30.934’   Altitude 1500m

Km 182 Total 2328

Lundi 04 novembre  Jour 19  Tornamesa   / La Vegueta

On quitte nos jeunes artistes, et reprenons la descente.

Tout le long de la route s’alignent des « lavaderos », qui bénéficient de l’eau de la rivière canalisée dans des conduites forcées. Un bon nettoyage du véhicule s’impose, en particulier au niveau des panneaux solaires, encrassés par l’hivernage à Cuzco.

A 50km de Lima, les agglomérations se multiplient et le trafic se densifie. A un feu rouge, nous observons le rassemblement matinal d’une escouade de police, le chef donne ses instructions aux agents alignés, qui lui prêtent une oreille distraite. 500m plus loin, un motard nous rattrape, il a dû nous repérer au feu, et rebelote.

Rangez- vous, documentos…Air connu

Il tourne autour du véhicule, teste la fixation de notre plaque d’immatriculation. Manifestement, il cherche….

Nos papiers en main, il nous indique alors que notre véhicule n’arbore pas les bandes réfléchissantes règlementaires au niveau des bas de caisse.

Cela fait bientôt deux mois que nous circulons au Pérou et c’est la 1° fois que la question se pose ! Il nous indique qu’on n’en trouve pas avant Lima.

Et là, j’ai une pensée pour les prêcheurs qui, à longueur de blogs, vous indiquent qu’il ne faut jamais payer, se montrer ferme, faire semblant de ne pas comprendre l’espagnol et exiger de se faire accompagner au commissariat : le type nous invite de lui- même à le suivre au commissariat et maitrise parfaitement google trad sur son téléphone…

Accueillis par deux policiers, on nous oriente sur un petit bureau où notre motard nous ressort le même numéro : l’amende est de 336 sols, mais, ému par l’émotion (fort bien surjouée par Agnès), il veut bien nous aider moyennant 100 sols.

On paye, et quand on lui demande où se procurer des bandes réfléchissantes, il fait un geste indiquant que ça n’est pas nécessaire, et nous laisse partir…..

Moins d’un km plus loin, on trouve une boutique où le patron passera une demi- heure à nous poser, très soigneusement, (ça colle bien, la voiture est propre!) 2,50m de ces bandes rouges et blanches, pour 42 sols. Il a mal choisi son métier, pour s’enrichir, il aurait mieux fait d’entrer dans la police…

Arrivés dans les faubourgs de Lima, le plafond est si bas, brume ou pollution ? la circulation si anarchique, et notre niveau de confiance dans la police locale si sévèrement entamé, que nous décidons d’abandonner notre projet de visiter la ville et prenons la direction  de la «panaméricaine nord » par une voie rapide. Elle n’a de rapide que le nom, puisqu’on y trouve des intersections, sans feux, avec des avenues fort chargées, et on y notera même des semi -remorques faisant demi -tour sur place, au milieu de carrefour ! 2 heures pour parcourir une vingtaine de kms, on ne regrettera pas Lima.

Sortis de la mégalopole (10 millions d’habitants, près d’un tiers de la population péruvienne), ça se dégage et on se retrouve dans le même désert côtier que celui que nous avions traversé au sud du pays : bonne route, dunes, et des dizaines d’élevages industriels de poulets.

Nous quittons la panamericaine à La Viguetta pour chercher un bivouac en bord de mer, derrière une piscine « olympique » fermée en cette saison. Plage de galets, où les locaux viennent extraire du gravier, et gros rouleaux, pas l’endroit idéal pour une baignade, mais on est « face à la mer.. » pour se préparer un petit mojito et oublier les ripoux..

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S 11° 01.545’   O 77° 38.993’

Km 225 Total 2553

Mardi 5 novembre Jour 20   La Vegueta / Chavin de Huantar

Nous nous dirigeons vers l’intérieur et la cordillère blanche. Très longue montée pour atteindre l’Abra Kaiuasi, avec un orage de grêle qui nous empêche d’admirer les sommets enneigés. L’ascension se termine par un tunnel à 4515m d’altitude, à la sortie duquel une statue joue les Corcovado pour bénir les voyageurs parvenus jusqu’ici, (qui le méritent bien), puis rapide descente sur la vallée de Chavin, très encaissée.

Arrivés en début d’après- midi, on se gare dans terminal de bus, immense et vide. Le plafond est bien bas.

Pour se remettre de nos émotions, on se fera un petit menu sympa au restaurant «Chavin turistico » qui, selon notre guide, est recommandé par les archéologues qui continuent à fouiller les vestiges du temple pré inca qui justifie notre visite. « Trucha a l’ajo » et « piquante de cuy » (devinez qui a choisi quoi ?), après un petit pisco sour, nous réconcilieront avec la région. (ce voyage n’est pas sponsorisé par Paul Ricard !)

S 09° 35.093’    O 77° 10.526.707’   Altitude 3150m

Km 292   Total 2845

Mercredi 6 novembre Jour 21   Chavin – Huaraz

La civilisation de Chavin s’est développée de 1200 à 800 avant notre ère, dans cette vallée d’altitude. Le témoignage le plus impressionnant en est ce temple, construit en bouchon dans la vallée, au prix d’un détournement du rio pour aménager l’espace nécessaire.

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Peu de fréquentation, des visites pédagogiques. Les gamins largueront vite leurs uniformes contre des tenues de sport une fois la traditionnelle photo effectuée.

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L’illustration ci dessous donne une idée des proportions de l’édifice principal.

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Espace cérémoniel, dont l’orientation répondait à des considérations astrologiques relatives à la position du soleil aux solstices, comme dans les temples incas plus récents, le temple était composé de plusieurs zones dont celles des bâtiments, réservés aux prêtres. Le rituel visait à impressionner les foules par la mise en scène, la musique produite au moyen de conques marines et l’usage massif de plantes hallucinogènes. (Jean Michel Jarre n’a rien inventé..)

Dans le bâtiment principal, visite des galeries, ventilées et éclairées. Elles étaient destinées à des cérémonies privées, ainsi qu au stockage des offrandes et des instruments du culte. Au croisement de deux galeries, le « Lanzon ». Ce personnage monolithique représente la divinité principale du peuple de Chavin et est constitué d’une combinaison de caractéristiques humaines et animales.

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Au musée, construit par le Japon en guise de cadeau à la nation péruvienne, à l’extrémité du village, on admirera les reproductions de ces monolithes, une série de têtes qui ornaient les murailles extérieures du temple, des bas- reliefs finement gravés de motifs zoomorphes, de superbes poteries et une collection de conques marines.

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Le retour s’effectuera par la même route, via l’Abra Kaiuasi, avant de s’engager dans la descente vers Huaraz.

Bivouac sur une esplanade herbeuse, à l’arrière de l’hôtel Real Huascarian, en compagnie d’herbivores de diverses espèces.

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S 9° 30.798’      O 77° 31.863’    Altitude 3020m

Km 132   Total 2957 

Jeudi 7 novembre  Jour 22   Huaraz

Grand beau temps au réveil, nous pouvons ’admirer, depuis l’hôtel, les sommets jumeaux des Huascaran.

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Nous avons décidé de laisser le véhicule au repos. Dès l’aube (soyons honnêtes, dès 8h30), nous sommes en ville pour retirer du cash, déposer du linge à une lavanderia, et trouver l’excursion qui nous permettra d’admirer les sommets enneigés de la Cordillera bianca. Coup de pot, un minibus est devant une agence de voyages, et part dans 10 mn.

Première halte à Carhuaz, sa placette et sa fontaine aux statues naïves, puis Yangai , à une trentaine de km de Huaraz.

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Le 31 mai 1970, à 15h23, un tremblement de terre de 7,8 sur l’échelle de Richter détruisit totalement la ville coloniale de Huaraz, causant la mort de 30 000 personnes.

Quelques minutes plus tard, un pan de montagne se détacha du Huascaran Nord et des millions de tonne de glace, de roches, de boues et d’arbres arrachés se déversèrent dans la vallée, à près de 300 km/h, et vinrent ensevelir sous dix mètres d’éboulis le village de Yangai et ses 25 000 habitants. Les seuls survivants, une centaine de personnes, durent leur salut au fait qu’ils étaient dans un point haut du village, le cimetière…

Yangai a été reconstruit un peu plus loin, et les vestiges de l’ancien village sont devenus une étape obligée des excursions dans la région. Pas notre destination préférée, mais bon, une fois qu’on y est, on ne va pas rester dans le minibus…

Lente traversée de ce village mausolée, dont on ne voit rien, si ce n’est une carcasse de bus et des débris de l’église.

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La ballade se poursuivra par une longue montée sur une piste assez mauvaise, dans une vallée encaissée où les cultures florales égayent le paysage. Malheureusement les nuages arrivent et viennent masquer les sommets enneigés.

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L’excursion se terminera à Laguna Chinancocha.

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On y retrouve cette espèce singulière d’arbres, à l’écorce caduque  et dont j’ai oublié le nom, qui pousse jusqu’à 5000 m d’altitude.

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Lac glaciaire à 3850m d’altitude, cette « laguna » est située au cœur d’une réserve naturelle, sur les terres d’une communauté indigène, qui taxe les visiteurs, normal, leur permet de se restaurer frugalement grâce à des plats confectionnés dans des chaudrons bien culottés, (caldo de gallina ou piquante de cuy, ça devient une habitude) mais dont les membres se prêtent volontiers à la séance de pose.

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Retour à la nuit à Huaraz

Vendredi 8 novembre Jour 23   Huaraz / Chao

Montée raide pour quitter la ville et, coup de patins, un fil électrique barre la route au niveau de notre pare- brise, j’ai failli l’arracher ; Agnès parviendra à le soulever suffisamment pour que, au prix d’un démarrage en côte sympa, je puisse passer dessous.

Abra Punta Callan à 4210m pour traverser la Cordillera negra, puis longue descente dans une vallée très cultivée jusqu’à la côte, on retrouve alors le désert côtier. Au niveau de Casma, on quitte la panaméricaine pour rechercher la mer qui, si la logique est respectée, baigne les quais de Puerto Casma. En guise de quai, une vilaine plage, quelques bateaux de pêche sur cales et ce qui ressemble à une prison. Pas l’endroit idéal pour des vacances.

On trouvera quand même une gargote pour y déguster une chevice poissons/calamars.

Traversée de Chimbotte, premier port de pêche péruvien, en déclin en raison de la surexploitation des ressources, mais ville toujours très active. 90% des véhicules sont des taxis qui, pour marauder, s’arrêtent n’importe où, y compris sur les voies de gauche, contribuant à d’énormes bouchons.

L’odeur d’anchois qui baigne la ville nous fait renoncer à l’idée d’aller jusqu’au port : il ne doit ressembler que de très loin à un petit port de pêcheurs des cyclades…

La panaméricaine traverse maintenant une plaine côtière, où l’irrigation permet la culture de riz, et de canne à sucre, alternant avec les champs d’asperges et de piments. Les poulaillers industriels, typiques du désert, se font plus rares mais les poids lourds transportant des caisses de poulets sont toujours aussi nombreux !

Halte sur la place d’armes de Chao, envahie d’écoliers jusqu’à tard en soirée.

S 08° 32.361’    O 78° 40.769’ Altitude 100m

Km 288 Total 3245

 

 

 

 

Samedi 09 novembre. Jour 24   Chao / Huanchaco

Avant de pénétrer dans la grande ville côtière de Trujillo, nous nous dirigeons vers deux temples mochicas, à quelques kms à l’est de la capitale régionale.

La civilisation Moche s’est développée dans cette région depuis l’an100 avant notre ère jusqu’à 800 après J.C. Outre ses représentations des scènes de la vie quotidienne, des châtiments, des actes chirurgicaux et des rapports amoureux, elle a laissé une forte empreinte architecturale, dont la plus spectaculaire est constituée par deux temples pyramidaux, les Huacas, séparés par un village.

Le Huaca de la Luna abritait les activités religieuses et les prêtres, le Huaca del Sol les activités administratives et les juristes. Le village regroupait le peuple, avec les ateliers des artisans, potiers, fondeurs, tisserands dont la production fit la réputation de cette civilisation.

Le Huaca del sol, fort dégradé par le temps et qui a perdu un tiers de son volume, emporté par les pluies, est le plus grand édifice préhispanique du Pérou, a l’allure d’une colline artificielle et ne se visite pas. Il aurait nécessité, pour sa construction, 140 millions de briques d’adobe, bon nombre d’entre elles portant la marque des artisans qui les fabriquèrent.

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Le Huaca de la luna , dont les fouilles sont terminées, est aujourd’hui bien protégé, et présente une structure étonnante : Imaginez un temple trapézoïdal sur le concept des poupées russes : au commencement était le 1° niveau, composé de pièces à vocation rituelles, aux murs intérieurs ornés d’un motif en losange répété à l’infini, avec au centre, la représentation de la divinité, une tête humanoïde aux dents de félins et à la toison de tentacules « poulpesques ».

Tous ces décors étaient effectués en terre façonnée et peinte.

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Le thème restera toujours  le même mais les représentations évolueront, avec parfois des prises de relief.

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Les murailles extérieures étaient, elles, ornées de frises représentant des animaux mythiques, des activités domestiques et/ou rituelles :  pêcheurs, danseurs, défilés de guerriers et de prisonniers enchainés destinés au sacrifice.

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La sélection de ces derniers était effectuée lors de duels, leur but n’étant pas la mort, puisqu’elle devait avoir lieu lors du sacrifice, mais la désignation du vaincu, le 1° à perdre sa coiffe lors du combat.

A l’issue du duel, le vaincu était « préparé » par les prêtres, notamment par l’absorption de plantes hallucinogènes, et conduit dans la chambre du sacrifice pour y être décapité, et son sang recueilli pour un usage rituel.

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A la fin d’un cycle, marqué par le décès d’un grand prêtre, la prise de pouvoir par un nouveau clan ou tout autre évènement nécessitant de marquer le passage à une nouvelle ère, l’ensemble du temple était comblé au moyen de briques d’adobe, les murs extérieurs et la toiture recouverts du même matériau, masquant toute décoration antérieure, et cette pyramide constituait le socle d’un nouveau temple bâti autour et sur le précédent.

Le Huaca de la luna comporte 5 niveaux, 5 temples emboités …

Et pour donner une idée, un cliché pas très réussi, mais qui permet de visualiser les dimensions de l’édifice.

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La visite du musée révèlera d’extraordinaires poteries zoomorphes et anthropomorphes, qu’il est malheureusement interdit de photographier : je me suis fait taper sur les doigts pour avoir tenté de le faire, en douce.

Mon esprit de sacrifice ayant ses limites, j’en suis resté là, et comme par ailleurs, les poteries érotiques caractéristiques des mochicas sont présentées dans d’autres musées, nos regrets seront limités.

