Lundi 8 janvier. Jour 46

Matinée courses : on revient faire le plein d’eau au resto, qui a un robinet extérieur, on achète une carte sim Entel au « Supermercado » et, contrairement à l’Argentine où il faut produire son passeport au vendeur puis charger ensuite la carte dans un kiosque, ici c’est sans aucune formalité, et la carte activée gracieusement par le vendeur de surcroit. Sur le trottoir des particuliers vendent des cerises, des herbes aromatiques et de légumes frais. Nous faisons le plein de radis, fèves, et petits pois, nos premiers depuis des mois.

Cette matinée nous réconcilie avec « Chili Chico »

Nous attaquons la  « Carretera austral » vers le sud, dans un paysage grandiose.

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 Les  80 premiers kms sont éprouvants : route en corniche avec des virages serrés, des raidillons, le tout sur fond de tôle ondulée pourrie de graviers. Des squelettes de véhicules sont là pour nous rappeler qu’il ne faut pas trop se laisser distraire par le paysage, magnifique : la route, en corniche, surplombe le lac « General Carrera ». C’est haut !    

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Heureusement l’état de la piste s’améliore ensuite et ça devient très roulant, le long du rio Baker, rivière aux eaux bleu profond dont le débit de 900m3/s la place en tête au palmarès des cours d’eau chiliens.

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Courte halte à « confluence », où les eaux blanchâtres d’un rio, se mêlent à celles du rio Baker.

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Nous y rencontrerons la famille grenobloise, dont nous avions fait la connaissance  à Torres del Paine : Laurence et Gerald Perdreau, accompagnés de leur fille Lou et d’un de ses amis.

Arrivée à la petite ville de Cochrane, que nous trouvons un peu déprimante et  que nous quitterons rapidement après avoir, difficilement, trouvé la connexion internet gracieusement fournie par le Ministère de l’Intérieur. Nous gagnons le point de bivouac « Eoverlander », à 8km au sud. Pas terrible : 3 familles sont déjà en train de préparer un barbecue, musique à fond. On repart bien vite, et trouvons un sous bois très agréable, légèrement en retrait, à 6km. Nos grenoblois, dans la même quête, s’y poseront un peu plus tard.

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203km  Total 9153.    S 47° 19’ 39.3’’   W 72° 39’ 08.4’’

Mardi 9 janvier. Jour 47

Direction Caleta Tortel, plein sud. Les 50 premiers km, jusqu’à l’embranchement vers « Pasarela Los Nadis » sont pénibles, tôle ondulée à tous les virages qui contrarie, par les violentes vibrations, les ralentissements et  interdit  les relances ; trous peu visibles sous les ombrages de la belle forêt qui borde la piste, graviers qui vous entrainent vers les bas côtés instables. On a quand même le temps de s’arrêter pour admirer les fuchsias et les rhubarbes géantes.

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Bien meilleure piste ensuite et on atteint un gentil 65/70 km/h en survolant les quelques ondulations.

Arrivés à l’embranchement vers Caleta Tortel, dilemme que nous n’avions pas encore tranché. Nous limiterons nous à la visite de Caleta Tortel, ou tenterons nous de pousser jusqu’à Villa O’Higgins, terminus de la Carretera Austral ?

On se donne un temps de réflexion, en testant les premiers km vers le sud. Au 1° virage, nous chargeons un jeune  stoppeur, Thomas, « bag packer » chilien qui retourne à Villa O’Higgins pour retrouver un ami, après avoir conduit un camarade malade à Cochrane. Nous lui précisons que nous ne garantissons pas la destination, susceptibles de faire demi-tour si la route est top mauvaise. Il est confiant et nous indique que le bac qui permet de traverser le rio Bravo (ça n’est pas celui de John Wayne et Dean Martin..) part à midi. La route est effectivement très roulante et nous arrivons à Puerto Yungai à midi pile. Le bac est prêt à partir et un matelot nous fait signe de faire demi tour en vitesse pour monter la rampe en marche arrière, il reste une place. Alea jacta est, on grimpe à bord. Le bac, au nom surprenant pour un navire militaire, puisqu’il est  armé par la marine chilienne, est gratuit, continuité territoriale oblige. 

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 La traversée du rio, très large à cet endroit et encaissé entre deux lignes de crêtes, durant 50 mn, nous déjeunons dans la cellule. Thomas appréciera les fèves, premiers légumes qu’il mange depuis longtemps. Nous l’invitons à chercher un autre véhicule pour la suite, au cas où nous ferions demi- tour. Il trouvera un van qui accepte de le charger, transfère son barda et nous quitte au débarcadère de Rio Bravo. 

La route, entretenue par un scrapper, se révèlera de toute première qualité, avec cependant des nids de poule à surveiller sur la fin, et nous serons à Villa O’Higgins en deux heures (avant Thomas…), et toujours des paysages à se pâmer.

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 Villa O’ Higgins, blotti en bordure d’une vallée glaciaire est tout récent puisque les premiers pionniers sont arrivés dans les années 60.

