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Vendredi 15 décembre. Jour 22

Nous poursuivons toujours plein sud sur la route N°3, jusqu’à Rio Gallagos. Ville sans grand intérêt, assez active cependant, difficile de s’y garer. Un commerçant, fort obligeant, nous propose sa cour pendant que nous partons en chasse d’une connexion internet. On essaye deux cafés, qui ont bien la wifi, mais dont l’accès internet ne fonctionne pas, et on laisse tomber, on a du boulot : il faut cuisiner tout ce qui peut l’être, les produits frais étant bloqués à l’entrée au Chili. Nous  laissons le reste à la boutique qui nous a accueillis, et la commerçante nous en remerciera avec effusions… ça ne m’empêchera pas, au prochain apéro, de regretter mon saucisson lâchement abandonné en cours de route.

Pourquoi passer au Chili ? Pour tout ceux qui n’ont pas la carte de la Patagonie en tête, on précisera que, lors de négociations avec le Chili en 1843, la Terre de feu a été comme sectionnée par une frontière Nord/ Sud rectiligne purement artificielle, au niveau de l’entrée atlantique du détroit de Magellan, la partie est, capitale Ushuaia, attribuée à l’Argentine, sans communication terrestre avec le reste du pays, l’ouest étant chilien. Pour atteindre Ushuaia, il faut donc passer la frontière chilienne à Monte Aymond , puis traverser le détroit de Magellan et de nouveau, la frontière.  Bien plus tard, en 1978, et suite à un conflit avec le Chili tranché par référendum, les îles au sud du canal de Beagle lui furent concédées.

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Peu avant la frontière, nous faisons un saut à Laguna Azul, petit lac de volcan avec un double cratère. Nous y retrouverons nos hollandais. Ils comptent y rester, pour consommer toutes leurs réserves. A quoi tiennent les programmes de voyage !

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Alentour, des espèces de fleurs qui nous sont inconnues.

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Nous entamons la « route du bout du monde », et atteignons la frontière.

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Les formalités y sont expédiées en ½ h : dans un même local, 4 guichets, police et douanes pour chaque pays, on passe de l’un à l’autre et  le ticket de suivi s’enrichit d’un coup de tampon à chaque guichet.  Dernière obligation : la visite du véhicule pour  le contrôle sanitaire, expédiée rapidement.

Arrivés au bac, nous sommes chanceux, la queue est courte (pas pour les camions) et le bac arrive très vite.

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Nous embarquons à 17h  pour une traversée de moins de 30 mn, paiement à bord, avec un taux de change très désavantageux lorsqu’on paye en monnaie argentine, mais comme il n’y a pas de banques entre la frontière et le détroit, ils savent ce qu’ils font. Le prix reste cependant raisonnable :35€ pour un camping car. Du bac, accompagnés par des dauphins de Comerson, nous apercevons l’entrée du détroit, côté Atlantique.

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Nous ferons halte pour le plein de carburant à la première bourgade,  Cerro Sombrero, trou intégral mais où pullulent les pick ups des sous traitants de l’exploitation pétrolière. En sortie de station, inattendu, nous serons abordés par un français, surpris d’y trouver notre cellule Touareg. Présentations faites, il s’agit d’un couple breton, les Vicogne, qui voyagent dans une cellule identique, montée sur un pick up Isuzu par les frères Jaillot, quelques semaines avant la nôtre !

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Nous prendrons naturellement l’apéro (un peu maigre, la cambuse est vide) pour partager nos expériences et découvrirons que nous avons eu des démarches parallèles : nous avons, à la même époque, testés nos véhicules en Islande !!

Cerro Sombrero, donc, est un trou, mai possède un petit camping et surtout une bibliothèque équipée d’un serveur fonctionnant en permanence. Garés tout contre, on aura l’accès internet toute la nuit, on blogue, le rêve….

Km 327  Total   5441

S 52° 46’ 27.5’’   W 69° 17’ 13.7’’

Samedi 16 décembre. Jour 23

Traversée bien monotone de  la partie chilienne de la Terre de feu.

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La steppe, qui jusque là présentait un tapis de broussailles persistantes en mélange avec des graminées est maintenant rase, on y voit encore des moutons, quelques guanacos, mais moins fréquemment, et des oies, dans les zones humides.

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Frontière au milieu de nulle part, avec un grand nombre de voitures venant d’Ushuaia. De notre côté, nous sommes seuls. C’est moins bien organisé qu’à l’entrée, les flux entrants et sortants aux mêmes guichets. Il nous faudra  45 mn  côté Chilien, et 15km plus loin, 15mn côté  Argentin.

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Arrivés à  Rio Grande, grande ville plaisante en bord de mer, siège d’une grosse base militaire, avec de nombreux commerces et supermarchés, nous nous réapprovisionnons. La région est devenue un haut lieu de la pêche à la mouche, suite à l’introduction de plusieurs variétés de truites par un américain, dans les années 30, mais nous ne savons pas attraper les mouches….

L’après midi, direction Ushuai. Pas de problème de navigation, c’est tout droit, par la  RN3. Après Punta Maria l’environnement évolue : L’altitude s’élève (raisonnablement, on ne dépasse pas 400m..) et nous rencontrons les premiers arbres après plus de 3000km. Etrange cependant, la proportion d’arbres morts est considérable, de très nombreux sont couverts de barbes de lichen, le tout  prend  un aspect lugubre.

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Nous cherchons l’Estancia Rolito, sur la «  route complémentaire A » et y parvenons après 14km d’une très jolie piste à travers la forêt.

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Petite, elle semble déserte, jusqu’à ce que nous trouvions deux personnes en train de s’activer dans un potager, derrière le bâtiment principal. La charmante propriétaire, dans un excellent français, confirme qu’ils fonctionnent bien comme un gîte, regrette de ne pouvoir nous recevoir pour dîner, la cuisinière étant de repos, mais accepte que nous y passions la nuit. De notre conversation, nous retiendrons que les espèces endémiques, proches du hêtre, ne parviennent pas à s’ancrer dans un sol dont la couche d’humus est peu profonde et sont arrachés par le vent, sans que les lichens ne contribuent à ce phénomène.

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Face à notre étonnement de voir à nouveau des vaches dans les pâturages, elle nous expliquera que, comme la plupart des « estancieros », ils ont dû renoncer à l’élevage des moutons en raison des pertes dues aux chiens errants. A l’entrée de l’estancia, nous remarquerons un panneau invitant à protéger les chiens qui protègent les troupeaux des attaques de chiens. Qui à dit « la vie est ironique ? »

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Belle nuit, 6/13° et vent de folie.

Km 301 Total 5742

S 54° 17’ 3.8’’  W 67° 3’ 17.5’’

Dimanche 17 décembre. Jour 24

A la descente, halte devant un groupe de ces autels qui jalonnent toutes les routes en Argentine. Il s’agit de la manifestation visible de la vénération dont témoignent les argentins pour « Gauchito Gil », jeune déserteur durant la guerre qui opposait, après l’indépendance, les fédéralistes aux constitutionnalistes sur le grave sujet des institutions (fédération de provinces égales ou nation jacobine dirigée de et par Buenos Aires ?) Gauchito Gil, donc, version locale de Robin des bois, rançonnait les riches pour donner aux pauvres. Capturé, son exécution donna lieu à un miracle. (T’as vu, Paulo, il y a des Gil partout. On va t’offrir une panoplie de gaucho pour Noël.)

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Nous atteignons, par une longue piste, le Lago Yehuin. Bel endroit, désert, avec nos premiers sommets enneigés dans le lointain.

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A Tolhuin , nous recroisons les  Vicogne, dans la cafeteria de la station YPF, hâvre des accros d’internet.

Pique nique à Puente Yuco  sur le lac Fagnano, puis  Route 3 par le col  Garibaldi (400m !). Nous nous engageons sur la route 18 le long du canal de Beagle, chargeons une jeune stoppeuse qui s’est faite larguer par son jules au croisement vers Puerto Almenza, (l’infâme salaud), dépassons l’ estancia Harberton, croisons plus loin le jules qui réembarque sa copine. On n’aura pas tout compris, mais conclu : l’Argentin n’est pas qu’un danseur de tango, il a aussi le sang chaud…

Le canal de Beagle est somptueux. Bivouac à 10km de l’estancia Moat, en bord de piste.

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S 54° 56’ 29.2’’   W 66° 52’ 59.4’’

Lever du soleil 4h43.  Coucher 22h03  5°/14°

287km Total 6029

  Lundi 18 décembre. Jour 25

De bon matin, le canal de Beagle est toujours aussi somptueux.

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Nous avons décidé d’aller jusqu’au bout du bout : l’estancia Moat est située sur le rio Moat, qu’on franchit par un pont rustique, à la fin de la route provinciale « i » et du canal de Beagle, sur l’Antarctique.

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En fait d‘estancia Moat, il ne subsiste qu’une maisonnette  portant la mention « Estancia Santa Clara. 1914 », quelques chevaux et, sur la pointe, une station météo. Nous y pénétrons et le jeune gardien, ravi de la visite, (il doit en avoir 3 par an), nous accueille chaleureusement et nous présente son compagnon de pause café, sans doute le propriétaire de l’estancia, célèbre pour avoir sauvé des naufragés au prix d’une course à cheval de 3 jours.

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Il nous commentera ensuite le panorama au sud, l’île « Picton », et sa forme d’homme couché, et les petites  iles « Nueva » et Lennox, toutes trois rendues au Chili en 78. Au-delà, les îles du Parc National du Cap Horn. Plein est, le long de la côte, le phare de la Punta Falsa.

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Heureux d’avoir égayé leur journée, nous rebroussons chemin jusqu’à l’estancia Harberton.

 

Indépendant depuis 1816, et sous la coupe de caudillos pendant presque tout le XIX° siècle, l’Argentine s’engagea à partir de 1879 dans la « Conquista del desierto », campagne militaire visant à nettoyer les frontières de la partie colonisée du pays. Dans ce cadre elle envoya en 1884 une frégate en Terre de feu pour reconnaitre les rives du Canal de Beagle. Son équipage aura la surprise d’y découvrir une mission, dirigée par un pasteur anglais, Thomas Bridge, tête de pont de l’expansionnisme britannique. Celui-ci, orphelin adopté par des missionnaires, avait grandi aux îles Malouines où il apprit la langue Yamana. Suffisamment convaincant, lors de séjours en Angleterre,  pour rassembler les fonds nécessaires à l’établissement d’une mission en Terre de feu, il parvint ensuite, avec sa famille, a évangéliser en 15 ans un millier de membres de l’ethnie Yamana, auprès desquels il sut établir un climat de confiance et d’échanges, lui permettant, entre autres, de compiler un dictionnaire de 32 000 mots Yamana, unique en son genre.

Bref apparté : la Terre de feu était peuplée au XIX° siècle  de 4 ethnies réparties en petits groupes familiaux, vivant dans des conditions pré « âge de fer », de la pêche de coquillages et de la chasse aux phoques et pingouins pour les uns, de l’élevage de guanacos pour les autres, plus au nord. Les yamanas vivaient dans la partie sud est, dénués de tout mais non sans une riche cosmogonie, quoiqu’en ait jugé Darwin, qui participa à une expédition sur le canal de Beagles et les qualifiait de « sous hommes sans spiritualité »…

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En témoignage de reconnaissance pour son action, et souhaitant sans doute l’éloigner d’Ushuaia, dont la construction sera entreprise à cet endroit afin d’établir l’autorité sur la région, le gouvernement offrit à Thomas Bridges de s’installer sur un autre lieu, à sa convenance. Il choisira ce qui deviendra l’estancia Harberton, du nom du village natal de son épouse : 20 000 hectares, 75 km à l’est, sur la rive nord du canal de Beagle.

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La famille Bridges, y construira sa maison, importée d’Angleterre.

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Elle développera une exploitation moderne, spécialisée dans l’élevage de moutons et le bucheronnage, qui occupera une cinquantaine de personnes et fonctionnera jusque dans les années 2000.

Complètement autonome du fait de l’isolement, elle aura  ses propres moyens de navigation pour assurer l’approvisionnement et l’expédition des produits, ainsi que la transhumance vers les pâturages d’été dans les iles de l’archipel. Désenclavée depuis 1978 et la construction de la route « i », elle est aujourd’hui entièrement tournée vers le tourisme. On y visite l’exploitation, dont le bâtiment où s’effectuait, en série, la tonte des moutons, et le parc, la maison restant réservée aux propriétaires, descendants des fondateurs.

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Thomas Bridges, lui, mort en 1898, aura sans doute eu la douleur de constater les effets concrets de la « Conquista del desierto » : l’extermination des populations indigènes, obstacles à la colonisation, par l’armée argentine. Ils seront remplacés par des colons bien plus sympathiques : les bagnards, qui construisirent la ville.

Petit saut à Puerto Almenza, qui a dû connaitre de meilleurs jours grâce à la pêche des crabes royaux, complètement éteint et misérable aujourd’hui : les pancartes mettant en garde contre la  Maria Roja, une algue toxique, en sont elles l’explication ?

Et enfin, Ushuaia la mythique.

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Bivouac à côté de la patinoire. S 54° 48’ 51.0’’   W 68° 19’ 14.0’’

Km 160 Total 7902

Soleil 4h41 / 22h08      9°/15° 

Mardi 19 décembre. Jour 26

Ushuaia, se veut la ville du bout du monde. C’est inexact, car c’est en réalité l’apanage de Puerto Williams, sur la rive sud du canal de Beagles, un gros casernement autour d’une base navale chilienne.