Brève visite ensuite du centre de Trujillo, belle ville à la splendide « Plazza de armas » aux beaux immeubles coloniaux, avant de nous diriger vers Huanchaco.

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Nous avons choisi d’y bivouaquer à la Casa Amelia, sur le malecon. Cette station balnéaire, très animée, est un centre de surf réputé, où l’on peut encore voir quelques pêcheurs affronter les rouleaux sur leur « Caballo tortora », fragile embarcation en roseaux (les tortora) dont l’usage se perd mais dont subsistent de nombreux spécimens dressés le long de la plage.

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A l’hostal, cour minuscule qui ne peut recevoir que 3 ou 4 véhicules, nous rencontrerons un couple de jeunes américains qui descend de Colombie dans un petit fourgon, et avec qui nous pourrons échanger sur nos itinéraires respectifs

S 08° 04.485’    O 79° 07.133’   altitude 21m

Km 182 Total 3338

Dimanche 10 novembre  Jour 25  Huanchaco

Au mercado du dimanche, peu d’étals de poisson, on y achètera une espèce de bonite, puis des petits crabes. Nous y faisons la connaissance d’Elvira, dite Lali, institutrice en retraite qui consacre son temps à des activités sociales dans les quartiers pauvres de Huanchaco, où se regroupent des paysans déracinés et des réfugiés vénézuéliens. Elle nous invitera chez elle pour nous cuisiner du poisson à la péruvienne : épicé, avec du riz et des racines de yucca.

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Mais, avant le repas, un pisco sour, à l’ancienne, avec du vrai blanc d’œuf monté en neige.

Nous avions découvert ce tubercule, sans l’identifier, dans une cevicheria. Allongé, à la forme et l’aspect d’un concombre, une fois épluché, il a une texture et une saveur très proche de la pomme de terre, et accompagne tous les plats de viande ou de poisson, à l’instar de la patate douce.

L’après-midi, nous nous rapprocherons de Trujillo pour visiter Chan Chan avec Lali. Ce site fut le cœur de la civilisation Chimu, qui, de 850 après J.C jusqu’à sa défaite face aux incas, en 1471, succéda à la civilisation moche et domina toute la côte de Chancay à Guayaquil. Il est surtout notable par ses dimensions : c’est la plus grande ville pré inca d’Amérique du sud, comptant 10 000 habitations, et près de 60 000 âmes à son apogée, et la plus vaste cité en adobe de la planète.

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Fort dégradée, et pillée par les espagnols, rien ne reste de ses trésors. Elle a bénéficié de mesures de conservation permettant de protéger les vestiges des constructions, de reconstituer les volumes des salles de cérémonies et des temples, de reproduire les frises qui le décoraient, mais le résultat n’a rien de la richesse sculpturale et chromatique du Huaca de la Luna, bien que plus ancien de 7 siècles, mais qui fut protégé, ainsi que le Huaca del Sol, par sa conception même.

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Le musée y est plus que symbolique, on y retiendra que les Chimu, peuple vivant de la mer, maitrisaient aussi la métallurgie de l’or et du cuivre, et que, lorsque les incas conquirent cette région, ils transférèrent les artisans fondeurs à Cuzco pour bénéficier de leur savoir.

Bises à Lali et échanges d’adresses, puis on se quitte, ravis de cette journée ensemble. Comme les Chimu, on essaiera de vivre pendant cette étape des produits de la mer : on passe les crabes au court bouillon.  Agnès qui n’aime pas les dépiauter se contentera des pinces, je m’expliquerai avec le reste. C’est beau, l’amour !

Et puisque nous en sommes à l’alimentation, un petit rappel pour ceux qui n’ont pas bien suivi les épisodes précédents : le cuy est l’appellation péruvienne du cochon d’Inde, il est ici élevé pour sa chair. Spécialité de la vallée de Sicuani, il est aujourd’hui servi dans tous les restaurants péruviens, de la gargote au restaurant gastronomique.

Traditionnellement cuit au four, sa chair est moelleuse et très proche de celle du lapin. Personnellement, j’aime, mais je veux bien admettre que, dépouillé sur les étals, ou servi entier, grillé, ses petites pattes antérieures en prière lui donnent un léger aspect fœtal qui peut rebuter les âmes sensibles…

Lundi 11 novembre Jour 26   Huanchaco / Cajamarca

Adieu au couple américain qui descend vers le sud, bises à Amelia, puis on prend la petite route côtière qui nous évite la panaméricaine sur une trentaine de km. Entre mer et dunes, personne, avant de pénétrer une zone de culture de cannes à sucre. La zafra a commencé, les remorques chargées de cannes se multiplient et les sucreries s’activent.

On retrouve la panaméricaine, pour s’engager ensuite plein est sur la route N°8, en direction de la cordillère et Cajamarca. Ici, plus de cannes à sucre, mais des rizières. Lali nous ayant indiqué que les crustacés étaient la spécialité du village de Ciudad de Dios, nous y recherchons un restaurant ad hoc. Echec sur place, mais on nous aiguille sur des établissements un peu plus loin, sur la route.

Bonne pioche, celui où nous nous arrêtons est tenu par un couple sympathique. Le chef, en guise d’apéritif, nous vante le paysage depuis sa terrasse : dans une semaine, après le repiquage du riz, tout sera vert. On est passé un peu trop tôt, mais on se console avec ses propositions :  il nous montre son vivier, une simple citerne, ou frétillent ce qui ressemble à de jeunes poissons- chat.

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Prêts à toutes les expériences, nous prenons le risque : on se partagera des crevettes sautées et une espèce de bouillabaisse très relevée. Pas le goût de vase que je redoutais, mais pour manger ces poissons à la chair savoureuse quoiqu’un peu molle, une seule méthode : avec les doigts, comme pour les sardines grillées.

Pas de sieste aujourd’hui, la route est encore longue en remontant une étroite vallée jusqu’à Cajamarca : il faudra franchir l’Abra El Gavilon, à 3225m et subir les circulations alternées sur la dizaine de chantiers que nous rencontrerons. Manifestement, on refait tous les ponts du Pérou

Arrivée en fin de journée à l’hostal « Telem backpacker » Très bel établissement, où nous pouvons stationner en bord de rue.

S 07° 09.798’    O 78° 27.908   Altitude 2680m

Km 317   Total 3655

Mardi 12 novembre Jour 27   Cajamarca / Balsas

Miguel et sa femme gèrent cet hostal proche des « Banos des los incas », qui dispose lui-même d’une piscine d’au chaude. Nous en profiterons avant de descendre en ville en taxi.

Celle-ci fut conquise par les incas en 1460, et ils en firent une étape importante sur la route de Cuzco à Quito. C’est à Cajamarca, où Atahulapa s’était installé avec son armée de 60 000 hommes pour y prendre les eaux, que Francisco Pizzaro et ses 168 ruffians, en 1532, tendirent le piège qui leur permit, grâce à leurs canons, leurs chevaux et leurs armures, de massacrer l’escorte de 6000 hommes de l’empereur inca, de le capturer, et de s’emparer du pays (pour plus de détails, cf. l’édition « Incas 1 »)

C’est à Cajamarca que Atahulpa remit la fabuleuse rançon qui devait permettre de le libérer, et c’est là qu’il fut exécuté, en 1533.

La vaste place d’armes est entourée d’immeubles coloniaux sans grand caractère, de l’église San Francisco et de la cathédrale. Celle-ci est fermée mais l’église mitoyenne ne l’est pas et nous permet d’admirer une belle architecture romane.

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Les rues adjacentes de la place ont conservé leur cachet, et de nombreuses églises, dont certaines, comme l’église de Bélen construite entre 1627 et 1774 en même temps que l’hôpital, possèdent un fronton magnifique, et valent le détour.

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Dès que l’on s’éloigne du cœur historique, les immeubles, à l’exception de quelques un récents et de standing, retrouvent les caractéristiques communes à l’Amérique du sud : de briques, non crépis et sans alignement, au dernier étage inachevé, sans doute pour des raisons fiscales,

Nous quittons la ville en fin de matin. La route jusqu’à Celendin est belle et traverse une montagne étonnement verte et soigneusement cultivée. Ici, les chapeaux se portent hauts, et à large bords. Et la pluie s’installe, comme tous les après midi.

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Le Lonely Planet nous annonçait une route difficile, étroite et raide. C’est bien le cas, dès la sortie de Celendin. Mais à peine avons-nous franchi les deux premiers lacets que la route est coupée pour travaux. La déviation de fait par un mauvais chemin de terre, barré de deux belles frondrières. Sans 4X4, des chances de rester plantés.

On passe, dans l’élan et en légère glissade.

On se retrouve à l’embranchement entre deux pistes. Nos GPS sont paumés. Nous sommes tentés par la plus large, l’autre, bien que nous semblant aller dans la bonne direction est étroite et un peu boueuse. On s’en remet aux locaux : il faut prendre la moins engageante. A Dieu vat !

Elle s’améliore cependant, bien que les croisements soient scabreux, et l’application OSM sur la tablette d’Agnès retrouve le tracé et confirme les affirmations des habitants. Le Garmin, lui, restera aveugle jusqu’au bout.

Nous rejoindrons ensuite une piste très accidentée qui, sur 25 km, nous permettra de contourner la montagne, dans un paysage époustouflant.

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Nous retrouvons le goudron. La route est toujours étroite, pentue, semée d’épingles et l’on s’y croise au prix de manœuvres, mais on est contents, c’est du goudron, donc, en principe, pas de trous, et ça ne glisse pas, ou peu. Sur ces itinéraires, notre moyenne ne dépasse pas les 35 km/h.

On perd près de 2600m d’altitude et la température augmente jusqu’à 26°. Nous avions pensé aller beaucoup plus loin, mais la route ne le permet pas. On décide donc la halte au micro- village de Balsas, en fond de vallée. Consultée, la police nous recommandera un point de bivouac qui ne nous plait pas, on retournera donc s’installer au cœur du village, en bord de rue, dans les odeurs de grillades.

S 6° 50’ 40.62’’      O 78° 1’ 45.90’’    Altitude 820m Température 23° à 17h

Km 157   Total 3812

Mercredi 13 novembre Jour 28   Balsas / Tingo Viejo

Mauvaise nuit, la chaleur, l’anticipation de la route à venir l’ont rendu courte. Départ dès 6h30, il fait déjà 21°.

La route sera identique à la veille, étroite, vertigineuse, et nous fera franchir les cols de l’Abra Chanchillo à 2500m (une broutille !) et de l’Abra Calla Calla, à 3600m, avant d’attaquer une longue descente, dans les mêmes conditions perilleuses. Heureusement, la région est peu peuplée et nous ne croiserons que trois véhicules sur les 85 kms qu’il nous faudra près de 3 heures pour franchir.

La pente s’adoucit, la route s’élargit, un peu, et nous arrivons dans la vallée du rio Utcubamba, au village de Leymebamba, où nous faisons halte pour visiter le musée dédié à la civilisation Chachapoyas.

Ce très joli musée, de construction récente, a été implanté ici pour abriter les 219 momies qui ont été découvertes par des ouvriers agricoles en 1996 dans des falaises surplombant le Lago de los Condores, à 8 heures de marche dans la montagne.

La civilisation chachapoya, ou « peuple des nuages », qui se développa dans cette haute vallée tropicale de l’Utcubamba de l’an 500 de notre ère à 1493 environ, a laissé de nombreux vestiges qui ne furent découverts que tardivement du fait de leur inaccessibilité.

Deux types d’habitats la caractérisent : des habitations troglodytes, à flanc de falaise dont la position constituait une défense naturelle et que les maquettes du musée permettent de visualiser, et des forteresses en nid d’aigle, la plus remarquable étant celle de Kuelap.

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Les momies étaient conservées dans des sarcophages verticaux, aux lignes étonnement modernes, dont le musée présente des reproductions, ainsi que la collection de momies.

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Chamans et bâtisseurs, les chachapoyas évoluèrent indépendamment des civilisations voisines, du fait de leur isolement. Féroces guerriers, on retrouva sur ces sites nombres de crânes marqués de trépanations ou de scalps.

L’expansion de l’empire inca au XV° siècle se heurta à leur résistance acharnée, de courte durée du fait de l’arrivée des conquistadores, et les chachapoyas n’apprirent jamais la langue Quechua.  Cette période fut émaillée de nombreuses révoltes jusqu’à la conquète espagnole, à laquelle les chachapoyas s’empressèrent de contribuer en leur prêtant main forte contre les incas lors de l’affaire de Cajamarca, et l’influence inca sur la région resta marginale.

On présente néanmoins au musée des quipus, pièces exceptionnelles que nous n’avions pas remarquées à Cuzco.

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Ces assemblages de cordelettes constituaient le support de transmission d’informations qu’utilisaient les incas, qui ne disposaient pas, on l’a vu, de l’écriture : ils servaient à la fois de calendriers, de registres généalogiques, de bases de données statistiques et comptables. La nature et la couleur des fibres utilisées, le type de torsion, le type de nœud et leur position, le nombre et la position des cordelettes secondaires répondaient à une codification précise, maitrisée uniquement par des spécialistes capables de les interpréter, et de les réaliser.

Plus bas dans la vallée, nous avons décidé de nous arrêter pour déjeuner au restaurant hostal « El Tingo », à Tingo Viejo, pour plusieurs raisons. Parce que c’est une bonne base de départ pour visiter le site de Kuelap, parce que la faim nous pousse, mais surtout parce que nous voulions rencontrer les propriétaires : Eulalie et Thomas y avaient séjourné il y a 4 ans et étaient partis randonner à pied vers Kuelap, cinq heures de marche, suivis (guidés ?) par Rex, le chien de l’hôtel. Au retour, impossible de ramener le chien en « collectivo », refus du chauffeur. D’où les remords de ces jeunes gens, rongés de culpabilité à l’idée que le chien n’avait pas retrouvé son chemin.

Les propriétaires, à la vue des photos de Rex, avec Eulalie et Thomas, que nous leur montrons sont tout émus. Le chien était bien revenu ce jour là, mais, victime de cette habitude d’accompagner les voyageurs, il avait plus tard suivi un combi et, volé ? accidenté ? n’était jamais revenu, au grand regret de la famille, dont on perçoit encore la vraie émotion.

Nous déjeunerons sur place, puis une petite sieste. A 14h30, on apprend qu’il est trop tard pour attraper la télécabine qui, depuis peu, permet d’accéder à Kuelap en évitant 40 km de piste. On remet à demain, une après midi de repos ne nous fera pas de mal.

S 06° 22’44.9’’    0 77° 54’ 20.6’’ Altitude 1800m

Km 136  Total 3948

Jeudi 14 novembre Jour 29 Tingo Viejo / La Choza

MotoTaxi pour aller de Tingo viejo à Tingo Nuevo, où se trouve la billetterie. L’engin peine dans la montée, le pilote joue sur les vitesses, puis s’arrête, pour embarquer une mémé. Elle n’est pas grosse, heureusement, et on se serre sur la banquette.

