Les fjords du nord ouest. III
11 juillet Holmavik – Laugarholl
Nous avons décidé, après le rituel bain chaud, face à la mer à Drangnes, (70 habitants, mais des installations remarquablement tenues avec douche obligatoire et l’indispensable panneau de consignes de récurage), décidé donc, de remonter la côte est de la péninsule jusqu’au bout de la route, au nord du nord.
80 km de belle gravel road, avec quelques raidillons caillouteux, en bord de mer.
Les criques sont jonchées de bois flotté, transportés par les vents et les courants depuis la Sibérie.
Les hameaux, une à deux fermes, un port microscopique, une église, s’égrènent le long du trajet. Curieusement, la route est goudronnée sur les 200 m de traversée de chaque village. Les plus importants, comme Krossness, regroupent une vingtaine de maisons, un atelier de conditionnement de poisson, une pompe à essence face à l’épicerie/bureau de poste. Les rayons alimentaires sont dégarnis et on s’interroge sur la façon dont les habitants s’approvisionnent : le plus proche magasin est à plus de 200 km.
A Djupavik subsistent les restes, bien abimés par le climat marin, de ce qui aurait été la plus grande construction béton au monde en 1930 : une usine de préparation de harengs, dont l’activité a cessé en 1954 en raison de disparition de la matière première, surpêchée. Elle abrite aujourd’hui, une salle d’expositions artistiques et vu son état, pour combien de temps ? Fermée, quoique en disent les affiches. Pas très surprenant, vu la fréquentation du quartier.
En bout de route, le « hot spot » que nous recherchions après une longue gravel road est en fait, sur la grève, une piscine hors sol de 3x6m qu’un industrieux local exploite commercialement. Mauvaise humeur : cet endroit pourrait être baptisé Saarnakdur.
Demi tour et bivouac peu avant Laugarholl, en bord de fjord.
N 65° 46’ 16.8’’ O 21° 27’ 56.1’’
197 km6455 km
12 juillet Laugarholl – Vatnsendi
Nous piquons vers le sud, contournons les fjords Steingrimsfjordur, et Hrutafjordur, puis remontons vers le nord pour pénétrer dans la péninsule du Vatnsnes. Celle-ci abrite, en différents lieux, les plus importantes colonies de phoques d’Islande. La gravel road, riche en « nids de poulets » comme disait Sally, notre guide chinoise, longe la côte dans une région aux reliefs adoucis et dont l’élevage semble l’activité essentielle. Partout on rentre les foins et les pastels des films enrobant les balles égayent le paysage, le rose est à la mode cette année. Pas du luxe, vu le temps, car la pluie nous accompagne.
Un peu décevant à Stapar et Illugastadir, seuls quelques phoques sont visibles sur les îlots proches du rivage. A Hvitserkur, par contre, non loin d’une étonnante arche, témoin du recul de la falaise et sous un ciel plombé, une cinquantaine d’individus attendent la marée au bord d’un langue de sable noir avant de repartir en pêche.
Le temps étant pluvieux, nous quittons après Borgavegur la route 711, où toutes les sorties mènent à des fermes et où il est impossible de s’arrêter pour la nuit et recherchons un endroit propice sur l’étroite 717, que nous trouvons après 15km au milieu de nulle part, dans un lieu dit « Vatnsendi ».
N 65° 30’ 33.6’’ O 20° 36’ 23.9’’
261km Total 6716km
13 juillet Vatnsendi – Siglufjordur
5h du matin, il fait beau ! Retour, vite fait, vers le promontoire pour observer à nouveau la colonie de phoques. Il y a maintenant plus de 120 individus qui se prélassent sur cette grève. Il s’agit de « phoques des ports », par opposition aux gros phoques gris beaucoup plus farouches, qui peuplent les îlots du nord islandais mais que l’on ne peut approcher. Si ces derniers atteignent 300 kg, les phoques des ports ne dépassent pas 100 kg, de beaux bébés quand même. Question : pourquoi les phoques gris sont ils polygames partout, sauf en Islande ? Le/la gagnant(e) aura droit a un abonnement gratuit à ce blog.
Selon les indications locales, les populations de phoque en Islande auraient diminué de 90% depuis le début du XX° siècle. Les phoques des ports, plus accessibles, ont été traditionnellement chassés, pour leur peau, leur graisse et leur chair. Ils ne le sont plus, mais sont maintenant victimes de la raréfaction de leurs ressources alimentaires.
La journée a commencé tôt et nous permettra de boucler le tour de la péninsule, avec une halte au port de Hofsos où se trouve un centre, abrité dans trois jolis bâtiments du XIX°, consacré à l’émigration islandaise vers le Canada et les USA (20% de la population au XIX° siècle !!).
Crochet ensuite vers Holar où ne subsiste de la grandeur passée qu’une cathédrale de grès rose, bien modeste, avec cependant un retable en albâtre qui serait le seul vestige du catholicisme anglais. Cette ville abritait en effet l’évêché du nord de l’Islande jusqu’à ce que le roi du Danemark ne décide que son royaume adopterait la religion réformée et ne fasse, en 1520, raccourcir l’évêque, calmant ainsi toute velléité d’opposition. Remarque au passage, cette méthode autocratique semble efficace en Islande : Les chefs de clan vikings avaient décidé au X° siècle d’adopter la religion catholique et le pays s’empressa d’abandonner le culte de Thor et Odin (par exemple ! pour les fans d’Astérix)
Dans le bâtiment moderne situé derrière la cathédrale, trois établissements universitaires (tourisme, aquaculture et équitation) Vu la taille on imagine les effectifs et comme l’indique notre guide, les étudiants ne sont pas distraits par l’environnement ! Nous aurons la chance d’assister à un concours de dressage, qui se limite à 4 tours de piste aux diverses allures, et de découvrir le Tolt : le cheval semble trotter très haut des antérieurs et aller au pas des postérieur, étrange… Pour les amateurs, vidéo au retour.
Belle ferme en tourbe, la plus grande, avec une douzaine de pièces, que l’on ait vue jusqu’à présent.
Arrivée en fin de journée au joli port de Siglufjordur, capitale du hareng, où nous retrouvons Pierre et Isa.
Bivouac sur un parking, à deux pas du Musée du hareng
N 66° 08’ 47.5’’ O 18° 54’ 49.8’’ Température 16°
247km Total 6963



















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