Rendue célèbre en France par Nicolas Hulot, Ushuaia est devenu un passage obligé pour la jet set, mais aussi pour les routards du monde entier. Elle y a gagné la prospérité économique grâce à une forte activité commerciale tournée vers l’ « outdoor » et la montagne, qui font ressembler l’artère principale, la rue San Martin, à ses cousines des stations alpines (salaisons et fromages en moins..) et on y trouve même un « Hard Rock Café » et des promeneurs de chiens, comme à la capitale.

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Son attrait est  unique puisque des bateaux de croisières (même des français…) mouillent dans le port de cette station de treks, à deux doigts de l’Antarctique. Elle y a perdu son charme originel, défigurée, sur le front de mer par le casino, vilain bâtiment de béton face au ponton du part de plaisance.

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Elle a néanmoins conservé quelques maisons qui permettent d’imaginer ce qu’était Ushuaia avant Nicolas H.

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Et le remorqueur, échoué dans le port depuis 1954, reste le symbole le plus connu de la ville, surveillé par les goélands.

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Notre journée sera utilitaire : courses, laverie, cartes postales, internet, la routine quoi….On aura quand même le temps de faire un tour en ville et de visiter le musée maritime. Ce musée, qui rassemble au sein d’une base navale  plusieurs musées thématiques, est géré par une association à qui l’état, trop heureux, a concédé l’exploitation de l’ancienne prison. Ushuaia a en effet accueilli trois établissements pénitentiaires, prison « ordinaire », récidivistes, et bagne militaire. Ce dernier, établi dans l’ile des Etats, a été transféré en 1902 vers Ushuaia pour raisons « humanitaires », on en imagine les conditions effroyables…

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Regroupés dans cet établissement, les bagnards construisirent leur prison ( sans clôture, où auraient ils pu aller?), puis la ville, et en assurèrent l’alimentation en bois de chauffage jusqu’en 1947, date de la fermeture du bagne. Une aile a été conservée « dans son jus », comme disent les agents immobiliers qui veulent vous vendre une ruine, les autres abritent des expositions dont une, passionnante, de maquettes des navires qui explorèrent la région et l’Antarctique.

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Les bagnards étaient transportés jusqu’aux coupes de bois par un petit train à voie étroite, qui fonctionne encore pour les touristes, et les conduit au coeur du Parque Nacional Tierra del Fuego.

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Bivouac à la gare du petit train

S 54° 49’ 54.3’’   W 68° 25’ 26.5’’’

Km 37 Total 7939

Soleil 4h39 / 22h09      12°/18°

Mercredi 20 décembre. Jour 27

Visite du Parc. Matinée scrabble, il tombe des cordes. Nous braverons les intempéries l’après midi, pour suivre le sentier « Hito XIV » le long du lac Acigami (ex Roca) . Très belle ballade de 3h dans une superbe forêt, qui se terminera à la balise , bien symbolique, marquant la coupure artificielle Nord/Sud avec le Chili .

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Et les vues sur le lac, à deux heures d’intervalle, montreront combine le temps change rapidement en Terre de Feu!

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Nous nous rendons jusqu’à Bahia Lapataia, à l’extrême ouest du parc. Au passage, nous constaterons les dégats causés par les castors : 25 couples ont été importés du Canada en 1946 dans l’intention de développer une activité pelletière. Sans prédateurs, ils se sont multipliés et ont colonisé toute la Terre de feu, ravageant le lit des rios, les espèces de faux hêtres présents dans la région ne supportant ni les coups de dents des rongeurs, ni l’immersion de leurs racines dans les retenues d’eau derrière les barrages créés par les castors. Et, ironie toujours, la qualité de la peau des castors de la région les rend impropres à l’industrie de la fourrure, qui est par ailleurs bien mal en point.

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A Bahia Lapataia, fin de la route N°3 (Buenos Aires : 3079km), belle vue sur la baie et, dans le lointain, les iles du Canal de Beagle.

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Bivouac au camping de laguna Verde, avec les oies.

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S 54° 50’ 44.0’’   W 68°34’ 47.8’’

Soleil 4h37 /22h11

Km 20 Total 7959

Ce message est expédié de Ushuaia, que nous quitterons demain.

JOYEUX NOEL A TOUS
Agnès & Patrice

 

 

 

Depuis El Calafate, aux portes du parc National des Glaciers, en Argentine, nous vous adressons nos meilleurs vœux pour une excellente année 2018

Agnès et Patrice

  Jeudi 21 décembre. Jour 28

Dès le matin, belle ballade de 3 heures dans le parc, sur le Sendero costero.

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Il part d’une crique où se trouve le bureau de poste le plus austral du monde (fermé, c’est l’avant saison)

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Nous y observerons les effets de champignons, ressemblant à des vesses de loup et dont les spores provoquent d’énormes kystes sur les branches des faux hêtres, espèce quasi unique de cette superbe forêt.

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Nombreux oiseaux, au bord, et sur l’eau, qui n’attendent que le photographe…

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Et de belles espèces d’arbustes.

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Halte au Rio Pipo avant de quitter le parc pour quelques emplettes en centre ville, puis  nous regagnons notre bivouac, à la patinoire, l’endroit étant relativement abrité du vent, le réseau internet de la ville accessible, et, là aussi, relativement, stable.

Km 29 Total 5988

Soleil 4h46 / 22h11    9°/17°

Vendredi 22 décembre. Jour 29

2h30 de randonnée jusqu’au glacier Martial et son dénivelé de 500m qui nous laissera quelques courbatures.

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Le glacier est banal, seule la vue sur Ushuaia et le canal de Beagle  vaut le coup.

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Nous quittons l’agglomération, constatons de nouveau les dégâts causés par les castors et dépassons Tolhuin pour retourner à l’estancia Rolito, dans l’espoir qu’ils puissent nous recevoir : aucun contact téléphonique ou mail n’a en effet été possible, et l’office de tourisme incapable de nous assister, Google à ses limites. Nous tentons le coup..

Sur place, nous rencontrerons la famille, parents et frère, de la jeune femme qui nous avait reçus lors de notre précédent passage. Accueil très chaleureux, ils parlent un français parfait, et tournée de maté, tout le monde suce le même embout pour aspirer le breuvage, pas si amer qu’on l’aurait craint. Bonne nouvelle, il reste une chambre de libre pour le lendemain. Avant de nous rendre au bord du lac Fagnano, nous chercherons la panaderia qui, selon nos guides, vend les meilleurs gâteaux de la région. Très courue en effet, elle nous décevra beaucoup pour les gâteaux, mais les empenadas sauveront l’honneur.

Bivouac venteux sur la plage du lac Fagnano

S54° 31’ 42.8’’   W 67° 13’ 51.7’’

Km229 Total 6217

Samedi 23 décembre Jour 30

Nous gagnons Tolhuin et son hot spot internet à la station YPF. Compréhensive, la serveuse acceptera de baisser le son de la télé pour nous permettre deux petites vidéo conf. avec la famille Blanc/ Léo qui fête Noël avec un jour d’avance, chez Michel et Jo, à Montpellier, puis avec Eulalie et Thomas, à Bordeaux. Les écrans de smartphones sont bien petits, mais nous aurons le plaisir de voir, et d’entendre tout le monde, les plus jeunes n’étant pas les moins expressifs.

Etant attendus à Rolito dans l’après midi, nous pousserons, par 50 km de gravel road (ici appelé ripio) le long de la côte, jusqu’à  Cabo San pablo. Nous n’y trouverons que quelques cabanes de pêcheur, l’épave du Desdemonia, échoué là depuis une vingtaine d’années et une volée d’Ostreos negros, qui, comme leur nom l’indique, se nourrissent de coquillages.

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Nous aurons la surprise, sur la plage, de retrouver les mêmes résidences, en ruine, qu’au bord du lac Yehuin.

Nous apprendrons, à Rolito, qu’il s’agissait d’un projet gouvernemental de dynamisation de la région par le tourisme, qui n’avait pas vraiment tenu compte des conditions météos hivernales et des problèmes d’approvisionnement en fuel : faute de combustible, les installations sanitaires ont gelé, condamnant les bâtiments à l’abandon, puis au pillage.

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A l’ Estancia Rolito, Pepe Gonzales et sa femme Ana Luna, nous réservent le même accueil chaleureux que la veille.    A peine arrivés, Pepe nous embarque pour une ballade en forêt. Son engin, qu’il a assemblé lui-même, est unique : châssis et moteur Land Rover, boite de camion Bedford, carrosserie Jeep et suspensions home made.

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Comme il n’y a que trois places, et qu’un jeune couple français s’est joint à nous, Pepe m’emmène dans une remise où sont garés 4 quads. Ils servent à l’exploitation pour transporter du matériel, mais les chevaux restent irremplaçables. Il nous en  confie un, celui de Ana, après de brèves explications. N’ayant jamais piloté de quad, je serai surpris par la direction, assistée et très directe, et par l’accélérateur à levier, brutal. Nous traverserons la piste  4 ou 5 fois en zig zag, à manquer de peu les clôtures, jusqu’à ce que je comprenne les principes de conduite et que nous puissions suivre la jeep, puis la précéder, tout fiérots.. Je dois par contre encore avoir des bleus sur mes poignées d’amour, là ou Agnès s’est cramponnée bien fort, au démarrage…

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Ballade extraordinaire sur les pistes de cette estancia, dans la forêt, jusqu’à atteindre les pâtures où  grandissent les génisses.. On n’aura pas tout exploré, l’estancia , (une petite, 17 000 hectares seulement, les plus grosses atteignent 160 000…), compte 400 km de clôtures et 500km de pistes…

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De retour, la  fille de Pepe et Anna nous fera visiter le hangar où se pratique la tonte des moutons.

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Se pratiquait, plutôt, car  l’estancia ne possède plus que 150 moutons. Les carnages provoqués par les chiens errants, impossibles à éliminer dans cet environnement vallonné et boisé,  et malgré les talents de tireur d’élite  d’ Anna (Pepe dixit), provoquaient la perte d’un millier de bêtes par an sur un troupeau de 8000 ovins. Pepe, chirurgien reconverti en estanciero suite à un accident de moto, eut la tentation de vendre et de se réinstaller en Uruguay. Ana, descendante de la famille fondatrice, sut le convaincre d’y renoncer et ils engagèrent dans les années 2000  la reconversion en élevage de bovins de race Herreford. Leur troupeau compte aujourd’hui 800 têtes, ce qui leur imposa de vendre 7000 ha de bois et d’acheter 5000 ha de prairies, les vaches étant moins rustiques que les moutons. C’est aussi un élevage moins rentable, imposant des clôtures plus résistantes, d’un entretien couteux, et nécessitant d’importer à grand frais un complément de fourrage pour l’hiver depuis le nord de l’Argentine, les vaches étant incapables, contrairement aux moutons, de trouver leur nourriture sous la neige. Il occupe Pepe, Anna et leurs deux enfants, ainsi que deux ouvriers agricoles, nombre fort réduit  aujourd’hui, si l’on en juge par le nombre d’habitations visibles sur l’estancia.

Leur fille, vétérinaire, qui élève et prépare par ailleurs des chiens de berger, forme le projet de reprendre une petite activité ovine avec 500 têtes, ce qui ravit ses parents, manifestement génétiquement et affectivement liés aux moutons….

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Nous serons neuf à la table du dîner, un couple allemand étant également de la partie, en plus de nos jeunes français, et nous pourrons, autour d’un gigot  servi à volonté, comprendre un peu mieux le mode de vie de ces éleveurs à la ténacité admirable, dans un environnement aussi rude l’hiver, venteux l’été et dont la culture, la curiosité d’esprit et l’humanité, en font des hôtes exceptionnels.

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Nous abandonnons le véhicule pour la nuit, et redécouvrons le plaisir d’une vraie chambre.

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S 54° 17’ 3.8’’  W 67° 03’ 17.5’’

Dimanche 24 décembre Jour 31

Après un agréable petit déjeuner en compagnie d’Ana nous quittons les lieux en ne manquant pas de les recommander à ceux qui auraient eu le goût de lire ces notes et décidé de venir jusqu’ici : Estancia « Rolito » -  Rio Grande –Thorne 345 (9420) Tierra del Fuego.

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Compte tenu de l’isolement, sans accès internet et avec un téléphone peu fiable, la famille ne récupère ses messages à Tolhuin qu’une fois par semaine. (rolitodf@hotmail.com , tel. 02901492007)

Halte à Rio Grande, nouvelle video conf de Noël dans une station YPF puis direction San Sebastian. Très peu de monde sur la route ni à la frontière, où nous sommes à 13h. Passage rapide à l’immigration et la douane, plus long au contrôle sanitaire : la préposée est souriante, mais vigilante, elle fouille tout, et nous saisira des pois chiches et des pois cassés : même secs, ce sont des graines, prohibido.  On apprendra qu’il vaut mieux répondre « Oui » sur la déclaration d’importation de produits interdits, et ne pas en avoir, que de faire l’inverse,  et se faire piquer. Dans ce cas, il faut en effet retourner au guichet, récupérer la déclaration initiale et attendre que le préposé ait coché la bonne case puis détruit les produits par aspersion d’une solution ad hoc, avant de  pouvoir repartir vers le nord.

Dès la « Punta Maria » franchie, le long de la côte, nous avons retrouvé le paysage typique de la pampa patagonienne, steppe infinie et milliers de moutons.

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Ensuite belle piste Y71 le long de la côte, plein ouest, qui longe la  Bahia Inutil (curieux nom) jusqu’à la pingouinerie de Pinguins Reys.