Redémarrage poussif, on tressaute d’un côté à l’autre de la piste quand la moto prend un peu de vitesse. Soudain, des glapissements s’élèvent de l’arrière de la machine, et on réalise, avec le pilote et la mémé, qu’un chien s’est invité pour la ballade en sautant sur la plate- forme arrière. Maintenant il veut descendre mais, effrayé par la vitesse (façon de parler) et les cahots, il n’ose pas sauter, et braille. Cela durera un bon km, et on aura droit à toutes les vocalises qu’un chien peut émettre, jusqu’à ce que le chauffeur, fatigué du concert, ralentisse, lui permettant de sauter et de filer la queue basse, sous les quolibets de la mémé.

Belle billetterie, un vrai hall de gare, où l’on patiente jusqu’au départ de la prochaine navette qui nous conduit en  10 mn par une très belle route 200 m plus haut, jusqu’à la gare de départ des télécabines, réalisation de l’entreprise française Poma. Cette installation, voulue par les autorités pour développer le tourisme dans la région « Amazonias », permet de franchir une vallée encaissée et d’atteindre, en 20 mn, l’entrée de la forteresse de Kualap, 700m plus haut.

Une vingtaine de minutes de montée, et on est au pied des formidables murailles, plus de 20m de hauteur, de Kuelap. Il s’agit en fait d’un village fortifié, long de 700m et qui abritait, sur 3 niveaux, 3500 habitants dans près de 400 constructions circulaires.

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Toutes de même plan, d’un diamètre de 6 à 10 m, elles étaient constituées d’une plate- forme périphérique, de murs maçonnés et coiffées de hauts toits de chaumes. Ornées extérieurement de motifs en losange au niveau du soubassement, elles comportaient une entrée étroite sans autre ouverture, un puisard permettant de drainer les eaux pluviales percolant à travers le toit de chaume et une zone réservée à l’élevage des cuys.

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Seuls deux édifices avaient un usage cérémoniel : une tour, à l’extrémité de la forteresse, qui aurait servi de tour de guet et à des rites visant à appeler la pluie (on se demande pourquoi, avec ce qui tombe..), et une construction exceptionnelle, surnommée, par sa forme, « el tintero » (l’encrier) : il s’agit d’une salle souterraine, en forme de quille de bowling, dans laquelle furent retrouvés des squelettes d’animaux portant des marques de sacrifice, exécutés sur la plate -forme avant d’y être précipités.

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La maquette permet d’en comprendre la structure.

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Déjeuner à l’auberge, ( avec le pire steak que j’ai jamais mangé : viande fibreuse, dilacérée par l’attendrisseur, qui semble avoir été conservée séchée, puis servie frite, imbibée d’huile, une recette que l’on ne retiendra pas) avant de prendre la route de la petite ville de Chachapoyas, où on s’autorisera une séance café/internet sur sa jolie, quoique très simple, place d’armes : Chachapoyas, étape importante sur la route de l’Amazonie, aurait été la 3° ville fondée par les espagnols après Lima et Piura

Très longue descente ensuite dans les gorges magnifiques du rio Utcubanca, aux eaux boueuses semées de rapides.

Bivouac en bord de route, face au resto La Choza

S 05° 54’ 24.8’’    O 078° 07’ 41.2’’  Altitude 720m   Température 25° à 17h30

Km 117 Total 4065

Vendredi 15 novembre Jour 30  La Choza / Chulucanas

Journée consacrée à rouler, nous voulons nous rapprocher rapidement de la côte pour profiter des derniers jours en bord de mer, et terminer notre périple péruvien avant le 19 afin d’éviter de devoir renouveler notre assurance auto, valable un mois. On poursuit donc notre descente des gorges du rio Utcubanca, toujours aussi impétueux.

Puis la vallée s’élargit, et les rizières s’étagent au pied des collines. C’est la saison du repiquage, et on s’active dans les parcelles d’un vert tendre pour lier les bottes des pousses qui seront transplantées.

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Au niveau de Jaen, confluent entre le rio Utcubanca , que l’on abandonne après 200km, et le rio Chamaya. Tous deux se jettent dans le rio Maranon, s’écoulant nord-est, vers l’Amazonie. Nous piquerons, nous, vers l’ouest, en remontant la vallée du rio Chamaya, en direction de Piura.

Notre dernier col péruvien sera l’Abra de Porculla, à 2137m. Raide, mais montée assez rapide, comparativement à ce que nous avions vécu depuis Cajamarca.

On quitte la direction de Piura pour un petit détour vers Chulucanas, village réputé pour la qualité de ses artisans. La bonne surprise est que la piste d’accès, que notre guide nous annonçait médiocre, est maintenant goudronnée. Les choses évoluent vite au Pérou, qui investit de façon impressionnante dans son réseau routier, et les entretient avec constance, malgré des routes fréquemment soumises à des éboulements, voire des portions, en bordure de rios, emportées par la violence du courant. Un seul bémol, la voirie dans les villes, un cauchemar.

Bivouac à la station Primax à l’entrée du village, on en profite pour refaire le plein de GPL (et de bière fraiche, il fait 33° à 17h !)

S 05° 07’ 16.7’’    O 80° 10’ 23.7’’

Km 409 Total 4474

Samedi 16 novembre Jour 31  Chulucanas / Lobitos

La mauvaise surprise est qu’il n’y a pas de céramistes dans le village, contrairement aux indications de notre guide. Nous rebroussons chemin et bifurquons en direction de Ancatada, petit village à quelques kms où se trouvent les ateliers des céramistes. La route est jolie, et serpente entre les bananeraies. Sur chaque arbre, un régime, emballé. Pour le protéger des parasites ? La question est ouverte.

Visite de deux céramistes à Ancatada. Comme toujours, le Lonely planet s’est montré exagérément enthousiaste : ce n’est pas Vallauris… On repart bien vite, jusqu’à Catacaos où se tient toutes les fins de semaine, un marché d’artisans. Beaucoup plus sympa, on y fait quelques emplettes.

Puis direction Piura, la capitale de la région, le paysage de garrigue poussiéreuse devient de plus en plus poussiéreux et de moins en moins garrigueux , les habitations, plutôt baraques que maisons, s’égrènent le long de la route dans ce morne décor. On se demande de quoi vivent les habitants, aucune culture n’est visible. Un micro- élevage peut être ?

Une fois au cœur de la grande ville, contraste brutal : un gigantesque centre commercial aux galeries marchandes abritant les habituels H&M, Zara, Bata et consorts comprend également un supermarché extrêmement bien achalandé. On y recharge notre cambuse, bien vide, on s’y starbuckise pour bénéficier de la wifi et whats’apper avec la famille, et on se dit que deux mondes se côtoient sans se voir.

Retour sur la panaméricaine, qui traverse maintenant de magnifiques rizières, puis déviation pour rejoindre la côte. La ville de Talara, où les carcasses de bateaux de pêche jalonnent les rues , est bien vite oubliée, c’est devenu un port pétrolier. La route côtière qui remonte vers le nord est dans un état épouvantable jusqu’à ce que l’on ait quitté la ville, puis se transforme en bonne piste traversant les champs pétroliers et les dépôts de matériel d’extraction, dans un paysage lunaire, et enfin en bonne route aux abords de Lobitos.

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Bivouac au lodge « las Cabanas de Neto », à 50 m de la plage, avec vue sur les plate-forme pétrolières, au large.

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La nuit, leurs feux pointilleront l’obscurité.

S 04° 27’ 12.7’’     O 81° 16’ 43.9’’

Km 238 Total 4712

Dimanche 17 Jour 33 Lobitos/ Zorritos

Matinée pépère dans ce lodge pour routards où on notera la prescription suivante (je traduis) : « interdiction de fumer des pétards de marihuana à moins de 100m des locaux »

Le hameau, qui comportait une pêcherie, est quasi abandonné, des épaves de bateaux pourrissent sur la plage et nombres de bâtiments sont en ruines. Dans ceux qui résistent au temps se sont installée 2 ou 3 écoles de surf, désertes en cette saison. Est-ce l’activité pétrolière qui a condamné la pêche artisanale où y a-t-il d’autres raisons ?

Les quelques pêcheurs qui y croient encore devraient être rentrés en fin de matinée. On n’en verra aucun, au bout du ponton, les pelicans squatteñt les barques et c’est râpé pour acheter du poisson frais. Repos dominical ?

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On quitte donc Lobitos par la piste d’une dizaine de kms qui doit nous ramener, à travers des champs pétroliers, vers la panaméricaine. Le paysage est aride, ingrat, sillonné des pipelines et des gazoducs qui gavent les cuves de stockage.

Trajet beaucoup plus cool ensuite sur une route un peu déformée, mais qui serpente dans les collines à la végétation typique de « forêt sèche », et vient de temps en temps se rafraichir dans des anses baignées des rouleaux du Pacifique, où se sont développées de petites stations balnéaires ou, plus intéressant, des pêcheries artisanales.

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Peu de pêcheurs sur les pontons en ce dimanche, mais les rares présents, en étêtant et en étripant leurs prises, attirent pélicans, mouettes et autres spécialistes du vol planant, particulièrement spectaculaire vu le vent violent (on y perdra chacun notre chapeau, cadeau aux tortues qui viennent participer au festin).

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On poursuivra notre ballade côtière jusqu’à Zorritos, pour bivouaquer dans ce qui apparait, avec ses ombrages, sa piscine, son décor en bois flotté et ses hamacs en bord de plage, comme une vraie oasis, le « Grillo 3 puntas »

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S 03° 41’ 47.0’’    W 80° 42’ 19.3’’

Km 151 Total 4863

Lundi 18  Jour 34 Zorritos / Puerto Pizzaro

Matinée tranquille, l’étape est courte. Toujours le long de la côte, nous traversons rapidement Tumbes et arrivons à Puerto Pizzaro, dernier bourg avant la frontière. Pas de problème pour se garer, la route qui mène au centre du village est en cul de sac, avec un parking au bout. On s’y installe, on y sera très bien pour notre dernière nuit au Pérou.

Pas le temps de se balader dans le village, la marée est descendante et il sera bientôt impossible de faire la promenade vers la mangrove en bateau. Un rabatteur nous amène à son compère et on embarque. En route, on se rendra compte que le bateau doit être le plus vieux de la flotte, mais le type est sympa, bavard (un de plus qui croit que je parle espagnol !), on oublie le reste.

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Balade dans la mangrove, c’est vite dit, on passe en revue les bateaux de pêche, on fait un tour dans la baie pour contourner les bancs de sable et on remonte un court estuaire bordé, effectivement, de mangroves, jusqu’à un élevage, tristounet de crocodiles.

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Mais le moment aura été agréable et se terminera par un excellent Ceviche / riz aux fruits de mer, sur la place du village. Que demander de plus ?

Demain, nous passons en Equateur

Km 48 Total 4911

S 03° 30’ 03.0’’      O 80° 23’ 23.7’’

Mardi 19 novembre Jour 35   Puerto Pizzaro / Guayaquil

Un petit tour, tôt, sur le débarcadère où les pêcheurs débarquent leurs prises. Une partie part directement vers le bâtiment voisin pour regroupement et expédition, l’autre est vendue « au cul des barques » à des ménagères ou des restaurateurs qui négocient âprement les belles pièces, le reste est débité en filets pour vente immédiate. 3,5€ le kg de filets de rougets, c’est tentant. Nous en prenons une livre, pour un essai de ceviche maison : il vaut mieux tester sur place, si on veut éviter de mauvaises surprises à nos futurs convives…

Les déchets de découpe, têtes, arrêtes et peaux s’empilent sous les étals, sont chargés ensuite dans des taxis benne, pour expédition vers les bassins d’élevage de crevettes, qui jalonnent la route sur des kilomètres: après les bananes, dont l’Equateur est le premier producteur mondial, les crevettes constituent le deuxième poste du commerce extérieur du pays.

Retour vers Tumbes, nous venons de réaliser que la monnaie équatorienne est le dollar américain (belle préparation de voyage..) et que les locaux n’acceptent pas les gros billets. Les distributeurs de Scottia Bank délivrant des sols ou des dollars, autant se prémunir. On en profitera pour entrer en Equateur avec le plein de gazole.

Notre guide nous prédisait un frontière chaotique, envahie de changeurs clandestins et autres personnages douteux. Il n’en fut rien : deux complexes immigration / douane combinés distants de 5km, avec dans chacun des fonctionnaires des deux pays côte à côte, échangeant en franche coopération, le premier consacré aux entrants au Pérou, le second aux entrants en équateur. Pas d’attente pour les voyageurs, même pas une visite du véhicule. Par contre, au premier complexe, un grand nombre de réfugiés vénézuéliens, essentiellement des jeunes dont de nombreuses mères avec des enfants, qui ne peuvent pénétrer au Pérou, attendent dans le calme, avec l’espoir, on l’imagine, d’un permis de séjour.

Plusieurs ONG ou institutions internationales les assistent dans de grandes tentes. Agnès, qui souhaite faire un don, aura beaucoup de mal à convaincre les jeunes bénévoles de l’accepter ; le règlement l’interdit. Finalement l’une d’entre elle cèdera, avec reconnaissance, les besoins sont si grands!

265 km jusqu’à Guayaquil. Je ne pensais pas que nous pourrions  y parvenir dans la journée, mais, à part deux ou trois difficiles traversées de villages, qui semblent encore moins coquets, c’est peu dire, qu’au Pérou, la route est bonne, souvent à quatre voies, et traverse d’immenses bananeraies, puis des rizières qui s’étendent jusqu’au pied des collines, à l’est.

L’arrivée sur Guayaquil sera elle aussi étonnement aisée, par une autoroute offrant une vue magnifique sur le delta du rio Guayas qu’elle franchit par deux ponts successifs pour irriguer le cœur de ville, aux belles avenues. La circulation, dans cette ville de 2,5 millions d’habitants est dense, mais rien de comparable à ce qu’on a connu à La Paz ou à Lima.

Nous gagnons facilement l’hôtel Livingstone où nous pouvons nous installer dans la petite arrière- cour.

Petite précision sur la façon dont nous sélectionnons nos bivouacs : Agnès recherche, généralement sur l’application Ioverlander, exceptionnellement sur « le lien amsud » les endroits potentiels, que nous choisissons sur la base des commentaires de précédents voyageurs. A partir des coordonnées, le Garmin et OSM font le reste. Problème : quand les deux applis de navigation divergent. Le Garmin ayant tendance à privilégier les raccourcis scabreux, dans ces cas-là, on s’en méfie et on fait confiance à OSM.

Si nous n’avons pas d’autres solutions, les points recommandés étant trop éloignés pour être atteints avant la tombée du jour, car nous ne roulons jamais la nuit, une station-service, ou la Plazza de Armas d’un village, toujours bien éclairées, font l’affaire.