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En 1972,  le Padre Antonio Ronchi  , prêtre milanais, qui fait l’unanimité dans la région, (serait il canonisable par un pape Argentin ?) est arrivé  pour prendre en charge le ministère de ce qui devaient devenir les paroisses de Cochrane, Caletta Tortel et Villa O’Higgins, (250 km du nord au sud, sans route sur la moitié sud…) Il commença par bâtir une église dans chacun des villages de ces paroisses, puis devint, avec l’aide de fonds charitables italiens, l’architecte du développement dans la région en bâtissant des centres artisanaux, des micro centrales électriques, des adductions d’eau et d’autres infrastructures comme l’embarcadère de Puerto Yungai.

Villa O’Higgins est un village d’un millier d’habitant, sans grands attraits mais qui, à l’opposé d’El Chaltèn, obéit à des règles d’urbanisme évidentes : quadrillage de rues goudronnées, monuments sur la place centrale, aires de jeux pour les enfants (comme d’ailleurs dans chacun des villages d’Argentine et du Chili que nous avons traversé, il doit y avoir des obligations réglementaires..), sans enfants visibles.

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Au kiosque d’information, le jeune employé nous invite à l’accompagner au musée, qui fut la  première église construite ici par le padre, voisine de l’actuelle, sur le même plan. On y visite, à côté de la sacristie, sa chambre. Monacal, dans tous les sens du mot : un bat flanc, une table, une chaise, une patère, un poêle pour toute la bâtisse, murs en croûtes de bois, étanchées par un mortier d’argile. Devait être frais l’hiver….

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On y apprend également que le prêtre avalait régulièrement à pied les 100km séparant Villa O’Higgins de l’embarcadère de Rio Bravo, car la route ne fut ouverte qu’en 1999, deux ans après son décès  à Santiago.

Visite du musée terminée, nous souhaitons nous rendre au bord du Lac O’Higgins. Impossible car les formalités de passage de frontière se font à la sortie sud du village et nous ne souhaitons pas les accomplir pour une virée de 15km.

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 On décide donc de repartir vers le nord mais sommes arrêtés en sortie de village par deux personnes qui nous proposent une ballade en avion sur le glacier. L’un bonimente en français, pendant que la jeune fille nous montre des vues sur sa tablette. Ils nous expliquent qu’il leur reste deux places pour compléter le vol. Ayant pu faire baisser le prix d’un tiers, vu l’heure, ils ne trouveront pas d’autres amateurs, nous n’hésitons pas longtemps : Après tout, on n’a qu’une vie…

Surprise de trouver une piste en dur, très belle, et un pilote est très pédago…

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Ce vol d’une heure dans un Cessna 206 de 6 places sera un enchantement : On prend de l’altitude au dessus du lac O’Higgins, soleil dans le dos, puis on est secoué dans les turbulences au confluent de lacs secondaires.

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 On aperçoit d’abord des glaciers secondaires, encrassés par de récentes éruptions volcaniques.

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 Puis nous atteignons en 10 mn l’immense « Campo de Hielo Sur », champ de glace de plus de 250 km, orienté Nord Sud, qui s’écoule dans le lac O’higgins, en recevant l’apport d’autres glaciers affluents.

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Nous le survolerons à 200m, puis à 20m de la glace, en admirant le liséré des moraines latérales.. 

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Un dernier 360° sur le glacier, et il faut entamer la descente vers le terrain, et immortaliser l’instant.  

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Revenus sur terre, nous déciderons de dormir sur place, en bordure de village. Le propriétaire du terrain nous donne son accord, et la nuit, la circulation est plutôt calme…

213km Total 9366

S 48° 27’ 38.8’’  W 72° 33’ 40.1’’

 Mercredi 10 janvier. Jour 48

Nous partons tôt, car le guide nous indique que le bac ne prend que 4 véhicules, c’était d’ailleurs le cas à l’aller, bien qu’il nous ait semblé qu’on pouvait en loger bien plus. On espère être dans les 4 premiers au bac de 11 heures, sinon il faudra attendre deux heures de plus. 2 véhicules ont déjà quitté le village avant notre départ, et deux pick up nous doublent sur la piste, on est mal..

Nous ne mettrons que 2 heures pour franchir les 100 km, et, divine surprise, nous sommes les troisièmes dans la file qui grossira vite derrière nous. Où sont passés les pick up ? Mystère. On s’est d’ailleurs fait peur pour rien, le bac embarquera finalement 12 véhicules. Ils ont dû remplacer le bac depuis la dernière édition du guide…

Nous filons jusqu’à Caleta Tortel, c’est quasiment tout droit après l’embranchement, mais très caillouteux.

Caleta Tortel est construit à flanc de collines, en bordure d’un détroit alimenté par les eaux opaques d’un glacier, à l’embouchure du rio Baker. Ses habitants actuels, bûcherons faisant commerce du bois de cyprès, ont remplacé les Alakaluf, pêcheurs qui ne se déplaçaient qu’en canoë. Le village ne compte aucune rue, tous les déplacements se faisant via un réseau de passerelles en bois qui le ceinturent, ou irriguent les trois pitons sur lesquelles il est bâti.