Dans ce coin désolé, cas unique en Amérique du Sud, s’est réinstallée il y a une dizaine d’années, une petite colonie de 100 ’individus de Pinguins Rey, (pingouin roi) dont l’allure et la taille sont voisins de celles des pingouins « Empereur » popularisés par le film « La marche de l’Empereur » On peut les observer derrière une palissade, ainsi que pratiqué dans certains parcs, comme au Marquenterre.

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Nous filons ensuite jusqu’à Porvenir, 130km de Ripio, en  nous réjouissant à l’idée d’un dîner de poissons dans ce petit port de pêche où ont également lieu les embarquements pour Punta Arenas.

Sur la piste, nous assistons à la poursuite d’un mouton échappé. L’animal, serré par le chien s’effondrera sur place si brutalement que nous l’avons cru mort, il était seulement vaincu.

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Les pattes rapidement liées, le gaucho le hissera sur son cheval pour le ramener au troupeau.

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La région, qui semble désolée, possède en fait une riche faune, qui se laisse facilement découvrir, à ceux qui se lèvent tôt.

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Peu avant Porvenir, plages de gravier où les pêcheurs hissent leurs embarcations à l’aide de cabestans, selon une technique séculaire, ça nous encourage dans notre projet de réveillon « coquillages et crustacés ».

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Sur place, enfin, nous n’aurons pas l’enthousiasme de nos guides qui la décrivent comme une petite ville pleine de caractère : l’endroit est tristounet et semble mort.Est-ce la préparation du réveillon ?

Le particularisme de Porvenir tient à sa population : la région a été peuplée à la fin de XIX° siècle par des immigrants européens, notamment croates, et des chiliens originaires de l’île de Chiloe, attirés par l’épopée de la laine. Les noms des rues et des magasins ont des consonances qui en rappellent l’origine …Le restaurant le plus réputé, le « Club Croatia », en ce soir de Noël, est fermé. Nous sillonnerons toutes les rues en faisant halte à chaque restaurant (ça sera vite fait..) avec, quand quelqu’un se manifeste, toujours la même réponse : « cerrado ».

Nous nous résolvons à suivre la côte pour bivouaquer au pied du phare et nous préparer un petit repas festif, pour ce réveillon de Noël. Vu la maigreur de nos ressources en raison des restrictions  sanitaires, ça demandera un peu de créativité.

Nous débuterons  par un « Consommé de volaille façon Tierra del fuego ».. Suivez bien, la recette nécessite attention et rigueur : Décortiquez soigneusement un cube de bouillon, réservez. Préparez une poignée de vermicelles, réservez. Pendant ce temps, portez à ébullition un litre d’eau, d’origine locale, ce point est déterminant pour la réussite de la recette.  Y plonger le cube de bouillon. A complète dissolution, ajouter le vermicelle en pluie tout en fouettant le tout. Maintenir à légère ébullition 3mn, servez chaud.

Nous aurons au préalable débouché notre bouteille de Champagne, (le singulier est de rigueur, elle est unique) : Damien- Buffet, Blanc de Noirs pour les connaisseurs, avec quelques crackers. Elle accompagnera tout le repas (soyons fous !!!). Cela ira très bien avec les gambas, congelées à Rawson, qui seront sautées à l’huile d’olive et relevées d’ail et persil lyophilisés, épices ayant  échappé à l’inquisition sanitaire.

Au dessert, alfajores étouffe chrétiens de Tolhuin, on n’est pas mécontents d’en finir avec eux, et, pour terminer une lampée du whisky hors d’âge que nous avaient offert Laurence et Patrick, nous en avions en réserve une flasque de poche pour fêter les grands évènements. C’est bien le cas.

Nous dormirons très bien.

S 53° 18’ 50.6’’  W 70° 27’ 28.0’’

Km 390  Total 6736

Lundi 25 décembre. Jour 32

Nous chercherons en vain les rochers en forme de cygnes, sensés peupler la lagune, à quelques km de Porvenir. Impossible de s’en rapprocher.

Attente ensuite du ferry pour Punta Arenas, et quitter la Terre de Feu, une île, rappelons le. Nous avions réservé par internet via  smartphone, (et ça avait fonctionné, à notre grande surprise) Réservation bien inutile, le ferry est à moitié vide pour cette traversée de trois heures, le détroit de Magellan étant le plus large dans cette région.

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A noter cependant : une douzaine de bikers allemands chenus, et apparemment courbatus après des km de ripio, dont la vitalité pour entreprendre une expédition de ce type nous stupéfie. Elle nous impressionne autant que celle de ce jeune couple à vélo, tirant remorque porte bébé et accompagné d’un chien, que nous dépassâmes sur une route de Patagonie, au milieu de nulle part, pédalant face au vent.

Tant que l’on croisera des individus aussi fous, et aussi déterminés, on ne désespérera pas de l’espèce humaine, malgré Donald Trump…

Deux heures de traversée, la ferry à fond plat roule fortement, et nous voilà rendus à Punta Arenas. Plein de gazole, 20% moins cher qu’en Argentine, retrait de cash sans difficulté, là aussi ça nous change.

Petite ballade dans l’agréable centre ville, avec sa place Mùnoz Gamero aux cyprès centenaires, entourée de bâtiments cossus, demeures somptueuses des barons de la laine, immigrants enrichis à la fin du XIX°. L’un d’entre eux se verra attribuer par le gouvernement un territoire d’un million d’hectares !

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Pour une fois nous serons au bivouac avant 17h, dans le parc Maria Behety, du nom d’une héritière d’un empire lainier.

Malgré un vent frais, le soleil est brûlant, il faut se méfier des UV, phénomène déjà rencontré en Islande : « Au printemps, la conjonction des températures très froides et  du retour du soleil dans les régions polaires entraine la destruction rapide de l’ozone stratosphérique par les CFC et la formation du « trou dans la couche d’ozone ». Avec l’été, les températures grimpent et l’ozone se reforme, jusqu’au printemps suivant ». (guide Lonely Planet)

S 53° 18’ 50.6’’   W70° 27’ 28.0’’

30km Total 6766

 

 

Mardi 26 décembre. Jour 33

Punta Arenas, 8h. Cambuse vide, nous nous contenterons d’un café au lever avant de trouver, avantage de la grande ville, un café, où prendre notre petit déjeuner. Bistrot sympa, chocolat parfait, toasts à point et internet en prime, ça nous met d’attaque pour les courses. Dans la zone franche, les rayons des super marchés sont dégarnis après le rush de Noël, mais les prix n’ont pas encore été réajustés après les promotions pour le réveillon. Nous y ferons le plein de biscuits Destrooper et de chocolat Lindt, fabriqué en France (un peu de patriotisme économique à bon compte..) Au Mercado, près du môle d’amarrage des navires de croisière, beaucoup de stands fermés mais nous trouverons quand même du saumon, du congre et des ceviche variés, qui nous rappelleront ceux que nous avions dégusté avec nos filles à Playa del Carmen il y a quelques années.

Nous prenons la route N°9 vers le nord, en direction du parc national Torres del Paine. Beaucoup de vent du nord tout le long de la route, et petite averse en arrivant à Puerto Natales, étape obligée sur les rives du seno Ultima Esperanza (Dernier espoir…)

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Le nom du lac permet d’imaginer les conditions qui y régnaient, jusqu’à ce que cette petite ville devienne un point de départ de randonnées et d’activités outdoor, et mérite le surnom de « Mecque du Goretex »  

Dans le supermarché, ça parle toutes les langues. L’atmosphère de cette petite ville est sympa mais dès qu’on est sorti des 3 artères commerçantes, on retrouve ses rues d’origine. 

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Bivouac à une trentaine de km à l’écart de la route de Torres del Paine, au bord de Laguna Sofia, dans un très beau paysage. (copyright JB&JB)

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310km Total 7076

S 51° 32’ 25.5’’  W 72° 35’ 44.0’’

Temp 8°/14°

Mercredi 27 décembre. Jour 34

Temps très doux dès le matin. La route après Cerro Castillo, bourg qui se limite à 5 maisons à un carrefour, est en  mauvais état. Le point positif est que l’on fait des travaux d’entretien, le point négatif est qu’on se tape les travaux, et une déviation, qui nous fait rentrer au parc par l’est, à la Porteria laguna Amarga, et non par le sud, après avoir longé le lac Sarmiento.

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Ce parc, ancienne estancia de 180 000ha,  englobe un chapelet de lacs glaciaires qui parsèment un massif montagneux traversé par le rio Paine. Il est réputé comme le plus beau d’Amérique du Sud. Accueil sympa par une  jeune ranger qui nous commente les consignes de sécurité, nous les fait signer et nous indique les campements autorisés. L’entrée du parc est à 29€, on peut y rester jusqu’à 5 jours  Elle nous confirme les deux options pour se rendre au glacier, s’excuse du prix, la compagnie de navigation est privée : le gros catamaran et sa croisière de 3h sur le Lago Grey (105€ par personne), ou la rando, qui nécessite quand même une traversée du lac dans un petit cata, pas donné non plus, 29€ l’A/R. Seule faiblesse de la Conaf l’organisme qui gère les parcs nationaux : pas de carte disponible à la Porteria, on a bien fait de la prendre à l’office de tourisme de Puerto Natales. Les routes, toutes de ripio, sont de qualité moyennes  avec de fort passages de tôle ondulée, malgré le va et vient des scrappers qui les rafraichissent en continu.

Elles serpentent à flanc de colline entre les lacs et dévoilent des vues magnifiques sur  les fameuses Torres, qui donnent leur nom au parc.

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Déjeuner à Zona Pudeto, point de départ du petit cata et bivouac autorisé. Le très fort vent nous fait renoncer à ballade sur place.  Nous reprenons la route vers le centre d’info du lago Grey, siège de l’administration du parc. Le  tronçon entre l’entrée principale et le centre d’info est en très mauvais état, sans doute trop fréquenté.

Après avoir franchi le rio sur un pont de singes, ballade facile de 5km A/R, sur une plage de graviers jusqu’au départ du cata  de croisière, mais le vent à hurler et quelques grains gâchent un peu le plaisir.

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Sur la route du  retour vers Zona Pudeto, petite grimpette vers le Mirador del Torro et vue sur le lac du même nom.

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Bivouac à Zona Pudeto. Un pick up avec trois jeunes suisses s’installe à côté de nous. Ils ne parviendront pas à monter leur auvent. Quant à allumer un camping gaz en extérieur, il ne faut pas y compter. !!! On cuisinera leurs nouilles, (sur la route, la pasta est la providence du voyageur)  et nous partagerons une lampée de rhum, pour les réconforter.

 Km 192 Total 7268

S 51° 03’ 41.0’’   W 72° 59’ 27.2’’

Jeudi 28 décembre . Jour 35

Le catamaran de 9h est bourré, les premiers se précipitent sur la passerelle pour bénéficier de la vue. 35 mn de traversée pour arriver au  Refuge Paine Grande, belle réalisation qui tient plus du centre de vacances que du refuge. Son camping est complet et des dizaines de randonneurs, après avoir été briefés par des rangers très vigilants, entament le circuit qui, en 3 à 5 jours, leur permettra d’effectuer le tour du massif. Nous nous contenterons de la première étape vers le  refuge Lago Grey puis vers le mirador du même nom, à 12km quand même, en grimpant le long du lac.

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 Très vite, on voit apparaitre les premiers grollers, puis, au loin, le glacier, fendu en deux à son exutoire par un mamelon.

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 4h de montée. Le glacier n’est qu’à 250 m d’altitude mais le dénivelé cumulé sera de 500m. Nous ne ferons  qu’une très courte halte au mirador, car le glacier est un peu humide….

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Ensuite 3h de descente rapide, sous la pluie et les rafales,  (il ne faut pas trainer pour attraper le dernier catamaran de 18h35), nous amèneront trempés, transis et sur les rotules au refuge Paine Grande. Là les chocolats chauds nous redonneront un peu de couleur. Au retour, sur le lac, vu les conditions météo, aucun volontaire pour profiter de la vue sur la passerelle du catamaran…

Deux priorités en regagnant la cellule : Un grog et étendre les vêtements pour les sécher. Quant aux brodequins, ils égoutteront dans la douche..

Bivouac inchangé

Vendredi 29 décembre. jour 36

Vent de folie et pluie toute la nuit, nous avons été secoués comme dans un shaker. Au matin, ciel bouché. Il n’y aura pas débat et la décision fut vite prise : on reste sous la couette.  L’après midi, il faut quand même bouger et nous entamons une randonnée dans le vent pour aller jusqu’à Mirador Cuernos. Passée la cascade, on décide de faire demi-tour au niveau du col, car le brouillard masque tout au-delà, nos pieds sont déjà mouillés et nous n’avons pas 50 paires de chaussures. Nous aurons quand même eu le temps de constater les ravages causés par l’incendie qui dévasta une grande partie du parc il y a quelques années, suite à l’inconscience d’un visiteur ,et qui justifient la vigilance constante manifestée par les rangers.

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 On se rabat sur une ballade en voiture jusqu’à Laguna Azul, via la Porteria Laguna Amarga. Le temps se dégage rapidement et nous permet une halte face aux cascades du rio Paine.

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 Dans cette partie du parc, de très nombreuses hardes de guanacos, par centaines.

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Les plus jeunes font des courses éperdues, en cercle autour de la harde, par groupes de 3 ou 4. 

Le refuge de Laguna Azul, très isolé, est désert car le camping y est maintenant interdit. Dommage car l’endroit est magnifique et l’accueil par le ranger de garde, toujours aussi surprenant d’amabilité.