S 02° 09’ 29.2’’  O 79° 53’ 34.9’’ Niveau de la mer    30° à 17h

Km 287 Total 5198

 

Mercredi 20 et jeudi 21 novembre Jours 36 & 37 Guayaquil

On a décidé de s’offrir notre petit Noël à l’avance : un séjour aux iles Galapagos. Le réceptionniste de l’hôtel nous ayant recommandé deux agences susceptibles de nous proposer la formule ad hoc, nous y passerons la matinée, pour finalement retenir une option « 5 jours – 4 nuits », qui nous permettra de décoller dès vendredi matin pour les îles.

Le retour en taxi nous permettra de confirmer qu’ici, effectivement, on n’aime pas les gros billets. Et « gros » peut parfois commencer à 5 dollars. Mieux vaut de munir de monnaie.

Sur le Malecon, la promenade est agréable, l’ensemble a été récemment rénové mais ne semble pas un grand succès commercial car de nombreux locaux sont vides. Cependant il offre une belle vue sur le rio, ses rives et, au fond, sur les favellas du Cerro Santa Rosa.

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La traversée du mercado, ensuite sera étonnante : des dizaines (on aurait envie d’écrire : des centaines, tellement ils sont nombreux, étals à touche-touche), des dizaines donc, de marchands de mobiles, Samsung et Huawei règnent en maitre. Comment sélectionner un vendeur ?

Avant de rentrer, un petit tour au « Palacio Crystal », ancien marché couvert construit par une entreprise bruxelloise sur les plans de Gustave Eiffel , et achat d’un chapeau pour remplacer celui abandonné aux tortues marines.

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Visite ensuite du joli musée municipal, retraçant l’histoire préhispanique et de ses nombreuses ethnies, puis celle de la conquête par les conquistadores. Ici aussi, les peuples soumis aux incas, bien naïfs, donnèrent un coup de main aux espagnols pour se libérer du joug. Mais, avec le recul, facile de juger…

On ne résiste cependant pas à la tentation de faire partager le plaisir de la découverte des plus belles pièces.

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On y apprendra que Guayaquil, site idéal à l’embouchure de cet estuaire, (delta ? le rio s’y divisant en deux branches), fut fondé en 1538 par le capitaine Francisco de Orellana, natif de Trujillo, en Espagne et compagnon de Pizzaro.

C’est lui qui, en 1541, à la tête de la 1° expédition en Amazonie, découvrit l’Amazone. Servit-il de modèle à Werner Herzog pour son personnage halluciné de Aguirre, dans « La colère de Dieu ? ». Quoiqu’il en soit, ces types étaient décidément hors du commun : après avoir traversé l’Atlantique sur des coquilles de noix, franchi l’isthme de Panama, soumis les ethnies côtières, exterminé les incas, fondé des villes, gravi les cordillères andines, ils avaient encore l’énergie de se lancer dans l’exploration de l’Amazonie. Quand on connait le terrain, et les conditions climatiques, ça laisse rêveur. Des crapules, certes, à l’aune de nos critères moraux d’aujourd‘hui, et poussées par la soif de l’or, mais des crapules déterminées…

Guyaquil devint rapidement, grâce à sa position entre Lima et Quito, et à ses chantiers navals, le 1° port du pacifique sud, suscitant la convoitise des corsaires français, anglais et hollandais, qui l’attaquèrent à de nombreuses reprises. L’assaut le plus marquant fut celui des corsaires français Grognard et Picard en 1687. Leurs équipages pillèrent la ville, enlevèrent les pensionnaires d’un collège, réservé à l’époque à la progéniture des hidalgos, et les emmenèrent sur l’île de Puna où ils s’entretuèrent pour leur possession, dans tous les sens du terme.

Relâchées et, ayant vu le loup, suivant la délicate expression de nos grand mères, certaines donnèrent naissance à des enfants que, cruels, les habitants dénommèrent « piratillos »..

 

En fin de journée, nous récupérerons notre linge à la lavanderia, puis on se mitonnera un petit rizotto aux fruits de mer, arrosé d’un chardonnay d’Icca, bien sec…

Retour le lendemain à l’agence pour récupérer les billets d’avion, puis promenade jusqu’au barrio de Las Pena, dont les maisons colorées escaladent la colline. Dans ses rues basses, les maisons de bois, toutes classées, abritent ateliers d’artistes et galeries. Plus haut, le quartier a gardé son caractère populaire.

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Du haut de la colline, belle vue sur la ville, et sur l’estuaire, d’où surgissent les pylônes des télécabines qui bientôt permettront de traverser le rio et une partie de la ville, autre beau projet de Poma. Cette entreprise a manifestement bien géré la fin de la grande époque de l’« or blanc ». Les stations alpines étant maintenant toutes équipées, elle a su se diversifier vers les installations urbaines et les marchés à l’export, soutenue par l’Agence Française de Développement, comme l’indiquent les panneaux d’info sur le chantier.

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Finalement, et contrairement aux affirmations du guide « Lonely Planet », Guayaquil est une belle ville, aérée et où il est agréable de flâner.

Vendredi 22 novembre Jour 38 . Iles Galapagos 

Le vol de 7h est annulé, départ reporté, à 11h55 et ce sera finalement 12h30. Pas d’embarquement possible sans régler la taxe d’accès aux îles, 20$ chacun, et un contrôle, fort théorique des bagages, la préposée au détecteur à rayons X étant occupée sur son smartphone. Vol sans problème sur Avianca, compagnie colombienne et arrivée à l’aéroport de Baltras, sur l’île du même nom. Contrôle d’immigration, on n’a pourtant pas changé de pays, paiement du droit d’entrée dans le Parc National des Galapagos, 100$ par personne, puis d’un ticket de bus, 5$ par personne. La machine à cash fonctionne bien.

Accueillis par un chauffeur de taxi, nous prenons avec lui un bus qui nous mène, en une dizaine de minutes, sur cette île inhabitée et à la végétation étique, jusqu’à un embarcadère, pour traverser l’étroit bras de mer, le canal d’Itabaca, nous séparant de l’ile de Santa- Cruz.

Le taxi, un pick- up, comme quasiment tous les véhicules des Galapagos, mettra ensuite une quarantaine de minutes, par une route tracée directement nord – sud, franchissant l’élévation centrale de l’île, sans aucun virage, à travers un versant nord à la forêt sèche, puis un versant sud à la végétation tropicale, pour atteindre Purto Aroya, la capitale de Santa-Cruz, deuxième île de l’archipel par ses dimensions, mais la plus animée.

Le chauffeur nous dépose à l’hôtel Palmeras, bel établissement un peu vieillot, avec pour instruction d’embarquer dans le bus qui passera nous prendre à 15h30. Juste le temps de déjeuner dans la salle du restaurant de l’hôtel, où nous semblons être les seuls clients. Steak et riz aux lentilles, Agnès adore.. (A propos, si vous n’aimez pas le riz, mieux vaut ne pas venir en Amérique du sud)

L’excursion de l’après-midi sur les hauteurs sera à dominante géologique, pour donner un aperçu de l’origine volcanique de l’archipel : 22 îles et une centaine d’îlots, sur une surface totale de 8000km², avec Isabela, la plus grande, composée de 6 volcans. Cette origine, outre la nature basaltique des sols, a laissé d’autres traces : « los gemellos », les jumeaux, deux dépressions d’une centaine de m de profondeur, de forme circulaire pour l’une, ellipsoïde pour l’autre, résultant de l’effondrement de la croute durcie de la lave qui s’était formée au-dessus de zones lacunaires lors des éruptions successives.

Plus spectaculaire, ce tunnel de 400m de long, de 5 à 6m de diamètre, avec des passages dans ses salles de près de 30m de haut, et une zone, très courte, où il faudra ramper. Ces tunnels, dont certains longs de plusieurs km, étaient les chenaux d’écoulement de la lave au sein du magma plus visqueux qui se solidifia en l’état, à la fin de l’éruption.

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L’excursion se terminera dans une ferme où se rassemblent des tortues terrestres, belles bêtes de plus d’un mètre de diamètre et pouvant atteindre, au bout d’une centaine d’années, 200kg pour les mâles.

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Herbivores, on les verra brouter gentiment. Elles ont besoin de trous d’eau où se prélasser en compagnie, seules leurs narines émergeant de l’eau boueuse. Essentiel pour leur régulation thermique et l’élimination des parasites : allez vous gratter le ventre avec une carapace !

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Ici, la tortue règne en maitre, même dans les corsos fleuris.

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De retour à l’hôtel, diner seuls, face à notre riz aux lentilles, ça n’est vraiment pas la haute saison….

Mais c’est vendredi soir, on ne va pas se laisser abattre: c’est la fête dans les rues de ce quartier très animé, et les spectacles enfantins attirent la foule, même si pour certains des jeunes acteurs ; ça a plutôt l’air d’une corvée.

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Les tours operators sont rodés, un agent passe le soir à hôtel nous confirmer le programme du lendemain : ce sera Sante-Fe, petite île à une heure de navigation au sud-est de Puerto Aroya.

 

Samedi 23 à mardi 26 novembre   Jour 39 à 42   Iles Galapagos

Pour embarquer dans le bateau qui nous mènera à Sante-Fe, ancré à moins de 50m, il faut prendre un bateau taxi, payant naturellement.

Peu cher, ½ $ par personne, mais on y voit, là encore, que toute l’économie de l’archipel repose sur le tourisme, qui assure plus de 90% des revenus en faisant vivre commerces, restaurants et hôtels, croisiéristes, chauffeurs de taxi, équipages de vedettes ou de bateaux taxis, sociétés de transport et guides. Au-delà du fait que seulement 3% de la surface est affectée aux activités « humaines », agriculture comprise, réservant de fait 97% aux espaces classés en réserves naturelles, le filon touristique est exploité au maximum. Et nous sommes en basse saison ! Fort heureusement, ici, on a su éviter la dérive « disneyland » que l’on a pu rencontrer ailleurs (les chutes du Niagara, et leur affligeant environnement !)

Il n’est ainsi pas possible de visiter une réserve, sans être accompagné par un guide local, les guides des agences de voyage n’étant pas accrédités. Peu de risques d’être en manque toutefois, 800 personnes exercent ici cette profession, sur une population totale de 40 000 résidents sur les quatre iles habitées, population ayant doublé en quinze ans.

Sur le bateau, notre guide, donc, nous attend. Jeune, sympa, sportif, il a tous les atouts pour encadrer les participants à la journée, que nous découvrons : un couple de japonais, un hong-kongais, un allemand, un américain et deux équatoriennes. Et comme équipage, le skipper, sur son siège perché, et un matelot cuisinier.

Nous passons en revue les bateaux de croisières dans la rade. Il y en a près d’une centaine, enregistrés aux Galapagos, du simple voilier à l’hôtel de luxe, puis la vedette se lance dans la traversée vers Santa-Fe.

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Le cuistot lance des lignes, mais les prises se décrochent des hameçons et la seule bonite capturée, trop petite, sera rejetée à la mer. Heureusement, des pièces pêchées la veille nous attendent dans la glacière, elles seront bien vite préparées.

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Au bout d’une demi-heure, le japonais manifeste des signes de malaise, il souffre et semble avoir des difficultés à respirer. Sa compagne ne semble pas très inquiète, ce qui n’est pas le cas de la plus âgée des équatoriennes, infirmière. Le guide décide de rentrer pour l’emmener à l’hôpital. Demi-tour donc, de toute la puissance des 400 CV, et là ça secoue un peu.

Au port, une petite demi-heure d’attente et notre guide revient accompagné, à notre grande surprise, de la japonaise : cela ne devait pas être aussi grave, ou bien elle est particulièrement détachée..

Et c’est reparti, à grande vitesse pour rattraper le temps perdu, vers Santa Fe, où notre première halte sera une plage de rêve, en bordure de mangrove.

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Nous y ferons connaissance de notre premier iguane marin, se chauffant au soleil entouré de crabes rouges.

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Plutôt pataud lorsqu’il se déplace sur les blocs de lave pour brouter des algues, il est capable d’une pointe de vitesse si nécessaire, tricotant alors de ses pattes torses pour s’éloigner de l’importun. Dans l’eau, il devient un nageur exceptionnel, capable de rester immergé jusqu’à 20mn et d’atteindre une dizaine de mètres de profondeur.

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Le déjeuner est confirmé : poisson grillé au barbecue.

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Le temps reste correct : nous sommes à la fin de la saison sèche, la «garua »,  le courant de Humboldt remontant de l’antarctique rafraichit les côtes et maintient la température ambiante autour de 25°. A partir de fin novembre les courants s’inverseront et le courant chaud de Panama viendra accélérer l’évaporation des eaux de mer qui se condenseront sur les reliefs en pluies quotidiennes, dans une atmosphère à plus de 30°. Cette saison des pluies,  verra les « Palos santos », arbres constitutifs de la forêt sèche, enfin verdir, et l’ensemble de la végétation exploser durera jusqu’en avril.

Nous réembarquons pour une côte rocheuse. Distribution de l’équipement de « snorkling » (je hais les anglicismes..), et c’est parti pour une longue séance d’observation de la faune sous- marine, avec masques, tuba et palmes.

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L’eau est fraiche, mais les combinaisons nous protègent, et l’endroit est bien choisi : des bancs de poissons de toutes couleurs, quelques solitaires, et l’éclair brun d’un lion de mer qui file sous nos palmes. Malheureusement mes boitiers d’appareils photos ne sont pas prévus pour cela, et notre première expérience de gopro s’étant révélée infructueuse, il faudra se contenter de ce que l’on voit de la surface, lorsque le cuistot rejette des déchets de poisson

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Retour vers Puerto Aroya, avec quelques coups de soleil, et ça roupille sec à bord…

Au port de pêche, les lions de mer se prélassent, attendant que les pêcheurs aient terminé de trier leur pêche, qui fut bonne.

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Le lendemain, excursion pédestre le matin avec un guide, vers Tortuga bay. Cette très belle plage de sable, où la baignade est interdite en raison des courants était, jusqu’à l’apparition du phénomène « El nino », il y a une trentaine d’année, la zone de prédilection des tortues marines, descendant du Costa Rica, pour leur ponte annuelle.

Le refroidissement des eaux dû à « El  nino » entrainant la mort des coraux, qui étaient à l’origine de la production du sable coquiller, combiné à l’augmentation du niveau de l’océan dû au réchauffement climatique, les petites dunes en bord de plage ont disparu, et les migrations  de tortues ont cessé, ne laissant que quelques individus sédentarisés.

Les iguanes marins, par contre, sont là, et en nombre.