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On sent une volonté de développement par l’attribution de fonds publics qui ont permis de construire de nombreux kiosques, bien inutilisés, mais les touristes ne sont pas là.

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Nous apprendrons d’ailleurs que la Carretera  austral, seule route permettant l’approvisionnement, depuis le nord, de la patagonie chilienne, a été coupée mi décembre à Villa Santa Lucia par un éboulement meurtrier ayant détruit le village et tué une trentaine de personnes.

Nous comprenons maintenant pourquoi les magasins sont dégarnis, et les routes en bon état, résultat paradoxal de l’arrêt de la circulation des camions.

Nous quitterons Caletta Tortel en fin d’après midi, pour rouler jusqu’à notre point de bivouac d’il y a deux jours, à 15km de Cochrane

256 km Total 9622

S 47° 19’ 39.3’’ W 72° 39’ 08.4’’

 

Jeudi 11 janvier Jour 49

Matinée logistique à Cochrane. Plaisir de trouver des salades au Supermercado, il y en avait quatre et nous avons raflé la moitié du stock. Elles seront délicieusement croquantes, parfaites avec les  empanadas achetées à la panaderia de la place.

La jeune employée du kiosque d’informations touristique parle un anglais parfait, elle accepte de nous aider à réserver une place dans un ferry pour Chiloe. Mauvaise nouvelle, ils sont pleins jusqu’à fin janvier, autre conséquence de la fermeture de la route.  Nous serons donc obligés, au prix de quelques centaines de km, de contourner le fjord et gagner la presqu’île de Chiloe en remontant par l’Argentine, où nous rentrerons au niveau de Coyhaique.

Pour corser le tout, très mauvaise piste vers le nord, jusqu’à Puerto Tranquillo, mais temps superbe toute la journée.

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Bivouac à quelques km après le début de la piste vers « los exploradores »

Km 148 Total 9770

S 48° 36’ 53.2’’   W 72° 42’ 44.2’’

 

7 commentaires pour “2018 01 13 Carretera Austral Villa O’ Higgins

  1. Claire & Jean COMBELLES le 13 janvier 2018 à 17 h 04 min a posté:

    ??

  2. francois groll le 13 janvier 2018 à 20 h 52 min a posté:

    La mer de glace version andine , ça reconforte : Superbe
    Bises
    Josette et François

  3. michel et emma le 14 janvier 2018 à 11 h 35 min a posté:

    le vol en avion sur le glacier et ‘le liseré des moraines latérales ‘ : bravo !!
    c’est magnifique !
    ici c est l’anniversaire de l’attentat de Charlie hebdo (3 ans déjà le 7 janvier) qui est passe un peu inaperçu …Pauvre Cabu …
    nous pensons bien a vous !
    bises
    michel

  4. Jocelyne et Michel le 14 janvier 2018 à 15 h 03 min a posté:

    Je suis en train d’admirer les superbe paysages. J’ai l’impression d’y être. J’en rêverai cette nuit. Faites le plein d’images et d’odeurs. N’oubliez de rapporter un souvenir de chaque coin: galets, pierres ou plante qui pourrait pousser sur mon balcon.
    Ici nous sommes sous la pluie et le froid, profitez bien du temps doux, nous vous voyons les bras nus …quelle chance!
    Ici tout va bien. A bientôt de vous lire ou de vous entendre.
    Bises.
    Maman

  5. jeannette le 14 janvier 2018 à 22 h 59 min a posté:

    Tous nos voeux de bonne santé à nos deux baroudeurs préférés !
    Les photos sont magnifiques et les textes toujours aussi « succulents » .
    L’esprit d’aventure n’a pas d’âge , et c’est un bonheur pour nous les séniors un peu avachis dans nos fauteuils , de pouvoir partager sans risques vos découvertes .
    En cette fin d’année 2017 nous avons été un peu débordés par la « vague » des petits enfants , mais le reflux aidant , nous pouvons maintenant être plus attentifs à vos récits et sourire devant les images parfois insolites , mais toujours commentées avec beaucoup d’humour.
    On vous embrasse !
    bonne suite dans l’aventure
    jeannette et bernard

  6. Josette & Joël le 17 janvier 2018 à 16 h 09 min a posté:

    Très chers baroudeurs… Vous nous en apprenez en encore sur ces pays que nous avons visités. Photos et commentaires nous replongent dans nos souvenirs et l’on se dit que même si ce fut un voyage « tout en nuances », ce fut quand même un magnifique voyage. Merci de nous permettre de le revivre et de vraiment l’apprécier… après coup !
    Bisous
    Josette et Joël

  7. Jean-François et Corinne le 23 janvier 2018 à 14 h 08 min a posté:

    Bravo les voyageurs pour nous faire partager vos pérégrinations australes. Les paysages sont toujours aussi uniques, à se pâmer, comme vous dites, même si, suis-je le seul ? je n’arrive plus à ouvrir les photos. La virée en altitude ne fait qu’ajouter à la beauté des choses. Heureusement que Trump ne connait pas votre blog, il y trouverait encore une raison pour dire que tant de glace ne peut qu’être synonyme de non réchauffement climatique !
    Bises bretonnes
    JF and Co

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