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Retour pour le bivouac auprès du pont de bois, Porteria Laguna Amarga, pour assister aux bouderies des oies Caucen « comun ». Les mâles, blancs, s’affrontent, (j’ai loupé la photo…), puis se traitent par le mépris en se tournant le dos, avant de rejoindre leur petite famille.

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 Le lendemain, splendide lever de soleil

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64 km Total 7332 

Samedi 30 décembre. Jour 37

Nous attaquons la montée de la randonnée menant au Mirador Torres. Raide, caillouteuse et aussi fréquentée que le tour du Mont Blanc (qu’on n’a jamais fait, mais on en a entendu causer..). Les genoux couinent, les godasses sont trop serrées pour nos pieds sensibles, souvenirs de la rando de jeudi et les Torres sont dans le brouillard, on arrête donc au col avant le refuge Chileno.

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Belle ballade de 3h  cependant, où on croise les cavaliers qui approvisionnent le refuge.

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Dans la descente, massifs de calafate, ces baies rouge qui ont donné leur nom à la ville bâtie sur les rives du lac Argentino.

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 De retour au parking, discussion avec un chauffeur de minibus qui poireaute en attendant ses clients. On sympathise autour d’un café, échange d’adresses, de souvenirs et de tuyaux, il nous offrira les cartes topo du Parc des Glaciers et  d’El Chalten, précieux.

 On quitte le parc, et bientôt l’Argentine : Il n’y a pas de route vers le nord côté Chili et la route des glaciers passe par El Calafate. Le poste frontière chilien est à Cerro Castillo, passage en 3mn. Petite séquence comique 15 km plus loin : un beau panneau proclamant « Benvenudo en Argentina » est implanté à l’endroit où le goudron cesse, remplacé par un vilain ripio..  Il est vrai que cette route est peu fréquentée et les formalités au poste frontière argentin rapidement expédiées, même si il nous fallu patienter derrière les passagers d’un bus.

On retrouve bien vite le goudron de la route 40. A Tapi Aike, deux options : ripio droit au nord ou détour par Esperanza. On choisira la seconde, sur recommandation de notre chauffeur de minibus : le carburant à Tapi Aike est de qualité douteuse, mieux vaut faire le plein à Esperanza. 85  km de plus, mais c’est du goudron, vent dans le dos, à l’aise…

Esperanza, bourg de western a dû gagner son nom auprès des naufragés de la pampa : 5 maisons, un hôtel, un poste de police et une station YPF. On y fera le plein d’eau et de gazole, et, tant pis pour la beauté de l’histoire et notre image d’aventuriers, on dormira sur le parking de la station, près de pick up sur cales qui attendent un mécano, mais c’est le seul endroit un peu abrité du vent..

S 51° 01’ 43.2’’     W 70° 46’ 44.8’’

204km Total 7536

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Dimanche 31. Jour 38

Longue route en direction d’ El Calafate , porte du « Parque Nacional de los glaciares » Température agréable, 10/22° , mais toujours un fort vent. La végétation s’est raréfiée, réduite à des graminées et des épineux tapissants. De rares moutons, et quelques guanacos attirent de temps en temps l’attention, heureusement car c’est plutôt monotone, jusqu’à ce que, au bord du plateau, la vallée du lac Argentino s’ouvre devant nous.

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En le remontant, sur sa rive, El Calafate.

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Jolie petite ville, très touristique avec de nombreux restaurants, magasins « outdoor », d’innombrables tour operators , quelques terrasses et une excellente pâtisserie. En urgence trouver une laverie qui accepte nos sacs de linge, à condition qu’on les récupère à 15h40, après, c’est la préparation du réveillon !

Ballade en ville, on achète des capes de pluie car on est devenus méfiants, petite séance internet chez Petrobras puis on cherche un restau, sans succès : ici ce n’est pas « cerrado » comme à Noël à Porvenir, ce soir c’est « sold out ».

Pas bien grave, on fera avec les moyens du bord. On renonce au bivouac devant la lagune, trop ventée, on s’installe le long du golf, près de l’hôtel Alamos et on se prépare un petit gueuleton : Foie gras de canard sur pain d’épice « El Calafate », noix d’agneau et sa compotée de raisins au rhum et coulis d’abricot, écrasée de pomme de terres, chariot de desserts. Le tout accompagné de Châteauneuf du Pape blanc, Monredon 2015 puis d’un Malbec argentin 2016.

L’année 2017 ne se finit pas trop mal…

184km Total  7720

Lundi 1 Jour 39

Ballade autour de la Laguna Nimez, en bordure de la promenade sur la rive du lago Argentino, immense lac de 1600 km². Cette réserve écologique attire de nombreux oiseaux : flamands roses, nombreuses espèces  de canards, dont le « Pato zambulidor », un canard à bec bleu, petits rapaces, cygnes et oies Cauquen « comun ».  

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En ville, des oiseaux au long bec : les « bandurria austral », fouillent les pelouses.

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L’après midi, à quelques km sur la route du parc, visite du Glaciarium, magnifique musée, très récent et très didactique, consacré aux glaciers et à leur exploration. Joli film en 3D

Bivouac à Punta Banderas, près du terminal des croisières, avant la visite du glacier « Perito Moreno », qui constitue à lui seul la partie Sud du « Parque Nacional de los glaciares ».

 S 50° 17’ 59.4’’   W 72° 47’ 53.5’’

59 km Total 7779

13/18°

Mardi 2 janvier Jour 40

Le glacier, l’un des plus beau et des plus accessibles de tout le parc, porte le nom de Francisco Moreno. Ce naturaliste et géographe qui entreprit à moins de 20 ans dans les années 1870, l’exploration de la Patagonie devint un spécialiste si réputé qu’il fut désigné expert (Perito) lors des négociations visant à solder le conflit frontalier qui empoisonna les relations entre l’Argentine et le Chili durant le dernier quart du XIX° siècle. Décision fut prise de fixer la frontière sur la ligne de partage des eaux entre l’Atlantique et le Pacifique. Les connaissances topographiques, et la rouerie, de Perito Moreno qui en gagna le surnom, firent merveille puisqu’il parvint à conserver des territoires contestés par le Chili, en aidant parfois la nature : Il fit détourner en 1898  le Rio Fenix qui arrosait une ville convoitée par le Chili, pour le diriger vers le Rio Deseado qui se jette dans  l’Atlantique, attribuant ainsi cette ville à l’Argentine. Elle s’appelle, depuis, devinez : Perito Moreno.

Le glacier, donc, au même titre qu’un lac, une ville et un parc naturel, honore donc la mémoire de cet homme qui, paradoxalement, n’en atteint jamais les rives lors de ses nombreuses explorations.

Longue approche du glacier, une fois franchi le poste de contrôle (accès payant), par une jolie route, qui mène au centre d’information. Tout proche de celui ci, le départ d’un superbe réseau de plusieurs km de passerelles, à flanc de colline, qui permettent de s’approcher du glacier, assez près pour entendre les craquements et les explosions qui témoignent des mouvements incessants qui agitent cette masse de 245 km²,  30 km de long et 5km de large.

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Son épaisseur maximum est de 700 m et son  front, émergeant de 70 m au dessus des eaux du lac et s’enfonçant de 150m sous la surface vient régulièrement buter, dans son écoulement à la vitesse de 2m/jour, sur la péninsule de Magellan, où se trouvent les passerelles. Il obstrue alors le canal de Los Tempanos (« les icebergs »), provoquant une montée de la pression des eaux sous glaciaires qui entraine des fracturations assourdissantes, des effondrements d’icebergs et des ruptures de ponts de glace spectaculaires. Mais il faut être là au bon moment..

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En fin de journée, retour à El Calafate et visite du musée historique , petite entreprise associative qui retrace toute l’histoire de la Patagonie, avec un petit air de « Jurassic Parc » dans sa 1° partie grâce aux nombreux squelettes des créatures qui peuplaient la région et quelques reconstitutions.

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Il met  en en évidence, en fin de visite, l’impact désastreux de l’élevage du mouton , sous l’impulsion de sociétés britanniques au XIX° siècle, aussi bien sur les plans écologiques que politiques, avec notamment les génocides des « indigènes » pour libérer les terres et les féroces répressions (plusieurs milliers de fusillés) des troubles sociaux de 1921, résultant des réductions salariales imposées dans les estancias, dans le climat éruptif de l’époque.

Km 137 Total  7916

S 50° 19’ 39.9’’ W 72° 16’ 0.1’’

13/18° grand beau temps

Mercredi 3 janvier. Jour 41

Matinée logistique à El Calafate, tout y est disponible : internet, gazole, eau , banque et courses dans le supermarché « Anonyma » dont il est intéressant de noter que cette société, dont les magasins sont aujourd’hui présents partout en Argentine, a été créée au début du XX° siècle par un des rares Tehuelche ayant réussi son intégration dans le système dominant.

Nous prenons la route vers le nord, direction El Chaltèn,  elle sera monotone et ventée, contournant le lac Viedma.

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Avec une surprise, la mise à l’eau d’un mastodonte, au milieu de nulle part.

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A un virage, dans le lointain, sur l’autre rive, il est bien là : Le Fitz Roy.

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Aurons-nous la chance de le voir dans de meilleures conditions ? Son nom Tehuelche, El Chaltèn, signifie en effet « la montagne embrumée » tant il est souvent dans les nuages.

Le gros village qui a été bâti, à partir de rien en 1985, dans une boucle du rio porte, son nom.

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Ville champignon dont la création visait à pérenniser un territoire toujours contesté par le Chili, malgré les exploits de « Perito », elle grandit très vite grâce à l’afflux de fans du trekking, en auto construction et avec des règles d’urbanisme sans doute très relâchées.

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On y vit même une maison de deux étages bâtie sur la coque d’un rafiot, sur cales .. Et, coïncidence étonnante, nous y croiserons cette famille des Charentes Maritimes qui, pour son périple américain,  a transformé son fourgon en « cabane roulante »

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L’attrait touristique de la ville a permis le développement d’établissement aussi sympas que cette « Vineria », bar à vins, où nous découvrîmes  le « Pisco sour », accompagné d’un  plateau de fromages et charcuteries qui valait le détour.

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Bivouac (ref Eoverlander) derrière le stade de football.

Km 222 Total 8138

S 49° 19’ 42.2’’   W 72° 53’ 44.5’’

Jeudi 4 janvier. Jour 42

Randonnée vers Laguna Torre. 18km en 5h., bien plus facile que Lago Grey, mais temps couvert au niveau du glacier Grande, au pied du Cerro torre. Ça mouille au retour, mais ça ne décourage pas les rapaces.

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Le Fitz Roy est toujours dans les nuages.

A propos du Fitz Roy, pour ceux qui s’interrogeraient sur la consonance britannique de son nom, elle est due à Perito Moreno qui l’a baptisé du nom de Robert Fitzroy, commandant du Beagle, navire de l’expédition de 1864 en Patagonie et en Terre de feu, à laquelle avait participé Charles Darwin

On recroise les Vicogne, et ça finit à la « Vineria »

Bivouac inchangé

Vendredi 5 janvier. Jour 43

L’idéal aurait été de pouvoir gagner le Chili par le nord, en remontant sur 40 km la piste jusqu’au Lago del Desierto, de le longer, puis de poursuivre plein nord jusqu’à la frontière. Malheureusement la piste carrossable s’arrête à l’embouchure du lac, et il reste 30km de sentiers à remonter à pied (une douzaine d’heures), à cheval ou à vélo pour arriver sur la rive sud du lac O’ Higgins, prendre un bateau pour le traverser  et, enfin, débarquer à Villa O’Higgins, point ultime de la « Carretera austral » chilienne. Eulalie et Thomas l’on fait dans l’autre sens, il y a deux ans, respect..

De notre côté nous devrons piquer à l’est en Argentine, pour remonter ensuite loin au nord par la route 40 avant de retrouver un passage vers le Chili au niveau de Chili Chico, sur le lac Buenos Aires.

En attendant nous nous contenterons d’une randonnée facile vers le « Mirador de los Condores » et le Mirador de las Aguilas », l’état de nos pieds et de nos genoux ne nous permettant pas d’attaquer la randonnée qui mène au pied du Fitz Roy.  Ces deux heures de ballade  nous offriront néanmoins une superbe vue sur le Fitz Roy, bien dégagé aujourd’hui, et sur les sommets qui l’entourent ,dont nous apprendrons que trois d’entre eux portent les noms de St Exupery, Guillaumat et Mermoz, pionniers de l’aéropostale. Par contre aucune mention de Lionel Terray qui fut le premier à arriver au sommet du Fitz Roy, dans les années 60.

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Nous quittons El Chalten en début d’près midi, bref détour vers Bahia Tunel , départ de ballade sur le lac Viedma, mais aussi coin idéal pour une petite lessive dans un ruisseau bien frais.

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La route, mythique « Ruta 40 »  sera très monotone. Halte à Tres lagos, qui se résume à une station service. Nous avons des doutes sur le choix de la route à prendre, ripio ou route 40. Le pompiste nous indiquera que la 40 est très bonne. Vendu ! C’est vrai sur 50km, mais ensuite 72 km de chantier (théorique le chantier, on ne verra aucun engin), qu’on franchira finalement en une heure. Ce pompiste doit avoir un horizon à 50km.. Puis on retrouvera un excellent goudron, et  le paysage verdira lorsque nous suivrons sur plus de 100km, la large vallée du rio  Chico.

Descente du plateau vers une très verte vallée : Elle abrite le village de Gobernador Gregores (les argentins aiment bien nommer leurs villes du nom de leurs grands hommes..), où nous bivouaquerons en bord de rio.