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Les plus petits se confondant avec les blocs de lave, il faut prendre garde à ne pas leur marcher dessus, surtout lorsqu’ils vivent un épisode romantique…

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Sur les rochers bordant la côte, un fou aux pattes bleues, espèce endémique de cette île. Sans que l’on sache pourquoi, sur d’autres îles, les pattes sont rouges…

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L’après- midi, nous retrouverons le même guide, à l’anglais excellent, qui nous fera visiter la station « Darwin ». Il s’agit en fait d’un centre d’étude et de reproduction de tortues terrestres, ayant pour but de sauver des espèces en voie de disparition et de recoloniser les îles.

Les îles Galapagos ont été crées par des éruptions volcaniques successives il y a 7 millions d’années pour la plus ancienne, Santa Cruz, jusqu’à il y a1 million d’années, pour Isabella, la plus récente.

Transportées par les vents et les courants, la flore s’y est progressivement installée, et l’humus développé, couvrant le substrat volcanique à des taux allant jusqu’à 90% de la surface sur les iles les plus anciennes, à seulement 10% pour les plus récentes, qui conservent donc un aspect fort désolé. Quand cela n’a pas été aggravé comme à Baltra, lors de construction d’une base américaine en 1943 qui s’accompagna, jusqu’au départ des 8000 soldats qui l’occupaient en 1947, par la destruction totale de la végétation !

Les premières tortues furent transportées, il y a trois millions d’années, depuis le continent sur des radeaux naturels, troncs ou branchages arrachés de la côte lors de tempêtes, et colonisèrent, à l’abri des agressions d’origine humaine, les diverses iles, où elles développèrent, évolution et isolement aidant, des caractéristiques spécifiques adaptés aux ressources locales. 15 espèces, dont la plupart sont endémiques sur l’une des îles de l’archipel, ont été recensées, que l’on peut regrouper en deux catégories :

Celles ayant des carapaces en forme de dôme, un cou court et rétractile, des pattes courtes, qui se développèrent sur les côtes, à la végétation plus riche et qu’elles pouvaient aisément brouter.

Celles aux carapaces en forme de selle, au long cou non rétractile, aux longues pattes, qui se développèrent sur les pentes des volcans, où elles étaient capables d’atteindre les parties des cactus qui constituaient leur ordinaire. En captivité, les espèces se mélangent sans problème.

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Le règne des tortues fut bouleversé par l’arrivée des premiers navigateurs, corsaires, boucaniers et pirates divers, qui firent de l’archipel à partir du milieu du XVI° siècle, une base de repli, et un garde-manger. Les tortues étant en effet capable de subsister sans boire et sans nourriture pendant plusieurs mois, elles constituaient une réserve de viande sur pieds idéale, que l’on embarquait sur les navires pour les longues traversées.

Et ces joyeux drilles ayant débarqué avec eux chèvres et bovins, qui concurrençaient les tortues dans la recherche de nourriture et écrasaient les nids, chiens et rats qui dévoraient les œufs, et parasites divers, provoquèrent une fonte violente des effectifs.

Elle fut parachevée au XVIII° et au XIX° siècle par l’exploitation industrielle, l’huile de tortue servant à l’éclairage public, à Guayaquil par exemple, et les carapaces à la fabrication d’objets tels que peignes, boites, manches, aujourd’hui moulés en polymères « plastiques »

Deux espèces ont totalement disparu au cours de cette période, où les experts estiment qu’entre deux et trois cent mille tortues ont été exterminées.

Le rôle de la « Station Darwin » est donc de favoriser le repeuplement : le taux de reproduction des œufs n’étant que de 3% en milieu naturel, les œufs sont collectés sur les lieux de ponte, placés en incubateur pendant 4 mois, et les bébés- tortues, dont le taux d’éclosion atteint alors 95%, recensés individuellement, espèce par espèce, avant d’être élevées dans des terrariums jusqu’à l’âge de deux ans. Elles sont alors relâchées dans la région spécifique à leur espèce.

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Intéressant de noter qu’une incubation à 28° produit des mâles, à 29,5° des femelles…

Nous pourrons admirer, dans une enceinte climatisée pour protéger sa « momie », « George le solitaire », grand mâle mort en 2012 et dernier spécimen d’une espèce qui s’est éteinte avec lui. Les efforts de croisement ont été vains, les hybrides étant de toutes façons infertiles, mais sa semence est congelée, un jour, qui sait ?

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Plus chanceuse, l’espèce qui s’était développée sur les pentes du volcan Cerro Azul, dont il ne restait que 18 spécimens et qui furent évacués à dos d’homme avant une éruption volcanique. Sexuellement actifs, ils purent produire en captivité 200 rejetons.

De même, afin de préserver une espèce de l’ile Florida qui ne comptait plus de mâle capable de se reproduire, les gestionnaires de la station purent obtenir du zoo de San Diego, en Californie, le rapatriement d’un mâle, naturellement dénommé Diego, qui put engendrer suffisamment de petits pour sauver l’espèce. On vous le présente ici. Agé d’une centaine d’années, il n’est plus très frétillant..

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Nous visiterons le lendemain, sur Isabella, un centre de même type, abritant 700 tortues et qui, depuis sa création, en a relâché 2200. Mais celui- ci ne vas pas collecter les œufs dans le milieu naturel, ils sont pondus sur place. Et, pour l’anecdote, sachez qu’après la ponte de 4 à 20 œufs au fond d’un trou dans le sable d’une trentaine de cm de profondeur, la femelle le referme, puis urine et défèque dessus afin d’éloigner les prédateurs, puis l’abandonne. Aux petits, 4 mois plus tard, de se débrouiller seuls…

Notre séjour se terminera par une journée sur Isabella, qu’il faut mériter, le trajet de deux heures se faisant dans un bateau rapide, propulsé par 750CV, un tape cul interminable.

Isabelle, belle endormie, aux 5 volcans actifs, aux plages de sable blanc, aux vasières riches en oiseaux divers, à la « Concha Perla », crique propice à la plongée nous accueillera donc, mais je n’aurais pas la chance d’y observer tortues marines, bébés requins et raies mantas supposés fréquenter les lieux, seuls quelques poissons sans attraits daignèrent s’y montrer, insuffisant pour motiver les lions de mer qui, sans vergogne, squattent pontons et  passerelles.

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On pourra cependant y voir, dans le centre de reproduction, notre premier, et dernier, iguane terrestre, bien seul dans son enclos.

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Et un dernier regard sur la forêt de cactus qui ont réussi à s’établir entre les blocs de lave.

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Retour un peu plus pénible par la même vedette, le vent ayant forci. Sur les 25 passagers, un seul sera malade, mais il le sera pour 25…

Le trajet vers Guayaquil se fera sans problème particulier, avec une organisation du voyagiste toujours aussi efficace. Nous aurons eu chaque soir un contact avec l’agent local pour préciser le programme du lendemain, et les guides ou chauffeurs de taxi chargés de nous accompagner ou de nous transporter se seront toujours présentés à l’heure, s’efforçant de nous faciliter le séjour et s’attachant à nous fournir tous les commentaires nécessaires pendant les visites.

Un regret, sans doute dû à l’image que nous avions, et nous ne devons pas être les seuls, d’iles abritant des reptiles dignes de Jurassic park . En fait les iguanes terrestres ne sont visibles que sur certaines îles, et leur taille ne dépasse pas 1,20m. Pour les découvrir, il faut soit séjourner beaucoup plus longtemps, au minimum une dizaine de jours, pour pouvoir se rendre dans les îles qui les abritent, soit, et c’est la solution idéale pour les plongeurs, effectuer une croisière de dix à 15 jours qui permet d’accéder à tous les « spots » intéressants, et de visiter les iles inaccessibles autrement que par mer, mais ce n’est plus du tout le même prix…

Cerise sur le gâteau, de retour à l’hôtel Livingstone, nous constatons que le contenu du compartiment congélateur est dégelé, et que, vu le poisson qu’il contenait, toute la cellule sent le nuoc-mam ! Et pourtant, le véhicule est branché sur le secteur et le chargeur de batterie fonctionne. Quelqu’un aurait il débranché en notre absence ?

Pendant que je me rends à la lavanderia, Agnès se cogne le nettoyage du frigo, dont le compresseur ne fonctionne pas. Et la tension baisse, l’éclairage perd son éclat..

Je ne comprends pas où se situe le problème, jusqu’à ce que je me décide à mesurer la tension du secteur : c’est du 110V.

J’ai vraiment zappé beaucoup de choses dans la préparation de ce 3° séjour. Il nous faudra rouler pour recharger les batteries.

Enfin,, pour reprendre l’argument de Jean François : si on veut éviter les ennuis du voyage, il faut rester chez soi…..

Mercredi 27 novembre Jour 43  Guayquil / Cuenca  

La sortie de la ville sera aisée. Décidément, Guayaquil nous aura séduit. Nous traversons la plaine côtière sur une soixantaine de km, à travers les rizières et les champs de canne, puis prenons la route de Cuenca et attaquons les choses sérieuses. En 130 km, nous passerons du niveau de la mer à une altitude de 4000 m et la température chutera de 20°.

Après avoir franchi l’ « Abra Très Cruces » à  4140m, nous resterons bloqués une heure dans un bouchon au milieu de la descente, nous ne saurons jamais pourquoi. Au bout de la descente, Cuenca, de son vrai nom Santa Ana de los rios de Cuenca, fondée en 1557 par Hurtado de Mendoza, vice-roi du Pérou et né dans la Cuenca catalane.

3° ville d’Equateur, elle est classée au patrimoine mondial de l’Unesco et capitale de la fabrication des panamas, le fameux chapeau tissé avec des feuilles de paja toquilla, un petit palmier cultivé sur la côte.

Après avoir laissé notre véhicule dans le parking qui sera notre point de chute pour la nuit, le long du rio Tomebamba qui traverse l’agglomération, nous irons faire une première visite de cette jolie ville à la belle place coloniale, le parque Calderon et prendrons café et tarte tatin à la pâtisserie « El frances », tenue, devinez par qui ? : un jeune compatriote. Nous visiterons ensuite le très riche, par ses collections, musée des cultures aborigènes, fondé par un ancien ministre de la culture.

On y admirera les artefacts des civilisations pré incas qui peuplaient ce qui est devenu aujourd’hui l’Equateur, depuis les cultures valdivia et tolita, de -500 à +500 après J.C., jusqu’aux cultures puruha, mantena et canarie, cette dernière implantée dans la région, de +500 à +1500 après J.C.

Il faudrait tout montrer, on se bornera à quelques spécimens d’extraordinaires poteries anthropomorphes.

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Bivouac au « Parque de la Madre », le long du rio.

S 02° 54’ 15.6’’     O 79° 00’ 09.4’’ Altitude 2550m

Km 199 Total 5397

Jeudi 28 novembre Jour 44  Cuenca / Calpi  

Bien plus que la cathédrale de la Inmaculada Conception, construite en pierres blondes et achevée seulement en 1960 sur un des pans de la plazza de armas pour remplacer l’ancienne cathédrale, située en vis-à-vis et devenue trop petite, c’est l’ensemble de l’ « Eglisia de Todos los Santos » et son couvent associé qui constituent l’un des attraits de la ville .

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L’église actuelle a été construite en 1820 autour des fondations de la première chapelle, bâtie en 1534. Endommagée par un incendie en 2006, elle a été rénovée à cette occasion et les travaux révélèrent la présence sous-jacente d’un temple inca, lui-même bâti sur un lieu de culte canari. Certains lieux semblent prédestinés à la spiritualité.

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Intéressante visite guidée de ce couvent, qui n’abrite plus que 5 religieuses et a la particularité, vu son implantation au flanc d’un coteau surplombant le rio, de ne pas posséder de cloitre. On y remarquera son énorme four à bois, toujours en service, et qui assurait les ressources de la communauté par son activité boulangère, puis la pièce dédiée à l’élevage des cuys. On admirera surtout le   jardin botanique, aux mille espèces, plantes, arbres et arbustes à usage médicinal, culinaire ou ornementales et y ferons la connaissance d’ « hermana Celina », religieuse menue âgée de 108 ans, qui jardine encore en s’appuyant sur sa canne….

Les pièces principales du couvent ont été rénovées, elles abritent aujourd’hui une école hôtelière, et les élèves s’activent en cuisine.

Nous quitterons la ville par une belle route de montagne dont la pente dépasse souvent les 10%, à travers une région très cultivée, aux vallées verdoyantes.

En route, on se laissera tenter par le porc grillé en bord de route, mais pas par les cuys qui rôtissent à La Colita.

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Le village est remarquable car c’est ici que fut consacrée la 1° église équatorienne, le 15 août 1534.

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A l’embranchement de la route menant au parc Chimborazo, nous nous installerons pour la nuit dans une station Primax.

S 01° 39’ 02.70’’    W 78° 43’ 50.10’’     Altitude 3040m

Km 259  Total 5656

Vendredi 29 novembre Jour 45   Calpi / Banos

Nous attendrons que les nuages se lèvent un peu, beau prétexte pour un embryon de grasse matinée, puis prendrons la route du centre d’interprétation du volcan Chimborazo.

6310m, le plus haut sommet du pays est toujours enneigé. Eteint depuis 1500 ans, il symbolise l’Equateur puisqu’il est représenté sur les armes du pays. Mesuré en 1736 par La Condamine, exploré en 1802 par Humboldt, il ne fut vaincu qu’en 1880 par Whymper et les frères Carrel.

La route est belle, très vite dans les nuages, et nous mène à l’entrée du centre, à 4300m d’altitude. On n’y voit pas à 50m.

Un crétin nous annonce que le centre est fermé et on s’apprête, frustrés, à faire demi- tour. Voyant des bus arriver, on se renseigne à nouveau : le centre est bien fermé, mais pas les boutiques, où Agnès , vu la température, s’offre une paire de gants, ni l’accès au refuge Carrel et au volcan.

Nous attendrons de nouveu sur le parking du centre que le temps se lève, puis nous nous déciderons à prendre la piste de 7km qui mène au refuge, à 4870 m d’altitude.

Là, nouvelle attente que les nuages se dissipent, en vain.

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Retour donc vers le centre d’interprétation, autour duquel pâturent les vigognes. La réintroduction de 200 bêtes au-dessus de 4000m, il y a une trentaine d’années, a été un succès,  puisque le cheptel atteint aujourd’hui 5000 têtes,

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Nous décidons de prendre la route contournant le volcan par l’ouest, la vue en serait magnifique.  La route est belle, bien meilleure que prévu, mais le volcan reste masqué. Les neiges du Chimborazo, ça ne sera pas pour cette fois. Dommage..

Nous piquons vers le nord, pour une halte à Banos. Peu intéressés par les thermes, plutôt par la route des cascades.

Les points de bivouac qu’Agnès avait repérés, hôtels aux grands parkings, sont fermés. Elle trouvera finalement une solution au camping Montano, au pied du volcan Tungurahua.  Celui- là, haut de 5023m, est actif depuis 1999 et se manifeste régulièrement avec ses dernières éruptions en 2014 et 2016, mais là encore, les nuages nous en masquent le sommet.