S 48° 45’ 5.8’’   W 70° 19’ 12.2’’

Temp 10/22°

Km 328  Total 8466

Samedi 6 janvier .Jour 44

La route reste monotone. Seule trace humaine : de temps en temps un gaucho, et les clôtures….

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Ce pays est impressionnant sous cet aspect : de chaque côté de toutes les routes et pistes, à 30m, une clôture ininterrompue, avec un pieu tous les 10 m et des piquets intermédiaires. Des millions de km de fil de fer… Pepe Gonzales nous en a donné la raison, en feuilletant l’album photo de Rolito : on y voyait des fonctionnaires venus inspecter l’estancia en 1927. Pour valider les titres de propriétés des terres qui avaient été attribuées aux « colons », les limites devaient en être établies par des clôtures en fil de fer, les palissades en bois n’étant pas acceptées…

Route monotone donc, mais nous pourrions vérifier ce à quoi nous avions peine à croire, le papa Coiche, élevant seul sa portée de 20 petits. Nous en croiserons deux familles en quelques km.. Pour la 1°, avant de traverser, le  mâle inspectera, à la japonaise (les amis d’AGC me comprendront) à droite, puis à gauche, et la petite troupe suivra….

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Halte à Bahia Caracoles, un trou, puis mauvaise piste de 43 km vers Cueva de los Manos . Ici, dans un canyon et au pied d’un falaise, bien protégée, entre   8000 et 3000 ans avant notre ère, de petits groupes humains ont vécu, et matérialisé sur les rochers leur présence, leurs croyances et raconté leur vie.

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Le nom de la grotte s’imposait, mais les peintures ne se limitent pas aux empreintes de mains, positive , négatives, et dans toutes les teintes qu’offraient les pigments minéraux dont ils disposaient. Chacun pourra repérer également les guanacos, les chasseurs, les empreintes de choique, les femmes accouchant, les démons, et même la main à 6 doigts, preuve de l’endogamie qui régnait chez ces petits groupes isolés.

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Sur la piste vers le nord, un rapace nous régalera de son envol..

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Après une nouvelle traversée de zone désertique, halte à  Perito Moreno.

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Plein d’eau et de gazole.  Ici c’est la fête de la moto, la rue principale est barrée et c’est « l’Equipée sauvage ».. On se sauve bien vite.

Etape à los Antiguos, à 3km de la frontière chilienne, au bord du lac Buenos Aires. Ce village, oasis de verdure , a toujours attiré pour son site et son climat.  Les anciens Tehuelche venaient y finir leurs jours, d’où son nom. Aujourd’hui, c’est la capitale nationale de la cerise, chaque famille exploitant des cerisiers dans le moindre jardin. Elles sont en vente à toutes les portes. Des cerises en janvier à 3€ le kg, qui dit mieux ?…

Bivouac en retrait du lac, en raison du vent

S 46°  53861’  W 71° 61219’

Km 462     Total 8928

Dimanche 7 janvier 2018. Jour 45

Dommage, la fête des cerises est le week end prochain. Il fait gris et nous avons épuisé les charmes de Los Antiguos, nous passons au Chili, la frontière est à 3.5km. Rapide côté argentin, plus long côté chilien quoique, en ce dimanche, il y ait peu de monde. A 15km, Chile Chico est tristounet, les rayons des deux supermarchés sont plutôt défraichi, mais nous trouvons un petit restaurant en bord de lac, qui ne s’appelle plus Buenos Aires mais, côté chilien, Général Carrera. Ce restaurant, la Casa Nativa, est si accueillant, mignon et chaleureux (n’en jetons plus, c’est sans doute l’ambiance du village qui nous avait déprimé), que nous y passons l’après midi, autour d’un café glacé, à finaliser ce blog, en remerciant au passage tous ceux qui nous ont adressé leurs vœux.

On y est si bien qu’on y dinera ce soir…. 

Km 23 Total 8951

Bivouac prévu en bord de lac.

 

 Lundi 8 janvier. Jour 46

Matinée courses : on revient faire le plein d’eau au resto, qui a un robinet extérieur, on achète une carte sim Entel au « Supermercado » et, contrairement à l’Argentine où il faut produire son passeport au vendeur puis charger ensuite la carte dans un kiosque, ici c’est sans aucune formalité, et la carte activée gracieusement par le vendeur de surcroit. Sur le trottoir des particuliers vendent des cerises, des herbes aromatiques et de légumes frais. Nous faisons le plein de radis, fèves, et petits pois, nos premiers depuis des mois.

Cette matinée nous réconcilie avec « Chili Chico »

Nous attaquons la  « Carretera austral » vers le sud, dans un paysage grandiose.

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 Les  80 premiers kms sont éprouvants : route en corniche avec des virages serrés, des raidillons, le tout sur fond de tôle ondulée pourrie de graviers. Des squelettes de véhicules sont là pour nous rappeler qu’il ne faut pas trop se laisser distraire par le paysage, magnifique : la route, en corniche, surplombe le lac « General Carrera ». C’est haut !    

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Heureusement l’état de la piste s’améliore ensuite et ça devient très roulant, le long du rio Baker, rivière aux eaux bleu profond dont le débit de 900m3/s la place en tête au palmarès des cours d’eau chiliens.

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Courte halte à « confluence », où les eaux blanchâtres d’un rio, se mêlent à celles du rio Baker.

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Nous y rencontrerons la famille grenobloise, dont nous avions fait la connaissance  à Torres del Paine : Laurence et Gerald Perdreau, accompagnés de leur fille Lou et d’un de ses amis.

Arrivée à la petite ville de Cochrane, que nous trouvons un peu déprimante et  que nous quitterons rapidement après avoir, difficilement, trouvé la connexion internet gracieusement fournie par le Ministère de l’Intérieur. Nous gagnons le point de bivouac « Eoverlander », à 8km au sud. Pas terrible : 3 familles sont déjà en train de préparer un barbecue, musique à fond. On repart bien vite, et trouvons un sous bois très agréable, légèrement en retrait, à 6km. Nos grenoblois, dans la même quête, s’y poseront un peu plus tard.

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203km  Total 9153.    S 47° 19’ 39.3’’   W 72° 39’ 08.4’’

Mardi 9 janvier. Jour 47

Direction Caleta Tortel, plein sud. Les 50 premiers km, jusqu’à l’embranchement vers « Pasarela Los Nadis » sont pénibles, tôle ondulée à tous les virages qui contrarie, par les violentes vibrations, les ralentissements et  interdit  les relances ; trous peu visibles sous les ombrages de la belle forêt qui borde la piste, graviers qui vous entrainent vers les bas côtés instables. On a quand même le temps de s’arrêter pour admirer les fuchsias et les rhubarbes géantes.

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Bien meilleure piste ensuite et on atteint un gentil 65/70 km/h en survolant les quelques ondulations.

Arrivés à l’embranchement vers Caleta Tortel, dilemme que nous n’avions pas encore tranché. Nous limiterons nous à la visite de Caleta Tortel, ou tenterons nous de pousser jusqu’à Villa O’Higgins, terminus de la Carretera Austral ?

On se donne un temps de réflexion, en testant les premiers km vers le sud. Au 1° virage, nous chargeons un jeune  stoppeur, Thomas, « bag packer » chilien qui retourne à Villa O’Higgins pour retrouver un ami, après avoir conduit un camarade malade à Cochrane. Nous lui précisons que nous ne garantissons pas la destination, susceptibles de faire demi-tour si la route est top mauvaise. Il est confiant et nous indique que le bac qui permet de traverser le rio Bravo (ça n’est pas celui de John Wayne et Dean Martin..) part à midi. La route est effectivement très roulante et nous arrivons à Puerto Yungai à midi pile. Le bac est prêt à partir et un matelot nous fait signe de faire demi tour en vitesse pour monter la rampe en marche arrière, il reste une place. Alea jacta est, on grimpe à bord. Le bac, au nom surprenant pour un navire militaire, puisqu’il est  armé par la marine chilienne, est gratuit, continuité territoriale oblige. 

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 La traversée du rio, très large à cet endroit et encaissé entre deux lignes de crêtes, durant 50 mn, nous déjeunons dans la cellule. Thomas appréciera les fèves, premiers légumes qu’il mange depuis longtemps. Nous l’invitons à chercher un autre véhicule pour la suite, au cas où nous ferions demi- tour. Il trouvera un van qui accepte de le charger, transfère son barda et nous quitte au débarcadère de Rio Bravo. 

La route, entretenue par un scrapper, se révèlera de toute première qualité, avec cependant des nids de poule à surveiller sur la fin, et nous serons à Villa O’Higgins en deux heures (avant Thomas…), et toujours des paysages à se pâmer.

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 Villa O’ Higgins, blotti en bordure d’une vallée glaciaire est tout récent puisque les premiers pionniers sont arrivés dans les années 60.

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En 1972,  le Padre Antonio Ronchi  , prêtre milanais, qui fait l’unanimité dans la région, (serait il canonisable par un pape Argentin ?) est arrivé  pour prendre en charge le ministère de ce qui devaient devenir les paroisses de Cochrane, Caletta Tortel et Villa O’Higgins, (250 km du nord au sud, sans route sur la moitié sud…) Il commença par bâtir une église dans chacun des villages de ces paroisses, puis devint, avec l’aide de fonds charitables italiens, l’architecte du développement dans la région en bâtissant des centres artisanaux, des micro centrales électriques, des adductions d’eau et d’autres infrastructures comme l’embarcadère de Puerto Yungai.

Villa O’Higgins est un village d’un millier d’habitant, sans grands attraits mais qui, à l’opposé d’El Chaltèn, obéit à des règles d’urbanisme évidentes : quadrillage de rues goudronnées, monuments sur la place centrale, aires de jeux pour les enfants (comme d’ailleurs dans chacun des villages d’Argentine et du Chili que nous avons traversé, il doit y avoir des obligations réglementaires..), sans enfants visibles.

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Au kiosque d’information, le jeune employé nous invite à l’accompagner au musée, qui fut la  première église construite ici par le padre, voisine de l’actuelle, sur le même plan. On y visite, à côté de la sacristie, sa chambre. Monacal, dans tous les sens du mot : un bat flanc, une table, une chaise, une patère, un poêle pour toute la bâtisse, murs en croûtes de bois, étanchées par un mortier d’argile. Devait être frais l’hiver….

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On y apprend également que le prêtre avalait régulièrement à pied les 100km séparant Villa O’Higgins de l’embarcadère de Rio Bravo, car la route ne fut ouverte qu’en 1999, deux ans après son décès  à Santiago.

Visite du musée terminée, nous souhaitons nous rendre au bord du Lac O’Higgins. Impossible car les formalités de passage de frontière se font à la sortie sud du village et nous ne souhaitons pas les accomplir pour une virée de 15km.

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 On décide donc de repartir vers le nord mais sommes arrêtés en sortie de village par deux personnes qui nous proposent une ballade en avion sur le glacier. L’un bonimente en français, pendant que la jeune fille nous montre des vues sur sa tablette. Ils nous expliquent qu’il leur reste deux places pour compléter le vol. Ayant pu faire baisser le prix d’un tiers, vu l’heure, ils ne trouveront pas d’autres amateurs, nous n’hésitons pas longtemps : Après tout, on n’a qu’une vie…

Surprise de trouver une piste en dur, très belle, et un pilote est très pédago…

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Ce vol d’une heure dans un Cessna 206 de 6 places sera un enchantement : On prend de l’altitude au dessus du lac O’Higgins, soleil dans le dos, puis on est secoué dans les turbulences au confluent de lacs secondaires.

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 On aperçoit d’abord des glaciers secondaires, encrassés par de récentes éruptions volcaniques.

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 Puis nous atteignons en 10 mn l’immense « Campo de Hielo Sur », champ de glace de plus de 250 km, orienté Nord Sud, qui s’écoule dans le lac O’higgins, en recevant l’apport d’autres glaciers affluents.

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Nous le survolerons à 200m, puis à 20m de la glace, en admirant le liséré des moraines latérales.. 

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Un dernier 360° sur le glacier, et il faut entamer la descente vers le terrain, et immortaliser l’instant.  

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Revenus sur terre, nous déciderons de dormir sur place, en bordure de village. Le propriétaire du terrain nous donne son accord, et la nuit, la circulation est plutôt calme…

213km Total 9366

S 48° 27’ 38.8’’  W 72° 33’ 40.1’’

 Mercredi 10 janvier. Jour 48

Nous partons tôt, car le guide nous indique que le bac ne prend que 4 véhicules, c’était d’ailleurs le cas à l’aller, bien qu’il nous ait semblé qu’on pouvait en loger bien plus. On espère être dans les 4 premiers au bac de 11 heures, sinon il faudra attendre deux heures de plus. 2 véhicules ont déjà quitté le village avant notre départ, et deux pick up nous doublent sur la piste, on est mal..

Nous ne mettrons que 2 heures pour franchir les 100 km, et, divine surprise, nous sommes les troisièmes dans la file qui grossira vite derrière nous. Où sont passés les pick up ? Mystère. On s’est d’ailleurs fait peur pour rien, le bac embarquera finalement 12 véhicules. Ils ont dû remplacer le bac depuis la dernière édition du guide…

Nous filons jusqu’à Caleta Tortel, c’est quasiment tout droit après l’embranchement, mais très caillouteux.

Caleta Tortel est construit à flanc de collines, en bordure d’un détroit alimenté par les eaux opaques d’un glacier, à l’embouchure du rio Baker. Ses habitants actuels, bûcherons faisant commerce du bois de cyprès, ont remplacé les Alakaluf, pêcheurs qui ne se déplaçaient qu’en canoë. Le village ne compte aucune rue, tous les déplacements se faisant via un réseau de passerelles en bois qui le ceinturent, ou irriguent les trois pitons sur lesquelles il est bâti.

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On sent une volonté de développement par l’attribution de fonds publics qui ont permis de construire de nombreux kiosques, bien inutilisés, mais les touristes ne sont pas là.

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Nous apprendrons d’ailleurs que la Carretera  austral, seule route permettant l’approvisionnement, depuis le nord, de la patagonie chilienne, a été coupée mi décembre à Villa Santa Lucia par un éboulement meurtrier ayant détruit le village et tué une trentaine de personnes.

Nous comprenons maintenant pourquoi les magasins sont dégarnis, et les routes en bon état, résultat paradoxal de l’arrêt de la circulation des camions.

Nous quitterons Caletta Tortel en fin d’après midi, pour rouler jusqu’à notre point de bivouac d’il y a deux jours, à 15km de Cochrane

256 km Total 9622

S 47° 19’ 39.3’’ W 72° 39’ 08.4’’

 

Jeudi 11 janvier Jour 49

Matinée logistique à Cochrane. Plaisir de trouver des salades au Supermercado, il y en avait quatre et nous avons raflé la moitié du stock. Elles seront délicieusement croquantes, parfaites avec les  empanadas achetées à la panaderia de la place.

La jeune employée du kiosque d’informations touristique parle un anglais parfait, elle accepte de nous aider à réserver une place dans un ferry pour Chiloe. Mauvaise nouvelle, ils sont pleins jusqu’à fin janvier, autre conséquence de la fermeture de la route.  Nous serons donc obligés, au prix de quelques centaines de km, de contourner le fjord et gagner la presqu’île de Chiloe en remontant par l’Argentine, où nous rentrerons au niveau de Coyhaique.

Pour corser le tout, très mauvaise piste vers le nord, jusqu’à Puerto Tranquillo, mais temps superbe toute la journée.

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Bivouac à quelques km après le début de la piste vers « los exploradores »

Km 148 Total 9770

S 48° 36’ 53.2’’   W 72° 42’ 44.2’’

 

 Vendredi 12 janvier. Jour 50

9h : Embarquement avec 5 autres personnes dans un petit bateau qui nous amène à quelques km au pied des falaises où l’abrasion des galets roulés par les vagues et  l’érosion chimique ont creusés des cavités dans le marbre, qui ont pris des formes que, l’imagination aidant, les habitants ont appelé «  Capillas de marmole » , les chapelles de marbre.

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En fait de marbre, ce n’est pas Carrare et on n’y trouve pas le blanc immaculé cher à Michel Ange, mais la promenade est jolie, et plaisante lorsque le canot s’enfonce dans les cavités qui, parfois forment un tunnel que l’on parcourt en baissant bien  volontiers la tête. On jalouse quand même un peu les kayakistes qui semblent aller ou bon leur semble..

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« Découvertes » comme site touristique dans les années 60, ces Capillas de marmole sont l’attrait principal de Puerto Rio Tranquillo, on célèbre même des mariages , avec  toute la noce en barques, au pied de l’îlot devenu aujourd’hui la « Cathédrale de marbre »

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Le retour se fera « à fond la caisse », les pilotes font la course et le canot tape fort. On bénit les ponchos qui nous ont été remis car les embruns sont glacés et il nous faudra bien une demi-heure pour franchir la distance qui nous sépare de Puerto Rio tranquillo.

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Nous reprenons la Carretera Austral vers le nord. Les 95 premiers km très accidentés dans le contournement du lac « General Carrera » sont pourris de nids de poule et de tôle ondulée. Pénible, mais magnifique…

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Nous remontons le rio Ibanez, qui se jette dans le lac, quand un grand panneau nous annonce que le gouvernement travaille à l’amélioration du réseau routier.

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C’est un fait car la route a été élargie à 20m et on accélère pendant 30 km sur un boulevard en ripio, en croisant de plus en plus de camions légers. A  Cerro Castillo, divine surprise le goudron, on passe la 6° pour la 1° fois depuis Los Antiguos, à la frontière argentine, il y a 1000 km de ça…

Dés la sortie du village, bâti au pied du sommet du même nom qui culmine à 2675m, de belles courbes permettent de franchir le col, qui marquait autrefois la frontière des contrées inconnues du grand sud.

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Sur l’autre versant le col s’ouvre sur un paysage plus désolé puis la vallée s’encaisse, en laissant deviner de nouveaux pics enneigés.

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Le paysage devient plus agricole, composé de pâtures et de prairies aux foins coupés qui attendent le soleil.

Arrivée à Coyhaique, capitale de la province de Aysen. Grande ville, très animée, centrée sur une jolie place en forme de pentagone, avec, à l’un des coins, une rue piétonne. A gauche, un magasin « Patagonia », à droite, « North face », deux chaines de vêtements outdoor créées par les époux Tompkins. Enrichis et désireux d’utiliser leur fortune pour la protection de l’environnement, ces entrepreneurs américains ont  acheté 800 000 ha de terres pour réparer les dégâts causés par l’élevage du mouton et y créer  un parc naturel, donné à l’Etat depuis. Les avis sur ce projet étaient à l’origine partagés si on en juge par des tags hostiles que nous avions remarqués dans la région de Cochrane, ils semblent aujourd’hui plus positifs.

A l’office de tourisme des employés très sympas nous donnent quelque espoir sur la piste évoquée par Gérald Perdreau : ferry « temporaire », mis en place pour suppléer à la route coupée jusqu’à Chaiten, puis second ferry de Chaiten à la prequ’ile de Chiloe. A confirmer demain chez « Navira Austral », qui gère les ferries. Il est 18h05, ils sont fermés depuis 5mn, heureusement, ils bossent samedi matin. Remarque au passage : au Chili, comme en Argentine, les magasins et les artisans sont ouverts très tard en soirée, presque toujours le samedi et parfois le dimanche matin. Les grandes surfaces sont ouvertes 7 jours sur 7 et les 35h semblent être une vue de l’esprit.

Bivouac en périphérie de Coyhaique, non loin du point Ioverlander, déjà occupé et craignos le vendredi.

S 45° 33’ 59.2’’  W 72° 01’ 40.3’’

238 km  Total 10011

Samedi 13 janvier. Jour 51

On ne traine pas pour pouvoir solder nos problèmes logistiques le matin : ½ h de  queue chez Navira Austral. Il reste de la place, mais il faudra partir plus tôt que prévu, lundi 13h à Puerto Raul Martin Balmada,  puis prendre mardi à 8h le ferry Chaiten /Quellon, sur l’île de Chiloe. On termine par les courses au supermarché, les pleins de gazole et d’eau, la routine(c’est fou le temps qu’on y passe…)

Très belle route goudronnée jusqu’à Puerto Cisnes, longeant le rio du même nom. Magnifique vallée au pied de sommets enneigés, on se croirait dans les alpes, mais nous ne sommes qu’à 200 m au dessus du niveau de la mer.

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Sur le goudron, les cyclistes, toujours aussi nombreux peinent moins. Nous en avons tant vu, pied à terre dans les raidillons de gravier, poussant une machine surchargée, exsangues ou le visage empourpré, couverts de la poussière  projetée par les véhicules qui les doublent ou les croisent, que nous nous interrogeons toujours sur les raisons qui leur font endurer ce qui nous semble un calvaire. Et il leur faut en permanence trouver de quoi se nourrir, un coin pour camper, de l’eau pour se laver ! On les admire, mais on ne les comprend pas.

Les routes sont par ailleurs dangereuses : Nous venons de recevoir un triste message de Davide, notre ami motard rencontré sur le « Grande America ». Ayant fait la connaissance début janvier d’un motard autrichien, ils avaient décidé de faire un bout de chemin ensemble. Le lendemain, sur la route de Puerto Madryn, une camionnette leur a coupé la route, fauchant son compagnon de route, qui est décédé sur place…

Halte à Villa El Amengual, où nous rencontrerons, au pied de l’église, un couple lyonnais, le jeune homme y fabriquant des cellules, concurrent donc des frères Jaillot qu’il connait bien. Voyageant dans un Toyota équipé d’une cellule qui semble avoir des heures de vol, ils descendent de l’Alaska et termineront bientôt ce voyage de 2 ans.

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A Puerto Cisnes, petit village coquet aux maisons de bois de 2400 habitants, nous faisons la tournée des poissonniers, peu de produits frais mais on remplit le congélo. On y rencontre par ailleurs  les Vigogne qui cherchent un billet de ferry, ils en trouveront un à l’agence Navira austral, avec embarquement demain à Puerto Raul Martin Balamaceda. 5heures pour s’y rendre, Ils  prendront la route ce soir et  nous nous retrouverons sur le même ferry pour Chiloe.

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Bivouac sur la rambla de Puerto Cisnes

S 44° 43.872’ W 72° 40.953’

226 km Total 10237

Dimanche 14 janvier Jour 52

Une belle journée commence.

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Sur la Carretera austral, ripio toujours, beaucoup de trous avant d’arriver au « Sendero bosque escantado » Malheureusement ce sentier de randonnée, très raide, est fermé car dangereux. On repart donc et , au bout de 30km une violente descente. Dans une épingle, un petit chemin mène à une cascade qui ne valait pas vraiment le détour, mis à part l’environnement luxuriant. Ensuite et, 65km après Puerto Cisnes, nous retrouvons une superbe route goudronnée, encore en travaux par portions.

Peu avant Puyuhuapi, la route , en corniche sur le lac, est barrée pour l’élargir en grignotant la montagne. Nous devons prendre un petit bac pour contourner l’obstacle.

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Puyuhuapi, petite bourgade à l’extrémité du lac. Après le déjeuner, une promenade dans le village nous fera découvrir un jeu de lancer, pratiqué par les anciens : Il s’agit d’envoyer un palet métallique le plus près possible d’un fil tendu au milieu d’un bac à sable d’environ 80cm de côté..

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A 180km de Puerto Cisnes, embranchement à gauche vers Puerto Raul Marin Almaceda. La piste est bonne mais sinueuse et très étroite, dans une végétation dense et luxuriante. On a peine à croire que tout le trafic contournant la route coupée emprunte ce trajet !

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Arrêt photo, Agnès descend et, soudain, j’ai le son mais plus d’image : Je ne la vois plus ! Elle a trébuché sur le remblai instable rejeté sur les bas côtés par les lames des scrapers qui entretiennent les pistes, et roulé dans le fossé. De beaux bleus au genou gauche en perspective, elle serre les dents, mais l’appareil photo n’a rien, (on voit où sont les priorités..) je pourrai donc faire le beau dans les rhubarbes…

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Arrivés à Puerto Raul Marin Balmaceda, à 16h, après une dernière petite traversée en bac (je vous épargne les photos) On retombe sur les Vigogne, ils devraient être partis depuis 1 h.  Leur ferry a été reprogrammé à 19h, il n’arrivera qu’à 22h, et les véhicules font la queue..

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Vu que cet endroit est un trou, et qu’on n’a plus confiance dans les horaires du lendemain, on se met dans la file et on embarquera sans attendre celui du lendemain sur lequel nous sommes prévus, dès l’arrivée du ferry.

210km  Total 10447

Lundi 15 janvier Jour 53

Le ferry doit avoir 50 ans et le salon passagers a des bancs de bois. La remontée du fjord durant 7heures, on se couchera dans la cellule, et on y sera bien secoués. Arrivée à 5h du matin à Chaiten, on finit la nuit à 3km du port, en bord de mer.

Grasse matinée et journée light pour attendre le ferry du lendemain : On contemple les cygnes à cou noir qui se laissent bercer par les vagues

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On découvre la ville, toute neuve car détruite en 2008 par l’éruption du volcan Chaiten. Neuve, et pas terrible car reconstruite par les habitants sans l’accord des autorités qui souhaitaient la déplacer, mais avec les services requis : Eau, gazole, courses, internet. Agnès finalise l’itinéraire et le planning, je blogue. Après midi ballade en direction du volcan, qu’on ne grimpera pas, mais dont on apercevra les fumerolles.

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Bivouac au même endroit que la veille, avec un beau coucher de soleil.

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58km Total 10505 

Mardi 16 janvier. Jour 54

7h à l’embarquement, on est les 1°. Le ferry, le JACAF, bien plus gros, est là à 8h mais débarquement et embarquement prendront 2 heures, car l’accès est malaisé.

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Ayant immortalisé l’embarquement des deux « Optima », Agnès veut rattraper le véhicule en courant et glisse sur les algues qui recouvrent la rampe en béton. La chute est très impressionnante (je la découvrirai sur la vidéo de Denise Vigogne) et aux conséquences plus douloureuses que la précédente. Elle va bien mais les  côtes la font encore souffrir 3 jours après, on va réduire le programme de randonnées pendant quelques temps. L’appareil photo n’a presque rien…

Et, pour corser le tout, le Pape est au Chili et célèbre sa première messe à Santiago devant 400 000 personnes, on se tapera la cérémonie à la télé dans le salon passager pendant 4 heures, durée de la traversée jusqu’à Quellon, porte sud de l’île de Chiloe

              

 Mardi 16 janvier . Jour 54

En début d’après midi, nous franchissons donc la rampe du débarcadère de Quellon, port d’entrée à l’île de Chiloe par le sud, après avoir traversé le « Golfo Corcovado »

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Pour reprendre les termes du guide Lonely Planet, « l’isla grande de Chiloe, 5° île d’Amérique du sud par sa taille, est le foyer d’un peuple de marins farouchement indépendants et défiants envers Santiago » dont il faut rappeler que plus de 1000km les séparent. «Cette  singularité est visible dans les tejuelas (toitures), les palafitos (maisons en bois sur pilotis) et églises en bois ». L’ile qui en comptait 150 en a conservé une soixantaine  dont 16 classées au Patrimoine Mondial de l’UNESCO.