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Les propriétaires, un jeune couple, très sympa, gèrent ce gite pour routards avec une seule place de stationnement, à l’entrée un peu délicate. La menace que fait planer le volcan ne semble pas les inquiéter.

S 01° 23’ 48.72’’    W 78° 25’ 44.64’’

Km 166  Total 5822

Samedi 30 novembre  Jour 46   Banos

Des bus réguliers, tous les quart d‘heures, font la route des cascades. Route encaissée dans les gorges  menant vers l’Amazonie. Plusieurs tunnels, dont l’un, en sens unique, n’est pas plus large que celui du métro londonien, émaillent le parcours. Le chauffeur fonce, on dirait qu’il veut battre son record à chaque passage.

On va jusqu’à la cascade la plus spectaculaire, et la plus éloignée, le « Pailon del diablo », tellement encaissée que les photos en sont impossibles!

En remontant de la gorge, halte devant un stand proposant à la dégustation des larves de chonta bien frétillantes : « un plat exotique et populaire connu pour ses qualités curatives de la toux et de l’asthme. Le traditionnel maito de chonta est préparé avec ces larves enveloppées de feuilles de bijao et grillées, ou en brochettes. On le mange avec de la banane ou des yucas » (traduction : Barbara)

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On va être honnêtes, malgré notre goût pour les expériences culinaires exotiques, on n’a a pas goûté.

Au retour, le bus croise, à fond la caisse, un poids lourd dans un tunnel. On espère que notre chauffeur n’a pas fermé les yeux, nous si…

A Banos, c’est la fête pour célébrer le 75° anniversaire de la création de la commune. Toutes les institutions défilent avec chars et groupes folkloriques, le défilé durera plus de 1h30.

Très chaude ambiance

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Dimanche 1° décembre  Jour 47   Banos / Quilotoa

Pluie toute la nuit mais ça se dégage le matin. On revient sur nos pas jusqu’à Ambato, grande ville sans charme étendue dans sa vallée, puis on remonte vers le nord sur la très belle autoroute à 2×4 voies qui mène à Quito. On la quitte au niveau de Latacunga pour aller vers l’ouest sur la R30. Halte à Pujili, au très actif marché en ce dimanche. Courses de fruits et légumes et achat de porc rôti, on y a pris goût.

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On continue jusqu’à Quilatoa, village de la communauté indigène qui gère l’accès à la magnifique caldera du volcan du même nom.

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S 00° 52’09.2’’    O 78° 55’02.1’’    Altitude 3940m

Km 169  Total 5991

Lundi 2 décembre Jour 48  Quilotoas / Pedernales     

Beau soleil, mais une légère couche de nuages masque les volcans jumeaux Illinizas, de l’autre côté de la caldera. Vers le sud, le Chimborazo reste invisible. On n’attendra pas qu’il se montre.

Route vers le nord, jusqu’à Sigchos, où nous espérons que la belle route se prolongera pour nous permettre de traverser le massif vers le nord sans revenir vers la vallée menant à Quito, cela nous ferait gagner près de 100km dans notre route vers la mer.

Déception, dès la sortie du village, le goudron s’arrête. Pas question de s’engager sur cette piste de 70 km, qui s’annonce pleine de trous pour l’ascension d’un col à près de 4000m. On rebrousse chemin, et le trajet se révèlera excellent sur le premier tiers, la route vient d’être refaite dans sa partie la plus accidentée, acceptable sur la deuxième portion, et bon sur la fin. Il traverse un paysage grandiose, bien plus riant, dans cette région équatoriale, que tous les sommets andins que nous avons parcourus jusqu’ici.

Nous sommes frappés par l’intensité de activités agricoles, les versants, même les plus pentus, sont travaillés à la main, les pâturages viennent combler les surfaces non cultivées, les laiteries sont nombreuses le long de la route et les serres horticoles ou affectées au maraichage se multiplient à l’approche de la vallée.

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Une trentaine de km sur l’autoroute nous rapprochent de Quito, puis nous bifurquons plein ouest à la hauteur de Aloag. Montée très raide sur cette belle 4 voies, mais dès les premiers lacets on est dans les nuages. On y restera pendant toute la montée, puis pour toute l’interminable descente.

Après Santo Domingo, le paysage change, les espèces tropicales dominent, bananiers, palmiers à huile, avocatiers et nombre d’arbres que nous ne savons identifier. A l’approche de la côte, le relief, que nous imaginions plutôt plat reste extrêmement accidenté, formé de pitons et de profondes gorges, que la route évite en suivant les lignes de crêtes. Les hameaux se succèdent, et les cases en bois sur pilotis contrastent avec les constructions en adobe de l’intérieur.

Arrivée en fin de journée à Pedernales, où la station Primax accepte que nous squattions un coin de parking.

Nous avons franchi la ligne, Pedernales est un poil au-dessus de l’équateur, sans grands attraits après avoir été ravagé par un séisme en 2016.

N 00° 04’ 25.4’’   O 80° 02’ 13.2’’

Km 370  Total 6361

Mardi 3 décembre Jour 49  Pedernales / Mompiche

But de l’étape du jour : atteindre Monpiche, petit village de pêcheurs aux longues plages de sable, isolé sur la côte au sud d’Esmeralda. Il faut juste, au préalable, pouvoir retirer de l’argent, car nous ne détenons que des coupures de 100 $ alors qu’ici, les magasins refusent tous les billets de plus de 20 $. A la 1° banque, dès 8h30, pas de D.A.B. et 200 personnes font la queue pour être reçus aux guichets, on oublie. Heureusement un distributeur équipe la seconde, et nous délivre les précieuses coupures.

Route agréable, traversant les collines côtières et dominant les innombrables bassins d’élevage de crevettes qui ont été creusés au détriment des mangroves, et que l’on quitte pour une courte portion de bitume dévalant vers Mompiche.

Le village est bien tel que l’on l’attendait, plus havre de routards que station balnéaire. Les « hospedajes » en bambous bordent la plage et les planches de surf en décorent les abords, les rues sableuses deviennent boueuses dès la première averse, les barques de pêcheurs attendent la marée et les caïpirinhas sont à 10$ les trois.

Notre véhicule passe tout juste sous le portique de la Casa Coral, petit gite fort sympa face à la mer, où nous avons décidé de nous poser pendant deux jours.

N 0,50631     O – 80,02370

Km 88   Total 6449

Mercredi 4 décembre Jour 50   Monpiche  

Comme prévu, ça sera une journée détente : sur la terrasse de la Casa Coral, échanges autour d’un café avec les jeunes routards qui font halte au gite. Ils sont impressionnants de décontraction, se déplaçant en bus, qui avec sa guitare, qui sa planche de surf.

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Puis ballade sur la plage en attendant, avec les pélicans, le retour des pêcheurs, et achat de poissons.

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De retour de pêche, on prépare déjà les filets pour le lendemain.

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A 4km du village, l’île Portete : pour l’atteindre, un petit tour en moto taxi, puis une traversée d’une centaine de mètres, qu’on pourrait presque faire à pied à marée basse.

Dans la montée, la moto s’arrête : le câble d’alimentation est simplement enroulé autour de la tête de bougie, sans écrou. Pas étonnant qu’il saute. Et comme la batterie est naze, il faudra pousser pour redémarrer. A l’arrivée, quand le chauffeur demandera, gonflé, un pourboire en plus du prix convenu, je lui en demanderai un pour avoir poussé.

Sur l’île, côté Pacifique, une longue plage de sable blanc ourlée de cocotiers, comme dans les pubs d’agences de voyage, côté continent, une rangée de paillotes abritant des gargotes, pas encore très fréquentées.

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Décidément, le ceviche équatorien est différent de ceux que l’on a apprécié jusqu’ici en Argentine, au Chili ou au Pérou : le poisson, ici, est précuit en petit cubes et non simplement confit dans le jus de citron, l’accompagnement est moins riche en oignons doux, épices et aromates, le tout baigne dans un bouillon qui nous fait regretter nos expériences précédentes. Mais, bon, c’est toujours mieux que le sempiternel poulet frit ou le bœuf trop cuit.

Au retour, une fois franchi le bras de mer, arrêt sur la Playa negra. Le sable y est d’origine volcanique, d’un beau noir mat.

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Jeudi 5 décembre Jour 51  Monpiche / Mindo

Pour revenir vers le centre du pays, plutôt que d’emprunter le trajet aller, nous choisissons de suivre la côte vers le nord jusqu’à Esmeralda, avant de repiquer vers le sud-est, un peu plus long , mais nous évitera le déjà-vu. La route est fort accidentée, dans un paysage de cultures tropicales toujours aussi denses.

De nombreux camions transportent les régimes de noix de palmistes vers une huilerie dont on perçoit les effluves.

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Les régimes seront égrenés, les noix triturées, pour en extraire l’huile de palme, puis les noyaux pressés pour obtenir l’huile de palmiste.

La variété de palmier à huile qui est cultivée ici est différente de celle exploitée en Asie, les produits sont plus riches en acide gras insaturés et leurs compositions se rapprochent de celle de l’huile d’olive. L’huile de palme est utilisée localement pour la friture, et pour l’export dans des usages alimentaires et cosmétiques. L’huile de palmiste est davantage utilisée dans les cosmétiques.

Nous découvrirons également le mode de séchage des fèves de cacao, le plus écolo qui soit : le soleil, et le moins hygiénique qu’on puisse trouver ; en bord de route, dans les gaz d’échappement.

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La route serpente entre 1000 et 2000m d’altitude, c’est le royaume de la forêt tropicale humide, ou « forêt de nuages », nous prendrons l’habitude de ne voir le soleil que le matin.

En arrivant aux abords de Mindo, de nombreuses résidences de vacances, bien à l’abri de leurs murs d’enceinte, jalonnent le parcours. Nous sommes à moins de 100km de Quito, l’endroit est manifestement prisé des citadins.

Mindo est un petit village en bord d’un rio aujourd’hui bien limoneux, qui prend un grand essor touristique avec ses « routes du chocolat » et du café, ses points d’observation d’oiseaux et de papillons.

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Notre point de chute sera le « Bicok lodge », un gite à l’esthétique et aux aménagements très réussis, créé par un couple de voyageurs français qui ont ici posé leurs sacs. Nous n’aurons pas la chance de les rencontrer.

N 00° 02’ 58.9’’     W 78° 46’ 26.8’’

Km 336  Total   6785

Vendredi 6 décembre Jour 52   Mindo / Quito

Lever tôt, car les oiseaux s’observent entre 6 et 7 heures du matin.

La terrasse de l’hôtel Descanso, qui surplombe un arpent de jungle très apprivoisée, permet l’observation des colibris qui viennent s’y nourrir de l’eau sucrée qui leur est abondamment fournie chaque matinC’est pour eux moins fatiguant que de pomper le nectar des fleurs, car comme chacun sait, le colibri ne se pose pas pour se nourrir.

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Et, après l’effort, notre athlète récupère en faisant un peu la gueule..

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Et bien, nous pouvons démentir cet adage : sur les abreuvoirs, le colibri se pose pour se nourrir !

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Mais il sait aussi attendre le bon moment, perché sur des brindilles.

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Une fois rassasiés, les colibris retournent sous les taillis. Il est alors temps pour nous d’aller faire un tour du côté de la « route du chocolat ». En fait un établissement combinant arboretum, chocolaterie et hostal.

Nous y parcourrons le cycle complet, que je retranscris sous le contrôle de Francis Boom, Docteur es Chocolat de l’ Université de Cargill les Mouscron : depuis la cabosse qui se récolte toute l’année et dont on extrait les fèves, suivie  d’une semaine de fermentation, au cours de laquelle les fèves sécrètent une huile , à usage cosmétique et aromatique, puis une semaine de séchage, une torréfaction entre 120 et 140°, et un broyage pour obtenir la pâte de cacao.

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Un pressage permettra de séparer le beurre de cacao de la poudre de cacao, matières de base pour l’industrie agro- alimentaire. La pâte pourra aussi être mise en œuvre artisanalement après conchage et addition de sucre, de lait et de composants divers pour obtenir le produit qui comblera l’amateur.

Nous aurons droit à une dégustation où tout nous plaira, sauf le chocolat au piment…

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En direction de Quito, plein nord, la route est toujours fort vallonnée, sous la pluie ou dans les nuages, et parfois les deux.

Quito, deuxième capitale la plus haute du monde après La Paz, détruite sur ordre du général inca commandant la place pour éviter sa prise par les espagnols, refondée par ceux ci en 1534, et qui y détruisirent les derniers témoignages de l’histoire précolombienne, non sans avoir pillé ce qui était récupérable, Quito donc, compte aujourd’hui près de 3 millions d’habitants.

L’entrée dans la ville sera aisée grâce à des artères pénétrantes bien dégagées, puis par la très longue avenue « Mariscal Sucre ». L’arrivée par la voie d’accès, extrêmement pentue, qui monte à la gare de départ du téléphérique sera plus sportive : Impossible de grimper, même en première, sans passer en 4X4 vitesses lentes.

Nuit sur le parking du téléphérique, que nous escomptons emprunter le lendemain jusqu’au volcan. Il pleuvra des cordes toute la nuit.

S 0° 11’ 30.18’’    W 78° 31’ 4.32’’

Km 101  Total 6886

Samedi 7 décembre  Jour 53   Quito

Temps si couvert que la montée au volcan est illusoire. On se translate vers le centre, pour aller s’installer au Parque Carolina, grand parc très aéré, aux parkings gardés. On y prendra un taxi pour se rendre dans la ville coloniale.

Tout le centre se structure autour de la Plazza Grande, qui, malgré son nom, n’est pas la plus belle ni la plus grande des places d’armes que nous aurons admirées jusqu’ici.

Notre première visite sera pour l’église de la Compagnie de Jésus, à la façade baroque et à l’intérieur d’une richesse étonnante. Ayant nécessité 150 ans de travaux avant d’être achevée en 1706, peu de temps avant l’expulsion des jésuites d’Amérique du sud en 1767, ce serait l’église la plus couverte d’or de tout le pays.

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Les photos y étant interdites, on se contentera d’une photo faite en douce, sans viser..

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Comment les jésuites en sont-ils venus à cet étalage de dorures, quand on a en mémoire l’extrême simplicité des églises visitées dans les zones de mission au Pantanal bolivien, en Argentine ou au Paraguay ? Est-ce en raison d’une compétition avec les franciscains dont le monastère proche abrite une église, terminée en 1580, et dont la richesse est éblouissante ?

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Le cloitre de ce monastère, par contraste, est d’une absolue simplicité.

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La visite de la résidence du général Sucre, puis du musée de la ville, termineront cette première journée à Quito.

S 0° 10’ 42.96’’  O 78° 29’ 4.20’’

Km 6   Total 6891

Dimanche 8 décembre Jour 54  Quito / Ibarra

Avant de prendre le chemin de la Colombie, matinée consacrée à la visite de la « Capilla  del hombre Guayasamín », située sur les hauteurs, face au vocan Pichincha, sur les pentes duquel se déroula la bataille qui sonna le glas de la domination espagnole sur le pays.

Dernière demeure du peintre Osvaldo Guayasamin (1919-1999),qui abrite son atelier, elle est devenue un musée grâce à l’exceptionnelle collection d’art précolombien et d’art religieux colonial qu’il y avait rassemblé.  Nous aurons la chance d’être accompagnés par une guide russe francophone établie en Equateur et formée aux Beaux Arts, qui nous fera partager sa passion pour les œuvres du maitre et pour ses collections.

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La Capilla, bâtiment moderne conçu par le peintre et ayant pour but de valoriser les cultures aztèque, maya et inca, en contrebas de la maison s’inspire de l’architecture inca.  Terminée peu après la mort du peintre, elle est gérée par la même fondation familiale que la maison .

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Elle abrite quantité d’œuvres, au style inspiré de Goya, du Greco et de Picasso. Hanté par la souffrance, la domination coloniale et ses dizaines de millions de victimes, indigènes ou africains déportés, traumatisé par les horreurs des dictatures qui ont sévi sur le continent, Guayasamín, métis devenu porte voix de ces ombres, fit de son œuvre une arme de combat contre les oppressions.

Nous n’en montrerons que deux exemples : Ce tableau de femme, symbolisant le métissage caractéristique de l’Amérique latine,

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Et celui-ci, le condor andin terrassant le buffle espagnol.

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Départ vers la frontière colombienne en début d’aprè-midi . Très belle route, souvent à 4 voies dans un paysage d’alpes suisses où l’on remarque lors des traversées de village, une  évolution ethnique couplée à une paupérisation évidente.

Manifestement l’Equateur, comme  ses voisins, est loin de s’être débarrassé de la stratification en castes, forme d’apartheid social régnant pendant la période coloniale, telle que nous l’avons découverte dans une des salles  du magnifique musée de la Ciudad : Espagnols de souche / Criollos (descendants des précédents nés sur place) / Métis blanc-indien /Indiens / Métis blanc-noir / Métis indien-noir / Noirs (descendants d’esclaves razziés en Afrique). Chaque population y avait même son clergé spécifique. il faut bien garantir les bonnes mœurs, quand même !

Bivouac dans une station- service

N 00° 23’ 01.6’’   O 78° 06’ 33.8’’   2260m

Km 123 Total 7014

Lundi 9 décembre  Jour 55   Ibarra / Tanga

Une centaine de km jusqu’à la frontière. L’endroit est plutôt encaissé, et congestionné, pour tout dire, ça a l’air d’être un peu le souk. Partout des changeurs ambulants et des vendeurs d’assurance, on les évite, car les arnaques sont fréquentes.

Les formalités seront assez rapides côté équatorien, beaucoup plus longues côté colombien.

Pour l’immigration, trois files : nationaux, étrangers et vénézuéliens. L’espace prévu pour ces derniers est le plus important, les autorités ayant dû faire face à un afflux massif, qui semble s’être tari, la zone étant vide aujourd’hui. Et toujours les tentes des ONG.

A la douane, pour obtenir l’autorisation temporaire d’importation du véhicule, on nous demande de fournir des copies de la carte grise, du permis de conduire et du passeport, nous avons tout ça. Mais il faut aussi la copie du cachet d’entrée de la police, sur le passeport. On se demande bien pourquoi ! Il faut alors sortir du poste, chercher une guitoune qui fasse des copies, et au préalable changer 10 dollars pour payer l’opération.

Quand nous revenons à la douane, le préposé, qui avait conservé notre dossier, est parti casser la croûte. On attend devant un bureau vide jusqu’à ce que, à bout de patience, Agnès s’adresse à ce qui ressemble à un chef. Celui-ci va aussitôt chercher une douanière, qui nous ignorait volontairement depuis un moment.

Elle s’occupera de nous, sans enthousiasme, mais nous fournira l’autorisation indispensable.

Dès la frontière passée, halte à Ipiales, petite ville au centre très congestionné. Merci Ioverlander, le super-marché Exito vend des assurances auto (16€ pour un mois..) et dispose de DAB . Il va  falloir s’ habituer au cours : à 3560 pesos pour un euro, nous devrons retirer 1,2 million de pesos pour avoir suffisamment de liquide pour la route. Quant à l’assurance, elle est obligatoire. En Equateur, par contre, nous avions vainement cherché un agent d’assurance : n’étant pas obligatoire, personne n’en propose. Nous avons donc roulé un mois sans, sensation désagréable.

Dès la sortie de la ville, un court crochet vers le sanctuaire de la Virgen de Las Lajas.  Ici, dans une grotte près du rio Guaitara, en 1754, une sourde-muette, Soubirous locale, retrouva l’usage de la parole, revint quelques jours plus tard, vit la Vierge et l’enfant Jésus, tomba malade et en mourut, puis fut ressuscitée, par la Vierge on le devine.

L’endroit devint naturellement un lieu de pèlerinage et les travaux de constructions d’une église, qui durèrent 50 ans, furent entrepris en 1899.

Néo-gothique, on aime ou on n’aime pas, moi, non, mais l’église vaut surtout par son emplacement, exceptionnel, en fond de gorge.

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Sur les parois des escaliers d’accès, des milliers d’ex voto.

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Nous repartons en direction de la ville de Pasto, mais le trajet sera bien plus pénible que prévu : 1h30 à attendre devant des travaux, alors que la circulation dans l’autre sens semble dégagée. Cela agace les locaux qui s’engagent sur la voie unique, se trouvent nez à nez avec un autre véhicule, et tout se bloque.

En raison de travaux d’élargissement de la route, et de forts éboulements de rochers sur la chaussée, la circulation est très perturbée, Il nous faudra en tout 3 heures pour parcourir 16km.

Il fait nuit depuis 2 heures et on n’a pas le courage d’atteindre Pasto. Nous décidons de de passer la nuit dans une  station -service. La 1° ayant disparu avec les travaux, on se pose dans la seconde « Biomax »

N 01° 06’ 48.9’’   O 71° 22’ 50.1’’   2822m

Km 224 Total 7238

Mardi 10 décembre   Jour 56   Ibarra / Poyapan

Plus calme sur la route le matin, bien que les travaux ne soient pas terminés. Courte halte à Pasto, pour quelques courses au passage dans un Exito, il semble que cela sera un fournisseur privilégié, avant de reprendre la panamericana norde, vers le nord- est.

Cette voie « internationale », souvent pas plus large que nos départementales, qui a été tracée dans le long sillon séparant deux lignes de crêtes de la cordillère occidentale doit franchir de nombreux cols aux multiples lacets. Encombrée de poids lourds qui plus est, cela limite nos espoirs de performance à 45/50 km/h., tout en permettant d’apprécier le paysage, spectaculaire avec ses gorges vertigineuses, ses à- pic et ses reliefs ravinés.

Plus accidenté que la partie équatorienne, il est moins cultivé dans les hauts et consacré à l’élevage extensif de bovins dans les vallées, où la route court sous une voute végétale dont l’ombre doit être appréciée par beau temps. Nous n’en aurons pas l’occasion.

A propos de vénézuéliens, nous en avons croisé en Equateur et au Pérou, mais leur nombre augmente quand on se dirige vers le nord. Rarement seuls, plus souvent en petits groupes, ils marchent, qui avec un sac pour tout bagage, qui trainant une valise à roulettes, voire poussant une brouette, ils marchent, on ne sait vers où. Jeunes, pour la plupart, mais on verra aussi des familles complètes, les enfants portant leur part, ils marchent, mendient parfois, font des pauses dans les fossés, encaissent les orages, dorment on ne sait où. Ce spectacle fend le cœur.

Quand tout un peuple vote ainsi avec ses pieds, inutile de s’interroger longuement sur la nature du régime qui les a fait quitter leur pays.

Arrivés à Popayan, qui fut un temps la capitale de région de la Cauca avant d’être supplantée par Cali, nous n’aurons pas trop de difficulté pour trouver le bivouac, le « camping » Kawallu, très proche de la place centrale. Guillemets au « camping » car il s’agit de la cour d’une maison en chantier qui accueillera peut- être un jour des voyageurs dans ses chambres en cours de construction. On évitera les sanitaires mais l’accueil est sympa et le wifi correct.

N 02° 53’ 24.2’’    O 76° 17’ 03.8’’

Km 272   Total 7510

Mercredi 11 et jeudi 12 décembre   Jour 57 et 58    Popayan

Mauvaise nuit. Le gros orage quotidien a été long et nous avons constaté des fuites dans la capucine. Il restera à écoper la partie avant, Agnès, plus souple s’en chargera, après avoir sorti draps et linge de rechange, trempés. La nuit fut courte.

Un examen du toit dès le jour levé nous révèlera deux petites fissures extérieures, épaisses d’un cheveu et longues d’une vingtaine de cm, au niveau de l’arrondi supérieur, sans doute dues aux contraintes subies par la cellule sur les pistes. Difficile de croire que des fissures aussi étroites puissent laisser passer autant d’eau, mais on ne voit pas d’autre source. Rustine temporaire avec du ruban adhésif qui devrait colmater la brèche, on surveillera et verra à faire mieux au retour, En attendant, nous ne couperons pas à l’opération de retournement du matelas pour nettoyer les sommiers et sécher l’ensemble.

Cette corvée, et une expédition vers une lavanderia pour laver et sécher la lingerie nous prendra la matinée. Nous pourrons quand même apprécier le charme de la place d’armes et des rues adjacentes, ayant conservé leur style colonial, bien qu’abritant des boutiques qui ne dépareraient pas nos cités. On y voit la volonté politique, par l’absence de néons, la qualité des lanternes d’éclairage, l’unité de tons, l’entretien des bâtiments et voiries, de préserver l’image de la ville.

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Nous souhaitions nous rendre au Parque arqueologico de San Augustin, réputé pour son ensemble de statues de pierres (près de 600) datant de la période dite « classique » (-1 à +900 de notre ère)

Situé à 100 km à l’est de Popayan, le parc est desservi, sur notre versant, par une piste. A l’office de tourisme, le fort aimable employé nous précise qu’elle est large et en bon état, et qu’il faut compter 7 heures pour la parcourir, 100km !

Cela nous refroidit, d’autant qu’il faut éviter de rouler l’après- midi, en cas de pluie, ça ne peut pas améliorer l’état de la piste.

Et atteindre le site par l’autre versant implique un contournement de 400km. On renonce, nous partirons vers le nord.

La 2° nuit fut pire que la précédente : pluie à l’extérieur et fuites abondantes à l’intérieur, jusque dans les placards. On appelle Touareg le matin, et Vincent nous recommande d’étancher complètement les lanterneaux, il est possible que, selon l’inclinaison du véhicule, en cas de très fortes pluies, de l’eau pénètre par les feuillures. Notre matinée sera très occupée : Agnès vide les placards, sèche ce qui le nécessite et remballe tout dans des sacs étanches, on ne sait jamais..

De mon côté, sur le toit je colmate les lanterneaux à la bande adhésive. Dans la foulée, je fais la même chose et recouvre tous les joints silicone, au cas où l’un d’entre eux aurait mal vieilli. Mauvais film : ce n’est pas « La chatte sur un toit brûlant » mais « le matou sur un toit fuyant » Enfin, le matou, à voir…

Ballade dans la ville l’après-midi, c’est la fête de la gastronomie.

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Vendredi 13 décembre  Jour 59  Popayan / Salento

Gros soulagement, malgré des cataractes toute la nuit, on est resté au sec. Merci Vincent

Longue descente depuis Popayan . 200 km dans la vallée de la Cauca où, à 1000m d’altitude se déploient des champs de canne à sucre à l’infini, les montagnes n’étant plus visibles à l’horizon. La route 25, ou Panamericana Norde, se transforme en belle d’autoroute. On y croise Les « tren canero » monstrueux ensembles routiers à 5 remorques transportant les cannes vers les sucreries.

On quitte la 25 à La Paila, direction Pereira, pour nous rendre au village de Salento. Ça remonte, nous sommes entrés dans la « zona cafetera ».

Bivouac au camping Guaduales de la Floresta, ça sent bon le crottin

N  04° 38’ 07.1’’   O 75° 34’ 18.6’’  Altitude 2000m

Km 344  Total 7854

Samedi 14 décembre   Jour 60  Salento

Le propriétaire du camping, qui possède une douzaine de chevaux, organise des ballades vers les « fincas » productrices de café. Je me joindrai à un groupe qui se rend à la finca « Los acacias » à cheval, Agnès m’y retrouvera en taxi. Vu l’étroitesse des chemins et le relief particulièrement accidenté, les taxis sont tous des jeep Willis

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De la piste, la vue est époustouflante sur les reliefs environnants, sûrement parmi les plus beaux paysages que l’on ait vus jusqu’ici, malheureusement bien voilés en cette saison.

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A  « Los Acacias », José, patron de cette exploitation familiale nous accueille et nous fait visiter.

Les baies de caféier ne sont pas destinées uniquement à la torréfaction, mais également à la production de nouveaux plants par plantation en semis. Ces plants ne produisant pas avant trois ans, et la durée de vie d’un caféier, ici de la variété Arabica Castillo, ne dépassant pas 20 ans, les parcelles sont replantées en permanence afin d’assurer une production continue.

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La cueillette des baies de café a lieu toute l’année, mais son maximum se situe entre avril et juillet. En raison de la pente, des critères de l’agriculture biologique, et pour se conformer aux règles ayant permis le classement de la zone au « Patrimoine mondial », toute la cueillette se fait à la main. Un bon cueilleur peut ramasser entre 100 et 150kg par jour, sur des journées de 11h, et est payé 500 sols par kg, soit environ 0,14€ . José nous précisera que le travail est si dur que l’on ne trouve plus de jeunes pour l’effectuer, tous ses employés sont âgés de plus de 50 ans.

Les baies, initialement vertes, n’arrivant pas toutes simultanément à maturité, elles sont alors d’un beau rouge foncé, il est nécessaire de revenir sur chaque arbuste tous les 20 jours.

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La finca emploie 7 personnes, y compris José, qui collectent 6 tonnes de baies par saison. Cette activité étant insuffisante sur le plan économique, elle produit aussi des légumes, quantités de fruits et s’est lancée dans la production de mures. Elle s’orne aussi de nombreuses fleurs et plantes, ici des plants de gingembre.

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Le process de production du café est relativement simple : une égreneuse sépare les grains de leur enveloppe, les grains à défaut sont séparés par flottage puis récupérés en second choix.

Le séchage peut être fait à l’air ou en sécheur, puis la balle est mécaniquement séparée du grain, et le café est prêt à être expédié vers les torréfacteurs, qui le grilleront dans des conditions propres à apporter fragrance et arôme selon le goût des clients. Les 6 tonnes de baies initialement cueillies se sont réduites à une tonne de grains de café, qui sera intégralement commercialisée sur place.