Elle fut conquise au milieu du XVI° siècle par les espagnols, favorisés par  l’affaiblissement des populations chilotes décimées par des épidémies de petite vérole et de rougeole, et resta un des derniers bastions espagnols au Chili puisque la place forte d’Ancud ne céda aux attaques créoles qu’en 1826.

En 1843, la goélette Ancud quittait l’île avec à son bord des insulaires qui, après 4 mois de navigation, furent débarqués en Terre de feu pour y occuper Magallanes et en faire un territoire chilien. Ils y participèrent à la création de ces gigantesques estancias qui modelèrent le paysage de Patagonie, et y furent systématiquement exploités, comme leurs compagnons de misère venus de l’Europe entière.

Nous prenons la route N° 5, vers le nord naturellement, et traversons une belle région très agricole, dont l’activité est manifestement tournée vers l’élevage bovin. Le 1° nœud routier, Chonchi, est un village aux maisons traditionnelles, et à l’église itou.

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Sur le port, joli mercado et petits stands où nous achèterons du ceviche de saumon, préparé par les jeunes vendeuses.

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Amusants, les baby foots en plein air..

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La production de  saumon d’élevage au Chili est l’une des deux principales ressources du commerce extérieur chilien, avec les minerais (cuivre et molybdène). Chiloe en est le centre, et nous verrons d’innombrables fermes marines où sont produits saumons, truites, huitres et moules.

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Sur les côtes, chaque fois que l’on voit un bâtiment moderne, il s’agit, soit d’une usine de transformation de ces productions, soit d’une usine d’aliments, soit d’un laboratoire de produits vétérinaires…

Nous apprendrons plus tard , après notre second et dernier ceviche, que la pisciculture chilienne, qui s’est classée 2° producteur mondial de saumon après la Norvège, a vécu une crise sévère dans les années 2005 à la suite de plusieurs epizooties provoquant un effondrement de la production, de 400 à 100 000 tonnes, avec les conséquences économiques et sociales qu’on imagine (26000 emplois supprimés), que les saumons chiliens sont les plus antibiosés au monde, avec des produits toxiques pour le système immunitaire humain, et que toute la production, qui est revenue à son niveau antérieur, est exportée vers les USA, le Japon et le Brésil. Donc on s’en fout mais on arrête le ceviche.

Nous prenons l’embranchement vers l’ouest et le village de Cucao, par une jolie route étroite et pleine de « baches », puis un tronçon de ripio et  soudain, la plage : On est sur le Pacifique, et ça souffle….

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110km Total 10615

S 42° 36’ 13.0’’    W 74° 07’ 20.5’’

Mercredi 17 janvier. Jour 55

Route N° 5 vers le nord et la capitale, Castro.  A Mercon, aux portes de Castro, l’église, classée, est fermée, et, semble t il, depuis longtemps.

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On est très vite à Castro jolie ville, très animée et très commerçante, perchée au bord du détroit et au stationnement difficile. C’est manifestement la halte obligée des voyageurs, chacun semble avoir aménagé ses locaux en « Cabanas » ou chambres d’hôte.

On redescend vers la rive. Les  Palafitos sont bien là, attendant la marée.

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On saute sur la 1° place de stationnement libre, face à un gite, l’ « Hostal Bagpackers », avant de chercher une lavanderia, et  décidons d’y prendre un café. Sympa, ambiance seventies et Beatles en fond sonore. Les jeunes, et les moins jeunes, qui sortent des dortoirs mettent la main à la pâte pour le ménage ou l’accueil. Le patron, très cool, nous offre le café, et, jackpot, ils assurent un service de blanchisserie. On y laisse nos sacs de linge, nous les récupèrerons demain.

On remonte vers Dalcahue, jolie ville où se fait l’embarquement vers l’île de Quinchao.  Le « Mercado », comme tous ceux de l’île, est d’abord un marché artisanal. Spécialité du coin, les articles tricotés, pulls, chaussettes, couvre lits, écharpes, bonnets. Un peu rustiques.

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Nous déjeunerons dans une des cantinas, derrière le « Mercado ». Spécialité de Chiloe : Le Curento. Un  plat composé de moules, coques, saucisses, poulet, porc fumé, le tout cuit à l’étouffée, sur des galets chauffés à la braise lorsqu’il est préparé de façon traditionnelle. Incontournable. On essaye : très rustique, surtout les Gloubichus qui l’accompagnent..

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Dans les tasses, ce n’est pas du bouillon, mais du vin blanc. Rustique, on vous dit…

Avant d’embarquer pour Quinchao, en promenade digestive, ne ratons pas l’église de Dalcahue : De bois, bien sûr, avec des piliers en joli trompe l’œil marbré.

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5mn de traversée pour atteindre Quinchao (pas de photos des bacs ou des ferries, c’était la fois d’avant.  Ce coup ci, c’est les églises..).

Sur l’ile, le 1° village est Curaço où on cherche en vain les moulins qui figurent sur toutes les brochures touristiques et où la crypte contenant les restes d’un amiral, héros de la Guerre du Pacifique, (pas la dernière contre le Japon, celle des années 1880, contre le Pérou et la Bolivie, qui permit au Chili d’annexer l’Atacama et ses nitrates), la crypte donc, se doit, selon le Lonely, d’être visitée. Crypte cadenassée. Ne reste à voir que l’église en bois, bien sûr, mais d’architecture intérieure contemporaine. On zappe.

Plus au sud, Achao, et son église, bellement rénovée, à la voute bleu cendré.

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Continuant la descente, on passe par Quinchao qui possède  la plus grande église de Chiloe, avec ses 1000m² .

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et enfin, à la pointe sud de l’île, l’église de Chequian, sans doute la plus petite, ce sont les oiseaux qui entretiennent la toiture.

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Bivouac au port de Palqui, en espérant pouvoir admirer le lever de soleil sur la baie avec, en toile de fond, sur le continent, les sommets enneigés de la cordillère patagonne.

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Km 158 Total 10773

S 42° 24’ 37.8’’   W73° 31’ 00.1’’

Jeudi 18 janvier. Jour 56

Raté, l’horizon est bouché. On repasse sur Chiloe. Le ciel couvert se dégage vite. A Castro, notre contractuelle semble nous avoir réservé la même place que la veille, devant l’ Hostal Bagpacker. On optimise : café, lessive, internet, puis on va visiter l’église, magnifiquement rénovée par un architecte italien. On est intrigués par le dragon, un brin SM, qui se tortille au pied de St Georges, et  on se promène dans son cloitre, aujourd’hui sécularisé, mais qui devait être bien agréable …

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Dans un centre commercial, flambant neuf, l’agence intel nous permet de comprendre qu’on n’a pas tout compris dans le système de recharge de la carte SIM, (en gros, on s’est un peu fait bananer..) puis on quitte Castro pour le nord de l’ile avec Ancud ,et son joli point de vue depuis l’ancien fort espagnol.

Un saut à Chacao , on ne visite pas l’église, on a notre compte, mais beau point de vue sur le bras de mer qui sépare l’Ile du continent. Au fond, les volcans qui nous attendent et les sommets enneigés.

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Ferry, 20 mn de traversée. Un semi est garé à côté de nous, chargé d’une trentaine de ces containers en plastique noir d’environ 1m3 qu’on voit transporter sur toutes les routes de l’île. Curieux, je vais lire les étiquettes : « Trucha eviscerado », truite éviscérée. Chaque container en contient environ 650kg, ils ne sont pas réfrigérés… Après le saumon, on arrête la truite !

Nous voilà sur le continent.

Nous prenons la route N°5, belle autoroute qu’on quitte rapidement pour chercher un bivouac en bord de mer, on le trouve à la sortie de Colaco, sur la plage.

En fin de journée, une famille parcourt la grève avec des pelles et des seaux. On guette leur retour, et on s’avance, curieux : ils ont fait une belle pêche de coques et de quelques algues comestibles. Echange sympathique, ils prennent Agnès pour une brésilienne, ce qui la comble de joie. On se quitte, mais quelques instants plus tard, le père vient frapper à la porte pour nous offrir du poisson fumé, on remercie, ravis.  Des portes clé « Tour Eiffel » pour les enfants, seront  accueillis avec grand plaisir.

S 41° 46’ 6.44’’   W 73° 21’ 17.91’’

Km 181 Total 10954

Temp 13/21°

 Etant revenu à la méthode initiale d’insertion des photos, je pense, en croisant les doigts, que la fonction  zoom sur les photos par un double clic est de nouveau opérationnelle, merci de le confirmer.

Patrice

Vendredi 19 janvier . Jour 57

Jolies vues sur la baie, et sur la plage, avant de reprendre l’autoroute vers le nord, jusqu’à Puerto Montt.

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La ville est importante,  et sans intérêt, on ne s’y attarde pas.  On continue jusqu’à Puerto Varas, puis  longerons la rive du lac Illanquihue jusqu’à Ensenada. Région très chicos, avec de magnifiques propriétés en bordure de lac et de nombreux hôtel classieux. Sur l’autre rive, le volcan Osorno.

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Ayant contourné le lac, nous attaquons la montée, très sèche (1100 m en 11km) vers le volcan.  A mi pente, une petite station de sports d’hivers (2 télésièges) et le départ de sentiers de randonnées.  Nous ferons le minimum, juste de quoi saisir le magnifique panorama du volcan Calbuco, qui domine Puerto Varas. Considéré comme l’un des plus dangereux de la région, il se réveilla d’un sommeil de 42 ans en avril 2015, son éruption sous plinienne (pour la définition, voir les ouvrages spécialisés..) ayant justifié l’évacuation de 4000 personnes dans un rayon de 20km.

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Quant au Volcan Osorno, Il a, lui, conservé une forme de cône parfait, les éruptions dont il fut le siège s’étant écoulées dans la quarantaine de petits cratères qui le ceinturent, et jamais par le sommet.

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Nous repartons vers la ville d’Osorno, où nous n’obtiendrons pas l’autorisation de bivouaquer dans le Parc Municipal, fermé la nuit. Nous aurons alors des difficultés à trouver un coin de bivouac sympa et finirons par nous installer auprès d’un bâtiment de ferme abandonné, dans la périphérie.

250km Total 11205

S 40° 33’ 22.3’’    W 73° 06’ 15.8’’

Samedi 20 janvier. Jour 58

Matinée logistique en centre ville d’Orsono, sans intérêt, et où les bistrots ouvrent tard… On la quitte sans regrets pour reprendre la route N°5 vers le nord, longeant le joli lac Puyehue. 10 km après Osorno, un rassemblement de vans et de camions attire notre attention : c’est le jour du rodéo annuel d’Osorno. Nous y passerons un moment.  Un rodéo, ici, est bien différent de ce qui se pratique aux USA. L’exercice s’inspire plutôt du travail des gauchos : un taurillon est lâché dans une arène, les cavaliers, dans un 1° temps, le fatiguent en le coursant dans une portion de l’arène, puis, dans le grand champ, l’un le poussant, l’autre le contraignant à suivre la palissade en galopant en biais (j’ai oublié le nom de cette figure de dressage), ils le conduisent à l’extrémité de l’arène qui est munie d’un gros bourrelet. Si la manœuvre est bien exécutée, un coup de bélier, au niveau des côtes du taurillon, par le cheval intérieur poussé en avant à l’éperon, suffira à le « sécher sur place ». Gagnante, naturellement, l’équipe qui y parviendra dès la première tentative : après, ça devient plus facile, le pauvret est moins vaillant.

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Nous serons surpris de constater à quel point ce sport, qui semble très codifié, rassemble les générations : plusieurs équipes sont manifestement composées du père et d’un fils, on voit plusieurs grand pères s’y illustrer et le plus jeune cavalier, pas celui qui crie le moins fort, n’a pas 12 ans.

Plein de gazole  à Entrelagos, il est 20% moins cher qu’en Argentine, puis route de la frontière par un col de 1300 m d’altitude, au pied du cerro Pantojo. Intéressant, ce piton qui est le vestige d’un volcan disparu. A la fin de l’éruption, il y a un million d’années, le basalte s’est solidifié dans la cheminée, et, plus dur, a résisté à l’érosion, alors que le cône qui l’entourait a fini par disparaitre.

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Les formalités chiliennes seront très rapides, bien plus longues côté argentin en raison de l’affluence. Le paysage change dès le col franchi,  beaucoup plus sec côté argentin, où les pentes sur plus de 10km sont couvertes d’une forêt morte.  Dans la descente, le paysage reverdit, la forêt se densifie, l’ensemble devient somptueux lorsqu’on atteint le lac Nahuel Huapi, mais la 1° plage accessible nous donnera un avant goût de ce qui nous attend.

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Nous traversons Villa Angustura, c’est  très joli dans le genre station alpine, très chic, et surpeuplé  d’estivants. Difficile de trouver un  bivouac, les rives sont  à pic et les quelques chemins d’accès saturés par les véhicules des baigneurs.  Nous poursuivrons donc sur la  route 40 et finirons par nous arrêter en bord de route, à 40 km de Villa Angustura.

S 40° 52’ 50.2’’   W 71° 304 21.3’’

Km 196 Total  11401    Temp 26°

Dimanche 21 janvier; Jour 59

Arrivée à San Carlos de Bariloche, grosse ville construite sur les rives du lac du même nom et capitale du chocolat. Les bâtiments publics sont de style « mastoc autrichien », les rues pleines d’estivants en maillot. A l’office de tourisme, on nous recommande de ne jamais laisser notre véhicule seul. On dégage…

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Circuit chico, le circuit court, qui longe le lac, beaucoup de monde, certains pressés, on aura même vu un automobiliste tentant de battre le record de saut en longueur sur glissière…

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Nous atteignons le village de «  Colonia Suiza » qui, ça coule de source, rassembla des immigrants suisses au XIX°. On devrait se croire dans le Valais, mais difficile de l’imaginer, le village est devenu une feria artisanale au milieu de campings. Très, trop fréquenté en ce dimanche de vacances. On se contenter de faire halte au Camping Heney Roca

Km 102  Total 11503

Lundi 22 janvier. Jour 60

Quittant Colonia Suiza, nous prenons de la hauteur et admirons pour la dernière fois le magnifique panorama (je manque de superlatifs) du lac Nahuel Huapi

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Nous remontons le rio Negro par la route 237. Dès que nous sommes sur le plateau, le paysage est plus aride, seulement égayé par les méandres du rio.

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L’érosion a si curieusement sculpté les rochers que cette vallée y a gagné le nom de « Valle Encantado «  Nous la quittons pour la piste menant au circuit des 7 lacs, via Villa Traful, qui se révèlera détestable sur 60 km, et constaterons que  Villa Traful n’est plus un village calme et isolé, comme l’annonçait notre guide, mais une station  lacustre en plein développement où les cabanas et hôtels en construction se succèdent en bord de route.

Le circuit des 7 lacs tient ses promesses. Ce chapelet de lacs, cascadant de l’un dans l’autre, est de toute beauté. On ne les montrera pas tous, on se bornera au lago Correntoso, au lago Espejo, et au petit lago Escondido (le lac caché)

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Bivouac au camping free du parc Nahuel Huapi au bout du lac Villarino . Spacieux mais il faut s’éloigner des jeunes boum boum et des beaufs à bergers allemands qui aboient.

S 40° 26’ 47.6’’    W 71° 32’ 43.4’’ Altitude 1000m

Km 204 Total 11707

Mardi 23 janvier. Jour 61

Passage sur le Rio Partido,  qui, butant sur un éperon rocheux, se sépare en deux, l’une des branches coulant vers l’Atlantique, l’autre vers le Pacifique, puis arrivée à San Martin de los Andes, très joli station de montagne, et très fréquentée. Elle fut créée  en même temps que le Parc par l’administration des parcs nationaux en 1937, organisme qui avait été institué par Perito Moreno (encore lui), à la fin du XIX° siècle. Jolie ville donc, beaucoup moins débraillée que Bariloche.

Devant la Maison du Parc, quelques Arayanes, arbres endémiques au tronc couleur de cannelle.

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Petit dej internet dans une pâtisserie/salon de thé très raffinée et, l’après midi,  promenade d’une heure à jusqu’à Laguna Rosales, à la végétation « tropicale »  avant de reprendre la route  vers Junen de los Andes.

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Dès les premiers km après San Martin, passés les nombreux « parque del Campo » lotissements de luxe qui semblent peiner à se remplir, le paysage devient beaucoup plus sec : steppe avec quelques bosquets de résineux ou de faux hêtres, qui contrastent violemment avec la luxuriance des lacs. Junen de los Andes, ville rue, beaucoup moins jolie que San Martin, sans intérêt.

Direction : frontière. Bivouac avant l’entrée du parc Lanin, au bord du Rio Malleo

S39° 46’ 55.2’’   W 71° 02’ 07.3’’

Altitude 750m  Temp 11°/30°

137 km Total 11844

Jeudi 24 janvier . Jour 62

L’endroit est si joli, qu’on se livrera à quelques activités de lessive et de nettoyage du véhicule, qui en avait bien besoin. Des joies simples…

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Direction le col de  Mamuil Malal , en vue, le volcan Lanin

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La forêt d’araucarias commence où finit le goudron, à l’entrée du parc Lanin.   L’araucaria est  endémique dans les massifs andins à partir de 700 m. Il peut vivre 1500 ans, atteindre 3m de diamètre et 30 m de haut.

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C’est un résineux, mais ses des épines  ressemblent plutôt à des feuilles d’artichaut.

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Passage du col Mamuil Malal, à  1325m d’altitude et frontière quasiment au col, passage assez rapide des deux postes. Goudron dès l’entrée au Chili et descente rapide par une superbe route le long du rio.

Arrivée à Pucon, grande ville très jolie, très commerçante, et très touristique au bord du lac Villarica, à 263m d’altitude. Nous nous limiterons aux habituelles corvées de réappro, avant de prendre la route de la ville de Villarica et de s’engager en direction du parc national du même nom, qui entoure le volcan itou. Ce volcan a été le siège d’une violente éruption en  2015, un mois avant celle du Calbuco, ayant provoqué peu de dégâts, mais une grosse panique via les réseaux sociaux, qui entraina l’évacuation du secteur.

Bivouac à l’entrée du parc

S 39° 21’ 14.5’’     W 71° 58’ 03.6’’

Altitude   Température 23°/30°

Km 144 Total 11988

  L’‘édition titrée « Chili 18- 01-03 Torres del Païn »  a été mise à jour afin que l’on puisse zoomer sur les photos. Pour retrouver l’article, dans la page d’accueil, à droite dans les pavés « Rechercher », sélectionner 2017 Amsud dans le pavé « Catégorie ». Les articles vont apparaitre par ordre chronologique. Pour zoomer sur une photo, double clic sur celle ci. Pour revenir au texte, flèche arrière en haut à gauche.

Jeudi 25 janvier. Jour 63

Petite randonnée de 3h30 vers le « Sandero de los crateres », à mi pente du volcan Villarica, c’est le maximum pour Agnès en ce moment.

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Nous y découvrirons ces cratères, alignés au dessus d’un tunnel d’écoulement de la lave, qui furent créés par la pression des gaz et  qui leur servaient d’exutoires, ainsi qu’aux matières incandescentes qu’ils propulsaient.

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Court arrêt à Villarica, belle ville balnéaire en bord de lac, surpeuplée comme st Trop en août. Nous serons surpris de voir, sur les bas côtés, de nombreuses personnes avec une pancarte « Cabanas », espérant ainsi attirer l’estivant de passage vers leurs locations.

Nous poursuivons vers Valdivia, que nous dépassons, pour aller jusqu’à Niebla, en vue du Pacifique.

Le site est exceptionnel,  au confluent des rios Valdivia et Tornagaleones, parsemé d’iles et débouchant sur la mer par un large estuaire, bordé de deux rangées de collines abruptes.

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Nous nous garons sur le parking surplombant l’ancien port. Tous les pêcheurs sont rentrés C’est en effet la feria et, sur l’esplanade, des rangées de stands attendent les gourmands, les empanadas seront fraiches. Nous ne nous priverons pas de déguster une « Paila del mar » bouillabaisse locale riche en moules et coques.

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Bivouac sur le parking.

S 39° 52’ 27.4’’    W 72° 23’ 42.2’’

Km188  Total 12176     13/26°

Vendredi 26 janvier. Jour 64

Ciel couvert le matin, on se blottit dans le petit bateau qui traverse l’estuaire pour nous mener au fort espagnol de Corral, faisant face à la citadelle de Niebla. La visite vaut plus par le site que par le fort, peu étendu et d’architecture très simple.

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On y apprendra cependant que la baie de Corral fut en 1820 le lieu d’une importante bataille de la guerre de libération contre l’Espagne, remportée par un certain colonel Beauchef, ancien officier de la Grande Armée (les guerriers ne savent pas raccrocher !) qui y gagna le statut de gouverneur de Valdivia.  Mais comme ici, c’est aussi la féria, bien qu’en plus modeste, on y prendra Nescafé et beignets aux vendeuses locales. L’espresso n’est pas à la carte…

La ville de Valdivia, fondée au milieu du XVI °  au confluent du rio Calle Calle et du rio Valdivia par le conquistador Pedro Valdivia, grand bâtisseur, puisqu’il  fonda également Santiago, fut l’enjeu de longues luttes avec les Mapuches, l’ethnie qui peuplait à l’époque toute la région entre Chiloe et l’Atacama. C’est la seule civilisation qui ne fut jamais vaincue par les espagnols au temps de la conquête, sans doute parce qu’ils ne voyaient pas en eux, contrairement aux incas, des demi dieux.  Valdivia y laissa la vie, capturé puis décapité en 1553, lié à un arbre. La petite histoire prétend qu’il l’aurait été par un jeune guerrier, revenu vers les siens, puis devenu chef de guerre des Mapuches, après qu’il l’ait, avec d’autres, enlevé enfant, et élevé dans une éducation militaire espagnole. E tu quoque, fili…

La ville fut détruite par les Mapuches en 1599, puis reconstruite après qu’un armistice, suivi d’un traité, fut signé avec la Couronne. Elle devint un site stratégique pour l’Espagne, confrontée aux’ expansionnismes anglais et hollandais qui envoyèrent des flottes dans la région. Tout l’estuaire fut donc fortifié à partir de 1645, on y trouve presque autant de batteries qu’autour du goulet de Brest…

Retraversée de l’estuaire, puis visite de la citadelle de  Niebla, monument historique national superbement aménagée pour la visite, dans un site grandiose.

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Du haut des remparts, belle échappée vers le Pacifique.

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Nous remontons les méandres jusqu’à Valdivia, au très animé « Mercado fluvial », l’un des plus fournis qu’on ait vu jusqu’à présent, baies en abondance et moules monstrueuses. On y fera le plein de fruits et légumes, avant un déjeuner de poissons dans un des restos, à l’étage du «  Mercado municipal »

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En traversant le pont qui mène à la route côtière, nous aurons la surprise de voir des phoques se prélasser sur l’un des pontons.

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Nous reprenons l’autoroute vers le nord et dormirons sur le parking d’une staion  Copec, peu avant Temuco.

Km 171  Total 12347

S 38° 56’ 4.5’’  W 72° 37’’ 14.1’’

Samedi 27 janvier. Jour 65

Lever tôt pour profiter d’un bon flux internet dans la cafeteria de la station. Quand je reviens, Agnès est au téléphone avec Nadine, à Brillon. Damned ! J’ai encore oublié son anniversaire…..Elle ne m’en voudra pas longtemps, elle a l’habitude.

Autoroute vers le nord, bon goudron, mais le concept autoroutier st un peu différend des standards européens. Des baraques à empanadas jalonnent les bas côtés et de véhicules surgissent des chemins adjacents…Après des  zones immenses plantées de pins et d’eucalyptus (qui sont régulièrement dévastées par des incendies), le paysage devient très agricole, d’abord des céréales, puis des plantations de myrtilles à perte de vue, remplacées par de la vigne à partir de San Ravier.

Sur les traces de Josette et Joël, nous bivouaquerons sur le parking du domaine Viu Manent, à proximité de Santa Cruz.

Km 570  Total 12917

Temp 16/31°

S 34° 39’ 06.4’’   W 71° 18’ 38.9’’

Dimanche 28 janvier. Jour 66

Visite, en calèche s’il vous plait !, de cette exploitation de 350 ha, cultivant 8 cépages dont 4 rouges avec dominante Malbec et Syrah et des vignes centenaires, qui nous surprendront par leur hauteur, elles servent d’ombrage au parking… Splendide domaine, tourné vers l’export et l’oeno tourisme, avec son restaurant, son centre de séminaires, son club hippique et dont le jeune patron semble, au vu des couvertures des revues exposées dans le salon de réception, un membre actif de la jet set. Beaux chais, vieillissement en fûts de chêne français.

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Autoroute de nouveau, puis contournement de Valparaiso jusqu’au camping Victoria, à Concon dans la périphérie de Valparaiso. Quand nous y arrivons, vers 17h, il est bourré. A la nuit, il sera vide, les familles venues passer le weekend end ici, sous les eucalyptus, ayant plié bagages.

256km Total 13173   Temp 16° /31°

S 32° 55’ 51.8’’   O 71° 26’ 08.5’’

Lundi 29 janvier. Jour 67

L’intérêt de ce camping est que les bus passent devant. Il faut quand même 1h30 pour les omnibus, 50 mn pour les directs, pour traverser Concon, puis Villa del Mar, ville jumelle de Valparaiso, et atteindre le centre ville. Et ceci sans un seul bouchon, la circulation sera étonnamment fluide pendant tout notre séjour ici.

Ballade dans cette ville aux 42 collines, aux funiculaires de légende, à l’atmosphère contrastée : animation des rues, des marchés, multitude de bus qui parcourent toute la ville à folle allure, et rigueur des bâtiments de l’ « Armada de Chile », la marine chilienne, dont la présence est sensible dans toute la ville.

Et surtout les fresques, expression d’un mouvement né dans les années 1990, sauvage initialement et qui s’est depuis partiellement institutionnalisé, certains propriétaires d’immeubles commandant maintenant des œuvres aux meilleurs graphistes. On voudrait toutes les montrer mais  il faut bien s’obliger à n’en sélectionner que les plus beaux spécimens.

Chacun choisira sa préférée, mais, pour moi, les mémés tiennent la corde..

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Mardi 30 janvier Jour 68

Nous descendrons du bus à Caleta Portales, grande halle sur la plage entre Villa del Mar et Valparaiso, où les pêcheurs préparent leurs lignes, stockent leur matériel, mais où se fait aussi le parage et la vente des poissons et coquillages. L’affluence y est à son maximum vers 11h et des centaines de pétrels, des dizaines de pélicans et quelques phoques se disputent les déchets rejetés à la mer par les poissonniers.

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Nous reprendrons la route cet après midi, direction Portillo, puis Mendoza, en Argentine