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José nous précisera qu’il faut se méfier des cafés trop foncés, signe que l’on aura voulu masquer des défauts par une torréfaction trop poussée. Quant à lui, il est persuadé que le café de Colombie, troisième producteur mondial après le Brésil et le Vietnam est le meilleur du monde !

Nous terminerons la journée par une promenade dans le village, très fréquenté en ce samedi, et en apprécierons l’architecture colorée.

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Nous avons décidé de zapper la ville de Cali, sans grand intérêt. Demain nous prendrons la route de Medellin, ex capitale des narcos, aujourd’hui bien apaisée. Jusqu’à présent, nous n’avons vu aucun signe des troubles sociaux qui agitent la Colombie. Sur une portion de la route, de nombreux détachements militaires étaient en faction, sans arrêter les véhicules. A notre grande surprise, nous eûmes droit à des saluts militaires, le summum étant une escouade de 4 soldats claquant les talons, main au front à notre passage. Peut être que leur colonel roule en command-car ressemblant à notre véhicule…

Pour l’heure il est temps de rentrer, l’orage quotidien s’annonce.

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Le camping est à quelques centaines de mètre du centre du village, heureusement, car on entendra les échos de la java qui y règne jusqu’à tard dans la nuit, comme tous les samedis, partout en Amérique du sud.

Et merci à Philippe pour son travail sur notre itinéraire, via Google map

 

Dimanche 15 décembre  Jour 61   Salento / Medellin

Très belle descente par l’autoroute 29, dite autoroute du café, qui serpente sur les crêtes entre les sommets plantés de caféiers, magnifique paysage, puis rejoint l’autoroute 25, la panaméricaine nord. Et là ça se gâte, elle est en travaux pour doubler les voies tout le long des gorges du rio Cauca. On se cognera donc des passages alternatifs tout l’après-midi. Puis on attaquera la montée avant La Pintada, et ce sera pire : plus de travaux, mais sur cette route à deux voies, nous nous retrouverons dans une file ininterrompue de véhicules, dont des camions qui se croisent difficilement dans les lacets, qui grimpent les côtes à 15km/h et descendent au frein moteur à 30. Les routiers sont corrects cependant et font signe quand on peut doubler, mais on en a rarement la possibilité.

Ici, on le regrette, la circulation des poids lourds n’est pas interdite le dimanche…

On parcourra une cinquantaine de km pare choc contre pare choc, dans l’odeur d’embrayages maltraités dans les montées, et de gaz d échappement, puis le brouillard viendra rendre la conduite plus difficile.

Nous tenterons de bivouaquer dans deux stations-service successives qui nous refouleront, et finirons par échouer, une fois atteinte l’autoroute urbaine, sur une aire de services à 25km du centre-ville. Très bruyante, très fréquentée en ce dimanche soir pour son fast-food géant qui distribue des beignets de poulet à la chaine.

On s’en fout, on est morts de fatigue, on se tanquera devant deux distributeurs de billets,  sûrs que là on ne se fera pas braquer : c’est bien éclairé, et dans le champ des caméras de surveillance.

Km 230  Total 8094

Lundi 16 décembre  Jour 62   Medellin

Nous démarrons tôt, espérant éviter les bouchons du lundi matin. Bonne pioche, la descente, puis l’entrée en ville par la pénétrante sud, qui longe la ligne de métro, seront étonnement fluides et nous arriverons rapidement jusqu’au centre-ville, puis au parque Floresta, petit jardin recommandé sur Ioverlander.

Un chaouch y surveille les stationnements. Je vais le voir, lui propose 10 000 sols, un parking coûtant ici de 12 à 15000 la demi- journée. Il devient aussitôt mon meilleur copain et me brosse les avantages du quartier : magasins, internet à la bibliothèque, métro à deux pas.

Nous ferons une séance internet à la bibliothèque, plus centre social qu’exclusivement bibliothèque publique, au son de la musique rythmant les étirements d’un groupe de « ménagères de 40 ans », pleines de peps.

Fondée en 1576, puis développée sous l’impulsion d’immigrés basques au XVIII° siècle, la ville de Medellin, de très vilaine réputation du temps du père Escobar, partait de loin : les districts périphériques, dépourvus de services publics et où s’étaient concentrées les populations les plus fragiles, souvent chassées du centre par la misère voire par la force étaient aux mains des mafias. Quand l’Etat est déficient, le besoin de protection vous jette dans les bras de ceux qui peuvent vous l’assurer et Medellin était alors tenu par 6 « familles », prospérant grâce au trafic de la cocaïne, au prix d’une féroce guerre pour conserver leurs territoires.

Par ailleurs les FARC, ayant perdu le soutien financier de Moscou après la chute du bloc soviétique, s’étaient tournées vers le racket, les enlèvements et le trafic d’armes, et contrôlaient les hauteurs de la ville.

Ces districts étaient les plus dangereux de cette ville, la plus meurtrière de Colombie, voire de la planète avec 380 assassinats pour 100 000 habitants

Au milieu des années 80, sous l’influence d’un groupe d’experts en planification sociale le gouvernement colombien et la ville entreprirent de reconquérir ces barrios par des investissements lourds dans les infrastructures jusqu’alors absentes, eau, électricité, égouts, par l’apport des services sociaux et éducatifs indispensables, mais surtout en les désenclavant par un réseau complet de transports publics: deux lignes de métro aérien, trois lignes de tramway et 5 lignes de télécabines, toutes interconnectées, d’une étonnante efficacité, qui ont permis l’accès au travail à ceux qui en étaient privés par l’éloignement des bassins d’emploi. Nous serons surpris de voir des couloirs réservés aux bus et aux taxis, agglutinés aux stations de métro et l’alimentant en milliers de piétons se rendant en ville, et des voies réservées aux cyclistes.

Cette révolution de la mobilité passa par des négociations avec les cartels, par le la prise en main par les communautés, souvent ethniques et parfois par des actions « d’autorité », qui accompagnèrent la lutte à mort contre Pablo Escobar, que ses ambitions politiques conduisirent à sa perte, et à son exécution par la police, en 1993.

Nous plongeons dans l’ambiance du centre- ville en descendant à la station « Parque Berio ». Là nous serons saisis par la foule, la musique omniprésente. Sous le métro, le bruit est assourdissant, insupportable.

Sur le parvis, un attroupement de cheveux gris. Nous apprendrons qu’il s’agit de vendeurs de montres. Plus loin, un trio de musiciens entourés d’anciens qui fredonnent les airs avec recueillement, interprètent un répertoire emprunt de nostalgie, aux accents de « saudade » portugaise.

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Nous sommes à deux pas de la plazza Botero, où l’on peut admirer 23 œuvres de l’artiste originaire de Medellin, évaluées à 2 à 3 millions de dollars pièce, quand même…

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Petite promenade ensuite dans le jardin botanique, le pavillon des orchidées étant malheureusement fermé pour la préparation d’une soirée, on pourra cependant y rencontrer quelques iguanes.

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Après un repas à l’ombre, dans la cafet du jardin, nous prendrons la ligne B du métro, jusqu’au terminus de San Javier. A la sortie, nous y serons assaillis par les guides qui se proposent de nous faire visiter la Communa 13, l’un des 16 districts de la ville, celui-ci ayant été créé à flanc de colline par les habitants afro- colombiens quand ils furent chassés du centre- ville.

Il regroupe 260 000 personnes et était devenu l’un des territoires contrôlés par les narcos, les FARC et l’ERC, l’armée révolutionnaire colombienne.

Nous choisirons Steven, prof d’anglais originaire du quartier et guide pendant ses loisirs, pour nous présenter le district. Il nous entrainera sur les marches du raidillon qui mène au barrio, et l’on y aura une vue plongeante sur la ville.

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Le 16 octobre 2002, l’armée entra dans la Communa 13 lors de l’opération Orion : 4 jours de combats avec hélicoptères d’assaut, chars et snipers, qui chasseront les gangs, mais feront 250 victimes civiles. Traumatisme qui reste dans les mémoires mais a cependant permis la rappropriation de la communa par ses habitants, qui en ont assuré la resocialisation par la construction d’écoles, la mise en place de commerces et d’associations, la reconstruction de logements. Cette volonté de projection vers l’avenir, soutenue par les autorités mais néanmoins autonome, est illustrée dans les « graffiti », fresques qui ornent les murs du principal chemin d’accès au barrio et rivalisent sans peine avec celles de Valparaiso.

On apprendra la différence entre un « mural », exécuté à la brosse, et un graffiti, réalisé à la bombe, beaucoup plus couteux et exécuté par des artistes professionnels. Ils ont tous une signification symbolique, relative à l’histoire du barrio. On remarquera la prédominance des visages féminins…Influence de la Pachamama?

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Sur les pentes, les rappeurs expriment leur mal être et leur fierté communautaire, les  break-dancers tournoient, et la gamins disputent leur ballon de foot au « peros », les chiens, qui pullulent.

 

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Km 24  Total 8118

Mardi 17 décembre Jour 62   Medellin / Sante Fe de Anquioca

Visite de la ville avec un guide, ce sera plus une promotion des efforts de la ciudad pour pacifier Medellin qu’une visite touristique. Le financement de ce programme de reconquête nous restera mystérieux. Il aurait été supporté essentiellement par la société d’économie mixte gérant l’ensemble des utilités de l’agglomération, qui aurait trouvé ses ressources grâce aux gigantesques programmes de production hydro électriques réalisés dans la région. Cela nous semble une trop belle histoire, mais, bon, seul le résultat compte.

Nous avons choisi de gagner Cartagena par la côte (zone à éviter d’après les Affaires étrangères, en raison d’une forte présence de narcos et de résidus des FARC, mais ici, on nous dit qu’il n’y a aucun danger), plutôt que par la panam 25, qui file, vers le nord, dans une longue traversée montagneuse.

Nous rencontrons de lourds travaux sur toute la 1° partie de la route : on y double les voies pour en faire une autoroute. De nombreux camions bennes, chargés de terre ou de rochers sont au pas dans les montées, et transforment le flux de véhicules en lente chenille. Très pénible, on a hâte de s’arrêter

Agnès a dégoté une superbe étape : Les Cabanas de Pino, à Santa Fe de Antioqua. Il fait si chaud qu’on passera la nuit dans un des bungalows climatisés et on piquera illico une tête dans la piscine.

N 6,55869°   O 75,83509°   Altitude 1500m   Température 28°

Km 61   Total 8179

Mercredi 18 décembre Jour 68  Santa fe / Rio Grande

Visite de la très charmante ville coloniale, avec, comme à Popayan, un centre historique préservé et une belle architecture de plazza de armas coloniale.

 

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Toujours dans la montagne, nous devrons franchir un col, modeste, à 2100m. La route, la panam 62, qui doit être en temps normal une belle deux voies descendant vers la mer en suivant, à mi- hauteur des reliefs, le cours du rio, est actuellement en travaux, un gigantesque chantier mené par des entreprises chinoises, visant à la doubler en fond de vallée par une nouvelle route.

Cela nécessite de nombreux ouvrages d’art, de gigantesques mouvements de terrains, des centaines de camions et des milliers d’ouvriers colombiens, encadrés par du personnel chinois. Et bien sûr, de nombreuses interruptions de circulation sur près de 200km. Mais très peu de trafic, rien à voir avec la veille.

Pendant la pause déjeuner, un groupe de jeunes métreurs colombiens viendra nous saluer, puis prendra la pose devant notre véhicule pour l’obligatoire selfie, en entrainant leur géomètre chinois. Quand je leur demanderai si leur chinois parle espagnol, l’un d’eux me répondra, en rigolant : »mas o meno »

Puis nous arriverons dans la plaine côtière : terrain plat,  route flambant neuve, et c’est tout droit.

Nous sommes entrés dans une zone de « ganaderias », les domaines où l’on pratique l’élevage extensif des bovins. Elles alternent avec les bananeraies et ce curieux spectacle des régimes empaquetés dans des sacs plastiques.

Bivouac dans une station Terpel, à Rio Grande, peu après la ville d’Apartado.

N 7° 55’ 37.7’’      O 76° 37’ 14.8’’      Altitude 54m   Température 29°

Km 260 Total 8439

Jeudi 19 décembre Jour 69  Rio Grande / Maria la Baja

Nous roulerons toute la journée, route tantôt bonne, tantôt en chantier, à travers d’immenses bananeraies, des plantations de palmistes et parfois des ganaderias. Les villages sont fréquents, et le long de la route, les paillottes sur pilotis nous rappellent celles de la côte équatorienne.

De nombreux postes de police ou de l’armée jalonnent les routes. Les policiers nous regardent passer et les soldats nous saluent. Nous ne serons jamais contrôlés.

A Necocli, en bord de route, la mer.  C’est la caraïbe, nous sommes passés du Pacifique à l’Atlantique en traversant la base de l’isthme de Panama

En début d’après- midi, cela se corsera quand nous retrouverons la panam 25, qui remonte de Medellin : toujours des travaux et en plus, les camions sont là..

Nous ne réussirons pas à atteindre Cartagena, la nuit, et la fatigue, nous ont rattrapés.

Cartagena sera notre point de chute. Nous avions prévu de transférer notre véhicule au Mexique ou en Floride, sans être complètement fixés sur notre prochain périple. Mais les règlementations douanières limitent les durées d’entreposage des véhicules et génèrent de fortes contraintes de gestion de temps en imposant un retour parfois trop précoce.

Et après trois séjours en Amérique du sud, avoir  navigué pendant 5 semaines, visité l’Uruguay, l’Argentine, le Chili, la Bolivie, le sud Brésil, effleuré le Paraguay, parcouru le Perou, l’Equateur et la Colombie, couvert 48000km, roulé pendant 11 mois, nous sommes un peu las et avons décidé d’embarquer le véhicule à Cartagena, direction Bremerhaven.

Nous reprendrons sans doute notre projet de voyage vers les USA et le Canada plus tard, sous une forme à déterminer.

L’embarquement est prévu le 4 janvier, nous devrions le récupérer le 20 en Allemagne, de notre côté nous décollerons le 8 janvier pour Paris.

Mais, d’ici là, fin de séjour cool pour profiter des derniers jours et découvrir la Guajira, la côte caraïbe colombienne, à la frontière du Venezuela.

Bivouac dans une station Terpel, à Maria La Baja, à 70km de Cartagena

Là encore, il fait trop chaud pour dormir dans le véhicule. Le motel voisin nous tend les bras. A 25000 cop la chambre climatisée, soit 7€, pourquoi s’en priver ?

N 9° 59’ 07.6’’      O 75° 16’ 05.2’’      Altitude 20m   Température 28°

Km 430 Total 8869

Bonnes fêtes de Noël à tous…